Origines et compréhension du terrorisme anglo-américain
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Le mot «terrorisme» apparaît au
XVIIIème siècle. Il désigne les indigènes des colonies qui s’opposent
aux violences et à la domination des autorités européennes en Afrique
et en Asie. Pour préserver son pouvoir, l’oligarchie anglaise planifie
l’extermination des populations indigènes réfractaires. Les
organisations résistantes sont qualifiées de «terroristes».
Ce sont de «dangereux rebelles».
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En
1953, au Kenya, éclate la révolte de la tribu des Kikuyu. De cette
protestation naît le mouvement des Mau Mau qui revendique la terre de
leurs pères. Privés de leurs terres cultivables par la colonisation
anglaise, les Mau Mau sont contraints à la misère ; ils doivent vivre
dans des réserves, constituant une main d’oeuvre à bas prix. Les Mau
Mau décident de lutter pacifiquement pour récupérer une partie de leur
terre et jouir d’une relative indépendance. La réaction anglaise est
immédiate et sans pitié ! Les Anglais considèrent que les Mau Mau sont
des terroristes. Ils lancent une propagande qui annonce une dure
répression. La guerre qui suit, est d’une incroyable cruauté où se
déroulent des massacres et des déportations dans les camps. Les
services secrets anglais accusent les Mau Mau de «terrorisme». Dans un
rapport établi en 1954 par la Colonial Political Intelligence, nous
pouvons lire : «Tant pour les pertes infligées aux Mau Mau, à ceux qui
se sont rendu et au nombre d’armes prises, les dernières semaines de
novembre ont été les meilleures. En décembre, il n’y a pas eu
d’opérations de grande envergure. Les bandes se sont retirées dans les
forêts et l’une d’elles a été attaquée avec succès à 10.000 pieds
d’altitude, dans les bruyères du Mont Kenya. Du début de l’année au 30
novembre, 4.460 terroristes sont tués par les forces de sécurité et 524
sont jugés et exécutés.»
Les femmes et les enfants sont enfermés
dans d’authentiques camps de concentration, passés à l’électrochoc.
Pour accroître le sentiment de terreur, les Anglais soudoient le
dictateur Idi Amin qui se charge des persécutions et des exécutions.
Les autorités britanniques le promeuvent «Lord». Dans son ouvrage,
Imperial Reckoning : The Untold Story of Britains Gulag in Africa,
publié en 2005, Carole Elkin relate que plus de 100.000 Mau Mau
mourront dans les camps de concentration. Pour attiser la cruauté des
gardes anglais, il est raconté que les Mau Mau sont de féroces
cannibales, et que s’ils ne les tuent pas, ils seront dévorés. Caroline
Elkin écrit : «Maintenant je suis convaincue qu’à la fin de la
domination coloniale au Kenya, il y eût une campagne particulièrement
sanglante visant à l’élimination du peuple Kikuyu, une campagne qui
provoqua des dizaines, voire des centaines de milliers de morts».
Pendant
cette guerre, chaque Mau Mau est considéré comme suspect. Les enfants
et les vieillards sont soumis à des interrogatoires particulièrement
violents. La propagande anglaise explique que les camps sont des lieux
de réhabilitation pour les «terroristes». Par la suite, les autorités
anglaises cherchent à effacer les traces de leurs crimes comme en
témoigne un fonctionnaire britannique au Kenya, John Nottingham : «Le
gouvernement britannique, peu avant la décolonisation, a détruit une
grande partie de la documentation relative aux camps de détention.
Moi-même comme commissaire du district de Nyeri, j’ai reçu l’ordre de
détruire tous les documents sur les Mau Mau.»
Le terme
«terrorisme» est encore utilisé par les anglo-américains avec la même
acception que pendant la période coloniale. Les médias occidentaux
veulent faire accroire à l’existence d’un ennemi identifié. Contre
l’intégrisme musulman, les mêmes techniques sont mises en oeuvre, alors
que ces groupes terroristes et islamistes sont formés et financés par
les mêmes autorités anglo-américaines qui criminalisent les dissidents.
Terroriser les peuples soumis était la méthode de domination retenue au
commencement du colonialisme. Pour terroriser les indigènes des
colonies, Winston Churchill considère comme indispensable l’utilisation
des gaz toxiques. La peur endigue les réactions de résistance !
