Le Haut Commandement de l’Armée nationale populaire (ANP) a mobilisé, dimanche, des hélicoptères relevant des Forces Aériennes pour participer aux opérations d’extinction des feux de forêts au Mont Chenoua, dans la wilaya de Tipaza, indique un communiqué du ministère de la Défense nationale (MDN).
« Suite aux incendies qui se sont déclarés, ce jour 14 août 2022, au niveau des forêts du Mont Chenoua, wilaya de Tipaza en 1ère Région militaire, le Haut Commandement de l’Armée nationale populaire a mobilisé des hélicoptères relevant des Forces Aériennes pour participer aux opérations anti-incendie, particulièrement dans les zones inaccessibles », précise le communiqué.
L’engagement de ce type d’hélicoptères « constitue un grand appui à l’action des détachements de l’Armée nationale populaire sur le terrain, pour venir à bout des feux dans les différentes zones forestières et les villages sinistrés. Ces détachements ont pu également sauver et évacuer les familles coincés par les feux », relève la même source.
L’auteure réagit à une publicité récente de HEC Montréal.
La publicité d’attraction énoncée par HEC Montréal est condamnable à plus d’un titre. Elle cible une catégorie de personnes, notamment des femmes venant d’Algérie, mais spécifiquement celles qui sont voilées, comme si les autres n’ont pas le droit de se porter candidates à cette offre. Pourtant, cette institution de formation semble vouloir favoriser un accès universel.
Ce qui est absolument condamnable de la part de HEC, c’est l’ignorance abyssale de cette institution qui se veut ou se dit scientifique en arborant une femme voilée dans une publicité destinée à attirer des étudiantes et des étudiants algériens.
Or, l’Algérie a une histoire sanglante avec le voile islamique et islamiste et non musulman, faut-il le rappeler.
Des milliers de femmes, de jeunes filles et d’adolescentes ont été aspergées d’acide, kidnappées et violées, tuées, égorgées, éventrées, mutilées de la façon la plus barbare qui soit et c’est ce symbole, dont nous gardons les stigmatesà jamais et qui font partie de nos plus douloureux cauchemars, qui est choisi par HEC Montréal.
PHOTO TIRÉE DU SITE WEB DE HEC MONTRÉAL
Une étudiante voilée d’origine algérienne apparaît sur la page d’accueil du site web de HEC Montréal.
Ce choix, non anodin, envoie deux messages, à nous les Algériennes laïques : le premier est la banalisation des crimes commis pour imposer ce symbole dégradant qui n’est point religieux, mais patriarcal, politique, rétrograde et misogyne, et le second un affront aux parents des adolescentes à peine pubères et à toutes ces femmes innocentes arrachées à la vie sous les yeux horrifiés de leurs familles et de leurs proches dont le seul crime, si crime il y avait, était d’arborer leur chevelure tout comme le faisait la petite fille du prophète qui, elle, refusa cette injonction des islamistes il y a de cela 14 siècles.
Cupide Occident
Mes amies et amis d’Algérie ne sont point étonnés de cet Occident cupide en perdition de valeurs humanistes et qui ne sait plus quoi inventer pour maintenir sa suprématie et son hégémonie.
Le souvenir récent de l’abandon des femmes afghanes est encore vif dans nos mémoires.
À vouloir trop étreindre, on finit par étouffer.
Ce que dit HEC Montréal au pouvoir algérien à travers cette publicité décadente est que sa préférence va aux candidates voilées qui prétendent à ce programme.
Et aux Algériens en général : voilez vos filles si vous voulez qu’elles soient acceptées au Québec.
Les pays de la péninsule arabique et l’Iran n’en font pas moins, mais SANS AUCUNE CONDESCENDANCE. Leur misogynie est assumée avec arrogance et relativisée par le communautarisme occidental.
Quelle tristesse pour HEC qui gomme les femmes algériennes qui continuent de lutter pour leur dignité avec courage malgré les vicissitudes.
HEC Montréal choisit un message foncièrement patriarcal et misogyne pour communiquer avec les femmes qui se battent pacifiquement avec dignité pour leur liberté dans ce monde dit arabo-musulman. La nausée me soulève le cœur.
LEILA LESBETFÉMINISTE LAÏQUE, ASSOCIATION QUÉBÉCOISE DES NORD-AFRICAINS POUR LA LAÏCITÉ (AQNAL)
CHLEF - Le ministre des Moudjahidine et des Ayants-droit, Laïd Rebiga, a indiqué samedi à Chlef que la commémoration du 177e anniversaire des enfumades de Sebih, où plus de 2.000 chouhada ont péri, était une halte pour "se remémorer les sacrifices consentis par les chouhada au service de la patrie".
Devant la grotte où le colonisateur français a perpétré, un funeste 12 août 1845, un génocide faisant périr par le feu plus de 2.000 chouhada, le ministre a affirmé que la commémoration de l’anniversaire des enfumades de Sebih, un génocide de plus qui s’ajoute à la longue liste des crimes coloniaux perpétrés en Algérie durant la période des résistances populaires, était une halte pour "rappeler à la jeunesse actuelle les sacrifices consentis par les chouhada au service de la patrie".
"Aujourd'hui, nous nous remémorons les chouhada qui ont péri dans les enfumades de Sebih, car il est du devoir des Algériens d’honorer la mémoire de ces héros, qui ont été exterminés par le feu pour avoir soutenu les résistances populaires de l’Emir Abdelkader et de Cherif Boumaza", a soutenu M. Rebiga.
Cette grotte étant un "témoin vivant de l'histoire de la région", un mémorial ou une fresque immortalisant cet événement historique y sera érigé(e) en coordination avec les autorités de la wilaya, a-t-il annoncé.
A une question de la presse concernant les dossiers liés à la mémoire nationale, notamment celui de la récupération des crânes des chouhada, le ministre a fait savoir que "le travail se poursuit au niveau des hautes commissions mises en place dans son département ministériel en toute objectivité et selon une démarche scientifique".
En marge de sa visite dans la wilaya de Chlef, le ministre a rendu visite au moudjahid Sebai Abdelkader, dit Hadj Redouane, à Aïn Merane, et s’est recueilli à la mémoire des chouhada au cimetière de la même commune.
