Benjamin Martinie, photographe et réalisateur français de 26 ans, a passé deux semaines entre Alger, Oran, le Sahara et Tipaza. Il en est revenu avec une vidéo « N’allez pas en Algérie » qui détruit les clichés.
Benjamin Martinie alias Tolt a encore frappé. Après « N’allez pas en Iran », le jeune réalisateur a consacré sa dernière vidéo à l’Algérie. Le projet, publié le 29 juin, bat en brèche les clichés sur le pays, sa culture, ses paysages et sa population.
« C’est juste un grand désert », « l’Algérie n’a pas d’histoire », « les Algériens ne sont pas très instruits et sont tous rétrogrades », « l’Algérie n’a pas de gastronomie », « C’est dangereux« … autant de préjugés que Benjamin Martinie a déconstruits en deux semaines de voyage.
Le clip, qui cumule plus de 300 mille vues, entend « attirer l’attention sur un pays boudé par les touristes » et « casser certaines idées préconçues plus ou moins répandues », explique le réalisateur et photographe de 26 ans, spécialiste des contenus liés au voyage.
« Je ressentais une certaine appréhension avant le voyage », confie Benjamin Martinie au Point Afrique. « J’avais quelques a priori sur l’aspect sécuritaire ainsi que sur l’accueil réservé aux touristes étrangers« , avoue-t-il, faisant allusion notamment à la prise d’otages du site gazier d’In Amenas en 2013 ou l’assassinat du guide français Hervé Gourdel en 2014.
D’Alger à Oran, du Sahara algérien aux ruines romaines de la ville côtière de Tipaza, le jeune homme a ramené des images époustouflantes de chacune des étapes de son voyage. Sa conclusion, ironique: « N’allez pas en Algérie… vous risquez d’y rester« .
« Un conseil: ne mettez jamais les pieds sur le sol algérien. Merci de regarder la vidéo jusqu’au bout pour être sûr(e) de comprendre le second degré« , conclut le réalisateur qui explique sur son blog que la capsule sur l’Algérie est la « deuxième vidéo d’une série« . « Les prochains épisodes portant sur des pays très différents, cela devrait donner naissance à des vidéos très différentes de ces deux premières », annonce-t-il.
2020 est une année que l’on peut qualifier ” d’année de Gaulle “. En effet, nous célébrons cette année les 130 ans de la naissance du Général, les 80 ans de l’appel du 18 Juin et les 50 ans de sa mort. C’est donc dans ce contexte que nous avons visité le village de Colombey-les-Deux-Églises qu’il a rendu célèbre.
Comment visiter le village du général de Gaulle ?
Colombey-les-Deux-Églises est un village situé en Haute-Marne, à la limite de l’Aube, dans la région Grand Est, à 3 heures en voiture de Paris. La ville la plus proche est Bar-sur-Aube. Afin d’en apprendre davantage sur l’histoire de Charles de Gaulle, vous pouvez passer la journée sur place. Voici donc une présentation des différents lieux touristiques à visiter. Libre à vous de les suivre dans l’ordre qui va suivre ou non
Le Mémorial de Gaulle
Le Mémorial Charles de Gaulle a été inauguré en 2008 par le couple franco-allemand Merkel-Sarkozy, 50 ans après la venue du chancelier Konrad Adenauer à la Boisserie. Ce Mémorial se divise en 3 parties distinctes. Vous y trouverez également un café, ainsi qu’une boutique
Charles de Gaulle avant d’être Général
Tout d’abord, vous découvrirez la vie de Charles de Gaulle, né le 22 novembre 1890 à Lille, son enfance, sa vie en tant que père de famille mais aussi son expérience militaire. En effet, avant d’être l’un des généraux les plus célèbres de l’histoire de France, De Gaulle a participé à la Première Guerre Mondiale, où il n’était alors ” que ” lieutenant, puis capitaine. Il a passé la moitié de la guerre emprisonné en Allemagne. Il ne fut libéré qu’après l’armistice en novembre 1918.
Le leader de la France Libre et le créateur de la Ve République
La partie la plus importante du Mémorial est bien évidemment celle consacrée à la Seconde Guerre Mondiale. L’appel du 18 Juin, les opérations militaires en Afrique ou encore la Libération de Paris et de la France sont au programme. Vous découvrirez également le rôle qu’ont joué les autres membres de la famille de Gaulle au sein de la Résistance.
