Alain Gresh : ancien rédacteur en chef du Monde diplomatique, fondateur des journaux en ligne Orient XXI et Afrique XXI, spécialiste du Proche-Orient. Rony Brauman : ancien président de Médecins Sans Frontières, enseigne au Humanitarian and Conflict Response Institute (HCRI), chroniqueur à Alternatives Economiques.
Bonjour, Hubert ([email protected]) a pensé que cette publication pourrait vous intéresser :
Les deux blagues d'Elie Chouraqui
Hubert Rouaud
Mon cher Hubert tu m’as fait prendre connaissance des deux blagues d’Elie Chouraqui, qui sont pour moi à vomir, je dirai que Chouraqui rime avec pourri.
Michel Dandelot
"C'est un bon communicant, hein ? Il communique bien, il parle bien à la caméra". Elie Chouraqui, cinéaste franco-israélien, s'amuse bien. Il vient d'entendre le témoignage d'un habitant du camp gazaoui de Jabaliya, deux fois de suite bombardé par l'aviation israélienne, des dizaines de morts à chaque bombardement. Mais ce regard-caméra du témoin ! On ne la lui fait pas, à l'homme du métier.
Ce rire. Ce rire obscène dit mieux que tout discours que les victimes sont "des animaux humains". Qu'aucune de leurs douleurs ne peut être créditée de sincérité, ne mérite une seconde de gravité, même de façade. Exterminez-moi ces animaux, et qu'on n'en parle plus. Avec les morts palestiniens, il est autorisé de court-circuiter la phase des condoléances, de la compassion, du deuil, pour passer directement à la rigolade des pas dupes. Ce rire, en une seconde, dit combien la situation de vengeance aveugle, dans laquelle est plongé Israël depuis le massacre du 7 octobre, est corruptrice.
"Quand vous avez été victime d'un génocide, et que le monde vous a tourné le dos, vous pouvez tourner le dos à l'éthique du monde. Je le comprends. Mais je comprends aussi combien c'est corrupteur." Il est rare qu'en si peu de mots, soit résumée l'atroce situation.
Un marqueur de cette corruption, c'est ce rire de Elie Chouraqui, à 22 heures 52, le 1er novembre, sur le plateau de Darius Rochebin. Il n'est pas possible de rester indifférent à ce rire. Il est possible d'accepter l'idée que le Hamas communique professionnellement, que le Hamas est fourbe, que le Hamas est une marionnette de l'Iran. Il est possible, comme dans la suite du plateau, d'admettre de discuter l'idée que si Israël avait un vrai interlocuteur palestinien tout s'arrangerait (cf Mahmoud Abbas en Cisjordanie, où tout se passe à merveille, comme chacun sait, voir notre enquête). Il est possible d'explorer le champ argumentatif jusqu'au bout du bout, jusqu'à la limite de la limite. Il est possible, sans doute même inévitable, d'être de mauvaise foi, c'est la guerre après tout. Il est possible d'expliquer -voyez si je vais loin- qu'un bébé n'est pas un bébé, qu'un bébé attaquant n'est pas un bébé attaqué. Il n'est pas possible de rire, ni même d'avoir envie de rire devant un rescapé décrivant un bombardement Je peux réfuter un argument. Il est impossible de réfuter un rire.
Un peu plus tard dans l'émission (à 23 heures 40), on rit encore. Des soldats juifs yéménites qui ont fait leur aliyah, dansent et chantent pour se moquer de leurs anciens compatriotes. Le plateau traduit leur tweet, en hésitant devant la traduction exacte : "on va vous botter le cul, vous éclater le cul". On rit, et cette fois tous ensemble. Voyez ce montage de l'émission.
"De l'humour juif dans toute sa splendeur, analyse Elie Chouraqui. Ils ont cette folie-là en eux". On est de retour dans le territoire familier de "l'humour juif". De la première blague de Chouraqui, à 22 h 52, personne ne riait. On faisait semblant de ne pas entendre. Personne ne lui objectait "Comment osez-vous rire ?" Et du coup tous ceux qui ne se sont pas insurgés contre la blague de 22h52, ont fait semblant de ne pas l'avoir entendue, se réfugient dans la blague de 23 h 40, comme si elle pouvait les laver de la corruption de Chouraqui. Hélas le toit de votre abri est crevé. Vous ne l'avez pas vu, mais la blague juive est morte, la bonne vieille blague juive, depuis qu'Israël est passé du rôle de David à celui de Goliath. Netanyahu l'a tuée, les colons de Cisjordanie l'ont tuée. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est le sociologue Michel Wieviorka, dans un livre rédigé avant le 7 octobre, "La dernière histoire juive", et qui prend aujourd'hui une résonance sinistre.
Elie Chouraqui enchaine mensonges et propos abjects sur LCI. Même le plateau est gêné. En 4 minutes, sept séquences significatives de la propagande israélienne. Séquence 1 : dans le camp de #Jabalia, un bombardement israélien a provoqué la mort de 50 personnes. La réaction de Chouraqui consiste à essayer de décrédibiliser les témoins sur place. "C'est un bon communicant hein. Il parle bien à la caméra hein !" Séquence 2 : Chouraqui aimerait des caméras pour filmer "les bébés, les femmes qui sont violées dans les tunnels, les jeunes israéliennes !" Sauf que les otages qui ont déjà été libérés par le Hamas disent tous avoir été bien traités. Cette affirmation de Chouraqui ne fait que participer au narratif de l'armée israélienne pour justifier les massacres en cours. Séquence 3 : selon Chouraqui, "tout débute le 7 octobre". Avant, il n'y avait rien. Avant les Palestiniens de Cisjordanie vivaient en paix par exemple, et ne se faisaient pas voler leurs terres, tuer par des colons sous la protection de l'armée israélienne. Séquence 4 : selon Chouraqui, si les israéliens avaient eu des interlocuteurs à la place du Hamas, tout serait déjà réglé dans cette région. D'ailleurs, comme chacun le sait, en Cisjordanie, il y a la paix, il y a un état palestinien, il n'y aucun problème. L'interlocuteur Fatah est respecté par Israël ! Séquence 5 : les camps de réfugiés de Gaza ressembleraient à nos cités parisiennes. Même le présentateur Darius Rochebin est choqué par cette affirmation et doit le corriger. Séquence 6 : des soldats israéliens qui rient, dansent, alors que plus de 9000 Gazaouis sont morts dont plus de 3400 enfants. Le plateau est tout sourire, aucune retenue, aucune décence ! Séquence 7 : "On va vous éclater le c*ul" No comment !
Et il éclaterait de rire !!! A vomir une fois encore.
Citation :"Je dirai que Chouraqui rime avec pourri"
C'est normal... puisque le colonialisme système pernicieux de nature à pour conséquence principale de pourrir la vie du colonisé, mais pourri inexorablement l'âme du colonisateur ! (sauf une petite partie des colonisateurs, individus doté-e-s d'une force morale et une personnalité plus solide que les autres qui parviennent à résister à l'influence délétère de cette idéologie. Certains,/Certaines d'entre-eux ou elles, peuvent émerger et marquer voir changer l'histoire ) Souhaitons ces émergences salvatrices ! il en existe aussi de ces émergences chez les colonisés, Nelson Mandéla en a été un formidable exemple
René de 4ACG
Croos Jacques
Hier à 13:15
Eh oui on s'interroge : où sont les terroristes ?
