Cyril Hanouna a reçu Elisabeth Lévy dans Touche pas à mon poste, le lundi 13 novembre 2023. Au cours d’un débat sur l’antisémitisme, Moundir a tenu à lui faire face avec un discours poignant.
il Hanouna a reçu Elisabeth Lévy dans Touche pas à mon poste, le lundi 13 novembre 2023. Au cours d’un débat sur l’antisémitisme, Moundir a tenu à lui faire face avec un discours poignant.
Moundir apparait très touché lors de son discours face à Elisabeth Lévy
Bien décidé à montrer à Elisabeth Lévy qu’il ne tolère pas ses propos à l’égard des musulmans, Moundir a tenu à lui rappeler quelques faits historiques. “Madame Lévy, nous, musulmans, on s’excuse. On s’excuse d’avoir sauvé la France lors de la Deuxième Guerre mondiale (...) On s’excuse parce que l’imame de la Mosquée de Paris, Abdelkader Mesli, qui a sauvé des juifs de la xénophobie, du gouvernement. Il les abritait et les déclarait à l’autorité comme musulmans pour les protéger (...) On s’excuse, car nous sommes allés jusqu’à les accueillir et les protéger dans notre pays d’origine et nous sommes opposés à leur déportation” a-t-il déclaré.
L’ancien candidat de Koh-Lanta est apparu les larmes aux yeux à l’énonciation de son texte. Il a ensuite terminé par une citation bien connue d’Albert Camus : “La bêtise insiste toujours”. De son côté, Elisabeth Lévy lui a fait remarquer que ses propos n’incluaient “pas tous les musulmans”. Le débat s’est ensuite poursuivi avec d’autres chroniqueurs sur le plateau de Touche pas à mon poste.
Dans un entretien à Mediapart, la présidente de Médecins sans frontières-France, Isabelle Defourny, alerte sur la situation catastrophique dans les hôpitaux de Gaza et l’impossibilité de sécuriser ses équipes sur place, sous le déluge de feu.
« On« On est en train de nous tuer ici, s’il vous plaît, faites quelque chose. Quatre ou cinq familles se sont réfugiées dans le sous-sol, les bombardements sont si proches, mes enfants pleurent et crient de peur. » Voici le SMS envoyé samedi 11 novembre par l’un des infirmiers de l’ONG Médecins sans frontières (MSF) depuis le principal hôpital de Gaza, l’hôpital Al-Shifa, pris au piège de combats entre le Hamas et l’armée israélienne.
Dans ce complexe hospitalier de 700 lits, bombardé à de multiples reprises, notamment la maternité et le service de consultations ambulatoires, la situation est « vraiment catastrophique », selon Ann Taylor, cheffe de mission de l’ONG en Palestine.
« Notre personnel et des patients se trouvent à l’intérieur de l’hôpital, où les bombardements n’ont pas cessé depuis hier. Nous demandons au gouvernement israélien de mettre fin à cette attaque sans relâche contre le système de santé de Gaza », déclare l’humanitaire, citée dans un communiqué de presse de l’ONG, diffusé samedi 11 novembre.
Deux jours plus tôt, en marge de la conférence humanitaire à l’initiative du président français, Isabelle Defourny, présidente de MSF-France, décrivait depuis Paris à Mediapart l’ampleur de la catastrophe en cours dans les structures médicales de Gaza, une ampleur jamais vue au cours de sa longue carrière dans l’humanitaire, qui l’a conduite pourtant sur des terrains de guerre extrêmement violents.
Mediapart : MSF demande d’épargner la vie des patient·es et du personnel médical pris au piège dans les hôpitaux de Gaza. Comment faites-vous pour sécuriser votre équipe dans un contexte pareil ?
Isabelle Defourny : On ne peut tout simplement plus la sécuriser et c’est tout le problème dans le nord de Gaza. On peut faire très peu pour elle aujourd’hui. C’est vous dire notre impuissance.
La situation est extrêmement complexe et tendue pour notre personnel palestinien, qui représente 300 personnes, principalement des médecins et des infirmiers. Nous vivons chaque jour dans la crainte d’apprendre la mort de l’un d’entre eux, sachant qu’eux-mêmes sont cernés par la mort.
Nous avons perdu le premier membre de notre équipe. Mohammed al-Ahel est mort le 6 novembre. Il était responsable de laboratoire. Il a été tué avec plusieurs membres de sa famille dans un bombardement israélien sur le camp de réfugiés de Chati.
Les membres de notre équipe palestinienne travaillent dans des conditions terribles, sous le stress des bombes mais aussi dans la tristesse et la douleur de ne pas réussir à mettre à l’abri leur famille, de perdre des gens de leur entourage, leur femme, leurs enfants, leurs voisins. C’est le cas de plusieurs d’entre eux.
Ils travaillent dans des conditions indignes, extrêmes. Ils manquent de tout, de place, de lumière, de médicaments, d’eau, d’hygiène, de personnel, de carburant, d’électricité. L’hygiène est fondamentale en chirurgie pour éviter les infections, réussir les opérations. Al-Shifa, par exemple, est un hôpital gigantesque mais de moins en moins de blocs opératoires tournent.
Comment est répartie votre équipe à travers la bande de Gaza ?
La majorité est descendue au sud mais un tiers a décidé de rester dans le Nord, comme à l’hôpital Al-Shifa, pour diverses raisons. Certains sont cependant remontés au nord car ils ne parvenaient pas à nourrir leur famille depuis le sud de la bande de Gaza, ne trouvaient pas de logement. Certains restent aussi parce qu’ils ont des membres de leur famille qui sont à l’hôpital, malades, blessés, ils ne veulent pas les lâcher. D’autres veulent continuer à s’occuper de la population la plus en danger et ont fait le choix personnel de rester.
Comment faites-vous malgré tout pour rester en lien avec votre équipe et l’aider dans sa mission ?
On essaie de joindre chaque membre l’un après l’autre et de rester en contact avec eux. On essaie de leur faciliter les conditions matérielles, pour trouver des logements par exemple. Les conséquences de la guerre sont telles qu’on ne peut pas verser les salaires, sauf à quelques-uns qui ont encore accès à leur compte bancaire, mais on les a rassurés. Ils continuent bien à tous travailler pour nous et ils seront payés dès que les conditions le permettront.
On a mis à disposition de notre personnel palestinien tout ce qu’on avait, nos bureaux, nos cliniques, même si ce ne sont plus des zones sûres. On leur a ouvert tous nos stocks médicaux en leur disant de les utiliser.
On notifie à l’armée israélienne les bureaux, les cliniques où sont nos équipes, mais on sait aujourd’hui que ces lieux ne sont pas protégés dans le nord de la bande de Gaza, qu’il n’y a aucun lieu sûr. L’armée israélienne a bombardé des écoles, l’Institut culturel français, etc. Dans le Sud, on leur loue des appartements et on informe aussi les Israéliens que ce sont des équipes MSF. Mais cela ne garantit pas leur sécurité.
Côté palestinien, nous sommes en contact avec le ministère de la santé à Gaza, qui est administré par le Hamas. Il sait où on travaille depuis des années et encore aujourd’hui, c’est avec lui qu’on discute des hôpitaux qu’il faut approvisionner, des besoins, des priorités.