Le ministre a, par ailleurs, assisté aux travaux d’une conférence sur les enfumades de Sebih et écouté des propositions concernant le mémorial devant immortaliser le tragique événement.
Les enfumades de Sebih à Chlef, un crime colonial ancré dans la Mémoire collective
CHLEF - Les deux enfumades de Sebih, perpétrées à Debboussa, une région située entre les communes de Sobha et Ain Mrane (Nord-ouest de Chlef), figurent parmi les plus grands massacres et crimes contre l'humanité que la Mémoire collective retiendra à jamais et qui entachent irrémédiablement le passé de la France coloniale en Algérie, notamment durant la période de la résistance populaire.
Pour venir à bout de la résistance dans la région de la Dahra, menée par l'Emir Abdelkader et Cheikh Boumaâza, la France coloniale n’a pas hésité à perpétrer durant deux années consécutives (1844 et 1845) de véritables génocides, dont les enfumades d'aout 1854 qui ont exterminé près de 1.500 personnes, brûlées vives dans la grotte de Chaâbet Lebiar, dans la région de Debboussa, commune d'Ain Mrane. Un crime de plus qui s’ajoute à la longue liste des crimes coloniaux perpétrés en Algérie.
"Si le colonialisme est déjà un crime en soi, puisqu’il repose sur une occupation injustifiée, puis une colonisation et un expansionnisme rejeté par tout le peuple algérien, dont les tribus de la région de la Dahra à Chlef et Mostaganem, ces enfumades constituent le summum de la barbarie du colonialisme, qui voulait ainsi punir les indigènes pour leur refus de se soumettre à l’ordre colonial", a estimé Mohamed Belil, professeur d'histoire moderne et contemporaine à l'université Ibn Khaldoun de Tiaret.
Soulignant l’échec cuisant de l'occupant dans la "dissimulation de ses crimes contre l'humanité", cet universitaire a cité pour preuve les correspondances de responsables et dirigeants français qui ont révélé "leur atrocité et brutalité, au grand jour".
Il a cité notamment la correspondance du Maréchal Bugeaud au colonel Pelissier dans laquelle il lui intimait l’ordre de poursuivre les membres de la tribu des Ouled Riah, dans les montagnes de la Dahra à Mostaganem, et de les enfumer, comme l'avait fait Cavaignac, en juin 1844, avec la tribu Sebih d’Ain Mrane.
En effet, la région de la Dahra, s’étendant d’Orléans ville (Chlef, actuellement), à l'Est, jusqu'à Mostaganem à l'Ouest, était devenue difficile à mâter par les forces d'occupation, en raison de la résistance menée par l'Emir Abdelkader et Cheikh Boumaâza, au point où le colonialisme n’a pas trouvé mieux que la politique de la terre brûlée et des exterminations collectives, en procédant pour la 2ème fois, durant la période du 12 au 16 août 1845, à un siège de la tribu Sebih pour la pousser à se retrancher vers l'une des grottes de la région, comme expliqué par M.Belil.
Une autre correspondance envoyée par Saint-Arnaud à son frère raconte comment les soldats français (dirigés par lui), dénués de toute humanité, ont assiégé les membres de la tribu Sebih à l'intérieur d'une grotte, dont ils ont bloqué toutes les issues, au nombre de cinq, avant d’y mettre le feu et de les brûler vifs.
Des massacres nécessitant une divulgation de leurs faits et une documentation
Selon des sources françaises, ces enfumades ont fait 500 victimes, un chiffre majoré par les chercheurs. Les sources locales appuyées par des chercheurs en histoire de la région font état de plus de 1.500 personnes tuées. Sachant que le colonisateur français a tenté par tous les moyens de dissimuler ces crimes et de les jeter dans les méandres de l’oubli. D’où le besoin pressant pour accorder l’intérêt nécessaire à ces événements historiques, à travers des recherches universitaires susceptibles de dévoiler tous leurs secrets.
Un fait corroboré par le responsable de la section locale de l'Académie de la Mémoire algérienne, Mohamed Bachouchi, qui a souligné l'importance de "documenter et de recueillir les témoignages fondés concernant les faits et les circonstances de ces enfumades, qui ont coûté la vie à des milliers d'habitants de la région".
Il a signalé, à ce titre, le lancement par son organisation d’une opération de recherche et de collecte de documents historiques sur ces événements, tout en prenant contact avec des chercheurs en histoire, pour réunir des données et informations sur ce génocide commis par le colonisateur français, ceci d'autant plus que la majorité des sources historiques actuellement disponibles, à ce sujet, sont françaises.
Les habitants de la région espèrent, pour leur part, une action de réhabilitation au profit de cette grotte, témoin des crimes de la France coloniale contre les algériens et l'humanité en général, pour en faire une destination historique pour les chercheurs et autres visiteurs de la région.
"Ce site est doté d’une symbolique immense pour les habitants de la région, qui y voient le reflet du sacrifice et de la résistance de la tribu de Sebih devant l’oppression coloniale", a estimé Ahmed Deghmouche, un habitant de la région, qui a appelé à la réalisation d’une stèle commémorative en leur honneur, ou au moins, une fresque murale pour perpétuer le combat de cette région dans la Mémoire collective et l'histoire en général.
Algerie Maroc: Environ deux mois après la fin des manœuvres du Lion d’Afrique entre les armées américaine et marocaine près de la frontière algérienne, l’Algérie accueille pour la première fois les manœuvres russes du « bouclier du désert » dans une zone militaire adjacente à la frontière avec le Maroc, à la fois alors que la région et le monde connaissent de grandes tensions.
Le ministère russe de la Défense a confirmé dans un communiqué que les manœuvres militaires Desert Shield 2022 auront lieu en Algérie au cours du mois de novembre. Les médias espagnols indiquent que les manœuvres sont un message de défi aux États-Unis et à leurs alliés dans la région.
De nouvelles alliances en lien avec la guerre en Ukraine
Professeur de sciences constitutionnelles à l’université de Tofail au Maroc, Rachid Lazraq, affirme que « dans le contexte des transformations que connaît le monde, l’Algérie tente de se faire une place au sein des grandes alliances » qui se forment.
Lazraq estime que l’Algérie, en accueillant les manœuvres, envoie un message à Washington et au reste des puissances occidentales qu’elle est prête à entamer des négociations et à obtenir des équilibres en se présentant comme une figure importante du Région Afrique du Nord.
