Maroc: L’armée marocaine a déployé pour la première fois la gendarmerie militaire le long de la frontière algéro-marocaine, en partant de la région de Mahbas au sud et jusqu’à la mer Méditerranée au nord.
Selon le site Arabi Post , citant une source bien informée, l’émergence de la gendarmerie marocaine est la première étape du déploiement d’ unités de l’armée , la gendarmerie étant considérée comme une avant-garde avancée de l’armée royale.
La source a ajouté que Rabat anticipait de plus en plus toute attaque algérienne possible en réponse au bombardement de deux camions au Sahara occidental il y a quelques semaines, d’autant plus que la présidence algérienne a confirmé que ce qui s’est passé ne restera pas impuni.
La gendarmerie militaire marocaine est un appareil de sécurité et de renseignement qui a pour but de surveiller l’armée et également de superviser ses mouvements.
Le site Arabi Post a indiqué que Rabat a déployé ces forces pour la première fois dans l’histoire de ses relations avec l’Algérie, comme elle ne déployait la gendarmerie militaire qu’à la frontière avec le Sahara occidental.
Qu’est-ce que la gendarmerie militaire ?
Les unités de gendarmerie militaire appartiennent à l’Institution royale de la gendarmerie et sont placées sous le commandement du Commandement général de la Gendarmerie royale, l’institution de sécurité et militaire au Maroc.
Le travail de la gendarmerie comprend les zones urbaines et rurales, et se concentre principalement dans la zone non urbaine. En plus de la gendarmerie militaire, elle comprend des unités de surveillance du trafic en dehors des villes, des unités spéciales d’intervention rapide et de lutte contre la criminalité, la drogue et l’immigration clandestine, et d’autres unités pour surveiller les plages, les forêts et les aéroports.
La gendarmerie a été créée en 1973 après les tentatives de coup d’État contre l’ancien roi Hassan II, dans lesquelles des unités de l’armée ont été impliquées, pour assumer, dans un premier temps, la tâche de surveiller toute violation de la loi sur la justice militaire à l’intérieur de la caserne, ou dans les bases militaires dispersées dans le désert.
La gendarmerie entreprend les tâches assignées à la gendarmerie royale en escortant les unités militaires dans leurs déplacements dans le désert ou vers les villes du nord, et en remplissant des rapports quotidiens sur l’armée et en les soumettant au commandement de la gendarmerie, qui à son tour la renvoie au premier bureau des Forces armées royales.
En cas de guerre, la gendarmerie militaire prend le commandement des corps et unités d’armée, compte tenu de l’expérience et de la formation de ses membres au ministère de la Défense nationale.
Le nombre de la gendarmerie militaire dans le désert est estimé à plus de 3 200, avec l’expérience, et ils ont déjà participé à des manœuvres militaires, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur du Maroc.
En juin 1966, un proche de Jacques Foccart, secrétaire général de l’Élysée aux Affaires africaines, est reçu par le souverain chérifien pour un entretien où sera notamment évoqué l’assassinat de l’opposant marocain. Compte-rendu inédit.
Après l’indépendance du royaume, en 1956, l’affaire Ben Barka a constitué la première vraie crise dans les relations franco-marocaines, traditionnellement plutôt chaleureuses.
L’enlèvement, le 29 octobre 1965, de l’opposant socialiste Mehdi Ben Barka devant la brasserie Lipp, à Paris, puis son assassinat, sont ressentis par le général de Gaulle comme une atteinte à son honneur et à celui de la France.
Il réclamera quelques mois plus tard au souverain marocain Hassan II l’arrestation – voire la liquidation – des agents du Makhzen impliqués dans l’affaire, en particulier du ministre de l’Intérieur, Mohamed Oufkir.
Liens troubles
L’affaire fait d’autant plus scandale que des agents du Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (Sdece) français – les Lopez et Souchon évoqués par Hassan II dans le texte qui suit – ont été mêlés à l’enlèvement, révélant les liens profonds, et parfois troubles, entre les sécuritaires des deux pays.
Hassan II assure ne rien savoir de l’affaire, refuse de livrer Oufkir à la justice ou même de le limoger. La France rappelle alors son ambassadeur à Rabat. Le royaume en fait de même avec Moulay Ali, cousin de Hassan II.
L’OBJECTIF DE LA RENCONTRE : SOLDER LES DIFFÉRENDS, QUI DÉPASSENT LE CAS BEN BARKA, ENTRE PARIS ET RABAT
La relation est rompue pour plusieurs mois. Jusqu’au 28 juin 1966 et cet entretien entre le souverain marocain et un proche, dont l’identité est restée secrète, de Jacques Foccart, le tout-puissant secrétaire général de l’Élysée aux Affaires africaines. L’objectif de la rencontre : solder les différends, qui dépassent le cas Ben Barka, entre les deux alliés.
