Les deux réalisateurs ont collaboré pour la création de ce film remarquable, combinant avec habileté le grand spectacle historique et la tragédie théâtrale. Ce long métrage aborde l’histoire et le parcours de Zaphira, la souveraine qui aurait tenu tête au pirate Barberousse en 1516.
Ce récit sera sur les grands écrans dès le 23 juin 2023. La projection est programmée dans un premier temps dans les wilayas d’Alger, Oran et Constantine. Les autres wilayas s’ajouteront dans la liste de projection progressivement.
Le centre algérien pour le développement du cinéma ainsi que MD Ciné assureront la distribution du film.
Sorti le 19 avril dans les salles de cinéma françaises, le film suscite toujours l’engouement. Il avait attiré dans un premier temps 24 000 spectateurs dès sa première semaine d’exploitation et s’était hissé à la 20ᵉ place du classement sur le site.
Ces résultats sont d’autant plus remarquables pour un film de production étrangère au budget moyen, qui a également fait face à des difficultés de diffusion. Les réalisateurs avaient confessé avoir rencontré des obstacles lors du financement de ce projet.
Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a décidé de réintroduire dans l’hymne national un couplet visant directement la France. Les explications de Laurent Neumann dans "Apolline Matin", ce vendredi sur RMC et RMC Story.
Les relations de la France avec Abdelmadjid Tebboune, président de la République algérienne, viennent à nouveau de s’assombrir… Depuis son élection en décembre 2019, le président algérien ne cesse de souffler le chaud et le froid sur la relation Paris-Alger. Le chaud, en mars dernier, quand il se réconcilie avec le président Emmanuel Macron en promettant de relancer la relation bilatérale entre les deux pays. Le froid avec la décision qu’il vient de prendre de réintroduire dans l’hymne algérien le 3e couplet qui, depuis un décret de 1986, n’était plus chanté que lors des congrès du FLN ou l’investiture du président algérien.
Un couplet qui vise directement la France: "Ô France ! Le temps des palabres est révolu, nous l'avons clos comme on ferme un livre. Ô France ! Voici venu le jour où il te faut rendre des comptes. Prépare-toi ! Voici notre réponse. Le verdict, notre révolution le rendra, car nous avons décidé que l'Algérie vivra".
Du coup, l’hymne algérien, composé en 1955 par le poète et fervent militant indépendantiste Moufdi Zakaria, et adopté en 1963, quelques mois après l’indépendance, devient ainsi le seul au monde à citer un autre pays, a fortiori pour l’attaquer.
UN VOYAGE EN FRANCE REPORTÉ SINE DIE
Pourquoi un tel geste d’hostilité? D’abord, ce passé qui ne passe pas, les blessures non refermées de la guerre d’Algérie. Ensuite, la personnalité ambivalente de Tebboune, né en 1945 à Mechria, en Algérie, alors considérée comme un département français, et membre du FLN depuis plus de 50 ans. Et surtout le contexte diplomatique tendu entre Paris et Alger. Il y a eu la crise des visas pour "punir" Alger de ne pas reprendre ses ressortissants faisant l’objet d’une OQTF. Puis une vraie brouille quand Paris a aidé à exfiltrer de Tunis vers la France une opposante franco-algérienne, sous le coup d’une condamnation en Algérie.
Du coup, le voyage de Tebboune en France prévu le 2 mai dernier a été reporté en juin. Or, non seulement la date n’est toujours pas fixée mais, en guise de pied de nez, Tebboune vient d’achever ce jeudi un voyage d’Etat de trois jours à Moscou. Ajoutez la récente interview d’Edouard Philippe dans L’Express qui veut dénoncer le traité franco-algérien de 1968 qui définit les conditions d’accueil et de séjour des Algériens en France… Le temps est à l’orage.
Une question posée en 1972 et qui n’a toujours pas de réponse
par Jules Roy
Dans ces terribles pages adressées en 1972 au général Massu, l’écrivain Jules Roy a égrené en une saisissante litanie, une liste de noms d’Algériens disparus entre les mains des parachutistes durant la « bataille d’Alger ». Bon nombre d’entre eux ont été identifiés depuis septembre 2018 sur le site 1000autres.org. Quelques décennies plus tard, son apostrophe, « Où sont-ils ? », en espagnol, « ¿ Dónde Están ? », sera tragiquement reprise pour accompagner, d’autre litanies de noms, ceux des disparus victimes des dictatures militaires d’Amérique latine. L’exigence de vérité sur les crimes dont tous ont été victimes est une demande universelle, à Alger comme à Santiago.
Texte extrait de J’accuse le général Massu, que l’écrivain Jules Roy a publié en 1972.
Si nous avons fini par connaître le sort de Maurice Audin, et si Henri Alleg, échappé de vos griffes, a pu faire tant de bruit avec son livre, si des juges ont été contraints d’ouvrir des instructions, et si des tribunaux ont pu convoquer des témoins à leur barre, c’est que les accusateurs étaient des nôtres. Mais les autres, général Massu ? Les milliers d’autres ? La pauvre troupe des militants et des non-militants, des suspects et des innocents, des poseurs de bombes et de ceux qui n’étaient coupables que de s’appeler d’un nom arabe ou d’habiter la Casbah, des anciens tirailleurs qui croyaient être épargnés en tendant à vos officiers la liste des citations gagnées sur les champs de bataille de nos guerres à nous et qu’on déchirait sous leurs yeux en leur disant : « Voilà ce que la France vous répond… », la triste, longue et innombrable multitude des misérables aux dents brisées et à la tête fracassée, aux poitrines défoncées, au dos déchiré, aux membres disloqués, cette misérable armée d’éclopés et de bancals, abrutis par les humiliations, ces héros de la honte ou ces naïfs que vous avez rendus enragés, où sont-ils ?
