Montebello |
Sidi-Rached |
MONTEBELLO / SIDI RACHED
En avril 1859, l'inspecteur Bonnemain vint inspecter le lieu -dit Sidi-Rached et la possibilité d'y établir un centre de 20 à 30 feux. Il fut procédé à des travaux préliminaires.
Aussitôt, l'administration fut saisie de demandes émanant de colons et de charbonniers. La région étant jugée insalubre, aucune suite ne leur fut donnée.
Les travaux entrepris pour l'assèchement du lac Halloula furent poussés. 300 ha de terres furent ainsi récupérés.
En 1867 le Gouverneur général Mac Mahon en fit différer la vente et demanda de reprendre l'étude de création d'un centre. Un groupe de propriétaires de Marengo, européens et Indigènes, en réclamèrent l'adjudication, mais elle fut repoussée, toujours pour la même raison.
Au début de 1869, la reprise des études par les Ponts et Chaussées conclut à la possibilité de création du centre sans attendre le complet dessèchement du lac.
Dans un rapport remis le 29 mai 1869 une commission dans laquelle nous relevons le nom de Garny, médecin de colonisation à Marengo, et Vallier, propriétaire, un avis favorable est donné.
Toutefois, cette commission recommande de peupler le nouveau centre avec des habitants des localités voisines plus aptes à résister aux inconvénients du lieu ; elle préconise d'augmenter la section des canaux secondaires et de considérer la partie immergée aux grandes pluies comme terrain communal.
Deux problèmes se posent. Le premier était relatif à l'implantation du village qu'il fallait tenir à l'écart du lac sans l'éloigner de la source qui l'alimenterait.
Le deuxième concernait la constitution du périmètre. L' Etat possédait de vastes terrains dans les douars Sidi-Rached et Quali ou Chenoua, couverte de hautes broussailles. Mais une grande partie du périmètre prévu appartenait à des indigènes qui ne voulaient pas s'en dessaisir. Une procédure d'expropriation avec indemnités ou échanges fut entreprise pour réunir ces 300 hectares.
Le 28 juin, le Service topographique adresse au Préfet le plan du village. Le 25 septembre, le tirage au sort des lots a lieu : 34 lots sont attribués ceux des immigrants étant réservés. Le piquetage était terminé le 4 novembre. Et comme de coutume, le décret suivit le 18 décembre. Il autorise la création au lieu-dit Sidi-Rached d'un centre de population de 44 feux qui portera le nom de Montebello (victoire remportée sur les Autrichiens le 12 juin 1800 par le Maréchal Lannes). Les 34 colons algériens choisis par la Commission et 4 colons installés sur les lots réservés à l'immigration devront recevoir le plus tôt possible leur titre définitif de propriété.
La dotation est de 1041 ha. Le périmètre est borné au nord par la concession indigène du Haouch Sidi-Rached, à l'est et au sud par les propriétés Gommez, Brossan, Branthomme, d'Auxerre et divers indigènes, à l'ouest par les propriétés Chas et Ben Youssef ben el Kouch (on remarquera que la région compte déjà plusieurs propriétés européennes). Au sud, les terrains provenant du lac seront affectés aux grands lots ruraux et à la réserve provisoire.
Les concessions comprendront 1 lot urbain, 1 jardin irrigable de 20 ares, 1 lot de 5 ha en coteau et 15 à 16 ha en deuxième zone. Le prix est fixé à 20 francs l'ha libérables en 5 annuités.
Le village devait comprendre 35 concessions agricoles de 20 à 23 ha ; 5 de 9 à 11 ha pour les commerces et petites industries ; 4 lots réservés sur des terres à récupérer sur le lac ; en outre 48 lots de jardins et un communal de 100 ha. 4 des lots étaient réservés au presbytère, à l'école, à la gendarmerie et à la mairie. L’église serait située au centre du village. Un chemin était projeté de Sidi-Rached à Ameur-el-Aïn et de là vers la gare voisine d’El-Affroun.
Les travaux de terrassements, tracé, nivellement, plantations, adduction d'eau, exécutés par l'administration furent terminés début 1870 onze ans après la première étude.
Le village compta 6 familles de métropolitains et 40 de la région : Marengo, Attatba, El-Affroun, Bou-Roumi, Bourkika... presque tous Français d' origine.
L'installation était terminée en avril 1870 ; certains lots étaient déjà revendus ou donnés en métayage.
On voit apparaître dans la région un arbre exotique : l'eucalyptus. On lui prête, en dehors de sa rotation rapide, de nombreuses qualités, assèchement du sol et assainissement de l'air, entre autres. 2.500 eucalyptus seront plantés à Montebello et les environs. Peu à peu, toutes les fermes auront à proximité un bosquet d'eucalyptus, qui sont restés une des caractéristiques de la Mitidja. Le long de la route Marengo-Montebello, des eucalyptus marqueront les kilomètres d'un côté, et de l'autre les hectomètres.