Ci-dessous un extrait inédit du compte-rendu (reproduit ci-dessous) qu’en a fait l’interlocuteur du roi, tiré des archives du fonds Foccart et publié par les éditions Nouveau Monde dans le passionnant De Gaulle inattendu, qui vient de paraître en librairie.
Une heure et demie de conversation
« À mon arrivée à Casablanca, le prince Moulay Ali, qui m’attendait, m’a fait savoir que le roi, en séjour à Ifrane, désirait me voir. Le samedi matin, je suis parti en voiture avec le prince Moulay Ali pour Ifrane que nous avons atteint dans l’après-midi. Le roi était allé faire une tournée dans l’Atlas et ne devait rentrer que très tard le soir.
Pour des raisons de discrétion, j’avais fait savoir que je désirais que notre entrevue demeure aussi secrète que possible pour éviter les racontars. Je n’ai rencontré le roi que le dimanche et nous sommes partis pour une longue randonnée en voiture, le roi pilotant. Nous avons eu une très longue conversation d’une heure et demie, en la seule présence du prince Moulay Ali. »
« J’ai immédiatement dit au roi que je n’étais chargé d’aucune mission, que j’étais venu au Maroc répondant à une invitation du prince Moulay Ali et que j’étais extrêmement heureux de le voir.
Le roi m’a aussitôt répliqué qu’il avait souhaité me voir à cause de nos anciens liens, mais aussi parce qu’il avait l’impression qu’en haut lieu, en France, on n’avait pas exactement compris ses réactions dans l’affaire Ben Barka. Et ce fut dès lors de la part du roi un long monologue de plus d’une heure : en premier lieu, il s’est plaint que les conversations qu’il a eues avec le général de Gaulle n’aient pas été suivies d’effets. Ces contacts étaient empreints de chaleur humaine et le Général s’est trouvé d’accord sur presque toutes les demandes du roi, mais rien n’a suivi, l’administration ayant freiné la réalisation des promesses du Général.
LE GÉNÉRAL DE GAULLE A DONNÉ 300 MILLIARDS À L’ALGÉRIE, CE QUI A PERMIS À CELLE-CI DE S’ARMER ET DE M’ATTAQUER
Le roi m’a notamment fait la remarque suivante : « J’étais venu à mon dernier voyage en France demander au général de Gaulle une aide exceptionnelle. Il m’a accordé 25 milliards et j’en suis très reconnaissant à la France, mais il a donné 300 milliards à l’Algérie, ce qui a permis à celle-ci de s’armer et de m’attaquer.»
Le roi s’est aussi plaint que le gouvernement français ne l’ait pas informé de certaines initiatives diplomatiques vis-à-vis du Tiers Monde, circonstances où le gouvernement marocain aurait été heureux, étant prévenu à l’avance, de calquer son attitude sur celle du gouvernement français.
En réalité, dit le roi, depuis que le général de Gaulle a décidé de résister aux Américains et de se tourner vers les Russes, Rabat ne l’intéresse plus, c’est Alger et Le Caire sur lesquels il joue.
Le roi a ajouté : « Sous le prétexte de sécurité énergétique de la France, on sacrifie de vrais amis à un pays en pleine révolution qui n’a pas fini de vous jouer des tours. Quant à votre sécurité énergétique venant d’Algérie, je n’en donne pas cher.» »
Maladresses
« Le roi a ensuite abordé l’affaire Ben Barka. Toute une série de maladresses ont été commises. En réalité, c’est qu’à Paris un certain nombre de personnalités de la presse, de l’administration et de la politique avaient voulu jouer en même temps contre le général de Gaulle et contre la monarchie marocaine.
CERTAINS MILIEUX PROCHES DU GOUVERNEMENT S’ATTENDAIENT À CE QUE L’AFFAIRE BEN BARKA AMÈNE LE RENVERSEMENT DE LA MONARCHIE
« Je sais de source sûre que certains milieux proches du gouvernement s’attendaient à ce que l’affaire Ben Barka amène au Maroc des troubles graves et probablement le renversement de la monarchie. En réalité, le long exil de Ben Barka l’avait fait à peu près oublier du peuple marocain. Je tiens à faire remarquer que je n’ai pas cherché, ce qui aurait pu paraître habile, à me servir de cette affaire pour faire l’unité de mon peuple autour de moi et contre la France. J’ai fait mes études de droit en France et je connais bien le droit français. Nous avons entre nos deux pays une convention judiciaire. Si cette convention avait été appliquée, on aurait dû m’envoyer le dossier de l’affaire dès qu’il a été clos. J’aurais alors été obligé de traduire mon ministre de l’Intérieur devant un tribunal, ce qui m’aurait été extrêmement difficile, mais je l’aurais fait. Au lieu de cela, on m’a refusé le dossier et le ministre de l’Information français, à la suite d’un conseil des ministres, a déclaré qu’en tout état de cause, il n’était pas question qu’on envoie tout le dossier au Maroc, ce qui veut dire que si maintenant on m’envoyait le dossier, celui-ci serait incomplet. Je crois que le grand tort des autorités françaises a été de me laisser apprendre par la presse ce qu’est venu me dire l’ambassadeur de France le lendemain. Celui-ci présenté par un émissaire ami fidèle (colonel Touya) venait me demander le renvoi de mon ministre de l’Intérieur. En fait, je savais déjà par une dépêche de l’AFP que le gouvernement français avait l’intention de me réclamer ce renvoi.» »
Au nom de la continuité de la dynastie
« À partir de là, il n’était pas possible de l’accepter. Le général de Gaulle est soucieux de la dignité de la France. Je suis aussi soucieux que lui de la dignité de mon pays. En outre, j’ai un autre souci, celui de la continuité de ma dynastie. Si mon ministre de l’Intérieur a fait ce que la justice française lui reproche, il l’a fait, quoi qu’on en ait dit, pour moi.»