Où sont-ils, les journaliers de la rue Annibal, les boulangers, les manœuvres et les dockers de l’impasse du Palmier, les comptables et les magasiniers, les bijoutiers et les laitiers de la rue de la Lyre, les conducteurs et les receveurs de trolley-bus de la rue Caton, les commerçants, les chauffeurs, les imprimeurs de la rue des Coulouglis, les instituteurs, les maîtres d’internat, les médecins et les infirmiers de la rue de Chartres, les menuisiers et les coiffeurs de la rue Kléber, les cafetiers de la rue Bruce, les jardiniers de la rue du Sphinx, les cordonniers de la rue du Chat, les employés d’administration, les caissiers de la rue Salluste, les chauffeurs de taxi de la rue des Abencérages et de la rue du Divan, les bouchers de la rue du Centaure, les gargotiers, les marchands de légumes de la rue Jugurtha, les cheminots, les épiciers, les brocanteurs de la rue Marengo, les laitiers, les forains, les pâtissiers, les tailleurs de la rue de la Gazelle, les fleuristes, les miroitiers, les camelots et les plombiers de la rue de la Girafe et de la rue des Lotophages, tous ceux que vos bérets rouges, vos bérets noirs ou vos bérets bleus allaient cueillir parfois dans les bains maures ou dans les mosquées, déversaient dans les chiourmes de Beni-Messous et de Ben Aknoun, enfermaient dans les grottes de vos villas des hauts d’Alger et du Sahel, enchainaient quelquefois par le cou et par les mains les uns aux autres comme des bêtes et interrogeaient pendant des nuits et des nuits avec des tenailles, des électrodes et des cigarettes, tous ceux que vous arrêtiez parce qu’ils étaient trop bien habillés ou qu’ils avaient une tête qui ne vous revenait pas, que vous battiez jusqu’à ce qu’ils s’évanouissent, que vous entassiez dans ce que vous appeliez des centres d’hébergement munis de souterrains et d’abattoirs ou que vous transfériez dans vos ateliers de la Corniche et de l’allée des Mûriers, oui, où sont-ils ? Où sont les quatre-vingt-dix malheureux asphyxiés au printemps 1957 dans des cuves à vin de quelques domaines de la Mitidja, et comment se nomment ceux qu’on trouvait sur les plages et sur les brise-lames du port, ligotés dans des sacs ? Où sont-ils, ceux que parfois, quand un avocat demandait de leurs nouvelles, vous déclariez avoir remis en liberté ou ne figurant pas sur vos fichiers, ou enfuis ? si nombreux que la préfecture d’Alger et certains secteurs avaient dû imprimer des circulaires pour répondre que les enquêtes n’avaient pas permis de retrouver leur passage, ceux à propos desquels Mme Massu, présidente de « l’Association pour la formation de la jeunesse », demandait des autorisations de visite, les jeunes, les vieux les pères de famille et les orphelins, les garçons dont les mères folles de douleur venaient pleurer en silence devant les commissariats de police et les casernes ? […]
Comment savoir, n’est-ce pas, ce que sont devenus tous ces Abdeddaïn*, ces Abou, ces Achache, ces Adder, ces Aït Saada* (ce qui veut dire les fils du bonheur), ces Amraoui qu’on a entendu crier toute une nuit, ces Asselah*, ces Ayadi et Ben Ali*, ces Bachara et ces Benbraham qu’on a ramenés chez eux pour fouiller leur maison, puis rembarqués, ces Barkate et ces Ben Moulay, ces Bendris* et ces Baziz, ces Bécha et ces Bouabdallah* et ces Bouchakour, ces Bouderbel et ces Bouzid*, ces Chouchi et ces Cheddad, ces Dahmane* et ces Djegaoud, ces Diffalah et ces Djafer, ces Djanaddi, ces Douadi dont on a seulement repêché le portefeuille et les papiers, ces Djouder, ces Essghir, ces El Keddim, ces Fadli, ces Gaoua et ces Guenndour, ces Hamdani et ces Hammache, ces Issaadi*, ces Kaïm, ces Kadem*, ces Kherfi, ces Kherbouche, ces Laghouati, ces Mahieddine* et ces Mabed*, ces Madjene, ces Mammeri, ces Merouane* dont on a volé les économies, ces Mimoun, ces Moktari, ces Nourine et ces Nachef, ces Ouamara* et ces Ouaguenouni, ces Rahim, ces Sadfi*, ces Sadi, ces Sakani, ces Sifaoui dont les corps ont été arrosés d’essence et brûlés, et tous les Slimi les Taalbi*, les Tabarourt, les Tazir*, les Touati, les Yaker, les Younsi, les Zouïche, les Zergoug*, les Zigara et les Ziane, où sont-ils Vierge souveraine ? En quel martyrologe figurent-ils puisque vous avez ordonné que « le secret le plus absolu » devait être assuré en ce qui concernait « le nombre, l’identité et la qualité des suspects arrêtés » ? Tous échappés, tous victimes, selon vous, de règlement de comptes. En vérité tous libérés d’une rafale de mitraillette ou étouffés la tête dans un seau d’eau, tous enfouis sous la chaux dans les fosses, tous brisés, tous écrasés. Par vous.
Si vous l’osez, général Massu, demandez-leur d’intercéder pour vous le jour du jugement dernier [1].
Pourquoi ce texte ?
par Fabrice Riceputi
L’incipit du livre J’accuse le général Massu que l’écrivain Jules Roy a publié en 1972 et dont ce texte est extrait est : « Nous commencions à oublier ». Le pied-noir Jules Roy veut parler des horreurs d’une guerre terminée depuis dix ans et qui l’a mortifié. S’il écrit ce « J’accuse », c’est que, quelques mois plus tôt, le général Massu s’est offert un nouveau moment de gloire médiatique en publiant un livre, assez drôlatiquement intitulé « La Vraie Bataille d’Alger » et qui fut un colossal succès commercial. L’ancien commandant de la 10eme Division Parachutiste prenait ainsi la part qui lui revenait de droit dans l’exploitation d’un juteux filon éditorial français : le mythe d’une « bataille d’Alger » remporté sur « le terrorisme » FLN, héroïsant sans vergogne les acteurs d’une sanglante répression de plusieurs mois. Ce filon avait été ouvert dès 1960 par Les Centurions de Jean Lartéguy — un million d’exemplaires —, ce roman de gare ayant lui-même été adapté en 1966 dans un film hollywoodien à succès. On pouvait notamment y voir Anthony Quinn incarner Marcel Bigeard et Claudia Cardinale Djamila Bouhired.
Massu fait dans ce récit « l’apologie d’une torture fonctionnelle, comparable à l’acte médical du chirurgien ou du dentiste » (Pierre Vidal-Naquet). Et il est donc à nouveau partout, notamment à la télévision où, débonnaire et modeste, il est longuement interviewé par un Pierre Dumayet qui ne le malmène pas particulièrement [2].
Jules Roy est de ceux — peu nombreux — qui s’étranglent alors à la vue de l’obscène succès public de l’homme qui dirigea à Alger en 1957 un cataclysme de torture et d’assassinats. Dans ces 120 pages, ce natif d’Algérie, catholique comme Massu, ancien de la France Libre comme Massu, ancien d’Indochine comme Massu, y interpelle violemment le général auquel il rappelle avoir pour sa part préféré quitter une armée française qui se comportait en Indochine, dit-il déjà en 1952, « comme les S.S. ».
L’assaut est rude : « ce qu’on avait répugnance à remâcher, vous l’avez vomi. Comme ça. D’un coup. Et vous nous obligez à marcher dedans. » (p. 17). Sans doute Jules Roy espère-t-il un procès en diffamation qui fournirait l’occasion d’exposer les crimes de l’armée française. Mais, en dépit de la gravité des attaques portées à son encontre, Massu ne réagit pas.
C’est que ce brûlot très littéraire est plus sérieusement documenté qu’il n’y paraît au premier abord. Jules Roy s’est notamment informé auprès de son ami Paul Teitgen [3], comme en témoigne sa mention de « circulaires » imprimées par la Préfecture pour répondre aux demandes d’information des familles sur leurs disparus. L’affaire des 90 « suspects » morts asphyxiés dans des cuves à vin est avérée [4].
Et aucun des noms, des métiers et des adresses qu’il égrène ici dans une terrible litanie ne sont évidemment inventés. Jules Roy les extrait du Cahier Vert, publié en 1959 par Jacques Vergès, Michel Zavrian et Maurice Courrégé [5]. En août 1959, ces avocats, en dépit de l’obstruction policière, avaient recueilli en quelques jours à l’hôtel Aletti quelques 150 « plaintes » de proches de disparus entre les mains des militaires. La justice française n’en ayant cure, ils adressèrent ces plaintes à la Croix Rouge internationale, qui ne semble pas en avoir fait quelque chose.
La plupart de ces disparus réclamés par leurs familles avaient été enlevés par les parachutistes à Alger en 1957. Aujourd’hui, ils figurent avec 900 autres sur le site 1000autres.org. Pour nombre d’entre eux, dont les noms sont ici suivis d’un astérisque, leurs proches ont répondu à l’appel à témoignage lancé en septembre 2018 sur ce site et ont confirmé et raconté leur disparition définitive, fournissant parfois, quand ils en disposent, des documents relatifs au disparu, ainsi souvent que sa photographie.
[1] Jules Roy, J’accuse le général Massu, Le Seuil, Paris, 1972, p. 74-79.
[4] « Dans la nuit du 14 au 15 mai 1957, 41 prisonniers algériens sont morts asphyxiés dans des cuves à vin à Aïn-Isser (Tlemcen). Seize détenus subissent le même sort à Mercier-Lacombe (Sidi Bel-Abbès), le 16 avril 1957, le 27 juin 1957 à Mouzaïa-ville (Blida) 21 autres Algériens périssent dans les mêmes conditions. » Pierre-Vidal Naquet, Les crimes de l’armée française, Paris, Maspero, 1975.