Cette annonce renforce la coopération entre la Russie et l’Algérie, qui continue d’apparaître comme le meilleur allié du président russe Poutine en Afrique du Nord.
La première série de ces manœuvres a eu lieu au cours du mois d’octobre 2021 dans la région d’Ossétie du Nord. Cette manœuvre de novembre sera sa deuxième édition.
Cependant, l’analyste algérien, Hakim Boughrara, estime dans une interview à Al-Hurra que « l’adhésion de l’Algérie au Bouclier du désert avec la Russie fait partie d’un contexte de routine pour les manœuvres de l’Armée nationale populaire, et les manœuvres sont dans le contexte de La préparation de Moscou pour la région sud de l’armée russe. »
L’expert algérien en sécurité, Ahmed Mizab, a convenu dans une déclaration à Al-Hurra que les manœuvres « font partie du programme de coordination et de coopération en matière de sécurité entre l’Algérie et la Russie à la lumière des relations stratégiques bilatérales et des défis croissants ».
En réponse au lion d’Afrique
L’annonce des manœuvres « Desert Shield » intervient environ deux mois après la fin des manœuvres du Lion d’Afrique entre l’armée américaine et son homologue marocaine.
« Nous assistons à une escalade de l’extrémisme violent en Afrique de l’Ouest, en particulier dans la région du Sahel », a déclaré à l’AFP le général Stephen, responsable du commandement militaire américain pour la région africaine, en juin, lors de la conclusion des exercices militaires internationaux. « Lion d’Afrique », à Tan-Tan, au sud du Maroc le 30 juin dernier.
Le général américain a ajouté : « Nous assistons également à l’arrivée d’acteurs qui ont des intentions malveillantes dans la région, et je parle spécifiquement des mercenaires russes de Wagner qui sont au Mali. Les pays occidentaux accusent les dirigeants militaires de ce pays d’avoir utilisé les services de cette société militaire privée russe, accusée d’avoir commis des « crimes ».
Pour l’expert en sécurité, Ahmed Mizab, « ces manœuvres ne sont pas une réponse à d’autres manœuvres ou programmes militaires ».
Et l’expert en sécurité de poursuivre, dans son entretien avec le site Al-Hurra : « Étant donné que les dates ont été fixées plus tôt, et que le programme de coopération militaire n’est pas soumis à de tels critères, mais a plutôt des dimensions au niveau stratégique dans le cadre de la capacité- bâtiment et la dimension tactique, qui est la réponse à divers défis.
Mizab estime que « ces manœuvres ont leurs contextes objectifs et ne sont pas liées à des comptes étroits, mais sont basées sur des règles objectives ».
Selon le communiqué du ministère russe de la Défense, les manœuvres auront lieu dans l’État de Béchar, dans des champs de manœuvre à seulement 50 km de la frontière avec le Maroc.
Dans cette région, l’Armée nationale populaire algérienne dispose d’un aéroport et d’une infrastructure dédiée aux manœuvres militaires.
L’analyste algérien, Hakim Bougrara, a exclu que les manœuvres soient dirigées contre le Maroc. Dans son entretien avec Al-Hurra, il souligne que l’Algérie « est un allié de la Russie et un important client des armes russes ».
Selon le communiqué publié par Moscou, environ 200 membres des forces armées des deux pays participeront aux exercices et viseront à renforcer l’interopérabilité des unités en matière de lutte contre le terrorisme.
L’Algérie avait obtenu 100 BMP-3, en plus d’améliorer les avions BMP-1 et BMP-2 aux normes plus récentes, notamment pour les équiper de systèmes de missiles antichar Kornet, un concurrent direct du missile américain Javelin.
L’Algérie a annoncé la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc en août dernier, accusant Rabat d’avoir « commis des actes hostiles depuis l’indépendance de l’Algérie » en 1962, ce que le Maroc a démenti.
Ce sera la seconde visite de Macron à Alger en tant que chef d'Etat. D. R.
La visite annoncée par le président français en Algérie dans son message adressé à son homologue Abdelmadjid Tebboune le 5 juillet dernier est prévue pour le 25 août courant, a-t-on confirmé de sources fiables. Ce déplacement vise cinq objectifs, apprend-on. Alger et Paris œuvreront à consolider durablement la confiance entre les deux pays dans le plein respect de leurs souverainetés respectives et s’emploieront, «de manière constructive et volontaire», au cours du second mandat du président Macron à la réconciliation mémorielle.
Autre objectif de cette visite, qui a failli être compromise suite au classement de l’Algérie par le Quai d’Orsay parmi les pays à grands risques, la plaçant dans la même catégorie que les pays en guerre, l’examen des pistes de coopération économique, y compris dans les domaines de l’énergie et des investissements. S’agissant de la dimension humaine, des solutions idoines aux questions relatives à l’établissement et à la circulation des personnes seront mises en place, ce qui augure la fin de la réduction drastique de visas accordés aux Algériens. Les deux présidents échangeront, enfin, sur les questions internationales et régionales d’intérêt commun, notamment la crise libyenne qui augure une reprise de la guerre civile, la situation au Mali, le dossier sahraoui et la Palestine.
Malgré un optimisme tout relatif, il est difficile de croire que cette seconde visite d’Emmanuel Macron à Alger en tant que président de la République aplanisse les nombreux désaccords qui marquent les relations entre les deux pays. Malgré un certain nombre de gestes censés apaiser les tensions entre les deux capitales, il n’en demeure pas moins que, dans les faits, peu de chose a été fait du côté français pour instaurer un climat serein dans les rapports en dents de scie entre l’ancienne puissance coloniale et une Algérie réfractaire à la soumission et au suivisme, contrairement au Maroc voisin, moins bien «armé» économiquement, diplomatiquement et militairement pour imposer une politique étrangère indépendante.