« Ben Barka avait essayé une fois au moins de me faire assassiner. Il complotait contre moi. Comment voulez-vous que je sanctionne mon ministre, alors que c’est par dévouement qu’il a agi ? Comment voulez-vous que j’aie encore des soutiens dans ce pays ? Que mon fils ait des amis fidèles si je trahis mes soutiens fidèles ? C’est peut-être ce que l’on n’a pas dit à Paris, mais qu’il faut que l’on sache.»
POURQUOI VOULEZ-VOUS QUE JE M’APITOIE SUR LE SORT D’UN REBELLE QUI N’ESPÉRAIT QU’UNE CHOSE : PROVOQUER UNE RÉVOLUTION AU MAROC ?
« Le roi a ajouté : « Si au moment des complots d’Alger, un général félon s’était réfugié chez nous et que vos services s’en soient débarrassés d’une façon ou d’une autre, je peux vous donner l’assurance qu’il n’y aurait pas eu d’“affaire”. Je sais bien qu’en France c’est plus difficile, mais on aurait pu faire mieux. Néanmoins, ne faisons pas de sentiment. Quand on est chef de l’État, on n’en a pas le droit. Vous avez fait de la résistance, mais de nombreux morts l’ont été de votre faute. C’était indispensable à cette époque. Pourquoi voulez-vous que je m’apitoie sur le sort d’un rebelle qui n’espérait qu’une chose : provoquer une révolution au Maroc au profit des ennemis de votre pays et du mien ? Vous savez la respectueuse affection que je porte au général de Gaulle, mais la seule explication de son attitude, c’est qu’il a été mal et incomplètement informé sur ma position et sur la politique marocaine.»
« J’ai besoin de la France »
« Ceci dit, j’ai besoin de la France. J’ai à l’est un voisin qui n’est pas de tout repos et qui risque à tout moment, pour faire oublier ses difficultés intérieures, de chercher une aventure sur notre territoire. J’ai au sud la Mauritanie, qui a accepté l’arrivée de techniciens chinois qui conseillent entre autres la radio mauritanienne, ce qui fait que je suis régulièrement insulté par cette radio. Je ne me fais pas d’illusion sur nos voisins du Nord. Je crains fort, lorsque le général Franco disparaîtra d’une façon ou d’une autre, qu’il n’y ait en Espagne la guerre civile, et probablement un nouveau front populaire. À l’ouest, j’ai l’océan et les États-Unis. Je ne veux pas tomber entre leurs mains. Je sais ce que vaudrait l’indépendance du Maroc dans ce cas ! Sur qui voulez-vous que je m’appuie puisque la France me laisse tomber ?»
« En ce qui concerne la Mauritanie, le roi m’en a parlé longuement : « On me demande de reconnaître la Mauritanie. Je suis prêt à le faire, mais pas sans contrepartie. Pourquoi voulez-vous que je lui envoie mes percepteurs pour récolter de l’argent d’un peuple en grande partie nomade ? Pourquoi voulez-vous que je lui envoie mes facteurs et mes policiers ? Si j’ai un accord avec la Mauritanie en contrepartie de la reconnaissance de son indépendance, je demanderai un traité d’amitié allant jusqu’à la formule plus ou moins fédérale entre le Maroc et elle. La France peut beaucoup pour faciliter cela, elle peut même tout. Je sais d’une façon certaine que le président Senghor n’y verrait aucun inconvénient, il pourrait même, dans une certaine mesure, être partie de cet accord.»