[5] Les Temps Modernes, n°163, septembre 1959, « Le « Cahier Vert » des disparitions en Algérie » ; Jacques Vergès, Michel Zavrian, Maurice Courrégé ; Les disparus, le cahier vert, Lausanne, La Cité, 1959 ; Pierre Vidal-Naquet, « Le cahier vert expliqué », in Les crimes de l’armée française, Maspero, 1975.
«l'État s'engage à protéger les membres de la Communauté nationale à l'étranger et à appuyer leur contribution au développement du pays» (51ème engagement électoral du Président Abdelmadjid Tebboune).
Cet engagement a été, en grande partie, concrétisé à travers la réduction des prix des vols pour préserver ses liens avec la Patrie, l'accès à la retraite auprès de la Caisse nationale des retraites (CNR), et d'autres incitations visant à alléger le poids de l'éloignement du pays.
Qui sont-ils ces émigrés ?
Aux premiers jours de juillet, des milliers de voitures, le porte-bagages chargé à bloc, affluent sur les autoroutes de France. Direction l'Algérie ! Ce que mes parents essayaient de faire, c'est de créer un lien entre leur passé à eux et notre futur à nous (*) ; pour eux, ce retour aux sources est une nécessité, un devoir familial même car c'est le seul moyen de transmettre l'amour du pays à leurs enfants nés en France. Pour les enfants, ils attendent de cette immersion sur la terre de leurs ancêtres des clés pour mieux comprendre leur identité. Entre pays fantasmé et réalité, cette confrontation avec le bled est le temps de la vérité. Selon une analyse réalisée par l'Institut national français des Etudes démographiques (Ined), l'Algérie figurerait parmi les 15 pays qui fournissent le plus de migrants au monde. Pour l'Aida (Association internationale de la diaspora algérienne) basée à Londres, les Algériens ou personnes d'origine algérienne, vivant à l'étranger en 2018, seraient au nombre de 7 millions d'individus, voire plus ! Un ancien secrétaire d'Etat en charge de la Communauté nationale à l'étranger, avait répondu par cet artifice : « Il y a ceux qui résident à l'étranger de manière régulière et qui sont immatriculés dans nos consulats, ceux qui résident de manière régulière et qui préfèrent ne pas se rapprocher de nos services et sont donc, non immatriculés, et ceux, enfin, qui y vivent de manière irrégulière ou clandestine ». En France, ils seraient 5 millions ! En Amérique du Nord, ils se situeraient entre 120.000 et 140.000 (110.000 au Canada et 30.000 aux USA. Dans les pays arabes, ils seraient quelques milliers et en Afrique quelques centaines.
De ce qui précède, il y a lieu de bien définir les concepts
Jusque-là, on a parlé de migration algérienne car en France, dès 1947, les Algériens deviennent, officiellement du moins, des citoyens appelés par l'administration des «Français musulmans d'Algérie (FMA)». Ils ne sont pas alors considérés comme des migrants étrangers mais comme des migrants régionaux, un petit peu comme les Bretons et les Corses, même s'ils sont, dans les faits, traités durement, guerre d'Algérie oblige.
D'un point de vue juridique, l'émigration algérienne débute officiellement en France, le 5 juillet 1962. Entre 1962 et 1982, la population algérienne, dans ce pays, passe de 350.000 à plus de 800.000 personnes. C'est la première vague. Cette population qui ne cesse de croître, se décuple en générations voyageant, étudiant, commerçant et s'établissant dans les cinq continents ! Les mouvements migratoires de nos compatriotes ont commencé au début du siècle: le plus gros des troupes se trouvent en France où la première phase de migration algérienne a débuté en 1905. La main-d'œuvre qui la compose travaille essentiellement dans les raffineries et huileries de Marseille, ou comme dockers sur les navires. Des centaines d'Algériens sont, ainsi, embauchés dans les mines et les usines du Nord et du Pas-de-Calais, les industries de Clermont-Ferrand et Paris. Dès 1912, on parle d'un véritable mouvement migratoire de 4.000 à 5.000 Algériens qui s'accélère dès 1913, grâce à la suppression du permis de voyage qui était alors requis pour les Algériens en France. La seconde vague migratoire est composée globalement de 80.000 travailleurs et 175.000 soldats venus d'Algérie dans le cadre de la Première Guerre mondiale. Ceux qui ne sont pas sur le front, sont employés dans la production d'armement, le génie, l'aéronautique, les transports et les mines.
La troisième vague débute en 1920 avec une composante kabyle qui reste importante, avec la migration des habitants du nord-ouest oranais qui commencent à gagner du terrain. La quatrième vague débute avec la fin de la Seconde Guerre mondiale, après 1945 où les Algériens occupent des emplois dans les domaines de reconstruction de la France et de la relance économique, dans les mines, la sidérurgie, l'industrie et le bâtiment.
La cinquième vague commence avec la guerre de Libération nationale (1954-1962). Le GPRA est formé, le FLN prend le contrôle de l'émigration qui participe au combat libérateur et à l'effort de guerre.
Emigrés, mal-aimés, là-bas ?
Un sondage réalisé en France, par Ifop/Atlantic révèle que 26% des Français seulement ont une bonne image des Algériens contre 71% des Marocains et 53 % des Tunisiens :
1. existe-t-il un lien entre le déficit d'image dont souffre l'Algérien en France et la façon dont sont intégrés les émigrés et leurs enfants ?
2. sont-ils moins intégrés que les autres Maghrébins ?
3. sont-ils moins défendus au plan des droits ?
Que dire alors de ceux qui ne possèdent ni « titre de séjour ni permis de travail », ces « sans-papiers » qui vivent dans la clandestinité la plus totale échappant même au recensement le plus approximatif ; un ancien ambassadeur français les a situés autour de 350.000, chiffre qu'il faut prendre sous toutes réserves, bien entendu, dans ce qu'il cache comme manipulation politicienne, notamment chez certains politiciens de droite, Eric Ciotti, Edouard Philippe et Xavier Driencourt qui ont pris, notamment la tête de ceux revendiquant, à cor et à cris, la révision des « Accords d'Evian » en matière de circulation des biens et des personnes !
C'est vrai qu'il est difficile de compter des gens dans la clandestinité mais ce qui est aussi vrai c'est que ces personnes sont décidées «à faire leur trou là-bas envers et contre tous» ! À ce propos, le Président Tebboune a rappelé que «l'État algérien était attaché à assurer la protection de ses enfants à l'étranger et à les défendre s'ils sont victimes d'injustices dans leurs pays de résidence, et ce, dans le cadre du respect de la souveraineté de ces derniers. Les représentations diplomatiques du pays avaient été chargées d'assurer la défense de tout Algérien victime de harcèlement ou d'injustice» !
Incompris ici ?
Notre émigration n'est organisée ni socialement ni culturellement et aujourd'hui, on en arrive même à regretter «l'Amicale des Algériens en Europe », organisation sous l'égide du FLN certes, mais qui arrivait, tout de même, à encadrer, peu ou prou, cette population de l'étranger. L'émigration algérienne en France a payé un lourd tribut et a conquis ses lettres de noblesse pendant la Révolution. Les aînés regroupés dans la Fédération de France ont contribué financièrement et plus encore, à faire progresser la lutte de Libération : Mourepiane et les manifestations du 17 Octobre 1961 en sont les marqueurs.
Aujourd'hui, elle continue à être marquée par ses divisions historiques, politiques et même ethniques. Elle est préoccupée par son existence quotidienne car l'émigré, le beur et, paradoxalement, «le Franco-Algérien » est avant tout une condition sociale dont il est difficile d'en sortir.
