EDGAR MORIN, 99 ANS, SAVANT.
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Rédigé le 01/06/2023 à 11:23 dans Chansons, Société | Lien permanent | Commentaires (0)
En 1953, le monde est entré dans l’ère de la confrontation Est-Ouest pour le partage du monde : d’un côté, les États-Unis et les grandes puissances occidentales (France et Royaume-Uni), de l’autre, l’URSS et les « démocraties populaires ». C’est aussi le temps des décolonisations, et l’empire colonial français craque de partout : Vietnam, Madagascar, Cameroun, Maroc, Tunisie, sans parler de l’Algérie et des massacres du 8 mai 1945 dans le Nord-Constantinois.
En France, la gauche politique et syndicale est surtout focalisée autour de la guerre d’Indochine et contre les États-Unis1 et plusieurs militants et dirigeants communistes ou cégétistes sont arrêtés et inculpés pour « atteinte à la sûreté de l’État », comme le soldat Henri Martin2.
Peu de gens le savent, mais pendant longtemps les organisations politiques et syndicales de la gauche française ont défilé le 14 juillet depuis 1935. Ces défilés faisaient partie des traditions ouvrières au même titre que le 1er mai. Ils étaient autorisés et à partir de 1950, les nationalistes algériens du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD), vitrine légale du Parti du peuple algérien (PPA) — interdit depuis 1939 —, avec à sa tête Messali Hadj, décident de se joindre aux défilés du mouvement ouvrier français. `
La manifestation démarre place de la Bastille à Paris, et on peut y voir d’anciens combattants, le Mouvement de la paix, le Secours populaire, l’Union de la jeunesse républicaine de France, l’Union des étudiants communistes et de l’Union des femmes françaises (UFF). La CGT suit avec ses différentes fédérations syndicales (cheminots, métallurgie…), puis viennent les organisations de la banlieue parisienne. On voit aussi des bonnets phrygiens, des Marianne qui font des rondes, des fanfares républicaines. Une tribune avec un grand nombre de personnalités politiques de gauche est placée à l’arrivée, place de la Nation. Dans la manifestation, on entend les slogans : « Libérez Henri Martin ! » ou « Paix en Indochine ! » Enfin, en queue du défilé viennent les Algériens du MTLD. Mais avant même que le cortège des Algériens ne se mette en marche, un petit groupe d’une vingtaine de militants d’extrême droite cherche à les provoquer et à les frapper. Très rapidement, ils se retrouvent encerclés par le service d’ordre de la CGT et des Algériens. La police va alors intervenir, mais pour les protéger et non les arrêter.
Passé cet accrochage, les militants du MTLD poursuivent leur défilé. Ils sont très organisés en six groupes, précédés chacun d’un numéro désignant leurs différents secteurs. Au total, ils sont entre 6 000 et 8 000, soit plus d’un tiers de la totalité des manifestants (15 000 à 20 000). Ils défilent derrière le portrait de leur dirigeant Messali Hadj, et sont encadrés par un service d’ordre repérable à ses brassards verts. Quelques drapeaux algériens apparaissent ici et là. Ils sont très applaudis sur le parcours et scandent leurs propres mots d’ordre réclamant l’égalité entre Français et Algériens et la libération de Messali Hadj, qui se trouve en résidence surveillée depuis plus d’un an.
Arrivé place de la Nation, le premier cortège des Algériens passe devant la tribune officielle où il est applaudi, et commence à se disloquer. Un orage éclate au moment où les policiers chargent pour enlever les drapeaux, portraits et banderoles du MTLD. Le brigadier-chef Marius Schmitt3 dira plus tard : « Selon les ordres reçus, nous avons essayé de dégager la place et de fragmenter le groupe de manifestants ». Pour le gardien de la paix Henri Choquart : « C’est un inspecteur principal adjoint qui a donné l’ordre. Il s’agissait de disperser un cortège de Nord-Africains qui criaient et portaient des banderoles ou pancartes. » Et le gardien Pierre Gourgues : « Suivant les ordres reçus, nous nous sommes emparés des banderoles et, brusquement, à partir des rangs situés à l’arrière de la colonne de manifestants, nous furent jetés toutes sortes de projectiles ».
Selon de nombreux manifestants, l’affrontement s’est déroulé en plusieurs temps. Premier temps, les policiers chargent matraque à la main, mais les Algériens ne se laissent pas faire. Ils utilisent des barrières en bois qui servent à un marché et se défendent comme ils peuvent. D’autres vont chercher des bouteilles et des verres qu’ils trouvent sur les terrasses des cafés et les lancent sur les forces de l’ordre… Les policiers en nombre inférieur sortent alors leurs armes et tirent une première fois dans la foule. Malgré ces premiers morts, les Algériens avancent toujours et les policiers pris de panique reculent et se retirent derrière leurs cars en attendant les secours. Pendant ce temps-là, un fourgon et une voiture de police sont incendiés. Puis, selon plusieurs témoins, deux policiers seraient restés à terre. Soixante ans après, le gardien de la paix Robert Rodier le confirme :
Nous, on allait repartir dans les cars. Mais quelqu’un a dit : “Attention ! Vous laissez deux gars là-haut !” Alors on a fait demi-tour et on est repartis pour aller les ramener. Alors là, […] je voyais les collègues qui tenaient leurs pétards à l’horizontale. Ce n’étaient pas des coups de feu en l’air pour faire peur. […] C’étaient des coups de pétard avec le revolver à l’horizontale. Et les gars arrivaient, le premier rang tombait, et ça revenait derrière. Les caniveaux étaient rouges, ouais ! Ça, je m’en souviendrai toujours. Et ça tirait ! Deux cent dix douilles sur le terrain. […] Moi aussi, j’ai tiré, mais ça, je ne le disais pas4.