Pour finir, la dernière partie du Mémorial est consacrée à l’homme politique. En effet, le Général de Gaulle a été le premier président de la Ve République, de 1959 à 1969. Cette partie du Mémorial vous fera revivre les grands tournants de sa carrière politique. A savoir, la Guerre d’Algérie, l’amitié franco-allemande, mai 68, mais également le référendum l’ayant pousser à démissionner.
D’autres sujets sont également abordés : sa relation avec Colombey, sa foi, ses mémoires, son enterrement, et d’autres encore. Tous les ans, il y a au Mémorial des expositions temporaires. Celle au programme cette année est ” 1940, il est devenu de Gaulle “ , dans laquelle vous comprendrez qui était Charles de Gaulle au début de la Seconde Guerre Mondiale et comment il est venu à mener la Résistance.
Les voitures du Général
Ne vous attendez pas à voir énormément d’objets ayant appartenu à Charles de Gaulle. En effet, à sa mort, sa femme Yvonne a décidé de brûler quasiment l’intégralité de ses vêtements de ses lettres, probablement afin de protéger leur vie privée qu’ils protégeaient déjà de leur vivant. Néanmoins, vous pourrez contempler au Mémorial trois de ses voitures. Parmi elles, la plus célèbre d’entre elles, la DS 19, voiture dans laquelle Charles et Yvonne de Gaulle ont été victimes de l‘attentat du Petit Clamart en 1962. Des croix blanches indiquent l’emplacement des impacts des balles qui auraient pu tuer le couple présidentiel. La DS est une reproduction, tandis que la Citroën Traction et la Renault Rambler sont originales.
Toutes les photos ci-dessus ont été prises au Mémorial Charles de Gaulle
La Croix de Lorraine
Elle est le symbole choisi par le Général de Gaulle pour différencier la France Libre de la France de Vichy. Du haut de ses 44,60 mètres, elle surplombe désormais le village de Colombey et est visible à des kilomètres à la ronde. Pour l’admirer de plus près, vous devez impérativement vous rendre au Mémorial. Puis, un ascenseur vous emmènera à hauteur de la croix. Rassurez-vous, vous n’aurez à faire que quelques pas.
En effet, le Mémorial a été construit en-dessous de la Croix de Lorraine. Celle-ci a été construite en 1972, soit deux ans après la mort du Général. 67 pays ont participé à son financement. Yvonne de Gaulle, a quant à elle exigé qu’elle soit orientée de façon à ce qu’elle voit visible de face lorsque l’on vient de Chaumont ou de Bar-sur-Aube, les deux villes les plus proches de Colombey.
La Boisserie
Son historique
La Boisserie est la demeure familiale des de Gaulle. Elle est située à l’extrémité du village. Charles et Yvonne en ont fait l’acquisition en 1934, en viager. Le couple s’est installé à Colombey car le village était un point stratégique. En effet, il est situé à mi-chemin entre l’Alsace et Paris. Charles de Gaulle était alors colonel en garnison dans l’Est, avant que la guerre n’éclate quelques années plus tard. Durant celle-ci, la Boisserie a été pillée et incendiée.
Anne de Gaulle, dernier enfant de la famille et née trisomique, a également beaucoup compté dans le choix de s’installer ici. En effet, ses parents voulaient qu’elle puisse grandir dans un endroit calme et suffisamment grand, en raison de son handicap. C’est entre ces murs qu’elle est décédée à l’âge de 20 ans, le 6 février 1948, tout comme son père alors qu’il était en train de jouer aux cartes, le 9 novembre 1970, soit quelques jours avant son 80ème anniversaire.
La visite
Bien que l’on puisse la visiter partiellement, la Boisserie reste toujours un domaine privé. En effet, elle est la propriété de l’Amiral Philippe de Gaulle, enfant aîné et seul encore en vie de la fratrie. C’est pourquoi vous ne pourrez visiter que quelques pièces, mais qui sont restées telles qu’Yvonne de Gaulle les a laissées. Tous les cadeaux que vous verrez ont été offerts à Charles et Yvonne de Gaulle en personne, et non pas au chef de l’État et à la première Dame de France. Vous pouvez également vous promener dans le très grand parc (2,5 Ha), dont le Général de Gaulle” a fait mille fois le tour.” Il y a également un parcours de mini-golf, un terrain de tennis, que le couple de Gaulle a fait construire pour ses petits-enfants.
