In summer, the gods live in Tipasa, and the gods speak in the sun and the fragrance of the artemisias, the sea armoured with silver, the unbleached blue sky, the ruins covered with flowers and the light bubbling in the heaps of stone (Noces à Tipasa).
As Camus implied, the ancients knew well the extraordinary character of Tipasa, a few hours drive from Algiers. They left some of the best views of the ocean not just for the gods but for their own dead, on the west outside the city walls, looking towards the great mass of the mountain Chenoua as it falls down to the sea. There they established a necropolis, where they gathered to eat and drink with and for the departed in refrigeria, refreshments, for living and dead alike.
As Christianity displaced the old gods, it took over their dwellings and some of their celebrations as well. Burying the dead at Tipasa remained festive as it had been before; the cemetery was not a morbid place, but one where the living and the dead celebrated together, the hope of the resurrection now a focus for joy.
A famous mosaic found at Tipasa wishes the participants in such Christian convivia a blessed time as they ate and drank together in remembrance of the dead: Pax et concordia sit convivio nostro ("Peace and concord be to our banquet"). The panel is covered with fish; these are not so much specifically Christian symbols since they are found in many Roman mosaics, but there is still great seafood to be had at Tipasa, and fish would have figured prominently in some of the meals.
These events were closely linked to other Christian banquets such as Agape and even to the Eucharist itself.
Sometimes convivia took place outdoors in the African cemeteries, but Churches were also built in the necropolis to accommodate the celebrations, especially when the remains of martyrs or other holy persons were close by. A chapel built by the bishop Alexander in the fourth century at Tipasa had space for his own justi priores, "worthy predecessors" who were patriarchs of the ecclesial family as well as heroes to remember from times of persecution.
Outside Alexander's church are a number of concrete dining benches, semi-circular installations formed like the stibadion used in homes of the period, around which those celebrating would recline to eat. These were also decorated with mosaic in the central table section, dedicated by individuals or families who would return for these faithful feasts.
Most remarkably, at least one of these concrete picnic tables is inside Alexander's church. Although the Eucharist would have been celebrated there and had ceased to be so closely linked to regular dining, the refrigerium was also a holy meal for these Christians. The deep significance of these gatherings has led one scholar to call the participants a "second Church" whose ritual life was less focussed on bishops and basilicas than on events like refrigeria outside the city.
But Alexander's Church and its dining areas suggest the "first" and the "second" Churches were made up of the same people; that to understand their life we need to consider both what took place in the city and outside it, rather than paying attention only to the more familiar "liturgical" elements of their communal life in the basilicas.
« Au printemps, Tipasa est habitée par les dieux et les dieux parlent dans le soleil et l’odeur des absinthes, la mer cuirassée d’argent, le ciel bleu écru, les ruines couvertes de fleurs et la lumière à gros bouillon dans les amas de pierre. » A l’endroit où Camus aimait se tenir, une stèle toute simple lui rend un vibrant hommage avec ses mots gravés par Louis BENISTI, un artiste peintre, enfant d’Alger, comme le prix Nobel de littérature:
« Je comprends ici ce qu’on appelle gloire. Le droit d’aimer sans mesure. » Ces mêmes mots que l’on retrouve dans « Noces *»
Comment ne pas partager l’exaltation d’Albert Camus devant cet expressif panorama naturel ? Comment ne pas s’extasier, devant cette rencontre improbable entre la réalité de l’histoire et la légende des temps anciens, avec pour toile de fonds, les courbes douces du Mont Chenoua, éternel témoin silencieux de la grande histoire et des petites histoires ?
Comment se lasser de courtiser ces pierres soutirées jusqu’à épuisement, de la mal nommée montagne, Fontaine du Génie (Hadjret Nouss), en retenant notre respiration à l’écoute de l’esprit vital d’un monde disparu ? On gamberge en visualisant les allées transversales, décorées des éternels chênes et pins parasols aux troncs encore vierges des sculptures de l’homme, désormais serpentées par des sentiers amoureux où l’on se perd volontiers. On entend surtout cette voix tourmentée du siècle naissant répondant à la grande voix, disant son vague à l’âme face à cette renonciation à notre mémoire ancestrale.
. Tipasa revient de loin. De par son histoire tumultueuse aux IV et V èmes siècle certes, mais aussi, au regard des années de méprises culturelles, entre 2002 et 2006, où le site archéologique, pourtant classé depuis 1982, comme patrimoine de l’humanité, a miraculeusement échappé à son déclassement par l’UNESCO, en figurant pendant ces années, dans la liste infâme, des sites en péril… Ironie du sort, cette catastrophe culturelle aux conséquences relevant plus du prestige nationaliste écorché d’un pays, que de son historicité, a failli se concrétiser quasiment un siècle après les premières véritables fouilles, effectuées par A.Berbrugger (en 1892), à la basilique principale.
Mais déjà en en 1854, un entrepreneur parisien, Demonchy, eut la monumentale idée de rebâtir la cité antique de Tipasa. L’administration lui accorda une vaste concession, à condition, toutefois, d’implanter un village de colonisation sur des terrains situés au cœur de la colonie romaine. Les maquis de lentisques et de palmiers nains firent peu à peu place, à de somptueuses villas de maitre qui effacèrent à jamais, un patrimoine de l’humanité.
Cependant, ce projet sera enseveli (provisoirement), en même temps que son promoteur, puisque l’année suivante il décédera du paludisme, suivi quelques temps après, de son épouse. Découragé par ces deuils successifs, son héritier décide de céder la concession à son beau frère, Jean Baptiste Trémaux. Cette opportune transaction permit de sauver en partie, la cité antique d’un vandalisme moderne certain. En effet Trémaux créera un parc/musée qui regroupe la majorité des vestiges romains connus, les mettant ainsi à l’abri de nouvelles destructions.
Cette cité historique qui n’est qu’à 70 kilomètres et 1 h de route seulement d’Alger, est maintenant, une destination touristique phare pour des centaines de milliers de visiteurs, attirés non seulement par ses grandes plages, ses criques rocheuses morcelées d’anfractuosités bizarres, ses spécialités de poisson, mais aussi par ses vestiges archéologiques qui s’étalent devant les visiteurs, comme les plus belles offrandes, n’en déplaise à celle qui n’était pas encore Sainte Salsa.