Récemment, dans un entretien à un site réputé proche de l’ambassade de France, le consul général de ce pays s’est – presque – enorgueilli de ce que la mesure décidée par Paris comme représailles à un prétendu refus des consulats algériens d’accorder le document permettant l’expulsion des sans-papiers ait été appliquée à la lettre, confirmant au passage que le nombre de visas accordés aux Algériens a bel et bien baissé de moitié. Même si cette mesure unilatérale sera vraisemblablement levée à l’occasion de la visite du pensionnaire de l’Elysée à Alger, il reste qu’un tel comportement paternaliste rend difficile le rétablissement de la confiance entre les deux capitales. D’autant qu’on n’est pas à l’abri d’un énième dérapage du volubile Macron, qui a admis lui-même avoir commis de nombreuses erreurs lors d’un discours aux Français.
Présent en Centrafrique depuis quatre ans, le groupe de mercenaires russe s’est peu à peu implanté dans nombre de secteurs économiques locaux et régionaux, au point d’avoir développé des ramifications au Cameroun. Plongée, en exclusivité, dans une organisation qui ne demande qu’à s’étendre.
Le centre-ville de Bangui n’a plus de secret pour eux. Dans leur pick-up, un véhicule blindé de couleur grise qui n’affiche aucune immatriculation, Dimitri Sytyi et Vitali Perfilev ne passent d’ailleurs pas inaperçus aux yeux des plus attentifs. Certes, les deux hommes changent régulièrement de moyen de transport et de marque de 4×4, mais leurs visages sont bien connus des initiés. L’un, Perfilev, un grand blond, est le chef opérationnel des mercenaires du groupe Wagner en Centrafrique. L’autre, Sytyi, jeune homme aux cheveux bruns ondulés qui vit à Bangui depuis quatre années, en est le maître propagandiste et la tête de pont politique.
Dimitri Sytyi, qui a longtemps été l’assistant de Valery Zakharov, le premier patron de Wagner en terres centrafricaines, est comme chez lui au palais présidentiel. Selon nos informations, il y dirige toujours officieusement une cellule de communication qui se charge de promouvoir les actions du président Faustin-Archange Touadéra, de valoriser la coopération avec la Russie et de mettre à mal les intérêts français ou les effectifs de la mission de l’ONU en Centrafrique (Minusca). Sytyi est aujourd’hui le numéro un « civil » de Wagner à Bangui.
Vitali Perfilev, quant à lui, s’occupe officiellement des questions de sécurité, en liaison avec l’état-major centrafricain, Faustin-Archange Touadéra et son ministre de la Défense, Jean-Claude Rameaux-Bireau. Conseiller à la présidence, comme l’a été Zakharov avant lui, il dispose d’un bureau non loin du palais, même s’il préfère recevoir dans ses locaux situés au camp de Roux, espace où est stockée une partie du matériel de Wagner. Côté loisirs, le commandant est un habitué du bar-restaurant Le Casablanca et de ses karaokés, ainsi qu’un amateur de vin rouge. À eux deux, Perfilev et Sytyi contrôlent l’appareil de Wagner, qui s’étend aujourd’hui de Bangui à Douala.
Café, sucre et mercenaires peuls
Depuis 2018, les mercenaires de Wagner sont implantés dans le secteur minier, notamment dans l’or et le diamant, en particulier à travers la société Lobaye Invest, qui dispose de permis d’exploitation dans plusieurs régions du pays. À partir de cette « maison mère », contrôlée financièrement par une nébuleuse d’entreprises rattachées à l’oligarque Evgueni Prigojine, ils se sont progressivement introduits dans d’autres pans de l’économie locale. Cette année, Wagner a ainsi investi le domaine forestier centrafricain via la société Bois Rouge. Selon nos informations, le groupe travaille également à développer des filiales dans d’autres secteurs.
WAGNER CHERCHE À EXPORTER DU CAFÉ ET, À TERME, DU SUCRE DE CENTRAFRIQUE
Le groupe de mercenariat a ainsi créé, il y a environ un an, la First Industrial Company, une entreprise liée à Lobaye Invest qui déploie des activités dans l’agroalimentaire. Vitali Perfilev et ses hommes – notamment un certain Roman, chargé de cet aspect de l’activité wagnérienne – lorgnent ainsi la production locale de café dans la préfecture de la Lobaye et ambitionnent surtout d’intégrer le business du sucre, en se substituant à l’occasion à la Sucaf, filiale du groupe Somdiaa et du français Castel. Dans certaines zones du nord du pays, Wagner profiterait notamment des attaques d’anciens rebelles de l’Union pour la paix en Centrafrique (UPC) d’Ali Darassa contre les sites de la compagnie sucrière pour se poser en second terme d’une alternative.
D’après nos informations, Wagner aurait passé des accords avec le ministre de l’Élevage, Hassan Bouba, ancien bras droit d’Ali Darassa. Bouba a conservé des contacts précieux chez les combattants peuls et il est en mesure de recruter parmi ceux ayant récemment quitté l’UPC. Depuis l’enlisement de la guerre en Ukraine et l’implantation du groupe au Mali, Wagner aurait ainsi engagé par son intermédiaire et celui de ses bras droits, Idriss MaloumetHamadou Tanga, environ 300 ex-upécistes pour remplacer des mercenaires redéployés au Sahel ou dans le Donbass ukrainien. Hassan Bouba est l’une des personnalités qui profitent le plus de la protection des Russes de Wagner à Bangui, alors même qu’il est sous le coup d’une enquête de la justice centrafricaine pour des soupçons de crimes de guerre. Quant à Maloum et Tanga, ils accompagnent fréquemment Perfilev sur le terrain.
Douala, plaque tournante
Comment Wagner parvient-il à toucher les rentes de ce business tentaculaire ? Selon nos informations, les marchandises transitent par le port de Douala. Wagner y a ainsi pris le contrôle d’une société baptisée International Global Logistic (IGL). Fondée par le Centrafricain Anour Madjido, celle-ci a d’abord eu comme « simple » client le groupe de mercenaires, avant de se voir phagocytée par ce dernier plus récemment. À l’heure actuelle, IGL est contrôlée officieusement par un dénommé Nikolaï, qui travaille depuis la capitale économique camerounaise en étroite relation avec Roman et Vitali Perfilev à Bangui. Selon nos sources, l’entreprise assure le transit des marchandises et des conteneurs via le port autonome de Douala, Anour Madjido s’acquittant de toutes les formalités administratives.
