60 ans des accords d'Évian : une guerre, des mémoires
Les accords d'Évian ont 60 ans. Signés le 18 mars 1962, ils ont mis fin à la guerre d'Algérie et ses huit ans de conflit. Entre 260 000 et 400 000 personnes sont mortes du côté algérien, 30 000 personnes du côté français et plusieurs dizaines de milliers chez les harkis. Une guerre qui a laissé des séquelles psychologiques et politiques durables en Algérie et en France. Plusieurs mémoires s'opposent et la France tente, depuis plusieurs années, de mener un processus de réconciliation.
Une émission préparée par Élise Duffau, Anthony Saint-Léger et Morgane Minair.
Annick Cojean, grand reporter au Monde, était cette semaine l’Invitée d’Hubert Coudurier sur TÉBÉO et TébéSud à l’occasion de la sortie de la BD “Une farouche liberté” (éditions Steinkis) cosignée avec Sophie Couturier et Sandrine Revel, une adaptation du livre de Gisèle Halimi paru en 2020.
“Un roman graphique, ça donne beaucoup de liberté. Des journalistes comme vous et moi on a l’habitude du texte, de travailler sur notre matière et après de jouer avec les mots. Et là, tout à coup, il faut aussi jouer avec le dessin, exprimer en peu de mots l’essentiel”.
“Par le roman graphique, on peut faire passer à la fois de l’émotion, de la sophistication, des choses très raffinées, et de la nuance, surtout !”
“Gisèle Halimi a été pour l’indépendance de l’Algérie, pour Bourguiba, et quand la guerre est arrivée en Algérie, spontanément elle a voulu défendre l’indépendance et défendre les Algériens”
“C’est la vie d’une femme courageuse, intrépide, qui n’avait peur de rien, qui a pris tous les risques”.
“Grâce au hashtag Metoo et aux réseaux sociaux, les femmes se sont rendu compte qu’elles n’étaient pas seules”.
“On ne peut pas dire que la situation des femmes dans le monde va bien !”
S’il est un domaine dans lequel l’arrivée de la gauche au pouvoir change la donne en Amérique latine, c’est celui de la politique étrangère. Alors que plusieurs dirigeants appellent à une relance des processus d’intégration régionale, les capitales passées à gauche n’hésitent pas à afficher leurs désaccords avec Washington. Notamment sur le « dossier Assange ».
l y a l’Amérique qui le persécute, il y a celle qui le soutient. Dès 2010, quand WikiLeaks secoue la planète en rendant public un déluge de documents classifiés, Fidel Castro estime que Julian Assange a mis les États-Unis « moralement à genoux » (1). « [Il] est en train de démontrer que l’empire le plus puissant de toute l’histoire peut être défié », écrit le dirigeant cubain. « Je dois féliciter les gens de WikiLeaks pour leur bravoure et leur courage », tranche le président vénézuélien Hugo Chávez, qui dit avoir « peur pour la vie » du journaliste australien (2). « Il a mis à nu une diplomatie qui paraissait intouchable », commente M. Luiz Inácio Lula da Silva. Avant de compléter : « Le coupable n’est pas celui qui divulgue [les télégrammes diplomatiques] mais celui qui les écrit (3). » L’Équateur de M. Rafael Correa accorde l’asile à Assange dans son ambassade londonienne en 2012. Il y restera reclus jusqu’en 2019.
Aujourd’hui encore, une grande partie des gouvernements d’Amérique du Sud soutient le journaliste, détenu depuis près de quatre ans dans une prison de haute sécurité à Londres en attendant la décision sur son extradition vers les États-Unis, de plus en plus menaçante. Il encourt jusqu’à 175 années de prison. Alors que les gouvernements américains et leurs agences de renseignement le harcèlent financièrement, physiquement et juridiquement depuis treize ans, neuf chefs d’États latino-américains demandent désormais qu’il soit libéré : Mme Xiomara Castro (Honduras) et MM. Andrés Manuel López Obrador (Mexique), Daniel Ortega (Nicaragua), Miguel Díaz-Canel (Cuba), Nicolás Maduro (Venezuela), Gustavo Petro (Colombie), Luis Arce (Bolivie), Alberto Fernández (Argentine) ainsi que « Lula » (Brésil). Ce dernier a même suggéré qu’Assange reçoive le prix Nobel pour avoir « fait la lumière sur les magouilles de la CIA » (RT, 11 septembre 2020 (4)). De son côté, le président mexicain, dit « AMLO », a proposé de lui accorder « la protection et l’asile » (5). Après avoir remis une lettre au président Joseph Biden, il plaide : « Il n’a commis aucun crime grave, n’a causé la mort de personne, n’a violé aucun droit humain. Il a exercé sa liberté, et l’arrêter serait un affront permanent à liberté d’expression (6). »
Une scène digne d’un film
Pour éclairer cette mobilisation, la journaliste chilienne Daniela Lepin Cabrera avance que « la plupart des dirigeants n’ont pas grand-chose à perdre, puisque leurs relations avec les États-Unis ne sont pas des plus fluides ». Pour Renata Ávila, avocate guatémaltèque et amie d’Assange, la position latino-américaine se veut « digne et égalitaire ». Les actions de soutien au fondateur de WikiLeaks constituent « un mécanisme de responsabilisation des États-Unis, qui ne cessent de pointer du doigt les pays latino-américains sur les questions liées à la liberté d’expression, dans une énorme incohérence et sans observer leurs propres actions ». « D’une certaine façon, s’il n’y avait pas eu l’Amérique latine, Assange serait déjà aux États-Unis », conclut Lepin.
« Ce qui m’a frappé en Amérique latine, c’est que je n’ai pas besoin de convaincre qui que ce soit de ce que la CIA est capable de faire en matière d’ingérence, d’enlèvement et d’assassinat politique », commente Kristinn Hrafnsson, le rédacteur en chef de WikiLeaks. Les câbles de la diplomatie américaine rendus publics par WikiLeaks en 2010 confirment ce que la gauche latino-américaine dénonce depuis longtemps : l’interventionnisme frénétique de Washington dans son « arrière-cour ». Les documents publiés montrent qu’en 2004 l’envoyé américain à Caracas, M. William Brownfield, résumait, en cinq points, la stratégie de son ambassade contre le gouvernement de Hugo Chávez : « 1) Renforcer les institutions démocratiques, 2) Pénétrer la base politique de Chávez, 3) Diviser le chavisme, 4) Protéger les entreprises américaines vitales, et 5) Isoler Chávez au niveau international (7). »
Les câbles sur la Bolivie sont également éloquents. Quand M. Evo Morales est élu président, en 2006, sur la promesse de lutter contre la pauvreté et le néolibéralisme, l’ambassadeur américain vient lui rendre une visite singulière. « Cela aurait pu être une scène du film Le Parrain », ironisent Dan Beeton et Alexander Main, du Centre for Economic and Policy Research (CEPR), qui ont effectué un travail de dépouillement des documents. L’ambassadeur explique : si la Bolivie souhaite continuer à bénéficier des prêts internationaux, elle doit montrer patte blanche. « Quand vous pensez à la Banque interaméricaine de développement (BID), vous devriez penser aux États-Unis, lance l’ambassadeur au nouveau mandataire bolivien. Ce n’est pas du chantage, c’est la simple réalité. » Devant l’indifférence affichée par M. Morales, le département d’État s’attelle à renforcer l’opposition bolivienne par l’intermédiaire de l’Agence des États-Unis pour le développement international (Usaid). Pour ce faire, des organisations locales opposées à M. Morales sont arrosées de dollars, selon un câble d’avril 2007 diffusé par WikiLeaks. Un an plus tard, une rébellion éclate, faisant au moins vingt morts parmi les partisans du président. Un autre document révèle que Washington envisage alors divers scénarios de renversement, voire d’assassinat, de M. Morales. Des télégrammes diplomatiques établissent que des procédés similaires ont été employés dans les années 2000-2010 au Nicaragua, en Équateur… Comme le notent les deux analystes du CEPR, ces câbles-ci devraient constituer « une lecture obligatoire pour les étudiants en diplomatie et ceux qui souhaitent comprendre comment fonctionne réellement le système américain de “promotion de la démocratie” ».