Les affrontements les plus violents ont lieu entre les carrefours du boulevard de Charonne et du boulevard de Picpus, et de chaque côté de l’avenue du Trône et du cours de Vincennes. Puis, une véritable chasse à l’homme est organisée dans tout le quartier. Il y a de nombreux blessés, tabassés par la police. On relèvera sept morts (six Algériens et un Français qui voulaient s’interposer entre les policiers et les Algériens). Le climat politique et le racisme à l’œuvre dans la police parisienne mènent à ce massacre. Conclusion de l’historien Emmanuel Blanchard :
Il est important de rappeler que si cet événement est alors inédit du point de vue parisien, il est d’une certaine façon courant de longue date aux colonies. Mais ce qui est peu commun, c’est que cela se passe à Paris, un 14 juillet, sur la place de la Nation.
➞ Abdallah Bacha (25 ans), né en 1928 à Agbadou (Algérie). Atteint d’une balle dans la région dorsale qui est ressortie à la base du cou, il est décédé à 18 h à l’Hôtel-Dieu ;
➞ Larbi Daoui (27 ans), né en 1926 à Aïn Sefra (Algérie). La balle, que l’on n’a pas retrouvée, est entrée par le sternum et a traversé le cœur. Décédé à 18 h 30 à l’hôpital Tenon. Il habitait à Saint-Dié (Vosges), où il était manœuvre et domestique ;
➞ Abdelkader Draris (32 ans), né en 1921 à Djebala (Algérie). Il a été atteint d’une balle dans la région temporale gauche, qui est ressortie par la tempe droite. Décédé à 18 h à l’hôpital Saint-Louis, il travaillait chez Chausson ;
➞ Mouhoub Illoul (20 ans), né en 1933 à Oued Amizour (Algérie). La balle est entrée dans le sourcil gauche jusqu’à la boîte crânienne puis est ressortie. Décédé à 20 h 30 à l’hôpital Saint-Louis, il habitait et travaillait comme ouvrier du bâtiment au centre de formation de Saint-Priest (Rhône) ;
➞ Maurice Lurot (41 ans), né en 1912 à Montcy-Saint-Pierre (Ardennes). La balle est entrée dans la poitrine au niveau du sternum et a traversé le poumon et le thorax. Décédé à l’hôpital Saint-Louis, il était ouvrier métallurgiste à Paris ;
➞ Tahar Madjène (26 ans), né en 1927 au douar Harbil (Algérie). Frappé d’une balle sous la clavicule gauche qui lui a perforé le cœur et les poumons, il est décédé à 17 h 40 à l’hôpital Tenon ;
➞ Amar Tadjadit (26 ans), né en 1927 au douar Flissen (Algérie). Il a reçu une balle qui a atteint le cerveau dans la région frontale gauche. Il présentait, en plus, de nombreuses traces de violences au niveau de la face. Décédé à 20 h à l’hôpital Saint-Louis.
Tandis que les balles sifflent encore sur place de la Nation, les secours s’organisent. Beaucoup d’Algériens préfèrent se soigner chez eux, ils craignent de se faire arrêter à l’hôpital. Les hôpitaux les plus proches sont pleins, un formidable mouvement de solidarité envers les blessés s’organise. On fait la queue (surtout chez des gens de gauche) pour les voir, leur parler et les réconforter. On leur apporte des fruits, des légumes, des cadeaux…
Le traitement de l’information est diamétralement différent dans les journaux. D’un côté, la presse anticommuniste reprend la version policière de l’émeute algérienne. Scénario que l’on retrouve dans Le Figaro, l’Aurore, le Parisien libéré, France-Soir, ou de façon atténuée dans Le Monde, quotidien qui va évoluer au fil des jours. Exemple de L’Aurore qui titre en une : « Ce 14 juillet, hélas ensanglanté par une émeute communiste ». Sous-titre : « 2 000 Nord-Africains attaquent sauvagement la police ». Les articles de deux journaux de gauche (Libération et L’Humanité) rétablissent la vérité. Mais l’information va progressivement disparaître de la une à partir du 24 juillet.
En Algérie, il y aura quelques arrêts de travail, mais peu de débrayages. Le 21 juillet 1953, un hommage est rendu à la Mosquée de Paris devant les cercueils des victimes algériennes recouverts du drapeau algérien. Le soir, un important meeting de protestation est organisé au Cirque d’hiver à Paris et le 22 juillet, c’est le jour des obsèques du militant CGT Maurice Lurot à la Maison des métallos, rue Jean-Pierre Timbaud (Paris 11e). Le drapeau algérien recouvre ceux des victimes algériennes et le drapeau rouge celui de Maurice Lurot. Dans l’après-midi, c’est le départ des convois funéraires des victimes algériennes jusqu’à Marseille pour les ramener en Algérie. Ensuite, une foule estimée à plusieurs milliers de personnes accompagne à pied le cercueil de Maurice Lurot jusqu’au cimetière du Père-Lachaise. En fait, les autorités françaises ont très peur du rapatriement des corps en Algérie, car la tuerie du 14 juillet a un grand retentissement. C’est surtout le quotidien de la gauche algérienne, Alger républicain, proche du Parti communiste algérien (PCA)et dirigé par Henri Alleg qui donne le plus d’écho à cet événement. Des grèves éclatent, des débrayages ont lieu et un large comité de soutien aux familles des victimes se constitue avec des représentants du MTLD, du PCA, et de toutes les forces progressistes du pays. La foule se presse devant le port d’Alger et se recueille devant les cercueils. Puis les convois funéraires prennent les directions de leurs villages.
Évidemment, le soir même du drame, la hiérarchie policière et le gouvernement ont entrepris une vaste opération que l’on peut résumer à un véritable « mensonge d’État ». Pour eux, ce sont les Algériens qui étaient agressifs et qui ont même tiré sur les forces de l’ordre d’où leur conclusion de « légitime défense ». Ainsi dans les archives de la police ou du juge d’instruction, l’unanimisme des affirmations des représentants des forces de l’ordre est pour le moins troublant, car ils seront 55 à avoir, sans aucune preuve, « entendu des coups de feu qui venaient du côté des manifestants ou du côté de la place de la Nation », là où se trouvaient les Algériens.
La fabrication du mensonge d’État s’est aussi illustrée par la façon dont le juge Guy Baurès a sélectionné les déclarations des policiers pour rendre ses conclusions de non-lieu. En effet, lorsqu’on regarde de plus près les dépositions mensongères des policiers, on remarque dans la marge de petits traits qui correspondent aux phrases que le juge d’instruction a relevées. Ces annotations vont lui servir à rendre son avis sur cette « violence à agents ». Bien entendu, le juge va écarter toutes les déclarations des Algériens, car pour lui elles ne sont pas assez précises, bien qu’accablantes pour la police.