Cependant,
la logique terroriste a évolué ; elle s’est métamorphosée. Les élites
gouvernantes américaines, européennes et israéliennes en financent les
groupes. De 1994 à 1996, une vague d’attentats ensanglante l’Algérie.
Ces attentats sont organisés par le Groupe Islamique Armé (Gia) et par
le Mouvement Islamique Armé (Mia), considérés comme affiliés à
Al-Qaïda. En réalité, ces groupes sont dirigés par la Cia et par
d’autres services secrets occidentaux. Le chef du Gia, Sid Mourad est
un agent entraîné par la Cia pendant la guerre d’Afghanistan contre les
Russes.
Dans les années 90, Le Figaro, Le Parisien font
ressortir les liens existants entre les terroristes du Gia et les
gouvernements de Paris et de Londres. Le Figaro du 03/11/95 écrit que
«la piste Boualem Bensaïd», chef du Gia à Paris, conduit en
Grande-Bretagne qui joue le rôle de base logistique et financière pour
les terroristes. En 1991, suite à l’annulation d’élections pourtant
régulières et l’arrestation des élus du Front Islamique du Salut, afin
que les corporations occidentales s’accaparent les richesses du pays,
un gouvernement fantoche est instauré par les autorités occidentales.
Des actions criminelles s’ajoutent au sentiment de terreur : Des
groupes terroristes se font passer pour des islamistes, entrent dans
les maisons en demandant asile. Ils sont habillés en Moudjahiddin et
assassinent ceux qui les accueillent.
Dans un entretien accordé
à la Télévision Suisse Romande en janvier 1998, un ancien agent
Algérien déclare : «L’armée est responsable des massacres ; c’est
l’armée qui les a ordonnés. Pour cela il n’a pas été nécessaire
d’utiliser les militaires du contingent ; la mission a directement été
confiée à une unité spéciale sous les ordres de généraux. Les terres
ont été confisquées et vendues à bas prix. La terreur a servi à
gouverner le peuple algérien.»
Entre 1993 et 2000, 30.000
Algériens sont assassinés. Les groupes terroristes entraînés par la Cia
coopèrent avec le gouvernement fantoche qui reçoit de l’argent et des
armes de l’occident, desquels n’est certainement pas étranger un
homme-politique d’origine corse. Parmi les personnes massacrées par le
Gia, se trouvent des prélats, des dissidents, des citoyens de droit
commun. Des faits analogues se produisent dans les pays contrôlés par
les autorités occidentales, en Turquie, en Egypte, en Thaïlande, en
Birmanie, en Indonésie, au Pakistan...
Dans Le livre noir du
capitalisme, André Prenant explique l’utilisation des groupes
extrémistes contre les populations. Il y rapporte que les destructions
et les massacres du terrorisme islamique sont manipulés par l’Etat, les
classes néolibérales et bourgeoises algériennes, comprenant des liens
avec les multinationales avec les capitales occidentales comme Londres.
La violence utilisée jusqu’à la fin des années 1980 fait partie d’une
stratégie de terreur. L’auteur expose que le terrorisme a détruit des
unités productives publiques, mais a épargné les infrastructures
privées appartenant au grand capital étranger. En six ans, 36.000
civils, policiers, militaires ont été tués.
Le
terrorisme est plus que jamais une arme, un phénomène imposé à tous les
pays, pour s’assurer la soumission totale des peuples et de pouvoir
intervenir militairement.
L’accusation
générique de «terroriste» est un prétexte médiatique servant à faire
disparaître des milliers de personnes dérangeantes. Dans une démarche
hypocrite, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne affirment être en
guerre contre le terrorisme ; tout comme les Nations unies qui en 1994
approuvent la résolution 49/60 et en 1996, la 51/210 pour soi-disant
remonter et démanteler les filières terroristes par des enquêtes sur
les financements. Cette dénonciation est aussi faite dans La Question
religieuse au XXIème siècle par l’économiste et historien George Corm,
l’auteur de la déclaration «Ce n’est pas Israël, mais le Liban qu’il
faut protéger» (Al-Watam du 23/08/06). Par conséquent, les positions du
Premier ministre britannique M. Brown annonçant que de nouveaux accords
seraient signés avec d’autres pays en matière de lutte antiterroriste,
sont à marquer du sceau de la fourberie et de la plus haute trahison
envers son peuple. Est-ce un hasard si M. Brown a répondu par la
négative à la demande du chef du Parti conservateur, David Cameron
d’interdire «le groupe islamiste Hizb-ut-Tahrir qui recourt à un
violent discours anti-juif» (Le Monde du 06/07/07), prétextant le
manque de preuve ? La revue Executive Intelligence Review accusait
récemment l’Angleterre de «pays à mettre sur la liste des Etats qui
promeuvent le terrorisme islamique.»