Comment ne pas être instrumentalisés, en tant que membres d’ONG, par la propagande, redoutable de part et d’autre ?
Nous vivons en permanence avec cette crainte d’être instrumentalisés et pris dans le piège de la propagande. Nous devons rester une voix crédible et rigoureuse. Pour cela, nous devons maintenir une parole, une expertise médicale, professionnelle, sur ce que l’on voit, sur ce que l’on fait.
Avez-vous déjà connu une telle situation au cours de votre carrière humanitaire ?
Il est rarissime de voir une situation réunissant ces trois facteurs : des bombardements intenses, une impossibilité de fuir, et un blocus si strict que très peu d’aide humanitaire parvient à entrer. C’est ce qui provoque le carnage auquel on assiste aujourd’hui à Gaza.
À Mossoul, en Syrie, la population était complètement écrasée à la fin de la guerre mais même dans ce contexte extrêmement violent, de grands camps de déplacés avaient pu être mis en place, de la nourriture, de l’eau avaient été distribuées et tout un système de référence des blessés avait été mis en place.
Au nord-est du Nigéria, l’État du Borno était difficilement accessible, théâtre d’un niveau de violence extrême entre l’armée nigériane et Boko Haram, on a retrouvé des populations qui mouraient de faim dans des enclaves mais une majorité avait pu fuir vers Maiduguri. Lors du siège de Marioupol, en Ukraine, le CICR [Comité international de la Croix-Rouge – ndlr] avait quand même réussi à sortir des blessés.
Qu’attendez-vous de la communauté internationale ?
Pour faire notre travail, nous avons besoin d’un cessez-le-feu. Il faut que nous puissions travailler, porter secours aux civils palestiniens, il faut que l’aide humanitaire puisse entrer. Or, elle ne peut pas entrer en quantité car elle est bloquée à l’entrée. Et si elle entre, il faut pouvoir la distribuer. Sous les bombardements, ce n’est pas possible.
On a réussi à faire entrer cinq camions avec de l’équipement médical pour 800 interventions chirurgicales mais uniquement dans le Sud. Mais c’est vraiment une goutte d’eau au vu de l’ampleur des besoins. On nous parle de couloirs, de corridors humanitaires, de zones « safe » dans le Sud, mais ce sont de faux corridors humanitaires, de fausses zones « safe », car ils sont bombardés, ne sont pas adaptés à la taille de la population. On nous dit : « Vous pouvez travailler », mais à chaque étape, on est bloqués.
Nous avons mis trois semaines à faire sortir de Gaza le personnel international qui souhaitait quitter la zone, soit vingt-deux personnes. En parallèle, nous avons mis sur pied une équipe internationale de quinze personnes qui attend d’entrer dans Gaza, mais elle ne peut pas intervenir, elle est bloquée aux portes de Rafah en Égypte.
Elle est constituée de personnes très expérimentées dans les conflits, qui connaissent Gaza, des chirurgiens, des anesthésistes, des urgentistes, des logisticiens, car la logistique, c’est primordial, c’est tout l’enjeu de l’approvisionnement et du stockage pour les différents hôpitaux mais aussi pour assurer à l’équipe de quoi se nourrir, se loger, dans des bâtiments corrects, qui seront notifiés à l’armée israélienne.
Avez-vous déjà exercé à Gaza ?
J’étais à Gaza lors de la grande marche du retour en 2018 [marche de plusieurs semaines pour exprimer le « droit au retour » des réfugiés palestiniens en territoire israélien, violemment réprimée par l’État hébreu – ndlr].
C’était la première fois que j’y allais et j’ai été marquée par les conditions de vie déjà très dures, exacerbées par la densité de population, l’enfermement. J’ai été frappée par le niveau de désespoir de la population, de la jeunesse en particulier. Ces flots de jeunes qui s’avancent près de la barrière, qui savent qu’ils vont se faire tirer dessus, mais qui y vont malgré tout. Ils revenaient avec vraiment de sales blessures, des handicaps lourds, à vie.
J’ai été frappée aussi par le sort des brûlés parce que l’accès à l’électricité est ultra-limité et précaire. Avant la guerre, nous avons mis en place un programme de prise en charge des brûlés à l’hôpital Al-Shifa, car c’est un fléau à Gaza. L’électricité ne durant que quelques heures par jour, la population s’éclaire, se chauffe comme elle peut, avec des lampes à pétrole, des bougies, ce qui crée un nombre de victimes de brûlures extrêmement important. Aujourd’hui, nous sommes dans une autre dimension.
Conçue et exécutée comme une opération militaire, l’attaque menée sous la direction des Brigades Ezzedine Al-Qassam du Hamas autour de la bande de Gaza, le 7 octobre 2023, a été qualifiée d’attentat terroriste, à Paris comme à Tel-Aviv. Un parallèle avec le 11-Septembre et le Bataclan qui actualise une division raciale de la souffrance des corps, de la violence légitime et du droit à la résistance, selon que l’on soit ou non assimilé à l’Occident.
« C’est le 11-Septembre d’Israël. C’est le 11-Septembre d’Israël, et Israël fera tout ce qu’il peut pour ramener nos fils et nos filles à la maison ». Prononcée trois jours après l’offensive lancée par le Hamas et d’autres factions armées palestiniennes contre Israël, la déclaration de l’ambassadeur israélien aux Nations unies Gilad Erdan est une bonne leçon de rhétorique.
D’abord, la formule « claque » : le « 11-Septembre » évoque l’effondre
ment matériel et psychologique d’une assurance des Occidentaux, le souvenir douloureux de la violence, le scandale de l’intrusion étrangère dans le foyer national. Et puis, pour répondre à cette douleur, le ton à la fois paternaliste et belliqueux d’un État sûr de sa force, capable de protéger ses enfants d’un corps étranger qu’il n’est même plus besoin de nommer — mais l’a-t-il jamais fallu ? A-t-on véritablement besoin d’identifier l’ennemi à abattre ? Depuis 2001, on s’est reposé sur le terme vague et indistinct, tellement galvaudé de « terrorisme » que l’ambassadeur ne le nomme même plus. Un mot qui ne dit rien de l’acteur et renvoie exclusivement au sentiment provoqué chez celui qui l’emploie.
CONDAMNER LA VIOLENCE… POUR LÉGITIMER LA SIENNE
Au-delà de sa formulation, voici la première information clef qui ressort de la déclaration de l’ambassadeur d’Israël à l’ONU : en 2023, il n’est plus besoin de parler de terrorisme pour mobiliser l’appareil sémantique de la « guerre mondiale contre la terreur » qu’entérinait George W. Bush en 2001. Parler du 11-Septembre d’Israël, c’est à la fois condamner la violence de l’autre et légitimer la sienne, c’est justifier qu’on déclare la guerre puisque la terreur a surgi du camp adverse. Après 2001, de nombreux auteurs ont adopté la thèse d’un « choc des civilisations », d’une guerre — contre les Afghans, puis les Irakiens — qui est la conséquence inévitable de la victoire des valeurs occidentales sur l’islam, dans la lutte pour l’hégémonie mondiale.