Par micheldandelot1 dans Accueil le 5 Novembre 2023 à 09:45
Le 28 octobre 2023, Craig Mokhiber, directeur du bureau new-yorkais du Haut-Commissariat des droits de l’homme à l’ONU, a démissionné de son poste. Dans une lettre que nous traduisons, il explique les raisons de son geste. Relayée par de grands titres de la presse anglo-saxonne comme le Washington Post ou The Guardian, cette démission a pratiquement été ignorée par les grands médias français.
Craig Mokhiber lors d’une interview sur Al Jazeera English, le 2 novembre 2023.
Al Jazeera English.
Cher monsieur le Haut-Commissaire,
C’est ma dernière communication officielle en tant que directeur du bureau de New-York du Haut-Commissariat aux droits de l’homme. Nous vivons une période très anxiogène et nous sommes inquiets pour la sécurité de beaucoup de nos collègues. Une fois de plus, nous assistons à un génocide qui se déroule sous nos yeux et nous sommes impuissants à l‘arrêter. J’ai enquêté sur les droits humains en Palestine depuis les années 1980. J’ai vécu à Gaza dans les années 1990 ; j’y étais en tant que conseiller des Nations unies pour les droits de l’homme. J’ai effectué encore plusieurs missions, avant et après, toujours pour la défense des droits humains.
Cette situation me touche profondément et m’atteint à titre personnel. J’étais présent, dans nos locaux de l’ONU quand il y a eu les génocides contre les Tutsis, les musulmans bosniaques, les Yezidis et les Rohingyas. Dans chacun de ces cas, alors que la poussière retombe sur les horreurs perpétrées contre des civils sans défense, il devient douloureusement clair que nous avons manqué à notre devoir de répondre aux impératifs de prévention de ces atrocités de masse, à notre devoir de protection des personnes vulnérables et à l’obligation que nous avions que les auteurs de ces crimes répondent de leurs actes. Il en fut ainsi lors des vagues successives de meurtres et de persécution contre les Palestiniens, tout au long de l’existence des Nation unies.
Monsieur le Haut-Commissaire,
Nous vivons encore un échec.
En tant qu’avocat spécialisé dans les droits humains, avec plus de trente ans d’expérience dans ce domaine, je sais bien que ce concept de génocide a souvent été galvaudé politiquement. Mais le massacre actuel du peuple palestinien, ancré dans une idéologie coloniale ethno-nationaliste, après des décennies de persécution et d’épuration systématiques et entièrement fondées sur leur statut d’Arabes, avec des déclarations d’intention explicites de la part des dirigeants du gouvernement israélien et de son armée, tout cela ne laisse aucune place au doute ou au débat.
C’EST L’APARTHEID !
À Gaza, les maisons d’habitation, les écoles, les églises, les mosquées et les établissements médicaux sont attaqués sans raison, et des milliers de civils sont massacrés. En Cisjordanie, y compris dans Jérusalem occupée, des maisons sont saisies et attribuées à d’autres en fonction de leur race. Des colons qui commettent des pogroms sont accompagnés par des unités militaires israéliennes. Dans tout le pays, c’est l’apartheid !
Il s’agit d’un cas typique de génocide. Le projet européen, ethno-nationaliste, de colonisation en Palestine est entré dans sa phase finale : la destruction accélérée des derniers vestiges de la vie palestinienne autochtone sur leurs terres. En plus, les gouvernements des États-Unis, du Royaume-Uni et d’une grande partie de l’Europe sont totalement complices de cet assaut terrible. Non seulement ces gouvernements refusent de remplir leurs obligations au regard des traités pour assurer le respect des conventions de Genève, mais ils fournissent des armes et des renseignements et ils couvrent politiquement et diplomatiquement les atrocités commises par Israël.
Ajoutons à cela que les grands médias occidentaux, de plus en plus proche de l’État et en violation claire de l’article 20 du pacte international relatif aux droits civils et politiques, déshumanisent continuellement les Palestiniens pour faciliter le génocide. Ils diffusent de la propagande de guerre, appellent à la haine nationale, raciale ou religieuse qui constitue une incitation à la discrimination, à l’hostilité et à la violence.
Les entreprises de médias sociaux basées aux États-Unis étouffent les voix des défenseurs des droits humains, tout en amplifiant la propagande pro-israélienne. Les contrôleurs en ligne du lobby israélien, les trolls et les fausses ONG créées par les gouvernements, harcèlent et salissent les défenseurs des droits humains, et les universités et employeurs occidentaux collaborent avec eux pour punir ceux qui osent s’élever contre les atrocités. À la suite de ce génocide, ces acteurs doivent rendre des comptes, comme ce fut le cas pour la radio des Mille collines au Rwanda.
LES PROMESSES ILLUSOIRES D’OSLO
En de telles circonstances, notre organisation doit être efficace et fonder son action sur des principes. Mais nous n’avons pas relevé le défi. En raison de l’intransigeance des États-Unis, le Conseil de sécurité a été de nouveau bloqué. Le Secrétaire général est attaqué pour les protestations les plus bénignes et nos mécanismes de défense des droits humains font l’objet d’attaques calomnieuses et soutenues, venant d’un réseau organisé en ligne pour défendre l’impunité.
Les promesses illusoires et largement fallacieuses d’Oslo ont depuis des décennies distrait, détourné l’organisation de son devoir essentiel de défense du droit international, des droits humains et de la Charte elle-même. Le mantra de la solution à deux États est devenu un sujet de plaisanterie dans les corridors de l’ONU, à la fois pour son impossibilité absolue dans les faits et pour son incapacité totale à tenir compte des droits humains inaliénables du peuple palestinien. Le soi-disant Quartet1 n’est plus qu’une feuille de vigne pour l’inaction et la soumission à un statu quo brutal. Le renvoi (prôné par les États-Unis) aux « accords entre les parties elles-mêmes » au lieu de se référer au droit international a toujours été d’une transparente inconséquence, destiné à renforcer le pouvoir d’Israël sur les droits des Palestiniens occupés et dépossédés de leurs biens.
Monsieur le Haut-Commissaire,
Je suis venu à cette organisation dans les années 1980 parce que j’y ai trouvé une institution fondée sur des principes et des normes résolument du côté des droits humains, y compris dans les cas où les puissants États-Unis, le Royaume-Uni et l’Europe n’étaient pas de notre côté.
Alors que mon propre gouvernement, ses institutions et une grande partie des médias américains soutenaient ou justifiaient encore l’apartheid sud-africain, l’oppression israélienne et les escadrons de la mort en Amérique latine, les Nations unies défendaient les peuples opprimés de ces pays. Nous avions le droit international de notre côté. Les droits humains et les principes étaient aussi de notre côté. Notre autorité était liée à notre intégrité. Mais cela n’est plus le cas. Au cours des dernières décennies, des éléments clés des Nations unies ont cédé au pouvoir des États-Unis et à la peur du lobby israélien, abandonnant ses principes et se retirant du droit international lui-même.
DES VOIX JUIVES AUSSI
Nous avons beaucoup perdu dans cet abandon, y compris notre propre crédibilité mondiale. Mais c’est le peuple palestinien qui a subi les plus grandes pertes à cause de nos échecs. L’ironie de l’histoire veut que la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH) ait été adoptée en 1948, l’année de la Nakba perpétrée contre le peuple palestinien. Alors que nous commémorons le 75e anniversaire de la DUDH, nous ferions bien d’abandonner le vieux cliché selon lequel elle est née des atrocités qui l’ont précédée. On doit admettre qu’elle est née en même temps que l’un des génocides les plus atroces du XXe siècle, celui de la destruction de la Palestine. D’une certaine manière, les auteurs de la déclaration promettaient les droits humains à tout le monde, sauf au peuple palestinien.