Fonctionnant exclusivement avec un système basé sur l’argent liquide, qui transite via des réseaux opaques entre les marchés du PK5 à Bangui et Congo à Douala, l’intermédiaire centrafricain rend compte à Nikolaï. C’est ce dernier qui chapeaute l’organisation au nom de Vitali Perfilev et organise l’approvisionnement. Roman et Nikolaï ont notamment supervisé l’installation, dans la capitale économique camerounaise, d’une usine de torréfaction du café centrafricain. La marchandise transformée devra ensuite être expédiée à l’étranger – notamment en Russie – via le port autonome de Douala.
Cette dernière sert également de plaque tournante pour l’importation de matières premières et de matériel. Outre les engins nécessaires à l’exploitation du bois ou des minerais, Wagner achète ainsi à partir de Douala des produits tels que de l’alcool à bas prix venu du Nigeria. Une fois passé entre les mains de la First Industrial Company et avoir été transformé, celui-ci est ensuite vendu comme de la « vodka » en Centrafrique, notamment dans les rues de Bangui. Sous la forme d’un sachet de 200 millilitres, cette boisson aux effets potentiellement néfastes coûte 200 F CFA (0,30 euro), tandis que la bouteille de 75 centilitres en vaut 7 500. De quoi participer, sans que les consommateurs peu soucieux de leur santé le sachent, à remplir les caisses de Wagner.
Ils se sont récemment écrit, ils se verront bientôt. Selon une source diplomatique, Emmanuel Macron se rendra bien à Alger le 25 août pour une visite d’une journée. « Monsieur le Président et mon cher ami, j’ai l’immense plaisir, en ce 5 juillet 2022 où l’Algérie célèbre son 60e anniversaire de l’indépendance, de vous adresser, au nom de la France et en mon nom propre, à vous, l’Algérie et son peuple, un message d’amitié et de solidarité, accompagné des félicitations les plus sincères à votre pays […]. En réponse à votre invitation, je serai heureux de venir en Algérie prochainement pour lancer ensemble ce nouvel agenda bilatéral, construit en confiance et dans le respect mutuel de nos souverainetés », avait écrit le président français à son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune.
Ce dernier avait envoyé une invitation au chef de l’État français le 25 avril, à l’occasion de sa réélection à la présidence, évoquant une « relation personnelle empreinte de confiance et d’amitié » entre les deux hommes.
Emmanuel Macron avait qualifié la colonisation, lors de sa campagne en 2017, de « crime contre l’humanité » et lancé, une fois élu, un travail conjoint sur la mémoire entre l’ex-puissance coloniale et l’Algérie.
Parallèlement, l’historien français Benjamin Stora, reçu récemment à Alger par le président algérien, a remis, en janvier 2021, un rapport préconisant une série d’initiatives nouvelles que pourraient prendre les autorités à Paris pour mettre en œuvre « une réconciliation mémorielle ».
Mais ces initiatives françaises n’ont pas été suivies d’effet à Alger. L’alter ego de Benjamin Stora, l’historien algérien Abdelmajd Chikhi, n’a toujours pas remis son rapport. Les déclarations en avril 2021 du ministre algérien du Travail El Hachemi Djaâboub, qualifiant la France d’« ennemie traditionnelle et éternel » ont provoqué la colère du président français, et ouvert une crise multidimensionnelle entre les deux pays.
En septembre de la même année, Emmanuel Macron accuse le système « politico-militaire » algérien d’entretenir une « rente mémorielle » à travers une « histoire officielle » qui « ne s’appuie pas sur des vérités ». Quelques jours plus tôt, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, annonce une réduction drastique du nombre de visas accordés aux pays du Maghreb en raison de leur refus de récupérer leurs ressortissants faisant l’objet d’une Obligation de quitter le territoire français (OQTF). Colère d’Alger, qui rappelle immédiatement son ambassadeur à Paris le 2 octobre et interdit aux appareils militaires français engagés au Sahel de survoler le territoire algérien.
Cahin-caha, les deux présidents, qui entretiennent des relations personnelles cordiales, vont renouer le contact. La visite de l’ex-ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian à Alger en décembre 2021 avait conduit au retour à Paris de l’ambassadeur d’Algérie Antar Daoud en janvier 2022. Lors de sa venue à Alger le 5 juillet, Benjamin Stora a été chargé par l’Élysée de remettre un message au président Tebboune. Le 12 juillet, un nouvel ambassadeur algérien, Saïd Moussi, a été nommé à Paris. C’est la deuxième fois qu’Emmanuel Macron se rend en Algérie en tant que président.
"Si tu étais si attaché à ta carte d'ouvrier, c'est sans doute parce que tu étais un homme sans titre. Toi qui es né dépossédé, de tout titre de propriété comme de citoyenneté, tu n'auras connu que des titres de transport et de résidence. Le titre en latin veut dire l'inscription. Et si tu étais bien inscrit quelque part en tout petit, ce n'était hélas que pour t'effacer. Tu as figuré sur l'interminable liste des hommes à broyer au travail, comme tant d'autres avant toi à malaxer dans les tranchées".
En lisant Misère de la Kabylie, reportage publié par Camus en 1939, Xavier Le Clerc découvre dans quelles conditions de dénuement son père a grandi. L'auteur retrace le parcours de cet homme courageux, si longtemps absent et mutique, arrivé d'Algérie en 1962, embauché comme manoeuvre à la Société métallurgique de Normandie. Ce témoignage captivant est un cri de révolte contre l'injustice et la misère organisée, mais il laisse aussi entendre une voix apaisée qui invite à réfléchir sur les notions d'identité et d'intégration.
#RentreeLitteraire22 - En lisant Misère de la Kabylie, reportage publié par Camus en 1939, Xavier Le Clerc découvre dans quelles conditions de dénuement son père a grandi.
L’auteur retrace le parcours de cet homme courageux, si longtemps absent et mutique, arrivé d’Algérie en 1962, embauché comme main d'œuvre à la Société métallurgique de Normandie.
