Ali Ammar (alias La Pointe) est un héros et martyr algérien qui a contribué à la Grande Révolution algérienne dans les années 1950. Cette vidéo est une plongée profonde dans son histoire/personnage, asseyez-vous, détendez-vous, prenez du pop-corn et rejoignez-moi dans ce voyage historique.
Elias Sanbar, traducteur du poète de Palestine Mahmoud Darwich, revient, textes à l’appui, sur le secours et la force de mobilisation d’un verbe arabe à nul autre pareil : espoir au creux de la désolation, amour au cœur des combats, terre natale et grand large…
22 décembre 2023 à 15h54
AucuneAucune trêve des confiseurs à Gaza, aucune « paix des braves » à l’horizon dans une guerre qui, depuis les massacres du 7 octobre, a vu Israël passer du droit de se défendre à la prérogative de se venger. L’objectif de détruire le Hamas semble être devenu, sous nos yeux, celui de réduire le peuple palestinien.
Face à une telle situation, qui réjouit les cyniques et désespère les autres, Mediapart a voulu, avant les « fêtes » ou prétendues telles, se hisser jusqu’à des sommets de lutte et de beauté : la poésie de Mahmoud Darwich (1941-2008). Né en Palestine alors mandataire, au nord-ouest de la baie de Haïfa, dans un village de la plaine d’Acre nommé Al-Birwa, Darwich n’aura cessé d’écrire sur les ravages de la dépossession – qui ne sauraient pour autant avoir le dernier mot : « Jamais nos exils ne furent vains, jamais en vain nous n’y fûmes envoyés. »
Nous avons eu le désir d’entendre son traducteur, Elias Sanbar, que Darwich appelait le « poète parallèle » tant fut féconde leur amitié littéraire et politique. Cet entretien donne idée de l’archipel spirituel et combatif que constitue l’œuvre d’un rhapsode palestinien cultivant des chants à même de restaurer le « moi » collectif d’un peuple outragé, d’un peuple brisé, d’un peuple martyrisé, mais d’un peuple un jour libéré : « Nous aussi, nous aimons la vie quand nous en avons les moyens. »
Conçue tel un viatique en des temps effroyables, notre conversation avec Elias Sanbar, sur l’art et la manière de Mahmoud Darwich, se voudrait torchère dans les ténèbres : « Toi l’éclair, éclaircis pour nous la nuit, éclaircis donc un peu. »
En Cisjordanie occupée, les attaques de colons contre des Palestiniens se multiplient ainsi que les raids israéliens contre des localités arabes. Selon une récente enquête, le soutien au mouvement islamiste a considérablement augmenté.
JénineJénine (Cisjordanie occupée).– De la boue, des morceaux de bitume arrachés, des fils électriques qui pendent… Dans le nord de la Cisjordanie occupée, les abords du camp de Jénine ressemblent à un champ de bataille.
Partout, des impacts de balles. Impossible de savoir de quand ils datent. Cela fait plus de vingt ans que les murs sont les témoins de violents combats. Depuis l’attaque du Hamas du 7 octobre, les raids israéliens meurtriers se multiplient dans ce camp de réfugiés où s’entassent 18 000 personnes.
Le dernier, mi-décembre, a duré trois jours. Douze Palestiniens ont été tués et plusieurs dizaines d’autres arrêtés. Dans un communiqué, l’armée israélienne assure que cette incursion a permis la saisie d’armes et d’explosifs. Cette fois encore, les bulldozers israéliens ont détruit plusieurs rues. À chaque incursion, ces engins gigantesques écrasent les voitures sur leur passage et détruisent également les tuyaux de distribution d’eau et le système d’évacuation des eaux usées. « À croire qu’ils font également la guerre aux égouts ! », ironise un habitant.
Dans ce dédale de ruelles, un jeune combattant hâte le pas. Casquette noire vissée sur la tête, il parle peu. « Falloujah », c’est le surnom donné par les habitants à ce quartier, fief des groupes armés, en référence à la ville irakienne, théâtre d’affrontements particulièrement violents ces dernières années.
Les combattants du Hamas, du Djihad islamique palestinien et d’autres brigades locales vivent ici. Pour y pénétrer, il faut impérativement être accompagné. Plus que jamais, l’étranger est vu comme une potentielle menace. L’armée israélienne mène des raids meurtriers presque tous les jours dans ce labyrinthe.
Au fur et à mesure des années et des guerres, il est devenu le symbole de la lutte contre l’occupation. Dans certaines ruelles, de gigantesques bâches ont été tendues entre les maisons. Un ciel de toile noire qui permet aux groupes armés de se déplacer en échappant à la surveillance des drones israéliens.
« Il ne faut pas rester là, l’un des nôtres se cache ici », ordonne le combattant qui nous sert de guide. En quelques secondes, tout le monde remonte dans la voiture. Assis à l’arrière, le jeune Palestinien finit par lâcher quelques phrases. Arrêté par l’armée israélienne à 17 ans, il a été libéré l’été dernier après deux années en prison.
Sans emploi, privé d’éducation, il erre dans ce camp insalubre dont il n’a pas le droit de sortir. Jénine est devenu sa nouvelle cellule. Il a choisi de prendre les armes.
Sur son portable, il nous montre des images de lui tirant en l’air avec un fusil M4. Sur son écran cassé, les vidéos de propagande des groupes armés palestiniens défilent. «Tout le monde les regarde, ici », se réjouit le combattant. Sur les murs de « Falloujah », les portraits des « martyrs » sont partout. Tous sont morts lors d’affrontements avec des soldats israéliens. Tous sont jeunes, très jeunes parfois. Tous sont devenus des héros pour le quartier.
Au détour d’une rue apparaissent les décombres de plusieurs maisons. Fin novembre, elles ont été en partie détruites au cours d’un raid israélien qui a duré plus de seize heures. Aujourd’hui, il ne reste quasiment plus rien. Seulement deux canapés, recouvert de poussière, dont on devine encore leurs couleurs. Vert pour l’un, marron pour l’autre.
« C’est là que Mohamed Zubeidi a été tué », lâche notre jeune guide. Sur un mur qui tient à peine debout, une grande photo de celui qui est désormais « martyr » a été accrochée. À ses côtés, Hussam Hanoun, un membre du Hamas, lui aussi tué ce jour-là. Mohamed Zubeidi avait 27 ans, il était combattant pour le Djihad islamique palestinien.
