La guerre contre Gaza, les nouvelles tensions entre Israël et l’Iran et le risque d’une extension du conflit mettent en difficulté la relation entre Moscou et Tel-Aviv, déjà ébranlée depuis 2021. Mais les deux parties tentent de ne pas dépasser les lignes rouges.
L'attaque d'une salle de spectacle à Moscou n'a pas fait seulement des centaines de victimes. Elle va aussi provoquer une guerre de communication intense et massive à propos de ses auteurs, de ses causes et de ses conséquences.
Elle est attribuée sans hésitation par les pays occidentaux à l'Etat Islamique (EI) tandis que les autorités russes hésitent, tergiversent et, même si elles semblent en accuser l'Ukraine, ne désignent pas formellement un responsable, poursuivent leurs enquêtes et s'attachent à distinguer l'acteur et le commanditaire.
La Russie est en guerre contre l'Ukraine (dont elle occupe partiellement le territoire), mais aussi et surtout contre les pays occidentaux dirigés par les Etats-Unis qui lui apportent une aide et une assistance logistique tellement considérable que parler de cobelligérance relève de la mauvaise rhétorique, une évidence que le grand communicateur français qui préside au destin de son pays, a euphémisée par une formule qui fait sourire : « ambiguïté stratégique ».
Avec l'attentat de Moscou, l'affrontement gagne en ambiguïté et en complexité. Il brouille les cartes et fait entrer dans le conflit un troisième joueur qui ne serait ni aux côtés de l'Occident qu'il combattrait, ni à l'évidence du côté russe.
D'abord les faits
En fin d'après-midi du vendredi 22 mars, un assaut dont les médias russes ont commencé à faire état vers 20h15 à Moscou (17h30 GMT), a été mené par plusieurs individus armés de fusils d'assaut au Crocus City Hall, une salle de concert située à Krasnogorsk, à la sortie nord-ouest de la capitale russe.
Les assaillants, au nombre de quatre ou cinq, selon les images diffusées tiraient méthodiquement sur toutes les personnes qu'elles rencontraient dans le hall de l'établissement, puis dans la salle principale. Un incendie a très vite gagné une partie importante de l'édifice.
Le nombre de victimes, au lendemain de ce tragique événement, n'est pas encore complètement établi. On ne connaît pas l'état de gravité des blessés ni le nombre total des personnes secourues : certaines seraient encore sous les décombres de la salle. Il se chiffre déjà, selon les informations officielles, à plusieurs dizaines1.
Une émotion planétaire. La plupart des pays occidentaux, de Washington à Berlin, comme un seul homme, avec les mots convenus, présentent leurs condoléances au peuple russe et, comme il se doit, s'abstiennent d'exprimer la moindre sympathie aux autorités de la Russie, ceci à la différence des chefs d'Etat chinois, indien, turc... et même du roi du Maroc qui les adressent, selon les usages, directement à V. Poutine.
Le président français précise sur X l'étendue et la profondeur de son émotion : « La France condamne avec fermeté l'attaque terroriste revendiquée par l'État islamique à Moscou. Solidarité avec les familles des victimes, les blessés et le peuple russe. » (S. 23 mars 2024, 11h57) Cela lui permet d'exclure les dirigeants russes et d'inclure dans son message ce que ces derniers hésitent à nommer.
1.- Du « comment ? » au « qui ? » et au « pourquoi ? ».
On ne s'attardera pas sur l'explication fournie par les services ukrainiens selon lesquels ce serait des agents russes qui auraient tout organisé et mis au point cette tragédie qui a fait des centaines de victimes, pour raffermir le soutien de la population à ses dirigeants.
Deux thèses vont s'affronter. Les Occidentaux qui brandissent de concert, la thèse du « terrorisme islamiste » contre celle des autorités russes qui pointent leur regard vers l'Ukraine.
Bref préalable méthodologique. Le discours occidental sur la Russie est « infalsifiable »
Une guerre des communiqués va être déclenchée de manière totale, massive, sans interruption, sur tous les canaux et unilatérale.
Le procédé est classique en ces circonstances, lorsque l'ennemi est désigné comme radicalement tel. Son discours, quel que puisse être son objet, est invalidé en tant que discours sur les faits et devient un symptôme. Pour ainsi dire, les Russes sont privés de parole. Avant même son énonciation, leur discours est invalidé et, quoi qu'ils disent, ne peut être retenu comme pertinent. Ils ne sont pas fiables, ils cherchent à tromper, ils mentent, ils sont incompétents, malhonnêtes, prisonniers de leur cause... Leur enquête et ses conclusions ne serait éventuellement acceptables que si elles respectaient les normes occidentales et scrupuleusement évaluée par des experts « indépendants », c'est-à-dire occidentaux.2
La maîtrise du monde est intimement associée au discours exclusif sur le monde.
Précisons qu'il ne s'agira pas ici de trancher dans une affaire qui exigerait un accès à l'évidence impossible aux détails de l'enquête sur le terrain et encore moins aux secrets de ceux qui ont organisé cette opération. On se contentera de rapporter les faits publiquement exposés et d'examiner l'évolution du conflit ukrainien à la lumière de ces derniers événements.
2.- Alors qu'aucune accusation n'a été proférée contre son pays, la direction générale du renseignement du ministère de la défense ukrainien (GUR) prend les devants et accuse le Kremlin et ses services spéciaux d'avoir orchestré l'attaque meurtrière pour en accuser l'Ukraine et justifier ainsi une « escalade » de la guerre. « L'attentat terroriste de Moscou est une provocation planifiée et délibérée des services spéciaux russes sur ordre de Poutine. Son objectif est de justifier des frappes encore plus dures contre l'Ukraine et une mobilisation totale en Russie », a assuré le GUR, estimant que l'attaque « [devait] être comprise comme une menace de Poutine de provoquer l'escalade et d'étendre la guerre ». (Le Monde, V. 22 mars).
L'Ukraine peut crier son innocence, mais avait-elle besoin de le faire avant que personne ne l'ait accusée ? Avait-elle besoin d'accuser les Russes d'être à l'origine de la tragédie ?
Sur Telegram, alors que l'enquête n'en était encore qu'à ses débuts, M. Medvedev, numéro deux du Conseil de sécurité russe, avertit : « S'il est établi qu'il s'agit de terroristes du régime de Kiev, (...) ils devront tous être retrouvés et annihilés sans pitié comme des terroristes. Y compris les fonctionnaires de l'Etat qui ont commis une telle atrocité. » (Id.)
3.- Rétrospection : « On vous l'avait bien dit. »
L'ambassade américaine en Russie prétend avoir averti deux semaines plus tôt ses citoyens qu'elle « suivait de près des informations selon lesquelles des extrémistes ont des plans imminents de cibler de grands rassemblements à Moscou, y compris des concerts » (AFP du jour). Quels « extrémistes » ? Des islamistes, explicitement désignés ?
Après l'attentat, tout d'un coup, les médias se souviennent que les Etats-Unis en avaient averti Moscou. Ainsi le Figaro du V. 22 mars, rappelle une petite phrase prononcée trois jours plus tôt, mardi 19 mars, par Vladimir Poutine.
Le président russe, tout juste réélu le week-end précédent, s'exprimait devant le bureau du FSB, le service de renseignements intérieur de la Russie : « Les déclarations provocantes récentes d'un certain nombre de responsables occidentaux sur de possibles attaques terroristes en Russie » ne sont que « purs chantages ».
Ce rappel est totalement hors contexte. En effet, tout au long de la période électorale, des légions russes « pro-Ukraine » s'appliquaient à perturber le scrutin présidentiel russe par des bombardements et incursions dans la région de Belgorod et de Koursk. Le discours de V. Poutine concernait donc les « traîtres » russes alliés à Kiev et non les islamistes de l'EI dont personne ne pouvait imaginer alors leur intrusion dans la région.
Toute l'actualité était entièrement concentrée sur le conflit ukrainien. Au reste, on aurait bien du mal à trouver des références aux avertissements américains anticipant de manière claire et précise les événements tragiques du vendredi 22.
Toujours rétrospectivement, la Maison-Blanche a affirmé que les Etats-Unis avaient partagé début mars des renseignements avec les autorités russes. (AFP, S. 23 mars)3. Répétée sans cesse dans les médias occidentaux, on ne trouve nulle trace de l'information selon laquelle les Russes n'avaient tenu aucun compte de l'avertissement que même V. Poutine aurait dédaigné, en dehors de ce à quoi nous faisions référence plus haut.4
Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, semble le confirmer en déclarant : « Si les Etats-Unis disposent ou disposaient de données fiables à ce sujet, ils doivent les transmettre immédiatement à la partie russe ». (Id.)
Il tombe sous le sens que Washington ne pouvait l'avoir fait plus tôt. On peut toujours accuser les Russes d'amnésie politique opportuniste...
2.- Le retour du joker « islamiste ».
À peine quelques heures après le début de l'attentat, alors qu'aucun indice concernant l'identité des auteurs, de leurs motifs et de leurs commanditaires n'ait été communiqué, tous les réseaux d'informations occidentaux sont habités par une certitude, propagée sans le moindre doute ni réserves : l'attentat est indiscutablement le fait d'islamistes.
Et cela, avant même qu'un communiqué de l'Etat Islamique ne le revendique sur Instagram, indiquant quelques heures plus tard que ses combattants avaient mené une attaque dans la banlieue de Moscou, « tuant et blessant des centaines (de personnes) et causant d'importants dommages avant de se retirer vers leur base en toute sécurité », sans fournir plus de détails. (Reuters, S. 23 mars)
Plus tard, une courte vidéo de l'EI vient confirmer la thèse en cours, mais n'apporte rien de plus que ce que montraient les images précédemment diffusées.