Il n'en demeure pas moins que ces Algériens-là sont visibles et font étalage de leur amour du pays à chaque occasion et à chaque match de l'équipe nationale de football où ils déploient l'emblème national, une manière comme une autre de manifester leur présence et de se rappeler au bon souvenir de leurs gouvernants.
Peut-on, pour autant, parler de diaspora ?
Oui, à voir et à entendre certaines personnalités publiques françaises d'origine algérienne qui n'ont de cesse d'affirmer leur appartenance à l'Algérie ; on peut citer dans le désordre Isabelle Adjani, Leïla Bekhti, Shéryfa Luna, Smaïn, Rachid Taha, Rachid Bouchareb, Rachid Arhab, Zinedine Zidane, Brahim Asloun et beaucoup d'autres qui appartiennent au monde de la Culture et du Sport. Ou encore Fadéla Amara, Leila Aichi, Kader Arif, Azouz Begag, Nora Berra, Malika Benarab-Attou, Yamina Benguigui, Malek Boutih, Samia Ghali, Bariza Khiari, Tokia Saïfi, Karim Zeribi qui appartiennent au monde de la politique.
Tout ceci pour dire que le potentiel humain existe mais que les mécanismes institutionnels, de ceux qui font actionner les lobbys font défaut comme par exemple le fameux «Conseil Consultatif de l'Immigration» souvent annoncé mais tant de fois différé puis remisé dans les tiroirs de nos instances gouvernementales !
La manne des émigrés
Selon la Banque mondiale, les transferts d'argent des travailleurs émigrés vers les pays en voie de développement devraient augmenter de plus de 6% cette année. L'Inde et la Chine sont les premiers bénéficiaires de ces fonds avec 70 milliards de dollars par chaque pays. En 2012, ces fonds ont atteint le seuil de 406 milliards de dollars, soit une hausse de 6,5% par rapport à 2011. Ces flux devraient encore progresser de près de 8% en 2013, puis de 10% en 2014.
Pour certains pays africains, les transferts des immigrés représentent près de 10% du PIB. Le Nigeria est en tête avec 21 milliards de dollars en 2012, suivi du Soudan, du Kenya, du Sénégal et de l'Afrique du Sud. En Afrique du Nord, le Maroc se taille la part du lion avec plus de 6 milliards de dollars. Les travailleurs émigrés n'hésitent pas à augmenter les sommes envoyées en cas de situation difficile, dans leur pays d'origine.
Emigrés, où sont passées justement, leurs devises ?
Interpellé au sujet de l'apport des émigrés établis à l'étranger, à l'économie du pays, l'ancien ministre délégué chargé de la Communauté nationale à l'étranger d'alors, avait estimé que « leur contribution est insignifiante, les sommes transitant par le canal bancaire ne se hissent pas au niveau souhaité, et comparativement aux seuls voisins maghrébins, nous sommes les derniers ».
Les émigrés maghrébins ont transféré dans leur pays quelque 3 milliards et 15 millions d'euros. Le compte a été donné par la Banque européenne d'investissement qui vient de révéler que les Algériens devancent, en la matière, les Marocains avec 2 milliards et 13 millions d'euros et les Tunisiens avec 84 millions d'euros.
La banque ne dit pas où va cet argent une fois au bled. Selon certains témoignages recueillis auprès des émigrés, cette manne ne sert en aucun cas, le développement économique. Les devises sont échangées « au black ». Même les retraités s'y résignent et en profitent, tout comme les barons de l'informel !
Avec la dépréciation de la monnaie nationale qui s'est traduite par un gouffre entre le taux de change officiel et la cotation du marché parallèle de la devise, les transferts se sont littéralement asséchés, ne représentant que 1,7 milliard de dollars en 2019
Chez nous, la captation des fonds de notre communauté à l'étranger avait compté parmi les pistes ouvertes par le gouvernement lors de la conférence des chefs de missions diplomatiques et des chefs de postes consulaires algériens, qui s'était tenue, dernièrement, avec notamment l'ouverture de représentations d'institutions bancaires algériennes à l'étranger, ne peuvent pas constituer la panacée pour rétablir les liens de confiance perdus avec notre diaspora.
L'absence de mécanismes incitatifs pour mobiliser les fonds de l'émigration par des formules d'accès au logement, au foncier, une politique de prix raisonnable des billets, devenus inabordables, et pour les investisseurs, par l'octroi d'avantages comparatifs qui les amèneraient à placer leur argent en Algérie et pas ailleurs ont contribué à élargir la fracture.*
Pas plus que la représentation de notre Communauté dans les institutions nationales, au sein de l'Exécutif et au Parlement, n'a permis de rendre la voix et les revendications de notre diaspora audibles. C'est l'ensemble de la politique de l'émigration qu'il faudra se résoudre à repenser !*
Quid du retour définitif des émigrés au pays ?
Ce phénomène de retour répandu chez les retraités, s'est étendu, ces dernières années, chez les plus jeunes diplômés et expérimentés qui ont accumulé un petit capital et qui songent à retourner au pays. Apparemment et à les entendre, ils n'éprouvent aucun regret à quitter la France et l'Europe où sévissent, selon eux, le racisme, la discrimination dans l'emploi et le logement.
Un quota de logements doit être réservé à cette catégorie d'émigrés, désireux de participer au développement du pays ; cette formule imaginée par Abdelmadjid Tebboune à l'époque où il était ministre de l'Habitat, si elle devait être retenue par le gouvernement, donnerait la possibilité au bénéficiaire immigré de s'acquitter de l'achat de son appartement en devises.
Conclusion
Bon an mal an, les émigrés viennent au bled passer les vacances ; ils repartent avec le sentiment que le pays est prospère grâce à son pétrole qui est aussi le leur, qu'il regorge de tout et qu'il peut, somme toute, se passer de leur maigre pécule, fut-il libellé en devises !
Et dans l'absolu, « Si l'Algérie d'aujourd'hui est en crise, le rappelait justement un émigré, cela n'est pas de notre fait car beaucoup d'entre-nous laissent tout de même une part de leurs économies dans les caisses des compagnies aériennes, des agences de voyages, des commerçants et participent, ainsi, à l'économie du pays » !
(*) Linda Amirat (Auteure-réalisatrice du documentaire « Bons baisers du bled »)
La politique étrangère de l'Algérie, 1962-2022. Des idéaux de la révolution aux exigences de la realpolitik. Essai de Amar Abba (Préface de Abdelaziz Rahabi). Editions Frantz Fanon, Boumerdès 2022, 440 pages, 1 500 dinars
La couleur est annoncée dès le départ : « La politique étrangère de l'Algérie depuis 60 ans a été, dans son style comme dans son contenu, durant longtemps, plus une diplomatie de mouvement de libération au service d'une idéologie qu'une diplomatie d'Etat ». Quelques causes : « la génération qui a lutté pour l'indépendance est restée (trop) longtemps au pouvoir », l'affirmation des principes, l' « intérêt » étant devenu un « gros mot »... Bref, une approche idéologique, doctrinaire et même idéaliste... Soixante ans après l'indépendance il y a plus de souplesse et de réalisme chez les Algériens qui semblent avoir adouci les arêtes les plus saillantes de leur démarche sur le plan international : « En un mot, ils sont passés (surtout et entre autres avec les Etats-Unis) d'une diplomatie des idéaux à une diplomatie des intérêts ». Le titre en lui-même est bien choisi. Il est juste.
L'auteur n'a pas été avare en sujets, en observations et analyses. Il a ratissé très large fournissant au lecteur tout ce que son expérience (47 années de service) au sein de l'Administration et en poste a pu observer et récolter :
En matière d'action bilatérale (les priorités stratégiques par le voisinage, par la puissance et l'influence, par l'insertion régionale, par le partenariat avec les pays émergents et par le commerce extérieur).