N’oublions pas non plus que les Nations unies ont commis le péché originel de faciliter la dépossession du peuple palestinien en ratifiant le projet colonial européen qui s’est emparé des terres palestiniennes et les a remises aux colons.
Nous avons beaucoup de choses à nous faire pardonner.
Mais la voie de l’expiation est claire. Nous avons beaucoup à apprendre de la position de principe adoptée ces jours derniers dans les villes du monde entier où des foules s’élèvent contre le génocide, même au risque d’être battues ou arrêtées. Les Palestiniens et leurs alliés, les défenseurs des droits humains de tous bords, les organisations chrétiennes et musulmanes et les voix juives progressistes qui disent « pas en notre nom », tous nous montrent la voie. Il ne nous reste qu’à les suivre.
Hier, à quelques rues d’ici, la gare centrale de New-York a été complètement envahie par des milliers de défenseurs juifs des droits humains, solidaires du peuple palestinien et exigeant la fin de la tyrannie israélienne (beaucoup d’entre eux risquant d’être arrêtés). Ce faisant, ils ont éliminé en un instant l’argument de propagande (hasbara) israélienne et le vieux trope antisémite selon lequel Israël représente en quelque sorte le peule juif. Ce n’est pas le cas. En tant que tel, Israël est seul responsable de ses crimes.
Sur ce point, il faut répéter malgré les calomnies du lobby israélien que la critique des violations des droits humains par Israël n’est pas antisémite, pas plus que la critique des violations saoudiennes n’est islamophobe, la critique des violations de Myanmar n’est antibouddhiste ou la critique des violations indiennes n’est antihindouiste. Lorsqu’ils cherchent à vous faire taire par des calomnies, nous devons élever la voix, pas la baisser.
LA RESPONSABILITÉ DES NATIONS UNIES
J’espère que vous conviendrez, monsieur le Haut-Commissaire, que c’est ce que parler vrai veut dire, face au pouvoir. Mais j’ai également espoir dans les parties des Nations unies qui ont refusé de compromettre les principes de l’organisation en matière de droits humains, malgré les énormes pressions exercées en ce sens. Nos rapporteurs spéciaux indépendants, nos commissions d’enquête et nos experts en traités ainsi que la plupart des membres de notre personnel, ont continué à défendre les droits humains du peuple palestinien. Alors que d’autres parties des Nations unies (même au plus haut niveau) ont honteusement courbé l’échine devant le pouvoir.
En tant que gardien des normes et des standards en matière de droits humains, le Haut-Commissariat aux droits de l’homme a le devoir particulier de défendre ces normes. Notre tâche, je crois, est de faire entendre notre voix, du Secrétaire général à la dernière recrue de l’ONU et dans l’ensemble du système des Nations unies, en insistant sur le fait que les droits humains du peuple palestinien ne peuvent faire l’objet d’aucun débat, négociation ou compromis, où que ce soit sous le drapeau bleu.
À quoi ressemblerait alors une position fondée sur les normes des Nations unies ? À quoi travaillerions-nous, si nous étions fidèles à nos remontrances rhétoriques sur les droits humains et l’égalité pour tous, s’il y avait imputabilité pour les auteurs de crimes et réparations pour les victimes et une protection des personnes vulnérables et l’accès à l’autonomie pour les personnes détentrices de droits, le tout dans le cadre d’un état de droit ? La réponse, je crois, est simple si nous avons la lucidité de voir au-delà des écrans de fumée propagandistes qui déforment la vision de la justice pour laquelle nous avons prêté serment, si nous avons le courage d’abandonner la peur et la déférence à l’égard des États puissants, si nous avons vraiment la volonté d’embrasser la bannière des droits humains et de la paix. Certes, il s’agit d’un objectif et la côte à gravir est raide. Mais nous devons commencer maintenant ou nous abandonner à une horreur indicible.
Dix points essentiels doivent nous guider.
1- Une action légitime. Premièrement, nous devons, au sein des Nations unies, abandonner le processus d’Oslo qui a échoué et qui est en grande partie fallacieux. Sa solution illusoire à deux États, son Quartet impuissant et complice. Et il faut cesser la mise en berne du droit international pour obéir à des diktats de pure convenance politique. Nos politiques doivent être fondées sans équivoque sur les droits humains et le droit international.
2- Une vision claire. Nous devons cesser de prétendre qu’il s’agit simplement d’un conflit territorial ou religieux entre deux parties belligérantes, et admettre la réalité de la situation dans laquelle un État au pouvoir disproportionné colonise, persécute et dépossède une population indigène sur la base de son appartenance ethnique.
3- Un test unique fondé sur les droits humains. Nous devons soutenir l’établissement d’un État unique, démocratique et laïque dans toute la Palestine historique, avec des droits égaux pour les chrétiens, les musulmans et les juifs et, par conséquent, assumer le démantèlement du projet colonialiste profondément raciste et la fin de l’apartheid sur l’ensemble du territoire.
4- Lutte contre l’apartheid. Nous devons rediriger tous les efforts et toutes les ressources des Nations unies vers la lutte contre l’apartheid, comme nous l’avons fait pour l’Afrique du Sud dans les années 1970, 1980 et au début des années 1990.
5- Retour et indemnisation. Nous devons réaffirmer et insister sur le droit au retour et à l’indemnisation complète de tous les Palestiniens et de leurs familles qui vivent actuellement dans les territoires occupés et au Liban, en Jordanie, en Syrie et dans la diaspora à travers le monde.
6- Vérité et justice. Nous devons appeler à un processus de justice transitionnelle, en utilisant pleinement les décennies d’enquêtes, d’investigations et de rapports accumulés par l’ONU, afin de documenter la vérité et de garantir que les coupables répondent de leurs actes, et qu’il y ait réparation pour toutes les victimes et des remèdes aux injustices qui auront été documentées.
7- La protection. Nous devons insister sur le déploiement d’une force de l’ONU dotée de ressources suffisantes et d’un mandat solide pour protéger les civils, du fleuve Jourdain jusqu’à la mer Méditerranée.
8- Désarmement. Nous devons plaider pour le retrait et la destruction des stocks massifs d’armes nucléaires, chimiques et biologiques d’Israël, de peur que le conflit ne mène à la destruction totale de la région et même possiblement au delà.
9- La médiation. Nous devons reconnaître que les États-Unis et les autres puissances occidentales ne sont pas des médiateurs crédibles, mais plutôt des parties au conflit qui sont complices d’Israël dans la violation des droits des Palestiniens, et nous devons les aborder en tant que tels.
10- La solidarité. Nous devons ouvrir grand nos portes (et celles du secrétariat général) à tous les défenseurs des droits humains palestiniens, israéliens, juifs, musulmans et chrétiens qui sont solidaires du peuple de Palestine et de ses droits humains. Et nous devons mettre fin au flux incontrôlé de lobbyistes israéliens qui assaillent les bureaux de l’ONU où ils prônent la poursuite de la guerre, de la persécution, de l’apartheid et de l’impunité, et dénigrent nos défenseurs des droits humains pour leurs positions de principe en faveur des droits des Palestiniens.
Il faudra des années pour y parvenir et les puissances occidentales nous combattront à chaque étape du processus. C’est pourquoi nous devons faire preuve de fermeté.
Tout de suite, nous devons travailler pour un cessez-le-feu immédiat, pour la fin du siège de Gaza et nous opposer au nettoyage ethnique à Gaza, Jérusalem, en Cisjordanie et ailleurs. Nous devons documenter l’assaut génocidaire à Gaza, contribuer à l’acheminement d’une aide humanitaire massive et à la reconstruction pour les Palestiniens. Nous devons prendre soin de nos collègues traumatisés et de leurs familles et nous battre comme des diables pour une approche reposant sur des principes dans les bureaux de l’ONU.