Anecdote amusante : en 1944, le conseil municipal de Colombey-les-Deux-Églises a décidé de renommer la rue principale (qui portait ce nom) dans laquelle se trouvait la Boisserie, rue du Général de Gaulle. Par conséquent, Charles de Gaulle a habité rue du Général de Gaulle. A noter également que la Boisserie se trouve donc désormais au 1 Rue du Général de Gaulle. En effet, la numérotation commence à la Boisserie et non pas vers l’église ou la mairie comme c’est habituellement le cas.
Toutes les photos ci-dessus ont été prises à la Boisserie
Le cimetière et l’église
Charles de Gaulle voulait être enterré à Colombey-les-Deux-Églises, dans une cérémonie très simple. C’est donc conformément à ses dernières volontés qu’il fut inhumé dans le cimetière de Colombey, aux côtés de sa fille Anne, décédée 22 ans plus tôt. Yvonne de Gaulle, décédée 9 ans après son mari est également enterrée à leurs côtés. Élisabeth, première fille de Gaulle, a été elle aussi inhumée à Colombey-les-Deux-Églises, en 2013. Sa tombe repose à côté de celle de ses parents et de sa petite sœur. Vous pouvez naturellement vous y recueillir.
Au sein de l’église de Colombey, vous remarquerez un banc avec une croix de Lorraine. C’était celui attitré de la Boisserie, sur lequel la famille de Gaulle venait assister à la messe. Il est situé sur la rangée centre-droite et plutôt vers la fin. Vous ne pourrez pas le louper, c’est le seul banc possédant ce petit cadre.
Pour plus d’informations
Bien évidemment l’idéal serait de venir à Colombey pour visiter ces lieux et en apprendre davantage sur l’histoire de Charles de Gaulle en cette année de triple anniversaire gaullien. Vous rejoindrez ainsi les 100 000 visiteurs qui arpentent ces rues chaque année.
Un grand merci au Mémorial Charles de Gaulle ainsi qu’à la Boisserie pour leur accueil chaleureux et leur bienveillance. Rendez-vous sur leur site, en cliquant sur leur nom ci-dessus, pour plus d’informations concernant les horaires et tarifs. Leur contact et adresse :
Mémorial Charles de Gaulle, 52330 Colombey-les-Deux-Églises Téléphone : 03-25-30-90-80 Mail : [email protected]
La Boisserie, 1 Rue du Général de Gaulle, 52330 Colombey-les-Deux-Églises Téléphone : 03-25-01-52-52 Mail : [email protected]
L’ambassadeur des États-Unis en Algérie, John Desrocher, et son épouse Karen Rose ont partagé une vidéo sur les réseaux sociaux de l’ambassade qui vante la beauté des paysages de l’Algérie, qu’ils jugent « absolument magnifiques ». À travers cette vidéo, ils ont encouragé les Algériens à faire du tourisme interne, notamment en cette période de pandémie.
« La seule chose que je dirais à nos amis algériens c’est que les gens merveilleux que nous avons rencontrés au Sud, leur plus grand message à nous était de demander à plus d’Algériens de visiter le Sud pour les rencontrer, ce que je vous recommande vivement de faire », a affirmé Monsieur l’ambassadeur sur la vidéo
« Vous avez un patrimoine extraordinaire et c’est absolument beau. C’est vraiment l’un des paysages les plus magnifiques que j’ai vu dans le monde », a-t-il rajouté en citant des villes comme Alger, Constantine, Oran et Tlemcen.
De sa part, Madame Karen Rose a, également, parlé des villes qu’elle a visité en Algérie, notamment Tlemcen où elle s’est rendue en compagne de sa maman.
« Il y a vraiment quelque chose de magnifique dans chaque région d’Algérie. C’est comme dire qu’on peut choisir sa fleur préférée. Elles sont toutes si belles chacune à sa manière. C’est le cas des villes algériennes. Elles sont comme des fleurs, chacune belle à sa manière », a rajouté Madame Karen Rose.
L'Algérie s'éveille, offrant un nouveau visage. Cette semaine aux commandes de l'émission, Raphaël de Casabianca découvre le pays, d'Alger à Oran, le long d'une côte magnifique. Ils rencontrent des Algériens qui explorent, se cherchent, innovent ou remettent au goût du jour d'anciennes traditions, recueillant leurs témoignages. Un voyage ensoleillé et étonnant, dans l'atmosphère particulière des beaux mois d'été. Au sommaire : - Chronique de 24 heures à la plage - Le renouveau de la casbah - Femmes de sport - Jour de pêche à Bouharoun - Les gardiens de la nature algérienne - Oran, la guerre des tubes de l'été Rejoignez-nous https://www.facebook.com/EchappeesBel...http://www.france5.fr/emissions/echap...