Assange et ses collègues n’ont cependant pas sélectionné leurs publications dans le but d’embarrasser exclusivement les États-Unis. Les révélations de WikiLeaks ont concerné le monde entier. Certaines d’entre elles ont d’ailleurs suscité un certain malaise dans les rangs de la gauche latino-américaine. Comme lorsque les Vénézuéliens apprennent que les services de renseignement cubains conseillent directement le président Chávez au nez et à la barbe du Sebin (le service de renseignement vénézuélien). Ou quand le ministre de la défense de « Lula », M. Nelson Jobim, confie aux diplomates américains que M. Morales souffre d’une tumeur cancéreuse dans le nez (information démentie par le président bolivien). Dans la même série de révélations, on apprend que Chávez a « encouragé » M. Morales à nationaliser les hydrocarbures boliviens en 2006, ce qui a entraîné des tensions avec le Brésil, la mesure concernant vingt-six compagnies étrangères, dont le groupe brésilien Petrobras.
« Il faudrait ériger une statue en l’honneur de WikiLeaks », avait dit Castro lors des grandes révélations de 2010. Cinq ans plus tard, depuis son asile à l’ambassade équatorienne à Londres, Assange comparait le traitement qu’il subissait à celui de Cuba : « Quand on lit les documents internes de la Maison Blanche et du Conseil de sécurité nationale, on comprend qu’il ne s’agissait pas tellement de Cuba ; [les États-Unis] ne se souciaient pas tant que cela de Cuba en réalité. En revanche, ils se souciaient de l’exemple de Cuba pour le reste de l’Amérique latine. Si les autres pays avaient vu que l’on pouvait (…) mener impunément une lutte pour l’indépendance, ils auraient fait de même et cela aurait créé un gros problème. C’est la même attitude avec WikiLeaks. Ils ne veulent pas de cet exemple où on réussit à rendre la vie difficile à l’establishment américain du renseignement, de l’armée et de la diplomatie. D’où cette volonté de dissuader quiconque de suivre notre exemple (8).
Abdelkader Boumlik dit "Si Kouider", chahid exécuté à la guillotine, est l'un des symboles de la glorieuse guerre de libération nationale et restera la "fierté" de la wilaya de Sidi Bel-Abbès.
Né le 24 novembre 1926 au douar Mehaid dans la commune de Belarbi (w. Sidi Bel-Abbes), Abdelkader Boumlik a vécu son enfance dans un milieu pauvre, réussissant néanmoins à obtenir un certificat de fin d’étude primaire (CEP) avant d’abandonner les études pour subvenir aux besoins de sa famille, indique Abbès Kouider, chercheur en Histoire.
A l’adolescence, poursuit-il, Abdelkader Boumlik décrocha un emploi dans une briqueterie où il remarqua les conditions de travail de l'ouvrier algérien dans les usines des colons, un facteur ayant ainsi contribué à forger sa personnalité et à aiguiser son esprit patriotique.
Ainsi, il s'engagea dans l’action syndicale en 1949 et adhéra au Mouvement de triomphe des libertés démocratiques (MTLD) en activant au sein de l'Organisation spéciale (OS), selon le chercheur.
Au départ, Abdelkader Boumlik s'était vu confier la mission de distributeur de journaux nationaux et de tracts dénonçant le colonialisme et incitant les travailleurs algériens à revendiquer leurs droits à l'égalité, en plus d'écrire des graffitis pour mobiliser les masses en prévision du déclenchement de la Révolution.
Peu après le déclenchement de la Guerre de libération, Si Aissa Bouzid, chargé de la mission de coordination entre les régions de Sabra (Tlemcen) et Sidi Bel-Abbes, a rencontré Abdelkader Boumlik à la fin de l’année 1954 pour discuter des voies et moyens d’étendre la révolution dans la région qui connaissait une présence accrue des forces coloniales et où le manque d’armes se faisait sentir.
Abdelkader Boumlik a intensifié son action militaire sous le nom de guerre "Si Kouider", menant des opérations fidaies héroïques sous la houlette du commandement de la révolution dans la région. Son courage et sa perspicacité lui ont valu en 1955 d’accomplir d'autres missions, notamment celle de tenir des réunions dans sa maison au quartier Campo, qui porte aujourd’hui son nom et dans d'autres lieux secrets.
En un temps court, il parvint à former une cellule de fidaïs qui sema la terreur dans le camp des autorités coloniales. Il conduisit ainsi onze opérations dont celle de sabotage et de destruction de poteaux téléphoniques et électriques, d’attentat contre des membres de la police et de l'armée coloniale et leurs agents et d’attaques d’entrepôts et de fermes de colons.
Parmi les opérations fidaies spectaculaires, le vaillant Si Kouider a chargé le militant Mahdjoub El Ghaouti d’incendier une grande ferme d’un colon dans les environs de Kaid Belarbi.
Le 24 novembre 1955, Boumlik Abdelkader fut arrêté à proximité de sa maison familiale, a rappelé Pr Abbès Kouider soulignant que les forces coloniales ont également arrêté d'autres membres de la cellule fidaie, à savoir Dalaa Kaddour, Mehadji Benabdellah, Samiria Benabdellah, Kaddour Benamro Hor Abdelkader, le fidai dit Salah, Djilali Feraoun, Hadj Benzineb et Belabbès Saim qui furent incarcérés dans la caserne de la Légion étrangère au centre-ville.
Suite à des interrogatoires et des tortures 20 jours durant, ce groupe de fidaïs a été transféré à la prison de Sidi Bel-Abbes avant de comparaître 7 mois après devant le tribunal militaire d'Oran. Dans son intervention à l’audience, Abdelkader Boumlik a crânement défendu ses compagnons et sa cause avec courage et habileté, donnant une leçon aux colonisateurs.
"Une peine de 20 ans, je ne crois pas la passer dans les prisons de la France qui ne devra pas rester aussi longtemps dans mon pays. Je sortirai inévitablement de la prison d'ici un ou deux ans au plus", disait-t-il, ajoutant: "je ne reconnais pas le tribunal de l'ennemi français, qui n'a pas le droit de me poursuivre dans mon pays".
Les membres du groupe ont été condamnés pour plusieurs affaires à des peines allant de 5 ans de prison à la réclusion à perpétuité.