Les Éditions Gallimard vous proposent de découvrir les premières pages du roman de Xavier Le Clerc :
Parmi les 12 à 15000 morts sous les balles allemandes en France pendant l’Occupation, les immigrés originaires du Maghreb, pas tous des combattants, ont eux aussi payé un lourd tribut à la répression aveugle des nazis à la fin de la guerre
Un article d’Olivier Toscer
Le barrage de Génissat dans l’Ain, un haut lieu de la Résistance
Le 8 mars 1944, Tahar Ben Belkacem et Mohamed Ben Ahmed deux ouvriers algériens, accompagnés de Djellil Taïeb, un tunisien natif de Sousse, tous trois affectés au barrage de Génissat dans l’Ain, se rendent consciencieusement à leur travail. La région est alors en pleine ébullition. Un groupe de résistants emmenés par un de leur ancien collègue de travail au barrage, le FFI François Bovagne, est engagé dans un combat avec les forces allemandes, assistées de gendarmes français.
Bovagne alias « Michel », ancien délégué CGT, est une figure de la Résistance dans la région. Il a recruté un groupe de partisans dans les rangs de son syndicat; mais les trois ouvriers n’en font pas partie. Ils se préparent simplement à embaucher. Un destin funeste les attend pourtant. Les trois hommes sont arrêtés sur le bord de la route et torturés à mort. Ils rendent l’âme sans avoir jamais parlé. Et pour cause : ils n’avaient rien à voir ni de près, ni de loin, avec la Résistance.
Larbi Ben Lahyien, un marocain de 56 ans, lui non plus ne faisait pas partie de l’Armée secrète. Il était juste curieux. Le 29 juin 1944 à Saint-Manvieu, dans le Calvados, les SS le surprennent examinant les papiers d’un soldat britannique tué après le débarquement. Soupçonné de faire partie d’un réseau de soutien logistique aux partisans, Ben Lahyen est battu et torturé pendant plusieurs jours avant d’être achevé d’une balle dans la tête.
Massacres de masse
Ces civils nord-africains font parties d’une longue cohorte de victimes d’exécutions sommaires et massacres de masse qui vont endeuiller la France vers la fin de la guerre. Une politique de la terreur mise au point au début de l’année 1944 par les autorités allemandes pour faire face à la stratégie de harcèlement qu’avaient adopté les hommes de la Résistance plus nombreux et mieux armés.
Le Haut Commandant des Forces Allemandes à L’Ouest, Hogo Sperrie
Le plus haut responsable militaire allemand en France, Hugo Sperrie, avait en effet promulgué un ordre général en février 1944. Cette instruction dite « Sperrle-Erlass » prescrivait à la troupe de répondre immédiatement par le feu quand elle serait attaquée par la résistance française. Cette note prescrivait: « Dans la situation actuelle, il n’y a pas de raison de sanctionner le chef d’une unité quiimposerait des mesures trop sévères. Au contraire, il faudra punir un chef trop souple, car il met la sécurité de ses hommes en danger. » Difficile de ne pas y voir un permis de tuer sans condition n’importe qui, même les civils. Une carte blanche qui explique en partie les grands massacres de la fin de la guerre en France comme Oradour-sur-Glane (643 morts) ou Asq (86 morts) par exemple.
La communauté nord-africaine immigrée en France, en paiera elle aussi un lourd tribut, rarement mis en évidence par les historiens depuis. Les exemples d’exécutions sommaires purement gratuites ou par représailles ne manquent pourtant pas. Comme celui par exemple de Mohamed Ben Ahmed, né à Fès au Maroc et installé à Cheylas (Isère) depuis 1920. A 44 ans, il travaille comme manœuvre à l’usine des Hauts Fourneaux et Forges d’Allevard (Isère). Cet ancien soldat de 1ère classe du 5ème régiment de tirailleurs marocains fait prisonnier en 1940 et libéré trois ans plus tard, avait, depuis, repris le cours de sa vie de labeur, tranquillement, sans faire d’histoires. Célibataire, il occupe un petit logement aménagé dans la cité de son usine, en compagnie notamment d’Abdelkader Ben Haouri Ben Ali, un manœuvre âgé de 35 ans, lui aussi marocain.
Le 11 août 1944, le hameau du Villard est le lieu d’une attaque d’une colonne allemande par un groupe de maquisards.
« Morts pour la France »
Le 11 août 1944, un groupe de la résistance s’accroche avec une colonne allemande de six à sept cents hommes dans le hameau du Villard. Mais les résistants se sont montrés trop présomptueux. Ils doivent se replier.
Les Allemands investissent l’usine et fouillent les bâtiments. Ils tombent sur Ben Ahmed et Ben Haouri Ben Ali. Le premier est conduit au bord d’une route, jeté dans le fossé et exécuté d’une rafale de mitraillette dans le dos. Son compagnon abattu de trois balles dans la tête, sans autre forme de procès.
Le maire de Cheylas, dans un rapport daté de juillet 1945 écrira : « leur attitude a tous les deux a été magnifique de simplicité, de grandeur et de résignation ». Les deux hommes ont obtenu, depuis la mention, « morts pour la France ». Comme également, les Algériens Tahar Bendemagh, son cousin Saad et trois autres ouvriers cuvistes de l’usine Péchiney de Saint-Michel de Maurienne en Savoie. Eux ont été fusillés sans raison le 23 août 1944. Ils avaient eu la malchance de se trouver dans les parages d’une embuscade organisée par la Résistance contre une autre colonne allemande battant en retraite après la campagne d’Italie.
Quelques jours plus tôt, le 16 août, Nourredine Rhachide, un cafetier algérien de Lyon, avait déjà succombé. Il avait été raflé par hasard, avec deux autres hommes, par la Gestapo et un groupe de collabos, après l’attaque d’une caserne de la Milice par la Résistance.
En cet été 44, la défaite allemande qui se profilait après le débarquement avait fait sauter les derniers verrous moraux de l’armée nazie. En Côte d’Armor par exemple sur 700 victimes recensées dans le département après le 6 juin 1944, la moitié étaient de simples quidams abattus par colère et frustration, sans le moindre motif, comme Abdelkader Bensaïd par exemple. Natif de Constantine, il buvait un café au Brezellec sur le port de Paimpol, le 5 août 1944 quand des Allemands font irruption dans l’établissement, font sortir tous les consommateurs et tirent dans le tas. Bilan : trois morts dont Bensaïd, 38 ans
Le monument à mort du village de Saint Yan
Quelques jours plus tard, c’est au tour d’Ali Lakrout de tomber. Né au douar Ennalou à Fort-National, marchand forain, sans domicile fixe, Lakrou est arrêté en représailles après le largage de parachutistes britanniques dans la région, qui avait rendu folles les autorités allemandes. Cet immigré est d’abord détenu dans une école catholique de Callacavec trente autres malheureux, dont ses associés Amokrane Lassaoui et Hocine Ouareski ainsi que quatre autres compatriotes. Le lendemain tout le monde est conduit dans une forêt de Plestan et sauvagement assassiné. Les meurtriers sont parfaitement identifiés. Ils sont dirigés par le chef de la Gestapo et de Rennes, assistés d’autonomistes bretons. A la Libération pourtant, les coupables réussiront à passer entre les mailles du filet de la justice.