Sophie Jovillard, Raphaël de Casabianca et Jérôme Pitorin se relayent le samedi à 20h35 sur france5 pour vous faire découvrir des échappées aussi belles que lointaines.
Ce samedi soir, France 5 rediffuse un numéro d’Échappées belles consacré à l’Algérie, une destination méconnue du Maghreb.
C’est l’Algérie, « d’Alger la blanche à Oran l’insouciante », qu’Échappées belles invite les téléspectateurs à (re)parcourir en compagnie de Raphaël de Casabianca. Le magazine documentaire propose de découvrir plusieurs aspects de ce pays : visite de la casbah d’Alger avec la chanteuse de chaâbi Malya Saadi ; dégustation avec une chef cuisinière d’une dolma de feuilles de vignes, spécialité locale ; parcours en compagnie d’un facteur des ruines romaines de la ville côtière de Tipaza, classé patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco ; planche à voile sur la plage de Mostaganem ; découverte de la ville d’Oran avec un professeur de français ; participation à un mariage dans la ville de Tlemcen avec un spécialiste des robes de mariées locales, qui sont classées au patrimoine immatériel de l’Unesco….
Échappées belles : le programme
L’Algérie offre un nouveau visage et s’éveille. D’Alger à Oran, le long d’une côte magnifique, les Algériens explorent, se cherchent, innovent et remettent au goût du jour d’anciennes traditions. Ce voyage ensoleillé et étonnant, dans l’atmosphère particulière des mois d’été, est mené par Raphaël de Casabianca…
Échappées belles épisode Un été en Algérie, samedi 1er août à 20h50, sur France 5
«Quand le Chenoua met son chapeau, il pleuvra à Marengo. » Comprenez : « Quand le mont Chenoua est recouvert de nuages, il pleuvra à 13 km de là, à Marengo », petite cité côtière algérienne, qui a conservé son nom colonial. Ce proverbe, Abdallah Bendaoud, la quarantaine volubile, le chante, en bon Chenoui qu'il est, ardent défenseur de cette tribu berbère du mont Chenoua (1), un mont haut d'à peine 905 mètres, recouvert de thuyas, d'arbousiers aussi touffus que des lauriers ou encore de lavande, « la montagne qui sent bon », dit le jeune écolier Idir.
Masse verdoyante qui se reflète dans l'eau si bleue, situé face aux ruines de Tipasa, tant célébrées par l'écrivain Albert Camus qui aimait de là plonger dans la Méditerranée, le mont n'a pas été épargné lors des terribles années 1990. Il ne faisait pas bon alors y flâner, les « terros », nom donné aux groupes armés islamistes, s'y cachant et les forces de l'ordre y patrouillant sans cesse, après avoir brûlé des zones pour éviter tout maquis. Le souvenir de la présence française est toujours là puisque l'armée algérienne s'est réinstallée sur la base construite avant l'indépendance, en haut du mont, pour mieux surveiller la Méditerranée. « Heureusement, s'exclame Abdallah Bendaoud, les deux grottes préhistoriques découvertes du temps des Français n'ont pas été abîmées, même si elles ont servi de cache. On y avait découvert sous la colonisation un poignard en bronze datant de 12 000 ans avant J.-C., exposé à Alger au Musée national du Bardo. »
Ici, tout le monde se souvient de ces cinq villageois de Beldj égorgés sur le versant nord, à quelques mètres du sommet, non loin d'un petit marabout renommé, visible par beau temps depuis les ruines de Tipasa, et censé par son côté sacré protéger les villageois, comme le proclamait la tradition. Le versant sud-ouest non plus n'a pas été épargné : à Draa-Legvenin (« la colline du lapin », en berbère), plus de six personnes ont aussi été assassinées. Des villages se sont vidés de leurs habitants par mesure de sécurité. Encore aujourd'hui, ils sont à moitié peuplés, la confiance n'étant pas totalement revenue. Mais Abdallah n'est pas peu fier de pouvoir prendre en voiture la route circulaire, longtemps interdite. Il chante dans le dialecte chenoui, si poétique, dérivé du berbère, glorifiant « son » mont : « L'olivier et le figuier croissent en toi/Les airs de la forêt et des champs sont tes essences guérisseuses/... »