« Un responsable » américain prétend (en tout anonymat), que les Etats-Unis possédaient des renseignements confirmant la revendication de l'EI, sans joindre ni preuves ni précisions (Id.).
Commence alors la ronde des experts ès islamisme patentés : les chaînes de télé ressortent du congélateur ou de la naphtaline les spécialistes naguère sollicités sous le mandat de F. Hollande pour couvrir la politique sécuritaire intérieure et étrangère de son pays, de l'Algérie « de la décennie noire » à la Syrie et au Sahel, en passant par l'Afghanistan, l'Irak et l'Iran. On ressort de vieux dossiers sur la Tchétchénie (2002), le Daguestan, le Caucase, les attentats de 1999 (un quart de siècle plus tôt)... avec même des précisions sur un exotique « Etat Islamiste du Khorasan » opportunément exhumé, impliquant le Tadjikistan (pays musulman d'Asie centrale). Tout cela pour instiller l'idée qu'au fond les islamistes avaient d'excellentes raisons de s'attaquer à la Russie...
Un des médias d'information continue français exhibe une carte de l'Asie centrale coiffée par titre une question : « Qu'est-ce l'Etat Islamique du Khorassan ? ». Le « Khorassan » sur la carte de LCI couvre la totalité du Tadjikistan, la majeure partie de l'Afghanistan, de l'Ouzbékistan, du Turkménistan et tout l'est de l'Iran. Le titre et la carte confèrent à l'EI un espace géopolitique qui abuse l'observateur de bonne foi en concédant au « terrorisme islamiste » une dimension qui projette la peur imaginaire ambiante sur l'espace géographique.
L'analyse de Yves Lacoste reçoit ici une très pédagogique démonstration.5
L'hypothèse islamiste est affirmée avec force par les alliés occidentaux. Le « narratif » (ou le « récit ») pro-ukrainien (pour reprendre la novlangue politico-médiatique occidentale) s'attache à invalider par avance toute hypothèse venant de Russie et de ses services de sécurité. L'attentat et sa revendication sont de l'Etat Islamique. Point !
Les Occident veulent à tout prix parer toute accusation contre l'Ukraine. Adrienne Watson, porte-parole du Conseil de sécurité nationale à la Maison Blanche, l'affirme dimanche : l'EI porte « seul la responsabilité de cette attaque. Il n'y avait aucune implication ukrainienne ».
Encore moins occidentale...
V. Poutine ne s'est pas précipité pour accuser l'Ukraine. Ni d'ailleurs l'EI. Le chef d'Etat russe n'a pris la parole qu'en fin d'après midi du samedi, soit 19h après l'attentat. Dans la foulée, le Kremlin annonce l'arrestation de 11 personnes, dont les « quatre » assaillants, « citoyens étrangers », tandis qu'une enquête pour « acte terroriste » a été ouverte. Le Comité d'enquête précise : elles ont été arrêtées dans la région de Briansk, frontalière de l'Ukraine et de Biélorussie. Les services de sécurité russes (FSB) affirment que les suspects avaient des « contacts » en Ukraine où ils comptaient se rendre.
La réaction du président ukrainien, en des termes fleuris, ne s'est pas fait attendre.6
Le terroriste et son commanditaire
Le surlendemain, lundi 25, V. Poutine change ses mots sans changer fondamentalement leur sens : les acteurs sont des islamistes, mais leurs commanditaires sont directement associés au conflit ukrainien. Suivez son regard...
Il reconnaît : « Nous savons que [ce] crime a été commis par des islamistes radicaux ayant une idéologie contre laquelle le monde islamique se bat lui-même depuis des siècles ». « Nous savons qui a commis cette atrocité contre la Russie et son peuple. Ce qui nous intéresse, c'est le commanditaire » « On se demande à qui cela profite ? »
« Bien sûr que c'est l'Ukraine », répond Nikolaï Patrouchev (Secrétaire du Conseil de sécurité de la fédération de Russie) aux agences russes, répondant à la question de savoir si Kiev ou l'Etat islamique avait orchestré l'attaque.
« Nous pensons que l'action a été préparée à la fois par des islamistes radicaux eux-mêmes et, bien entendu, facilitée par les services secrets occidentaux et que les services secrets ukrainiens eux-mêmes sont directement impliqués », ajoute Alexandre Bortnikov, responsable des services de sécurité russes (FSB), cité par les médias russes. (AFP, mardi 26/03/2024)
« Nous pensons... »
Ces mots, ces hésitations, ces circonvolutions russes expriment une conviction dépourvue de preuves formelles qui seraient de toutes les façons récusées (directement ou indirectement) par Washington (cf. plus haut). Même des aveux ne serviraient à rien.
Le lien entre les « terroristes » tadjiks et les Occidentaux n'a pas (encore) pu être établi de manière irréfutable. Les services russes s'y attellent, mais pour le moment sans résultats, sans preuves. Il ne suffit pas que les « terroristes » appréhendés se soient dirigés vers l'Ukraine ou vers la Biélorussie, peu importe.
C'est pourquoi, dans un premier temps, le discours de V. Poutine du samedi 23 mars, n'avait pas évoqué l'Etat Islamique et sa revendication. Mais il est convaincu de la culpabilité du « camp d'en face ».
Posons que ni l'improbable et incernable Etat Islamique, ni l'Ukraine ne sont responsables de l'opération terroriste de Moscou.
Sur quels éléments reposeraient alors les soupçons de Moscou ?
4.- En géopolitique, la théorie des « trois corps », c'est de la science-fiction
Commençons par une digression méthodologique.
G. Orwell avait en 1948 a créé un monde ternaire en guerre perpétuelle entre « Oceania », « Eurasia » et « Eastasia » qui recoupe un fantasme géostratégique occidental guère différent de celui qui mettrait aux prises les Etats-Unis, la Russie (ex-URSS) et la Chine.7
Imaginer un conflit mondial, vers lequel on nous dirige de fait aujourd'hui, opposant plus de deux « ennemis » est une vue de l'esprit.
Sans développer plus en avant cette approche, l'espace d'un article ne peut le permettre, le conflit russo-ukrainien est le cadre dramatique d'une opposition qui oppose les Etats-Unis au reste du monde. Tous les autres acteurs n'en sont pas, sinon au titre d'« alliés » plus ou moins intéressés par le conflit.
Par exemple, la Chine est l'allié objectif de la Russie, non par choix politique ou philosophique délibéré, mais parce qu'elle n'a pas le choix. Si la Russie « tombe », la Chine sait qu'elle sera la suivante sur la liste des ennemis de Washington. D. Trump, annoncé de retour en novembre prochain, n'avait-il pas été le premier à lancer les premiers assauts de l'Amérique contre sa rivale chinoise ?
Sans lire G. Allison (2019), et revisiter le conflit du Péloponnèse, tout le monde a bien compris que l'Amérique est, depuis 1991, dans une logique qui ne laisse aucun choix à quiconque : « avec moi ou contre moi », c'est la devise des Empires. Il n'y a pas de place ni pour des Etats neutres, ni pour des vassaux qui rêvent de co-décision... À l'ombre du grand chêne, rien ne pousse (Constantin Brancusi).
Dans la crise ukrainienne, le nuage atomistique flou représenté par les Etats inscrits à l'ONU finit par s'aligner peu ou prou sur l'un ou l'autre camp. Plus le conflit s'aiguise et s'aggrave, plus le flou se dissipe et le front s'éclaircit.
Le monde qui nous est imposé est à la fois hobbesien et renvoie à Newton et à sa mécanique.
Les lois de la gravitation géopolitique actuelle ne concernent que deux corps, ni 3 ni N corps.
4.- Le contexte : l'Ukraine aux limites de la rupture.
L'attaque contre Moscou intervient dans une phase militaire très défavorable à l'Ukraine. Aucun commentateur n'en disconvient : Kiev est en graves difficultés. Résumons-les :
- De l'échec de la contre-offensive ukrainienne en été, on est passé à une contre-offensive russe très dangereuse pour l'existence même du régime de V. Zelensky porté à bout de bras par les Etats-Unis et qui résiste comme il peut.
- Militairement, humainement, politiquement et diplomatiquement l'Ukraine est menacée de rupture. Les armes et munitions font défaut, la population soutient de moins en moins ses dirigeants et des failles apparaissent dans l'équipe dirigeante et dans les rangs de la cohorte qui le soutient.
- Branle-bas chez les alliés. Les Etats-Unis sont paralysés par une guérilla parlementaire aiguisée par une campagne électorale difficile pour la Maison Blanche. L'aide de 60 Md$ prévue est bloquée. Une partie des stocks est détournée vers Israël qui n'arrive pas à terminer ses opérations à Ghaza où l'Etat juif va peut-être obtenir une défaite victorieuse.
- Washington compte sur l'Europe et utilise toute sorte de moyens détournés pour venir en aide à Kiev. Malheureusement, l'Europe a aussi épuisé l'essentiel de ses stocks et a du mal à relancer une économie de guerre qui manque cruellement d'industries et de ressources financières dans une Union décidément désunie. Les fractures franco-allemandes que ces problèmes reflètent, ruinent pour une large part toute possibilité de cohésion et de cohérence stratégique de l'Union.
- Attendre le mois de novembre et le début de l'année 2025 pour apporter une aide substantielle à l'Ukraine n'est pas à la hauteur de l'urgence.