Dans la maison familiale des Zubeidi défilent chaque jour des proches, des voisins venus présenter leurs condoléances. Un portrait du défunt est posé sur une table.
« Voilà Mohamed. Il a été tué le 29 novembre. Ce logo sur le côté, c’est celui de la compagnie d’électricité pour laquelle il travaillait », explique fièrement Jamal, le père. Assis sur un tabouret en plastique, le vieil homme enchaîne les cigarettes et les cafés.
Dans la pièce où il reçoit ont été accrochés une dizaine d’autres portraits d’hommes de la famille tués par l’armée israélienne. Une seule femme. « Elle a été abattue alors qu’elle traversait un checkpoint, lors de la première Intifada », raconte-t-il.
Neuf « martyrs » d’une même famille en trois décennies. « Pour la Palestine, rien n’est jamais trop, répète Jamal. C’est pour notre liberté. On fera tout pour arriver à libérer notre terre. Nous, on voudrait vivre comme tous les peuples du monde. Mais nous sommes obligés de prendre les armes. On ne nous a pas laissé le choix. » Plus de deux semaines après la mort de Mohamed, l’armée israélienne n’a toujours pas rendu le corps à son père, Jamal.
Un jeune garçon entre dans la pièce. Sur un téléphone, il joue à un jeu de course de voiture. Il a 12 ans. «Lui aussi il va devenir combattant et mourir en martyr,affirme son grand-père, Jamal. Nous lui avons donné le prénom de l’un de ses oncles, tué au combat. » Un autre enfant de 5 ans s’approche. Il porte un survêtement Nike bleu et pour lui aussi son aïeul promet un avenir fait de violences et d’armes.
Scène de liesse
Fin novembre, en Cisjordanie occupée, dans le cadre de l’accord conclu entre Israël et le Hamas, 240 détenus palestiniens ont pu sortir de prison, en majorité des femmes et des hommes âgés de moins de 19 ans, en échange d’otages kidnappés le 7 octobre. Des libérations accompagnées d’immenses scènes de liesse à Ramallah, Naplouse, Beitunia …
Dans la foule, des cris, des pleurs et partout des drapeaux des mouvements palestiniens. Verts pour le Hamas, noirs pour le Djihad islamique. Le 25 novembre 2023, sur les épaules d’un ami, Wael Bilal Mashy agite la bannière du Hamas. Ce jour-là, à Al-Bireh, près de Ramallah, des centaines de personnes sont venues pour acclamer cet ancien détenu, devenu lui aussi un héros. Le jeune homme crie « On dit oui à la résistance : que Dieu la protège ! C’est ainsi que nous voulons que les hommes soient ! Longue vie à la résistance, longue vie à ceux qui l’ont soutenue ! Longue vie aux brigades Ezzedine Al-Qassam. » Ce sont ces brigades, aile militaire du Hamas, qui étaient à la tête de l’attaque du 7 octobre sur Israël.
Selon une enquête d’opinion publiée le 13 décembre, le soutien au Hamas en Cisjordanie occupée a considérablement augmenté. 72 % des Palestiniens interrogés par le Palestinian Center for Policy and Survey Research, principal institut de sondage palestinien, estiment que la décision du mouvement islamiste de lancer une attaque terrestre sur le sud d’Israël était appropriée.
85 % des personnes interrogées soutiennent l’action du Hamas depuis le début de la guerre contre Israël. Elles sont 10 % seulement à apporter le même soutien à l’Autorité palestinienne, et seulement 7 % à être encore derrière Mahmoud Abbas, au pouvoir depuis dix-huit ans.
Agé de 87 ans, l’actuel président de la Cisjordanie occupée semble donc avoir perdu le peu de légitimité qu’il lui restait. Le 19 octobre dernier, des centaines de Palestiniens sont descendus dans les rues de Ramallah en soutien à la bande de Gaza, mais aussi pour réclamer son départ.
Ce jour-là, quelques jeunes arborent déjà des bandeaux aux couleurs du Hamas. Parmi eux, Yazan, 19 ans. Pendant plusieurs heures, il va défier les soldats israéliens posté au checkpoint de Qalandia. « Nous n’avons peur de personne. Nous avons Dieu et le Hamas. Je les remercie de nous soutenir »,se vante le jeune palestinien avant de faire tourner agilement au dessus de sa tête son lance-pierre.
« L’ampleur des crimes israéliens et les discours de leurs responsables amènent ces jeunes à percevoir la lutte armée comme la seule voie possible », explique Johann Soufi, avocat spécialisé en droit international. « Le sentiment d’abandon de la “communauté internationale”, qui n’a pas la volonté ou la capacité d’imposer un cessez-le-feu, les conforte. C’est terrifiant, car nous allons assister dans les prochaines années à l’émergence d’une nouvelle génération, probablement bien plus violente et radicalisée que la précédente. Le Hamas ne sera pas vaincu par les armes, prévient le juriste. Pour chaque combattant tué à Gaza, deux ou trois rejoindront leurs rangs en Cisjordanie, à Gaza et dans les camps de réfugiés des pays limitrophes. C’est un cercle vicieux. »
Une violence sans fin
Depuis le 7 octobre, 310 Palestiniens ont été tués en Cisjordanie occupée, selon le ministère de la santé palestinien. Plus que jamais, Ramallah, Naplouse, Jénine, Hébron vivent sous la pression de l’armée israélienne qui multiplie les arrestations. Près de 4 000, selon l’Autorité palestinienne et plusieurs ONG qui dénoncent également « des perquisitions et harcèlements massifs, des passages à tabac [...] en plus des sabotages et des destructions généralisés des maisons et de la confiscation de véhicules ». Pression également des colons les plus radicaux qui attaquent les fermiers dans leurs champs d’oliviers, les bédouins aux portes du désert.
Dans le salon de sa maison près de Bethléem, Ahmed − son prénom a été changé − offre le thé à ses invités. « J’ai mis de la sauge. Elle vient de mon jardin. Buvez, c’est délicieux. » L’homme aime parler de la Palestine. Cette terre à laquelle il est si attaché. Sa petite-fille ne le lâche pas, elle a recouvert ses cheveux d’un keffieh noir et blanc, symbole de la résistance palestinienne.
