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Les colonies romaines de Maurétanie, contamment menacées par l'hostilité des populations, ont dû, en général, se protéger par des remparts. L'enceinte de Cherchell, la plus vaste d'Afrique, dépassée dans le monde romain, seulement par celle de Rome, a été construite au Ier siècle après J.C., à l'époque de Claude, non pas pour répondre directement à une attaque pressante, mais pour éviter que ne soit remise en question une pacification difficelement acquise.
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Les ruines qui subsistent, au moins sur les hauteurs, permettent de reconstituer un tracé qui demeure visible sur les photos aériennes. En forme de quadrilatère, l'enceinte -sans rapport avec les remparts actuels, , élevés au lendemain de l'occupation française- obéissait à des stratégies; il fallait, pour assurer la sécurité de la ville, tenir les hauteurs qui dominent la plaine, c'est à dire contrôler à l'Est Bab-el-Rous, à l'ouest la crête qui monte vers Sidi Yahia, et surtout surveiller le plateau Sud. C'était là un tracé gigantesque, qui débordait de beaucoup la ville proprement dite, et qui n'était peut-être pas uniquement dû aux nécessités militaires, mais pouvait entrer dans le plan de développement d'une capitale en pleine activité. De chaque côté de Césarée, l'enceinte barrait la pleine côtière, s'élevait en tracé irrégulier sur les pentes accidentées, et rejoignait le plateau Sud dont elle suivait les bords. Peut-être existait-il une muraille le long du front de mer; on n'en a retrouvé des traces qu'à l'Ouest.
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L'épaisseur du rampart variait suivant la force ou la faiblesse naturelle des points à défendre; large de 1,50 m seulement sur la pente escarpée de Bab-el-Rouss, il atteignait 3 ou 4 m sur la presque totalité de la crête Sud, ou l'enceinte était composée de deux murs juxtaposés, solution défensive qui ne semble pas avoir été employée ailleurs qu'à Cherchell.
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Des tours et des fortins défendaient cette enceinte. On connaît avec certitude l'emplacement de 39 tours, en général carrées, qui, elles aussi, étaient plus ou moins éspacées selon le terrain, se resserant à une trentaine de mètres le long du plateau Sud, afin que l'assaillant éventuel puisse en tout point être à la portée des flèches ou des machines de guerre. Trois fortins occupaient les points les plus importants, points qui furent réutilisés lors ce la conquête française : Fort Vallée, Poste d'Aumale, Fort d'Orléans (au Sud de la Tour Espagnole).
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Un peu en arrière du rempart on a retrouvé les traces de trois casernement, un a l'Ouest, deux au Sud; là se trouvaient stationnées , non loin des portes, les troupes de la garnison.
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Les portes de cette enceinte sont en petit nombre. La ville construite selon le plan romain habituel, ètait orgnisée autour d'un ''ecumanus'' (voie principale Est-Ouest, parallèle à la route nationale actuelle , un peu plus au Sud), et d'un ''cardo'' (axe Nord-Sud).
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Ainsi une des extrêmités du ''cardo'' aboutissant à la mer, on ne trouvait que trois portes principales : la porte de Tipaza, à l'Est, dont il en reste que quelques blocs sculptés; la porte de Gouraya à l'Ouest dont on ne connait pas exactement l'emplacement; et la porte Sud. Cette dernière est encore trè aisement visible, et son plan facile à reconstituer. Elle comprenait la porte proprement dite, un grand arc à trois baies; c'était une porte ornementale, antérieure sans doute ç l'enceinte elle même, et qui séparait la ville de la campagne. Elle fut rattachée au système defensif par deux murs obliques formant une avant cour en forme d'entenoir, protégée par deux tours octogonales.
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A cela s'ajoutait seulement deux portes secondaires à l'Est et au Sud, et une poterne à l'Ouest.
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Au Nord, bien sûr s'ouvrait le port, ou s'élevait le phare; avec son bassin militaire, siège de l'escadre d'Afrique, et son port marchand, clos à l'Est par une jetée dont on peut suivre le tracé sous les eaux, c'était le plus important de la côte africaine.
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L'enceinte de Cherchell, non entretenue pendant les périodes de paix, se détériora vite et nécessita des réfections; peut-être est-ce seulement au III siècle que l'on établit des chemins de ronde auquels on accedait par des escaliers.
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Au moment de la conquête française, elle était au trois quart détruite; on renonca à la restaurer, et l'on construisit une enceinte beaucoup plus réduite dans la plaine, pendant que des forts isolés surveillaient les hauteurs.
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