« Un site spécifiquement méditerranéen, où la couleur ocre des roches et des terres contraste avec le vert brillant des lentisques et avec les panaches pâlement argentés des armoises. C’est à la fois un ensemble archéologique méritant à lui seul un voyage d’études et un paysage délicat de dessin très pur, dont la lumière sans cesse changeante, plus douce et plus nuancée qu’en tout autre point de l’Algérie, impose fréquemment la comparaison avec les îles grecques. Côte découpée aux multiples anfractuosités limitant de minuscules ou vastes plages, falaises à pic alternant avec des criques, coteaux couverts de pins, sur les pentes desquels ondulent les riches vignobles et les belles plantations d’amandiers, masse rugueuse du Mont Chénoua fermant l’horizon du côté de Cherchell, végétation luxuriante du Parc National, tel est l’écrin des ruines de Tipasa. Il est peu de lieux plus évocateurs et plus émouvants pour qui veut se pencher sur les témoignages des premiers siècles du christianisme, sur ses angoisses, sur ses martyrs, sur son
triomphe, sur son déclin ».
A l’entrée Est du village de Tipasa le premier vestige que l’on rencontre est justement le promontoire de Sainte Salsa. « Cette jeune fille, chrétienne, avait 14 ans quand elle fut indignée de voir des rites païens et l’adoration d’une idole faire la joie des habitants de sa ville. Elle s’empara de nuit de l’idole vénérée, conservée au temple, en brisa la tête et la jeta à la mer. Il restait cependant le corps de l’idole…trop lourd, ce dernier fit un bruit terrible en se brisant sur les rochers, ce qui réveilla les gardes du temple malgré leurs libations de la veille. Les gardes firent subir le même sort que la statue à la jeune fille, en la précipitant dans les flots où elle périt noyée. Son corps fut retrouvé sur la berge…
On l’inhuma sur le promontoire qui porte d
epuis son nom ».
Cette histoire a été écrite par un tipasien. Elle aurait pu inspirer Albert Camus, l’autochtone, qui a aimé Tipaza au point de ne jamais y passer plus d’une journée d’affilée, car « il vient toujours un moment où l’on a trop vu un paysage, de même qu’il faut longtemps avant qu’on l’ait assez vu ».
Il n’est pas de ruines qui s’offrent dans un cadre plus séduisant que celles de Tipasa. On devient ici archéologue, même quand on n’a pas la vocation, ne serait-ce que pour se donner un prétexte à de charmantes promenades dans un des sites les plus pittoresques de l’Algérie.» aurait confirmé par anticipation, dans ses « Promenades Archéologiques «, Stéphane Gsell, cet algérien d’adoption et «inventeur» du site Tipasa .
Tipasa est un nom phénicien que l’on retrouve en en plusieurs endroits, à l’exemple de Thubirsicum Numiradum (Khemissa) : il signifie » lieu de passage » ou « escale », il serait plus plausible d’admettre que le toponyme Tipasa est la déformation du mot berbère « Tafsa », qui signifie le grès ou la pierre calcaire. On pouvait donc s’attendre à y découvrir les restes d’un de ces nombreux relais de cabotage jalonnant, à une distance moyenne d’une trentaine de kilomètres, la route maritime de Carthage aux Colonnes d’Hercule. En venant d’Ikosim (Alger) pour se rendre à Iol (Cherchell), les navigateurs phéniciens disposaient très probablement d’une escale, vers l’estuaire de l’oued Mazafran (entre Zeralda et Douaouda Marine). Il leur fallait une sécurité intermédiaire : ce fut Tipasa. Les fouilles de M. P. Cintas précisèrent, seulement en 1943, l’emplacement de la petite nécropole qui accompagna le port pendant environ cinq siècles précédant la chute de Carthage. Ces fouilles expliquèrent en même temps la présence étonnante de l’étrange vaisseau de pierre échoué dans le port.
C’est le plus ancien caveau punique de Tipasa, les autres ayant été creusés de plus en plus vers l’Est. Il remonte au VI e ou Ve siècle avant notre ère. Respecté par les carriers romains qui débitaient les pierres de la falaise, il se coucha un jour sous l’action de la
mer.
En dehors du témoignage que les Phéniciens nous ont laissé avec leurs sépultures, nous savons peu de choses de l’histoire de Tipasa avant le 1er siècle de notre ère. A quel point le passage des navigateurs en ce lieu fut-il également un passage de la mer vers l’intérieur, un comptoir d’échange, un point de contact avec les populations libyques? Rien ne permet de l’attester. Comme en bien d’autres lieux d’Afrique, certains caissons funéraires et des stèles portant le « signe de Tanit », traces indiscutables de l’influence phénicienne à Tipasa ont été trouvés. Cependant on ne sait pas avec certitude à quelle époque, la présence carthaginoise a définitivement disparu de Tipasa qui était sous la domination des Aguellids (princes ou rois Numides).
Située au centre des pays maures qui couvraient, les territoires de l’espace correspondant approximativement, au nord de l’Algérie actuelle, Tipasa avait donc une position géographique stratégique. Elle était un passage incontournable pour les échanges commerciaux, non seulement avec les autres ports africains, mais avec l’Espagne, la Gaule et l’Italie ; prospérité d’une escale sur les routes maritimes comme sur la grande voie côtière de Maurétanie, à l’aboutissement d’un réseau routier venant de la Mitidja occidentale, terre à céréales, de la riche vallée supérieure du Chélif, de la région de Médéa et des Hauts Plateaux si favorables à l’élevage, sous la surveillance, à quelques encablures seulement., du mausolée royal de Maurétanie dénommé improprement » Tombeau de la Chrétienne »
Pline l’Ancien nous apprend que, quelques années à peine après l’annexion de la Maurétanie, sous l’empereur romain Claude Ier, en 39, Tipasa prend le statut de municipe latin et se dote d’une muraille longue de plus de deux kilomètres. Hadrien éleva par la suite Tipasa au rang de colonie honoraire.
À la fin du IIe siècle, la ville connaît son apogée avec une population qui s’élève, selon les estimations de Stéphane Gsell, à 20 000 habitants. Un fragment d’inscription, trouvé au cours des fouilles de 1951, prouve que c’est sous le dernier de ces empereurs que fut construite la porte orientale de la grande enceinte, à l’intérieur de laquelle la colonie tipasienne put se réfugier. Il est à remarquer que cette construction coïncide avec une époque d’insécurité et de troubles qui donna lieu à une guerre impitoyable contre les Maures.