Dans la cuisine, le son de la télévision est poussé à fond. Abou Obeida fait ce jour-là un discours. Le porte-parole militaire du Hamas. « Il n’a pas parlé depuis longtemps, souligne Ahmed. Cette résistance par les armes est le résultat de ce qu’ils ont créé. Si je viens, que je prends votre maison, que je frappe votre femme, vous allez réagir comment ? On a le droit de vivre comme vous. Je vous assure, on a perdu espoir. Il n’y a jamais de justice pour nous. Regardez ce qui se passe à Gaza ! Même votre président Macron cède à la pression d’Israël et des États-Unis. »
Issa, le fils d’Ahmed, entre dans la pièce. Un petit garçon qui marche à peine s’accroche à l’un de ses doigts pour ne pas tomber. « J’espère que mon petit-fils connaîtra un meilleur avenir, sans occupation », soupire le grand-père. Certaines voix palestiniennes s’élèvent encore aujourd’hui pour prôner la paix. Elles sont rares et peu audibles mais elles existent. Ibrahim Enbawi, 55 ans, fait partie de ces pacifistes. Il y a plusieurs années, son frère et son oncle ont été tués par l’armée israélienne. Aujourd’hui, il vit dans le camp de réfugiés de Chouafat, près de Jérusalem.
C’est là qu’il nous donne rendez-vous. Passer les checkpoints pour aller jusqu’à Jérusalem-Est, partie occupée, lui prendrait trop de temps. « En 1985, je suis sorti de prison un an après mon arrestation par les autorités israéliennes. J’ai réalisé à ce moment-là que la violence n’était pas une solution pour régler tout cela. Le plus important pour moi, ce n’est pas de convaincre les gens, c’est surtout de les pousser à réfléchir. Je leur pose des éléments sur la table, ensuite c’est à eux de choisir. »
Avant l’attaque du 7 octobre, le Palestinien enchaînait les conférences avec des Israéliens, pacifistes comme lui, tous membres d’une même association qui milite pour le dialogue. Les prochains rendez-vous dans les universités et les écoles ont été annulés après l’attaque du Hamas.
« On a encore un long chemin à parcourir. On partage l’eau, l’oxygène, la lumière, le vent et la terre. Ce n’est pas facile mais sans la paix, il va y avoir d’autres guerres et d’autres morts. Le problème, c’est que la culture de la paix n’intéresse personne ici. Regardez, il faut qu’il y ait beaucoup de sang comme le 7 octobre pour que les médias du monde entier s'intéressent un peu à ce que vivent les Palestiniens de Cisjordanie. » Au fur et à mesure de notre entretien, Ibrahim Enbawi le concède : « Tant que l’occupation israélienne se poursuit, cette spirale de violence ne s’arrêtera jamais. »
C’est cette même occupation qui a interdit à la famille Al-Maghrabi de célébrer la libération de Hamza, leur fils de 17 ans. Les consignes de la police israélienne étaient strictes : pas de scènes de liesse ni de musique dans le secteur de Jérusalem-Est.
À l’abri des regards, derrière les volets clos, proches et voisins se succèdent dans leur maison, sur les hauteurs de Sur Baher. Ils sont venus saluer le jeune homme, libéré dans le cadre de l’accord conclu entre Israël et le Hamas.
Il était emprisonné depuis le mois de février, accusé d’avoir lancé un cocktail Molotov sur un poste de police israélien. Condamné à trente-deux mois de détention, il aurait dû être libéré en 2026.
Rawad, son père, serre la main de chaque invité, l’un après l’autre. Charismatique, physique imposant, son regard tranche avec son sourire franc. « J’essaye, en tant que père de famille, de le protéger un maximum, confie le Palestinien. Je l’empêche de sortir pour éviter qu’il se retrouve face à des policiers israéliens, ou contrôlé par l’armée à un checkpoint, parce que s’ils regardent sa carte d'identité, ils sauront qu’il a été libéré en échange d’otages et ils vont peut-être l’humilier ou même l’arrêter à nouveau. »
Depuis sa libération, Hamza reste chez lui. Il n’a pas pu retourner à l’école. L’accès à son lycée lui a été interdit. Une nouvelle prison physique et mentale. « Grâce à Dieu j’ai retrouvé ma famille. Je suis content, bien sûr. Mais j’aimerais pouvoir poursuivre mes études »,raconte l’adolescent au visage fin.
Entre Rita et mes yeux, un fusil Et celui qui connaît Rita se prosterne Et adresse une prière à la divinité qui rayonne dans ses yeux de miel Moi, j’ai embrassé Rita quand elle était petite Je me rappelle comment elle se colla contre moi Et de sa plus belle tresse couvrit mon bras Et moi, je me rappelle Rita Ainsi qu’un moineau se rappelle son étang Ah Rita! Entre nous, mille oiseaux, mille images D’innombrables rendez-vous criblés de balles par un fusil Le nom de Rita prenait dans ma bouche un goût de fête Le corps de Rita dans mon sang était célébration de noces Et deux ans durant, je me suis perdue dans Rita Et deux ans durant, Rita a dormi sur mon bras Nous prêtâmes serment autour du plus beau calice, nous brulâmes dans le vin de (nos) lèvres et nous ressuscitâmes. Ah Rita! Qu’est-ce qui aurait pu éloigner mes yeux des tiens, Hormis le sommeil et les nuages couleur de miel, avant ce fusil ? Il était une fois Ô silence du crépuscule Au matin, ma lune a émigré, loin dans ces yeux couleur de miel Et la ville a balayé tous les aèdes…et Rita. Entre Rita et mes yeux, un fusil.
Une conférence sur les crimes du colonisateur français contre les sites et monuments religieux algériens a été organisée mercredi dernier, au musée du Moudjahid d'Alger, à l'occasion de la commémoration du 191e anniversaire de la transformation de la mosquée «Ketchaoua» en cathédrale et de l'extermination de milliers d'Algériens.
Lors de cette conférence, placée sous le thème «La France et la guerre des monuments, Ketchaoua, un symbole d'identité et de résistance», des chercheurs et des universitaires ont évoqué ce crime colonial en mettant en avant la politique de la France visant à détruire les sites et monuments religieux algériens, à l'instar des mosquées et des Zaouïas qui avaient pour missions, à l'époque, de préserver les préceptes de la religion islamique, la langue arabe et les composantes de l'identité algérienne.
À ce propos, l'archéologue spécialiste de l'époque ottomane, Mohamed Tayeb Akab, a indiqué que la France «a transformé, au début de l'occupation, la mosquée Ketchaoua en écurie, puis en église sous le nom de Cathédrale Saint- Philippe, ce qui a poussé les Algériens à la révolte le 18 décembre 1832 en se rassemblant et en occupant les lieux du site, avant d'être exécutés.