- L'incertitude de la réélection de J. Biden ne réduit en aucune manière le flou de la politique de D. Trump si c'est lui qui lui reviendra à la Maison Blanche. Il serait illusoire de croire à une stabilité politique américaine retrouvée.
C'est pour toutes ces raisons que nier l'hypothèse que l'attaque contre Moscou ce vendredi 22 mars avait pour but à la fois de faire diversion, de diffracter les forces russes et en même temps de déstabiliser le pouvoir du Kremlin, n'est pas tenable et ne serait pas complètement à écarter ?
Sans prise de parti aucune, il est très probable que la Russie ait raison : l'Etat Islamique n'est qu'un pion de plus dans un jeu où les viandosaures ne font aucun cadeau à quiconque.
Examinons ce point.
L'ennemi attendu à l'ouest est venu de l'est. Really ?
C'est dans ces circonstances que l'EI réapparaît brutalement comme sorti d'un chapeau dont les Occidentaux mordicus affirment massivement sa culpabilité avec une unanimité suspecte. Qui peut se fier de la diffusion de revendications « vraisemblables » qui viendraient unilatéralement incriminer n'importe qui ?
L'insaisissable « Etat » islamique, le Moriarty de la géopolitique occidentale, est un fantôme commode qui n'a ni territoire, ni gouvernement, ni peuple, ni monnaie8... usurpe le statut d'Etat. Il peut être à loisir instrumentalisé au bénéfice de la cause la plus apte à en tirer bénéfice.
On se souviendra du mot de L. Fabius alors ministre des Affaires étrangères (aujourd'hui président du Conseil constitutionnel) qui félicitait le Front El Nosra pour son « bon boulot » contre le régime de B. El Assad.9
Les passerelles entre les « services » occidentaux et les organisations islamistes (sans remonter à ses fondations, le « Pacte du Quincy » en février 1945), sont à la fois multiples, denses et illisibles.
Aurait-on si facilement oublié que Ben Laden agent de la CIA patenté, et ses légions d'islamistes, était financé par son pays et armé par les Etats-Unis pour combattre en Afghanistan, au service du « monde libre » ?
Aurait-on oublié aussi facilement les tentatives de Washington de créditer la thèse selon laquelle S. Hussein cherchait à mettre au point une Arme de Destruction Massive ?
Aurait-on oublié que même déboutée (et même humiliée) par le Conseil de sécurité en février 2003, l'Amérique a entrepris une agression (« hors la loi, disait alors J. Chirac) qui fit et continue à faire plus d'un million de morts ?
L'attentat de Moscou ouvre plusieurs pistes.
- Les Turcs qui piétinent au seuil de l'Europe depuis des décennies, avec peu d'espoirs d'y être intégrés, regardent de plus en plus vers de là où ils viennent il y a un millénaire, l'Asie centrale. La Turquie est devenue une plaque tournante complexe : n'aurait-elle pas servi d'interface aux « terroristes » tadjiks (et éventuellement à d'autres...) pour ourdir et peaufiner leur projet ?
- La Russie a résisté à toutes les prévisions annonçant dès février 2022 l'affaissement de son économie, l'effondrement de ses armées, la dégradation de ses soutiens étrangers, la perte de la popularité de son président, la désagrégation de son gouvernement... Dans quelle mesure l'attentat va enfin parvenir à déstabiliser l'offensive russe en Ukraine et fragiliser sa stabilité intérieure ?
Notes
1- Lundi 25 mars le total se monte à 137 morts et 188 blessés. Il s'agirait de l'attaque la plus meurtrière sur le sol européen revendiquée par le groupe jihadiste. Certaines victimes avaient été tuées par balles tandis que d'autres ont péri dans l'incendie qui a suivi.
2- Cf. A. Benelhadj : Crise ukrainienne. La guerre de l'information. Le Quotidien d'Oran, J. 26 janvier 2023.
3- Les Etats-Unis affirment avoir informé en privé les autorités russes de ce risque d'attentat, écrit le New York Times qui précise ne pas connaître le niveau de détail des informations transmises à Moscou. (Le Figaro, 22-23 mars 2024)
4- Nous avons réécouté de nombreuses émissions concernant le discours de Poutine devant le FSB (par exemple, celle diffusée par LCI le mardi 19 mars 2024).Aucune ne fait mention d'un quelconque attentat islamiste imminent et encore moins à un avertissement américain le prévoyant.
5- « La géographie, ça sert, d'abord, à faire la guerre » Maspero, 1976, 187 p.
6- « Ce qui s'est passé hier à Moscou est évident : Poutine et les autres salauds essaient juste de rejeter la faute sur quelqu'un d'autre. (...) Cela a déjà été fait par le passé. (...) Ils torturent et violent notre peuple et ils nous incriminent. (...) Hier, tout cela s'est produit et Poutine, cette racaille, au lieu de s'occuper de ses propres citoyens russes, de s'adresser à eux, est resté silencieux pendant une journée, réfléchissant à la manière de lier cela à l'Ukraine. » Le président ukrainien Volodymyr Zelensky disculpe son pays et accuse la Russie, samedi 23 mars 2024 (AFP, D. 24 mars 2024). Le lendemain, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, lui, déclare que le président russe « est un menteur pathologique ».
7- Lire, Florian Louis : George Orwell et la géopolitique. Conflits, n°25, Janvier-février 2020, pp. 10,11.
8- Les Echos du 24 juin 2015, rapporte très sérieusement que l'Etat islamique s'est doté d'une monnaie pour faire concurrencer le dollar sur les marchés de change...
9- « Le Front al Nosra fait du bon boulot en Syrie contre Assad et donc il est difficile de les désavouer » disait L. Fabius, Le Monde, J. 13 décembre 2012.) tandis que François Hollande ordonnait à la DGSE de livrer des armes aux islamistes. Une commission d'enquête de l'Assemblée devant éclaircir le rôle de l'exécutif dans ce trafic, avait été bloquée par la majorité socialiste de l'époque. Inutile de revenir sur l'autre soutien de la France (et de son donneur d'ordres américain) aux mêmes islamiste via le cimentier Lafarge condamné. La Cour de cassation a définitivement confirmé, mardi 16 janvier 2024, sa mise en examen pour « complicité de crimes contre l'humanité ». Depuis 2015, sous le label de Holcim, le cimentier se refait une virginité dans la Confédération Helvétique. Le Figaro avait décidément quelque pertinence à s'interroger : « Al-Nosra, Al-Qaeda, Fath al-Sham : qui se cachent derrière les rebelles' syriens ? » (V. 12 août 2016)
Emmanuel Macron n'a "pas exclu" ces derniers jours l'envoi de troupes en Ukraine, une déclaration qui inquiète l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin, qui y voit un "risque". "La logique de la force, quand elle n'est pas maîtrisée, conduit à une escalade qui peut être mortelle", a-t-il prévenu sur LCI.
Depuis février 2022 et l'entrée des troupes russes sur le territoire de l'Ukraine, une question lancinante accompagne le soutien occidental à ce pays et revient régulièrement dans les débats :Jusqu'où l'aide occidentale peut-elle aller sans que le conflit provoque une conflagration mondiale ?
Les Occidentaux affirment régulièrement qu'ils ne sont pas en guerre contre la Russie. Leur objectif est purement défensif. L'aide multiforme qu'ils apportent à l'Ukraine vise d'abord à empêcher la Russie d'occuper tout le territoire ukrainien et ensuite à permettre à Kiev de récupérer les territoires occupés et annexés par son voisin, à savoir la Crimée (février 2014) et les oblast du Dombass (2022), et cela conformément au droit international et à ce qui fut convenu au début des années 1990.
Le plan en dix points énoncé par le président ukrainien en novembre 2022, au cours du G20 à Bali (Indonésie) résume cette position. Cependant que la Russie s'en tient à la neutralisation géopolitique de l'Ukraine et refuse son intégration à l'OTAN et à l'arrêt de l'extension sans limite de l'Alliance vers l'est.
Les militaires russes et américains suivent attentivement les opérations et tentent à chaque fois que nécessaire de lever le doute sur les faits et les intentions des uns et des autres pour éviter... l'irréparable.
Toutefois, les politiques, eux, préoccupés par d'autres impératifs, sont infiniment plus ambiguës et aujourd'hui franchement bellicistes.
C'est ainsi que le président américain ne s'interdit aucune attaque ad hominem depuis le début du conflit et se permet d'insulter son homologue russe en termes crus1. Les présidents américains de R. Nixon à D. Trump en passant par R. Reagan se sont illustrés par leur vulgarité même s'ils évitaient de le manifester publiquement.
Il est vrai que J. Biden a une espérance de vie électorale très courte, même si D. Trump est juridiquement empêché de se présenter.
L'année 2024 est une année électorale cruciale dans de nombreux pays, de l'Union Européenne aux Etats-Unis en passant par l'Inde, le Brésil, le Mexique, le Pakistan, le Bangladesh, l'Indonésie, la Russie, huit des dix Etats les plus peuplés au monde, soit plus de la moitié de l'humanité en âge de voter est appelée aux urnes.
Certains scrutins sont plus cruciaux, plus critiques que d'autres.
Au reste, les buts de guerre occidentaux sont à géométrie variable et tournent tous autour de l'idée que désormais la Russie ne doit pas gagner, c'est-à-dire qu'il est impératif qu'elle doive perdre. Peu à peu, on passe de la défense de l'Ukraine à la défense de l'Occident.