Abdelkader Boumlik fut condamné deux fois à 20 ans de prison et, après un appel en cassation le 25 mai 1956, à la peine de mort et fut placé dans une geôle avec son compagnon Hor Abdelkader.
Le 1er décembre 1956, il fut transféré seul vers la cellule 13 réservée aux condamnés à mort. Un numéro 7046 lui fut attribué.
Le 4 décembre 1956, il fut exécuté. Dirigé vers la guillotine, il recommanda à ses compagnons de continuer la lutte tout en leur rappelant qu'il a laissé une fille à Sidi Bel-Abbès. Ses dernières paroles furent "Allah Akbar et vive l'Algérie".
La moudjahida Yasmina Belkacem a été honorée lors de cette manifestation par le conseiller du président de la République chargé des Archives et de la Mémoire nationale.
Les activités de la semaine historique et culturelle sur la Guerre de Libération nationale ont débuté mardi au Palais de la culture Moufdi Zakaria (Alger) sous le thème «Les amis de la révolution algérienne: Algériens de coeur et de sang», et ce, dans le cadre de la commémoration de la Journée nationale du chahid célébrée le 18 février de chaque année. Dans une allocution prononcée à cette occasion, le conseiller du président de la République chargé des Archives et de la Mémoire nationale, M. Abdelmadjid Chikhi a affirmé que «cette manifestation est organisée en l'honneur des amis de la révolution algérienne et en reconnaissance de leur soutien malgré toutes les intimidations subies de la part des régimes politiques hostiles à la Guerre de libération dans leurs pays». Rappelant le soutien indéfectible de l'Algérie aux causes justes à travers le monde, il a relevé que les amis de la révolution algérienne ont soutenu l'Algérie partant de ses principes justes affirmant que «nous ne renoncerons jamais à soutenir ce qui est juste». M. Chikhi a expliqué que la Journée nationale du chahid «est une reconnaissance pour les sacrifices importants des chouhada pour le recouvrement de la souveraineté nationale», insistant sur la nécessité de rester fidèles à leur serment, à savoir le sacrifice pour la patrie».
Il a insisté, en outre, sur le rôle de l'enseignement dans la préservation de la Mmémoire nationale et la transmission des valeurs nationales aux générations montantes.La moudjahida Yasmina Belkacem a été honorée lors de cette manifestation par le conseiller du président de la République chargé des Archives et de la Mémoire nationale. Différentes activités culturelles et des conférences sur l'histoire de la Guerre de libération ainsi qu'une journée de reboisement sont également prévues à l'occasion.
Grâce à la technologie du scanner, Sahar Saleem a notamment découvert la blessure au couteau à la gorge de Ramsès III, qui a très probablement causé sa mort.
Le Dr Sahar Saleem place une momie royale dans le scanner du Musée égyptien du Caire (MEE/avec son aimable autorisation)
Plusieurs mystères de l’égyptologie vieux de 3 000 ans ont finalement été résolus au cours des deux dernières années ; la façon dont les pharaons de l’Égypte antique vivaient et mouraient et à quoi ils ressemblaient de leur vivant ont fait l’objet de nouvelles révélations.
Une radiologue en particulier a joué un rôle de premier plan dans ces découvertes, en offrant notamment l’année dernière une vue de l’intérieur du cercueil du pharaon Amenhotep Ier à l’aide de la technologie du scanner.
Le projet dirigé par Sahar Saleem, professeure et responsable du département de radiologie de la faculté de médecine de l’Université du Caire, a révélé une mine de nouvelles informations sur l’un des plus grands gouvernants de l’histoire égyptienne.
La momie, qui a été découverte pour la première fois en 1881, était entourée de mystères et d’interrogations car les historiens hésitaient à enquêter davantage par peur de l’endommager.
Mais le Dr Saleem est à l’origine, plus de trois millénaires plus tard, de nombreuses découvertes grâce au scanner non invasif, une technique qui a permis de réaliser des images en 3D du corps et du visage de la momie.
« La meilleure découverte »
« C’est la meilleure découverte au monde, pas seulement dans [le domaine] des antiquités égyptiennes », se réjouit le Dr Saleem, rencontrée par Middle East Eye.
« Ce qui a enthousiasmé les médias à propos de cette découverte, c’est qu’ils ont pu voir le visage du roi Amenhotep Ier, fils du roi Ahmose, conquérant des Hyksôs, 3 000 ans plus tard. »
« J’ai vu le visage du roi pour la première fois. Son ossature montre qu’il était en bonne santé »
- Sahar Saleem, radiologue
« J’ai examiné la momie par scanner sans décoller les parchemins ni endommager les restes organiques. J’ai vu le visage du roi pour la première fois. Son ossature montre qu’il était en bonne santé. Il est mort à 35 ans », précise-t-elle.
Le scanner est un type de radiographie avancée où des centaines d’images du corps sont prises et assemblées à l’aide d’un ordinateur, fournissant un modèle tridimensionnel de l’objet étudié.
En 1881, environ 50 momies ont été retrouvées dans une cachette de la ville moderne de Louxor appelée Cachette royale de Deir el-Bahari. Les momies y étaient stockées dans le but de les protéger des voleurs de tombes.
En 1898, un autre groupe d’une vingtaine de momies a été découvert dans une cache royale de la vallée des Rois. Elle incluait des souverains ayant régné de la XVIIe dynastie (environ de 1580 à 1550 avant notre ère) à la XXe (de -1189 à -1077).
Selon Sahar Saleem, toutes les momies ont été déballées de leurs rouleaux de lin par des experts en antiquités en présence du khédive, qui régnait alors sur l’Égypte, et d’ambassadeurs.
Des touristes visitent le site de Deir el-Bahari à Louxor, où 50 momies ont été retrouvées en 1881 (AFP)
« La momie d’Amenhotep Ierest la seule à ne pas avoir été ouverte », raconte la radiologue.
« La momie est surmontée d’un masque funéraire et de couronnes de fleurs colorées, jaunes et bleues notamment », décrit-elle.
Le projet a déjà aidé à résoudre de nombreux mystères restés jusqu’alors sans réponse. L’un des principaux concerne le projet de réinhumation mené par les prêtres de la XXIe dynastie.
« Les prêtres ont lancé ce projet après avoir constaté que de nombreuses tombes royales avaient été pillées et que les momies avaient été brisées. Il était destiné à restaurer les momies et à les réenterrer, mais cette fois, cachées dans un endroit plus sûr », explique-t-elle. L’endroit le plus sûr était les deux caches royales découvertes plus tard.
Cependant, de nombreux débats tournent encore autour de la momification originale des corps, avant l’intervention des prêtres.
La numérisation d’Amenhotep Ier par le Dr Saleem a aidé à y apporter une réponse.
« Plusieurs égyptologues ont soutenu que le projet de réinhumation était un moyen de voler les anciennes momies royales afin de donner leurs biens aux rois suivants de la XXIe dynastie, mais ma numérisation révèle le contraire », affirme-t-elle.
La momie du roi Amenhotep Ier (vers 1500 av. J-C) (MEE/photo fournie)
« Elle montre que la momie d’Amenhotep Ier a été décapitée. Ensuite, les prêtres, dans leur projet de réinhumation, ont fixé la tête avec de la résine, un matériau semblable à de la colle prélevé sur des cèdres du Liban. Son pied était cassé alors ils l’ont fixé au-dessus d’une planche. »
Le scanner a également révélé la présence de 30 amulettes fabriquées à partir de différents matériaux, dont l’or, ainsi qu’une ceinture composée de 34 perles d’or.