En tant que Haut-Commissariat des droits de l’homme, rejoignons avec audace et fierté le mouvement anti-apartheid qui se développe dans le monde entier, en ajoutant notre logo à la bannière de l’égalité et des droits de l’homme pour le peuple palestinien. Le monde nous observe.
Nous devrons tous rendre compte de notre position à ce moment crucial de l’histoire. Prenons le parti de la justice.
Je vous remercie, monsieur le Haut-Commissaire Volker, d’avoir écouté ce dernier appel. Dans quelques jours, je quitterai nos bureaux pour la dernière fois, après plus de 30 ans de service. Mais n’hésitez pas à me contacter si je peux vous être d’une quelconque assistance à l’avenir.
Je vous prie d’agréer monsieur le Haut-Commissaire, l’expression de mes salutations distinguées.
aélienne soumet la Bande de Gaza à des bombardements d’une violence inouïe et à un blocus total qui prive la population d’eau, de nourriture, de médicaments. Les hôpitaux, lorsqu’ils fonctionnent, opèrent aujourd’hui sans anesthésiques.
En Cisjordanie occupée, la population palestinienne est soumise à la violence redoublée de l’armée et des colons ainsi qu’à un bouclage du territoire. Nous demandons un cessez-le-feu immédiat à Gaza, la fin des bombardements, des offensives terrestres et des déplacements forcés de populations, ainsi que la levée immédiate du blocus. Nous exigeons que la France s’engage activement dans ce sens. Nous rendons hommage à l’ensemble des populations civiles, palestiniennes et israéliennes, victimes de crimes de guerre. Chaque vie compte. Une paix juste et durable ne sera possible que dans le cadre de la reconnaissance des droits du peuple palestinien, de l’arrêt de la colonisation et de la fin de l’occupation israélienne, dans le respect de l’ensemble des résolutions de l’ONU. Cessez-le-feu immédiat ! Arrêt des bombardements et des déplacements forcés de la population ! Levée immédiate du blocus ! Protection du peuple palestinien à Gaza et en Cisjordanie ! Les libertés d’expression et de manifestation, libertés démocratiques fondamentales, doivent être respectées.
Nous appelons à nous rassembler sur les bases de cet appel et à organiser, en solidarité avec le peuple palestinien, des marches contre la guerre partout en France le samedi 4 novembre.
Paris, le 31 octobre 2023
Membres du Collectif National pour une Paix Juste et Durable entre Palestiniens et Israéliens signataires de l’appel :
Agir Contre le Colonialisme Aujourd’hui (ACCA) – AFD International – AILES Femmes du Maroc Américains contre la guerre (AAW) – Association des Travailleurs Maghrébins de France (ATMF) – Association des Tunisiens en France (ATF) – Association France Palestine Solidarité (AFPS) – Association Nationale des Elus Communistes et Républicains (ANECR) – Association pour la Taxation des Transactions financières et pour l’Action Citoyenne (ATTAC) – Association pour les Jumelages entre les camps de réfugiés Palestiniens et les villes Françaises (AJPF) – Association des Universitaires pour le Respect du Droit International en Palestine (AURDIP) – Cedetim / IPAM – Collectif des Musulmans de France (CMF) – Collectif Faty Koumba : Association des Libertés, Droits de l’Homme et non-violence – Collectif Judéo-Arabe et Citoyen pour la Palestine (CJACP) – Collectif Paix Palestine Israël (CPPI Saint-Denis) – Comité de Vigilance pour une Paix Réelle au Proche-Orient (CVPR PO) – Comité Justice et Paix en Palestine et au Proche-Orient du 5e arrt (CJPP5) – Confédération générale du Travail (CGT) – Droit- Solidarité – Ensemble! Mouvement pour une alternative de gauche écologiste et solidaire – Europe Ecologie les Verts (EELV) – Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR) – Fédération Syndicale Unitaire (FSU) – Forum Palestine Citoyenneté – Génération Palestine –La Courneuve-Palestine – La France Insoumise (LFI) – le Mouvement de la Paix – les Femmes en noir (FEN) – Ligue Internationale des Femmes pour la Paix et la Liberté, section française de la Women’s International League for Peace and Freedom (WILPF) (LIFPL) – Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples (MRAP) – Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) – Organisation de Femmes Egalité – Parti Communiste des Ouvriers de France (PCOF) – Parti Communiste Français (PCF) – Parti de Gauche (PG) – Participation et Spiritualité Musulmanes (PSM) –Sortir du colonialisme – Union des communistes libertaires (UCL) – Union des Travailleurs Immigrés Tunisiens (UTIT) – Union Juive Française pour la Paix (UJFP) – Union Nationale des Etudiants de France (UNEF) – Union syndicale Solidaires.
SOURCE : Solidarité avec le peuple palestinien : manifestations le 4 novembre 2023 - UJFP
Par micheldandelot1 dans Accueil le 4 Novembre 2023 à 07:08
La préfecture de police de Paris a autorisé un rassemblement pour la Palestine ce jeudi. Ce rassemblement, organisé par des élus LFI notamment, entend lancer un appel à un cessez-le-feu au Proche-Orient.
Chose rare, un rassemblement pour la Palestine est autorisé ce jeudi soir à Paris. Ce rassemblement "en solidarité au peuple palestinien" est organisé par des élus de La France insoumise, des collectifs politiques et syndicaux, et est prévu ce jeudi de 18h à 20h30 place de la République.
Un rassemblement autorisé par la préfecture de police de Paris en raison de "la confiance" que place le préfet Laurent Nunez "en les organisateurs". "Eu égard au contenu de l'appel à manifester et aux organisateurs déclarants, cette manifestation ne sera pas interdite mais sera strictement encadrée", précise la préfecture.
Il était temps pour Aurélie Trouvé, députée La France insoumise de Seine-Saint-Denis, à l'origine du rassemblement: "Au départ, Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, avait interdit tout rassemblement de soutien aux Palestiniens en France, ce qui n'a été le cas dans aucun autre pays européen. C'est une attaque grave à un droit fondamental de la démocratie, le droit de manifester", assure-t-elle ce jeudi dans Apolline Matin sur RMC et RMC Story.
"Risque de nettoyage ethnique"
"Nous allons nous rassembler par humanité, car il y a des centaines de milliers de vies en jeu, pour dénoncer le massacre en cours et pour chaque victime, palestinienne comme israélienne", ajoute l'élue.
"Des populations sont bombardées, pilonnées, privées d'eau et d'alimentation. La rapporteure spéciale des Nations unies parle d'un risque de nettoyage ethnique à Gaza. Voilà pourquoi nous allons nous rassembler", défend Aurélie Trouvé
Un rassemblement pour la paix et les victimes mais aussi pour un "cessez-le-feu" alors que l'armée israélienne continue de bombarder la bande de Gaza assiégée: "On dénonce la position du président français qui n'a toujours pas appelé à un cessez-le-feu, contrairement aux Nations unies", poursuit Aurélie Trouvé.
La parole "pas juste et cohérente" d'Emmanuel Macron
Et si Emmanuel Macron a appelé mercredi depuis le Kazakhstan à protéger les populations civiles et reprendre le dialogue politique et le processus de paix au Proche-Orient, la députée LFI estime que "sa parole n'est pas juste et cohérente".
"Il n'a toujours pas appelé à un cessez-le-feu. Il n'a toujours pas condamné les crimes de guerre du gouvernement d'extrême droite israélien. J'aimerais qu'il condamne avec autant de force les actes atroces, les crimes de guerre du Hamas, et les crimes de guerre du gouvernement israélien", appelle Aurélie Trouvé.