En matière d'action multilatérale (ou la gestion commune de l'interdépendance et des défis globaux).
En matière des moyens de l'action extérieure, ses ressources, les structures et les instruments utilisés pour sa concrétisation et sans lesquels aucune politique étrangère n'est envisageable. Et, l'Algérie possède aujourd'hui l'un des appareils diplomatiques les plus denses pour un pays à revenu intermédiaire : 95 ambassades, 2 missions permanentes, 2 antennes diplomatiques, 20 consulats généraux et 21 consulats, soit 140 postes.
L'Auteur : Né en 1948 à Ighil Mahni (Azeffoun). Etudes à l'Ena (Alger). Longue carrière dans la diplomatie (dont plusieurs postes au Mae) et ambassades en Afrique et en Europe. Retraite depuis 2019. Enseigne à l'Idri (Mae).
Table des matières : Avant-propos/ Préface/ Introduction/ Première partie: L'action bilatérale et régionale et la gestion des priorités stratégiques et des partenariats (5 chapitres)/Deuxième partie : L'action multilatérale sur la gestion commune de l'interdépendance et des défis globaux (7 chapitres)/ Troisième partie : Les moyens de l'action extérieure : ressources, structures et instruments (2 chapitres/ En guise de conclusion/ Acronymes, sigles et abréviations/ Index/ Bibliographie.
Extraits : « Pour fonctionner, un système a besoin d'Etats-pivots qui acceptent de prendre des responsabilités internationales et d'être les garants de ce système », « Monde arabo-musulman (Note : concept) est peu signifiant et ne rend pas justice aux nombreux peuples qui ont apporté une contribution décisive à la civilisation musulmane. Pas seulement par dérision, l'anthropologue algérien Malek Chebel aurait aimé « civilisation arabo-sino-indo-turco-berbéro... musulmane » ( pp 22-23), « Sur le front diplomatique, la Chine a été le premier pays non arabe et la seule grande puissance à reconnaître le Gpra de jure, le 20 décembre 1958, quelques semaines seulement après la proclamation de ce dernier, en septembre 1958 » (p 109), « Sur le plan géostratégique, la Syrie est la première défaite occidentale au Moyen-Orient » (p203), « A présent, le continent africain se trouve, en termes d'ancrage de la démocratie, en bien meilleure posture que la région Mena » (p210), « L'Algérie détient aujourd'hui le triste record de la candidature la plus ancienne à l'Omc (35 ans) » (p296), « L'expression « complexe militaro-industriel » n'a pas été inventée par un dangereux gauchiste mais par le Président Dwight Eisenhower, républicain et conservateur bon teint, en 1951, inquiet du développement de ce complexe dans son pays » (p 321), « Le mensonge n'a pas de place en diplomatie. Il discrédite et démonétise rapidement celui qui le pratique. Que cela soit avec les autorités de son pays ou avec celles du pays où il exerce. Le diplomate doit leur préférer la mesure, la nuance et la sobriété » (p 390)
Avis : Un outil didactique (car très documenté et bien structuré) pour tous ceux qui s'intéressent de près ou de loin à la politique extérieure de notre pays et au fonctionnement de l'appareil diplomatique national. Mais pas que... Très détaillé, très précis, très long... se lisant facilement... car passionnant. Il vous suffit seulement de commencer et de ne pas abandonner dès les premières pages. Les candidats diplomates vont apprendre, les anciens vont se souvenir et tous les autres (dont les étudiants en sciences humaines) vont mieux comprendre. Outil documentaire incontournable pour les journalistes spécialisés. A conserver comme livre de chevet.
Tout de même une critique : Nos Ae souffrent, à mon sens, d'un manque : pas assez d'ouverture (à l'exception de la sphère militaire et de postes d'ambassadeurs) sur le monde universitaire et des cadres spécialisés et expérimentés (économie et commerce, culture, communication et tourisme...).
Citations : « Les relations entre l'Algérie et la France sont des relations uniques, à nulles autres pareilles. Elles sont, selon un mot resté célèbre de Houari Boumediene, « bonnes ou mauvaises, mais jamais banales... On parle finalement assez peu des intérêts tant ils sont étouffés par l'émotion et le poids des mémoires antagoniques, alors qu'ils devraient être le noyau de leur coopération. Mais, heureusement, ils finissent toujours par s'imposer » (pp 58-59), « Les expériences humaines, dans nombre de régions du monde, ont démontré que les liens spirituels, qu'ils soient islamiques ou chrétiens, n'ont pu résister devant les coups de boutoir de la pauvreté et de l'ignorance, pour la simple raison que les hommes ne veulent pas aller au paradis le ventre creux » (Houari Boumediene, à la Conférence islamique au sommet de Lahore au Pakistan, le 23 février 1974 cité, p 259), « Force est de reconnaître que comme l'histoire est écrite par les vainqueurs, la justice est rendue par eux» (p 346), «La diplomatie est pour la politique étrangère «ce que le vêtement est au corps, ou plus précisément ce que la parole est à la pensée» (Robin Gabriel, 2000, cité p 375), «Les diplomates algériens ont lancé un véritable défi aux lois de la physique : c'est le mouvement qui engendre l'immobilisme» (Abdelmalek Benhabyles, alors Sg/Mae cité, p 387), «Le corps diplomatique est un véritable marché de l'information et que pour en obtenir, il faut savoir en donner » (p392).
L'âge d'or de la Diplomatie algérienne. Essai de Ardavan Amir-Aslani, Editions Media-Plus, Constantine, 2016, 237 pages, 1 250 dinars (Fiche de lecture déjà publiée en juin 2020. Pour rappel, extraits. Fiche complète in www.almanach-dz.com/relations internationales/ bibliotheque dalmanach)
De juillet 1962 et la fin des années 1970, c'est l' «âge d'or de la diplomatie algérienne». Vrai ou faux, mais l'expression est désormais retenue et validée par pas mal d'acteurs, de témoins et d'historiens concernant la politique extérieure menée par l'Algérie.
Il est vrai, et on a tendance à l'oublier avec notre sale manie « zaïmiste », cette politique avait été « expérimentée » par bien d'autres personnes, tout particulièrement, les « diplomates clandestins » militants du Fln et fonctionnaires du Gpra... tous ceux qui ont amené ou forcé la puissance coloniale à reconnaître l'Indépendance du pays. Des jeunes qui, au départ, n'avaient aucune expérience des instances internationales. Ce qui a fait écrire à l'auteur que « Paris a sous-estimé la portée des initiatives de la « cellule diplomatique du Fln » (dont la démarche reposait pourtant sur une stratégie non secrète, celle tracée par le Congrès de la Soummam). Il y avait déjà huit missions implantées à travers le monde et le Dr Lamine Debaghine en fut , dès novembre 1955 un des premiers moteurs. D'autres noms lumineux : Yazid, Mehri, Tewfiq El Madani, Khemisti, Benyahia, Brahimi, Krim Belkacem, Saâd Dahleb, Abbas, Ben Khedda... et d'autres, et d'autres (...)
L'« âge d'or » s'inscrit dans un contexte dominé par la Guerre froide, (...) ...et Alger qui devient la « Mecque des révolutionnaires » et capitale du Tiers-Monde.
Des revers, il y en eut... mais aussi des succès ! (...)
La mort de Houari Boumediene ne va pas changer les fondamentaux. Chadli Bendjedid « conscient de la trace que laisse l'Algérie sur la scène internationale » va, plusieurs fois, affirmer sa fidélité à la politique étrangère de son prédécesseur... (...)