Plus de 4.000 fidèles algériens sont tombés en martyrs, sur ordre du sanguinaire français Rovigo», a-t-il rappelé soulignant qu' «il s'agit d'un crime contre l'humanité qui s'inscrivait dans le cadre du plan colonial d'évangélisation en Algérie».
Le conférencier a indiqué dans son intervention intitulée «la mosquée de Ketchaoua dans la mémoire de l'histoire» que cette mosquée compte «parmi les monuments religieux les plus célèbres de la ville d'Alger et témoigne de l'attachement des Algériens à leur identité et de leurs sacrifices, sachant qu'elle a été bâtie durant l'ère ottomane en 1612 et reconstruite en 1794 par Hassan Pacha...», Mettant en avant «le cachet architectural de la mosquée qui a été complètement démolie par la France plus tard». De son côté, l'universitaire Youcef Benhlima a affirmé dans son intervention sous le thème «Résistance de la mosquée de Ketchaoua face au colonialisme», que le carnage de la place des Martyrs le 18 décembre 1832 est «un autre épisode sanglant des crimes coloniaux commis par la France en Algérie, pour affaiblir les Algériens et effacer leur identité, mais c'était sans compter, a-t-il dit,sur leur forte résilience et leur profond attachement à l'Islam et aux constantes nationales, confirmés par les révoltes populaires menées par de grands symboles tels que l'émir Abdelkader, Ahmed Bey et Lalla Fatma N'Soumer.
De son côté, l'universitaire, Houcine Meghdouri, de l'université de Djelfa, a indiqué que la commémoration de ce douloureux anniversaire était une «occasion d'évoquer les sacrifices de nos prédécesseurs depuis le début de l'occupation et de renforcer l'appartenance à l'identité nationale chez la nouvelle génération», précisant que «la France a mené une politique de destruction des monuments religieux et historiques à cachet architectural islamique et encouragé en revanche la promotion de la recherche archéologique dans le domaine des ruines romaines en Algérie».
Le moudjahid, Abdellah Athamnia a évoqué pour sa part, la réhabilitation de la mosquée après l'indépendance et lu des extraits du premier prêche du vendredi prononcé par le cheikh Mohamed El Bachir El Ibrahimi le 2 novembre 1962. Il s'agissait de la première prière de vendredi accomplie dans cette mosquée historique après 124 ans de sa transformation en cathédrale.
Une conférence sur les crimes du colonisateur français contre les sites et monuments religieux algériens a été organisée mercredi dernier, au musée du Moudjahid d'Alger, à l'occasion de la commémoration du 191e anniversaire de la transformation de la mosquée «Ketchaoua» en cathédrale et de l'extermination de milliers d'Algériens. Lors de cette conférence, placée sous le thème «La France et la guerre des monuments, Ketchaoua, un symbole d'identité et de résistance», des chercheurs et des universitaires ont évoqué ce crime colonial en mettant en avant la politique de la France visant à détruire les sites et monuments religieux algériens, à l'instar des mosquées et des Zaouïas qui avaient pour missions, à l'époque, de préserver les préceptes de la religion islamique, la langue arabe et les composantes de l'identité algérienne. À ce propos, l'archéologue spécialiste de l'époque ottomane, Mohamed Tayeb Akab, a indiqué que la France «a transformé, au début de l'occupation, la mosquée Ketchaoua en écurie, puis en église sous le nom de Cathédrale Saint- Philippe, ce qui a poussé les Algériens à la révolte le 18 décembre 1832 en se rassemblant et en occupant les lieux du site, avant d'être exécutés.
Plus de 4.000 fidèles algériens sont tombés en martyrs, sur ordre du sanguinaire français Rovigo», a-t-il rappelé soulignant qu' «il s'agit d'un crime contre l'humanité qui s'inscrivait dans le cadre du plan colonial d'évangélisation en Algérie».
Le conférencier a indiqué dans son intervention intitulée «la mosquée de Ketchaoua dans la mémoire de l'histoire» que cette mosquée compte «parmi les monuments religieux les plus célèbres de la ville d'Alger et témoigne de l'attachement des Algériens à leur identité et de leurs sacrifices, sachant qu'elle a été bâtie durant l'ère ottomane en 1612 et reconstruite en 1794 par Hassan Pacha...», Mettant en avant «le cachet architectural de la mosquée qui a été complètement démolie par la France plus tard». De son côté, l'universitaire Youcef Benhlima a affirmé dans son intervention sous le thème «Résistance de la mosquée de Ketchaoua face au colonialisme», que le carnage de la place des Martyrs le 18 décembre 1832 est «un autre épisode sanglant des crimes coloniaux commis par la France en Algérie, pour affaiblir les Algériens et effacer leur identité, mais c'était sans compter, a-t-il dit,sur leur forte résilience et leur profond attachement à l'Islam et aux constantes nationales, confirmés par les révoltes populaires menées par de grands symboles tels que l'émir Abdelkader, Ahmed Bey et Lalla Fatma N'Soumer. De son côté, l'universitaire, Houcine Meghdouri, de l'université de Djelfa, a indiqué que la commémoration de ce douloureux anniversaire était une «occasion d'évoquer les sacrifices de nos prédécesseurs depuis le début de l'occupation et de renforcer l'appartenance à l'identité nationale chez la nouvelle génération», précisant que «la France a mené une politique de destruction des monuments religieux et historiques à cachet architectural islamique et encouragé en revanche la promotion de la recherche archéologique dans le domaine des ruines romaines en Algérie».
Le moudjahid, Abdellah Athamnia a évoqué pour sa part, la réhabilitation de la mosquée après l'indépendance et lu des extraits du premier prêche du vendredi prononcé par le cheikh Mohamed El Bachir El Ibrahimi le 2 novembre 1962. Il s'agissait de la première prière de vendredi accomplie dans cette mosquée historique après 124 ans de sa transformation en cathédrale.
Les États coloniaux ont une durée de vie limitée. Israël ne fait pas exception. Israël apparaîtra triomphant après avoir terminé sa campagne génocidaire à Gaza et en Cisjordanie. Soutenu par les États-Unis, il atteindra son objectif dément. Ses déchaînements meurtriers et sa violence génocidaire extermineront les Palestiniens ou les nettoieront sur le plan ethnique. Son rêve d’un État exclusivement juif, où tous les Palestiniens qui resteront seront privés de leurs droits fondamentaux, se réalisera. Il se délectera de sa victoire sanglante. Il célébrera ses criminels de guerre. Son génocide sera effacé de la conscience publique et jeté dans l’immense trou noir de l’amnésie historique d’Israël. Ceux qui ont une conscience en Israël seront réduits au silence et persécutés.