Pour Tipasa, comme pour presque toutes les autres villes d’Afrique, c’est au second siècle et au début du troisième — sous les derniers Antonins et sous les Sévères — que commence une magnifique ère de prospérité. Prospérité des gros propriétaires du Sahel riche en blé et en huile ; prospérité de négociants en relations commerciales non seulement avec les autres ports africains, mais avec l’Espagne, la Gaule et l’Italie ; prospérité d’une escale sur les routes maritimes comme sur la grande voie côtière de Maurétanie, à l’aboutissement d’un réseau routier venant de la Mitidja occidentale, terre à céréales, de la riche vallée supérieure du Chélif, de la région de Médéa et des Hauts Plateaux si favorables à l’élevage. Toutes ces voies rendaient bien aux Tipasiens, par le courant commercial qu’elles leur apportaient, les sacrifices pécuniaires qu’ils consentaient pour leur entretien : certaines bornes milliaires, retrouvées le long de ces voies, prouvent qu’elles étaient entretenues, au moins en partie, par les Tipasiens, auteurs des
dédicaces aux Empereurs.
Tipasa ne présentait pas alors l’aspect luxueux de la proche capitale ou même des grandes villes de Numidie et de Proconsulaire ; mais ses monuments nous prouvent l’aisance de nombreux habitants et la richesse d’une république dont la limite des terres extérieures s’étendait jusqu’à la Mitidja. Il semble que le christianisme fit son apparition ici au début du IIIe siècle se consolida en prenant lentement la place des cultes païens.
En 372, Firmus, berbère révolté contre Rome, vient mettre le siège devant Tipasa, à la tête de bandes armées de pillards et de mécontents. S’ils étaient tous attirés par l’appât que représentait le sac d’une ville, les donatistes étaient animés d’une haine religieuse d’autant plus forte que les Tipasiens étaient plus attachés au christianisme de Rome. La partie Est de cette enceinte défendue avec acharnement par les habitants, résista victorieusement aux assauts répétés de Firmus. La capitale Caesarea, avec son immense muraille longue de sept kilomètres, et Icosium (Alger), n’eurent pas le même bonheur : elles furent prises et saccagées, ce qui eut sans doute pour résultat un accroissement rapide de la prospérité de Tipasa.
La fin du IV e siècle et le début du Ve , époque tragique pour le monde romain menacé de la mer du Nord à la mer Noire par les barbares venus d’outre Rhin dont l’immense migration ne s’arrêtait que pour progresser à nouveau, fut, pour Tipasa comme pour le reste de l’Afrique, une période d’illusions, car ici, le commerce était florissant et la population nombreuse : 10.000 à 15.000 habitants, vraisemblablement. Le christianisme se développait en toute quiétude, les récoltes se vendaient bien, et les malheurs de
l’Empire semblaient ne jamais devoir atteindre les heureuses provinces.
Quand eurent-elles connaissance des événements terribles et quelle attention apportèrent-elles à ce 31 décembre 406 où le Rhin, à moitié gelé près de Mayence, donna le signal de la mise en marche à une partie des populations qui n’attendaient qu’une occasion pour franchir le limes naturel qu’était le Rhin ? Pouvait-on s’imaginer, sous le beau ciel de Tipasa, que ces Vandales si lointains, que cette population mouvante de 80.000 individus, vieillards, femmes et enfants compris, contenue un instant en Espagne par un traité qui en faisait des fédérés, se mettrait à nouveau en marche et traverserait Gibraltar ? Tipasa tomba, comme toute l’Afrique, vers l’an 430. Les murailles furent abattues, sans doute par les habitants eux-mêmes, contraints par une poignée de vainqueurs, au démantèlement de cette enceinte jusque-là inviolée.
C’est ainsi que Tipasa tomba ensuite dans l’ombre que confère la misère et la décadence. Une partie des vestiges en pierre et en marbre firent l’objet d’un réemploi dans d’autres lieux, durant les périodes d’occupation successives.À l’inverse de Timgad et Djemila dont les ruines apparaissent compactes et facilement lisibles, Tipasa offre à décrire un site éclaté. Ceci est dû au fait que tout n’a pas été dégagé et qu’une bonne partie de la ville, explorée en 1891 par Stéphane Gsell
est encore sous les sédiments.
En l’état actuel, les vestiges se présentent en deux grands ensembles. Le premier, situé en dehors des murs, à l’entrée de la ville actuelle, à droite de la route qui vient d’Alger, face à au Centre arabe d’archéologie, correspond à une grande nécropole avec la basilique funéraire de Sainte Salsa. Le second, c’est le parc archéologique, situé à la sortie ouest du centre de la ville coloniale, au quartier des restaurants, qui regroupe la majorité des monuments mis au jour. Entre les deux, près du port, le musée
Farid GHILI Lions Club Alger Liberté Administrateur du groupe HPA Histoire et Patrimoine de l’Algérie [email protected]
*Extrait de Noces, d’Albert Camus, essai écrit en 1939 Sources : Unesco/L Baranes/Berbrugger/S. Gsell Crédit photo linda G.