Pour le docteur Saleem, il est illogique que les amulettes et la ceinture dorée soient toujours dans les tombes si les prêtres avaient l’intention de les voler. Pour elle, la numérisation des tombes montre que les prêtres de la XXIe dynastie étaient en fait animés par l’envie de prendre soin de leurs rois.
« Gardienne de ma civilisation »
L’intérêt du Dr Saleem pour les momies découle non seulement de ses études, mais aussi de son désir de contribuer à la préservation et à la protection de sa propre civilisation.
Sahar Saleem est spécialisée en paléo-radiologie, c’est-à-dire l’imagerie des antiquités. Elle a participé au scanner de centaines de momies, un voyage qui a commencé en 2004.
« J’ai immédiatement pensé qu’en me spécialisant dans ce domaine, je pouvais en faire profiter ma propre civilisation »
- Dr Sahar Saleem, radiologue
À l’époque, elle étudiait la radiologie à l’Université Western Ontario au Canada, et sa tâche lors de son premier jour de travail l’a quelque peu surprise.
« Lors de mon premier jour à l’hôpital, ils ont amené une momie égyptienne pour la soumettre à un scanner. J’ai immédiatement pensé qu’en me spécialisant dans ce domaine, je pouvais en faire profiter ma propre civilisation », confie-t-elle.
« J’ai la capacité de comprendre ma civilisation et d’en être la gardienne. »
Sahar Saleem a rejoint le groupe de recherche actif en paléo-radiologie de l’université, qui comprenait différentes spécialités scientifiques telles que l’anthropologie et la pathologie. Elle est l’une des rares radiologues spécialisés dans ce domaine à travers le monde.
« Nous avions coutume de discuter entre nous de la manière de comprendre la civilisation, chacun selon son domaine d’expertise. Nous discutions de la façon dont nous pouvions développer nos spécialités afin qu’elles nous aident à mieux comprendre la civilisation et les appliquer aux antiquités. »
Parade dorée des pharaons
Tous les regards étaient tournés vers l’Égypte en avril 2021 lorsque 22 momies d’anciens souverains égyptiens ont été transférées du Musée égyptien de la place Tahrir, dans le centre du Caire, au nouveau Musée national de la civilisation égyptienne, dans le vieux Caire.
La somptueuse célébration a attiré l’attention du monde entier ; les momies étaient transportées dans des véhicules conçus de manière à ressembler aux bateaux traditionnels utilisés dans l’Égypte antique pour acheminer les pharaons jusqu’à leurs tombes.
Le spectacle, une étape importante dans la présentation du riche patrimoine égyptien au reste du monde, a également mis en lumière l’aspect technique du transport des momies.
Sahar Saleem a travaillé aux côtés d’une équipe de conservateurs de momies en utilisant la technologie du scanner pour fournir des informations sur la façon de résoudre les problèmes liés à la sécurité des momies pendant le transport.
Après une série de tests et de numérisations, les momies ont été déclarées aptes au transfert par l’équipe de conservation. Chacune d’entre elles a été placée dans un coffre rempli d’azote, sans oxygène, et transportée sur un véhicule équipé d’un matériau capable d’absorber les chocs.
Résoudre les mystères grâce au scanner
La Parade dorée des pharaons a été un moment charnière non seulement pour célébrer l’histoire égyptienne, mais aussi pour identifier des informations clés auparavant inconnues.
Lors de la numérisation des momies avant le défilé, les scanners ont en effet révélé de plus amples détails sur la façon dont les monarques étaient décédés.
Le docteur Saleem a sélectionné deux momies royales sur lesquelles effectuer un scanner : Seqenenrê Tâa de la XVIIe dynastie (1558-1555 avant notre ère) et Ramsès III de la XXe dynastie (1186 à 1155 avant notre ère).
Les momies de dix-huit rois et quatre reines ont été transférées au nouveau Musée national de la civilisation égyptienne (AFP)
« Seqenenrê a été tué lors d’une bataille contre les Hyksôs, pas dans un complot comme cela avait été dit auparavant. Je l’ai su en examinant les blessures sur son corps », explique-t-elle.
« Le scanner révèle que ses blessures correspondaient aux armes des Hyksôs, ce qui indique qu’il a été tué dans une bataille contre eux. »
Les armes ont été trouvées dans des tombes de la capitale des Hyksôs, Tell el-Dab’a (Avaris), dans la partie nord-est du delta du Nil.
Le scanner de Ramsès III a révélé qu’il avait été tué dans une conspiration de harem orchestrée par sa femme, la reine Tiyi, pour placer son fils Pentaour, âgé de 18 ans, sur le trône à la place de l’héritier légitime, Ramsès IV.
« Le scanner montre que le roi avait de multiples blessures : une coupure mortelle au cou ainsi que le gros orteil gauche amputé. »
Avant sa numérisation, la cause du décès de Ramsès III n’avait pas été solutionnée.
Reconstitution faciale des pharaons
Au cours de son travail sur les momies, Sahar Saleem a développé le désir de savoir à quoi ressemblaient les pharaons de leur vivant.
À cette fin, elle a lancé un projet scientifique visant à réaliser une reconstruction faciale des rois Toutânkhamon et Ramsès II sur la base des scanners de leurs momies.
Pour Ramsès II, Saleem s’est associée à l’anthropologue britannique Caroline Wilkinson de l’Université John Moores de Liverpool, surtout connue pour son travail sur la reconstruction faciale médico-légale. L’équipe a construit numériquement le visage du roi en ajoutant des couches de muscles au crâne.
Le Dr Saleem a reconstitué le visage du roi Toutânkhamon à partir du scanner de sa momie (MEE/photo fournie)
Pour la reconstruction faciale du roi Toutânkhamon, le Dr Saleem a fait équipe avec Andrew Nelson, professeur d’anthropologie à la Western University, et le sculpteur canadien Christian Corbet. Le projet scientifique a été documenté par Soura Films pour la chaîne publique américaine PBS.
« Nous avons réalisé le processus en utilisant le crâne imprimé en 3D sur la base des scanners de la momie. Les muscles du visage ont été ajoutés à la modélisation du crâne en utilisant des mesures de visages égyptiens.
« La visualisation des visages réels des pharaons au cours de leur vie nous aide à nous connecter à leur côté humain », estime Sahar Saleem, qui a dirigé l’année dernière plusieurs projets scientifiques ayant recours au scanner pour reconstruire les vrais visages des grands pharaons égyptiens.
« Ceci est venu célébrer le premier centenaire de la découverte de la tombe du roi Toutânkhamon, ainsi que le bicentenaire de la naissance de l’égyptologie. »
Forte de ces progrès significatifs, la radiologue n’a pas ralenti le rythme et travaille actuellement à l’interprétation de plus de 40 scanners d’anciens rois et reines d’Égypte antique.
Elle passe la majeure partie de son temps sur le terrain, effectuant des radiographies sur les sites de fouilles de Saqqarah. À l’avenir, elle dit souhaiter continuer à collaborer avec des musées internationaux pour aider à l’étude et l’exposition des momies de l’Antiquité.