Alors que les actes antisémites se multiplient en France depuis l'attaque du Hamas sur le sud d'Israël, la députée assure que La France insoumise a été le premier parti à réagir contre la recrudescence de ces actes : "Nous sommes pour l'union et la concorde dans ce pays, c'est le sens du rassemblement de ce soir", martèle Aurélie Trouvé.
Les bombardements et l’offensive terrestre sur Gaza se poursuivent l’armée commet un massacre à Jabaliya
Au 24e jour de l’offensive israélienne, deux semaines après l’annonce du Siège de la Bande de Gaza, qui a établi le fait qu’en plus des bombardements sur les bâtiments et les populations civiles, les autorités militaires israéliennes ont totalement fermé l’enclave en empêchant les entrées d’eau, de nourriture et d’essence après avoir bloqué l’accès à l’électricité. Cette décision s’est appuyée sur le fait que le ministre israélien de la défense considère les gazaouis comme des « animaux » et qu’il fallait les traiter « en conséquence ».Le 31 octobre, les bilans humains portent déjà à 8525 personnes tué.es (dont 3457 enfants) et plus de 20 000 blessé.es. Le massacre commis le 31 octobre dans le camp de réfugié.es de Jabaliya constitue l’une des attaques les plus violentes depuis le début de l’offensive israélienne.https://twitter.com/i/status/1719355998400319870 DU 29 ET 30 ET 31 OCTOBRELe dimanche 29 octobre, les bombardements se sont poursuivis sur une multitude de villes et camps de réfugié.es de la Bande de Gaza. Dans le même temps, les premières incursions terrestres ont progressé au nord et à l’est de l’enclave.La ville de Gaza a aussi payé le prix fort de ces bombardements. Un immeuble de six étages a été entièrement explosé dans le quartier de Tal-Hawa à l’ouest de la ville. Dans le quartier d’Al-Zaytoun, plus au sud, les frappes ont tué 30 personnes. Cinq maisons ont aussi été bombardées à Al-Tuffah, et deux autres à Shejayia, dans ces deux quartiers à l’est de la ville de Gaza.Deux villes du sud de la Bande de Gaza, (dans la zone présentée comme SÛRE par l’armée israélienne), Khan Younis et Rafah, ont subi des bombardements dans lesquels plus de 50 palestinien.nes ont péri.Cliquez sur ce lienDans la ville de Gaza et dans le camp d’Al-Shate, les frappes se sont poursuivies toute la nuit. Des frappes mortelles ont aussi touché Khan Younis (dans la zone présentée comme SÛRE par l’armée israélienne).La matinée du lundi 30 octobre a aussi été extrêmement meurtrière. Des frappes aériennes et terrestres continues ont touché l’ensemble de la bande de Gaza. Les bombardements au nord, au centre et au sud de Gaza ont causé au moins 40 mort.es dans cette matinée.Au cours des mêmes heures, des groupes de troupes israéliennes et de tanks ont lancé plusieurs raids au nord et à l’est de l’enclave, causant à nouveau de nombreuses pertes. L’avancée des troupes s’est fait en direction de la ville de Gaza dans l’optique de couper les routes reliant la capitale au nord et au sud de l’enclave. Toute cette progression s’est accompagnée de couvertures d’hélicoptères militaires et de frappes aériennes de l’aviation. Au cours de son avancée, l’armée israélienne a éliminé des dizaines de civil.es
Durant l’après-midi, plusieurs bombardements ont tué 10 personnes à Rafah et au moins autant dans la ville de Khan Younis (les deux villes étant dans la zone présentée comme SÛRE par l’armée israélienne).Enfin, et comme c’est le cas depuis plusieurs jours, les bombardements dans les quartiers des différents hôpitaux de la ville de Gaza ont été bombardés pendant que les centres hospitaliers d’Al-Shifa et d’Al-Quds se voyaient renouveler les ordres d’évacuation.Le mardi 31 octobre, restera l’un des jours les plus meurtriers de cette attaque. Au cours de la matinée, les frappes aériennes ont ciblé les villes de Gaza et Rafah et les camps de réfugié.es de Nuseirat et Al-Shate. Des dizaines de mort.es sont à nouveau à
En fin d’après-midi l’armée israélienne a commis un nouveau massacre. En quelques instants, six bombes américaines, pesant chacune une tonne, ont été larguées sur le quartier le plus densément peuplé du camp de réfugié.es de Jabaliya. Les 20 tours résidentielles du camp ont été effacées en quelques secondes. Les bilans humains risquent d’être absolument effroyables. Les premiers décomptes annoncent au moins 100 mort.es et 300 blessé.es
Sources : WAFA / Eye on Palestine / Quds News Network / Alice Froussard / Younis Tirawi
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Au cours de la journée du 31 octobre, une multitude de corps ont été retrouvés et excavés, dans les décombres des bâtiments civils et habitations bombardées au cours des derniers jours. Les autorités sanitaires estiment à 2000 le nombre de personnes coincées dans les décombres des frappes.
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31 OCTOBRE 2023
La soirée et la nuit allant du 30 au 31 octobre ont aussi été d’une extrême violence. L’aviation et l’artillerie terrestre ont à nouveau déversé un flux de frappes continu. Dans la ville de Gaza, à Khan Younis, Rafah, Beit Hanoun, Beit Lahia, Bureij, Nuseirat, les morts de palestinien.nes s’y sont comptées par centaines.
En fin de matinée, l’armée israélienne a bombardé la maison du journaliste Nazmi Al-Nadim dans le quartier d’Al-Zaytoum à l’est de la ville de Gaza. La frappe a tué le journaliste gazaoui ainsi que l’ensemble de sa famille. Nazmi Al-Nadim est le 35e journaliste tué dans les bombardements à Gaza.
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Les hôpitaux ont annoncé des dizaines de nouvelles personnes mortes suites aux blessures subies dans les bombardements des camps de réfugié.es de Bureij et Nuseirat la veille.
Lors de la soirée du 29 octobre, les frappes ont continué à toucher des bâtiments civils. Trois mosquées ont été bombardées. Les mosquées Al-Huda et Al-Fateh ont été touchées dans la ville de Beit Lahia, au nord de l’enclave. L’autre mosquée a été explosée dans le camp de réfugié.es de Jabaliya.
Dans le camp de réfugiés de Jabaliya, l’aviation militaire israélienne a frappé 110 maisons, tuant au moins 45 Palestiniens et blessant d’autres.
Une pluie de missiles s’est abattue sur les camps de réfugié.es d’Al-Shati, Nuseirat, Jabaliya et Bureij. Dans le camp de Jabaliya, 110 habitations ont été détruites dans ces frappes. 40 personnes y ont perdu la vie.
29 OCTOBRE 2023
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Les frappes aériennes et les tirs d’artillerie se sont donc enchaîné continuellement pendant 24 jours sur cette enclave côtière, dont la population vit déjà sous blocus, aérien, terrestre et naval depuis 16 ans. Les frappes sont toujours en cours, elles sont chaque jour un peu plus violentes et meurtrières, mais à l’heure où l’armée israélienne s’apprête à déclencher une incursion terrestre dans ce territoire peuplé par 2,3 Millions d’habitant.es, il semble nécessaire de rappeler que la situation humanitaire est catastrophique et que les dispositions n’ont toujours pas été prises pour acheminer l’aide suffisante et que les bombardements sur des civils s’accentuent chaque jou
L'attaque du 7 octobre 2023 m’a rappelé que mon plus vieux souvenir d’un événement politique n’est autre que celui de la « Guerre du Kippour », en octobre 1973. Les émissions avaient été interrompues. Avec cette interruption, commençait mon intérêt pour la vie politique, les affaires des adultes. 50 ans plus tard, une impression d’avoir vécu ma vie d’enfant, d’adolescent, d’adulte, dans une époque dont tout montre, qu’a posteriori, elle sera désignée comme celle de toutes les occasions perdues, de toutes les erreurs.