Relayée par les discours sécuritaires, anti-immigration et islamophobes de nos dirigeants, cette explication ignore les origines communes des traditions chrétienne et musulmane, et les nombreux traits qui les rassemblent plus qu’ils ne les opposent. C’est ce que démontre l’anthropologue spécialiste de l’islam Talal Assad dans son ouvrage Attentats-suicides. Une question anthropologique1 qui analyse le discours sur la terreur en réaction aux récits aporiques du choc des civilisations.
Dans cette dichotomie devenue habituelle entre islamisme et Occident, terreur et guerre, Assad souligne un mécanisme discursif nouveau de l’impérialisme, né en 2001, dans lequel la guerre (puis aujourd’hui la résistance armée avec le cas de l’Ukraine) devient l’apanage des États occidentaux, intransigeants dans la justice qu’ils rendent et légitimes dans leur colère. Cet attirail moral relève de la psychologie selon l’auteur : il s’agit de montrer que l’État occidental a une conscience et que ses décisions relèvent de la raison, alors que le « terrorisme » est un déferlement de provocations destructrices. Quels que soient les motifs politiques du terroriste, il pratique la violence de manière irrationnelle et se voue à la mort, notamment par le suicide.
Presque inconnu en France où il n’est que peu et très récemment traduit, Talal Assad est pourtant considéré comme une référence incontournable de l’anthropologie au XXIe siècle, et le petit ouvrage de 2007 demeure d’une actualité frappante au lendemain de l’offensive du Hamas en Israël. Identifiant l’opération du 7 octobre 2023 à l’attentat-suicide des tours jumelles du World Trade Center, Israël manœuvre avec habileté en s’assimilant à une puissance occidentale et en reléguant son agresseur — qui n’est ici même plus nommé — à une position de parasite terroriste. Israël est surpris de la violence sur son sol, alors qu’il est à l’origine d’une violence systémique et totale de colonisation et d’apartheid qui fonde ses institutions. En faisant appel aux ressorts psychologiques du discours sur la terreur, Tel-Aviv gomme miraculeusement ses antécédents violents et colonisateurs.
Par ailleurs, l’idée d’un 11— Septembre israélien fait abstraction d’un paramètre fondamental de l’attaque du 7 octobre : les combattants du Hamas n’avaient pas pour vocation d’y mourir, et se sont comportés comme les soldats d’un groupe armé, organisé, agissant de manière stratégique et avec des objectifs d’abord militaires. L’opération ne s’arrête pas à la démonstration de force du 7 octobre : elle s’inscrit dans un projet de reconquête territoriale rationnel qui se veut relever également de la justice et de la morale. Peu importe au fond que l’on pense que cette terre est due ou pas aux Palestiniens, le fait est que l’ennemi d’Israël — le Hamas, les différentes autres factions de la résistance palestinienne qui ont participé à l’opération, et plus généralement l’altérité arabe qui hante son territoire — déborde largement de la désignation étriquée, moralisatrice et impérialiste de « terrorisme ».
UNE ÉMOTION AMNÉSIQUE
Dans le discours sur la terreur, l’orateur est finalement coupable de tout ce dont il accuse son ennemi terroriste. Obsédé par sa propre douleur, sa « terreur », il invite les justiciables à se laisser emporter par une émotion amnésique, et à se rassembler en ce qu’Assad appelle une « contresociété » fondée autour de la guerre antiterroriste. Les subjectivités occidentales s’imposent, et on ne retrouve plus rien d’un sujet dans l’adversaire, sorte de monstre sans nom ni visage, sans autre fonction que de provoquer la peur en Occident. Dans cette annihilation des subjectivités alternatives, le discours sur la terreur en produit un autre analogue sur la souffrance, puisque la sensibilité de l’adversaire se retrouve limitée par la propre douleur de la « contresociété ». La guerre provoque certes de la souffrance, mais la réaction antiterroriste légitime l’emploi de la violence par un discours de nécessité humanitaire — en 2001, il faut sauver l’American way of life, tout comme il faut sauver en 2023 le droit des Israéliens à vivre comme ils l’entendent, c’est-à-dire en réalité à s’installer sur des terres qui ne leur appartiennent pas, et à faire la fête à quelques kilomètres de l’étroite prison à ciel ouvert qu’est le territoire de Gaza.
L’herméneutique de la souffrance que produit la contresociété antiterroriste aboutit donc à un discours paradoxal qui appelle à la violence autant qu’il la condamne, avec le voisinage morbide dans les médias d’un discours purement émotionnel et d’un autre génocidaire. Ce deux poids deux mesures s’est d’ailleurs exprimé sur la radio publique (France Inter) : dans la même émission (9 octobre), Élie Barnavi, ancien ambassadeur d’Israël en France, est traité avec une compassion larmoyante (« vous comprenez ce qu’il se passe ? », demande Léa Salamé à l’historien et diplomate de carrière), alors que Leïla Shahid, ancienne ambassadrice de la Palestine auprès de l’Union européenne, est sommée à trois reprises de « condamner » la violence du côté palestinien. Ainsi, la violence subie par les Israéliens fait l’objet d’une considération presque sentimentale, alors que les Palestiniens sont uniquement évoqués sous l’angle de la violence qu’ils produisent.
Peu importe que Leïla Shahid s’efforce de rappeler le contexte de 56 ans d’occupation militaire et de violations du droit international subis par son peuple, puisque, vu les réactions immédiates à l’attaque contre Israël après des années d’indifférence à la colonisation de la Palestine, seule la souffrance occidentale ou israélienne semble faire exister la violence. Tant et si bien que lorsque l’ancienne responsable palestinienne en appelle à condamner de manière équivalente le meurtre de femmes et d’enfants palestinien·nes, l’ex-diplomate oppose une différence « morale » en qualifiant les civils de Gaza de « victimes collatérales ». Le recours systématique par Israël au discours sur la terreur finit ainsi par disqualifier toute forme de résistance à l’oppression, condamnant aussi bien les combattants armés que les civils. Notons encore, s’il en était besoin, que la rhétorique du terrorisme est sélective : par sa fonction amalgamante, elle s’applique aux populations musulmanes suspectées d’islamisme, tandis que les Ukrainiens, assimilés aux Occidentaux, ont accès à une violence légitime pour résister contre l’envahisseur.
AMALGAMER JUDÉITÉ ET ISRAËL
Après avoir déconstruit la thèse du « choc des civilisations » dans son premier chapitre, puis s’être penché sur les subjectivités « terroristes » et les raisons de commettre un attentat-suicide, Talal Assad consacre un troisième et dernier chapitre à « l’horreur » face au terrorisme. Il définit celle-ci comme une perte de repères qui dépasse l’entendement et le discours. Elle est générée par l’éclatement des limites imposées par la société, par exemple par l’irruption de la mort hors des espaces et des rituels qui l’incorporent. L’horreur est notamment suscitée, souligne l’anthropologue, par la révélation dans le crime d’une opposition entre civilisation et barbarie, qui n’offre à l’auteur du crime aucun espoir de rédemption.