Dans Moudakirat jazaïria, 4e partie, édition Casbah, 2023, Ahmed Taleb Ibrahimi revient sur la période 1988-2019. Les mémoires d’un homme sont toujours le bilan d’une vie. Ils renseignent sur ce qu’a accompli leur auteur, sur son regard sur les hommes, sur sa perception des évènements qu’a connus son pays, et quelquefois plus loin encore.
Ahmed Taleb Ibrahimi a côtoyé les plus grands d’Algérie et souvent aussi les plus grands du monde. Jeune homme, il a subi le sort qui a été celui de beaucoup d’Algériens : les geôles coloniales, la torture et les affres de l’incertitude des lendemains. Les lendemains d’Ahmed Taleb furent-ils à la mesure de ce à quoi il pouvait prétendre, sans doute légitimement ? Lui seul peut répondre à cette interrogation. De quelle façon cet homme à la parole mesurée – ce qui est la meilleure démarche pour éviter d’inquiéter le puissant du jour et donc de survivre politiquement – a-t-il marqué son époque ?
L’histoire, qui fera les décantations dont elle a le privilège, inscrira dans ses pages indélébiles le nom de celui dont l’action a imprimé un autre cours aux évènements. Il y a une autre page, la page 25 du cadran où s’arrêtera le regard de celui qui aura la curiosité d’effeuiller ce livre. Il lira le visage des courtisans, des comparses, des seconds couteaux, des figurants et, quelquefois aussi, des bouffons quand la République mue en sultanat. Sans cette longue et terne galerie des faire-valoir, le profil du plus grand manquerait de burin. La seule chambre, où chaque homme peut être fier d’avoir séjourné, est celle des grands commis de l’Etat. Nul ne peut dénier à Ahmed Taleb Ibrahimi d’avoir fait partie, avec mérite, du cénacle qui a donné à l’Algérie sa dimension intellectuelle et son aura diplomatique à côté des Réda Malek, Mohamed Benyahya, Sid Ahmed Ghozali, Ali Benflis, Bélaid Abdeslem, Messaoud Aït Chaalal et tant d’autres encore dignes fils de l’Algérie.
Dans le livre en question, pages 85-87, cité par le quotidien Echourok, dans son édition du 8 janvier 2023, Ahmed Taleb relate sa rencontre avec le ministre de la Défense, le général Khaled Nezzar qui lui aurait proposé la présidence du HCE après la mort du président Mohamed Boudiaf. Le système politique algérien a été, depuis toujours, bâti autour d’un homme ayant gagné le sommet par l’aura du nom (Ahmed Benbella, Mohamed Boudiaf), grâce à un long et patient travail (Houari Boumediène), par l’artifice et l’entregent (Abdelaziz Bouteflika), par un accident de l’histoire (Chadli Bendjedid), par un concours favorable de circonstances (Ali Kafi), par un vote sans précédent de la population traumatisée par la violence terroriste (Lamine Zeroual). Une mention particulière pour Abdelmadjid Tebboune, grand commis de l’Etat, distingué par l’institution militaire et élu démocratiquement, parce qu’il a eu le courage de s’attaquer seul à la corruption et à la prédation, alors que le système mis en place par les frères Bouteflika était encore tout puissant. Les images désolantes du vice se gaussant de la vertu, au moment de la mise en terre de la dépouille mortelle de Réda Malek, fin juillet 2017, avaient indigné les Algériens et attisé leur colère. L’accumulation des colères avait fini par produire le torrent du Hirak.
Sous quelle rubrique mettre Taleb El Ibrahimi s’il était devenu président de la République ? Le mérite personnel ? Cela aurait-il suffi ? L’accident de l’histoire ? Oui, un funeste accident de l’histoire : l’assassinat de Mohamed Boudiaf, le titulaire de la carte numéro un du Front de libération nationale. Mais regardons d’abord s’il est vrai qu’une proposition dans ce sens lui a été faite par «les décideurs» de l’époque. Pour répondre à cette question, rappelons dans quelle situation se sont trouvés ces hauts responsables militaires au moment de la disparition tragique de l’architecte du 1er Novembre sur lequel la population fondait tant d’espoir au moment où le pays était soumis à une pression terrible des intégristes. Après la décennie Bendjedid, qui s’est achevée dans l’endettement, les émeutes, la montée de l’intégrisme et le chaos et après la démarche salvatrice, tragiquement interrompue, de Mohamed Boudiaf, les chefs de l’Armée voulaient proposer à la tête de l’Etat une personnalité susceptible d’être acceptée par une majorité d’Algériens, et peut-être aussi de bénéficier du préjugé favorable des chancelleries étrangères attentives aux évènements qui se déroulaient dans ce pays, dont la stabilité conditionne celle de toute l’Afrique du Nord.
Le haut commandement de l’institution militaire, depuis les évènements d’Octobre 1988, s’était vu projeté au-devant de la scène, sans l’avoir ni voulu ni demandé. La crise qui n’en finissait pas lui imposait – au risque de voir le pays s’effondrer si l’ANP restait passive – de décider et d’agir, dans toutes les directions, et de faire face à toutes les choses en même temps. Ce haut commandement, depuis le départ de Chadli Bendjedid et l’interruption du processus électoral, n’avait eu qu’une préoccupation : ramener le calme dans le pays et redonner la parole au peuple afin qu’il puisse s’exprimer sans pressions, d’où qu’elles viennent.
Khaled Nezzar, ministre de la Défense nationale, dans ces moments de grande tension, voyait tous les regards converger vers lui. Mais il se devait de rester ferme, conserver son sang-froid, agir avec discernement, prendre de la hauteur pour ne pas se laisser entraîner par la confusion alentour, malgré les drames personnels, les menaces d’assassinat dont il est l’objet (trois finiront par être perpétrés), la posture hostile de nombreuses personnalités nationales (par opportunisme ou par méprise sur la nature de l’intégrisme) et les jugements hâtifs de l’étranger qui vouait aux gémonies les «fauteurs de coups d’Etat». La venue de Mohamed Boudiaf avait laissé espérer le début d’un véritable renouveau. Le geste insensé de Lembarek Boumaârafi avait ramené le pays à la case départ et placé l’ANP face à une situation, peut-être plus compliquée encore que celle qui prévalait au lendemain du départ du président Bendjedid. Qui aura suffisamment d’intelligence politique, de compétence, de détermination et de courage pour exercer la fonction présidentielle dans le contexte chaotique qui prévalait alors ? Avec quels hommes, avec quels moyens ? La présidence de la République était encore vide de substance. Mohamed Boudiaf n’avait pas eu le temps de la revitaliser et de la structurer pour lui permettre de jouer le rôle que lui confère la Constitution. Les fidèles qu’il avait réunis autour de lui étaient venus pour la plupart d’entre eux de l’étranger. Ils avaient peu d’expérience de la gestion, et encore moins du terrain. Le terrorisme islamiste prenait de l’ampleur. Il multipliait les tueries et les exactions. Le pays était pratiquement en état de cessation de paiement. Le dialogue national était boudé par les forces politiques représentatives. Les personnalités de la mouvance démocratique exigeaient à tue-tête «le retour des militaires dans les casernes». Ils débitaient les petits mots de l’idéologie occidentale qui provoquent les grands maux de ceux qui les subissent. Ainsi ont été détruites les armées de l’Irak et puis celles de la Libye et de la Syrie, laissant les peuples de ces pays à la merci des chantres des «droits de l’Homme» prompts à faire décoller les bombardiers. L’ANP était, une fois de plus, seule. Seule, mais nullement isolée. La population, traumatisée par la violence des intégristes, attendait tout d’elle. Les chefs de l’Armée, conscients de cela, et mesurant avec justesse l’audience véritable du parti islamiste amoindri, dès lors qu’il avait opté pour la violence djihadiste, n’étaient ni pessimistes ni affolés, étonnant par leur assurance et leur calme les observateurs étrangers qui ne doutaient plus de la victoire des extrémistes. La fièvre qui avait saisi tous ceux qui avaient les yeux fixés sur l’Algérie, à la veille des élections de décembre 1991, était de nouveau à son summum.