Islet of the harbour of Cherchell where Phoenician/Carthaginian materials were found
The City of Shershell, is in great Reputation for making Steel, earthen Vessels, and such Iron-Ware as are in Demand among the neighbouring Kabjles and Arabs. It is a Collection of low tiled Houses of a Mile in Circuit; but was formerly much larger and a Seat of one of the petty Kings of This Country. What we see of It at present, is situated upon the lower Part of the Ruins of a large City, not much inferiour to Carthage for Extent; and we may conceive no small Opinion likewise of Its former Magnificence, from the fine Pillars, Capitals, capacious Cisterns, and beautiful Mosaic Pavements that are still remaining. (..) Shershell being shut up in the midst of Mountains and difficult Passes, all Communication with It may be easily cut off, whenever the neighbouring Tribes, (as it frequently happens even to This Day) are disposed to be mutinous and troublesome. And, from This Circumstance, we may draw one Argument, that Shershell is the Julia Caesarea, by interpreting what Procopius (Procopius of Caesarea a VIth century historian) relates of It in our Favour, 'viz. that the Romans could only come at It by Sea, Access by Land being rendered impracticable, as all the Passes were then seized upon by It's Neighbours. (..) We discovered, upon a round peninsular Hillock that makes the Northern Mound of the Port and Cothon, several Floors and Pavements of Terrass and Mosaic Work, laid, as it appears, on Purpose to receive the Rain-Water, which was to fall from Them into small Conduits, and from These again into greater, 'till at last They were All to empty Themselves into a large oval Cistern. Thomas Shaw - Travels, or, observations relating to several parts of Barbary and the Levant - 1738
(left) Column in the main square of modern Cherchell; (right) theatre of the ancient town
Cherchell was originally the Lol of the Carthaginians; and was made the capital of Mauritania, by Juba II, under the name of Julia Caesarea. After various vicissitudes it was destroyed by the Vandals, but regained somewhat of its splendour under the Byzantines. (..) When it was visited by Shaw in 1730 it was in great reputation for making steel, earthen vessels, and such iron tools as were required in the neighbourhood; its ruins were still very magnificent, but it was entirely destroyed by an earthquake in 1738. (..) Ruins of former magnificence exist in every direction, and wherever excavations are made, columns and fragments of architectural details are found in abundance; unfortunately little or no regard has been paid to the preservation of the numerous remains which existed even as late as the French conquest. Most of the portable objects of interest have been removed to museums elsewhere, and nearly all the monuments have been destroyed for the sake of their stones. The large amphitheatre outside the gate to the east still retains its outline, but the bottom is encumbered with twelve or fifteen feet of debris, and is at present a ploughed field. (..) The theatre or hippodrome, near the barracks, is now a mere depression in the ground, though in 1840 it was in a nearly perfect state of preservation, and was surrounded by a portico supported by columns of granite and marble, to which access was obtained by a magnificent flight of steps. (..) Numerous columns of black diorite, lie scattered about the place, as well as magnificent fragments of what must once have been a white marble temple of singular beauty. John Murray - Handbook for Travellers in Algeria and Tunis - 1878 On the principal square of Shershell, planted with vigorous carob-trees, stands a column, surrounded by fragments that are wonderfully rich in capitals and friezes. (..) It must be said that Shershell is one of the cities of Algeria in which antiquities have been the least respected. Our domination has been much more fatal to the Roman monuments than that of the Turks. When I visited the Thermae we could scarcely set foot there, the mosaic pavements were so covered with rubbish. It is probable that they will soon be demolished, if there be need of stones to build a house or to repair a road. Gaston Boissier - Roman Africa, archaeological walks in Algeria and Tunis - 1898 - Translation by Arabella Ward
The aqueduct in a 1765 ink drawing by Robert Bruce and Luigi Balugani
The Water of the River Hashem (according to the present Name,) was conduced hither through a large and sumptuous Aqueduct, little inferiour to that of Carthage in the Height and Strength of It's Arches; several of the Fragments, scattered amongst the neighbouring Mountains and Valleys to the S. E. continue to be so many incontestable Proofs of the Grandeur and Beauty of the Work. Shaw
Today's aqueduct
On the left of the road is passed part of the aqueduct which led the waters of the Oued el-Hachem and the copious springs of Djebel Chennoua into Julia Caesarea. It consisted of two converging branches following the contour of the hills as open channels, or traversing projecting spurs by means of galleries. In only two places was it necessary to carry the water over valleys by means of arches. The first was at this spot, the second a few kilometres farther on, at the junction of the two branches where the united waters were carried over the Chied Billah on a single series of arches, of which five remain. (..) At the former place the water was carried over a deep and narrow valley on a triple series of arches, most of which are still entire, with the exception of a gap in the centre. Murray
In the museum a great variety of fragments are collected, many of which probably belonged to the same building, together with broken statues, tumuli and other inscriptions, capitals and bases of columns, amphorae, etc. (..) From an antiquarian point of view, there is no place in the province of Algiers so interesting as Cherchell and its neighbourhood; and however reckless has been the destruction of the precious architectural treasures which it contained, abundance still remains to testify to the splendour of the capital of Mauretania Caesariensis. Murray
Museum of Cherchell: reliefs
The museum at Shershell contains works of a very varied character, which show us that Juba prided himself on not having an exclusive taste. (..) The love that Juba felt for Greek arts and letters, and which was the result of his education, was augmented still more by his marriage. Augustus had united him to the daughter of Antony and Cleopatra, she whom her mother called The Moon (Cleopatra Selene). (..) Doubtless to her influence are due some of the beautiful works that, happily, have been discovered in the city in which Juba II had his residence. Boissier
Museum of Cherchell: small statues: (left) Hunting Diana; (centre) old Bacchus or Silvanus; (right) fragment of a basalt statue of Pharaoh Thuthmose I (ca 1500 BC)
That which makes Shershell especially original is the great number and the beauty of the statues that have been found there. Some have been deemed worthy of a place in the Louvre; others ornament the Museum of Algiers.Boissier There is (..), most interesting of all, the lower half of a seated Egyptian divinity, in black basalt, with a hieroglyphic inscription. This was found in the bed of the harbour, and may have been sent as a present to the fair Cleopatra Selene from her native land. Murray
Museum of Cherchell: colossal heads, perhaps from the Capitolium of the ancient town, in the style which prevailed at Pergamum in the IInd century BC
If it is true that the marble from which the statues of Shershell are cut comes from the quarries of Africa, it must be admitted that they were modelled in Caesarea itself, by sculptors brought from Greece by the King at great expense. He had therefore near him, besides scholars to aid him in writing his books, architects to build palaces, temples, thermae, and theatres, and sculptors to decorate them. Is it not strange that in an incredibly short time the court of a petty Berber king should have seemed to continue that of the successors of Alexander, and that at the foot of the Atlas mountains, an African city should have assumed the airs of Pergamum, Antioch, or Alexandria? Boissier
Museum of Cherchell: (left/centre) Apollo; (right) a similar statue which was found in 1891 in the River Tiber, now at Museo Nazionale Romano
The statue was found in 1910 and it decorated a large hall of a private house. Had it been found during the first years of the French rule it would have been sent to Paris or at least to Algiers, because it is a very fine marble copy after the original (lost) bronze statue by Phidias (Vth century BC). It shows the skills of the workshops which in Rome, Greece or Asia Minor "manufactured" copies of statues which were in high demand for the decoration of houses, baths, fountains, etc. The statues at Cherchell and Rome show a rather boyish frontal musculature; we know that they portray Apollo owing to some iconographic references to him (snake and laurel tree), but because of the god's absent gaze they bring to mind Dionysus as well (see the statues at Sagalassos and Ephesus).
Museum of Cherchell: (left/centre) Hercules; (right) most likely a copy of a caryatid
The cult of Hercules in the countries of the western part of the Mediterranean Sea was based on accounts of the hero's tenth and eleventh labours in which he stole the cattle of Geryon and the golden apples in the garden of the Hesperides, the nymphs of evening and therefore of the West. In order to perform these labours he travelled either to the Atlas mountains of Africa or to southern Iberia. The Romans had Hercules passing from their city on his way back home. Massinissa and the Numidian kings claimed he returned to Greece across their country and he became their protecting deity. The worship of Hercules grew over time as he expressed a forceful type of male hero, very different from Apollo or Dionysus; this occurred also in the easternmost provinces of the Roman Empire.