L'Auteur : Français d'origine iranienne. La cinquantaine. Docteur en droit, avocat (d'affaires) au barreau de Paris, conseiller de grandes firmes européennes, essayiste et spécialiste de la géopolitique du Moyen-Orient, s'intéressant beaucoup à la théologie comparée et, de manière générale, au fait religieux. Enseignant à l'Ecole de Guerre économique. Auteur de nombreux ouvrages portant sur les relations internationales... et Colonel (de réserve) de la Gendarmerie nationale.
Extraits : « Entre 1956 et 1962, les émissaires du Fln, puis du Gpra, ont fait irruption sur la scène internationale, conjuguant l'art de la guerre et l'art de la négociation. Souvent durs, retors dans les discussions, ils se sont toujours révélés habiles à exploiter les situations. Ils ont posé les fondements de la « diplomatie à arêtes vives », creuset de la future politique étrangère de l'Algérie souveraine. » (p 36) (...)
Avis : (...) A lire par les anciens diplomates pour se souvenir, par les nouveaux pour apprendre, et par tous les autres pour comprendre.
Citations : « Les rapports entre Paris et Alger oscillent entre attraction et répulsion » (p 40), (...), « Nous n'avons aucun choix à faire entre deux colonialismes ou deux impérialismes. Nous les avons répudiés tous deux et à jamais » (Houari Boumediene, discours, extrait, 13 avril 1971, p 121), « Pour le président Boumediene, les relations internationales sont d'abord, en toutes circonstances, un champ de force » (p 198)
PS :- Ouvrage d'auteur algérien paru à l'étranger... « Le sang ne change pas de couleur », roman de Bouziane Ben Achour, Editions L'Harmattan (collection « lettres du monde arabe »), 160 pages. Le destin croisé de trois femmes au maquis durant la guerre de libération nationale.
-Ouvrage paru récemment en Algérie en langue arabe... « Dictionnaire des écrivains de Mila.Tome 1 », de Fatima Kidouche, Editions Dar Dehili (Mila ?), 378 pages. Recueil de fragments et de textes de près de 80 écrivains de la wilaya.
En 1957, un procureur suisse se donne la mort après avoir été impliqué dans une affaire d’espionnage mêlant les services de renseignement français, la CIA, des indépendantistes algériens et le gouvernement égyptien.
L'affaire Dubois est un scandale diplomatique international qui fit grand bruit à la fin des années 1950. De quoi s'agit-il ? En 1957, la Suisse enfreint sa neutralité en fournissant à la France des informations en pleine guerre d’Algérie... Une histoire digne d'un roman noir, adaptée en roman graphique.
En 1955, René Dubois est nommé procureur général de la Confédération helvétique. Un poste qui fait de lui le chef du contre-espionnage suisse. Matthieu Berthod, dessinateur du roman graphique "Berne, nid d'espions", nous explique sa vision du personnage : "Dubois est plutôt un dépressif, un magistrat en fin de carrière, en bout de course"
Le procureur est approché par un colonel des services secrets français, Marcel Mercier, un personnage qui fut difficile à représenter pour le dessinateur : "Mercier est le personnage pour lequel on avait le moins de documents photographiques, il a fallu reconstruire son visage".
L’espion français avait un grand intérêt à se rapprocher du procureur, en raison d'un contexte politique que le scénariste du roman, Eric Burnand, résume ainsi : "On est en pleine guerre d'Algérie, la France a besoin d’avoir des informations sur la façon dont les indépendantistes algériens réfugiés en Suisse communiquaient avec l’ambassade d’Egypte. Il y avait tout un travail de contact pour organiser la lutte de libération, soutenue par l'Egypte, alors dirigée par Nasser. Du point de vue de Paris, la Suisse apparaissait comme la base arrière du FLN.".
La collaboration de René Dubois avec les Français est motivée par la peur d’un nouveau conflit mondial. Il est aussi probablement influencé par une idéologie politique proche du pouvoir français.
Problème : Max Ulrich, un inspecteur de la police fédérale suisse qui mélange travail et business, fournit lui aussi des informations à Marcel Mercier sans en informer René Dubois. Un personnage peu scrupuleux représenté comme tel par le dessinateur : "Si je prends Ulrich, un des policiers véreux, c’est un peu facile mais il faut reconnaître qu'il avait vraiment la gueule de l’emploi. Il n’y a donc pas eu besoin de forcer sur le caractère, le visage, les attitudes."
Le policier vend, entre autres, des relevés d’appels téléphoniques entre les Américains et les Egyptiens. Ce qui, sans surprise, rend les agents de la CIA furieux.
Une affaire peu connue malgré une médiatisation et une influence sur la politique en Suisse
Ces manigances s'ébruitent, parviennent à la presse et provoquent un scandale d’Etat. René Dubois ne le supporte pas et se suicide. L’affaire vient ébranler violemment la supposée neutralité suisse dans les conflits de ses voisins. "Ça a fait un tel scandale que la politique a un peu changé par la suite. La Suisse avait violé sa neutralité. Cette affaire l’a obligée à redevenir un lieu de bons offices" nous précise le scénariste.
Cette importante affaire d’espionnage qui, pourtant, concerne la France reste aujourd’hui méconnue. Eric Burnand nous décrit la volonté de l'Etat helvétique de passer sous silence ce scandale : "On a tout fait pour l'étouffer, il y avait à l’époque une reconstitution d’une nouvelle coalition gouvernementale qui intégrait les socialistes, et René Dubois était lui-même socialiste. Donc le parti socialiste suisse a tout fait pour qu’on passe l'éponge, pour qu’on oublie ce faux pas. Donc il y a eu une sorte d’accord où tout le monde a dit “Allez, on règle ça”, il y a eu un débat au parlement helvétique qui a duré très peu de temps, “et ensuite on passe à autre chose”.
Une histoire à adapter
"Berne, nid d'espions", éditions Antipodes
Ces événements rocambolesques qui se sont déroulés à Berne se prêtaient parfaitement à une adaptation, à condition de savoir restituer par le dessin l'atmosphère particulière dans la capitale suisse. Un défi relevé par le dessin de Matthieu Berthod, qui confie avoir été inspiré par la ville : "La ville de Berne a son caractère qu'il fallait le retranscrire par un dessin assez sensible, un peu mouillé, très sombre. La tonalité générale du scénario était sombre, c’est plutôt un univers dépressif. C'est pour cela que j'ai imaginé une météo plutôt pluvieuse."
Ce qui rend cette histoire encore plus fascinante, ce sont les rumeurs qui l’entourent. Comme celles concernant une supposée relation entre René Dubois et Elisabeth de Miribel, attachée de presse à l’ambassade de France à Berne et ancienne secrétaire du général de Gaulle. Le scénariste a voulu rester fidèle à la réalité documentaire, et se garder de toute extrapolation romanesque : "J’avais trouvé dans le dossier d'instruction quelques informations émanant d’une voisine qui disait les avoir vus ensemble. Mais, même si des amis m’ont dit “Mais pourquoi tu n’as pas écrit une scène glamour voire une scène de sexe comme dans les bons romans d’espionnage style OSS 117 ?", j'ai préféré ne pas pousser plus loin des événements qu’on aurait pu en effet romancer.".
Dans la deuxième partie du roman, on apprend qu’un procès a eu lieu. Celui du policier fédéral Max Ulrich qui passe aux aveux. Le colonel des renseignements français, Marcel Mercier, est démasqué et devient indésirable en Confédération helvétique. L’ouverture des archives dans les années 2000 a permis d'apprendre que René Dubois avait été manipulé par les services secrets français tout en étant surveillé par la CIA et par un espion de l'armée suisse.
Le président Abdelmadjid Tebboune a annoncé, lors d'une conférence de presse, avoir proposé la médiation algérienne pour tenter de régler le conflit en Ukraine qui a été acceptée par Vladimir Poutine.