«La défaite de la Russie est indispensable à la sécurité et à la stabilité en Europe» déclare le président français. C'est ce qu'il ne cesse de répéter ces derniers mois après avoir à l'envi défendu l'idée que la Russie ne devait à aucun prix être humiliée. Ce qui lui a attiré les foudres des Ukrainiens et de nombreux pays appartenant à l'OTAN, résolus à en finir avec la Russie poutinienne.
C'est le même E. Macron, à l'issue d'une Conférence internationale pour le soutien à l'Ukraine organisée hâtivement à Paris qui se présente devant les caméras et annonce sa disposition à déployer des troupes en Ukraine.2
La co-belligérance, quelle limite ?
Une armée d'experts en chambres réunis régulièrement sur les plateaux de télévision d'information continue, s'épuisent à tenter de trouver une réponse à cette question.
La raison et le bon sens l'ont traditionnellement résumée en une formule simple : «l'ami de mon ennemi est mon ennemi». Avec une inférence logique : «l'ennemi de mon ami est mon ennemi» ou encore, «l'ennemi de mon ennemi est mon ami».
Les pays qui apportent leur soutien à l'Ukraine sont ipso facto des ennemis de la Russie.
Toutefois, la question est plus complexe qu'il n'y paraît. Elle ne renvoie pas à un état mais à une dynamique, un processus dont la qualification évolue selon les rapports de force sur le terrain.
En sorte que la question de savoir s'il y a ou non co-belligérance ne peut pas obtenir une réponse binaire. Elle est sans objet hors contexte.
Nous y reviendrons plus loin.
La Conférence de Paris qui s'est tenue ce 26 février s'est achevée dans la confusion.
Contrairement à l'habitude, E. Macron s'est présenté seul face aux journalistes.
La déclaration du président français va provoquer des remous auxquels personne ne s'attendait.
L'envoi de troupes occidentales au sol en Ukraine ne doit pas «être exclu» à l'avenir, affirme-t-il, reconnaissant néanmoins qu'«il n'y a pas de consensus aujourd'hui pour envoyer de manière officielle, assumée et endossée des troupes au sol. Mais en dynamique, rien ne doit être exclu. Nous ferons tout ce qu'il faut pour que la Russie ne puisse pas gagner cette guerre».
E. Macron n'a pas souhaité apporter plus de précision, évoquant une «ambiguïté stratégique que j'assume». Mais «je n'ai absolument pas dit que la France n'y était pas favorable», a-t-il prévenu. «Je ne lèverai pas l'ambiguïté des débats de ce soir en donnant des noms. Je dis que ça a été évoqué parmi les options».
On ne sait pas au juste ce que recouvre cette «ambiguïté» («créatrice») dont s'était servi S. Perez naguère pour éluder les questions qui lui étaient posées au cours des négociations d'Oslo. Les Palestiniens de Ghaza en connaissent la signification aujourd'hui...
En revanche, on sait ce que pensent les homologues de E. Macron de son idée de déployer des troupes alliées en Ukraine. D'abord la parole à l'acteur principal.
«La Russie a adopté une agressivité non seulement contre l'Ukraine, mais contre nous en général», déclare le président français qui passe de «la Russie ne peut ni ne doit gagner» à (...) «nous avons la conviction que la défaite de la Russie est indispensable à la sécurité et à la stabilité en Europe»
«Beaucoup de gens qui disent Jamais, jamais' aujourd'hui étaient les mêmes qui disaient Jamais des tanks, jamais des avions, jamais des missiles à longue portée' il y a deux ans». «Ayons l'humilité de constater qu'on a souvent eu six à douze mois de retard. C'était l'objectif de la discussion de ce soir : tout est possible si c'est utile pour atteindre notre objectif».
Le président français a néanmoins versé dans l'acrobatique tour de passe-passe que les alliés de l'Ukraine n'étaient «pas en guerre avec le peuple russe», mais qu'ils ne voulaient «simplement pas les laisser gagner en Ukraine».
E. Macron reconnaît cependant que qu'«il n'y a pas de consensus aujourd'hui pour envoyer de manière officielle, assumée et endossée des troupes au sol».
Et ce n'est pas peu dire.
Solitude française.
E. Macron semble avoir pris de court la plupart de ses homologues, chacun d'eux a aussitôt rétropédalé et pris distance avec les propos du président français, tenant compte sans doute de leurs opinions publiques. N'oublions pas que la conduite occidentale de la guerre en Ukraine est tenue médiatiquement à l'écart comme si elle se déroulait sur une autre planète. Un mur étanche est érigé entre les effets des décisions des pays coalisés (inflation, érosion des pouvoirs d'achat, chute de la croissance, manifestations des agriculteurs européens...) et les causes, notamment à travers la politique de sanctions infligées à la Russie.
- Suède. Le premier ministre suédois, Ulf Kristersson: «La question n'est pas d'actualité». «La tradition française n'est pas la tradition suédoise».
- Slovaquie. Pour le premier ministre slovaque Robert Fico, aucun soldat slovaque ne sera envoyé en Ukraine. Il a qualifié la rencontre de Paris de «réunion de combat», dénonçant l'absence de plan de paix. «Tout ce qu'ils veulent, c'est que la tuerie continue», a déclaré le populiste, élu en octobre 2023. «Comme nous l'avions supposé lors de plusieurs réunions ce matin à Bratislava, il régnait à Paris une atmosphère purement combative favorable à la guerre. Il n'y avait pas un mot sur la paix, ce que je regrette personnellement». «Je peux confirmer qu'il y a des pays qui sont prêts à envoyer leurs soldats en Ukraine, il y a des pays qui disent jamais, la Slovaquie en fait partie, et des pays pour lesquels cette proposition devrait être prise en considération».
Dans son discours à la conférence, il a répété les positions de son gouvernement. «Notre gouvernement rejette la poursuite de la guerre, nous n'enverrons pas d'armes en Ukraine, nous nous concentrons uniquement sur des projets civils, et le plus important est l'accord au sein de la coalition gouvernementale selon lequel nous n'accepterons jamais qu'un soldat slovaque parte en Ukraine pour cette guerre», a ajouté celui qui, par le passé a remis en question la souveraineté de l'Ukraine et s'oppose aux sanctions dirigées contre la Russie.
- Pologne. Donald Tusk n'envisage pas d'envoyer des troupes en Ukraine. «La Pologne n'envisage pas d'envoyer ses troupes en Ukraine. Nous avons ici une position commune [avec Robert Fico, le premier ministre slovaque]», a déclaré Donald Tusk, au sommet du Groupe de Visegrad, à Prague. «Je crois qu'il ne faut pas spéculer aujourd'hui sur l'avenir, ni sur la question de savoir s'il y aura des circonstances qui modifieront cette position. Aujourd'hui, nous devons soutenir autant que possible l'Ukraine dans son effort militaire. Si tous les pays de l'UE étaient autant impliqués dans l'aide que la Pologne et la République tchèque, il ne serait peut-être pas nécessaire de discuter d'autres formes de soutien à l'Ukraine».
- Croatie. Le président croate Zoran Milanovic a affirmé mardi que son pays ne commettrait pas «l'acte de folie» d'envoyer des soldats en Ukraine, au lendemain d'une déclaration du président français Emmanuel Macron qui a évoqué l'éventualité d'un tel scénario. Le chef de l'Etat croate, dont les pouvoirs sont limités mais qui est le commandant en chef de l'armée, a assuré qu'«aucun soldat croate n'(irait) faire la guerre en Ukraine» tant qu'il serait président. La Croatie est membre de l'Otan et de l'Union européenne. «La seule solution pour la guerre en Ukraine est de parvenir à un accord de paix qui va prévenir de nouvelles victimes et sauver des milliers de vies», a déclaré Zoran Milanovic dans un communiqué de presse. Selon lui, le déploiement de troupes croates en Ukraine serait un «acte de folie».
- Les États-Unis non plus «n'enverront pas de soldats combattre en Ukraine», affirme la Maison-Blanche. J. Biden sait que s'il soutenait une telle idée, il mettrait un point final à sa carrière politique.
Et par le chancelier allemand.
- Allemagne. Contrairement à la France et au Royaume Uni, l'Allemagne refuse d'être impliquée directement dans le conflit. C'est la raison pour laquelle après avoir cédé aux pressions américaines pour fournir des armes et des munitions et cela contrairement traditions de ce pays en vigueur depuis 1945, le chancelier Scholtz a refusé de fournir à l'Ukraine des missiles longue portée Taurus (500 km) qui l'y entraînerait.
«C'est une arme de très grande portée, et ce qui est fait en ciblage et en accompagnement du ciblage de la part des Britanniques et des Français ne peut pas être fait en Allemagne», a déclaré Olaf Scholz à l'agence de presse allemande DPA, dans un entretien diffusé ensuite par son service de presse à l'ensemble des médias, en réponse à la demande de l'Ukraine de lui livrer des missiles Taurus.
«De mon point de vue, ce serait quelque chose qui ne serait pas responsable si nous participions de la même manière à la gestion du ciblage» de ces missiles, a-t-il ajouté, en pointant le risque que l'Allemagne se retrouve «d'une certaine manière impliquée dans la guerre» directement. «Les soldats allemands ne doivent en aucun cas et en aucun endroit être reliés aux objectifs atteints par ces systèmes», a encore expliqué Olaf Scholz, en précisant que cela concernait aussi l'implication de militaires allemands restant sur leur territoire national.