Hear, pow'rful, Hercules untam'd and strong, to whom vast hands, and mighty works belong, Almighty Titan, prudent and benign, of various forms, eternal and divine, 'Tis thine strong archer, all things to devour, supreme, all-helping, all-producing pow'r; (..) To thee mankind as their deliv'rer pray, whose arm can chase the savage tribes away: Unweary'd, earth's best blossom, offspring fair, to whom calm peace, and peaceful works are dear. Self-born, with primogenial fires you shine, and various names and strength of heart are thine. Thy mighty head supports the morning light, and bears untam'd, the silent gloomy night; (..) With arms unshaken, infinite, divine, come, blessed pow'r, and to our rites incline; The mitigations of disease convey, and drive disasterous maladies away. Come, shake the branch with thy almighty arm, dismiss thy darts and noxious fate disarm.
Orphic Hymn to Hercules - late Hellenistic or early Roman Imperial age - Transl. by Thomas Taylor
Museum of Cherchell: floor mosaic depicting the Triumph of Dionysus which was found in 1934
The good people of the provinces were easily satisfied. Thus the art which seemed to be best suited to them is the mosaic. It was perfectly adapted to the climate; it accommodated itself strictly to a certain mediocrity of execution; it could be very pleasing even when limited to reproducing simple ornaments which required of the artist less talent and care than the human figure. The mosaic, therefore, could be made for any price, which fact permitted its being used in the decorating of private houses, even the humblest. Thus the mosaic penetrated everywhere throughout Africa. Boissier
Museum of Cherchell: (left) The Nine Muses (found in 1920); (right) The Three Graces (found in 1882)
The Nine Muses inside medallions were often used for the decoration of large halls; because of their number the medallions could be more evenly spread than those of the Four Seasons (see a similar mosaic at Thysdrus and another one at Vichten in the Grand Duchy of Luxembourg - it opens in another window). The mosaic of the Three Graces is rather similar to a painting depicting three statues. The way the Graces were portrayed was identical throughout the Roman Empire: they stood with most of their weight on one foot, the central Grace was seen from behind and the other two had a symmetrical pose. It was an ideal subject for the decoration of baths as at Narlikuyu in Turkey. The Three Graces were often portrayed in statues, but these were much more expensive than mosaics (see those at the Museum of Antalya).
Museum of Cherchell: (left) fragment of a mosaic portraying the centaur Chiron teaching Achilles to play the lyre; (right) fragment of a mosaic depicting a worker in a vineyard
Mosaic makers were regarded as craftsmen at the same level as mastermasons or plumbers. Over time however those involved in the making of the emblema (literally, what is placed within), a painting-like section of a floor mosaic, were identified as pictor imaginarius (painter of images) and were entitled to higher rewards than the other workers involved in making the mosaic. The skill level they show in some mosaics at Cherchell suggests that most likely they were trained as painters and perhaps they were involved also in the fresco decoration of the walls. In Italy towards the end of the XIIIth century when frescoes began to replace mosaics in the decoration of churches, painters like Pietro Cavallini used both techniques.
Museum of Cherchell: mosaic depicting Ulysses and the Sirens on a fountain which was found in 1940
The subject of this mosaic was depicted also in a finer work at Thugga. The landlord who commissioned it might have read Cicero: So great is our innate love of learning and of knowledge, that no one can doubt that man's nature is strongly attracted to these things even without the lure of any profit. (..) Take persons who delight in the liberal arts and studies; do we not see them careless of health or business, patiently enduring any inconvenience when under the spell of learning and of science, and repaid for endless toil and trouble by the pleasure they derive from acquiring knowledge? For my part I believe Homer had something of this sort in view in his imaginary account of the songs of the Sirens. Apparently it was not the sweetness of their voices or the novelty and diversity of their songs, but their professions of knowledge that used to attract the passing voyageurs; it was the passion for learning that kept men rooted to the Sirens' rocky shores. (..) Homer was aware that his story would not sound plausible if the magic that held his hero enmeshed was merely an idle song! It is knowledge that the Sirens offer, and it was no marvel if a lover of wisdom held this dearer than his home. Cicero - De Finibus Bonorum et Malorum - Book V: 18 - translation by H. Harris Rackham
Museum of Cherchell: (left) Mosaic of the Farming Activities (early IIIrd century); (right) detail perhaps showing a foreman or the landlord
Farming was the key economic resource of Roman Algeria and many rich landowners decorated their homes with references to it by commissioning mosaics portraying the Four Seasons. In a house at Cherchell this was done by a realistic depiction of actual farming activities. Scholars found useful illustrations of the equipment and techniques used by Roman farmers in these mosaics.
The framing of the four scenes departs from traditional patterns; they are not separated in a rigid way and actually the line between the two upper scenes brings to mind the reliefs of Colonna Traiana. This mosaic stands out from the many others found in Algeria and for this reason it was chosen for the icon of this section. The image used as background for this page shows a detail of a geometric mosaic.
Cinq personnes ont été condamnéespar le tribunal de Cherchell, dans la wilaya de Tipasa, à 2 ans de prison ferme et à une amende de 100 mille dinars pour exploitation illégale de la plage El Hamdania. Il s’agit de la première condamnation du genre.
Ces personnes ont été arrêtées vendredi dernier par les services de la gendarmerie nationale lors une opération qui a également été sanctionnée par la saisie d’un nombre important de chaises, de tables et de parasols appartenant à la bande.
Les services de la gendarmerie nationale de la wilaya de Tipasa ont agi suite aux plaintes déposées par des citoyens contre la mafia de la plage d’El Hamdania qui leur imposait la location de chaises et de parasols à des prix excessifs.
A noter que le ministère de l’Intérieur a appelé les citoyens à signaler ce type de dépassements et désagréments, tout en insistant sur la gratuité de l’accès à la plage.
Le complexe de la Corne d’Or de Tipaza capte de plus en plus l’attention des estivants en offrant de nouveaux services aux normes internationales.
Pour la deuxième fois consécutive, le partenariat entre le groupe hôtelier HTT et l’agence de communication et d’événementiel, LA FABRIK a eu un impact palpable sur le nombre de visiteurs nationaux et étrangers au niveau du complexe la Corne d’or de Tipaza.
Comme ce fût le cas pour l’année précédente, LA FABRIK réinvestit le site féerique de la Corne d’Or, notamment la baie ouest, nichée entre le flanc d’une falaise et le théâtre romain qui prolonge le village touristique, œuvre du célèbre architecte français Fernand Pouillon. Sur place, l’animateur TV vedette et non moins journaliste Mahrez Rabia, responsable de l’agence LA FABRIK, veille au grain. Un seul leitmotiv : « Bien être, calme et sérénité pour tous ».