L’autre grand mensonge d’État concerne l’analyse des balles et la récupération des douilles. On sait qu’au moins une soixantaine de balles ont été tirées (les 50 blessés par balle et les 7 tués). Or le dossier d’instruction ne fait état que de 17 douilles ramassées place de la Nation : une véritable anomalie. Or l’analyse des balles n’a été faite que sur les armes des 8 policiers qui ont affirmé avoir tiré. Soixante ans après, Robert Rodier qui reconnaît avoir alors tiré sur les Algériens confirme qu’il ne l’a jamais dit lors de l’enquête judiciaire : « Moi je sais que j’avais deux chargeurs de dix cartouches, il en est parti neuf. Et c’était à l’horizontale. » Et il confirme la manipulation :
C’est les gars en civil de notre service qui ont ramassé les douilles ! … C’est pour cela que l’on nous avait convoqués au Grand Palais un jour, et on nous a dit : “Ici vous pouvez parler. Vous pouvez dire ce que vous voulez.” Mais il fallait la mettre en veilleuse après !
André Brandého est encore plus précis sur cette question :
Mais les balles… Les gars allaient en chercher chez Gastinne-Renette, avenue Franklin-Roosevelt, là où il y avait une armurerie [pour mettre des neuves dans leur chargeur] ; j’ai un collègue qui a pris une boîte complète pour remplacer celles qu’il avait tirées.
Dans les archives du département de la Seine, j’ai pu identifier, à partir des archives accessibles, 47 manifestants blessés par les tirs policiers du 14 juillet 1953. Deux autres blessés par balle, et hospitalisés à l’hôpital Saint-Antoine (Paris 12e) : Vasvekiazan (tête) et Cyprien Duchausson (main) sont également mentionnés dans L’Algérie libre, le journal du MTLD (numéro spécial du 29 juillet 1953), mais je n’ai retrouvé aucune trace de leur hospitalisation. Cela dit, il y a eu certainement d’autres blessés par balle, comme Mohamed Zalegh, qui n’est pas allé à l’hôpital, mais m’a déclaré en 2012 : « La bagarre a commencé quand ils ont voulu prendre le portrait de Messali. Moi, j’ai été touché là ! Au derrière par une cartouche. Cela brûle la veste, la peau ».
À tous ces blessés par balle, il faut bien entendu ajouter les nombreux blessés à coups de matraque.
La hiérarchie policière va profiter du mensonge d’État pour renforcer son arsenal répressif. Deux corps de police spécifiques vont être créés peu de temps après le 14 juillet. Un premier, les compagnies d’intervention ou compagnies de district, qui vont être mieux équipées et spécialisées dans le maintien de l’ordre. On les retrouvera en action lors des manifestations du 17 octobre 1961 et du 8 février 1962 au métro Charonne.
L’autre corps qui est créé dès le 20 juillet est la “Brigade des agressions et violences” (BAV). Qui se spécialisera surtout par des contrôles de population algérienne dans les cafés et les hôtels en constituant un fichier de tous les individus nord-africains.
Enfin, une autre conséquence, très surprenante, de cette manifestation est donnée par l’historienne Danielle Tartakowsky :
À la suite de cette manifestation du 14 juillet 1953, tous les cortèges ouvriers dans Paris vont être interdits… jusqu’en 1968. Il n’y aura plus de défilés du 1er Mai à Paris, mais seulement des rassemblements, souvent dans le bois de Vincennes… Et ce sera aussi le dernier défilé populaire du 14 juillet à Paris.
Enfin, dernière conséquence et non des moindres, le massacre du 14 juillet 1953 va être un déclic pour nombre de militants nationalistes pour passer à la lutte armée. En effet, il faut savoir qu’en 1953, le MTLD était déjà en crise. Le conflit entre Messali Hadj et le comité central du mouvement avait pris un tournant dès le congrès d’avril 1953, quand de nouveaux statuts limitant les pouvoirs du président avaient été adoptés. L’été 1954 verra la création de deux congrès du MTLD, les uns excluant les autres. Dans cette situation, Mohamed Boudiaf et 5 autres militants nationalistes contactent les anciens de l’Organisation spéciale (OS), organisation paramilitaire du PPA pour créer le Comité révolutionnaire d’unité et d’action (CRUA). Officiellement pour unir le parti, mais surtout pour passer à la lutte armée. Cette décision amena à la « réunion des 22 » militants du PPA qui fixera au 1er novembre 1954 le déclenchement de la libération nationale avec la création du FLN. Finalement, la répression aveugle en plein Paris du 14 juillet 1953 sonne à la fois comme un prélude et un déclic à une véritable lutte armée guerre totale. Indiscutablement, comme l’affirment certains témoins de cette répression aveugle, on peut dire que ce 14 juillet 1953, ont été tirés les premiers coups de feu de la guerre d’Algérie.
En dehors d’une banderole du MTLD dépliée le 1er mai 1954 au bois de Vincennes, d’une minute de silence observée à la mémoire des victimes lors du congrès « messaliste » du MTLD en juillet 1954, d’un article dans Liberté, organe du PCA et d’un très bon reportage dans le mensuel du Secours populaire (La Défense, juillet-août 1954), on peut dire que dès l’été 1953, le drame du 14 juillet est quasiment oublié. En Algérie, la division du mouvement nationaliste et surtout la guerre d’Algérie (avec ses milliers de morts) auront vite recouvert cette tuerie. Et puis, le nouveau pouvoir issu de la révolution de 1962 — dirigé par Ahmed Ben Bella puis par Houari Boumediene après son coup d’État de 1965 — a cultivé un certain « patriotisme sélectif », au détriment de la vérité historique.
Honorer des gens qui défilaient derrière le portrait de Messali Hadj, qualifié pendant longtemps de « traître à la révolution », était impensable pour ce nouvel État au parti unique. Ces six victimes algériennes n’ont jamais été reconnues par le pouvoir comme martyrs de la révolution et aucune indemnité n’a été versée aux familles jusqu’à aujourd’hui.