Chers rares et lecteurs, je me fais rare par ici ces temps-ci. Le temps des blogs est sans doute passé. Cependant, je compte rester fidèle à ce pari de documenter ce qu’a pu lire et penser un politiste ordinaire au cours de ces années.
Il se trouve que l’attaque à l’encontre d’Israël au matin du 7 octobre 2023 m’a rappelé que mon propre plus vieux souvenir d’un événement politique n’est autre que celui du déclenchement de la « Guerre du Kippour », en octobre 1973. Je n’avais pas encore dix ans, et je regardais (trop avidement) la télévision tout mon samedi après-midi (alors que j’aurais dû plutôt aller chez les scouts auxquels mes parents m’avaient inscrit). Je me rappelle que les émissions avaient été interrompues pour annoncer l’attaque d’Israël par l’Égypte et la Syrie. Cela m’avait à la fois fait grande impression que ce direct totalement inhabituel et m’avait énervé d’être privé de mon émission préférée, où passaient toutes les séries à la mode de l’époque (Les Mystères de l’Ouest, Cosmos 1999, L’homme qui valait trois milliards, etc.) dont je raffolais. Je ne me souviens pas du tout de la réaction de mes parents.
Avec cette interruption, commençait sans doute mon intérêt pour la vie politique, les affaires des adultes. Surtout, l’histoire continuait. Jusqu’alors, la seule ombre historique qui pesait sur l’enfant que j’étais était celle de la Seconde Guerre mondiale. Né en Alsace d’une famille mêlant Alsaciens et « Français de l’intérieur » depuis le lendemain de la victoire de novembre 1918, j’avais sans doute déjà bien des souvenirs à assimiler. Et, là, il y avait une autre histoire à suivre. Ma grand-mère paternelle, très dévote, avait été ensuite en ‘Terre sainte’ en pèlerinage pour l »Année sainte 1975′, et je ne me rappelle pas que mes parents aient été particulièrement inquiets de son voyage. Tout était de nouveau calme alors.
Je ne suis évidemment pas devenu spécialiste du Moyen-Orient. Je ne le connais, comme toute personne suivant l’actualité politique, que pour en avoir suivi les péripéties depuis lors. (A une époque, le conflit israélo-palestinien domina l’actualité internationale en quantité d’articles qui lui était consacré dans la presse française. Ce fut moins le cas les dix dernières années. Et, combien de fois, ai-je dû en expliquer toutes les subtilités de ce conflit aux étudiants de troisième année de Science Po Grenoble lorsque je les préparais au ‘Grand Oral’.) Cependant, une conclusion s’est imposée avec éclat dans mon esprit : vraiment, lors de ces cinquante dernières années, rien ne s’est arrangé « entre le Jourdain et la mer ». On le rappelle assez ces jours-ci, une fois l’émotion un peu retombée : la solution à deux États a été définie par les Nations Unies dès 1947 avec son plan de partage de la Palestine mandataire, et, mutadis mutandis, la solution proposée par la communauté internationale n’a jamais variée depuis lors. Cela apparait toujours comme la seule et unique solution rationnelle dans la mesure où aucune des deux populations concernées n’a envie d’être la minorité dominée de l’autre.
Or nous en sommes, a priori, très loin. Si l’on compare la situation avec celle de 1973, certes déjà peu brillante, la radicalisation des deux côtés est patente. Force est de constater que le Hamas et ses alliés djihadistes ont réussi à terroriser les Israéliens (le mot est faible!), et que l’État d’Israël a, pour l’instant, fait exactement les erreurs que ces derniers attendaient en réponse de sa part en bombardant massivement la bande de Gaza et ses civils palestiniens.
Ce pourrissement sans solution tient à l’absence d’une pression unanime et sans concession sur les deux parties pour arrêter là les dégâts. De ce point de vue, les lendemains de l’assassinat de Yitzhak Rabin, le Premier ministre israélien signataire des Accords d’Oslo en 1995 par un extrémiste nationaliste juif, m’ont toujours paru la grande occasion perdue de ces cinquante années. Les États-Unis étaient alors largement dans une phase d’hégémonie sans partage. En raison même de cet assassinat, ils auraient dû obliger Israël et l’Autorité palestinienne à établir une paix définitive au plus vite, bien plus vite que prévu dans les Accords d’Oslo. Ils ne l’ont pas fait. Voilà le résultat.
Cela importe peu au fond. Comme en matière de lutte contre le changement climatique, l’hégémonie américaine n’a pas été à la hauteur de ses responsabilités. Désormais, dans un monde plus multipolaire, sans plus d’hégémonie évidente, tous les problèmes pendants paraissent encore plus compliqués à résoudre, et ce n’est pas notre très nul Président de la République – de loin le plus nul depuis 1973 – qui risque de faire avancer le Moyen-Orient vers quelque solution que ce soit.
Quoi qu’il en soit, cela me fait de plus en plus une impression pour le moins dérangeante d’avoir le sentiment d’avoir vécu ma vie d’enfant, d’adolescent, puis d’adulte, dans une époque dont tout montre, qu’a posteriori, elle sera désignée comme celle de toutes les occasions perdues, de toutes les erreurs. « Le moment où l’humanité aurait encore pu… »
C’est seulement l’Histoire sans doute avec un grand H. Inexorable. Shakespearienne.
BOUILLAUD
Professeur de science politique (Science Po Grenoble)
Ce documentariste, qui est né et vit au sud de l’enclave palestinienne, témoigne dans Mediapart de ses conditions de survie et demande que des enquêtes indépendantes soient menées sur les modalités et les conséquences de l’offensive israélienne.
yadIyad Alasttal est cinéaste. Il est né, et vit toujours, dans le sud de la bande de Gaza. Il est l’auteur de plusieurs documentaires remarqués : sur une conductrice de bus gazaouie ; sur une infirmière tuée par l’armée israélienne pendant la « marche du retour » en 2018 alors qu’elle portait assistance à un blessé (Razan, une trace du papillon) ; ou sur une équipe de foot constituée de personnes handicapées, nombreuses à Gaza en raison des différents épisodes guerriers qui ont marqué le petit territoire (Gaza, balle au pied).
Conscient de l’importance des récits et des narrations dans toute lutte politique, il avait lancé en 2019 le projet « Gaza Stories » : des formats vidéo courts cherchant à montrer son lieu de vie « autrement » que comme un lieu où l’on ne rencontrerait que des victimes ou des terroristes.
Ces vidéos hebdomadaires cherchaient à donner à voir Gaza « côté vie », sans oblitérer les souffrances vécues par ses habitant·es. C’est une même démarche qui anime le film Yallah Gaza, signé Roland Nurier, auteur notamment du documentaire Le Char et l’Olivier, qui sort sur les écrans français le 8 novembre prochain, et dont Iyad Alasttal a assuré le tournage des images réalisées dans la bande de Gaza où le réalisateur français n’a pas pu se rendre.
Mediapart : Comment se sont déroulés leblackoutet la nuit du 27 octobre pour vous qui êtes né et vivez à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza ?
Iyad Alasttal : C’est la nuit la plus dure que j’ai vécue, que je calcule depuis le début de ma vie ou depuis le déclenchement de cette guerre. Pour moi, comme pour tous les Gazaouis, c’était la panique totale. On ne savait rien de ce qui se passait et on s’attendait au pire. En cas de bombardement sur ma maison, je ne pouvais pas joindre les pompiers ou les services de secours.