Ambassadeurs arabes se désolant sincèrement de voir l’Algérie frappée encore une fois, diplomates occidentaux renforçant davantage la protection de leurs bâtiments et mettant à l’abri femmes et enfants, analystes faisant de savantes et pessimistes projections, représentants de la presse mondiale présents à Alger, fiévreux d’impatience, tous s’attendaient à l’éclatement imminent de l’Armée, prélude à la désintégration de l’Etat. Le seul paramètre qui n’est jamais rentré dans l’équation de ces braves gens, c’est la nature véritable de l’ANP. (Que le lecteur me permette cette brève parenthèse. Par le sang versé sur les flancs calcinés des djebels, par les moudjahidine longtemps à la tête de l’Armée, par la mosaïque réussie du Service national, dans chaque chaumière du pays bât le cœur de l’Armée algérienne. Aucune force ne peut déliter une telle armée. L’ANP a été présente chaque fois que les périls ont menacé. Où en serions-nous si elle avait fléchi au moment où la folie terroriste déferlait sur le pays ? Où en serions-nous lorsque la colère du Hirak faisait gronder la rue ? En protégeant les manifestants, en mettant hors d’état de nuire ceux qui pensaient que l’Algérie était leur propriété personnelle, en veillant, en décembre 2019, afin que seul le verdict souverain de l’urne tranche quant au choix du futur président de la République, l’ANP a évité au pays de terribles lendemains. Les ennemis de l’Algérie n’ont pas désarmé pour autant. Ainsi voit-on d’inconsolables perdants, à grand renfort de juges étrangers, tenter par la calomnie et le faux témoignage de porter atteinte à l’honneur de l’ANP, en la décrivant comme un ramassis de massacreurs du peuple et de tortionnaires. Sur ce volet aussi, le combat continue.) Revenons à notre sujet, aux jours qui ont suivi la mort du président Boudiaf. Il faut garder à l’esprit que l’ANP ne voulait à aucun prix d’une solution à la chilienne. La pointure et le lustre des bottes de Pinochet n’intéressaient aucun des hauts dignitaires militaires de l’époque. Aucun d’entre eux n’en voulait. Aucun d’eux n’y a pensé, ni pendant les troubles qui ont précédé l’arrêt du processus électoral, ni au lendemain de ces mêmes élections avortées ni, encore moins, après la disparition du président Boudiaf. C’est dans cette atmosphère tendue, pleine de surenchères, d’invectives et d’accusations que l’option Ahmed Taleb Ibrahimi avait été envisagée. Envisagée après la dérobade de Mohamed Salah Mentouri et la distance à la politique affichée par le vieux militant indépendantiste Mohamed Saïd Mazouzi, également pressenti.
L’hebdomadaire géré par le regretté Abderrahmane Mahmoudi et, derrière le rideau, par Mohamed M’guedem, certainement initié par plus haut que lui (aucun rapprochement à faire avec Mohamed Mokadem, alias Anis Rahmani) commençait à «vendre» la marque Ahmed Taleb Ibrahimi. Un numéro de l’hebdomadaire est presque entièrement consacré à Ahmed Taleb. Il est photographié dans une posture présidentielle. Le texte est un dithyrambe. L’affaire semblait pliée, jusqu’à ce qu’un grain de sable vienne enrayer la mécanique et provoquer dans le même hebdomadaire un autre article qui prenait à partie, avec virulence, celui qui, la veille encore, les porte-plumes de l’homme au-dessus de Mohamed M’guedem portaient aux nues. Nous avons dit plus haut qu’Ahmed Taleb Ibrahimi avait toujours été maître de son propos et que cela l’avait toujours servi. Sauf une fois, la fois où le destin allait basculer en sa faveur…
Voyons ce qu’écrit le général Khaled Nezzar dans ses mémoires à propos de sa rencontre avec Ahmed Taleb Ibrahimi. «… Ahmed Taleb Ibrahimi, dans les circonstances que vivait le pays, pouvait contribuer à ramener les gens du FIS à une plus saine appréciation des réalités autour d’eux… Après les funérailles (de Mohamed Boudiaf), nous nous transportons au MDN. A peine assis, il me dit une chose stupéfiante qui me montra combien nous nous étions trompés sur cet homme réputé intelligent et fin politique : mais quelle mort vous lui avezdonnée ! Nous avons donné une belle mort à Boudiaf ! Autrement dit : en le laissant là où il était, il serait mort incognito. J’avais devant moi l’homme auquel nous avons pensé pour occuper la place de Boudiaf. Nous avons donc ramené Boudiaf pour lui donner une belle mort… (ces) mots m’indignent… Je reconduis mon visiteur au bas de l’escalier. Oui, au bas de l’escalier.»
Pour avoir été longtemps dans la proximité de Khaled Nezzar, pour l’avoir aidé à mettre en texte ses mémoires et pour être revenu avec lui plusieurs fois sur les journées qui ont suivi la mort de Si Mohamed Boudiaf, je ne pense pas me tromper en affirmant que le ministre de la Défense n’a jamais proposé à Ahmed Taleb Ibrahimi de présider le HCE. Ceux qui ont une haute idée de l’ancien ministre des Affaires étrangères de Chadli Bendjedid, et ils sont nombreux en Algérie, regretteront que Khaled Nezzar ne soit pas allé au bout de sa première intention. L’histoire aurait assurément pris un autre cours. Mais quel cours ? Si Dieu prêtait longue et heureuse vie à Si Ahmed, il le dirait peut-être un jour.
Une contribution de Mohamed Maarfia
Moudjahid [ancien combattant de la Guerre de libération nationale, ndlr]
En 33 minutes, le podcast de Hassen Ferhani et Mehdi Ahoudig retrace l’histoire de cette chanson et de sa reprise par Rachid Taha. Ce dernier propulsera le morceau au rang de tube planétaire. À écouter sur Arte Radio à partir de ce vendredi 17 février.
Le chanteur Rachid Taha se produit le 17 février 2001 sur la scène de l'Olympia à Paris, lors des 16e Victoires de la Musique.JEAN-PIERRE MULLER/AFP
Au départ, il y a le malaise ressenti par Hassen Ferhani et Mehdi Ahoudig, deux journalistes franco-algériens, dès que résonnent des notes de Ya Rayah, cette musique popularisée par le chanteur Rachid Taha. « Viens, il faut que tu danses ! », leur demande-t-on immanquablement, sans qu’ils sachent pourquoi. Pour percer ce mystère, les deux documentaristes décident de décrypter ce que recouvre cette chanson, notamment ce qu’elle dit de l’intégration des Français d’origine algérienne.