Ici, en contrée berbère, « les femmes sont plus libres qu'ailleurs », note-t-il fièrement. Il montre un groupe de jeunes filles, les unes voilées, les autres non, riant aux éclats, qui se promènent sur la corniche au pied du mont, non loin de baraquements abandonnés par l'armée française après l'indépendance et transformés aujourd'hui en maisons individuelles. Elles sont seules, sans que personne ne mette en doute leur conduite. Abdallah tient à mettre en avant ce particularisme-là en terre d'islam. « On veut montrer, estime-t-il, une seule et même image de la musulmane. Chez les Chenouis, la femme va aux champs sans qu'un frère, un mari ne l'accompagne. Un peu sur les hauteurs, il y a même un marché chaque lundi, le marché des femmes. Je ne sais à quand remonte cette tradition ! J'ai toujours connu cela », ajoute-t-il. Sans crainte, Ania et Anissa, la première mariée, la deuxième célibataire, vendent sur le bord de la route des poteries artisanales, celles que font depuis des siècles les femmes du mont Chenoua, un art transmis de génération en génération par les grands-mères et les mères. Elles expliquent dans un français approximatif comment elles « mélangent de l'argile, de l'eau, des tessons de céramique », mortiers de terre cuite, qu'elles transforment en amphores immenses, assiettes, plats creux. Certains sont faits à l'ancienne, de couleur naturelle, grège, ornés de motifs légers, comme des dessins au henné ; d'autres sont noirs, colorés d'immenses fleurs, essentiellement bleues et roses, aux longues et fines tiges. « Ainsi va la mode, disent Ania et Anissa, j'aime tant dessiner les fleurs et je serais bien incapable de quitter mon mont Chenoua », s'exclame Ania. Plus discrète, Anissa, elle, a néanmoins les yeux rêveurs : « Partir, pourquoi pas ? Mais où ? questionne-t-elle. Est-ce que vous croyez que mes poteries pourraient plaire ? »
FICATIER Julia
Les Berbères en Algérie
En Algérie, la communauté berbère représente environ 10 millions de personnes. Cette communauté se répartit en plusieurs groupes : les Kabyles, les plus importants, les Chaouis, les Chenouis et les Mozabites, tous avec un parler berbère légèrement différent. Depuis plus de trente ans, les Berbères d'Algérie se battent pour que le berbère, le tamazight, devienne une langue officielle comme l'arabe. Jusqu'ici, le président Bouteflika y a opposé un refus, répétant que l'arabe est la seule langue officielle de l'Algérie.
Après la défaite de Thapsus, en avril 46 avant J.C, Juba I avait tenté de regagner sa capitale, Zama mais, les Romains l’ayant devancé, il ne put accéder à la ville où était restée sa famille. Sur le point d’être capturé, le roi numide préféra se donner la mort. Son fils, le jeune Juba, fut pris et envoyé à Rome.
En septembre de la même année, César le fit figurer à son triomphe, aux côtés des chefs qu’il avait vaincu, dont Vercingétorix. L’enfant, qui avait tout juste cinq ans, suivit le char du vainqueur, à la place de son père.
Le même César prit sous sa protection le jeune Numide. A sa mort, ce dernier passa sous la protection d’Octave qui se chargea de son éducation. Intelligent et doté d’une grande mémoire, Juba s’initia à toutes les disciplines qu’on apprenait alors. Il parlait, avec la même aisance, le latin et le Grec, ce qui fit dire à Plutarque que " le Barbare numide était devenu le plus fin des lettrés grecs ". Le destin du petit captif ne devait pas s’arrêter là. Octave, qui était devenu son ami, lui fit obtenir la citoyenneté romaine et l’associa à ses campagnes d’Egypte, dans la guerre contre Antoine et Cléopâtre (31-29 avant J.C). Le même Octave, devenu Auguste, le rétablit dans ses droits de souverain et lui tailla un royaume sur le territoire de la Maurétanie dont Rome s’était emparé après la mort du roi Bocchus. En fait, Auguste avait trouvé en Juba la personne qu’il fallait pour administrer un pays réfractaire à la domination étrangère mais peut-être prêt à accepter un souverain d’origine africaine. Bien que numide, Juba fut, en effet, accepté par ses sujets auxquels il apporta, il est vrai, la stabilité.