NOUS SOMMES DANS UNE IMPASSE ET IL FAUT EN SORTIR, SI POSSIBLE AVANT LE PROCÈS
« Sur quoi le roi a ajouté : « Nous sommes dans une impasse et il faut en sortir, si possible avant le procès. Je sais que la justice française et surtout la magistrature assise sont totalement indépendantes à l’égard du pouvoir. Mon impression est qu’il sera difficile de condamner Oufkir sur le simple témoignage d’un Lopez, d’un Voiteau et d’un Souchon. À ce moment, tout peut être arrangé, mais il y a beaucoup de temps perdu et probablement des positions irréversibles auront-elles été prises d’un côté comme de l’autre. En outre, le gouvernement français se trouvera dans une position difficile. Ce n’est pas moi qui ai rappelé mon ambassadeur et je ne l’aurais jamais fait si le gouvernement français n’avait pas pris les devants. Il y a de nombreux Français au Maroc et de nombreux Marocains en France. Il n’est pas bon que nous n’ayons pas une représentation normale. Si le gouvernement français décidait en s’appuyant sur ces raisons pratiques de renvoyer à Rabat M. Gillet, j’enverrais immédiatement le prince Moulay Ali à Paris.» Cela a été la conclusion de notre conversation. »
56 ans après son décès, de troublantes révélations ont été faites sur le militant anticolonialiste Mehdi Ben Barka, chef de file du mouvement tiers-mondiste, et plus célèbre opposant aux rois Mohammed V et Hassan II.
« Le chef de l’opposition marocaine Mehdi Ben Barka était un espion, suggèrent les dossiers de la guerre froide », titre The Guardian en se basant sur les révélations de documents déclassifiés du renseignement tchèque. Selon ces dossiers, l’ancien militant anticolonialiste entretenait une relation étroite avec le Státní Bezpečnost (StB), le service de sécurité tchécoslovaque à qui il fournissait des renseignements contre des paiements substantiels, en espèces ou en nature.
« Ben Barka est souvent décrit comme un homme qui combattait les intérêts coloniaux et défendait le tiers-monde, mais les documents révèlent une image très différente : un homme qui jouait sur plusieurs cordes, qui en savait beaucoup et savait aussi que l’information était très précieuse dans le contexte de la guerre froide ; un opportuniste qui jouait à un jeu très dangereux », a déclaré au journal britannique Dr Jan Koura, professeur adjoint à l’Université Charles de Prague.
Selon celui qui a eu accès à l’intégralité du dossier Ben Barka dans les archives du StB, et à d’autres documents secrets nouvellement publiés, il n’y a aucun doute sur la connexion tchèque. « Tous les documents le confirment », a-t-il assuré. Les relations entre Ben Barka et le StB remontent à 1960. « Les espions de Prague espéraient que cet éminent leader de la lutte pour l’indépendance du Maroc et fondateur de son premier parti d’opposition socialiste fournirait des renseignements précieux, non seulement sur l’évolution politique du royaume, mais aussi sur la pensée des dirigeants arabes tels que le président égyptien, Gamal Abdel Nasser ».
Ben Barka aurait réalisé une série d’opération de renseignements au profit du StB. Selon les documents consultés, il avait reçu, en septembre 1961, 1 000 francs français du StB pour produire des rapports sur le Maroc. L’ancien militant anticolonialiste a été envoyé en Irak pour obtenir des informations sur le coup d’État de février 1963 moyennant 250 livres. En Algérie, il a rencontré à plusieurs reprises le président Ahmed Ben Bella et a rendu compte de la situation dans ce nouvel État indépendant.
Ces accusations ont suscité des réactions de la part de la famille de l’illustre disparu. « Les relations de mon père avec les États socialistes et autres étaient simplement celles que l’on pouvait attendre de toute personne profondément engagée dans la lutte mondiale contre l’impérialisme et l’exploitation coloniale à l’époque », a déclaré Bachir Ben Barka, son fils.
L’article de The Guardian se base sur les révélations de documents déclassifiés du renseignement tchèque. Il suggère que Ben Barka recevait paiements contre informations et évoque les soupçons d’agent double pesant sur lui. Des dossiers jusque-là classifiés de Prague montrent que Ben Barka avait non seulement une relation étroite avec le Státní Bezpečnost (StB), le service de sécurité tchécoslovaque redouté, mais qu’il en a reçu des paiements substantiels, tant en espèces qu’en nature.
« Ben Barka est souvent décrit comme un combattant contre les intérêts coloniaux et pour le tiers-monde, mais les documents révèlent une image très différente : un homme qui jouait sur plusieurs cordes, qui en savait beaucoup et savait aussi que l’information était très précieuse dans le contexte de la guerre froide ; un opportuniste qui jouait à un jeu très dangereux », a déclaré le Dr Jan Koura, professeur adjoint à l’Université Charles de Prague, qui a eu accès au dossier.
Koura a non seulement pu accéder à l’intégralité du dossier Ben Barka dans les archives du StB, mais a également recoupé ses 1 500 pages avec des milliers d’autres documents secrets nouvellement publiés. « Il n’y a aucun doute sur [la connexion tchèque]. Tous les documents le confirment », a déclaré Koura à l’Observer, publication hebdomadaire sœur de The Guardian.