Mais le temps qu’Israël parvienne à décimer Gaza – Israël parle de plusieurs mois de guerre – il aura signé sa propre condamnation à mort. Sa façade de civilité, son prétendu respect de l’État de droit et de la démocratie, son histoire mythique du courage de l’armée israélienne et de la naissance miraculeuse de la nation juive seront réduits en cendres. Le capital social d’Israël sera épuisé. Il sera révélé comme un régime d’apartheid laid, répressif et rempli de haine, ce qui aliénera les jeunes générations de juifs américains. Son protecteur, les États-Unis, au fur et à mesure que de nouvelles générations arriveront au pouvoir, se distanceront d’Israël comme ils se distancient actuellement de l’Ukraine. Son soutien populaire, déjà érodé aux États-Unis, viendra des fascistes christianisés américains qui voient dans la domination d’Israël sur d’anciennes terres bibliques un signe avant-coureur du second avènement et qui voient dans l’assujettissement des Arabes une forme de racisme et de suprématie de la race blanche.
Le sang et la souffrance des Palestiniens – dix fois plus d’enfants ont été tués à Gaza qu’en deux ans de guerre en Ukraine – ouvriront la voie à l’oubli d’Israël. Les dizaines, voire les centaines de milliers de fantômes auront leur revanche. Israël deviendra synonyme de ses victimes comme les Turcs le sont des Arméniens, les Allemands des Namibiens et plus tard des Juifs, et les Serbes des Bosniaques. La vie culturelle, artistique, journalistique et intellectuelle d’Israël sera exterminée. Israël sera une nation stagnante où les fanatiques religieux, les bigots et les extrémistes juifs qui ont pris le pouvoir domineront le discours public. Il trouvera ses alliés parmi d’autres régimes despotiques. La répugnante suprématie raciale et religieuse d’Israël sera son attribut déterminant, ce qui explique pourquoi les suprématistes blancs les plus rétrogrades des États-Unis et d’Europe, y compris des philosémites tels que John Hagee, Paul Gosar et Marjorie Taylor Greene, soutiennent Israël avec ferveur. La prétendue lutte contre l’antisémitisme est une célébration à peine déguisée du pouvoir blanc.
Les despotismes peuvent exister longtemps après leur date de péremption. Mais ils sont en phase terminale. Il n’est pas nécessaire d’être un érudit biblique pour voir que la soif de sang d’Israël est contraire aux valeurs fondamentales du judaïsme. L’instrumentalisation cynique de l’Holocauste, notamment en faisant passer les Palestiniens pour des nazis, n’a que peu d’efficacité lorsqu’il s’agit de perpétrer un génocide en direct contre 2,3 millions de personnes enfermées dans un camp de concentration.
Les nations ont besoin de plus que de la force pour survivre. Elles ont besoin d’une mystique. Cette mystique donne un but, une civilité et même une noblesse qui incitent les citoyens à se sacrifier pour la nation. La mystique offre un espoir pour l’avenir. Elle donne un sens. Elle est source d’identité nationale.
Lorsque les mystiques implosent, lorsqu’elles sont révélées comme des mensonges, un fondement central du pouvoir de l’État s’effondre. J’ai rapporté la mort des mystiques communistes en 1989 lors des révolutions en Allemagne de l’Est, en Tchécoslovaquie et en Roumanie. La police et l’armée ont décidé qu’il n’y avait plus rien à défendre. La décadence d’Israël engendrera la même lassitude et la même apathie. Il ne sera pas en mesure de recruter des collaborateurs indigènes, tels que Mahmoud Abbas et l’Autorité palestinienne – honnie par la plupart des Palestiniens – pour faire le travail des colonisateurs. L’historien Ronald Robinson cite l’incapacité de l’Empire britannique à recruter des alliés indigènes comme le moment où la collaboration s’est transformée en non-coopération, un moment déterminant pour le début de la décolonisation. Une fois que la non-coopération des élites autochtones se transforme en opposition active, explique Robinson, le “retrait rapide” de l’Empire est assuré.
Il ne reste plus à Israël que l’escalade de la violence, y compris la torture, qui accélère le déclin. Cette violence généralisée fonctionne à court terme, comme ce fut le cas lors de la guerre menée par les Français en Algérie, de la “ sale guerre ” menée par la dictature militaire argentine et du conflit britannique en Irlande du Nord. Mais à long terme, elle est suicidaire.
“ On pourrait dire que la bataille d’Alger a été gagnée grâce à l’utilisation de la torture ”, a observé l’historien britannique Alistair Horne, “ mais que la guerre, la guerre d’Algérie, a été perdue ”.
Le génocide de Gaza a fait des combattants du Hamas des héros dans le monde musulman et dans le Sud. Israël peut anéantir les dirigeants du Hamas. Mais les assassinats passés – et actuels – d’un grand nombre de dirigeants palestiniens n’ont guère contribué à émousser la résistance. Le siège et le génocide à Gaza ont produit une nouvelle génération de jeunes hommes et femmes profondément traumatisés et enragés, dont les familles ont été tuées et les communautés anéanties. Ils sont prêts à prendre la place des dirigeants martyrs. Israël a fait grimper les actions de son adversaire dans la stratosphère.
Israël était en guerre contre lui-même avant le 7 octobre. Les Israéliens manifestaient pour empêcher le Premier ministre Benjamin Netanyahou d’abolir l’indépendance de la justice. Ses bigots et fanatiques religieux, actuellement au pouvoir, avaient monté une attaque déterminée contre la laïcité israélienne. L’unité d’Israël depuis les attentats est précaire. C’est une unité négative. Elle est maintenue par la haine. Et même cette haine ne suffit pas à empêcher les manifestants de dénoncer l’abandon par le gouvernement des otages israéliens à Gaza.
La haine est une denrée politique dangereuse. Une fois qu’ils en ont fini avec un ennemi, ceux qui attisent la haine en cherchent un autre. Les “animaux humains” palestiniens, une fois éradiqués ou soumis, seront remplacés par des apostats et des traîtres juifs. Le groupe diabolisé ne peut jamais être racheté ou guéri. Une politique de haine crée une instabilité permanente qui est exploitée par ceux qui cherchent à détruire la société civile.