J’ai pensé que c’était la fin, imaginé les pires des scénarios. Je me suis demandé si l’armée israélienne n’allait pas avoir recours à l’arme nucléaire. J’habite à 40 kilomètres de Gaza City, mais les bombardements étaient tellement forts et nombreux que j’avais l’impression que tout se passait à la porte d’à côté. J’ai attendu toute la nuit que le soleil se lève pour sortir de ce cauchemar.
En êtes-vous sorti ?
Non, dans la mesure où nous sommes pris dans une guerre atroce, menée par Israël avec un blanc-seing de la communauté internationale. Je suis né à Gaza en 1987, j’ai connu la première Intifada, puis une série de guerres entre 2008 et 2021, mais je n’ai jamais vécu quelque chose qui s’approche de ce que je suis en train de vivre. Franchement, c’est incomparable. Dans la famille Alasttal, je compte déjà 95 morts, et je ne sais pas où cela va s’arrêter.
Ce qui se passe ici, c’est un nettoyage ethnique, avec la volonté de nous tuer ou de nous faire partir. Cela relève d’un génocide. Toute la géographie de Gaza a déjà été entièrement modifiée, j’imagine que vous avez vu les images satellites qui le montrent. Il n’y a aucun endroit sûr où se protéger, ni aucun endroit où l’on pourrait fuir, que l’on se trouve au nord ou au sud de Gaza.
Ce qu’on appelle “aide humanitaire” représente à peine une goutte d’eau dans la mer Méditerranée.
Contrairement à ce que raconte la propagande israélienne, nous ne sommes pas prévenus en amont des bombardements. C’est pour cela que le bilan est si lourd et que l’on compte plus de deux tiers de femmes et d’enfants parmi les plus de huit mille morts déjà recensés.
Dans ma maison, aujourd’hui, nous sommes plus d’une cinquantaine, en comptant ma mère, mes enfants, mes frères, mes nièces, mes neveux et deux familles réfugiées de la ville de Gaza que nous avons accueillies. Et nous savons que nous pouvons être anéantis d’un coup, d’un instant à l’autre.
Il y a les morts directes liées aux bombardements, mais il faut ajouter les personnes qui meurent faute de soin, parce que les dialyses ne sont plus possibles, parce qu’on manque de médicaments pour tout, parce que des centaines de personnels de santé ont déjà été tués et parce que les hôpitaux n’ont pas les moyens de faire face à une catastrophe humanitaire d’une telle ampleur.
Nous n’avons plus rien, plus d’eau, plus d’essence, plus d’électricité, nous allons bientôt manquer de pain. Je dois déjà faire plusieurs kilomètres chaque jour en partant tôt le matin et en rentrant le soir pour obtenir quelques litres d’eau et un ou deux kilos de pain avec lesquels je peine à nourrir ma famille.
Et pendant ce temps, je vois le monde applaudir parce que 107 camions au total ont fini par rentrer dans Gaza depuis le début de la guerre… Mais c’est 300 à 500 camions par jour qu’il nous faudrait ! Ce qu’on appelle aujourd’hui « aide humanitaire » représente à peine une goutte d’eau dans la mer Méditerranée
Il faut un cessez-le-feu immédiat et on ne peut compter que sur la pression internationale pour imposer cela à Israël. Nous avons vécu quatre guerres d’agression, et désormais ce nettoyage ethnique, en une quinzaine d’années. Maintenant, ça suffit. On veut juste vivre en paix et en sécurité. Et on ne peut compter que sur une protection de l’ONU pour cela.
J’appelle les journalistes internationaux à faire pression sur le gouvernement israélien pour pouvoir venir à Gaza, afin de voir et dire ce qu’Israël nous fait.
Depuis que je suis né, ici, il y a trente-cinq ans, je n’ai jamais même entrevu l’ombre de la paix. C’est impossible de vivre dans ces conditions. J’ai trois filles que je n’arrive même pas à rassurer parce que moi-même je suis terrifié et traumatisé. Pouvez-vous imaginer ce que cela signifie d’être totalement impuissant face aux questions ou aux inquiétudes de ses enfants ?
Que l’on soit Fatah ou Hamas, laïc ou religieux, homme ou femme, jeune ou vieux, nous sommes avant tout victimes de l’écrasement et de l’occupation d’Israël.
Ma plus grande fille a 8 ans, et elle commence à s’interroger, à me demander pourquoi c’est la guerre. J’essaie de lui expliquer, de bien parler des « colons » ou des « Israéliens » et de ne pas parler des « juifs », pour prévenir tout risque d’antisémitisme, mais je lui parle de notre terre et de ce qu’Israël fait depuis des décennies pour prendre celle-ci.
Celle du milieu s’appelle Habiba. Elle a 5 ans. Son anniversaire était le 8 octobre et je n’ai pas pu le lui fêter, ni le jour même, ni depuis. Je lui mens en disant que les bombardements qu’elle entend sont des feux d’artifice. J’essaie de détourner l’attention de mes filles en les faisant jouer, en leur faisant faire leurs devoirs, mais c’est impossible de faire cela toute la journée, surtout quand on se sent soi-même dans une situation si désespérée.
Attribuez-vous la responsabilité de votre situation aussi au Hamas ou seulement à Israël ?
C’est une question que l’on pose souvent quand on ne se trouve pas à Gaza. Et est-ce le moment d’adresser des critiques alors qu’on se trouve dans une situation affreuse où l’on voit chaque jour des corps d’enfants réduits en charpie par l’aviation ou l’artillerie israélienne ?
Pour moi, la responsabilité de la situation atroce que nous vivons est à mettre sur les épaules de l’occupation israélienne, qui est bien plus ancienne que le Hamas, puisqu’elle date de 1948. Le Hamas est en place depuis 2006, il était à l’époque soutenu par une partie des Gazaouis et rejeté par une autre partie. Avant le Hamas, c’était le Fatah qui régnait sur Gaza, et le Fatah a employé la résistance armée avant de négocier avec Israël
Mais aujourd’hui, tous les Palestiniens de Gaza sont unis non derrière un parti, mais contre l’armée israélienne qui nous décime. Nous ne voulons plus de l’occupation israélienne ni du siège de Gaza, quelles que soient nos convictions politiques ou personnelles. Que l’on soit Fatah ou Hamas, laïc ou religieux, homme ou femme, jeune ou vieux, nous sommes avant tout victimes de l’écrasement et de l’occupation d’Israël.
Les États-Unis ont mis en doute les chiffres de victimes annoncés par le ministère de la santé gazaoui contrôlé par le Hamas, et repris par l’OMS. Que répondez-vous ?
Lorsque Biden a mis en doute le nombre de morts, le ministère de la santé de Gaza a envoyé une liste avec les noms, les âges et les numéros d’identité. Il suffit de vérifier pour mettre les États-Unis en face de leurs mensonges et contrer la propagande israélienne.
Il faut donc que les journalistes puissent venir ici, que les associations de droits humains puissent venir constater ce que nous vivons, les massacres commis, le génocide en cours... Pourquoi croire ce que dit Israël et pas ce que dit le Hamas ? Pourquoi la vieille dame libérée a-t-elle dit qu’elle avait été bien traitée pendant qu’elle était otage ? Pourquoi même le New York Times a-t-il remis en cause la version de l’armée israélienne censée prouver par l’image que le bombardement de l’hôpital Al-Ahli avait été causé par une roquette du Jihad islamique ?