Leur enquête de terrain se dévoile dans ce podcast de 33 minutes, alternant récit historique et témoignages recueillis dans les rues de Paris et Marseille. Les journalistes rencontrent d’abord des habitants qui préfèrent la première version de Ya Rayah, signée Dahmane El Harrachi, en 1971. La chanson porte toute la souffrance de cet Algérien vivant à Paris, nostalgique de sa terre natale.
« Les Arabes sont devenus plus accessibles avec cette chanson »
À partir de 1998, Ya Rayah se transforme subitement en morceau festif. La reprise de Rachid Taha, plus rock and roll que l’original, est un succès planétaire écouté dans toutes les strates de la société. Elle devient l’allégorie d’une France cosmopolite, acceptant la culture de ceux qui ont migré vers elle. « D’un coup, les Arabes sont devenus plus accessibles avec cette chanson », résume le chanteur Sofiane Saidi. Certains y voient une lueur d’espoir, là où d’autres jugent que Ya Rayah les enferme dans une catégorie.
Aux ressentis et anecdotes se mêlent différentes interprétations de Ya Rayah sous de lancinants airs de guitare. L’intensité de ces chants fait écho à la pluralité des sentiments, entraînant l’auditeur dans un univers sonore aussi riche qu’émouvant.
Vous pouvez partager un article en cliquant sur les icônes de partage en haut à droite de celui-ci. La reproduction totale ou partielle d’un article, sans l’autorisation écrite et préalable du Monde, est strictement interdite. Pour plus d’informations, consultez nos conditions générales de vente. Pour toute demande d’autorisation, contactez [email protected]. En tant qu’abonné, vous pouvez offrir jusqu’à cinq articles par mois à l’un de vos proches grâce à la fonctionnalité « Offrir un article ».
ur Arte Radio, le tube « Ya Rayah » se donne à entendre dans toute sa diversité
A travers l’histoire de cette chanson, c’est l’histoire de la France et de ses relations avec l’Algérie et le Maghreb que ce documentaire de Mehdi Ahoudig et Hassen Ferhani fait résonner.
Par Emilie Grangeray
Publié hier à 14h00
Faudel, Rachid Taha et Khaled, réunis sous le nom de « 1, 2, 3 soleils », chantent, le 20 février 1999, à l’Olympia à Paris, lors de la cérémonie des 14es Victoires de la musique. PIERRE VERDY/AFP
ARTE RADIO – VENDREDI 17 FÉVRIER – DOCUMENTAIRE
C’est l’histoire de l’histoire d’une chanson (Ya Rayah) qui en raconte beaucoup d’autres. D’un tube international (celui de Rachid Taha) longtemps passé inaperçu et d’un malentendu quant à sa signification première. Et c’est remarquable. Et par ce que les documentaristes –Mehdi Ahoudig (prix Europa pour Qui a connu Lolita ? et Poudreuse dans la Meuse) et Hassen Ferhani (Dans ma tête un rond-point,143, rue du Désert) – nous donnent à entendre et à réfléchir ; et parce que c’est si bien mis en son par Samuel Hirsch.
Mais reprenons. Il était deux amis, Mehdi Ahoudig et Hassen Ferhani donc, qui, lors d’une soirée, sont invités à danser alors que Ya Rayah se fait entendre. Malaise. Car, comme nous le confie Medhi Ahoudig : « Hassen me dit qu’il n’aime pas cette chanson, et moi elle me met mal à l’aise parce que c’est partir du principe que cette musique nous résume et nous assigne à une communauté supposée homogène, alors même que nous sommes très différents : je suis d’origine marocaine, Hassen algérien, il parle arabe, pas moi, etc. »
Avec leurs micros, ils vont dans la rue pour voir ce que cette chanson représente, interviewent des musiciens (Sofiane Saidi, Hakim Hamadouche), et vont trouver l’historienne Naïma Huber-Yahi, qui rappelle d’abord que Ya Rayah n’est pas le tube de Rachid Taha que nous connaissons tous, mais une chanson de Dahmane El Harrachi. Que ce dernier, né en Algérie, l’a imaginée à Paris, en 1971. Que c’est, en ce sens, « le produit d’une vie artistique parisienne et d’une expérience de vie française » et que « c’est se tromper que de croire que c’est une chanson d’Algérie qui résonnerait en Algérie de la même manière pour les Algériens que pour les enfants d’immigrés ».
Malentendus et méprises
Plus encore, toutes celles et ceux qui ont enflammé les dance floors sur la voix magistralement rauque et rock de Rachid Taha sans comprendre l’arabe sont passés à côté du message profondément triste et fataliste de Dahmane El Harrachi : « Ô toi qui pars, où vas-tu ? Pars, tu finiras toujours par revenir. Combien ont regretté d’être partis ? »
Comme le rappelle l’historienne, cette mise en garde de l’une des figures du chaâbi algérois arrive à la fin des « trente glorieuses », alors même que les crimes racistes se multiplient et que les frontières entre les deux pays se referment. La situation politique n’est guère plus favorable quand Rachid Taha la reprend, au début des années 1990 : guerre du Golfe et émeutes urbaines.
Miracle : en 1998, Jamel Debbouze triomphe sur scène, et Zinédine Zidane marque deux des trois buts qui permettent à la France de remporter la Coupe du monde de football face au Brésil. Soudain, la France « black, blanc, beur » est célébrée. Et c’est dans ce contexte que Ya Rayah est interprétée, le 26 septembre 1998, lors du concert « 1, 2, 3 soleils », qui réunit à Bercy (aujourd’hui Accor Arena) Khaled, Faudel et Rachid Taha.
Privilèges abonné
Le Monde événements abonnés
Expositions, concerts, rencontres avec la rédaction… Assistez à des événements partout en France !
Réserver des places
Dès lors, la chanson sera jouée partout : de New York à New Delhi, en passant par Jérusalem. Ce qui, malgré les malentendus et les méprises, ne peut que réjouir Mehdi Ahoudig. Parce que, comme il l’avoue sans peine, Rachid Taha, en réinterprétant Douce France, de Charles Trenet, a été ce frère qui lui aura permis de se réconcilier avec sa double identité et l’aura soustrait à la sommation de choisir. Parce que, à l’heure où l’on parle tant de repli identitaire, il est temps que nous arrivions toutes et tous à trouver une place sur la photo de famille et que cette chanson, en nous aimantant sur les pistes de danse, et même si ce n’est pas ce qu’elle dit originellement, nous y aide.
Ya Rayah, de Mehdi Ahoudig et Hassen Ferhani (Fr., 2022, 35 min). A retrouver sur le site d’Arte Radio.
« Un rock festif revendiquant la douleur de l’exil »
"Viens danser, c’est ta chanson !" : c’est ce qu'entendent Hassen et Mehdi à chaque fois que résonne en soirée l'intro de "Ya Rayah", le tube de Rachid Taha.