Du moins c’est l’impression que l’on a dès l’accès au périmètre savamment agencé et animé par le team de LA FABRIK. L’accès à cette « îlot de paix » est fixé à 1500 Da par personne et il faut compter quelque 1000 autres dinars pour le repas de midi.
Il faut dire que ce « sacrifice » pécuniaire est largement compensé par un service à la hauteur des attentes des visiteurs. Parents et enfants peuvent profiter des plaisirs de la mer surtout que les maîtres-nageurs et les éléments de la protection civile quadrillent étroitement la surface aquatique autorisée à la baignade. LA FABRIK propose au choix des clients, un transat, une chaise, une Meida, et un bed de style royal pour ceux qui veulent « En jeter ».
L’autre détail et non des moindre est que l’on peut piquer une tête que l’on soit vêtu d’un simple bikini ou d’un maillot style burka. Point de polémique à ce propos. L’artisanat trouve sa place dans cette initiative et bien des artistes sont encouragées dans le sillage de cette entreprise. Cette nouveauté donne un coup de fraîcheur au complexe touristique de Tipaza qui œuvre à retrouver son lustre d’antan.
Dix jours après la publication du Figaro Magazine d'un carnet de voyage sur Alger, vieille cité méditerranéenne "à la mémoire longue", un double projet médiatique vient d'être réalisé et publié par des médias bretons, Le Télégramme et Tébéo TV, qui partent à la découverte de l'Algérie.
Dans son reportage, Le Télégramme démarre son périple à Oran sur les traces du célèbre auteur en 1947 de "La peste", Albert Camus, du grand couturier français Yves Saint Laurent ou du journaliste Jean-Pierre Elkabbach.
Après un baptême à Santa Cruz pour montrer que la deuxième ville d'Algérie a été dominée durant trois siècles par les Espagnoles et mettre en valeur, avec de la hauteur, les différentes facettes de sa beauté, le journal souligne que "le front de mer est un peu ce qu’est la promenade des Anglais à Nice".
"Les balades du soir sont animées au rythme du raï ou de variétés françaises et italiennes. A quelques foulées, la place d’Armes a gardé tous les vestiges de l’époque coloniale. L’hôtel de ville et ses deux lions de l’Atlas sculptés par Auguste Cain, en 1889", a-t-il écrit, soulignant sa caractéristique hospitalité.
Dans son périple et sur ses routes, le journaliste constate que "l’Algérie est en construction", avant d'arriver à Tlemcen qui, "par sa culture, son architecture arabo-mauresque, ottomane et occidentale, elle est une mosaïque d’influences".
"Les petites ruelles qui serpentent la vieille ville rappellent Grenade. L’art andalou est omniprésent. Il suffit de voir le patio de l’hôtel Zianide ou le palais el-Mechouar au cœur de ville, ainsi que la mosquée d’Abou Medyene", a-t-il expliqué, faisant un détour au marché "où l’art du caftan fait figure de modèle chez les plus aisés".
Dans ce voyage, Alger la Blanche "bordée de part et d’autre par de petites criques et de vastes plages" est incontournable et, "pour s’offrir la meilleure vue", le journal propose d'arpenter les dédales de la Casbah.
"Toujours en restauration, mais la promenade vaut le détour. Des terrasses, on domine la baie d’Alger. Le port et la grande mosquée. Le dôme de l’ancienne synagogue. Les bâtisses blanches du front de mer avec ses arcades. Là, rien n’a changé", décrit l'auteur de ce reportage donnant la même impression nostalgique du retour de Paul Verlaine à sa maison lorsqu'il écrivit son poème "Après trois ans" où rien n'avait changé à cette époque.
La promenade à Alger oblige le visiteur à revisiter l'histoire de cette ville méditerranéenne qui semble tourner son dos à la mer.
Le voyage se termine par un pèlerinage qu'il ne faut pas rater et pour retrouver encore une fois le chemin de Camus sur le site archéologique "majeur" de Tipasa, en bord de mer. Le même sujet a été abordé par la chaîne de télévision locale bretonne Tébéo TV qui, elle, était partie sur un magazine d'une trentaine de minutes à la recherche des Bretons.
Les mêmes facettes reviennent dans le reportage audiovisuel, "Les Bretons d'ailleurs : Algérie", avec l'histoire (ou success-story) de Bretons qui se sont installés en Algérie, business ou mariage mixte obligent. Ces Bretons racontent leur vie en Algérie, mentionnent la qualité des relations humaines "perdues en France" et recommandent même qu'il faut venir en Algérie pour débuter le business et puis le faire grandir, peut-être, ailleurs.
Le ciel était voilé et l’argile mouillée, à Tipasa, vendredi 28 avril 2017. Un peu de bleu, du rouge, du vert, beaucoup de gris et les orages de la nuit qui semblaient encore se faire entendre au-dessus de l’amphithéâtre que l’on traverse en pénétrant à l’intérieur du site. Quels jeux s’étaient joués là, quels chrétiens jetés aux lions ? Plus loin, je retrouvais les deux temples qui se font face, le cardo maximus, la rue commerçante de l’antique Tipasa qui descend vers la mer dallée de pierres rouges, les grandes jarres de la fabrique de garum, façon de nuoc-mâm de l’époque romaine dont Apicius recommande un usage abondant dans l’Art culinaire (1).
« Aucun ayant droit, aucun éditeur de son Prix Nobel de fils, aucun président de la République en visite officielle en Algérie n’a jamais eu l’idée d’aller fleurir sa tombe. »
À l’horizon, le sommet du mont Chenoua était mangé par un gros nuage noir. J’ai connu ce djebel dans sa gloire, sa corniche et ses falaises éclatantes sous le soleil. J’avais quitté Tipasa. À Hadjout, autrefois Marengo, je voulais fleurir la tombe de la mère d’Albert Camus dans le cimetière municipal de l’époque coloniale posé au milieu des champs. Sous le soleil de janvier, je l’ai recherchée au milieu des pins et des cyprès et je ne l’ai pas trouvée. Pour cause. Oubliée de tous, Catherine Sintès, veuve Lucien Camus, repose sous une pauvre plaque de marbre gris brisée en deux au milieu des ronces et des herbes folles au cimetière d’El-Madiana, boulevard des Martyrs, au-dessus du quartier de Belcourt à Alger.