«Ce que d'autres pays font, qui ont d'autres traditions et d'autres institutions constitutionnelles, est quelque chose que nous ne pouvons pas faire dans la même ampleur», a encore argué le chancelier social-démocrate. Et d'ajouter : «Ce qui manque à l'Ukraine, ce sont des munitions pour toutes les distances possibles» de tir, «mais pas de manière décisive, cette chose venant d'Allemagne». (Le Monde, L. 26 février 2024)
- Italie. L'aide à l'Ukraine «ne prévoit» pas l'envoi de troupes, déclare le gouvernement italien. Le gouvernement italien a rappelé que l'aide occidentale à l'Ukraine «ne prévoit» pas le déploiement de troupes européennes ou de l'Otan, évoqué la veille par le président français Emmanuel Macron. «Depuis le début de l'agression russe, il y a deux ans, il y a eu une pleine cohésion de tous les alliés concernant le soutien à offrir à Kiev. Ce soutien ne prévoit pas la présence sur le territoire ukrainien de troupes d'États européens ou de l'Otan», a souligné le gouvernement dans un communiqué. En visite à Zagreb, le chef de la diplomatie italienne Antonio Tajani a appelé à «être très prudent» sur ce sujet, car «nous ne devons pas apparaître comme étant en guerre avec la Russie». «Personnellement, je ne suis pas favorable à l'envoi de troupes italiennes au combat en Ukraine», a-t-il déclaré mardi à des médias italiens.
- Otan. L'Otan n'a «aucun projet» d'envoi de troupes de combat en Ukraine, a indiqué mardi en début d'après-midi à l'AFP un responsable de l'Alliance. «L'Otan et les Alliés apportent une aide militaire sans précédent à l'Ukraine. Nous l'avons fait depuis 2014 et nous sommes passés à la vitesse supérieure après l'invasion russe à grande échelle. Mais il n'y a aucun projet de troupes de combat de l'Otan sur le terrain en Ukraine», a souligné ce responsable de l'Alliance.
Or, dans l'OTAN, n'y a-t-il pas la France ?... O. Scholtz confirme. Comprenne qui pourra.
Le chancelier allemand affirme au lendemain des propos du président français n'excluant pas cette perspective, qu'«aucun soldat» ne serait envoyé en Ukraine par des pays d'Europe ou de l'Otan. Il juge lors d'une conférence de presse que «ce qui a été décidé entre nous dès le début continue à être valide pour l'avenir», à savoir «qu'il n'y aura aucune troupe au sol, aucun soldat envoyé ni par les Etats européens, ni par les Etats de l'Otan sur le sol ukrainien».
Un désaveu total des déclaration du président français. Ces réactions montrent à l'évidence plus qu'une divergence entre alliés. La Conférence et la déclaration de E. Macron ont donné l'occasion de constater à quel point la coalition anti-russe est profondément divisée. Et c'est la France qui semble en faire les frais.
Critiqué à l'étranger, le président français l'est aussi dans son pays.
- «L'envoi de troupes en Ukraine ferait de nous des belligérants (...) Cette escalade verbale belliqueuse d'une puissance nucléaire contre une autre puissance nucléaire majeure est déjà un acte irresponsable» Jean-Luc Mélenchon
- Marine Le Pen à l'Assemblée Nationale ne s'est pas retenue : «Le premier devoir d'un pays c'est de ne disposer de la vie de ses soldats que pour défendre son indépendance ou pour préserver son intégrité ou alors s'engager, si, dans le cadre d'une alliance des obligations ont été contractées. Mais là sur un terrain extérieur, il faudrait intervenir militairement avec nos soldats ?», a critiqué la chef de file des députés RN ajoutant : «En affirmant que l'envoi de troupes au sol n'était pas exclu, Emmanuel Macron a franchi une étape supplémentaire vers la cobelligérance, faisant planer un risque existentiel sur 70 millions de Français et plus particulièrement sur nos forces armées».
Il en est de même des autres représentants du paysage politique français : les socialistes, les Républicains... et une multitude d'«alliés» qui désapprouvent en silence.
Chacun sait combien la légalité du président ne coïncide plus depuis longtemps avec sa légitimité. E. Macron aurait été inspiré de la tester si l'esprit de la Constitution avait été respecté. Mais le suicide politique n'est pas dans les moeurs de la «classe politique» française. La France n'est plus en 1969. Mais cela est une autre affaire...
Un exemple suffit pour le montrer.
Quelques heures après une polémique suscitée par ses déclarations E. Macron a demandé au gouvernement de faire devant le Parlement une déclaration «relative à l'accord bilatéral de sécurité conclu avec l'Ukraine» le 16 février. Un débat avec vote au Parlement sur l'accord de sécurité avec l'Ukraine a été décidé, conformément à l'article 50-1 de la Constitution.
1.- Ce débat n'a rien à voir avec la cause qui l'a provoqué. Ce n'est pas l'accord de sécurité avec l'Ukraine qui fait débat, mais l'annonce de l'envoi de soldats français en Ukraine.
2.- Le président français décide, signe un accord et demande après coup un débat à une Assemblée qui aurait du être préalablement consultée, comme dans n'importe quelle «démocratie». N'est-ce pas à cette situation que se trouve confrontée la Maison Blanche face au Sénat ?
Rétrospectivement, cette conférence était plutôt mal partie, rien qu'à constater la qualité des participants.
La communication élyséenne se félicitait de l'accueil de dizaine de chefs d'Etat.
Mais, Ni V. Zelensky (occupé à préparer sa visite en Arabie Saoudite et dans les Balkans), ni J. Biden (tout à sa campagne électorale dans le Michigan), ni R. Sunak (en fin de cycle difficile)... en somme les principaux acteurs de l'Occident en guerre, n'étaient présents.
Washington a délégué un anonyme sous-secrétaire d'Etat chargé de l'Europe.
C'est dire à quel point cette rencontre était stratégique. E. Macron va lui donner une dimension médiatique de première grandeur. Cela ne signifie pas que les questions abordées par le président français étaient sans importance.
Un peu d'histoire.
Commençons par noter qu'en réalité, le pavé qu'il a lancé est sans objet.
Le président français «prévoit» le passé en regardant l'Ukraine dans le rétroviseur. En effet, les soldats occidentaux sont déjà en Ukraine et cela depuis bien avant le 22 février 2022.
Ils le sont dans le cadre stratégique général de l'extension de l'OTAN vers l'est et cela depuis les premières années 2000 lorsque Washington s'est aperçu que le remplaçant de B. Eltsine à la tête de la Russie ne «consentait» plus.
La confirmation est venue lors du discours de V. Poutine à la Conférence de Munich en février 2007.
A l'évidence, un partenariat d'égal à égal n'est plus d'actualité pour l'«hyperpuissance» américaine dès 1991. Le ver était dans le fruit et la crise actuelle en est l'aboutissement inévitable. Toutes les autres explications n'ont pus qu'une valeur polémique, par ailleurs parfaitement compréhensible : la communication est un autre espace de la guerre.
La présence militaire occidentale en Ukraine est un secret de Polichinelle. Et les soldats de Macron (qui en a une exacte connaissance) ont été précédés par des légions armées jusqu'aux dents.
Cela commence par le «coup d'Etat de Maïdan» auquel les services occidentaux ont apporté un concours décisif.3
Cela n'a pas cessé depuis.
La CIA est présente en Ukraine contre la Russie.
A la veille de la Conférence de Paris et du pavé dans la mare macronien, le NY Times en a jeté un autre.4
Un reportage qui a nécessité plus de 200 entretiens en Ukraine, en Europe et aux États-Unis. En quoi consistent les révélations croustillantes du NYT ?
La Centrale américaine possède 12 bases secrètes en Ukraine, au plus proche du front ainsi que deux bases spécialisées dans l'interception des communications russes. La CIA fournit des renseignements opérationnels et aide les Ukrainiens à identifier les cibles russes. Elle communique toutes données nécessaires au suivi des mouvements des troupes russes et contribue à la formation et au soutien d'espions.
Les journalistes du NYT ont visité «un centre nerveux secret de l'armée ukrainienne». Ils y ont été accueillis par l'un des principaux responsables des services de renseignement. Ce général ne s'en cache pas : «la base est presque entièrement financée, et en partie équipée, par la C.I.A». À «Cent dix pour cent» précise-t-il. Le New York Times souligne que «ce partenariat en matière de renseignement entre Washington et Kiev est l'un des piliers de la capacité de l'Ukraine à se défendre».
Selon un responsable européen (qui a gardé l'anonymat), il ne s'agissait pas seulement d'aider, mais de «contrôler» l'Ukraine. (LCI, L. 26 février 2024)
Deux personnages joueraient un rôle essentiel. William Burns et Kyrylo Budanov (RFI, L. 26/02/2024).
W. Burns (directeur de la CIA) qui en est, depuis 2022, à sa 10ème visite en Ukraine le J 22 février 2024. Diplomate, polyglotte, ancien ambassadeur en Russie et en Israël, W. Burns est un acteur majeur dans le conflit.
K. Budanov, le chef de renseignement militaire ukrainien. Le NY Times révèle qu'il a été formé par la CIA, membre de l'unité 2245 encadrée par l'Agence.
Les seules questions qui vaillent et sur laquelle le NYT, ni d'ailleurs les médias qui le relaient, ne s'attarde pas est celle-ci : sachant que les informations sensibles sur les opérations militaires en Ukraine sont frappées du secret le plus hermétique, qui a fait fuiter les informations sur la participation de la CIA au conflit ukrainien et quels sont les réels objectifs de cette publication ?
La présence en Ukraine de combattants étrangers n'est pas révélée officiellement mais elle n'est niée par personne.