La vie fut très difficile à Montebello et le sera pendant encore pendant de très nombreuses années. Le paludisme y règnera en maître. Une relation de voyage de Mallebay, en 1888, nous montre ce village où les gens sont incapables de travailler, terrassés par la fièvre, où chaque foyer a perdu une ou deux personnes.
Julien Franc cite un propriétaire de la région, Mahé, qui écrit en 1899 : "sur les 40 chefs de famille tous vigoureux et qui vinrent là avec de beaux enfants et des femmes saines et fortes, cinq vivent encore". La colonie a été créée 30 ans avant !!!
Lorsqu'en 1904, l'Institut Pasteur entame la lutte contre le paludisme, il choisit Montebello comme centre d'essai. Nous résumons ce qu'en dit Julien Franc :
Lorsque l'expérience commença, été 1904, 75 habitants sur 87 présentaient des symptômes paludéens. Des barrages alternatifs de dérivation furent pratiqués dans les canaux de la cuvette du lac, les habitations protégées, la "quininisation" généralisée.
Malheureusement, avec le temps les mesures furent moins bien appliquées et les fièvres réapparurent.
En 1926, le Docteur Sergent estimait à 60 % l'index endémique à Montebello.
La population européenne ne fut jamais très nombreuse. En 1901, au moment où elle est la plus importante, elle se décomposait en 86 Français d’origine, 52 naturalisés et 54 étrangers.
La première guerre, avec ses morts, les départs, le regroupement de la propriété lui porta un coup dont elle ne se relèvera jamais complètement.
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Juste à coté de Sidi-Rached/Montebello il y a le Tombeau de La Romaine (malencontreusement appelé Tombeau de la Chrétienne)...(voir la carte)
Aussi, il se raconte une légende sur ce dit Tombeau que je ne peux m'empécher de vous raconter. :-)
Un arabe de la Mitidja, Ben-Kassem, ayant été fait prisonnier de guerre par les Chrétiens, fut emmené en Espagne et vendu comme esclave à un vieux savant.
Il ne se passait pas un jour sans que Ben-Kassem ne pleurait de la séparation de sa famille, qu'il craignait de ne plus revoir.
" Ecoutes lui dit son maître, je peux te rendre à ta famille et à ton pays, si tu veux me jurer de faire tout ce que je vais te demander. Tout à l'heure tu vas embarquer sur un bateau en partance pour ton pays, tu vas voir ta famille, passes trois jours avec elle. Tu te rendras ensuite au Tombeau de la Chrétienne, et là, tu brûleras le papier que voici, sur le feu d'un brasier et tourné vers l'Orient. Quoi qu'il arrive, ne t'étonne de rien et rentre sous ta tente. Voilà tout ce que je te demande en échange de la liberté que je te rends ".
Ben-Kassem ne voyant rien de contraire à sa religion dans l'exécution du projet du savant, fit ponctuellement ce qui lui a été recommandé ; mais à peine le papier qu'il avait jeté dans le brasier fut-il consommé, qu'il vit le Tombeau de la Chrétienne s'entrouvrir pour donner passage à un nuage de pièces d'or et d'argent qui s'élevait et filait, du côté de la mer, vers le pays des Chrétiens. Ben-Kassem, immobile d'abord à la vue de tant de trésors, lança son burnous sur les dernières pièces, et il put en ramener quelques-unes. Quant au tombeau, il s'était refermé de lui-même, le charme était rompu.
Ben-Kassem garda longtemps le silence ; mais il ne put se retenir de conter une aventure aussi extraordinaire. Cette histoire fut connue du Pacha lui-même. Le Pacha Salah-Raïs régna de 1552 à 1556, il envoya un grand nombre d'ouvriers au Tombeau de la Chrétienne, avec ordre de le démolir et d'en rapporter les trésors qu'ils y trouveraient. Mais le monument avait été à peine entamé par le marteau des démolisseurs, qu'une femme, chrétienne sans doute, apparaissant sur le sommet de l'édifice, étendit ses bras sur le lac, au bas de la colline, en s'écriant : "halloula ! halloula ! à mon secours ! " et aussitôt une nuée d'énormes moustiques dispersa les travailleurs. Plus tard, Baba-Mohamed-Ben Othmane, pacha d'Alger de 1766 à 1791, fit démolir à coups de canon, et sans succès, le revêtement Est du Tombeau de la Chrétienne.
Nota Ben(ne) de Ben :-))
Cette légende est quelque peu biscornue, étant donné qu'à cette époque la il n'y avait pas encore de chrétienneté à cet endroit... hi hi hi On peut présumer que la légende fut 'inventée' à une date antèrieure... comme quoi les légendes sont bonnes pour endormir les enfants... même les plus grands parfois. ha ha ha !
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