Selon le dossier consulté par Koura, les relations de Ben Barka avec le StB ont commencé en 1960, lorsqu’il a rencontré son espion le plus haut placé à Paris. Les espions de Prague espéraient que cet éminent leader de la lutte pour l’indépendance du Maroc et fondateur de son premier parti d’opposition socialiste fournirait des renseignements précieux, non seulement sur les développements politiques dans le royaume, mais aussi sur la pensée des dirigeants arabes tels que le président égyptien, Gamal Abdel Nasser.
Le quotidien poursuit en relatant que le StB a noté Ben Barka était également une figure majeure du « mouvement anti-impérialiste des nations africaines et asiatiques », , dont les contacts comprenaient Malcolm X, Che Guevara et le jeune Nelson Mandela. Peu de temps après leurs premières réunions, le StB a rapporté que Ben Barka était une source d’informations « extrêmement précieuses » et lui a donné le nom de code « Sheikh », comme le révèlent les archives.
Les révélations pour le moins choc se poursuivent : en septembre 1961, selon le dossier, Ben Barka avait reçu 1 000 francs français du StB pour des rapports sur le Maroc qui, selon lui, étaient copiés du bulletin interne du service de renseignement français à l’étranger. En fait, les données étaient accessibles au public, ce qui a provoqué la colère et l’embarras à Prague lorsque la tromperie a été découverte. Ben Barka s’est néanmoins vu proposer un voyage tous frais payés en Afrique de l’Ouest pour recueillir des renseignements sur les activités américaines en Guinée équatoriale : cette mission a été considérée comme un succès.
Les Tchécoslovaques ont, dès lors, commencé à soupçonner que Ben Barka avait également des relations avec d’autres acteurs de la guerre froide, que sont venus corroborer d’autres événements. Ainsi, ils ont appris d’un agent en France, que « Sheikh » avait rencontré, en février 1962, un syndicaliste américain au bar L’Éléphant Blanc à Paris et avait reçu à ce moment un chèque en dollars américains. Cela les a conduits à craindre que Ben Barka ait des liens avec la CIA. L’agence américaine tenait alors à soutenir la réforme démocratique au Maroc et à sécuriser le royaume pour le camp occidental. Le StB devait recevoir d’autres rapports alléguant que Ben Barka était en contact avec les États-Unis, bien que le politicien marocain ait toujours nié ce fait lorsqu’il était confronté, a déclaré Koura à l’Observer.
La relation s’est néanmoins poursuivie. Les Tchécoslovaques ont invité Ben Barka à Prague, où il a accepté d’aider à influencer la politique et les dirigeants en Afrique en échange de 1 500 £ par an. Ben Barka a été envoyé en Irak pour obtenir des informations sur le coup d’État de février 1963, pour lequel il a reçu 250 £, selon les documents déclassifiés. En Algérie, il a rencontré à plusieurs reprises Ahmed ben Bella, le président et ami, et a rendu compte de la situation dans le nouvel État indépendant aux Tchécoslovaques.
Au Caire, on lui a demandé de recueillir des informations auprès de hauts responsables égyptiens qui pourraient aider les Soviétiques dans les négociations lors d’une visite de Nikita Khrouchtchev, le premier ministre soviétique. Les rapports de Ben Barka ont atteint les services de renseignement soviétiques, qui ont jugé les données confidentielles fournies comme « très précieuses ». En récompense de ses services, lui et ses quatre enfants ont été invités en vacances dans un spa en Tchécoslovaquie, révèle la recherche de Koura.
«Ben Barka n’a jamais admis qu’il collaborait [avec les services de renseignement], et le StB ne l’a jamais répertorié comme un agent, juste comme « contact confidentiel». Mais il fournissait des informations et était payé en retour», a déclaré Koura.
« Il était très doué, c’était un gars très intelligent. Il n’y a pas de document avec sa signature, il n’y a pas d’échantillons de son écriture. Il a été interrogé oralement pendant des heures… Parfois, il utilisait une machine à écrire mais refusait d’écrire quoi que ce soit à la main ».
Les motivations de Ben Barka, militant engagé arrêté et emprisonné à plusieurs reprises au Maroc, restent floues. Ses défenseurs disent qu’il était prêt à discuter à plusieurs reprises de la situation internationale avec les responsables tchécoslovaques, car c’était le meilleur moyen de les influencer. Ils soutiennent aussi que bien que les analyses de Ben Barka aient pu être utiles au StB, cela ne fait pas de lui « un agent », quoi qu’aient écrit des bureaucrates ambitieux et des espions sur des notes internes. Ils soutiennent également qu’un tel rôle aurait été incompatible avec l’engagement de Ben Barka à préserver « le mouvement du tiers-monde de l’influence soviétique et chinoise ».
