Juba II roi de Numidie, célèbre pour son érudition et ses ouvrages
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Le règne du Juba II, long d’une cinquantaine d’année, fut plutôt calme, même s’il fut traversé par des révoltes, comme celle des Gétules, en l’an 6 de l’ère chrétienne. Jusqu’à sa mort, en 23 ou 24 après J.C, il fut un fidèle vassal de Rome et ne manqua pas de mettre à sa disposition, comme dans la guerre menée contre Tacfarinas, son armée et ses biens.
Son royaume connut, grâce à la stabilité dont il jouissait, une certaine prospérité. Sa capitale, Iol (l’actuelle Cherchell), rebaptisée Caesarea, en l’honneur d’Auguste, connut, sous son règne, un grand essor. Il l’agrandit, la dota d’un port et l’embellit de monuments et de statues de style grec. Le commerce et l’industrie y florissaient, notamment les teintureries qui produisaient la célèbre pourpre de Gétulie, chantée par les poètes latins.
Mais ce qui fit la réputation de Juba II ce furent ses travaux d’érudition et ses recherches scientifiques. Son oeuvre est malheureusement perdue, mais elle a inspiré des générations entières de compilateurs qui nous en ont transmis des fragments. Ces derniers, même s’ils sont éparpillés et sont donc loin de former un tout, nous permettent de nous faire une idée de l’homme.
Dans l’esprit des encyclopédistes de l’Antiquité, Juba II avait touché à toutes les disciplines : l’art, la littérature, la poésie, la grammaire mais aussi la philosophie, l’histoire, la géographie et l’histoire naturelle.
Les auteurs romains le montrent entouré d’érudits, occupé plus à consulter les livres qu’à mener les affaires de l’Etat. Certaines questions le passionnaient à tel point qu’il n’hésita pas à mettre sur pied des expéditions scientifiques pour les vérifier. Ainsi, il fit enquêter sur les sources du Nil et équipa des bateaux pour faire la reconnaissance de l’archipel des Canaries.
Pline l’Ancien présente ainsi les recherches du roi Juba II sur les Iles Canaries (Iles Fortunées à l’époque) : « Le roi place les îles au midi auprès du couchant, à 625 000 pas des îles Purpuraires, de sorte qu’on navigue pendant 25 000 pas au-dessus du couchant, puis on va à l’est pendant 375 000 pas. La première, nommée Ombrios, ne porte aucune trace d’édifices ; elle a en ses montagnes un étang, des arbres semblables à la férule.
On ext rait une eau amère de ceux qui sont noirs, une eau agréable à boire de ceux qui sont blancs. Une autre île s’appelle Junonia ; on n’y voit qu’un petit temple bâti en pierre ; dans le voisinage est une île du même nom, plus petite ; puis vient Capraria, remplie de grands lézards.
En vue de ces îles est Nivaria, qui a pris ce nom de ses neiges perpétuelles et qui est couverte de brouillards. La plus voisine de Nivaria est Canaria, appelée ainsi en raison des chiens d’une grandeur énorme qui y abondent ; on en amena deux au roi Juba ; on y aperçoit des vestiges d’édifices.
Toutes ces îles ont en abondance des arbres fruitiers et des oiseux de toutes sortes... » (Pline l’Ancien, Histoire naturelle, Livre VI, 203-205). Sa passion pour la botanique le conduisait à herboriser. C’est au cours de ses randonnées dans l’Atlas que fut découverte une plante jusque là inconnue, l’euphorbe, à laquelle il donna le nom de son médecin grec, Euphorbe. Il étudia les vertus médicinales de la plante et lui consacra un traité.
Juba, si l’on en croit les témoignages des auteurs de l’Antiquité, écrivit de nombreux ouvrages dont le plus important, intitulé Libyca, était consacré à son pays. Les auteurs romains y puisèrent la plupart de leurs informations sur le Maghreb antique. Vassal de Rome, féru de culture grecque, Juba n’en aima pas moins sa patrie dont il exalta les mythes et le passé glorieux et qu’il contribua à faire connaître positivement au monde antique.
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Juba II, roi, savant et écrivain
Le traité " Libyca " écrit en l'an 6 de notre ère. Selon les historiens, les " Libyca " se composaient d' au moins trois livres qui contenaient, semble-t-il, des matières fort diverses : Géographie, histoire naturelle, mythologie etc.… C'est probablement dans ce traité qu'il avait inséré les enquêtes sur le Nil et les îles Canaries, qu'il avait étudié des animaux d'Afrique, la botanique, par exemple : le citron, qu'Héraclés avait fait connaître aux grecs, car les fameuses pommes d'or cueillies du jardin des Hespérides, en Libye, n'étaient autres à vrai dire que des fruits du citronnier. Juba II relatait non seulement le départ du héros, chargé de ces fruits, mais aussi sa venue avec des guerriers grecs qui avaient pris position en territoire Mauritanien. ç
Etienne de Byzance, lexicographe, nous révèle un autre ouvrage de Juba II. Il s'agit de deux titres : " Histoire romaine " et " Archéologie romaine ". Dans le premier livre, il décrivit la population primitive de l'Italie avec ses souverains : Latinus, Lavinium, Enée, Ostie. Dans le second, il présenta la cité Numance, les guerres d'Espagne du deuxième siècle avant notre ère, l'enlèvement des Sabines, la condamnation de Tarpéius par Romulus, épisode de la campagne de Scylla en Grèce en l'an 68 avant notre ère.
Le traité baptisé " Similitudes " était très vaste : il réunissait quinze livres au moins. Il mettait en relief des usages romains dans la vie publique et privée, en démontrant quelques origines helléniques.
Il consacra également un ouvrage, " Babyloniaca ", au peuple assyrien, les " Arabica ", relatif aux Indes, Golfe persique, Mer rouge, Ethiopie, Egypte etc.…
Dans un de ses livres, il rapporta que son médecin personnel Euphorbe avait trouvé dans la montagne de l'Atlas au Maroc une plante pourvue de vertus admirables. Le suc qu'elle contenait éclaircissait la vue, rendait inoffensif le venin des serpents et d'autres poisons. Pour cet exploit, il donna le nom d'Euphorbe à cette plante, qui le garda jusqu'à nos jours.
Il avait écrit moult traités touchant à toutes les sciences, les lettres et les arts : - Sur la peinture, les peintres, comprenant 8 livres. - Sur l'histoire du théâtre avec 17 livres, se rapportant aux instruments de musique de divers pays, danses grecques, les acteurs etc.… - Un traité sur la corruption du langage, en deux livres. En somme, Juba II, roi de Massylia, plus tard dénommée Mauritanie Césarienne, était une sommité incontournable du début du Ier siècle de notre ère, en Afrique, dans la sphère méditerranéenne et orientale. Il n'y a point de doute qu'une pléthore de savants et d'hommes de lettres s'était inspirée de ses travaux.
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