Aucun ayant droit, aucun éditeur de son Prix Nobel de fils, aucun président de la République en visite officielle en Algérie n’a jamais eu l’idée d’aller fleurir sa tombe. Cette femme ne savait ni lire ni écrire, elle était presque muette. Ce n’est pas une raison pour ne pas écrire ici son nom et ne pas donner de la voix pour célébrer la mémoire. Dans l’Étranger, Meursault est condamné pour ne pas avoir pleuré à l’enterrement de sa mère d’encre et de papier. En janvier 1960, Catherine Sintès a pleuré la mort de son fils. « C’est trop jeune », murmura-t-elle quand on la lui annonça. Huit mois plus tard, à son tour elle rendait l’âme sans un bruit. L’anniversaire du décès à Alger de Catherine Sintès est le 20 septembre. On demande des larmes, des prières, des fleurs !
« À Tipasa, au pied du mont Chenoua, impossible de ne pas songer à Albert Camus. »
À Tipasa, au pied du mont Chenoua, impossible de ne pas songer à Albert Camus, dont les mots ont été gravés sur une stèle ocre érigée près du mausolée circulaire de la nécropole occidentale. Ni de réciter encore une fois une page de Noces: « Enfoncé parmi les odeurs sauvages et les concerts d’insectes somnolents, j’ouvre les yeux et mon cœur à la grandeur insoutenable de ce ciel gorgé de chaleur. Ce n’est pas si facile de devenir ce qu’on est, de retrouver sa mesure profonde. Mais à regarder l’échine solide du Chenoua, mon cœur se calmait d’une étrange certitude. (2) » En ce lieu hanté par l’esprit, on doit également se souvenir de la Nouba des femmes du mont Chenoua d’Assia Djebar, un film de 1978 dans lequel l’histoire profonde de l’Algérie – cette histoire longue à laquelle Camus, tout à son athéisme solaire, ne songeait pas – est inscrite comme un palimpseste sous celle du présent.
L’histoire profonde de l’Algérie, les souvenirs qui s’évanouissent, les ombres choisies des grands hommes et des grandes femmes du temps passé – le roi numide Massinissa, son petit-fils Jugurtha, Ptolémée, époux de Cléopâtre Séléné, dernier roi de Maurétanie, à la fois africain, grec et romain, la bienheureuse Salsa, chrétienne martyrisée à 14 ans, la reine touareg Tin Hinan, la reine berbère Kahina combattant les envahisseurs arabes au VIIe siècle – les routes effacées de la mémoire des hommes : voilà ce que j’aime venir chercher à Tipasa, ville antique située à 70 km à l’ouest d’Alger, au nord du Tell, chef-lieu d’une wilaya de 600 000 habitants.
« Des anciens qui parlent le français d’Algérie mêlé de langue locale – le chenoui – et d’arabe dialectal m’ont juré que le mont Chenoua, 905 mètres, était le point culminant du pays. »
Derrière l’imposant djebel enlacé par l’oued Nador à l’est et par l’oued El Hachem à l’ouest, il est possible d’aller à la rencontre des cultures et des traditions de l’Algérie berbère. Pour retrouver un ami, j’ai un jour traversé la suite de villes et de villages dissimulés derrière le Chenoua : Aïn Tagourait, Nador, Sidi Rached, Cherchell et Sidi Ghiles. Une autre fois, dans des cafés où des garçons agiles servent du thé à la menthe exagérément sucré, des anciens qui parlent le français d’Algérie mêlé de langue locale – le chenoui – et d’arabe dialectal m’ont juré que le mont Chenoua, 905 mètres, était le point culminant du pays. Difficile de les suivre.
« Cela ressemble à la langue qu’on parle chez nous », m’a juré Saïd, qui traduisait pour moi ce jour-là. Saïd est un Kabyle de Tizi Ouzou. Il connaît bien les cafés où les anciens aiment se souvenir. Dans l’autoradio, il avait glissé un disque d’Ichenwiyen, le groupe emblématique de la chanson locale, composé à la gloire du mont Chenoua. Ichenwiyen fredonnait « Achimi tsough achimi thettsough », soit « J’oublie, je n’oublie pas ». Une chanson d’amour ? « Non, tout le mal que nous ont fait les Arabes ! », m’expliqua Saïd en rigolant.
Je connaissais à peine l’Algérie, mais un premier voyage du côté de la Grande Kabylie m’avait initié à des luttes politiques et culturelles dont j’ignorais tout avant de venir de ce côté-ci de la Méditerranée, aux différences entre le kabyle de Tizi et le chenoui de Tipasa, aux subtilités du monde berbère (3), expression qui remplaçait dans mon esprit celle, impropre pour évoquer l’Algérie, de monde arabo-musulman […]
1. Apicius, l’Art culinaire, traduit et annoté par Jacques André, Les Belles Lettres, 2013. 2. Albert Camus, Noces, suivi de l’Été, Gallimard, coll. « Folio », 1972, p. 14. 3. Internet me permet de retrouver cette vieille évocation du monde berbère : Ernest Renan, « Exploration scientifique de l’Algérie. La société berbère », Revue des Deux Mondes, tome 107, septembre 1873, p. 138.
Se ressourcer à la douceur de l'air, au silence, surtout.
Soleil qui se veut de la partie, ambiance joyeuse et amicale dans la voiture.
Nous longeons la côte avec comme point de repère le Chenoua, gros chat qui s'étire jusque dans la mer, dont la vue délimite à l'ouest le site de Tipaza.
Je retrouve des vues de Tipaza, cartes postales mais aussi photos de famille. Séquence émotion.
Il n'y a plus trace de ces tombes. Non plus de ce magnifique bas relief de sarcophage. Peut-être dans un musée, celui de Cherchell ? A voir...
Derrière la carte, la légende indique : La douane et le port. Tipaza désert, Tipaza tel que l'a connu Camus, à peu d'années près. Camus est réédité, ici. La controverse (Français ou Algérien ?) semble apaisée. Au SILA, dans les librairies, ses livres couvrent les tables de présentation. J'ai même vu une traduction en tamazigh de Misère de la Kabylie, chronique écrite en 1939 pour le journal Alger Républicain.
Au fond, il me semble voir cette maison quatre pentes, la douane. Carte postale des années 70. La ville a bien changé, mais à part les ruines, un petit tour sur le port ou dans le marché de brocante et tapis, je ne m'y aventure pas. Touriste, va !
Ma mère à six ans (1930). A première vue, pas de gros changements dans cette partie.
Des mosaïques au sol, dans les ruines des temples. Foulées par combien de pieds, depuis leur création ?