Le 7 octobre, Israël s’est engagé dans cette voie en promulguant une série de lois discriminatoires à l’encontre des non-Juifs qui ressemblent aux lois racistes de Nuremberg qui privaient les Juifs de leurs droits dans l’Allemagne nazie. La loi sur l’acceptation des communautés permet aux colonies exclusivement juives d’exclure les candidats à la résidence sur la base de “l’adéquation avec la vision fondamentale de la communauté”.
Un grand nombre des jeunes Israéliens les mieux éduqués ont quitté le pays pour des pays comme le Canada, l’Australie et le Royaume-Uni, et jusqu’à un million d’entre eux sont partis aux États-Unis. Même l’Allemagne a vu affluer quelque 20 000 Israéliens au cours des deux premières décennies de ce siècle. Environ 470 000 Israéliens ont quitté le pays depuis le 7 octobre. En Israël, les défenseurs des droits de l’homme, les intellectuels et les journalistes – israéliens et palestiniens – sont traités de traîtres dans le cadre de campagnes de diffamation parrainées par le gouvernement, placés sous la surveillance de l’État et soumis à des arrestations arbitraires. Le système éducatif israélien est une machine d’endoctrinement pour l’armée.
L’universitaire israélien Yeshayahu Leibowitz a prévenu que si Israël ne séparait pas l’Église et l’État et ne mettait pas fin à son occupation des Palestiniens, il donnerait naissance à un rabbinat corrompu qui transformerait le judaïsme en un culte fasciste. “Israël ne mériterait pas d’exister et il ne vaudrait pas la peine de le préserver.
La mystique mondiale des États-Unis, après deux décennies de guerres désastreuses au Moyen-Orient et l’assaut du Capitole le 6 janvier, est aussi contaminée que son allié israélien. L’administration Biden, dans sa ferveur à soutenir inconditionnellement Israël et à apaiser le puissant lobby israélien, a contourné le processus d’examen par le Congrès avec le Département d’État pour approuver le transfert de 14 000 cartouches de munitions de chars à Israël. Le secrétaire d’État Antony Blinken a fait valoir qu’”il existe une situation d’urgence qui exige la vente immédiate”. Dans le même temps, il a cyniquement appelé Israël à minimiser les pertes civiles.
Israël n’a aucunement l’intention de minimiser les pertes civiles. Il a déjà tué 18 800 Palestiniens, soit 0,82 % de la population de Gaza – l’équivalent d’environ 2,7 millions d’Étasuniens. 51 000 autres ont été blessés. La moitié de la population de Gaza est affamée, selon les Nations unies. Toutes les institutions et tous les services palestiniens nécessaires à la vie – hôpitaux (seuls 11 des 36 hôpitaux de Gaza fonctionnent encore “partiellement”), stations d’épuration, réseaux électriques, systèmes d’égouts, logements, écoles, bâtiments gouvernementaux, centres culturels, systèmes de télécommunications, mosquées, églises, points de distribution de nourriture des Nations Unies ont été détruits. Israël a assassiné au moins 80 journalistes palestiniens ainsi que des dizaines de membres de leurs familles et plus de 130 travailleurs humanitaires de l’ONU ainsi que des membres de leur famille. Les victimes civiles sont au cœur du problème. Il ne s’agit pas d’une guerre contre le Hamas. C’est une guerre contre les Palestiniens. L’objectif est de tuer ou d’expulser 2,3 millions de Palestiniens de Gaza.
La mort par balle de trois otages israéliens qui avaient apparemment échappé à leurs ravisseurs et se sont approchés des forces israéliennes, torse nu, en brandissant un drapeau blanc et en appelant à l’aide en hébreu, n’est pas seulement tragique, elle donne un aperçu des règles d’engagement d’Israël dans la bande de Gaza. Ces règles sont les suivantes : tuer tout ce qui bouge.
Comme l’a écrit le général de division israélien à la retraite Giora Eiland, qui a dirigé le Conseil national de sécurité israélien, dans Yedioth Ahronoth, “[L]’État d’Israël n’a pas d’autre choix que de transformer Gaza en un endroit où il est temporairement ou définitivement impossible de vivre… Créer une grave crise humanitaire à Gaza est un moyen nécessaire pour atteindre l’objectif”. “Gaza deviendra un endroit où aucun être humain ne peut exister”, a-t-il écrit. Le général de division Ghassan Alian a déclaré qu’à Gaza, “il n’y aura ni électricité ni eau, il n’y aura que de la destruction. Vous vouliez l’enfer, vous l’aurez”.
Les États coloniaux qui perdurent, dont les États-Unis, exterminent par les maladies et la violence la quasi-totalité de leurs populations indigènes. Les fléaux de l’Ancien Monde apportés par les colonisateurs aux Amériques, comme la variole, ont tué environ 56 millions d’indigènes en une centaine d’années en Amérique du Sud, en Amérique centrale et en Amérique du Nord. En 1600, il ne restait plus qu’un dixième de la population d’origine. Israël ne peut pas tuer à cette échelle, avec près de 5,5 millions de Palestiniens vivant sous occupation et 9 millions d’autres dans la diaspora.
La présidence Biden, qui, ironiquement, a peut-être signé son propre acte de décès politique, est liée au génocide israélien. Elle tentera de prendre ses distances sur le plan rhétorique, mais en même temps, elle acheminera les milliards de dollars d’armes demandés par Israël – y compris 14,3 milliards de dollars d’aide militaire supplémentaire pour compléter les 3,8 milliards de dollars d’aide annuelle – pour “ finir le travail ”. Elle est un partenaire à part entière du projet de génocide israélien.
Israël est un État paria. Cela s’est manifesté publiquement le 12 décembre lorsque 153 États membres de l’Assemblée générale des Nations unies ont voté en faveur d’un cessez-le-feu, seuls 10 États – dont les États-Unis et Israël – s’y étant opposés et 23 s’étant abstenus. La campagne de terre brûlée menée par Israël à Gaza signifie qu’il n’y aura pas de paix. Il n’y aura pas de solution à deux États. L’apartheid et le génocide définiront Israël. Cela présage un long, très long conflit, que l’État juif ne pourra pas gagner en fin de compte.
Des familles tunisiennes de disparus en exil mais aussi d’autres venues d’Algérie, du Maroc et du Sénégal se sont retrouvées à Zarzis, dans le sud-est de la Tunisie, début septembre 2022. Soutenues par des militants européens et africains, elles cherchent à obtenir la vérité sur le sort de leurs proches, migrants disparus en mer.