Prenons l’exemple des mass shooters (tueurs de masse) aux États-Unis, qui commettent des massacres dans les écoles. On ne parle pas d’attentat dans leur cas, mais de fusillade car, vu qu’ils sont assimilés à la culture occidentale et à ses valeurs, on leur réserve le droit à une violence rationnelle. Ils ont aussi le droit au repentir et à la réhabilitation sociale, comme dans le cas de cet homme qui, au terme de sa peine de vingt ans d’emprisonnement pour avoir ouvert le feu en 2004 dans une école new-yorkaise, devient du jour au lendemain une célébrité du réseau social TikTok… avec des vidéos de prévention contre la violence armée. Les résistants palestiniens, renvoyés à la violence autodestructrice du terrorisme suicidaire, sont regroupés dans une masse barbare irrationnelle dont on ne peut attendre aucun discours — ce n’est pas par hasard que le ministre de la défense israélien les désigne d’ailleurs comme des animaux », c’est-à-dire des êtres brutaux, irrationnels et privés de langage.
La France n’a pas attendu les prises de parole israéliennes pour convoquer l’imaginaire du terrorisme. Le 11-Septembre devient pour elle un Bataclan israélien dans des discours médiatiques aussi bien que politiques, et Israël, depuis longtemps érigé en modèle sécuritaire, « assure la protection de toute la planète » en terrassant indistinctement combattants et civils palestiniens. Ce sont en tous cas les propos de Muriel Ouaknine-Melki, présidente de l’Organisation juive européenne, dont on se demande à quel point elle-même rend service aux juifs d’Europe en encourageant la politique identitaire suprémaciste et conservatrice qui amalgame la judéité avec le projet colonial de l’État d’Israël, et nourrit de fait l’antisémitisme qu’elle prétend combattre. Au micro de BFMTV (9 octobre), elle propose une fine analyse : « Le Hamas, c’est Daech ». Brillante illustration de la fonction confuse de la mobilisation de l’imaginaire terroriste et de l’actualité vivace de la thèse de Talal Assad.
LEYANE AJAKA DIB AWADA
Etudiante à l’EHESS, elle mène un travail de recherche sur le mouvement étudiant laïque au Liban depuis 2019.
Eu égard à la surprise de l’opération, à son ampleur, au nombre de victimes et d’otages, les attaques du 7 octobre 2023 ont rapidement donné lieu de la part des Israéliens, des Européens et des Américains à des comparaisons entre le Hamas, Al-Qaida et l’Organisation de l’État islamiste. Mais elles manquent de rigueur et ignorent tout des divergences entre ces mouvements.
Dès le 7 octobre 2023 s’est imposée, au sein du pouvoir israélien et de ses alliés, la réaffirmation du fait que la lutte contre le Hamas s’inscrit dans une lutte de la civilisation occidentale contre le djihadisme mondial. En 2014 déjà, le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou à la tribune des Nations unies avait effectué un tel parallèle, pointant du doigt un combat entre la civilisation judéo-chrétienne et l’islam. Avec des attaques volontiers comparées à l’attentat du 11— Septembre commis par Al-Qaida ou encore aux attentats du 13 novembre 2015 perpétrés par l’organisation de l’État islamique (OEI) en France, s’est opéré depuis quelques semaines un glissement sémantique problématique visant à assimiler la lutte des différentes factions palestiniennes aux groupes terroristes dits djihadistes qui ont projeté leur violence à travers le monde, et notamment hors des sociétés musulmanes.
Le 18 octobre, en visite à Tel-Aviv, le président américain Joe Biden déclarait que « le Hamas est pire que Daech ». Quelques jours plus tard, Emmanuel Macron proposait de mobiliser la coalition militaire internationale montée contre l’OEI pour lutter contre le Hamas. Il importe de sortir de ces raccourcis pour dépassionner le débat et comparer effectivement les doctrines des différents groupes et leur mise en pratique.
DES GROUPES QUE (PRESQUE) TOUT OPPOSE AU HAMAS
Une analyse théorico-empirique nous invite rapidement à contester le principe d’une équivalence : dès sa genèse dans les années 1980, lorsqu’Al-Qaida et l’OEI affirment être des mouvements djihadistes mondiaux, le Hamas s’inscrit dans un paradigme de résistance islamo-nationaliste. En appui à cette affirmation, le fait que le Hamas n’ait entrepris aucune action violente hors de Palestine et d’Israël. Il n’existe aucune ramification du mouvement palestinien hors du théâtre nationaliste, tandis que les mouvements djihadistes globaux sont présents dans une multitude de zones géographiques et y déploient leurs actions.
Existe-t-il néanmoins des similitudes entre le Hamas, Al-Qaida et l’OEI ? Il y a en apparence deux : la première est de recourir à la violence armée en ciblant des civils sans distinction, et la seconde le fait d’être considéré comme des mouvements terroristes par une partie des gouvernements occidentaux. Les similitudes s’arrêtent là.
Concernant le premier point, il est important de noter qu’au sein de la littérature produite par le Hamas, le sens de civil n’est pas celui que l’on entend communément en Occident. Pour le mouvement, un colon ne saurait être considéré comme un civil dénué de toute responsabilité, et un homme ou une femme possédant la nationalité israélienne et ayant donc accompli son service militaire de plusieurs années, astreint à des périodes de réserve, s’extrait de cette catégorie. C’est dans ce cadre que l’on peut inscrire la première intervention de Mohamed Deif, chef des brigades Ezzedine Al-Qassam, au lendemain de l’opération du 7 octobre, qui ordonna de ne pas « tuer les personnes âgées et les enfants ». Et dans le cadre de sa campagne de communication, le Hamas a diffusé plusieurs vidéos montrant des combattants refusant d’attaquer des enfants et des personnes âgées conformément « aux principes islamiques ». Cela n’empêche pas bien sûr que ces meurtres ont bien eu lieu.
Si la question du statut des victimes n’est pas tranchée au sein du mouvement, il en va de même pour ce qui concerne l’usage des images et vidéos des attaques du 7 octobre. Les médias affiliés officiellement au Hamas ont ainsi refusé de mettre en scène l’exécution d’individus qui pouvaient être perçus comme des civils — à l’inverse des pratiques qui ont cours au sein de l’OEI. Les images d’exécutions de civils le 7 octobre ont toutefois été rendues accessibles via les caméras de surveillance ou à partir des caméras GoPro récupérées sur les assaillants.
LA POSITION DE L’ONU
La seconde similitude concerne donc la perception que certains pays en Occident ont des différentes organisations. L’Union européenne et les États-Unis considèrent ces trois organisations comme terroristes. Le Conseil de sécurité de l’ONU s’est toutefois refusé à classifier le Hamas comme organisation terroriste, à l’inverse d’Al-Qaida et de l’OEI, car selon lui, la résistance de cette dernière résulte de l’occupation israélienne.
Depuis avril 1993, par suite d’un attentat-suicide en Israël revendiqué par le Hamas, le département d’État américain a ajouté le mouvement sur la liste des organisations terroristes, un classement confirmé en 2000 dans le contexte de la seconde intifada. Le diplomate américain et ancien ambassadeur en Israël Martin Indyk affirmait alors : « le président Bush a clairement étiqueté comme terroristes et ennemies des États-Unis les organisations engagées dans l’intifada palestinienne ».