Nous avons tout essayé mais l’armée israélienne ne veut pas qu’un peuple palestinien puisse exister.
Et alors que des familles entières de Gaza sont purement rayées de l’état civil, avez-vous vérifié l’authenticité des photos de bébés décapités brandies par le premier ministre israélien pour justifier la guerre actuelle ? Est-ce que les viols et les décapitations ont vraiment eu lieu, comme Israël le prétend, ou est-ce que les dénégations du Hamas sont vraies ?
Je ne vous demande pas de prendre parti, mais seulement de venir établir les faits pour savoir qui ment et qui dit la vérité, afin de pouvoir condamner les menteurs. Il faut des enquêtes indépendantes, des spécialistes neutres qui puissent avoir accès au terrain. Or, aujourd’hui, c’est Israël qui empêche cet accès.
Une grande partie de votre travail de documentariste et de cinéaste a consisté à montrer la « résilience » de la population de Gaza, même si ce mot traduit sans doute mal le terme palestinien « soumoud »qui se situe plutôt entre la résistance et la résilience. Celle-ci a-t-elle encore un sens aujourd’hui ?
Le problème, c’est qu’on n’a tout simplement pas le choix que de continuer à résister et exister, ce que signifie le mot soumoud pour nous. Nous connaissons l’histoire, et nous savons que tous les pays colonisés finissent par se libérer. L’occupation de l’Algérie par la France a duré plus de cent vingt ans, mais, à la fin, les Algériens ont obtenu un pays indépendant. Il y a toujours un jour où la liberté arrive.
Nous avons essayé les négociations, la résistance armée, la résistance pacifique. Nous avons tout essayé mais l’armée israélienne ne veut pas qu’un peuple palestinien puisse exister. Pourtant, la Palestine, c’est notre terre, c’est là où nous sommes nés, là où nous avons grandi, là où nous avons fait des bébés. Nous n’avons pas d’autre choix que de rester et de vivre ici.
Votre travail de documentariste a beaucoup cherché à raconter des histoires de Gaza qui ne soient pas seulement des histoires de guerre et de souffrances. Est-ce encore possible ?
Avec le film Yallah Gaza, inspiré de la démarche que j’avais lancée avec le projet « Gaza stories », le projet était de montrer Gaza autrement, à travers le patrimoine, la jeunesse, le foot féminin, la culture… Dans les médias et les chaînes d’info en continu, on ne parle de Gaza que quand il y a des bombardements, et il est donc important de montrer aussi la vie quotidienne, de rappeler que Gaza, ce sont aussi des visages, et non seulement un champ de ruines.
Mais, pour être franc, aujourd’hui, je me demande ce que je vais pouvoir montrer, parce que depuis le 7 octobre, je vis dans un grand champ de ruines. Il est très difficile de représenter ce qu’on vit en ce moment. Mais je reste confiant sur le fait que, malgré le malheur et le niveau de destruction qu’on atteint aujourd’hui, il restera des histoires positives à raconter.
25 jours, je suis horrifié et effrayé et je ne sais pas jusqu'à maintenant comment j'arrive à décrire notre quotidien infernal, et comment j'arrive à témoigner de cette situation horrible.
Comment surtout j'arrive à survivre sur cette terre brûlée
Je suis en colère, et je ne trouve personne pour calmer cette colère accrue
Je me sens impuissant face à cette injustice et cette oppression
Mais je n'ai pas de haine
Je vois la mort jour et nuit.
Avec ces bombes qui tombent près de moi toutes les deux trois minutes
Mon coeur saigne
Malgré ma force, et ma patience exemplaire
Je pleure mille fois par jour et je ne trouve personne pour effacer mes larmes
Je n'ai pas tellement peur mais très inquiet
J'essaie de cacher ces larmes légitimes par un petit sourire sur un visage triste qui voit les génocides se reproduisent années après années avec la complicité d'un monde officiel qui cautionne les crimes odieux d'un occupant qui déteste la vie et la lumière.
De l'interieur , je souffre de la déchirure et de la douleur
Sans montrer tout cela
Je supporte l'insupportable
Dans une région dévastée et laissée à son sort.
J'aime beaucoup la vie comme mon peuple, mais si la mort viendra, personne ne pourra échapper à son destin
Les cinq éléments qui me soulagent dans cette situation catastrophique :
- Les sacrifices de mon peuple, son courage et sa détermination face aux atrocités répétées .
Un peuple toujours debout.
- Les messages de soutien et de solidarité qui arrivent de tous les coins du monde, ces personnes de bonne volonté dignes et courageux qui soutiennent une cause juste et noble.
Ces messages proviennent des gens magnifiques, ils m'aident à dépasser cette situation horrible sans précédent, ce sont des messages du coeur.
Ces personnes qui proposent des aides, je leur dis que le plus important c'est la solidarité morale , les encouragements, et la diffusion des informations sur la Palestine.
Les inquiétudes de ces amis et solidaires quand je ne suis pas en ligne et je ne donne pas un signe de vie ou quand le réseau internet est coupé à Gaza est un honneur pour moi le simple citoyen palestinien de Gaza .
- Mes témoignages sur la situation actuelle dans la bande de Gaza, pour moi informer le monde extérieur sur la réalité sur place est un devoir , c'est ma façon de résister à l'occupation
J'accorde des interventions et des entretiens à tous les médias francophones qui me sollicitent, même si quelques médias n'arrivent pas à être objectifs, ils me coupent les paroles et répètent les mensonges et la propagande de l'occupation.
La réalité sur place personne ne pourra la cacher
Je ne demande pas à ces médias d'être pro palestiniens, mais pro réalité et pro justice.
Mais je trouve toujours un plaisir de mettre mes témoignages sur ma page Facebook et sur les réseaux sociaux car ils sont lus et reliés par des personnes sincères et solidaires.
Témoigner en direct de Gaza est une tâche très difficile dans les conditions actuelles de bombardements intensifs, de la destruction massive , de la pénurie de l'électricité et la mauvaise connexion internet
- Ma fierté d'être palestinien, et d'être citoyen de Gaza qui a décidé depuis longtemps de rester sur sa terre et dans sa ville en dépit de toutes les difficultés pour redonner un espoir à sa population civile, et pour remonter le moral d'une jeunesse souvent désespérée dans un contexte de blocus et d'enfermement.
- Mon optimisme et mon espoir pour l'avenir qui sont toujours là en dépit de l'enfer vécu.
Je suis libre malgré l'occupation...
Je resterai toujours ce pacifiste palestinien qui lutte jour et nuit pour un monde sans guerre et sans violence. Un monde de fraternité et d'amour.
Et je poursuivrai mon combat pour la libération de la Palestine et pour la paix dans la justice par une résistance non-violente, par l'éducation et l'attachement à notre terre.
Je ne laisserai jamais le désespoir me domine
Amitiés palestiniennes de Gaza la détruite, mais Gaza la résistante , Gaza l'espoir et Gaza la dignité .
Les chiffres et les statistiques de ce bilan provisoire sont donnés par le ministère palestinien de la santé et des organisations internationales présentes sur place
8645 morts palestiniens dont 3490 enfants
2150 femmes , et 560 personnes âgées .
21460 blessés
116 médecins et infirmières assassinés suite aux bombardements israéliens intensifs.
1600 personnes sous les décombres
36 journalistes palestiniens assassinés
19 agents de la défense civile assassinés
2000 élèves et étudiants assassinés
76 enseignants assassinés par l'armée israélienne.
32 000 maisons, immeubles , habitations civiles et bâtiments ont été détruits totalement
Situation dramatique jamais vue pour toute la population civile de la bande de Gaza.
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