L'Algérie et la Russie ont signé, jeudi à Moscou, une Déclaration de partenariat stratégique approfondi, censée donner un nouvel élan à la relation entre les deux pays.
Le document a été paraphé par les présidents Abdelmadjid Tebboune, en visite de trois jours en Russie, et Vladimir Poutine lors d'une cérémonie qui s'est déroulée au palais du Kremlin, en présence des délégations des deux pays.
Signataires déjà en 2001 d'un accord de partenariat stratégique, les dirigeants des deux pays souhaitent renforcer davantage leur coopération économique et consolider leur relation politique. Une relation, a estimé le président Poutine, qui a un caractère stratégique et une signification à part".
S'exprimant lors d'un point de presse à l'issue de ses entretiens avec le président Tebboune, Poutine a souligné que "les relations entre l'Algérie et la Russie ont commencé à prendre forme au milieu des années 1950. Dès cette époque, nous pouvions dire qu'elles revêtent un caractère stratégique. Sans aucune exagération".
Le dirigeant russe a souligné qu’au cours de cette période "nous avons eu de très bonnes relations entre le peuple russe et le peuple héroïque et courageux d'Algérie, qui a lutté pour son indépendance pendant de nombreuses années et l'a emporté". Selon lui, la déclaration signée, ce jeudi, "marquera le début d'une nouvelle étape, encore plus avancée, de nos relations bilatérales".
-- Tebboune invité au sommet Russie-Afrique
Par la même occasion, Vladimir Poutine a affirmé avoir invité son homologue algérien au sommet Russie-Afrique qui se tiendra fin juillet à Saint-Pétersbourg. Intervenant à cette occasion, le président algérien a salué, de son côté, une "relation historique" entre l'Algérie et la fédération de Russie.
Abdelmadjid Tebboune a insisté, dans son intervention, sur "la nécessité d'accélérer l’adhésion de l’Algérie au groupe des BRICS".
"Actuellement, la situation internationale est très tendue. Il faut que nous renforcions le processus de notre adhésion aux BRICS", a-t-il déclaré, estimant que "l’intégration du bloc des cinq va stimuler le développement du pays plus que ne l’ont fait jusque-là d’autres organisations internationales financières".
-- Conflit en Ukraine: Tebboune parle d'une médiation algérienne
Toujours à l'occasion de cette conférence de presse, le président Tebboune a annoncé avoir proposé à son homologue la médiation algérienne pour tenter de régler le conflit en Ukraine. Il a remercié, ce faisant, son homologue, Vladimir Poutine pour avoir accepté cette médiation, affirmant que l'Algérie "sera à la hauteur de cette confiance".
À ce sujet, Poutine a remercié l'Algérie et le Président Tebboune pour cette disposition à fournir des efforts de médiation dans le conflit opposant son pays à l'Ukraine. Il a rappelé, dans ce sens, que l'Algérie est membre du groupe de contact de la Ligue arabe sur l'Ukraine, le président Poutine a indiqué avoir expliqué au président Tebboune "la vision russe, les origines de ce conflit, et les circonstances qui l'entourent".
Dans la foulée, il a fait savoir qu'il recevra, samedi, des chefs de délégations du continent africain pour débattre de l'initiative proposée par l'Algérie pour le règlement du conflit russo-ukrainien.
Aksil Ouali |15.06.2023 - Mıse À Jour : 15.06.2023
A Moscou, la Russie et l’Algérie renouvellent leur « partenariat stratégique »
La visite d’Etat du président Tebboune visait à rassurer le Kremlin, alors que la guerre en Ukraine pourrait contraindre Alger à diversifier ses acquisitions militaires.
Les présidents Abdelmadjid Tebboune et Vladimir Poutine, à Moscou, le 15 juin 2023. MIKHAIL METZEL / AFP
Côte à côte face aux défis du monde. Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a rencontré jeudi 15 juin son homologue russe, Vladimir Poutine, lors d’une visite d’Etat à Moscou mise en scène pour projeter l’image d’une Russie toujours courtisée par les pays du Sud et celle d’une Algérie à l’offensive diplomatique. Les deux chefs d’Etat ont signé une « déclaration sur un partenariat stratégique approfondi », renouvelant ainsi un document du même type paraphé en 2001. Outre le secteur des hydrocarbures, le renforcement de la coopération portera sur le domaine militaire, selon l’agence Tass qui mentionne des manoeuvres conjointes, des transferts de technologies et des coproductions.
La presse algérienne avait annoncé le déplacement du président Tebboune avec emphase, l’agence officielle Algérie presse service (APS) louant des « relations exceptionnelles fondées sur l’amitié ». Alors que la Russie, qui accueille au même moment le Forum économique de Saint-Petersbourg, tient à compter ses amis et dissiper toute impression d’isolement sur la scène internationale, l’ombre de la guerre en Ukraine plane sur cette visite.
Depuis l’éclatement du conflit, en février 2022, l’Algérie n’a cessé de ménager Moscou en s’abstenant lors des différents votes de résolutions des Nations unies dénonçant « l’agression » russe. Certes, la relation stratégique n’est pas sans nuages, ainsi que l’illustrent les critiques adressées par M. Tebboune contre l’action de la compagnie de sécurité privée Wagner au Mali. Le coût de cette présence, avait-il déclaré fin décembre au Figaro, « serait plus utile » au service du « développement du Sahel ».
Mais les réserves d’Alger vis-à-vis d’entités militaires non étatiques – M. Tebboune avait également dénoncé en janvier 2020 le rôle de « mercenaires » (sous-entendant ceux de Wagner mais sans les citer) ciblant à l’époque la capitale libyenne, Tripoli – n’ont toutefois pas perturbé outre mesure la coopération sécuritaire.
Lune de miel
L’Armée nationale populaire (ANP) algérienne, dont des générations de cadres ont été formées après 1962 dans les académies soviétiques, s’est procuré à Moscou 73 % de ses acquisitions d’armes à l’étranger entre 2018 et 2022, selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm. Et à l’heure où Alger intensifie son effort de modernisation militaire – avec un budget de 2023 propulsé à 23 milliards de dollars, en augmentation de 120 % par rapport à 2022 –, ses regards vont de nouveau se tourner vers la Russie.
Mais l’enlisement des troupes de Moscou en Ukraine et son impact sur l’industrie de défense russe bouleversent la donne. « Il est fort probable que les Russes n’ont pas la capacité de fournir les armes souhaitées par les Algériens, souligne Isabelle Werenfels, spécialiste du Maghreb à l’Institut allemand des affaires internationales et de sécurité (SWP), basé à Berlin. Et hors de la Russie, il n’y a que les Européens, les Chinois, un peu la Turquie et peut-être l’Inde qui peuvent les leur fournir. »
Parmi les Européens, si toute transaction avec la France – qui répond déjà à 5,2 % des besoins d’armements algériens – est politiquement délicate, l’Allemagne, l’Italie ou le Royaume-uni peuvent être des fournisseurs potentiels.
Un autre terrain où l’Algérie peut voir sa relation avec l’Europe se densifier au risque de troubler Moscou est celui de l’énergie. La question a gagné en urgence alors que les Européens cherchent des alternatives au gaz russe sur fond de guerre en Ukraine. Aujourd’hui source de 11 % des importations de gaz de l’Europe, l’Algérie est vouée à étoffer à terme son statut de fournisseur du Vieux Continent, même si sa capacité à relever dans l’immédiat son niveau d’exportation est limitée.
Avec l’Italie, en pleine lune de miel diplomatique avec Alger, les projets se multiplient via notamment des gazoducs reliant les deux pays. L’Allemagne, pour sa part, se prépare à importer de l’hydrogène vert à partir de l’Algérie.