La Légion internationale pour la défense territoriale de l'Ukraine est une unité militaire de la légion étrangère volontaire de la force de défense territoriale ukrainienne créée par Kiev à la demande du président Volodymyr Zelensky pour combattre lors de l'invasion russe de l'Ukraine.
Le 6 mars 2022, selon le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba, plus de 20 000 personnes de 52 pays se sont portés volontaires pour se battre pour l'Ukraine ; plusieurs milliers d'autres auraient rejoint les rangs après cette annonce. Il n'a pas mentionné le nom des pays d'origine des volontaires, affirmant que certains pays interdisent à leurs citoyens de se battre pour d'autres pays.
Conçue sur le modèle des «brigades internationales» qui avaient en 1936 combattues pour la République en Espagne, la formation de la Légion internationale prend racine sur les bataillons de volontaires ukrainiens utilisés au début de la guerre du Donbass en 2014.
Bien que ces unités aient été officiellement intégrées à l'Armée ukrainienne, certaines unités telles que la Légion géorgienne jouirent d'une certaine autonomie au sein des forces armées. Naturellement, aucun pays, ni la France, ni l'Allemagne, ne reconnaîtrait ces combattants comme missionnés par eux.
Londres vient de concéder que des opérateurs britanniques sont sur le terrain pour assister et non pour combattre.
On devine que les armements concédés à l'Ukraine sont suivis avec une attention particulière à la fois pour aider les Ukrainiens à bien s'en servir mais surtout pour éviter de voir des armements disparaître dans la nature, dans un pays connu pour sa corruption «exemplaire».5
Le contexte explique le texte.
Deux séries de raisons expliquent l'intervention du président français.
1.- La fin de la «contre-offensive» ukrainienne.
L'état des rapports de forces sur le terrain n'est pas favorable à l'Ukraine et à ses soutiens.
Cogitée à la fin de l'année 2022, elle devait bouter l'armée russe d'Ukraine et aboutir in fine à la chute du régime poutinien à Moscou.
Un armement considérable a été fourni à l'Ukraine. La réalisation devait débuter au printemps 2023 mais ne commencera réellement qu'au début de l'été. Mais, très vite, le constat de l'échec est avéré.
Le Sommet de Vilnius sera le théâtre de controverses violentes entre alliés. Les Ukrainiens accusent leurs alliés de leur avoir chichement comptés leur soutien.
Les Occidentaux accusent les Ukrainiens d'incompétence militaire et stratégique pour avoir dispersé leurs efforts et concentré leurs actions sur des cibles mineures loin de ce qui avait été convenu.
L'échec ne sera reconnu officiellement qu'à l'automne 2023.
Le président ukrainien explique benoîtement à ceux qui veulent bien écouter un homme qui tient la scène sans s'épuiser depuis deux ans, que la cause de l'échec vient de ce que les services secrets russes ont subtilisé les plans d'attaque avant le début des opérations.
La polémique est aujourd'hui atténuée par l'urgence.
Et l'urgence c'est l'endiguement de l'avancée irrésistible des armées russes sur tout le front, de Zaporijia à Kharkov.
Les petits hameaux, villages et petites villes, autant de fortins imprenables construits depuis 2014, tombent les uns après les autres.
1.1.- L'échec des opérations militaires occidentales en Ukraine est désormais reconnu de toutes les parties. La crise ukrainienne visait un échec militaire russe relativement rapide suivi d'une chute du régime à Moscou. Un collapsus envisagé similaire à celui qui entraîna la chute de l'Union Soviétique.
1.2.- Ni le soutien militaire multiforme intense, ni l'avalanche de sanctions qu'aucun pays dans l'histoire n'a subi n'ont produit d'effet.
1.3.- Mieux : en deux ans de ce traitement la Russie n'a subi que des effets mineurs. A l'évidence, ce pays s'était préparé aux réactions de ses ennemis : réorganisation de son commerce extérieur, réaffectation de ses ressources intérieures...
Le «poison long» régulièrement rappelé par les médias occidentaux, bien qu'il soit difficile d'anticiper l'état futur de l'économie et de la société russe, fait de plus en plus figure de mythe.
1.4.- Malgré les alertes sur l'état de la «démocratie» en Russie, tous les observateurs conviennent que la réélection de V. Poutine dans quelques semaines est chose acquise. Ses indices de popularité font pâlir de jalousie la plupart des chefs occidentaux aux affaires.
Les stocks occidentaux sont en voie d'épuisement. La production d'armes et de munitions est bloquée à la fois par des contraintes industrielles et logistiques mais aussi par des questions de financement. Les question demeurent les mêmes : qui va payer et comment payer ?
Le lancement d'une «économie de guerre» que des politiques superficiels appellent de leurs voeux, fait face à un endettement mondial considérable (déjà creusé par une financiarisation accrue d'une économie ultralibérale) et à des déficits publics aggravés à la fois par les normes des traités et des banques centrales et les hausses successives des taux d'intérêt. Tout cela, consécutivement à une crise pandémique qui a considérablement affaibli les ressources publiques et privées.
1.5.- Une enveloppe d'aide pour l'Ukraine de quelque 60 milliards de dollars est pour l'heure bloquée par des élus républicains de la Chambre des représentants dont le président Mike Johnson, s'est refusé à la soumettre au vote.
Les déboires de l'actuel locataire de la Maison Blanche expliquent que les Etats-Unis, paralysés politiquement, ne sont plus capables d'apporter leur aide à l'Ukraine.
1.6.- Ceci expliquerait la multiplication d'accords bilatéraux pour des partenariats de sécurité sur le long terme.
Ces accords font suite aux engagements qui avaient été pris en format G7 en marge du Sommet de l'OTAN à Vilnius en juillet 2023.
- Le Royaume-Uni a été le premier à conclure un tel accord lors d'une visite du premier ministre Rishi Sunak à Kiev le 12 janvier.
- Allemagne et France : vendredi 16 février 2024. Déplacement de V. Zelensky à Berlin puis à Paris.
- Canada : 24 février Premier ministre canadien Justin Trudeau, en visite à Kiev.
- Italie : 24 février Première ministre Giorgia Meloni est également en déplacement en Ukraine.
2.- La tactique du «chat mort».
Les professionnels de la diversion politico-médiatique s'en donnent à coeur joie.
On s'est beaucoup gaussé du comédien que l'Ukraine a élevé à la plus haute des fonctions. Pas un jour, depuis deux ans, ne passe sans que V. Zelensky n'escamote de ses apparitions médiatiques, de sa voix monocorde et nasillarde, la réalité des abominations que subissent son pays et ses habitants.
La dimension médiatique de l'action politique est un fait, surtout depuis l'intrusion de la technologie qui en démultiplie les effets. Mais, contrairement à ce qui en est attendu, la performation des discours est inversement proportionnelle à leur efficacité.
La parole ne porte plus l'action politique. Elle en révèle l'impuissance.
La France est en tête des pays qui parlent le plus, mais au premier rang de ceux qui aident le moins.
Rien de neuf depuis au moins trois législature. Avant E. Macron, Nicolas Sarkozy avait usé et abusé du «carpet bombing», multipliant ses apparitions pour cacher ce que les tribunaux révèleront des années après devant lesquels il a passé le plus clair de son temps. Cela ne l'a pas empêché de continuer dans les coulisses à agir sur la politique de son pays.
Face au naufrage médiatique de sa visite chaotique du samedi 25 février au Salon de l'agriculture, chahuté, sous les sifflets et les appels à la démission, E. Macron aurait-il cru opportun d'ouvrir un autre front lundi pour faire oublier celui du samedi ? A-t-il été bien conseillé ? Il lui est si souvent arriver de jouer la scène internationale (qui ne lui a pas toujours réussie) contre son impopularité chronique sur le plan national.
A ce jeu E. Macron a un autre prédécesseur, l'ancien premier ministre anglais.
L'inénarrable Boris Johnson, ancien premier ministre britannique a remis au goût du jour un vieux procédé à l'usage des politiques inutiles sous le sobriquet «dead cat strategy».6
Depuis des décennies, les Zelensky sont partout au pouvoir en Europe.7
Tout cela devrait rassurer les hommes politiques français alarmés des déclarations bruyantes de leur président.
E. Macron n'a aucunement l'intention d'envoyer qui que ce soit en Ukraine. Il n'en a ni les moyens ni la volonté. Certes, la Constitution de la Vème République lui confère un pouvoir virtuel qu'aucun chef d'Etat occidental ne possède, mais cela ne suffit pas à déclencher une guerre mondiale.
Ni la situation économique et sociale, budgétaire, financière française, ni même sa puissance militaire.
1.- La France n'a pas les moyens d'intervenir. Il en est des soldats français comme des obus qu'ils fabriquent pour l'Ukraine : autour de 3 000 obus de 155 mm par mois alors que les Ukrainiens en consomment 5 000 par jour et les Russes entre 10 000 et 20 000.
Fin 2024 «J'ai bon espoir qu'on soit capable de faire 4000 à 5000 par mois», a déclaré Sébastien Lecornu, le ministre français des Armées lors d'une audition devant l'Assemblée nationale. Il a rappelé qu'au début de la guerre en Ukraine, la France en produisait un millier par mois avant de passer à 2.000 l'an passé. «Depuis ce mois de février, nous en sommes à 3.000 par mois. La pente est bonne, mais objectivement, c'est encore trop faible», a-t-il reconnu, pointant du doigt le problème de la disponibilité de la poudre et l'organisation des lignes de production.
3 000 obus français par mois, quelques heures de combat, une peccadille.
Le vrai «patron» et ses vassaux.