En 2003, le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France ont explicitement refusé de mettre la branche politique du Hamas sur la liste des organisations terroristes, se contentant de la branche militaire, arguant que cet acte entraverait le processus de paix. Mais la même année, l’Union européenne choisit de mettre fin à la distinction entre la branche politique et la branche armée, classant alors le Hamas dans son ensemble sur sa propre liste des organisations terroristes.
Si le qualificatif « terroriste » apposé à Al-Qaida et l’OEI ne souffre aucune contestation parmi les gouvernements des sociétés arabes ou à majorité musulmane, le Hamas n’est en aucun cas considéré comme tel. À l’échelle du monde, les pays le qualifiant comme une organisation terroriste sont l’exception plutôt que la règle. Par ailleurs, nous n’avons jamais vu dans le monde arabe de manifestation significative en faveur de l’OEI ou Al-Qaida, alors qu’elles sont fréquentes pour soutenir la résistance palestinienne incarnée par le Hamas, dont les cadres ont trouvé refuge dans plusieurs capitales comme Damas, Sanaa ou Doha. En revanche, on trouve au sein de la coalition qui avait combattu l’OEI plusieurs pays musulmans au premier rang desquels la Turquie.
IDÉOLOGIE, PROGRAMME POLITIQUE, RIVALITÉS
D’un point de vue idéologique, il existe une filiation affirmée dans la charte du Hamas entre le mouvement et la confrérie des Frères musulmans. À l’inverse, l’OEI et, avec certaines nuances, Al-Qaida considèrent l’idéologie de cette organisation au mieux comme un projet hétérodoxe, au pire comme une idéologie apostate. Même s’il demeure au sein de la galaxie islamiste diverses convergences, comme durant le conflit syrien, la rhétorique propalestinienne est beaucoup plus présente dans les discours des Frères musulmans qu’au sein des autres mouvements dits djihadistes.
Un second point qui cristallise les tensions entre le Hamas, l’OEI et Al-Qaida résulte de la relation que le Hamas entretient avec les chiites. Même s’il semble probable que, comme le suggèrent les services du renseignement américain et ainsi que l’a confirmé Hassan Nasrallah dans son discours du 3 novembre, l’Iran n’ait pas été au courant des attaques du 7 octobre, la République islamique est un des soutiens du Hamas depuis de nombreuses années. Il est également reproché au Hamas de s’être allié avec le Hezbollah. Une alliance de circonstance qui tranche avec la vision salafo-djihadiste que portent l’OEI et Al-Qaida.
En ce qui concerne le projet politique des différentes organisations, le Hamas n’a aucune aspiration mondiale. Il n’est mu par aucune ambition califale en vue d’unifier la communauté musulmane, mais s’inscrit dans le cadre d’un projet nationaliste, une approche que les djihadistes contestent vivement. Ainsi, sans occupation israélienne, le recours à la violence deviendrait caduc.
Autre élément de distinction : l’OEI et Al-Qaida n’ont jamais été engagés dans une logique de reconnaissance sur la scène internationale. Le Hamas, lui, a développé une stratégie inverse, cherchant la normalisation, multipliant les entretiens avec les dirigeants, qu’ils soient arabes, musulmans ou occidentaux.
En termes d’organisation, le Hamas se distingue du fait de son implication dans des œuvres caritatives, une dimension sociale que l’on retrouve très peu au sein des mouvements djihadistes. Pour finir, pendant que ces derniers récusent une quelconque participation aux élections et jettent l’anathème sur toute personne justifiant l’usage de la démocratie comme projet politique, Jamal Mansour, dirigeant du Hamas en Cisjordanie, a publié en 1996 un document affirmant que le mouvement tend vers un paradigme démocratique et s’oppose à une vision théocratique. Il y affirme : « Il n’existe pas en islam de notion de théocratie qui prétendrait représenter la volonté de Dieu sur terre ».
Dès lors, le Hamas se présente comme un parti légaliste et pragmatique qui a remporté les élections législatives en 2006, et a fait évoluer sa ligne politique. À la suite de cette victoire, le Hamas a implicitement dépassé ce qui constitue sa charte adoptée en 1987. Il a ainsi validé le document dit « des prisonniers » de juin 2006, qui reconnaît de fait les frontières de 1967 et limite la résistance à l’intérieur des territoires occupés depuis la guerre de juin 1967. Le document des principes généraux et politiques publié et adopté par le conseil consultatif du bureau en mai 2017 est venu entériner ce changement de paradigme.
DES RÉACTIONS TRÈS DISCRÈTES
Signe d’une déconnexion confirmant la non-pertinence d’une équivalence entre djihadistes et le Hamas, les attaques visant à terroriser Israël n’ont pas été mentionnées par l’OEI dans son journal du 12 octobre 2023, la une étant consacrée à la lutte contre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) en Syrie. Si Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) s’est pour sa part félicité, dans un communiqué publié le 13 octobre, des évènements en Palestine, elle n’a pas nommé le Hamas, préférant citer les brigades Ezzedine Al-Qassam, sa branche armée. En outre, lors de l’attentat à Bruxelles le 16 octobre 2023 contre des citoyens suédois, l’assaillant avait voué allégeance à Abou Hafs, le calife de l’OEI, et justifié son acte en mentionnant les autodafés du Coran en Suède, sans référence aucune à la situation à Gaza ni aux récents évènements au Proche-Orient.
De même, concernant l’assassin de Dominique Bernard dans le lycée d’Arras, aucun lien ne fut fait par l’assaillant avec la lutte palestinienne, battant en brèche la théorie du « djihadisme d’atmosphère » portée par Gilles Kepel et visant à générer une forme d’amalgame entre les différents mouvements. Dans l’histoire récente, le Hamas a condamné les attentats commis par Al-Qaida ou l’OEI, notamment ceux contre Charlie Hebdo ainsi que ce qu’un communiqué a décrit comme « les actes d’agression et de barbarie » du 13 novembre 2015 à Paris.
Dans ce cadre, il importe de souligner que les différences idéologiques et stratégiques relevées ci-dessus ont aussi impliqué sur le terrain palestinien une confrontation armée. Tel a été le cas en particulier quand le Hamas au pouvoir à Gaza s’est opposé aux salafo-djihadistes en arrêtant des islamistes radicaux ayant des sympathies pour l’OEI ou appartenant à cette organisation. Dans le même temps, cette dernière exécutait des sympathisants du Hamas. Lorsque le journaliste britannique Alan Johnston fut enlevé par le groupe salafiste Jaich Al-islam (Armée de l’islam), le Hamas a exigé et obtenu sa libération, soulignant que ce dernier ne pouvait être tenu comptable des agissements de son gouvernement.