C'est le point de départ d'une enquête documentaire et décontractée sur cette chanson qui fut deux fois un succès. Créée par le chanteur algérien Dahmane El Harrachi en 1971, “Ya Rayah” raconte la douleur de l’exil en France et le regret du pays natal. Sa reprise par Rachid Taha en 1998 triomphe sur les dancefloors du monde entier et unit la France lors du concert "1, 2, 3 Soleil" à Bercy.
Dans les deux cas, ce tube chanté en arabe est aussi une chanson française, car produite et enregistrée en France. Elle appartient désormais à notre patrimoine commun. C'est l'une des mille histoires racontées à deux grands documentaristes, Hassen Ferhani (143, rue du Désert) et Mehdi Ahoudig (Poudreuse dans la Meuse). On les suit dans les bars de Noailles (Marseille) et de Barbès (Paris) ; chez l'historienne et musicologue Naïma Huber-Yahi ; chez le musicien Hakim Hamadouche dont la mandole porte la version de Taha ; avec le musicien Sofiane Saïdi ; avec les coiffeurs et les vendeurs de Marlboro. À l'aide d'analyses brillantes et de punchlines, de témoignages et de confidences, ce documentaire questionne ce que la chanson "Ya Rayah" dit de l'histoire des Français d'origine maghrébine et de leurs exils intimes.
Avec Naïma Huber-Yahi (historienne et musicologue), Hakim Hamadouche (musicien et mandoliste de Rachid Taha), Slimane Dazi (comédien et ami de Rachid), Sofiane Saïdi (chanteur, musicien), Rafik (coiffeur à Barbès), Toufik Baalache (ami de Rachid), Farid Diaz (rappeur), MohamedKably (musicien), Tahar Kessi (cinéaste), Sofiane Allaoua (musicien), des voix diverses de Noailles et de Barbès.
Hassen Ferhani Réalisateur, chef-opérateur et photographe né en 1986 à Alger, Hassen Ferhani a nourri sa passion au ciné-club Chrysalide dont il est co-animateur de 2003 à 2008. Les Baies d’Alger (2006), court-métrage de fiction, est repéré dans plusieurs compétitions internationales. S’ensuivent Le vol du 140 (2008, Fémis d’été), Afric Hotel (2010, coréalisation) et Tarzan, Don Quichotte et nous (2013). Il forge ainsi sa démarche – un travail sur le réel imprégné de fiction – dont il donne la pleine mesure avec ses deux longs-métrages multi-primés. Dans ma tête un rond-point (2015) est, entre autres, lauréat du Grand Prix FID et du McMillan-Stewart Fellowship (Harvard) et devient le premier film à recevoir deux Tanit d’Or au Festival de Carthage. Parmi une vingtaine de distinctions (Alger, Nantes, Séoul, Toronto, Turin, Valdivia…), 143 rue du Désert (2019) lui vaut le Léopard du meilleur réalisateur émergent au Festival de Locarno.
Mehdi Ahoudig Mehdi Ahoudig est un réalisateur sonore et audiovisuel multi-primé, né à Pantin en 1967. Il réalise des bandes-son pour le spectacle vivant de 1995 à 2015. Depuis 2004, il réalise des podcasts documentaires pour ARTE Radio dont « Wilfried », « Poudreuse dans la Meuse » (Prix Europa 2015, Prix grandes ondes 2016), « Qui a connu Lolita ? » (Prix Europa 2010), ainsi que pour France Culture. Il réalise aussi des documentaires pour le web, dont « A l’abri de rien » (Prix Europa 2011). Il a réalisé plusieurs films documentaires dont « Une caravane en hiver » produit par Squawk (prix de la diffusion Raï au Primed en 2020). Le film « La parade » co-réalisé avec Samuel Bollendorff, reçoit une étoile de la SCAM en 2018. En 2022, tous deux ont proposé le film "Il était une fois dans l'Est" et une exposition multimédia, « Frontaliers, des vies en stéréo », pour la capitale européenne de la culture Esch-Sur-Alzette au Luxembourg.
Téhéran a manifesté son soutien au Front Polisario dans le but de se rapprocher de l'Algérie et de gagner en influence au Maghreb
PUBLICIDAD
AFP/HO/PRÉSIDENCE IRAN - Membres du Corps des gardiens de la révolution islamique iranienne (IRGC)
En conséquence, le gouvernement iranien a pu détourner son attention vers de nouveaux objectifs à son programme, notamment l'expansion de son influence dans plusieurs régions géostratégiques. L'une des plus importantes est le Maghreb, où Téhéran cherche à prendre pied grâce à son soutien au Front Polisario et au déploiement des forces des Gardiens de la révolution en Mauritanie.
Cette démarche du régime des Ayatollahs inquiète le Maroc. La crise diplomatique entre Rabat et Alger ne semble pas près d'être résolue, et la souveraineté sur le Sahara reste une ligne rouge entre les deux administrations. C'est dans cette situation que l'Iran veut utiliser à son avantage son soutien au pays d'Abdelmajdid Tebboune et, en même temps, faire pression sur Rabat.
AFP/AFP - Carte montrant les zones d'influence des groupes armés au Sahel
La présence militaire accrue de l'Iran en Mauritanie est un autre signe du soutien du régime à l'Algérie. Selon des sources consultées par les médias d'Assabah, les Gardiens de la révolution ont reçu des instructions pour étendre leur activité dans plusieurs pays africains, la Mauritanie étant le plus important, mais pas le seul. Le Sénégal est un autre pays qui connaît déjà une augmentation de la présence de ses forces, ce qui a conduit, il y a une décennie, à des affrontements entre Iraniens et Sénégalais, et à la rupture des relations diplomatiques entre Téhéran et Dakar.
En outre, les Forces Al Quds - la branche armée du Jihad islamique - cherchent également à établir des relations et une coopération plus étroites avec le Polisario. Les observateurs estiment que la Mauritanie figure en tête de la liste des priorités du gouvernement iranien afin de se positionner progressivement au Maghreb. Cependant, ils notent également que la Mauritanie n'a pas l'intention de permettre l'avancée de l'Iran, car ils voient une intention claire du pays dirigé par Ali Khamenei d'impliquer leur pays dans une guerre avec le Maroc dans laquelle ils ne veulent pas entrer.
PHOTO/BUREAU DE L'IRAN via AP - Ayatollah Ali Khamenei
Le Maroc, qui est l'un des leaders régionaux, craint l'expansion non seulement des forces iraniennes, mais aussi de ses idées extrémistes. Il existe une intention de répandre le chiisme en Afrique du Nord et d'imposer sa vision. Par conséquent, Rabat a une double préoccupation et tente de contrer l'influence religieuse de l'Iran. Mais si cette préoccupation est double, la menace l'est aussi. Toute activité iranienne est précédée de l'approbation, voire du soutien de l'Algérie, qui semble déterminée à pousser à bout ses liens avec l'Iran.
La tendance à Alger est très claire. L'Iran tend à devenir un allié de poids des Algériens au fur et à mesure que ceux-ci approfondissent leurs relations avec la Russie. Ses manœuvres à Béchar coordonnées avec les forces de Moscou ne sont que le début de ce qui devrait être le premier de plusieurs exercices qui auront lieu en 2023. Ces manœuvres, que l'Algérie entendait garder secrètes, ont été confirmées par le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, qui a également annoncé que d'autres exercices militaires devraient avoir lieu dans la région proche de la frontière avec le Maroc en novembre prochain.
Les commentaires récents