Objectif Brics
Dans ce contexte, la visite de M. Tebboune a Moscou vise à « rassurer les Russes, à leur faire savoir que l’Algérie est encore là », observe Mme Werenfels : « Cette visite ne signifie pas que l’Algérie bascule dans le camp de la Russie. Elle permet avant tout aux Algériens de contrebalancer ce qu’ils entreprennent dans d’autres domaines. Leur message est : “Nous avons toutes les options”. »
Cette visite survient en outre à un moment clé de l’évolution de la région Afrique du Nord et Moyen-Orient. L’émergence d’un nouveau pôle de développement autour des ambitions économiques de l’Arabie saoudite suscite en effet des interrogations inquiètes en Algérie. « L’implication du Maghreb dans ce projet ambitieux ne semble aucunement à l’ordre du jour, écrivait le 6 juin le quotidien algérien L’Expression. […] Autant dire que [les pays maghrébins] sont tout bonnement sommés de se mettre à niveau s’ils ne veulent pas être marginalisés. »
Aussi l’Algérie, confrontée depuis 2021 à la dégradation de sa relation avec le Maroc – qui plombe tout espoir de dynamique économique au Maghreb – et plus récemment à un refroidissement de ses rapports avec l’Arabie saoudite, doit-elle se trouver de nouvelles marges de manœuvre.
Sa campagne visant à rejoindre le forum des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) trouve là tout son sens. La Russie soutient sa candidature. D’où l’importance de la présence, jeudi, de M. Tebboune à Moscou au côté de M. Poutine, ainsi que vendredi au forum de Saint-Persbourg pour y vendre l’image d’une Algérie présentée comme riche en nouvelles opportunités d’investissements à travers ses projets de diversification hors hydrocarbures. « L’Algérie connaît une renaissance économique sans précédent », a lyriquement lancé, mercredi, M. Tebboune à des hommes d’affaires russes.
Abdelmadjid Tebboune a signé un nouveau décret présidentiel qui rétablit un couplet de l’hymne national algérien faisant référence à la France en tant que colonisateur de l’époque. Il avait été «retiré » en 1986 pour des considérations politiques.
Enième signe du raidissement des relations entre Alger et Paris. Tebboune vient de signer un décret qui remet un couplet très critique de la France coloniale dans l’hymne national Kassamen. Ce couplet comminatoire qui se justifiait en temps de guerre d’indépendance a été retiré par le président Chadli Bendjedid et donc disparu des cérémonies officielles.
Voilà donc Tebboune, pour se donner une épaisseur politique, le remet en avant. «Réactivier ce couplet maintenant est du pur populisme ! Comment ce gouvernement peut-il être autant aveugle ? Il y a 5 millions d’Algériens en France et nos gouvernants se plaisent à faire de la surenchère », analyse un ancien député. Concession au courant islamo-baathiste ? Pas seulement. Cet acte vient confirmer une énième crise politique non révélée entre les autorités algériennes et la France. Finis donc les assauts d’amitié ! Ce énième volte-face renseigne sur la nervosité qui règne dans l’état-major de Tebboune. « Pour moi, Tebboune est son équipe dirigent le pays au doigt mouillé, un jour ils disent oui et un autre jour non, Leur manque de clairvoyance est affolant ! Je m’inquiète beaucoup surtout. Les gouvernants cultivent dangereusement un déni des réalités d’abord nationales mais aussi internationales, nous confie un économiste introduit à Alger. Personnellement je suis en train de liquider mes affaires pour partir, je ne vois rien de bon ».
Pour les autorités, l’enjeu est ailleurs : dans la rente mémorielle. Quoi de plus pratique pour chatouiller l’orgueil national que se rétablir ce couplet et de surfer sur le passé pour faire oublier un présent peu
Le président Abdelmadjid Tebboune a signé un décret (n° 23-195 du 21 mai 2023) rétablissant un couplet anti-français dans l’hymne national de l’Algérie. «Qassaman», nom de l’hymne national algérien, redevient à nouveau le seul hymne au monde à citer, sous le ton du défi et de la haine, le nom d’un autre pays en ces termes:
«Ô France! Le temps des palabres est révolu.
Nous l’avons clos comme on ferme un livre.
Ô France! Voici venu le jour où il te faut rendre des comptes. Prépare-toi!
Voici notre réponse. Le verdict, notre révolution le rendra.
La France paraît plus que jamais déchirée par des fractures identitaires, entretenues au-delà de l’extrême droite et des racistes patentés. Depuis cinq ans, le débat sur l’islamophobie est devenu très âpre, moins académique et plus politique. Sur la base de son expérience universitaire aux États-Unis, Jocelyne Cesari analyse l’affaire Florence Bergeaud-Blacker. Elle met en lumière une guerre des cultures à la française, facteur significatif de la polarisation du débat sur les études islamiques.
Paris, le 2 juin 2023. L’anthropologue française Florence Bergeaud-Blackler, chercheuse au CNRS, quitte l’université de la Sorbonne sous escorte policière après une conférence.
La sculpture représentant l’émir Abdelkader, installée en face du château d’Amboise, a été inaugurée samedi 5 février 2022.
Si Abdelmadjid Tebboune était venu en France, parmi le menu des visites prévues il était envisagé une cérémonie autour de la statue représentant l’émir Abdelkader, installée en face du château d’Amboise et inaugurée samedi 5 février 2022. Mais Macron, une fois de plus a raté son coup, c’est Poutine qui en n'a bénéficié.
Michel Dandelot
Algérie : Abdelmadjid Tebbounel’émir Abdelkader et la Russie
Sergueï Lavrov et Abdelmadjid Tebboune
En Russie dans le cadre d’une visite d’Etat, le Président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a inauguré une stèle commémorative de l’émir Abdelkader. Ce dernier est une personnalité historique algérienne et arabo-musulmane.
Le Président algérien, Abdelmadjid Tebboune est en visite de trois jours en Russie où il doit participer aux travaux du SPIEF (Forum économique international de Saint Petersburg). Avant ce conclave, le dirigeant nord-africain a procédé à une inauguration, non des moindres, ce mercredi 14 juin 2023, dans la capitale russe.
Chevalier de l’Ordre de blanc en Russie
Le chef de l’Etat algérien a, en effet, inauguré, à Moscou, une stèle en commémoration de l’émir Abdelkader. Une première du genre en Russie. Le monument a été érigé en « reconnaissance aux contributions et au rôle de l’Emir dans la diffusion des valeurs de tolérance et de dialogue des religions et principes de l’humanité ».
L’émir Abdelkader a été honoré, « en tant que héros national, fondateur de l’État algérien moderne et chevalier de l’Ordre de blanc pour son rôle dans la protection des membres du consulat de Russie à Damas en 1860 ». Signalons que si l’émir est aujourd’hui rehaussé, c’est en grande partie pour sa bravoure légendaire.
Grand cordon de la Légion d’honneur en France
L’émir Abdelkader est une figure historique, surtout du fait qu’il ait apporté une farouche résistance, en Algérie, au colonisateur français. Installé en Syrie après sa libération, il a empêché plusieurs massacres en s’interposant pour protéger des familles chrétiennes réfugiées dans le quartier des Algériens. Il se dit qu’il en a sauvé plus d’un millier. Un geste de bravoure qui lui a d’ailleurs valu de recevoir de Napoléon III le grand cordon de la Légion d’honneur.
De son vrai nom Abdelkader ibn Muhieddine, l’émir est né le 6 septembre 1808 à El Guettana, en Algérie. Ce chef religieux et militaire algérien a mené une lutte contre la conquête de l’Algérie par la France au milieu du 19ème siècle. Il est mort le 26 mai 1883, à Damas, alors dans l’Empire Ottoman et dans l’actuelle Syrie.
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