Bachir ben Barka, qui vit dans l’est de la France, a déclaré à l’Observer que les relations de son père avec les États socialistes et autres étaient simplement celles que l’on pouvait attendre de toute personne profondément engagée dans la lutte mondiale contre l’impérialisme et l’exploitation coloniale à l’époque, soulignant que les documents étudiés par Koura avaient été « produits par un service de renseignement, [et étaient donc] peut-être édités ou incomplets ».
Koura, pour sa part, est moins convaincu de l’altruisme de Ben Barka. « Il y avait à la fois du pragmatisme et de l’idéalisme. Je ne le condamne pas. La guerre froide, ce n’était pas tout noir ou tout blanc », a-t-il déclaré.
Durant les derniers mois de sa vie, Ben Barka était occupé à organiser la Conférence tricontinentale, un événement qui allait réunir à Cuba des dizaines de mouvements de libération, des groupes révolutionnaires et leurs parrains. La conférence allait devenir un moment crucial dans l’histoire de l’anticolonialisme international dans les années 1960 et 1970, et le militant vétéran voulait présider l’événement.
Mais les Soviétiques soupçonnaient qu’il était devenu trop proche des Chinois, leurs rivaux pour le leadership de la gauche mondiale. Des responsables soviétiques ont déclaré au StB que Ben Barka avait reçu 10 000 $ de Pékin et ont fait pression sur le service pour lui retirer tout soutien ou protection.
Néanmoins, le StB a emmené Ben Barka à Prague pour une semaine de formation en communications, codes, surveillance et contre-surveillance. C’était, cependant, trop peu et trop tard. Une semaine après avoir demandé un pistolet au StB, Ben Barka a été enlevé et tué. Bien qu’il ait ordonné une enquête, le président Charles de Gaulle a nié toute implication des services secrets français et de la police. Néanmoins, la France et les États-Unis n’ont pas encore publié de documents secrets clés sur l’affaire.
La tension sans précédent entre l’Algérie et le Maroc pourrait dégénérer à la faveur d’un incident mal maîtrisé, alors même qu’aucune des parties ne désire un conflit ouvert.
Une patrouille algérienne photographiée depuis le côté marocain de la frontière à Oujda, le 3 novembre (Fadel Senna, AFP)
Nombre de conflits ont, par le passé, éclaté à la faveur d’incidents de faible envergure, mais en l’absence de mécanisme de dialogue et d’instance de médiation entre deux parties qui pourtant ne souhaitaient, ni l’une ni l’autre, l’ouverture des hostilités. La rupture par l’Algérie des relations diplomatiques avec le Maroc, en août dernier, n’a pas seulement privé les deux Etats d’un canal de communication précieux. Elle a en effet été suivie de l’interdiction de l’espace aérien de l’Algérie aux vols marocains, alors que la frontière entre les deux pays est fermée depuis 1994. Elle a surtout entraîné une escalade des campagnes de dénigrement réciproque, amplifiée par les réseaux sociaux. Dans un climat aussi délétère, un différend localisé risque fort de dégénérer en crise grave, même si ni Alger, ni Rabat ne désirent une confrontation qui serait à bien des égards désastreuse.
L’ENJEU DU SAHARA OCCIDENTAL
La communauté internationale s’est avérée, depuis 1976, incapable de régler la question de l’ancienne colonie espagnole du Sahara occidental, dont Rabat revendique la « marocanité » et contrôle 80% du territoire, face à la guérilla indépendantiste du Polisario, soutenue par l’Algérie. Le poste d’envoyé spécial de l’ONU est même resté vacant sur ce dossier durant deux longues années, marquées, en novembre 2020, par la rupture du cessez-le-feu qui prévalait depuis 1991 entre le Maroc et le Polisario. Rabat avait alors obtenu de l’administration Trump, en décembre 2020, la reconnaissance de la « marocanité » du Sahara, en contrepartie de la normalisation de ses relations avec Israël. Les Emirats arabes unis, qui venaient de signer un traité de paix « chaude » avec Israël, ont encouragé la posture désormais offensive du Maroc. Alors que l’Algérie dispose jusqu’à maintenant du premier budget militaire du continent africain, évalué en 2020 à une dizaine de milliards de dollars, le Maroc pourrait le surpasser dès 2022 avec 12,8 milliards de dollars.
Le déplacement, le mois dernier à Rabat, du ministre israélien de la Défense s’est accompagné de la signature d’un accord sans précédent de coopération militaire. L’Algérie se considère directement visée par un tel rapprochement stratégique, du fait de son soutien aussi bien au Polisario qu’à la cause palestinienne. La récente « visite d’Etat » à Alger du président de l’Autorité palestinienne a été commentée dans cet esprit par la presse locale: « Alger contre-attaque » en « déroulant le tapis rouge à Mahmoud Abbas, tandis qu’Israël parade à Rabat », le Maroc étant accusé d’ « ouvrir une fenêtre à l’entité sioniste, dont l’ambition est de transposer le conflit du Moyen-Orient en Afrique du Nord ». Les dirigeants algériens mettent aussi en cause la complaisance des Etats-Unis et des pays européens envers Rabat. Cela ne peut que les pousser un peu plus dans les bras de la Russie, leur premier, et de très loin, partenaire militaire, alors que Poutine n’avait déjà pas ménagé son soutien aux généraux algériens face à la contestation populaire du Hirak.