En France, le drame du 14 juillet 1953 a lui aussi disparu très tôt de la mémoire collective. De plus, pour l’ensemble des Français, l’intérêt pour les événements internationaux se focalise non pas sur l’Algérie, mais sur la guerre en Indochine (commencée en 1946). Cela dit, un autre facteur a favorisé l’effacement mémoriel de l’événement, comme l’explique l’historienne Danielle Tartakowsky : quelques mois avant le 14 juillet, le PCF, par la voix de Maurice Thorez, avait décidé d’abandonner la ligne dure d’affrontement « classe contre classe » pour revenir à une union de la gauche et de toutes les forces démocratiques. La grève d’août 1953 sera dans la droite ligne de cette nouvelle stratégie, avec un recentrage sur des problèmes salariaux et syndicaux. Cette manifestation du 14 juillet vient donc perturber la nouvelle orientation.
L’histoire de France ne veut pas se souvenir ni même retenir ces morts algériens, comme ce fut le cas pour ceux du 17 octobre 1961, contrairement à la répression au métro Charonne de la manifestation du 8 février 1962 : des écoles, des stades, des rues portent les noms des victimes. Là, rien… Cette forme de différentialisme fondé sur le « eux et nous » puise sa source dans un patriotisme ethnocentré, loin des valeurs universelles. Il y a aura pourtant en France, comme en Algérie un timide retour de la mémoire à partir des années 1980-1990, mais surtout dans les années 2000 avec le chapitre du livre de Danielle Tartakowsky sur Les Manifestations de rue en France, 1918-1968 (éditions de la Sorbonne, 1997), et le premier livre sur ce drame écrit par Maurice Rajsfus, 1953. Un 14 juillet sanglant (Viénot, 2003 ; éditions du Détour, 2021) et enfin, plusieurs chapitres très documentés du livre d’Emmanuel Blanchard La Police parisienne et les Algériens (1944-1962) (Nouveau Monde, 2011). En Algérie, on peut quand même signaler un hommage rendu à Amar Tadjadit dans son village à Tifra en 2006 et une journée d’étude sur Larbi Daoui à Tiout en 2009.
Ce massacre doit être reconnu comme crime d’État, au même titre que ceux du 17 octobre 1961 et du 8 février 1962. Une première étape importante de cette réhabilitation a déjà eu lieu le 6 juillet 2017. La mairie de Paris, sur proposition de Nicolas Bonnet Oulaldj, président du groupe communiste, a organisé la pose d’une plaque commémorative place de la Nation à la mémoire des victimes de cette répression du 14 juillet 1953. Depuis, avec la Ligue des droits de l’homme, la mairie du 12e arrondissement de Paris et différentes associations et partis, chaque année une commémoration et un bal populaire sont organisés place de la Nation pour perpétuer cette mémoire.
DANIEL KUPFERSTEIN
Illustration : manifestation du 14 juillet 1953, le défilé des travailleurs algériens (archives de la CGT).
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Rédigé le 01/06/2023 à 04:21 dans Algérie, colonisation, France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)
Cette chanson évoque la détresse d'un amérindien (ou autochtone d'Amérique) face à l'appropriation des terres ancestrale de son peuple par l'homme blanc. Le refrain se répète trois fois, reprenant les mêmes mots.
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Rédigé le 31/05/2023 à 19:07 dans Chansons | Lien permanent | Commentaires (0)
En 1954, le service militaire, d’une durée de dix-huit mois, était un passage obligé – et ritualisé: «Bon pour le service, bon pour les flles», entendait-on à l’issue des «trois jours» de présélection. Le service s’inscrivait dans une continuité logique d’entrée dans l’âge adulte, avec la fn des études, les débuts dans la vie professionnelle puis la fondation d’une famille. Avant leur départ pour l’Algérie, les appelés effectuaient leurs classes pour apprendre à marcher au pas et se familiariser avec le maniement des armes. C’était là aussi que des amitiés se nouaient – et que l’on faisait l’apprentissage de la discipline, voire de l’arbitraire. Avec les besoins sans cesse grandissants de l’armée, les appelés ont été de plus en plus nombreux à effectuer leurs classes directement en Algérie.
> Tract intitulé «Silence pour la paix. Ce que signife la présence des rappelés à l’église Saint-Séverin».
Les 24 et 28 août 1955, quelques jours après le soulèvement du Nord-Constantinois, des décrets de rappel des jeunes gens ayant terminé leur service militaire, et de maintien sous les drapeaux de jeunes gens en train d’accomplir leur devoir national, sont passés. Ils concernent respectivement 62 000 et 180 000 personnes. Ces mesures impopulaires entraînent de nombreux incidents. Le mécontentement tient au fait de devoir faire une nouvelle période sous les drapeaux, mais des revendications anticolonialistes existent, comme dans ce document distribué le 29 septembre 1955.
«Tu te rends compte, un an (presque) sans revenir chez soi»
Bien chère maman, Je suis sorti de l’infrmerie, ce matin. J’ai été me renseigner pour mon départ en “perme”; je ne pars pas avant le 3 septembre, et en plus de cela je n’ai que 6 jours à prendre; ces salauds-là, ils m’ont déduit les 2 jours que j’avais pris à Noël ; alors au lieu de 8 jours je n’en ai plus que 6 ; pour ma dernière “perme” cela va être très court. Ils auraient dû faire un petit effort. Je ne sais pas si tu te rends compte, un an (presque) sans revenir chez soi, et dans un bled perdu à “Tataouine”, c’est presque un encouragement à devenir déserteur, ce truc-là.»
> Lettre de Bernard Henry à sa mère, août 1957.