UNE OPPOSITION MILITAIRE SUR LE TERRAIN
Au mois d’août 2009, Abdellatif Moussa, dirigeant du groupe salafiste Jound Ansar Allah (Soldats des partisans de Dieu), a proclamé un émirat islamique à Rafah au sein de la mosquée Ibn Taymiyya. Le Hamas a donné l’assaut à la mosquée pour rétablir son autorité. Le chef ainsi que 28 membres du groupuscule ont été tués dans la bataille, et pas moins de 150 personnes blessées. Sur le terrain militaire à Gaza, le Hamas s’est donc indéniablement institué en s’opposant à Al-Qaida et à l’OEI, qui ont vu leurs militants fuir vers la Syrie ou le Sinaï égyptien, quand ils n’étaient pas emprisonnés ou tués. Le chef de l’OEI au Sinaï, Hamza ‘Adil Mohammad Al-Zamli, était gazaoui, mais par exemple incapable de trouver dans son propre territoire la latitude pour déployer son activité. Hors de la Palestine, dans le camp palestinien de Yarmouk près de Damas, l’OEI et le Hamas se sont affrontés de manière sanglante. Ce n’est pas uniquement le mouvement palestinien qui s’oppose aux djihadistes radicaux : selon un sondage réalisé en 2015 par le Centre palestinien pour la recherche en politiques et enquêtes (PSR), une écrasante majorité (91 %) en Cisjordanie et dans la bande de Gaza pense que l’OEI est un groupe radical qui ne représente pas le véritable islam.
Face à ces éléments, il apparait que le comparatif entre le Hamas et les acteurs dits djihadistes sert avant tout à délégitimer la cause palestinienne. Il n’a pas de portée analytique, et par conséquent ne sert ni la quête d’une solution au conflit, ni la protection des civils — quels qu’ils soient. Il entretient au contraire une mystification.
Dès 2010, Henry Siegman, ancien président du Congrès juif américain, affirmait :
Israël voudrait que le monde croie que le Hamas n’est rien d’autre qu’un groupe terroriste, et que sa résistance est au service d’une lutte salafiste globale pour vaincre l’Occident et restaurer le califat islamique. C’est une mystification que de placer Israël à l’avant-garde d’une guerre occidentale contre le terrorisme global, à la seule fin de justifier la demande israélienne à l’Occident de passer outre les mesures illégales qu’Israël dit devoir utiliser si on veut triompher des terroristes.
YASSINE SLAMA
Docteur en science politique et islamologie, il travaille sur la vision du djihâd chez les Frères musulmans.
La question est souvent posée : est-il nécessaire de commémorer le 11-Novembre alors qu'il n'y a plus de Poilu vivant ?
Laurent Legendre : Lorsqu'on discute avec les jeunes d'aujourd'hui, on voit bien que quasiment tous ont un aïeul qui a fait la Grand guerre, qu'il en soit revenu ou non. Si nous avons la chance, depuis presque 80 ans, de ne pas connaître de guerre classique sur notre territoire, c'est parce que des soldats sont tombés pour la France en 14-18 ou en 39-45. Ils ont œuvré pour la paix dont nous bénéficions aujourd'hui. Les oublier, ce serait revenir à dire qu'ils sont décédés pour rien. L'oubli est la deuxième mort du soldat.
D'accord, mais certains disent que le calendrier comporte trop de commémorations...
Il y a dix commémorations officielles. Celles du 11-Novembre et du 8-Mai sont les plus connues, et l'Onac a l'obligation d'en organiser au moins une au niveau départemental. À charge ensuite pour les communes de mettre sur pied, si elles le souhaitent, une cérémonie dans leur village avec les associations d'anciens combattants. Ce n'est pas obligatoire, juste fortement conseillé. Les autres dates officiellement célébrées sont : le 19 mars, fin de la guerre d'Algérie ; le dernier dimanche d'avril l'hommage aux déportés ; le 8 juin la guerre d'Indochine ; le 18 juin l'appel à la Résistance du général de Gaulle ; le 16 juillet, la mémoire des victimes du régime de Vichy ; le 25 septembre, l'hommage aux harkis ; le 5 décembre, la commémoration pour l'ensemble des combattants de toutes guerres. À ces commémorations s'ajoute la journée pédagogique de la Résistance, calée au 27 mai, en lien avec les écoles. Nous voyons bien que chaque date revêt sa spécificité. Je ne sais pas si l'on peut affirmer qu'il y en a trop, car pour chaque type de conflit, il y a des victimes collatérales.
Vous parlez des familles des soldats ?
Exactement. Au sein de l'Onac, nous veillons sur elles. À chaque fois, nous sommes confrontés à des situations particulières, des histoires singulières. Notre travail, c'est de montrer que chaque victime, au-delà des indemnités auxquelles elle a droit, bénéficie avant tout de la reconnaissance de l'État.
Alors que plus aucune guerre n'a lieu sur notre sol depuis 1945, y a-t-il encore des victimes à accompagner ?
Bien sûr ! Il y a encore des veuves des combattants d'Algérie, par exemple. Mais plus récemment, il y a eu des opérations militaires, ou des guerres à l'étranger, celles de l'ex-Yougoslavie entre 1991 et 2001. Le 23 octobre, nous nous sommes efforcés de nous rappeler des 58 soldats français décédés en octobre 1983 lors des attentats du Drakkar à Beyrouth. Ce sont des événements moins connus que les deux guerres mondiales, mais qui ont des conséquences encore importantes chez de nombreuses familles aujourd'hui. Avoir une armée de métier éloigne parfois les jeunes civils d'une certaine réalité : c'est grâce à ces militaires professionnels que leur paix est garantie.
Certains hommes politiques ont émis l'idée d'un possible retour au service militaire sous une forme ou une autre. Qu'en pensez-vous ?
Certains commencent effectivement à en parler, mais je ne commenterais pas le bien-fondé ou non d'une telle mesure. La question se posera peut-être avec nos futurs gouvernants. Ce que je peux dire à présent, c'est que nous avons une vraie chance de disposer d'une armée de métier très opérationnelle aujourd'hui. Mais sans doute a-t-elle besoin de recruter davantage pour mieux lutter encore contre une nouvelle forme de guerre présente sur le territoire : le terrorisme. Quant à la politique, elle a su créer une sorte de bouclier de paix en construisant l'Europe et une solide amitié franco-allemande. Alors que les élections européennes se profilent, il me semblait important de rappeler que l'Europe contribue grandement à la paix. Car dans le fond, ce que nous célébrons dans les commémorations, c'est cela : la volonté de construire durablement la paix.
lors qu’Israël intensifie ses bombardements sur Gaza en s’acharnant vendredi sur l’hôpital Al Shifa, le président français Emmanuel Macron a appelé à un cessez-le-feu dans l’enclave palestinienne.
L’appel du président français a été lancé dans un entretien à la BBC et Emmanuel Macron n’a pas été tendre avec Israël.
« De facto – aujourd’hui, des civils sont bombardés – de facto. Ces bébés, ces dames, ces personnes âgées sont bombardés et tués. Il n’y a donc aucune raison et aucune légitimité à cela. Nous exhortons donc Israël à arrêter », a dit le chef d’État français au lendemain de la conférence d’aide humanitaire à Paris, et à la veille d’une marche controversée contre l’antisémitisme prévue dimanche dans la capitale française.