Le conflit ukrainien est une propriété exclusive des Etats-Unis. Ils sont seuls aux commandes. Les dirigeants européens donnent le change à leurs citoyens en leur faisant croire qu'ils participent d'un forum qui n'existe pas. Même les Britanniques jouent à se croire proches de Dieu à rappeler depuis W. Churchill des «special relationship» imaginaires.
De la co-décision le général de Gaulle a fait son deuil très tôt, lorsque MacMillan lui a transmis les propositions de Kennedy à propos des missiles Polaris (décembre 1962) que les Etats-Unis se proposaient de céder comme une cage pour enfermer ses alliés et leur souveraineté.
La France n'a plus les moyens politique d'une décision de cette nature. A partir du moment où elle est entrée dans l'OTAN et placé ses forces armées sous commandement américain, la France a rejoint la situation de la Grande Bretagne de MacMillan dont le Général a tout fait pour l'en préserver.
Il s'ensuit que le pouvoir de décider de la guerre et de la paix n'est pas entre les mains de l'Elysée, ni d'ailleurs dans les mains d'aucun pays européen. le sort de l'Europe échappe aux Européens, sans volonté, ni moyens.
Le problème est que si demain le conflit ukrainien dégénérait, ils seraient aux premières loges.
Les atlantistes européens n'osent pas en débattre publiquement mais ils doutent tous secrètement du caractère automatique et protecteur de l'article V de l'Alliance.
Tous les Européens savent ce qu'il en est réellement des dispositions de sécurité collective inscrite dans leurs traités.
Leur subordination au Traité de l'Atlantique Nord les réduits à des formules rhétoriques sans portée ni protection réelle. Il est un fait que la défense européenne n'existe pas. Il est un fait que la protection de l'Europe est exclusivement et unilatéralement une affaire américaine.
Ces réflexions débouchent sur une question essentielle.
La «vraie» question et sa réponse.
Si les Etats-Unis domine sa «coalition», la Russie est seule maîtresse de la belligérance qui lui est opposée. Explications :
De notoriété publique, il y a bel et bien belligérance étrangère contre la Russie dans le conflit ukrainien et cela depuis bien avant le «coup d'Etat de Maidan».
La question cependant doit être approchée autrement. Ce ne sont pas les Etats-Unis, et encore moins les Européens, qui décideront de savoir s'il y a ou non ingérence mais bien la Russie qui agira en conséquence si la sécurité du régime est menacée.
Le «seuil de belligérance» avancé par le ministre français des affaires étrangère est artéfact lexicologique qui renvoie à un pouvoir de définition et de décision qui ne lui appartient pas.
C'est à cette question que faisait allusion avec légèreté le président français à l'issue de la Conférence de Paris.
«Beaucoup de gens qui disent Jamais, jamais' aujourd'hui étaient les mêmes qui disaient Jamais des tanks, jamais des avions, jamais des missiles à longue portée' il y a deux ans». «Ayons l'humilité de constater qu'on a souvent eu six à douze mois de retard. C'était l'objectif de la discussion de ce soir : tout est possible si c'est utile pour atteindre notre objectif».
C'est cela que redoutent les Etats-Unis qui avancent au coup par coup en mesurant le danger de ce que leurs interventions produisent chez l'ennemi et à partir de quand un seuil, une limite, un bord sera franchi et dont ils ne seront peut-être pas avertis...
Les Européens sont très intéressés par cette réponse. Ils le sont pour une raison très simple. Ils seront au premier rang des conséquences d'une décision qui ne leur appartient pas.
Encore des questions.
1.- L'Amérique prendrait-elle le risque d'attaquer la Russie si celle-ci décidait d'envoyer une bombe atomique sur Kiev ? Sur Varsovie ? Sur Paris ?...
A partir de quel moment, les Etats-Unis prendraient-ils le risque voir annihilé NY ou Washington ?
Le déchirement nationaliste entre Européens est notoire. La Russie le sait. Les Etats-Unis le savent. Les Européens le savent aussi.
2.- Qu'en serait-il de la Chine, de l'Inde, du Pakistan... et des autres pays du monde ?
C'est pourquoi toute cette affaire est une histoire de chat crevé.
Notes:
1- Cf. Abdelhak Benelhadj : « Tuer Poutine. » Le Quotidien d'Oran, 05 octobre 2023.
2- https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2024/02/27/conference-de-soutien-a-lukraine. La Conférence a réuni les représentants de 27 Etats avec 21 chefs d'Etat et de gouvernements.
3- O. Techynskyi, A. Solodounv et D. Stoykov ont consacré un documentaire instructif au coeur des événements en 2014. « Kiev en feu. Maïdan se soulève », 80 mn. Diffusé par ARTE le lundi 16 février 2015.
4- Adam Entous et Mickael Schwirtz : « La guerre des espions : comment la CIA aide secrètement l'Ukraine à combattre Poutine. » https://www.nytimes.com/2024/02/25/world/europe/cia-ukraine-intelligence-russia-war.html
5- En 2005, le film « Lord of war » dont l'action -ce qui n'est pas un hasard- se déroule en Ukraine, fait une description d'entomologiste d'une économie de la guerre et de la corruption qui n'est guère éloignée de la réalité. A recommander aux victimes des guerres médiatiques entreprises pour la défense de la « liberté », de la « démocratie » et des « valeurs morales ».
6- « BoJo » avait exposé cette stratégie dans une tribune publiée dans le Telegraph (D. 03 mars2013). Généralisée, « c'est une stratégie de communication qui a recours aux techniques d'indexation du SEO (Search engine optimization). De l'e-reputation », explique Théophile Ordinas, un expert consultant en SEO. « B. Johnson utilise la stratégie bien connue de l'enfouissement'. L'objectif est de faire désindexer certains résultats que l'on trouve en haut de page sur Google. Plus il y a de contenus sur un sujet, mieux on peut les ranker (positionner) ». https://www.20minutes.fr (V. 26 juillet 2019).
7- Cf. A. Benelhadj : « LA NATION INDISPENSABLE'. D. Trump rappelle aux vassaux de l'Amérique qui est le patron du monde libre' ». Le Quotidien d'Oran, 15 février 2023.
Evgueni Prigojine, tué dans le crash de son avion, laisse derrière lui des centaines de sociétés actives dans le mercenariat, le commerce ou la lutte informationnelle. Trop utiles à la Russie pour être liquidées, elles sont reprises en main par des proches du Kremlin.
QuelquesQuelques jours après la mutinerie du groupe Wagner et le début de la disgrâce de son dirigeant Evgueni Prigojine, qui finira par être tué le 23 août, le journal des élites financières états-uniennes, le Wall Street Journal, prédisait : « Vladimir Poutine est [désormais] confronté à une nouvelle épreuve : gérer l’une des acquisitions d’entreprise les plus complexes de l’histoire. » L’image est un peu étonnante s’agissant d’une entreprise dont les employés pratiquent la torture et pillent les ressources naturelles des pays où ils s’implantent, mais elle n’est pas complètement dénuée de sens.
L’empire militaro-commercial bâti par Evgueni Prigojine comptait plusieurs centaines de sociétés, actives en Russie et à l’étranger, aux activités fort diverses bien que souvent liées entre elles : mercenariat, restauration, immobilier, logistique, désinformation en ligne… Du vivant de son fondateur, le groupe Wagner pouvait aussi bien monter des opérations de déstabilisation d’élections (à travers son Internet Research Agency) que vendre de la vodka en République centrafricaine, combattre aux côtés de l’armée russe dans le Donbass ou sécuriser des champs de pétrole en Syrie.
Agrandir l’image : Illustration 1
Prigojine éliminé, vraisemblablement assassiné sur ordre du Kremlin après avoir osé le défier lors de sa rébellion avortée, que vont devenir la marque Wagner et ses succursales ?
Le Kremlin a laissé croire, un temps, qu’il comptait la liquider. Wagner « n’existe tout simplement pas », commentait lapidairement le président russe le 13 juillet, après la mutinerie des mercenaires. Une référence à l’absence d’existence légale du groupe qui avait alors surtout résonné comme la liquidation annoncée d’un outil pourtant né avec l’assentiment de Moscou, dont il était devenu le bras armé officieux.
Deux mois plus tard, son chef est mort mais Wagner bouge toujours. « Ils sont toujours là. Leurs positions sont à quelques kilomètres des nôtres et je peux vous assurer qu’il n’y a pas eu de départ massif, ni de remplacement par d’autres », indique à Mediapart le cadre d’un groupe armé centrafricain qui combat les hommes de Wagner. Ces derniers assurent la sécurité du président centrafricain Faustin-Archange Touadéra et disposent de bases à travers tout le pays, où ils sont implantés depuis 2018.
Trop précieux pour être liquidé
La perspective d’une dissolution pure et simple de l’empire monté par Evgueni Prigojine semble désormais éloignée. L’outil est probablement jugé trop précieux, aux yeux du Kremlin, pour être laissé à l’abandon. Le groupe s’est bâti un réseau, a formé des combattants expérimentés, a acquis un savoir-faire indéniable en matière de désinformation. Surtout, depuis près d’une décennie, Wagner a servi la politique étrangère russe sans que Moscou n’ait à rendre de comptes à son sujet – puisque, officiellement, le groupe n’avait pas de liens avec l’exécutif (Vladimir Poutine a fini par reconnaître, le 27 juin, qu’il avait bien été financé par l’État russe).