Employé parisien du Printemps, Bernard Henry est appelé au service militaire en 1957. D’abord affecté en Allemagne, après avoir été muté au 588e bataillon du train, le caporal Bernard Henry, né en 1937, est « chef de pièce » dans une compagnie opérationnelle. Il subira des attaques régulières qui le plongeront dans l’inquiétude (lire p.27).
qu’ils peuvent. Sur les wagons sont inscrits les cris UN DÉPART LES LARMES AUX YEUX
les rappelés”; “Flics au Maroc, CRS dans l’Aurès”, Il est 16 heures, nous ne faisons rien, depuis ce matin, nous etc. On n’entendra plus que ces vociférations avons juste touché nos rations pour le voyage et notre dans toutes les gares […]. À Nantes, chahut armement; j’ai une mitraillette, mais on ne sait pas si nous monstre, occupation du buffet. Les types boivent, la garderons là-bas. La journée est monotone, nous se saoulent, cassent les verres, renversent les attendons ce soir avec impatience. Ce matin, chaises, interpellent les gendarmes et les je suis parti vite car j’avais autant que gradés. À Toulouse, nous devons faire 200 toi envie de pleurer. Je suis arrivé à la mètres le long de la gare de triage pour caserne à Vincennes à 7h10. Le capiretrouver la cantine. Un camion de CRS taine vient de faire un appel, nous est stationné à côté, dès qu’ils nous partons ce soir vers 22 heures.»
dans leur camion qui va se cacher > Lettre de Jean Billard à sa derrière un hangar ! » fancée, mardi 18 décembre 1956. > Journal de Stanislas Hutin, Jean Billard, né en 1935, a été incorporé le 9 mai 1956 puis affecté au 584e bataillon du novembre 1955. train. À la mi-décembre 1956, il apprend son départ pour l’Algérie. Ses Lettres d’Algérie Stanislas Hutin est un jeune séminariste lorsqu’il est envoyé ont été publiées aux éditions Canope en 1998.en Algérie en novembre 1955. Il vient d’accomplir treize mois de service militaire à Madagascar et apprend, lors de sa libération, qu’il est maintenu sous les drapeaux et affecté en Algérie. Il a publié son Journal de bord aux éditions GRHI en 2002. POÈME DE STANISLAS HUTIN
Je vais là-bas. /
J’y vais, la honte sur le dos. /
La honte qui a revêtu sur moi la couleur de bataille. /
J’y vais sans le vouloir. /
Attiré par la lumière d’un pays neuf pour moi, /
Honteux de ce que je porte sur moi, /
Fort de ce que je porte en moi. /
Ce qui est sur moi n’est pas de moi; /
On me l’a posé sur le dos. /
Et si je ne l’avais pas accepté? /
Je n’ai pas pu ne pas l’accepter. Et même, en suis-je sûr? /
Je ne sais plus… /
Je pars pourtant, de l’amour plein l’âme. /
Je pars, la haine en bandoulière, /
La haine qui n’est pas de moi, qui n’est pas à moi: /
Ce fusil-mitrailleur! /
Que Dieu fasse que jamais /
Cet engin ne crache contre la vie, /
À cause de moi. Novembre 1955.
PREMIERS DE CORVÉE
De nombreux appelés du contingent, bien que libérables, sont maintenus sous les drapeaux et envoyés en Algérie : au cours des six premiers mois de l’année 1956, le nombre de soldats présents en Algérie passe de 200 000 à 400 000.
from HSTORIA 856 2018 04
by alain benezra
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Rédigé le 30/05/2023 à 21:54 dans France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)
Rédigé le 30/05/2023 à 19:52 dans Chansons | Lien permanent | Commentaires (0)
C’est en mémoire d’un véritable monument de son histoire que l’Algérie va prochainement ériger une statue colossale.
Implantée sur les hauteurs d’Oran, la statue majestueuse à l’effigie de l’illustre Émir Abdelkader, le fondateur du premier Etat algérien moderne, à la fois chef de guerre, remarquable stratège, fin lettré et héros magnanime, surplombera la radieuse cité portuaire de l’ouest algérien.
Haute de 42 mètres, elle déploiera ses dimensions impressionnantes sur le Mont Murdjadjo, le point culminant de la ville, dominant le fort et la chapelle de Santa Cruz. Cette oeuvre grandiose fera mieux que rivaliser avec la célèbre statue du Christ Rédempteur, symbole iconique de Rio de Janeiro. Elle la surpassera en gigantisme, et ce, pour la plus grande fierté d’un homme : le wali d’Oran, Saïd Sayoud.
« Le président de la République nous a accordé un financement de 1,2 milliard de dinars pour réaliser un musée doté d’une statue à l’effigie de l’Émir Abdelkader, qui sera implanté sur le Mont Murdjadjo. Nous avons reçu la notification de financement, jeudi dernier, pour mener l’étude et la réalisation de ce projet », a annoncé Saïd Sayoud, lors d’une réunion qui s’est tenue, mercredi 24 mai, dans l’hémicycle de la wilaya, en présence des cadres des collectivités locales et de l’aménagement urbain.
« Nous avons déjà une idée bien précise sur la conception de ce projet. Avec une hauteur de 42 mètres, la statue sera plus haute que Santa Cruz et dépassera même la plus haute statue du monde qui domine la ville de Rio de Janeiro au Brésil, haute de 39m. Ainsi, Oran sera dotée de la plus haute statue du monde ! », s’est exclamé celui qui préside aux destinées de la deuxième plus grande ville d’Algérie, devenue l’un des hauts-lieux du tourisme grâce aux précieux atouts qu’elle recèle.
Elle se dressera fièrement tout en haut du Mont Murdjadjo, la future statue de l’Émir Abdelkader, l’âme de la résistance algérienne, sera dotée d’une épée particulière. « L’épée de la statue sera conçue de façon qu’elle soit dotée d’un laser qui sera dirigé vers la Qibla pour montrer aux fidèles la direction de la Mecque. Le cheval de la statue s’appuiera sur cinq supports en référence aux cinq piliers de l’Islam », a précisé Saïd Sayoud.
Nul doute que cette oeuvre monumentale, créée en hommage à un géant de l’histoire de l’Algérie, aura un fort potentiel d’attractivité. Oran, la radieuse, peut plus que jamais rayonner de bonheur : son avenir touristique s’annonce sous d’heureux auspices.
https://oumma.com/algerie-une-statue-monumentale-de-lemir-abdelkader-bientot-sur-les-hauteurs-doran/
Une statue géante de l’émir Abdelkader va dominer Oran
Symbole de la lutte contre la colonisation française, l’émir Abdelkader reste une figure forte et fédératrice en Algérie. Une statue géante du résistant se dressera dès la fin de 2024 au cœur de la ville portuaire. Une décision du président de la République en personne.