Le terrorisme est aussi
utilisé par Washington pour mettre à genou la population iraquienne,
qui a fomenté dans ce pays des divisions et renforcé l’intégrisme
musulman, comme le démontrent brillamment les études de Nadine
Picaudou, historienne, islamologue à l’Inalco, professeur à Science-Po.
Les Etats-Unis financent par exemple les milices de Moqtada Al-Sadr,
leader chiite convaincu, se prétendant Sayyid (descendant du prophète).
Il défend d’une part, un modèle politique essentiellement fondé sur le
chiisme (80% des Arabes Iraquiens ; source : Bagdad 2000 ; L’avenir
géopolitique de l’Irak par A. Dulait et F. Thual) et d’autre part,
l’imposition d’une politique de prohibitions. Ces prohibitions
concernent tous les aspects de l’existence de l’homme, de l’habillement
aux boissons, avec des peines corporelles comme la flagellation et la
peine de mort, à l’instar de l’Arabie Saoudite, du Qatar, du Koweït,
incarnant le Sunnisme wahhabite dans sa forme la plus extrémiste.
L’extrémisme
islamique et le terrorisme sont donc des instruments géopolitiques
d’oppression. Avant l’occupation américaine, l’Iraq est un des peuples
arabes les moins liés à l’orthodoxie islamiste. Les attentats
orchestrés par la Cia pour terroriser la population, permettent
d’occulter la vraie résistance. Les évènements importants sont
dissimulés. Qui sait que l’armée américaine utilise des armes chimiques
contre les Iraquiens ? Avant l’intervention américaine, ce pays était
industrialisé, avait un bon développement dans les secteurs sanitaire
et de l’enseignement, qui valut à son gouvernement le prestige d’être
médaillé à trois reprises par l’Unesco. En 1991, il est l’unique pays
du Moyen-Orient qui peut se vanter d’un développement économique
comparable à celui de l’Europe. L’école y est gratuite pour tous, les
femmes disposent d’une certaine liberté, d’une considération sociale et
politique ; nous sommes dans une société dont les racines sont le
nationalisme panarabe sunnite évoluant vers un «Etat autoritaire
modernisateur». A présent, plus de 70% des iraquiens n’ont ni l’eau
potable, ni l’électricité ; le domaine de la santé publique est
complètement détruit, causant la mort de centaines de milliers de
personnes, particulièrement chez les bébés. Les Anglo-américains ont
planifié la guerre du Golfe pour ramener l’Iraq au stade de pays
sous-développé pour pouvoir le conquérir économiquement et
politiquement. De nombreux autres pays comme le Soudan, la Somalie sont
ainsi tenus en asphyxie par la politique de mainmise américaine. Les
groupes terroristes, les mercenaires, les gouvernements fantoches
constituent les fondements génocidaires dans cette domination. Dans les
pays où un pouvoir terroriste et mafieux est imposé, se développent des
activités criminelles, le trafic de matériels radioactifs, la culture
et la commercialisation de la drogue, des armes et la prostitution. Il
n’est donc pas un hasard si les populations arabes, comme l’écrit Le
Monde diplomatique de juillet 07 sous le titre Al-Qaïda contre les
talibans : «Tous sont convaincus que les Etats-Unis et leurs
gouvernements fantoches au Proche-Orient sont responsables du déclin du
monde arabe».