Sur ordre d’Auguste, sans doute, Juba épousa quelques années plus tard Cléopâtre Séléné, fille de la grande Cléopâtre d’Egypte et du triumvir Antoine. La jeune princesse avait été, elle aussi, enlevée à sa patrie, après la défaite et la mort de ses parents et élevée à Rome. Auguste voulait, par cette union, montrer au monde la grandeur et la magnanimité de Rome qui, après avoir vaincu ses ennemis, s’alliait leurs enfants, allant jusqu’à les faire gouverner pour son compte. Conformément à la tradition égyptienne, Cléopâtre fut associée au règne de son époux : les monnaies frappées en son nom, entre 20 et 19 avant J.C., ainsi que les symboles égyptiens qui y figurent, le prouvent. Nous ne savons rien de la vie du couple sauf que Cléopâtre donna à Juba un fils, Ptolémée, appelé ainsi du nom d’un de ses aïeux égyptiens, et qui devait lui succéder. Cléopâtre Séléné mourut vers 6 ou 5 avant J.C. et, selon la tradition, Juba lui aurait élevé le fameux Mausolée Royal de Maurétanie (Tombeau de la Chrétienne), aux environs de Tipaza, à l’Est d’Alger
Le règne de Juba II, long d’une cinquantaine d’année, fut plutôt calme, même s’il fut traversé par des révoltes, comme celle des Gétules, en l’an 6 de l’ère chrétienne.
Jusqu’à sa mort, en 23 ou 24 après J.C, il fut un fidèle vassal de Rome et ne manqua pas de mettre à sa disposition, comme dans la guerre menée contre Tacfarinas, son armée et ses biens.
Son royaume connut, grâce à la stabilité dont il jouissait, une certaine prospérité. Sa capitale, Iol (l’actuelle Cherchell), rebaptisée Caesarea, en l’honneur d’Auguste, connut, sous son règne, un grand essor. Il l’agrandit, la dota d’un port et l’embellit de monuments et de statues de style grec.
Le commerce et l’industrie y florissaient, notamment les teintureries qui produisaient la célèbre pourpre de Gétulie, chantée par les poètes latins
Mais le tombeau a aussi sa légende, la voici : Un Arabe de la Mitidja, Ben Kassem ayant été fait prisonnier lors d’une attaque pirate, fut emmené en Espagne et vendu comme esclave à un vieux savant. Un jour, son maître lui dit : " Ben Kassem, je peux te rendre à ta famille et à ton pays, si tu peux me jurer de faire tout ce que je vais te demander. " L’arabe promis car ce qu’on lui demandait était très simple. Arrivé sur l’autre coté de la Méditerranée, il se rendit au tombeau de la Chrétienne et, là, il obéit à son ancien maître en faisant brûler un papier que le vieux savant lui avait confié. A peine le papier qu’il avait jeté dans le brasier fut-il consommé, qu’il vit le tombeau s’entrouvrir pour donner passage à un nuage de pièces d’or et d’argent qui s’élevait et filait vers l’Espagne. Ben-Kassem, pétrifié, réagit en lançant son burnous sur les dernières pièces et en ramena quelques-unes. Quant au tombeau, il s’était déjà refermé, le charme était rompu… Ben-Kassem garda longtemps le silence mais, finalement, ne put se retenir de conter cette aventure aussi prodigieuse. Le Pacha Salah-Rais, qui régna (1552 à 1556), envoya un grand nombre d’ouvriers pour démolir pierre par pierre le tombeau et en ramener le trésor. Le monument venait à peine d’être attaqué par les pics des démolisseurs qu’une femme chrétienne apparut sur le sommet du tombeau, étendit les bras en s’écriant " Halloula !! Halloula ! à mon secours ! " et aussitôt une nuée d’énormes moustiques dispersa les travailleurs. Plus tard, Baba-Mohamed-ben-Othmane, pacha d’Alger de 1776 à 1791, fit démolir à coup de canon le revêtement Est, toujours sans succès.
Puisque nous sommes à Tipasa, allons-nous promener dans les ruines, dans un site prestigieux en bordure de mer, avec comme fond la montagne du Chenoua.
Et si vous êtes vraiment curieux, imaginez ce que devait être la basilique chrétienne, construite après la mort de Juba II .
Si vous mêliez les vielles pierres, le site et l’esprit d’Albert Camus alors quelle belle journée vous aurez passée !
L’historien et auteur écossais William Dalrymple a visité l’Algérie au mois de juillet dernier dans le cadre d’un voyage touristique, s’émerveillant des trésors cachés du pays et de la richesse de son histoire. Il partage avec nous ses découvertes dans un article publié ce samedi dans le
L’ Algérie regorge de trésors cachés
« Il y a seulement 60 ans, l’Algérie était le champ de bataille sanglant de l’une des guerres de décolonisation les plus acharnées du vingtième siècle », écrit William Dalrymple.