C’est la première fois qu’un chef d’État occidental désavoue Israël et appelle à un cessez-le-feu à Gaza, tout en évoquant clairement les bombardements israéliens qui tuent massivement des civils dans l’enclave palestinienne.
Guerre contre Gaza : Israël s’acharne sur l’hôpital Al Shifa
Ce qui montre l’effritement du soutien occidental à Israël, dont les tueries à Gaza commencent à peser sur les opinions publiques occidentales.
Au lendemain des attaques du Hamas de samedi 07 octobre, Emmanuel Macron et les dirigeants des pays occidentaux ont apporté un soutien inconditionnel à Israël pour se défendre. Un soutien qui s’est transformé en permis de tuer pour le gouvernement d’extrême droite de Benyamin Netanyahou.
Pour réparer l’affront de la défaite du 7 octobre face au Hamas, l’armée israélienne s’est lancée dans une vengeance aveugle contre les populations civiles de Gaza, allant jusqu’à les traiter d’animaux.
Un ministre extrémiste israélien a même jugé possible l’utilisation de la bombe nucléaire contre Gaza, sans susciter la moindre condamnation en Occident, en dépit de l’extrême gravité de ses menaces.
En un peu plus d’un mois de guerre, Israël a étalé l’étendue de sa sauvagerie en bombardant sans distinction les bâtiments, les hôpitaux, les écoles, tuant des civils, des humanitaires, des journalistes, des médecins… Selon le ministère palestinien de la Santé, la guerre que mène Israël contre Gaza a fait plus de 11.000 morts, en majorité des enfants et des femmes.
Vendredi, l’hôpital Al Shifa a subi d’intenses bombardements de l’armée israélienne, selon des médias, le directeur de l’établissement et les autorités palestiniennes. Plus de 15.000 personnes sont prises au piège dans cet hôpital qui est hors service, selon son directeur.
Des blessés et des enfants se trouvant à l’intérieur de l’hôpital sont menacées de mort alors que de nombreux cadavres gisent dans les couloirs de l’établissement en attendant d’être enterrés, selon Al Jazeera.
Mais comme d’habitude, Tel Aviv a démenti avoir frappé l’établissement en affirmant que des roquettes palestiniennes ont dévié de leur trajectoire pour s’abattre sur l’hôpital.
Comme lors du bombardement du mardi 17 octobre de la guerre de l’hôpital Al Mayadeen, Israël tente de faire diversion, alors qu’elle a menacé à maintes reprises de bombarder les hôpitaux.
Le génocide israélien se poursuit à Ghaza. Trente-cinq jours depuis le début de la nouvelle agression, le nombre de victimes civiles est effarant. Et il ne cesse d’augmenter.
Dans un dernier bilan, communiqué hier par le ministère palestinien de la Santé, on fait état de 11 078 personnes tuées dans les bombardements israéliens sur la Bande de Ghaza depuis le début de la guerre, le 7 octobre.
Parmi les morts recensés à ce jour, figurent 4506 enfants et 3027 femmes. Selon la même source, 27 490 autres personnes ont été blessées durant l’agression en cours. La barbarie de l’Etat hébreu n’a épargné personne, y compris les employés de l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), qui a déploré, hier, la perte de 100 de ses agents en un mois. «Anéanti ! Confirmation que plus de 100 collègues de l’UNRWA ont été tués en un mois. Parents, enseignants, infirmières, médecins, personnel de soutien. L’UNRWA est en deuil, les Palestiniens sont en deuil, les Israéliens sont en deuil.
Pour mettre fin à cette tragédie, il faut un cessez-le-feu humanitaire maintenant», écrit le patron de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, sur le réseau X. Sur son site internet, l’UNRWA précise que le chiffre exact est de 101 employés tués dans la Bande de Gaza depuis le 7 octobre.
L’occupant israélien ne fixe aucune limite à sa sauvagerie. Durant la journée d’hier, il a multiplié ses frappes et des tirs meurtriers sur les écoles et des hôpitaux où les civils cherchent refuge pour échapper aux bombardements intenses de l’armée israélienne.
Au moins 13 personnes ont trouvé la mort, en effet, lors d’une frappe sur le complexe de l’hôpital Al Shifa, le plus grand de la Bande de Ghaza. Une cinquantaine de corps ont été également retirés de sous les décombres après le bombardement ayant visé, hier matin, une école de la ville de Ghaza accueillant des déplacés.
Selon le ministère palestinien de la Santé, 18 hôpitaux de la Bande étaient hors service depuis le début de cette agression. «Israël tourne le dos à la communauté internationale et poursuit ses crimes contre les hôpitaux, les centres de santé et les centres d’hébergement dans la Bande de Ghaza», dénonce la ministre palestinienne de la Santé, Mai Al Kaila, citée par l’agence de presse palestinienne Wafa.
Et d’ajouter : «L’occupant commet un crime complexe contre les hôpitaux et le personnel médical. Il a commencé par empêcher l’entrée de carburant et de médicaments dans ces hôpitaux, et aujourd’hui il cible directement les hôpitaux avec des incendies et des bombardements.»
Selon la même source, «l’armée de l’occupation a pris pour cible un certain nombre d’hôpitaux dans la Bande de Gaza à l’aube, au moment où nous mettons en garde contre une catastrophe majeure résultant de ces crimes».
Selon des médias présents sur place, des milliers de civils ghazaouis ont, une nouvelle fois, fui, jeudi dernier, le nord de la Bande de Ghaza en ruines. Alors que la situation humanitaire ne cesse de s’aggraver dans la Bande de Ghaza, la communauté internationale peine à imposer «une trêve humanitaire».
Sauvagerie israélienne
Cette demande, émanant de l’ONU et de plusieurs ONG, ne trouve aucun écho chez les autorités de l’occupation, qui excluent tout cessez-le-feu sans la libération préalable des otages. Israël n’a accepté, jusqu’à présent, qu’une «pause quotidienne» de quelques heures pour permettre aux civils de fuir les zones ciblées par ses bombardements, notamment au nord de Ghaza.
S’exprimant sur ce sujet, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken salue cette décision, mais il affirme que beaucoup rester à faire pour protéger les civils. «Je pense que des progrès ont été réalisés. Mais j’ai également été très clair sur le fait qu’il restait encore beaucoup à faire en termes de protection des civils et d’acheminement de l’aide humanitaire», a-t-il déclaré, lors d’une visite éclair à New Delhi (Inde).Antony Blinken affirme que «les Etats-Unis travaillaient sur des plans concrets pour ce faire».
Pendant ce temps, le nord de Ghaza, comme le souligne Jens Laerke, porte-parole du Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), est devenu l’enfer sur terre. «S’il y a un enfer sur terre maintenant, c’est bien le nord de Ghaza», a-t-il affirmé.
Ce responsable évoque la détérioration de la situation humanitaire dans la Bande de Ghaza assiégée et soumise aux attaques israéliennes dévastatrices depuis 35 jours. Il souligne que l’acheminement des aides à bord des camions des Nations unies au sud de Gaza se fait de manière limitée, en raison de la densité élevée de la population et qu'elles ne peuvent donc pas parvenir aux habitants.
Dans un communiqué rendu public hier, le gouvernement de Ghaza a affirmé que plus de 50% des logements ont été endommagés à la suite des bombardements.