Le temple circulaire, mais aussi, et je sollicite curieux et fouineurs, la stèle de Camus, perdue dans les remous végétaux, au plus près de la mer, à égale distance du tombeau de la Chrétienne et du mont Chenoua. Conçue et gravée par Jean Batisti, après la mort de Camus.
Un hommage simple et suffisant, pour lui qui a tant aimé Tipaza, qui y a écrit Noces.
Je comprends ici ce
qu'on appelle gloire,
le droit d'aimer sans
mesure.
Et la suite :
Il n'y a qu'un amour en ce monde. Étreindre un corps de femme, c'est aussi retenir contre soi cette joie étrange qui descend du ciel vers la mer.
Relire Camus.
La paix, le silence, la lumière. L'amitié. Tout est bien.
D'après la description de ma mère, le phare est à gauche, petit trait vertical, et on devine à peine le tombeau de la Chrétienne, point minuscule à droite, sur la ligne de crête.
Milieu de journée, une soudaine envie de sardines nous pousse jusqu'au restaurant. Le port, les pêcheurs, les bateaux. Autres couleurs, la vie ! On a pris la nationale, traversant les anciens villages coloniaux. Sadia reconnait la maison où elle a accueilli un groupe de jeunes pour les vacances, dans les années 70. Une pointe de nostalgie pour ces moments privilégiés, oui, on y croyait !
Dominant la Mitidja au sud, la mer au nord, monumental, impressionnant, voici ce qu'on appelle abusivement le tombeau de la Chrétienne, érigé bien avant l'ère chrétienne.
The archaeological area of Tipasa includes two of the hills along the coast upon which the ancient town stood. The eastern one, where the harbour was located, is part of the modern town. The very Mediterranean landscape which surrounds the ancient ruins attracted the attention of Albert Camus (1913-1960), a French writer born in Algeria and best known for his novel The Plague. In 1939 he wrote Nuptials at Tipasa, a short account of his stay in the small town and of his visit to its ancient monuments.
View of Villa of the Frescoes and in the background the western hill and Mount Chenoua, which hides the view of Cherchell, ancient Caesarea Mauretaniae
A number of rich houses stood near the shore of the central hill. One of them was accessed from Cardo Maximus via a portico which led to a large courtyard. Fragments of paintings were found on the remaining walls of some rooms and thus it is called Villa of the Frescoes, although the proper term should be Domus(house). It enjoyed a commanding view and it must have belonged to a very wealthy family.
Mosaic of the "oecus" of Villa of the Frescoes
There is not much remaining evidence of the frescoes after which the building is named, but the oecus, the main hall, retains a fine geometric mosaic.
Vegetation near the Forum
In this marriage of ruins and springtime, the ruins have become stones again, and losing the polish imposed on them by men, they have reverted to nature. To celebrate the return of her prodigal daughters Nature has laid out a profusion of flowers. The heliotrope pushes its red and white head between the flagstones of the forum, red geraniums spill their blood over what were houses, temples, and public squares. Like the men whom much knowledge brings back to God, many years have brought these ruins back to their mother's house. Today, their past has finally left them, and nothing distracts them from the deep force pulling them back to the center of all that falls.
Albert Camus - Nuptials at Tipasa - Translated by Ellen Conroy Kennedy The Forum of Tipasa was identified in ruins at the top of the central hill. It was a large rectangular square with porticoes along three sides.
Civil Basilica
The only building of the Forum which retains more than its foundation is a basilica which was unearthed in 1914. It had three naves and an apse. It is called civil basilica to distinguish it from the basilica-shaped churches which were built on the western hill. It is dated late Ist or early IInd century AD and it served as a tribunal and as a covered meeting place.
Museum of Tipasa: Mosaic of the Slaves and a detail of it
A fine floor mosaic was found in the apse of the Civil Basilica and after extensive restoration it was moved to a very small museum at the entrance to the archaeological site. It has an elaborate geometric decoration based on pelta, the shield of the Amazons. Twelve small portraits of heads surround a central panel depicting a family of slaves or prisoners.
Mosaic of the Slaves: detail
The frizzly hair of the "slaves" and of the twelve surrounding figures is the Roman iconographical featurewhich identified the native people of the provinces of northern Africa. A modern politically oriented interpretation of the mosaic purpose suggests it was meant to humiliate the inhabitants of Tipasa of non-Roman origin. It might not have had such a general significance and perhaps it was made to celebrate a specific event. We know that Emperor Antoninus Pius ordered the construction of walls to protect Tipasa; the town was therefore threatened by something, possibly a raid by nomadic tribes who lived in the Sahara desert, similar to the Garamantes in Libya. The mosaic therefore might have celebrated a fight in which an attack by these tribes was repelled or a successful punitive expedition in their territories.
Museum of Tipasa: steles with a half moon surrounding the sun, a symbol of Tanit, a Carthaginian goddess
A number of very interesting antiquities are collected together in the garden of the principal proprietor, Monsieur Trémaux. Murray 1878.
The small museum of the archaeological site originates from that of the Trémaux family who owned a large estate which included the ancient town. An effect of the Carthaginian rule over Tipasa and other towns in northern Africa is the adoption of Phoenician deities by the local tribes, at least from an iconographical aspect.
Museum of Tipasa: steles of Roman cavalrymen
Although Tipasa was not a military town a number of steles of army officers were found there. Some of them are of particular interest because they depict the weapons of members of the Roman heavy cavalry at the time of Emperor Septimius Severus. The two cavalrymen shown above attacked the enemy by using a contus, a very long lance which was wielded two-handed and that was widely used by the armies of the Achaemenid and Sassanid rulers of Persia.
Museum of Tipasa: sarcophagi decorated with: (above) a sea thiasos, a procession of tritons and sea nymphs; (below) scenes from the chariot race between Pelops and Oenomaus
In the first sarcophagus the portrait of the dead inside a clipeus (round shield) was left unfinished so that it could be retouched to depict the actual person for whom the sarcophagus was bought. This is something which often occurred in the "global" manufacturing and trading of sarcophagi in the Roman Empire.
The second sarcophagus shows events related to the race between Pelops and Oenomaus; it was an event which was depicted by statues on the front of the Temple of Zeus at Olympia and so it was well known throughout the ancient world. The relief shows on the left the meeting between Pelops and Oenomaus sitting on his throne and on the right the beginning of the chariot race. Notwithstanding the loss of most of the heads the relief is a very fine piece of work. The image used as background for this page shows the head of Pelops which is carved on one of the short sides of the sarcophagus.
Museum of Tipasa: (left) the chariot of Oenomaus; (right) head of Jupiter
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