« Mais l’histoire algérienne nous apprend que la réalité est, du moins, un peu plus nuancée », affirme William Dalrymple, expliquant que « ce sont les riches Nord-Africains qui ont écrasé la résistance calédonienne et saisi le nord de la Grande-Bretagne pour les Romains. À la fin du deuxième siècle, un tiers du sénat romain était nord-africain tandis que l’empereur Septime Sévère grandissait à l’est à Leptis Magna (aujourd’hui dans la Libye moderne) ».
« Alors que nous nous promenions dans les époustouflants sites romains qui parsèment l’Algérie, nous étions constamment rappelés à quel point l’Afrique du Nord romaine était plus riche et plus civilisée que la province britannique et plus encore que la Calédonie barbare », relate l’auteur britannique.
« Pendant ces dernières années, une visite en Algérie était une perspective délicate à concevoir : au lendemain de la guerre civile, les quelques voyageurs qui se sont aventurés ici ont parfois été pris en otage par des guérilleros islamistes. Mais maintenant, alors que la politique reste stable, les combats sont terminés depuis longtemps et le pays est sûr pour les voyageurs », affirme M. Dalrymple.
« Il est parfois difficile d’obtenir un visa, mais une fois sur place, les routes sont bonnes, les hôtels sont confortables (bien que rarement particulièrement luxueux) et les tajines et les kebabs sont fabuleux. », estime l’historien dans son article adressé aux lecteurs britanniques.
« De plus, l’Algérie est peut-être le dernier endroit sûr de la Méditerranée où vous voyez des kilomètres de plages vides et de paysages en pointillés d’oliviers presque entièrement préservés du développement. Vous pouvez toujours vous promener presque seul à travers les sites archéologiques les plus importants du pays, les mosquées et les palais ottomans exquis », soutient William Dalrymple, avertissant cependant que « cela va sans aucun doute changer » puisque « les premiers groupes touristiques sont en route », et invitant les voyageurs potentiels à « aller vite » visiter le pays.
Selon un vieil habitant de la Casbah qui y a découvert les premières sensations de la vie, de l’enfance et de l’adolescence, la vieille citadelle a été abandonnée, trahie… anéantie.
Avec un nouveau regard et beaucoup de recul, on redécouvre le vieil Alger. La descente de la Casbah est un moment tonifiant, prestigieux, exceptionnel et intense. On rencontre un homme, ancien habitant, qui avait de l’émotion dans la voix. Descendant les escaliers, il marque soudain une halte. Il montre du doigt un amas de pierres, une maison complètement détruite. La Casbah où résonnaient ses cris d’enfance et d’adolescence, où il a découvert les premières sensations de la vie, a été selon lui abandonnée, trahie et anéantie. Pourtant, elle est un lieu de mémoire où des pages d’histoire ont été écrites à travers les siècles.
«Les responsables qui se sont succédé n’ont fait que se remplir les poches et nous mentir sur une prétendue réhabilitation. Comment peut-on être à ce point indifférent au sort de cette citadelle?Comment est-ce possible d’éprouver autant d’indifférence, voire de mépris?», se désole-t-il. La Casbah, classée pourtant patrimoine mondial de l’humanité et héritage des Turcs. Ces derniers ont redonné vie à la Mosquée Ketchaoua. Une mémoire qui part en lambeaux. La Casbah est amputée d’une part de son existence, de son histoire, de sa mémoire…
L’ébéniste Khaled Mahiout ouvre souvent les portes de son atelier mais surtout son stah (terrasse) d’où l’on a une vue panoramique d’Alger. L’air marin fouetteles visages et fait valser les cheveux. Ce lieu est incontournable pour les touristes qui viennent visiter la citadelle. Ici, les couleurs scintillent de mille feux. Des visiteurs découvrent les lieux le pas lent et le regard émerveillé. Ils savent qu’ils marchent sur les traces d’hommes et de femmes qui ont fait la grandeur de ce lieu.
Avec leurs smartphones, ils immortalisent ces moments. Des vidéos sont postées sur les réseaux sociaux. Les vrais habitants, les «authentiques» l’ont quittée, relogés dans des quartiers sans âme, sans repères, sans histoires, sans racines et peu d’entre eux sont restés ici accrochés au souvenir de leurs parents ou grands-parents.