«La destruction à Ghaza est sans précédent, où plus de 50% des logements ont été endommagés à la suite des raids et des bombardements de l’occupation, tandis que 40 000 logements ont été complètement démolis», précise la même source, rappelant «qu’environ 32 000 tonnes d'explosifs et plus de 13 000 bombes ont été larguées par l’occupation israélienne sur la Bande depuis le début de l'agression, avec une moyenne de 87 tonnes par kilomètre carré». «La valeur initiale estimée des dommages touchant les bâtiments et les tours résidentielles s'élevait à 2 milliards de dollars, tandis que les dommages aux infrastructures étaient estimés à environ un milliard de dollars», explique le communiqué.
"Je raconte une Algérie où il faisait bon vivre ensemble malgré la guerre qui frappait à la porte"
Réalisateur de succès des années 1980 comme "Le grand pardon" ou "L'union sacrée", Alexandre Arcady ranime la mémoire perdue des juifs d'Alger dans "Le Petit Blond de la Casbah", en salles le 15 novembre, un film autobiographique et pittoresque sur son enfance dans la Casbah.
Six décennies séparent le réalisateur qui reçoit dans un confortable bureau à deux pas des Champs-Elysées, et le gamin juif de la rue du Lézard, son paradis perdu.
Une enfance dans son souvenir "lumineuse" et populaire, entourée de personnages hauts en couleur, de toutes confessions et de toutes origines, où le regard insouciant d'un enfant peut à peine distinguer l'injustice de la colonisation - présente en arrière-fond dans le film. Jusqu'à ce que la guerre déchire la carte postale. Dans le fracas de l'indépendance, la famille Arcady, comme l'essentiel de la communauté juive d'Algérie présente depuis des siècles, part en catastrophe pour la métropole.
"Ce film était une promesse faite à 13 ans à ma mère. En se tournant vers nous, sur le bateau qui quittait l'Algérie, les larmes aux yeux, elle nous a dit 'j'ai oublié les photos (de famille) dans le buffet'", raconte le réalisateur. "C'est pas grave maman, je te les ramènerai ces photos", lui répond-il.
Certains pays, notamment l’Algérie et le Liban, ont proposé de rompre les liens économiques et diplomatiques avec Israël et de cesser d’approvisionner en pétrole ce pays et ses alliés, selon ces diplomates.
(Riyad) Les dirigeants de pays arabes et musulmans ont condamné samedi les actions « barbares » des forces israéliennes à Gaza, mais se sont abstenus d’énoncer des mesures économiques et politiques punitives à l’encontre d’Israël, en guerre contre le Hamas dans la bande de Gaza.
Les résultats du sommet conjoint de la Ligue arabe et de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) à Riyad ont mis en évidence les divisions régionales quant à la manière de réagir au conflit, sur fond de craintes d’un embrasement dans la région.
Le sommet s’est déroulé dans un contexte de colère au Moyen-Orient et au-delà, contre les bombardements d’Israël dans la bande de Gaza, menés en représailles à l’attaque sans précédent perpétrée par le Hamas sur le sol israélien le 7 octobre.
Cette attaque a fait environ 1200 morts côté israélien, en majorité des civils, selon des chiffres officiels israéliens, alors que les bombardements sur Gaza ont tué plus de 11 000 personnes, dont une majorité de civils, selon le ministère de la Santé dirigé par le Hamas.
Le communiqué final du sommet a rejeté les arguments d’Israël selon lesquels ce pays agit en état de « légitime défense » et a exigé que le Conseil de sécurité de l’ONU adopte une résolution « contraignante » pour mettre fin à « l’agression » israélienne.
Il a également rejeté toute solution politique future du conflit qui maintiendrait la bande de Gaza séparée de la Cisjordanie occupée par Israël.
L’Arabie saoudite « tient les autorités d’occupation (israéliennes) pour responsables des crimes commis contre le peuple palestinien », a en outre déclaré le prince héritier Mohammed ben Salmane, à l’ouverture du sommet.
Le président iranien, Ebrahim Raïssi et le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane
« Nous sommes certains que le seul moyen de garantir la sécurité, la paix et la stabilité dans la région est de mettre fin à l’occupation, au siège et à la colonisation », a-t-il ajouté.
Le président iranien, Ebrahim Raïssi, en visite pour la première fois en Arabie saoudite depuis le rapprochement des deux pays, a demandé aux pays islamiques de désigner l’armée israélienne comme une « organisation terroriste ».
Il a en outre rencontré le prince saoudien, le premier contact à ce niveau depuis le rétablissement en mars des relations diplomatiques entre les deux pays à la faveur d’une médiation chinoise.
Divergences régionales
L’Algérie et le Liban notamment ont proposé à certains pays de rompre les liens économiques et diplomatiques avec Israël et de cesser d’approvisionner en pétrole ce pays et ses alliés, selon des diplomates arabes. Toutefois, au moins trois pays parmi lesquels les Émirats arabes unis et Bahreïn, qui ont normalisé leurs relations avec Israël en 2020, ont rejeté cette proposition.
Les organisations humanitaires internationales ont redoublé d’appels en faveur d’un cessez-le-feu à Gaza, où l’eau potable et les médicaments manquent cruellement.
Israël et son principal allié, les États-Unis, ont jusqu’à présent rejeté les demandes de cessez-le-feu.
« Il est honteux que les pays occidentaux, qui parlent toujours des droits de l’homme et des libertés, restent silencieux face aux massacres en cours en Palestine », a déclaré pour sa part le président turc, Recep Tayyip Erdogan.
Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Fayçal ben Farhane, a qualifié de « deux poids, deux mesures » les réactions internationales à la guerre entre Israël et le Hamas. « Je parle des pays qui […] ferment les yeux sur le non-respect par Israël des bases du droit international », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.
Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a quant à lui souligné que Washington avait « la plus grande influence sur Israël » et « portait (en conséquence) la responsabilité de l’absence de solution politique » au conflit.
S’adressant au sommet, le Hamas a lui demandé, dans un communiqué, « l’expulsion » de tous les ambassadeurs israéliens « des pays arabes et musulmans et le rappel de tous les ambassadeurs de ces pays ».
Dans une intervention télévisée samedi soir, le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a estimé que les dirigeants arabes devaient « s’élever contre le Hamas », qu’il a décrit comme « une partie intégrante de l’axe du terrorisme mené par l’Iran ».
PHOTO ARCHIVES REUTERS
Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyah
L’Iran soutient le Hamas, mais aussi le mouvement islamiste libanais Hezbollah et les rebelles houthis du Yémen.
Les échanges de tirs entre Israël et le Hezbollah sont quotidiens à la frontière israélo-libanaise, tandis que les houthis ont revendiqué plusieurs attaques de drones et de missiles contre le sud d’Israël.
HAITHAM EL-TABEI ET ROBBIE COREY-BOULETAGENCE FRANCE-PRESSEhttps://www.lapresse.ca/international/moyen-orient/2023-11-11/israel-et-le-hamas-en-guerre/les-dirigeants-de-pays-arabes-et-musulmans-condamnent-israel.php.
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