DES OPINIONS CHAUFFEES A BLANC
Une telle polarisation géopolitique s’aggrave du fossé qui semble se creuser inexorablement entre les opinions publiques des deux pays. Un jour, des voix s’élèvent au Maroc pour que la représentante de leur pays au concours de Miss Univers se désiste du fait de sa grand-mère algérienne. Un autre, ce sont les footballeurs algériens qui, après leur victoire sur le Maroc en coupe arabe, arborent le drapeau palestinien. Au-delà de ces anecdotes, la revendication de la « marocanité » du Sahara est partagée par l’écrasante majorité des Marocains, même parmi les opposants au Trône, tandis qu’une grande partie des Algériens, y compris au sein de la contestation, s’inquiète sincèrement du rapprochement entre le Maroc et Israël, voire du soutien de Rabat à « l’autodétermination » de la Kabylie. Les procès d’intention que s’échangent ainsi Algériens et Marocains atteignent parfois une grande virulence sur les réseaux sociaux, amplificateurs naturels de tels débordements. Il est à craindre que les deux régimes puissent ainsi compter sur une dynamique d’union nationale en cas de conflit avec leur voisin.
Un incident limité, mais où chaque partie accuserait l’autre d’agression caractérisée, pourrait dégénérer dans un contexte aussi dégradé. Le 1er novembre, la présidence algérienne a déjà accusé « les forces d’occupation marocaines au Sahara occidental » du « lâche assassinat » de trois Algériens dans le « bombardement barbare » de leurs camions assurant la liaison entre la Mauritanie et le sud algérien. Le Maroc avait rétorqué que ces camions avaient été touchés dans une zone de transit militaire du Polisario, tout en précisant « si l’Algérie veut la guerre, le Maroc n’en veut pas ». La retenue avait fini par prévaloir, mais sans qu’émerge à la faveur de cette crise un canal de communication voué à en éviter la répétition. C’est bien cette absence de dialogue entre Alger et Rabat qui est la plus lourde de menaces. A défaut d’échange direct, tout type de médiation serait le bienvenu pour éviter une escalade que personne ne souhaite entre deux pays et deux peuples qui ont tant en commun.
Espérons que 2022 verra se mettre au plus tôt en place une telle initiative.
Quand les Émirats arabes unis négociaient l’achat de Rafale auprès de la France, l’une des conditions posées était la reprise de la soixantaine de Mirage 2000-9 en service au sein de leurs forces aériennes pour environ 1,5 milliard d’euros. Et, pendant un temps, il était question de les céder à l’Irak… Mais l’affaire n’alla pas plus loin.
Finalement, en 2019, Abu Dhabi décida de moderniser ses Mirage 2000-9 en notifiant à cette fin des contrats à Dassault Aviation, Thales et MBDA pour un montant total estimé à 490 millions de dollars.
Étant donné que la commande de 80 Rafale F4, annoncée le 3 décembre, ne remet pas en cause l’achat de 50 F-35A, le sort des Mirage 2000-9 se pose à nouveau. D’autant plus que ces appareils ont encore du potentiel.
Ces derniers jours, Defence Arabic, qui traite de l’actualité militaire dans le monde arabe, et le site d’information « El Español » ont indiqué que les Émirats arabes unis avaient l’intention de céder leurs Mirage 2000-9 à l’Égypte et au Maroc, deux pays avec lesquels ils sont très proches.
Si elle dispose de 24 Rafale [et bientôt 54, 30 exemplaires de plus ayant été commandés], la force aérienne égyptienne met aussi en oeuvre une petite vingtaine de Mirage 2000, acquis dans les années 1980. A priori, il n’est pas question de les retirer du service dans un avenir proche. D’où l’intérêt de renforcer cette flotte avec des appareils modernisés ayant servi sous les cocardes émiraties. Et leur intégration ne devrait pas poser de problèmes particulier au niveau du Maintien en condition opérationnelle [MCO] et de la logistique.
Quant au Maroc, ses forces aériennes sont dotées de 27 Mirage F1, portés au standard ASTRAC [ou MF2000] entre 2006 et 2011. Cette modernisation a notamment consisté à leur intégrer des équipements communs au Mirage 2000-5 [dont le radar RDY-3 de Thales].
D’après Defence Arabic, les Mirage 2000-9 que les Forces royales Air marocaines seraient susceptibles de recevoir de la part des Émirats arabes unis [selon des modalités qui restent à préciser, ndlr] leur permettraient de remplacer leurs F-5E, voire leurs Mirage F1. Il serait question d’une trentaine d’appareils.