La communauté des forains qui comptaient à l’époque nombre d’Algériens déplorera deux mois plus tard une autre victime des représailles aveugles allemandes, en la personne de Mohamed Yanes. De passage à Saint-Yan, en Saône-et-Loire, le 31 août, Yanes se retrouve pris en otage avec tous les habitants de ce petit bourg occupés par les Allemands mais assiégés par les FFI.
Les nazis, plus lourdement armés, parviennent à faire fuir les résistants. Mais ils tiennent à faire un exemple. Cinq hommes, dont Yanes, choisis au hasard sont torturés et abattus. Pour essayer de masquer leurs forfaits, les nazis brûleront vêtements et papiers d’identités des otages. Mais à leur départ, les habitants exhumeront les corps, avant de leur donner une sépulture décente.
Leurs noms figurent toujours sur le monument aux morts du village.
Résistants officiellement reconnus ou simplement présumés, des dizaines de ceux que l’on appelaient alors les Nord-Africains ont été passés par les armes par les Nazis. Parfois après avoir été livrés par la police française. Voici le troisième volet de notre série sur « ces héros maghrébins de la guerre de 1939-1945 ».
Un article d’Olivier Toscer
Le 70 eme anniversaire au Mont Valérien du maquis de l’Oisans
Environ 4 500 personnes sont tombées, les mains attachées dans le dos, devant le poteau d’exécution, en France métropolitaine pendant l’Occupation. Parmi deux, à partir de la fin 1941, figuraient des dizaines de travailleurs immigrés originaires du Maghreb.
Selon les archives officielles, les premiers à tomber sous les balles nazies n’étaient pas forcément membres de l’Armée secrète. Ainsi Mohamed Moali, né à Constantine et vivant dans le XIXème arrondissement de Paris, est arrêté, porteur d’un revolver, par les hommes de la préfecture de police de Paris. Etait-il résistant ou simple malfrat, l’histoire n’a pas permis de l’établir. Et les autorités allemandes n’ont que faire de ce détail : il est condamné à mort et passé par les armes le 27 septembre 1941.
Rien ne prouve que Mohamed Bounaceur soit impliqué dans quelque acte de résistance que ce soit, mais il est pourtant jugé comme tel
Deux mois plus tard, c’est au tour de Mohamed Bounaceur de tomber sous les balles allemandes. Ce terrassier de 41 ans également, natif de Mekla, près de Tizi-Ouzou, se fait arrêter, lui aussi par la police française, en décembre 1941 en essayant de négocier de faux tickets de pain. La police française perquisitionne chez lui et tombe sur une arme de poing. L’Algérien est immédiatement livré aux Allemands. Rien ne prouve que Bounaceur soit impliqué dans quelque acte de résistance que ce soit mais il est pourtant jugé comme tel par les Allemands et tombe au Mont Valérien, le lieu habituel des exécutions de Résistants. Au lendemain de la guerre, la municipalité d’Ivry-sur-Seine donnera d’ailleurs son nom à un sentier sur les berges du fleuve.
Est-ce quil s’agit de délinquants ou de sympathisants anti-nazis? Il est difficile de trancher sur le véritable statut des Nord-Africains fusillés à une époque où la Résistance française n’est pas encore réellement organisée. Un temps également où les Algériens coincés en région parisienne, la plupart ouvriers, baignent dans un univers prolétaire, proche du Parti Communiste, entré en clandestinité. Dans le doute, les nazis ne sont pas très enclins à séparer le bon grain de l’ivraie.
C’est ce qui sera fatal, un mois plus tard, en janvier 1942 à Essaïd Ben Mohand Haddad. Lui aussi ouvrier, né dans la région de Tamassit en Kabylie et domicilié dans le XIXème arrondissement de Paris. Il est arrêté porteur d’un revolver, toujours par la police française. Chez lui, on retrouve de la littérature crypto-communiste sous forme de tracts syndicaux. Il sera pourtant condamné par un tribunal allemand pour la seule infraction de « détention d’armes » et passé par les armes. Dans les semaines qui suivent, Amar Zerboudi et Mohammed Aït Abderrahmane, deux autres ouvriers algériens de 39 et 38 ans, subiront le même sort, pour les mêmes raisons.
Mohamed Ben Slimane, figure de la Résistance
A partir du printemps 1942 par contre, des agents assermentés de la résistance commencent à trouver la mort devant le poteau d’exécution. La figure la plus emblématique de cette résistance maghrébine, tombé au champ d’honneur est sans doute Mohamed Ben Slimane.
Mohamed Ben Slimane
Lui était né dans le Grand Sud algérien, dans le département de Laghouat, 43 ans plus tôt. Après quatre ans de service militaire dans le 27ème régiment du train, il s’était installé en France métropolitaine et s’était fait embaucher comme infirmier à l’hôpital du Kremlin-Bicêtre en 1931. Deux ans plus tard, il se mariait avec la bretonne Marie-Louise Corbel. Cinq enfants avaient suivis.
Mohamed Ben Slimane était un père comblé, encarté au Parti Communiste, ultra-dominant dans cette ceinture rouge de Paris. L’infirmier algérien militait ouvertement dans la section communiste de Villejuif, jusqu’en septembre 1939 date à laquelle le Parti Communiste fut interdit. Mais il continua à oeuvrer secrètement dans l’appareil clandestin. Début 1942, il adhère même à l’Organisation spéciale, la branche militaire du PCF. Mais suite à un attentat raté, un militant imprudent de son groupe se fait arrêter. Dans ses papiers figurent une liste de noms.