Sur décision du président Tebboune lui-même, les autorités algériennes vont consacrer une enveloppe de 1,2 milliard de dinars (près de 8 millions d’euros) pour ériger une statue géante de l’émir Abdelkader (1808-1883) et créer un musée en sa mémoire dans la grande ville d’Oran, “sur le mont Murdjadjo [ou Aïdour, qui culmine à 429 mètres d’altitude], où se trouve le fort de Santa Cruz”, rapporte le site d’information Tout sur l’Algérie.
“Avec une hauteur de 42 mètres, la statue sera plus haute que [le fort de] Santa Cruz et dépassera même la plus haute statue du monde qui domine la ville de Rio de Janeiro au Brésil qui a 39 mètres de hauteur [le Christ rédempteur, en haut du mont Corcovado]”, a déclaré fièrement le wali (préfet) d’Oran, Saïd Sayoud, lors d’un point de presse organisé le 24 mai et relayé par la chaîne de télévision Ennahar TV.
Certains titres de la presse algérienne notent toutefois que le Christ rédempteur n’est pas la plus haute statue du monde et que celle de l’émir ne parviendra pas à détrôner les 182 mètres de la Statue de l’Unité en Inde, ni un certain nombre d’autres statues à travers le monde qui dépassent nettement les 42 mètres de hauteur.
Figure emblématique ayant lutté pendant quinze ans contre l’occupation française, Abdelkader est présenté comme “le père de la nation algérienne” dans un podcast signé Radio-Canada. Fait émir (commandant des croyants), il est battu par la France en 1847 et emprisonné à Amboise pendant quatre années. Le monument en son honneur disposera d’un large balcon, et l’épée de l’émir brillera et pointera vers La Mecque.
Saluée par le chef d’état-major de l’armée, Saïd Chanegriha, qui a fait l’éloge de l’émir Abdelkader en tant que “symbole de la résistance populaire algérienne contre les forces de la colonisation et la tyrannie”, l’initiative ne fait pourtant pas l’unanimité chez les Algériens. Sur les réseaux sociaux, certains considèrent que la construction de statues est contraire à l’islam.
“On a eu la mosquée de Bouteflika avec le plus haut minaret du monde et on aura la plus haute statue du monde avec Tebboune. Pour les hôpitaux, les centres de recherche et autres infrastructures stratégiques, les Algériens attendront”, ironise de son côté le site d’information indépendant Le Matin d’Algérie. Une preuve de plus, selon le site d’information, que le régime continue d’“instrumentaliser la mémoire de la résistance algérienne”.
L’émir Abdelkader à Damas, en Syrie, en 1862PHOTO : Wikipédia
igure emblématique de l'Algérie, l'émir Abdelkader a lutté pendant 15 ans contre l'occupation française dans ce pays du Maghreb. Sylvain Cornac, chargé de cours à l'Université de Montréal, nous parle de ce héros de la nation algérienne.
L’émir Abdelkader naît au début du 19e siècle dans une zaouïa, un centre spirituel où « l’on cultive la connaissance, la culture musulmane ». À cette époque, l’Algérie se trouve à la frontière du Maroc chérifien et des confins de l’Empire ottoman. Le pays se trouve sous la pression de la supériorité militaire des Occidentaux, qui ont achevé leur révolution industrielle.
Le père de l’émir Abdelkader combat la France en 1830 pour « défendre une terre musulmane », explique Sylvain Cornac. « On n’est pas, à cette époque-là, dans un esprit nationaliste. » En 1832, il passe la main à son fils.
L’émir organise un embryon d’État en levant des impôts et en faisant appliquer des lois. Pour résister contre la puissance militaire qu’est la France, il compte sur le fait que les troupes françaises rentreront de plus en plus à l’intérieur du pays. La stratégie ne fonctionne pas, car vers 1840, la France colonise le pays. En plus, les soldats français ruinent le pays pour affaiblir l’émir.
L’émir Abdelkader est défait en 1847 et emprisonné en France. « C’est lui qui s’est rendu. On lui avait promis, en fait, qu’il pourrait se retirer vers une terre musulmane, probablement l’Empire ottoman », précise Sylvain Cornac. Il est enfermé à Amboise pendant quatre ans. « Il n’aura de cesse de rappeler à la France sa promesse de le libérer. […] Les autorités militaires ne sont pas prêtes à le laisser aller. »
Napoléon III le libère en 1852, avec l’accord des Ottomans. L’émir Abdelkader s’installe à Damas, en Syrie. Sa figure spirituelle, qui favorise le dialogue interreligieux, se confirme. « Il est accueilli comme un prince régnant, raconte Sylvain Cornac. Il va même enseigner à la grande mosquée de Damas. » Au cours de ce séjour, il protège des chrétiens qui sont la cible de musulmans.
En terminant, Sylvain Cornac raconte pourquoi le nom et l'image de l'émir sont récupérés par l’indépendance en 1962. « C’est un personnage au milieu des mondes, au milieu des empires qui a une spiritualité très profonde », selon le chargé de cours, qui lui a consacré sa thèse de doctorat.
Aujourd'hui l'histoirePublié le 6 avril 2023
https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/aujourd-hui-l-histoire/segments/entrevue/439262/emir-abdelkader-algerie
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Rédigé le 30/05/2023 à 16:06 dans colonisation, Société | Lien permanent | Commentaires (0)
Les relations diplomatiques entre l’Algérie et les USA se renforcent petit à petit. Des entrevues entre les officiels algériens et américains pour promouvoir le commerce international, jusqu’aux rendez-vous entre l’ambassadrice et les ministres du Gouvernement algérien. Des collaborations entre les deux pays, il y en a depuis des siècles, à l’image de la petite ville d’Elkader, nommée en l’honneur de l’Émir Abdelkader et portant son nom à ce jour. Une cité qui brandit haut et fort l’histoire de l’Algérie au cœur des USA.