Sur le continent africain, les cadres de Wagner ont noué des liens avec de multiples chefs d’État ou de gouvernement, assuré le service après-vente des équipements militaires vendus par la Russie, et attisé (y compris grossièrement) le feu de la colère contre les anciennes puissances coloniales, en particulier la France. Autant de manœuvres servant à merveille les intérêts et les ambitions de Moscou. Les soldats de Wagner y ont aussi commis des massacres et volé des ressources naturelles mais, magie du mercenariat, l’État russe n’a pas eu à en répondre.
Quelques années plus tôt, en Ukraine, le groupe de mercenaires qui allait donner naissance à Wagner avait répondu à un autre besoin de l’État russe : apporter un soutien militaire aux séparatistes du Donbass sans que la Fédération de Russie n’ait l’air d’être directement impliquée dans le conflit. L’épisode a notamment été raconté par un ancien officier de Wagner, Marat Gabidullin, dans son livre Moi, Marat, ex-commandant de l’armée Wagner, paru en 2022.
Le Kremlin a donc tout intérêt à garder la main sur les sociétés de la galaxie Prigojine ; mais les passer dans son intégralité sous la coupe étatique semble exclu. D’abord parce que le montage perdrait l’un de ses intérêts principaux : n’avoir pas à assumer officiellement toutes ses activités. Ensuite parce que la tâche serait titanesque, pour une administration déjà fort occupée par la guerre en Ukraine et ses conséquences économiques. La passation ressemblera plutôt à une dissémination façon puzzle, sous l’œil attentif des autorités russes.
Côté militaire : Convoy et Redut, héritiers sous surveillance
La branche strictement militaire du groupe Wagner semble déjà s’être trouvée plusieurs héritiers. Les plus en vue se nomment Convoy et Redut, deux sociétés militaires privées au profil rassurant pour le Kremlin.
Convoy, créée début 2023, est commandée par Konstantin Pikalov, alias « Mazaï », qui a travaillé pour Wagner à Madagascar et en République centrafricaine, et est placé sous sanctions par l’Union européenne. « Tous les commandants [de Convoy] sont d’anciens employés de Wagner », assurait en mars 2023 un ancien soldat de Convoy au site russe iStories.
Après la mort d’Evgueni Prigojine, le numéro deux de cette nouvelle société militaire, Vasily Yashchik, a confirmé au Wall Street Journal que certains des combattants de Wagner avaient rejoint Convoy, même si le groupe n’avait pas organisé de campagne spécifique pour les recruter.
Au contraire de Wagner, ses dirigeants semblent avoir accepté une forme de rattachement au ministère russe de la défense. Le centre d’entraînement de Convoy se trouve à Perevalne, en Crimée, à côté d’un centre d’entraînement de l’armée russe. Convoy a le statut de « réserve militaire » et ses combattants signent, en s’engageant, deux contrats : l’un avec Convoy, l’autre avec le ministère. De son vivant, Evgueni Prigojine s’était toujours opposé à ce que les soldats de Wagner signent un contrat avec le ministère, avec lequel il avait des relations exécrables.
Surtout, selon l’ONG Dossier Center (organisation financée par l’opposant russe Mikhaïl Khodorkovski qui s’est donné pour objectif de « documenter les activités criminelles d’individus liés au Kremlin » et avec qui Mediapart a publié deux enquêtes sur les activités de Wagner en Afrique), Convoy est largement financée par l’État russe et des proches du président Poutine.
« “Convoy” a reçu 437,5 millions de roubles [un peu plus de quatre millions d’euros – ndlr] en seulement un mois et demi à l’automne 2022 », écrit ainsi Dossier Center, qui dit se baser sur l’analyse de documents bancaires. « Parmi eux, 120 millions de roubles provenaient d’une société détenue par un ami de Poutine », l’oligarque Arkadi Rotenberg, « 200 millions supplémentaires [proviennent] d’une banque d’État, et le reste de sociétés pétrolières sans lien avec la société militaire privée ».
Le 21 août, Convoy publiait sur sa chaîne Telegram une petite annonce afin de recruter des pilotes de drones « âgés de 45 ans maximum » pour travailler « dans la zone SWO », acronyme russe pour parler de l’« opération militaire spéciale », soit l’Ukraine, « et en Afrique ».Le groupe compterait pour l’heure quelques centaines de combattants.
La seconde société militaire privée qui pourrait récupérer une partie de l’héritage de Wagner, Redut, serait également financée par un oligarque identifié comme proche de Vladimir Poutine, Gennady Timchenko. Mais elle a davantage d’expérience que Convoy : Redut a été fondée en 2008 par des anciens des forces spéciales et du renseignement militaire.
Des ex-combattants de Redut ont assuré, avec de nombreux détails à l’appui, que le groupe avait participé aux toutes premières percées sur le territoire ukrainien lors de la grande invasion de février 2022. La société aurait également opéré en Syrie afin d’y protéger des installations de la société russe Stroytransgaz.
Elle cherche plus explicitement encore que Convoy à recruter d’anciens soldats de Prigojine, ce qui peut laisser penser que Redut sert de « véhicule de recrutement pour le ministère de la défense afin d’attirer d’anciens combattants de Wagner qui n’accepteraient pas de signer des contrats avec l’armée régulière », écrit le Wall Street Journal, s’appuyant sur une source proche du ministère russe des armées.
De fait, même si les ex-Wagner ont été encouragés par les autorités russes à se « reconvertir » directement dans l’armée régulière, il est très loin d’être acquis qu’ils acceptent de se mettre au service d’un pouvoir qui a assassiné leur chef. Evgueni Prigojine avait, malgré tous ses méfaits, acquis une certaine popularité parmi ses combattants en leur rendant visite sur le front et en prenant publiquement et régulièrement la défense des « simples soldats » contre l’incurie de la bureaucratie d’État.
Pour garder ces nouvelles sociétés militaires privées sous contrôle, l’appareil d’État russe peut compter sur l’envie des oligarques qui les détiennent ou les financent de démontrer leur loyauté – et de gagner les rétributions matérielles qui vont avec – et sur l’effet dissuasif du précédent Prigojine – les traîtres savent désormais qu’ils risquent leur peau. Il n’est pas exclu qu’il ait également chargé le redouté GRU (service de renseignement militaires russe) de suivre attentivement l’évolution de ces sociétés.
« Il semble clair que le GRU va entrer en jeu », estime Lou Osborn, coautrice d’un livre-enquête sur Wagner paru ce 15 septembre (lire notre compte rendu). « Le chef des opérations clandestines du GRU, qui par définition est censé rester clandestin, s’est rendu au forum Russie-Afrique, et a rencontré les chefs d’État où Wagner était présent. Ce n’est pas anodin », observe-t-elle. « Par ailleurs, Convoy, Redut et toutes les autres sociétés militaires privées de Russie ont signé un contrat avec une entité du GRU, “l’unité 35 555”, qui se présente comme un laboratoire de recherche psychologique. »
Les trolls travaillent encore, mais qui les nourrit ?
Restent deux autres pans de la galaxie Prigojine : ses activités commerciales et celles dans le secteur de l’« influence » et de la guerre informationnelle.
On sait, pour l’heure, peu de choses de ce qu’il adviendra de ses activités commerciales. Les registres du commerce et des sociétés, prisés des enquêteurs en source ouverte, n’ont pas encore révélé de mouvement majeur parmi les dizaines de sociétés qui constituaient le groupe Concord, qui gérait les activités de restauration de l’empire Prigojine – celles qui ont fait sa richesse et lui ont valu le surnom de « cuisinier de Poutine ». L’éventuel rôle à venir du fils et de la femme de l’entrepreneur, qui occupaient tous les deux d’importants postes dans Concord, n’est pas encore connu.
Côté « influence », enfin, « une partie des activités [de Wagner] a été reprise, mais on ne sait pas encore par qui », avance Lou Osborn. Avec d’autres chercheur·es, elle dit avoir constaté que des comptes sur les réseaux sociaux, identifiés comme liés à des sociétés d’Evgueni Prigojine, avaient repris leurs publications. Cette tendance est confirmée par Maxime Audinet, chercheur à l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (IRSEM), spécialiste de la Russie et des stratégies d’influence.
Il souligne, comme Lou Osborn, que cela concerne plus spécifiquement les activités de Wagner en Afrique. « Malgré sa mort, une forme de continuité se dessine dans cet appareil informationnel. Ces publications ne sont pas massives, mais elles continuent », observe le chercheur. Impossible, pour l’heure, de savoir qui paie les employé·es derrière ces comptes qui inondent la toile malienne ou centrafricaine.
Les portails d’information du réseau Prigojine basés en Russie, en revanche, ont été bloqués par les autorités – c’est le cas du site Ria Fan – ou ont annoncé cesser leurs activités. Il n’est pas exclu qu’une partie de leurs employé·es se soient recyclé·es au sein de médias d’État : la patronne de Russia Today, Margarita Simonyan, a en tout cas tenté de les y attirer, assurant à l’été 2023 que les salarié·es de Wagner étaient « parmi les meilleurs du pays en relations publiques » et qu’elle aimerait pouvoir embaucher ces « super-professionnels ».
L’enjeu, désormais, pour Vladimir Poutine, est de faire survivre ce qui peut lui être utile parmi l’héritage de Prigojine, sans donner naissance involontairement à un nouveau monstre qui lui échapperait jusqu’à menacer son pouvoir. « Ils vont tout faire pour ne pas aboutir à la même chose : un homme qui finit par concentrer beaucoup de pouvoir et détenir beaucoup de secrets », résume Lou Osborn. Si Vladimir Poutine fait face à une reprise d’entreprises particulièrement ardue, il a déjà sa méthode : la reprise en main du groupe Wagner se fera façon « vente à la découpe ».
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