Ben Slimane est arrêté le 23 juin 1942 par la Brigade spéciale des RG de la Préfecture de Police, de redoutables collabos, chasseurs de juifs et de résistants. Dans ses affaires, la police française retrouve un pistolet, un coup de poing américain et une matraque. Cela suffit pour le faire transférer illico à la Gestapo. Les Nazis le soupçonnent d’avoir participé à un attentat à la bombe dans un café proche du palais de justice où deux collabos avaient été tués. Mais même sous la torture, Ben Slimane ne desserre pas les mâchoires. Les Allemands s’interrogent mais en plein mois d’août un nouvel attentat sanglant à lieu contre des soldats de la Luftwaffe près du stade Jean-Bouin à Paris. Huit soldats allemands perdent la vie. Les Nazis décident, en représailles, la condamnation à mort de 88 détenus. Ben Slimane en fait partie. Il tombe sous les balles allemandes au Mont Valérien, le 11 août. La mention « mort pour la France », lui sera décernée à la Libération.
Des Marseillaises fusent, des « Vive la France, l’Angleterre et la Russie » sont scandés.
Quelques semaines plus tard, c’est au tour d’Omar Ammar d’être passé par les armes. Né en 1895 à Mirabaud, près de Tizi-Ouzou en Algérie, Omar Ammar travaille alors comme un manœuvre sur le terrain d’aviation de Saint-André (Eure). Il est marié, père de cinq enfants, ne fait parti d’aucun mouvement de Résistance mais, baignant dans une ambiance ouvrière proche du parti communiste, cultive des sentiments anti-allemands prononcés. Aussi, le 5 octobre 1941, quand des miliciens arrivent sur le chantier pour tenter de recruter des candidats pour le compte de la Légion des volontaires français contre le Bolchevisme (LVF), une organisation ultra-collaborationniste qui entend combattre aux côtés de l’armée nazie sur le front de l’Est, Omar Ammar voit rouge. Des coups sont échangés entre l’ouvrier immigré, ses collègues de travail et deux hommes de la LVF. Des Marseillaises fusent, des « Vive la France, l’Angleterre et la Russie » sont scandés. Le patriote Omar Ammar est arrêté, condamné à mort par le tribunal militaire d’Evreux et fusillé, en fin d’après-midi, le 5 juin 1942.
Mais c’est durant l’année 1944, celle où la confrontation armée entre les Nazis et la Résistance atteint son apogée que le rythme des exécutions s’accélère. Elles concernent d’abord les Nord-Africains évadés des camps de prisonniers allemands comme Ahmed Yahia par exemple. Né dans la région de Constantine, engagé dans l’armée française et fait prisonnier dès le début de la guerre, Ahmed Yahia se trouve affecté dans une colonne de travail agricole à Moulins-en-Tonnerrois dans l’Yonne.
A l’été 1943, le camp est attaqué par les hommes du maquis Horteur, un groupe de résistants FTP (d’obédience communiste). Yahia parvient à prendre la fuite en compagnie de quatre de ces co-détenus indigènes, le marocain Ali Ben Hamed et trois algériens, Djelloul Ouaheb, Saïd Barich et Arsène Zamouchi.
Fait rare, le secrétaire d’Etat du régime de Vichy,Fernand de Brinon, pourtant connu pour ses sentiments ultra-collaborationniste, intervient en faveur des cinnq travailleurs immigrés condamnés à mort
Ensemble, ces hommes acceptent de s’engager dans le maquis très actif dans l’Yonne. Mais dès septembre, le groupe de résistants est démantelé par les Nazis. Arrêtés et incarcérés à Auxerre, les cinq hommes sont condamnés à mort par un tribunal militaire allemand. Fait suffisamment rare pour être signalé, les autorités de Vichy vont néanmoins tenter d’intervenir pour faire commuer leurs peines. Le secrétaire d’Etat Fernand de Brinon, pourtant connu pour ses sentiments ultra-collaborationniste, intervient : « Ces prisonniers Nord-Africains semblent avoir obéi aux suggestions d’un meneur et facilement influençables, en raison de leurs origines, désorientés par ailleurs, ils ont eu surtout en vue le désir d’une évasion et non pas celui d’une activité anti-allemande, écrit-il aux autorités nazies. Ils n’ont en effet pris aucune part active à l’exécution des attentats perpétrés par les dissidents et n’ont été trouvés porteur d’aucune arme, quoiqu’en ayant à leur disposition ». Et le responsable de Vichy de plaider l’indulgence…en pure perte. Les cinq hommes seront fusillés à Dijon, le 22 avril 1944.
Dans cette période, les autorités d’occupation semblent particulièrement s’acharner sur les Nord-Africains, notamment en les exécutant comme « otage ». Hammouche Slimi, originaire de la commune mixte de Maillot (aujourd’hui M’Chedallah) près de Bouira en Algérie, et marié avec Alexandrine Bas, la veuve d’un soldat mort pour la France en 14-18, se fait rafler à Chatillon-la-Palud dans l’Ain où il réside, trois jours après le débarquement en Normandie. Les Allemands sont furieux, et l’Algérien fait office de victime expiatoire, en compagnie de deux autres hommes du village. Tous les trois sont fusillés, sans procès, ni raison.
Les fusillés du Mont Vélérien
Morts pour la France
Youssef Ben Larbi, 24 ans, originaire de Ouled Saïd dans la région de Timimoun en Algérie et ancien soldat de l’Armée française lui aussi trouve la mort sous les balles de ses exécuteurs allemands à Moulin (Allier) en septembre 1944. Il avait été raflé par hasard dans les rues et assassiné en tant que simple otage. La Gestapo ne savait pas que Ben Larbi était en réalité un authentique résistant enrôlé dans la 3éme Compagnie du 1er Bataillon FFI de l’Allier plus connue sous le nom de Compagnie Forgette…
Après le Débarquement, de toutes, façons, l’armée d’Hitler ne fait plus beaucoup de prisonniers. Les Résistants qui tombent entre leurs griffes ont peu de chance d’échapper à la peine capitale ou pire, comme Saïd Yahi, à l’exécution sommaire. Ce manœuvre, originaire de Dal El Mizan avait rejoint l’Armée Secrète dans le maquis de l’Oisan en Isère en compagnie d’un camarade algérien Azouz Mehedine Ben Mohamed, quand ils sont tous les deux arrêtés, et après un bref interrogatoire par la Gestapo locale, exécutés d’une balle dans la nuque.
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