Devant la Maison des jeunes de Zarzis, en ce début de matinée du 6 septembre 2022, un cortège de plusieurs dizaines de manifestants se met en place. Sous un soleil de plomb, les premières banderoles sont déployées. Puis fuse un slogan : « Où sont nos enfants ? » Les manifestants sont en majorité des femmes, sœurs ou mères de disparus sur les routes de l’exil. La plupart portent une photo de leur proche dont elles n’ont plus de nouvelles depuis leur départ pour l’Europe, il y a parfois deux, cinq ou dix ans pour certaines. Elles viennent de Tunis, de Bizerte ou de Sfax, mais aussi d’Algérie, du Maroc ou encore du Sénégal. Épaulées par des militants actifs en Europe et sur le continent africain, ces femmes se sont réunies à Zarzis pendant plusieurs jours début septembre afin de commémorer leurs proches disparus et de demander des comptes aux États du nord et du sud de la Méditerranée.
Au premier rang du cortège, Samia Jabloun, chapeau de paille et pantalon à fleurs, porte un tee-shirt floqué du visage de son fils, Fedi, disparu en février 2021. Peu avant le départ du cortège, elle raconte qu’il est parti de Kelibia à bord d’un bateau de pêcheurs. L’embarcation et une partie de l’équipage sont rentrés au port plusieurs heures plus tard, mais Fedi n’est jamais revenu. « Un des pêcheurs m’a dit que, alors que le bateau s’approchait de l’île italienne de Pantelleria, Fedi et un autre homme auraient sauté à l’eau et nagé en direction du rivage », explique Samia.
Mais depuis ce jour, la professeure d’histoire-géographie n’a pas de nouvelles de son fils. « Je ne sais pas s’il est vivant, je ne sais pas s’il est mort », ajoute-t-elle dans un souffle. Elle raconte ensuite le parcours du combattant pour tenter d’obtenir des informations auprès des autorités tunisiennes, le temps passé à essayer de trouver des traces de vie de son fils, en frappant aux portes des ministères ou via les réseaux sociaux. En vain.
LE SILENCE DES AUTORITÉS
Au milieu du cortège, Rachida Ezzahdali, hijab rose tombant sur une robe mouchetée, tient fermement d’une main une banderole et de l’autre la photo de son père, dont elle n’a pas de nouvelles depuis deux ans. « Le 14 février 2020, mon père a pris un avion pour l’Algérie », se remémore la jeune étudiante de 22 ans, originaire d’Oujda, au Maroc. « On a échangé avec lui quelques jours plus tard, il était alors à Oran », ajoute-t-elle. Puis, plus rien, plus de nouvelles. « C’est une tragédie pour ma famille, dit Rachida, d’une voix calme. Je ne connaissais rien à la question des « harragas » »1, admet la jeune femme, « mais depuis que je me suis rapproché de l’association Aide aux migrants en situation vulnérable, je comprends que ça concerne des milliers de personnes au Maroc, en Algérie ou en Tunisie ». « C’est un vrai fléau », lâche-t-elle. Comme Samia en Tunisie, Rachida s’est heurtée au silence des autorités marocaines quand elle s’est mise à chercher des informations sur son père. « Malgré les protestations, malgré les manifestations, il n’y a aucune réponse de nos gouvernements », se lamente-t-elle.
Peu après le départ de la marche, les manifestants font une halte devant la mairie de Zarzis. Saliou Diouf, de l’organisation Alarm phone, un réseau qui vient en aide aux personnes migrantes en détresse en mer ou dans le désert, prend la parole : « Nous nous sommes réunis afin de tenir notre promesse : ne pas oublier toutes les personnes qui ont disparu aux frontières ». Latifa Ben Torkia, dont le frère Ramzi a disparu en 2011 et membre de l’Association des mères de migrants disparus, prend le relais et se lance dans un discours. Elle dénonce l’attitude des États tunisien et italien, ainsi que l’Union européenne (UE), qu’elle qualifie de « mafias », et déplore le traitement que la Tunisie réserve à ses propres enfants. Diori Traoré, de l’Association pour la défense des émigrés maliens, venue de Bamako pour cette rencontre, lance un appel aux autorités des rives nord et sud de la Méditerranée : « Arrêtez de tuer la jeunesse africaine ! Ouvrez les frontières ! »
VICTIMES DES POLITIQUES MIGRATOIRES EUROPÉENNES
Selon le Forum pour les droits économiques et sociaux (FTDES)2, au moins 507 personnes sont mortes ou portées disparues depuis début 2022 après avoir tenté de rallier l’Europe à partir des côtes tunisiennes. L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a recensé quant à elle plus de 17 000 personnes décédées ou disparues en Méditerranée centrale depuis 2014, faisant de cette zone la route migratoire la plus meurtrière au monde. Comment expliquer ce constat dramatique ? Dans un rapport publié en juin 20203, le réseau Migreurop, qui rassemble des chercheurs et des activistes d’Europe et d’Afrique, considère que « la Tunisie est devenue ces dernières années une cible privilégiée pour les politiques d’externalisation des frontières de l’Union européenne en Méditerranée ».
Déploiement de l’agence Frontex, « garde-côtes nationaux de mieux en mieux équipés et entraînés » et « système d’expulsion sans cadre juridique », l’organisation considère que « tous les ingrédients seront bientôt réunis pour faire de la Tunisie la parfaite garde-frontière de l’Union européenne ». Et le rapport de Migreurop conclut que « ces corps qui s’amoncellent » sur les plages ou dans les cimetières de Tunisie, « ce sont les victimes des politiques migratoires de l’Union européenne ».