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Il existe une ville dans l’Iowa qui porte fièrement le nom du combattant historique Emir Abdelkader. Une petite agglomération tranquille qui met à l’honneur l’histoire coloniale d’Algérie et qui abrite quelque 1200 habitants. Telle est la description qui sied le mieux à Elkader.
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L’écho des exploits de l’Émir Abdelkader contre l’armée française entre 1830 et 1847 est parvenu jusqu’en Amérique. Fondée en 1836 par Elisha Boardman et Horace Bronson, la ville prend quelques années plus tard le nom du célèbre guerrier algérien.
Elkader est jumelée à la ville de Mascara depuis 1984. Les deux cités sont considérées comme des villes « sœurs » depuis cette date. Son musée retrace l’histoire de l’Émir Abdelkader et de l’Algérie brièvement. Outre son cachet historique, la ville dispose de bien des atouts pour attirer les touristes et charmer les visiteurs. On peut y trouver un restaurant algérien du nom de « Schera’s Algerian-American Restaurant ».
Identité d’Elkader
La ville dispose même d’un jardin nommé « Mascara Park » pour refléter la ville de naissance du personnage emblématique que représente la ville. Petite et chaleureuse, la ville d’Elkader possède un centre-ville animé avec une rue principale où se trouvent la plupart des commerces et échoppes. Une bonne façon de visiter la ville est de commencer par ce lieu bouillonnant d’histoire.
https://www.algerie360.com/usa-une-ville-de-liowa-baptisee-elkader-en-lhonneur-de-lemir-abdelkader/
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Rédigé le 30/05/2023 à 15:21 dans colonisation, USA | Lien permanent | Commentaires (0)
L’opération de relogement des familles sinistrés suite aux récentes intempéries a été entamée, ce mardi, à Tipasa, sous la supervision du wali, ont indiqué ses services sur le site officiel de la wilaya.
«Le wali de Tipasa, Aboubakr Seddik Boucetta, accompagné par le P/APW, a supervisé aujourd’hui l’opération de relogement des familles sinistrées suites aux dernières inondations», é-t-on écrit.
Dans un premier temps, l’opération a touché «122 familles habitant les communes de Khemisti, Koléa, Fouka et Bouharoune».
A peine deux jours après les instructions du Président Abdelmadjid Tebboune concernant l’indemnisation des familles, els autorités locales se sont mobilisées.
Sur place, le wali a assuré les familles que « l’Etat n’abandonne pas ses enfants », rappelant que le Président avait promis leur relogement, « un engagement tenu ».
Pour rappel, lors de la réunion du Conseil des ministres tenue dimanche, le président de la République a ordonné l‘affectation immédiate de 10 milliards de dinars, soit 1.000 milliards de centimes, du Fonds des catastrophes naturelles pour l’indemnisation, avant la fin de la semaine en cours, des sinistrés des récentes intempéries.
mardi 30 mai 2023 🕓 17:40
https://anndz.dz/fr/2023/05/30/intemperies-122-familla/
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Rédigé le 30/05/2023 à 14:45 dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)
Réal Siellez nous ramène en 1964, deux ans après la fin de la Guerre d’Algérie, et nous raconte l’histoire d’un des tubes de Gilbert Bécaud, L’orange.
Au début des années 1960, Gilbert Bécaud, déjà surnommé "monsieur 100.000 volts", chante et sort des albums depuis une dizaine d’années. Et pourtant, ses plus grands titres sont encore à écrire. "L’important, c’est la rose", "Je reviens te chercher" ou encore "Un peu d’amour et d’amitié" sont encore dans la plume de l’auteur et compositeur français.
En 1964, Gilbert Bécaud s’apprête à retourner à la maison, à savoir à l’Olympia, cette salle qui l’a révélé et consacré, celle dans laquelle il se produira 31 fois, un record. Pour ce retour à l’Olympia, Bécaud réserve la création et la première interprétation d’un autre de ses tubes… "Nathalie".
Pourtant, malgré ce tube en devenir, Bécaud sent qu’il lui manque une chanson pour son concert à l’Olympia.
A deux semaines du concert, Bécaud est dans sa cabane du Chesnay avec son ami et parolier Pierre Delanoë et lui demande s’il n’a pas une chanson en magasin pour compléter son programme. La réponse est non. Bécaud lui rétorque alors "c’est pas compliqué, dis-moi le premier mot qui te passe par la tête". "Je lui réponds ORANGE…", explique Delanoë : "A partir de là, cette orange, on n’allait pas la cueillir ni la vendre ou l’éplucher. En revanche, le vol introduisait une dimension dramatique. Le côté antiraciste de la chanson est venu naturellement."
Gilbert Bécaud, à l’Olympia © Lipnitzki / Roger Viollet via Getty Images
La force de cette chanson, c’est ce chœur accusatoire, qui a bien plus de texte et de présence vocal que l’interprète principal, qui se débat par des cris chantés au milieu de la vindicte populaire. Le propos de la chanson est bien une accusation d’ordre raciste. Les exemples sont surréalistes, l’image du sang qui coule sur les doigts amène une portée criminelle alors qu’il s’agit juste d’une orange sanguine, les mains crochues sont à la fois une image fantasmée du méchant de conte que l’on devine en filigrane, et une correction de texte, puisque dans le texte originel, on évoquait un "nez crochu", insulte archétypale hautement antisémite qui a été modifiée avant la première interprétation… Le racisme étant déjà assez clairement présent dans la chanson.
Le contexte historique de l’écriture de cette chanson est très important. En effet, nous sommes en France en 1964… Depuis deux ans, des milliers d’Algériens sont venus s’installer en France.
L’orange est donc une chanson qui traite de la peur de l’étranger qui arrive sur les marchés de la belle France. Le fruit, c’est le travail de cueillette et de vente retiré de la main du bon patriote, et la nourriture confisquée de la bouche de sa famille.
Et l’indice sur l’origine algérienne du personnage dessiné par Bécaud et Delanoë, se trouve peut-être dans sa défense : "je cherchais l’oiseau bleu". Cet oiseau bleu, c’est, entre autres, le nom de code d’une opération des services secrets français lors de la guerre d’indépendance d’Algérie. Elle avait pour objectif de détacher de la rébellion algérienne des centaines de Kabyles pour les transformer en commandos clandestins au sein de leur propre front de libération national, à savoir le FLN.