Grâce au terrorisme, au «11 septembre» et à
l’implication de la Cia, comme le prouvent les documents du National
Security News Service, ou le relate Palast Greg dans Democrazia in
vendita. I Padroni del mondo., les Etats-Unis ont réalisé une
militarisation massive dans de nombreux pays du monde, imposant des
bases permanentes et personnelles pour former les forces armées
locales. Dans plusieurs pays africains, comme le Maroc, le Congo, le
Tchad, le Sénégal, le Niger, la Tunisie et l’Algérie, le Pentagone a pu
ainsi opérer des renversements politiques, des guérillas, a utilisé le
terrorisme pour justifier un approvisionnement en armement, la
formation de groupes militaires et paramilitaires, dont l’objectif est
de tenir des nations sous contrôle pour s’approprier leurs richesses
minières dont le pétrole. En Afrique a été créé un programme
d’intervention militaire appelé African Coastal Security Programme
(Acsp). Il a pour raison officielle de combattre le terrorisme
d’Al-Qaïda, alors qu’il sert en réalité à la protection les gisements
off-shores américains, au contrôle des principales routes qui
acheminent le pétrole et les hydro-carburants en Europe et dans la
Méditerranée. Si les autorités locales essayent d’y exercer un pouvoir
autonome, les Etats-Unis les accusent de terrorisme pour avoir la
liberté de les réprimer. Sur la base américaine de Djibouti, les forces
navales américaine, allemande, française, italienne et espagnole
organisent de surprenantes opérations militaires. Elles ont disposé des
services de patrouille le long du Golfe d’Aden, dans la Mer Rouge et la
Mer d’Arabie, arguant vouloir capturer des membres et des dirigeants
d’Al-Qaïda. Il s’agit en fait d’opérations de contrôle sur les
gouvernements africains qui voudraient contredire la domination
américaine. Le terrorisme est devenu une arme du pouvoir néocolonial.
Pour entretenir une atmosphère de crainte, des simulations et des
exercices sont organisés contre le terrorisme. En Italie, du 12 au 26
mars, dans les eaux entre La Spezia et Viareggio en Toscane, des
man_uvres à très grande échelle appelées Italian Minex 2007 mobilisant
des unités navales italiennes, avec des chasseurs de mines dont le
français Capricorne ; l’espagnol, Tajo et même le turc Edremit, et avec
la participation de six d’entre eux appartenant aux forces permanentes
du sud de l’Europe, ont simulé la présence de mines et d’armes de
guerre maritimes.
Le terrorisme articulé autour de la politique
étrangère américaine, évolue ; il se perfectionne, se répand avec les
mêmes mécanismes. Il est maintenant complété par le «terrorisme
d’Etat». Dans La storia occulta, Antonella Randozza écrit que des
gouvernements ont même organisé des simulations ressemblant à des
attentats qui se sont produits ultérieurement, comme à New-York et le 7
juillet 2005 à Londres. Certes, le terrorisme est plus que jamais une
arme, un phénomène imposé à tous les pays, pour s’assurer la soumission
totale des peuples et de pouvoir intervenir militairement. Au nom de la
mascarade des droits de l’homme, les démocraties se sont arrogées le
droit de commettre les ethnocides, les génocides les plus abjects. Mais
le terrorisme d’Etat devient un argument occulte politique en pleine
expansion. Dans son livre Blowing Up Russia : Terror from Within (Faire
exploser la Russie : la terreur de l’intérieur), le dissident et ancien
espion Alexandre Litvinenko, récemment décédé, explique que des
attentats terroristes perpétrés en Russie comme celui de septembre 99,
le «11 septembre russe» où moururent trois cents personnes, ont été
l’oeuvre du Kremlin par l’intermédiaire du FSB, le successeur du KGB,
dans le but d’incriminer les séparatistes tchétchènes. Dans un
excellent article intitulé Italie, Belgique, Russie, Etats-Unis : un
demi-siècle de terrorisme d’Etat, la revue Nexus de mai-juin 07 écrit
qu’en neuf ans, neuf parlementaires russes ayant enquêté sur
l’implication du Kremlin ont été assassinés.
Nous assistons en
fait dans l’horreur à une nouvelle évolution du terrorisme, qui
s’articule autour des «tenanciers de l’idéal démocratique» devenant les
instruments bien conciliants d’une nouvelle politique mondiale se
jouant sur la tête et le sang des peuples.
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par Laurent Blancy
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