Décor à de nombreux films comme la bataille d’Alger
Certaines habitations, qui menacent de tomber en ruine, sont soutenues par d’imposantes poutres en bois ou en métal. Elle a pourtant servi de décor à de nombreux films, comme Pépé le Moko ou La bataille d’Alger.
«Durant le Ramadhan, tout était éclairé. L’ambiance était unique. On y venait de partout pour s’y imprégner. La Casbah, c’était aussi l’endroit où sontnés des artistes comme le comédien Rouiched», poursuit l’homme amer. C’est dans cette ancienne cité aussi que l’acte de naissance du chaâbi a été signé. Les maîtres de cet art ont pour noms cheikh Nador, cheikh El Hadj M’hamed El Anka et cheikh El Hasnaoui. Il a permis à des générations de musiciens d’oublier la misère et de chanter l’amour.
Des artistes se retrouvent autour du banjo, de l’accordéon et du mandole dans des fêtes de mariage. Si la cité a été amputée ou défigurée au rythme d’une urbanisation moderne, elle suscite beaucoup de nostalgie. Le mausolée de Sidi Abdrrahmane a une très forte symbolique pour les Algérois de souche. Réputé abrité la dépouille de Sidi Abderrahmane Al Thaâlibi, qui est le saint-patron d’El Djazzaïr (Alger), il est comme le repère identitaire de toute la ville. Situé en haut de la Casbah (la vieille-ville), il est accessible et ouvert aux visiteurs.
Plus bas, on évoque le chanteur Amar Ezzahi. «El Maaknine Ezzine», le humble parmi les humbles, chantait pour les pauvres, les démunis et les laissés-pour-compte. Il était souvent solitaire et fuyait toute exposition médiatique. Le cheikh vivait de son verbe et de sa muse. Il ne voulait pas d’une gloire éphémère. Il était souvent dans le café l’Etoile qui n’existe plus ou dans le jardin qui fait face au lycée Okba, récemment rénové. Il était populaire et aimait se mêler à la population. Il ne s’est jamais marié.
Certains disent que c’est paradoxalement à cause d’une déception amoureuse ! La femme qui a conquis son cœur n’a pas pu être sa femme car son père lui a répondu : «Je ne donne pas la main de ma fille à un chanteur!» Cela l’a complètement brisé. Ce fut son premier et dernier amour !
On jette un regard nostalgique sur l’autre lycée Emir Abdelkader. Sur l’esplanade El Kettani (Bab-El Oued), quelques familles et des couples se promènent. Certains s’adonnent à la pêche à la ligne, regard noyé dans les vagues avec un sac contenant hameçons et appâts.Sous les arcades, les murs sont décrépis.
Certains consomment des glaces en cet après-midi très ensoleillé. De l’autre côté, la douce agglomération de Bologhine : la mer la valorise et la Basilique Notre-Dame d’Afrique lui ajoute une touche de beauté, surtout la nuit avec son éclairage. Son stade résonne encore des exploits du MCA et de l’USMA. Mais ce quartier gagnera aussi à être sérieusement réhabilité car actuellement on fait plus du replâtrage que de la vraie rénovation.
Le Bastion 23 est un endroit à visiter absolument pour les amateurs d’histoire et d’architecture, mais pour bien profiter, il faut avoir un guide qui pourra raconter les histoires de ce palais ainsi que ses faces cachées. Il indique la puissance de la marine turque de l’époque. A la pêcherie, des pêcheurs préparaient leur sortie en mer. Les mouettes accompagnent un chalutier au loin. Se promener dans le vieil Alger est un moment où scintillent les étoiles du souvenir.
Alger la Blanche, El Mahroussa, Alger la cité où le crépuscule peint un tableau merveilleux pour vous souhaiter un bon début de soirée. Alger est une belle cité méditerranéenne pour celui qui a la sensibilité de déceler la belle lumière dans laquelle elle beigne : l’aube et le crépuscule sont une pure merveille de la nature, un don du Créateur par amour envers ses créatures. Les artistes peintres ont su capter cette lumière dans leurs toiles.
De temps en temps, nous avons besoin d’une halte pour goûter aux vraies saveurs de la vie car noyés dans notre quotidien, on passe souvent devant l’essentiel. Reste que tout ce potentiel n’est ni mis en valeur, ni exploité touristique ment. Pourtant, on peut proposer pas un tourisme mais des tourismes : de mémoire, citadin, culturel et cultuel. Mais il faut avoir une volonté politique et un réel désir de voir briller Alger. Reste l’étincelle de nos espérances pour résister à la marche du temps…
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