Quand l’interprète, qui incarne l’étranger, dit à la foule – qui finira tout de même par le pendre -, qu’il cherche l’oiseau bleu… Il veut potentiellement se protéger en assurant aux rageux écumants qu’il a été prêt à trahir sa nation d’origine pour être des leurs.
L’orange, une chanson qui dénonce le racisme en le mettant en scène et qu’il est bon de remettre sur le devant de la scène, tant son sujet est encore et bien malheureusement, actuel.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Oiseau_bleu
https://www.rtbf.be/article/lorange-de-gilbert-becaud-une-chanson-qui-denonce-le-racisme-ambiant-dune-france-post-guerre-dalgerie-11205147
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Rédigé le 30/05/2023 à 10:57 dans Chansons, France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)
Fils du militant communiste anticolonialiste Maurice Audin, le mathématicien est mort dimanche 28 mai d’un cancer. Il avait combattu toute sa vie pour que la lumière soit faite sur la mort de son père.
Pierre Audin, avec l’écharpe verte, lors de l’inauguration d’un buste de son père sur la place Maurice-Audin, au centre d’Alger (Algérie), le 5 juin 2022. PHOTO BY AFP
La photo de Pierre Audin, tout sourire et passeport vert à la main, datant d’avril 2022, a été maintes fois partagée sur les réseaux sociaux algériens à l’annonce de son décès, dimanche 28 mai 2023, des suites d’un cancer. Professeur de mathématiques et longtemps médiateur scientifique au Palais de la Découverte à Paris, il avait attendu 55 ans pour se voir délivrer son passeport algérien grâce à une naturalisation par décret présidentiel, publié au Journal officiel le 25 août.
C’est « bizarre qu’on naturalise algérien un Algérien », avait alors déclaré Pierre Audin. Sa mère, Josette Audin, avait en effet la nationalité algérienne depuis 1963, ce qui aurait dû automatiquement lui permettre de l’acquérir, selon la loi.
L’histoire de la famille est en effet avant tout une histoire algérienne. Pierre Audin a passé sa vie à défendre la mémoire de son père Maurice Audin, mort lorsqu’il n’avait qu’un mois. Le militant communiste anticolonialiste soupçonné d’être en lien avec le Front de libération nationale (FLN), avait été enlevé à Alger le 11 juin 1957, en pleine guerre d’Algérie, et assassiné par les paramilitaires du général français Jacques Massu. Une responsabilité que la France a mise soixante et un ans à assumer. La reconnaissance est venue par la voix d’Emmanuel Macron. Le 13 septembre 2018, le président français a déclaré « au nom de la République française, que Maurice Audin a été torturé puis exécuté ou torturé à mort par des militaires qui l’avaient arrêté à son domicile ».
« La vie de Pierre aura été consacrée au combat incessant, aux côtés de sa mère Josette, pour que soit dite toute la vérité sur les circonstances de la disparition de son père, Maurice Audin, mathématicien et militant actif du Parti communiste algérien » rappelle un communiqué de l’association Josette et Maurice Audin.
La mémoire de Maurice Audin, considéré comme un martyr de la cause indépendantiste, reste vive en Algérie. Le nom du militant a d’ailleurs été donné à une place au cœur de la ville d’Alger, devenue l’épicentre du vaste mouvement de contestation du régime, le Hirak, entamé en février 2019 pour contester la candidature du président Abdelaziz Bouteflika à un cinquième mandat et pour réclamer un changement de système politique, largement dominé depuis l’indépendance par les hauts gradés militaires. Dès les premières manifestations, des jeunes avaient entouré le portrait en céramique de Maurice Audin, créé sur un mur de la place, de quantité de petits mots notés sur des post-it pour rendre hommage à son combat et s’inscrire dans la continuité de sa lutte pour la liberté des Algériens.
Pierre Audin était revenu à Alger en mai 2022, à l’occasion du 60e anniversaire de l’indépendance. Puis le 5 juin, il avait assisté à l’inauguration du buste à l’effigie de son père. Un grand moment d’émotion dans ce lieu évocateur du combat d’hier pour l’indépendance, comme celui pour les libertés porté récemment par le Hirak, aujourd’hui étouffé par la répression.
Car le combat des Audin n’avait rien d’une histoire passée. Pierre Audin s’est distingué ces dernières années par ses prises de position en faveur du Hirak et contre la répression. Il s’était engagé dans un comité international de soutien au journaliste Khaled Drareni et avait adressé un message d’une grande vigueur aux autorités algériennes, appelées à se « ressaisir » et à laisser les citoyens s’exprimer.
Alors que Khaled Drareni était incarcéré de mars 2020 à février 2021 pour sa couverture en direct des manifestations du Hirak, Pierre Audin lui envoyait souvent des courriers. « Ces lettres étaient souvent écrites dans une écriture quasi illisible. Lorsque je le lui ai fait remarquer, Pierre m’a expliqué avec humour qu’il faisait exprès d’écrire mal pour fatiguer les responsables de la prison qui lisaient les lettres avant de me les remettre », raconte Khaled Drareni, rendant hommage à un homme « resté profondément attaché à ses compatriotes en Algérie et qui soutenait leur quête de la dignité et des libertés ».
Ce combat, Pierre Audin l’a mené jusqu’au bout de sa vie. « Maurice Audin a été torturé et assassiné parce qu’il voulait une Algérie indépendante, fraternelle et solidaire. Aujourd’hui, j’ai honte pour ce pouvoir qui oublie son histoire, agresse des manifestants sur la place Audin, arrête Khaled Drareni à proximité de la place Audin, dans la rue même où ma mère garait sa 4 CV, une rue en pente, pour pouvoir démarrer sans manivelle ! Moi, mon histoire me colle aux tripes, c’est comme si, encore une fois, on arrêtait quelqu’un chez moi », écrivait Pierre Audin qui estimait qu’« Alger était la plus belle ville au monde ».
Par Karim Amrouche(Alger, correspondance)
Rédigé le 30/05/2023 à 09:58 dans Algérie, France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)
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