Une fois les prises de parole terminées, le cortège reprend son chemin et s’approche du littoral. La date du 6 septembre a été choisie en mémoire du naufrage survenu le 6 septembre 2012 au large de Lampedusa. Ce jour-là, une embarcation partie de Sfax avec plus de 130 personnes à son bord a chaviré à proximité de l’îlot italien de Lampione. Seules 56 personnes ont pu être secourues. Mohamed Ben Smida, dont le fils était à bord, s’en souvient « comme si c’était hier ». Après le naufrage, « les autorités tunisiennes nous ont dit : "Vos enfants sont disparus" », raconte-t-il. Il hoche la tête : « "Disparus", mais qu’est-ce que ça veut dire ? Je ne sais pas. Pour moi, c’est soit "mort", soit "vivant". Soit "noir", soit "blanc". C’est tout ». Mohamed évoque les nombreuses manifestations devant les ministères, les demandes répétées auprès des institutions pour faire la lumière sur la disparition de son enfant. Sans que rien ne se passe. « Les gouvernements se succèdent depuis la révolution, à chaque fois, ils disent qu’ils vont s’occuper de cette question des disparus, mais au final, ils ne font rien », constate-t-il, amer. Il parle aussi des faux indicateurs ou pseudo-journalistes qui l’ont abordé en lui promettant des informations sur son fils. « Puis la personne revient quelques jours plus tard pour te dire : "Ton fils est mort", alors qu’il n’en sait rien. Et là, tu pleures de nouveau ».
LA SOLIDARITÉ DES PÊCHEURS
Les manifestants s’arrêtent sur une plage. Ils déploient une banderole avec la liste des 48 647 personnes mortes aux frontières de l’Europe recensées par l’organisation néerlandaise United for Intercultural Action. La liste s’étale sur plus de 20 mètres sur cette plage de Zarzis, dont le littoral est le point de départ de nombreuses tentatives de passage vers l’Europe. Samia Jabloun se recueille un instant face à la mer puis lit un poème en l’honneur de son fils Fedi. Plusieurs membres de l’Association des pêcheurs de Zarzis sont présents. « En mer, c’est très fréquent qu’on croise des Zodiac avec des Africains, des Algériens, des Tunisiens, des mineurs, des femmes et des enfants, partis des côtes libyennes ou tunisiennes », témoigne Lassad Ghorab, pêcheur depuis 22 ans. « Dans ce cas-là, on ne se pose pas de questions, on arrête le boulot et on leur porte secours si nécessaire », tranche-t-il. Lassad s’emporte contre les passeurs libyens : « Ils font monter dans des Zodiac jusqu’à 150 personnes, ils ne laissent pas le choix aux migrants et les menacent avec des armes : "Soit tu montes, soit t’es mort ! " »
Un autre pêcheur, Chamseddine Bourrassine raconte comment, en mer, les trafiquants libyens auraient menacé des pêcheurs de Zarzis : « Plusieurs fois, des miliciens nous ont pris pour cible et ils ont tiré dans notre direction ».« On a même eu des cas de pêcheurs pris en otage ! » s’indigne celui qui, en 2018, avait été placé en détention en Italie, accusé d’être un passeur après avoir porté secours et remorqué une embarcation en détresse. Criminalisés par les autorités italiennes d’un côté, pris pour cible par les trafiquants libyens de l’autre, les pêcheurs de Zarzis n’ont pourtant pas l’intention de renoncer à agir et porter secours : « On est face à des êtres humains, on est obligé de faire quelque chose », affirme avec conviction Lassad Ghorab.
Après cet arrêt sur la plage, le cortège repart en direction du port de Zarzis, dernière étape de cette « Commémor’action », à la fois marche en hommage aux morts et disparus aux frontières et moment de dénonciation des politiques migratoires. Les pêcheurs de Zarzis ont obtenu l’accord des garde-côtes pour que les manifestants puissent embarquer sur deux de leurs navires pour une sortie en mer. Mais, alors que les marcheurs se pressent pour accrocher leurs banderoles sur les flancs des bateaux, les garde-côtes changent d’avis. Prétextant des raisons de sécurité, ils refusent que les deux bateaux sortent du port en même temps. Les arguments des pêcheurs et des activistes n’y changeront rien. Et les roses, que les proches de disparus espéraient pouvoir disperser en pleine mer, seront finalement jetées dans le port de Zarzis, les bateaux étant restés à quai.
UN REPRÉSENTANT DU HCR CIBLE LES MÈRES DE DISPARUS
En réaction à la publication d’une photo de la marche, Vincent Cochetel, l’envoyé spécial du Haut-commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR) pour la situation en Méditerranée centrale et occidentale, poste le tweet suivant :
Nous pleurons leur perte. Mais ces mêmes mères n’ont eu aucun problème à encourager ou à financer leurs enfants pour qu’ils se lancent dans ces voyages périlleux. Comme au Sénégal, poursuivre symboliquement les parents pour avoir mis en danger leurs enfants pourrait entraîner de sérieux changements d’attitude envers ces voyages mortels.
Très critiquée sur le réseau social, la sortie du représentant du HCR, qui a toutefois tenté de s’excuser dans un second tweet, est également dénoncée par l’Association des mères de migrants disparus, jugeant « honteuse » la déclaration de Vincent Cochetel. Sœurs et mères condamnent à la fois « la politique des pays du Sud, en particulier la Tunisie, qui a détruit nos enfants et ne leur a pas fourni la vie qu’ils méritent » et « la politique de l’Union européenne, qui nous a imposé des visas et a resserré les frontières au visage de nos enfants, alors que ses citoyens se rendent dans nos pays sans problème ou sans files d’attente pour prendre des visas ».
« Comment un responsable d’une institution internationale peut-il s’exprimer ainsi ? » réagit Majdi Karbai, député des Tunisiens d’Italie au dernier parlement élu, qui suit de près la question des politiques migratoires entre l’Italie et la Tunisie. Le parlementaire constate que, chaque année, « des centaines de jeunes Italiens quittent leur pays pour aller trouver d’autres opportunités en Belgique, en Allemagne ou au Luxembourg ; eux peuvent voyager tranquillement ». En revanche, ajoute-t-il, « une partie de la jeunesse des États voisins de l’Europe est condamnée à rester dans son pays ». Majdi Karbai déplore que « les familles de disparus se heurtent, dans leurs recherches, à une absence totale de réponse des autorités tunisiennes ». Selon lui, si les autorités italiennes semblent disposées à s’engager dans un processus de recherche, « il n’existe aucune volonté de l’État tunisien de s’impliquer dans la mise en place d’une commission d’enquête sur les migrants disparus ».
Au port de Zarzis, Samia Jabloun, aidée par quelques marcheurs, plie une banderole. Sur celle-ci figure un portrait de son fils disparu, Fedi, accompagnée d’un message inscrit en anglais : « A family never forgets their warriors » (« Une famille n’oublie jamais ses combattants »). Si les autorités des pays de la rive sud de la Méditerranée ont fait le choix du silence et de l’oubli, la mémoire des disparus continue malgré tout de perdurer via la lutte de leurs familles et soutiens.
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