Cela étant, pour que de tels tranferts vers des pays tiers puissent se faire, l’autorisation de la France est nécessaire. Or, dans le cas du Maroc, Paris devra composer avec les réserves que ne manquera pas de lui opposer Alger, alors que les relations diplomatiques entre les deux capitales sont au plus bas, au point que l’espace aérien algérien est interdit aux avions militaires français se rendant au Sahel.
Pour rappel, doté du radar RBY-2, le Mirage 2000-9 est un appareil multi-missions, pouvant mettre en oeuvre la nacelle de désignation laser Shehan [dérivée du pod Damoclès], des missiles air-air MICA, le missile de croisière Black Shaheen [version export du SCALP-EG français], le missile anti-navire Exocet et des bombres guidées PGM-500 Hakim.
Deux jours après avoir accusé le Maroc d’avoir « bombardé » un convoi de camions civils algériens, les autorités algériennes évoquent un « armement sophistiqué meurtrier », comprendre un drone. Les deux voisins se sont dotés ces dernières années de nombreux appareils sans pilote.
Dernier rebondissement dans l’affaire des trois routiers algériens tués, selon la présidence algérienne, le 1er novembre, lors d’un bombardement marocain dans une zone contrôlée par le Polisario : le ministère algérien des Affaires étrangères annonce avoir saisi plusieurs instances internationales (ONU, UA, Ligue arabe et OCI) pour les informer de « la gravité extrême de l’acte de terrorisme d’État en question » et leur faire part de la volonté et de la capacité de l’Algérie « d’assumer ses responsabilités en matière de protection de ses ressortissants et de leurs biens en toutes circonstances ».
Le communiqué du département de Ramtane Lamamra évoque l’usage d’un « armement sophistiqué meurtrier » sans pour autant fournir de précisions sur sa nature.
Le site algérien menadefense, qui a le premier fait état de l’attaque, estime dans un billet publié le 5 novembre que celle-ci aurait été menée par un drone, plus précisément un Bayraktar TB2 acquis auprès de la Turquie.
L’ARMÉE ALGÉRIENNE ALIGNE UNE VINGTAINE DE DRONES D’ATTAQUE EL-DJAZAÏR 54 ET 55, DE CONCEPTION ÉMIRATIE
Dans la région, l’Algérie a été pionnière dans le domaine des drones et de la surveillance aérienne. Grâce une coopération accrue avec l’Afrique du Sud, elle a acquis et déployé dès le début des années 2000 des drones de surveillance Seeker I, puis Seeker II.
Face au succès des drones d’attaque américains au Pakistan et au Yémen, les autorités algériennes ont ensuite décidé de miser sur des drones de combat à long rayon d’action.
Aujourd’hui, l’armée aligne une vingtaine de drones d’attaque El-Djazaïr 54 et 55, de conception émiratie et reconstruits localement, une douzaine de drones CH-4 et au moins cinq drones de reconnaissance CH-3, de fabrication chinoise. Elle maintient également un régiment d’une douzaine de drones tactiques Seeker sud-africains destinés à la surveillance.
Le succès commercial et militaire du drone de combat turc Bayraktar TB-2 et son efficacité en Syrie, en Libye et dans le conflit du Nagorno-Karabakh suscitent l’intérêt de l’institution militaire.
Des négociations sont engagées en 2020 avec le fabricant turc pour renforcer rapidement la flotte de drones d’attaque algériens. Mais celles-ci ont été abandonnées en raison des sanctions canadiennes sur certains équipements utilisés à bord du Bayraktar. L’Algérie se résignera en 2021 à commander 24 drones d’attaques chinois Wing Loong II, qui entreront en service en fin d’année.
Allié majeur non-membre de l’OTAN depuis 2004, le Maroc a dû attendre 2020 pour que l’administration Trump allège le régime d’exportation permettant ainsi au royaume de commander quatre drones MQ-9B Reaper, qui seront livrés dans les mois ou années à venir.
EN 2019, LE MAROC S’EST TOURNÉ VERS LA TURQUIE POUR ACQUÉRIR 12 DRONES D’ATTAQUE BAYRAKTAR TB2
Rabat a également bénéficié du redéploiement américain après les attaques terroristes du 11-Septembre pour accéder à quelques drones GNAT utilisés pour la surveillance. Ils ont été vus pour la première fois lors des événements de Gdeim Izik, à Laayoune, en novembre 2010.
En 2019, le Maroc se tourne vers la Turquie pour acquérir 12 drones d’attaque Bayraktar TB2, capables de porter des missiles. Le Royaume a réceptionné une première livraison des drones trucs en septembre, les autres unités devant arriver courant 2022.
Ce drone est utilisé pour des missions de reconnaissance, de surveillance et de relais de communications. En janvier 2020, trois drones Harfang, conçu par Airbus Group et Israël Aerospace Industries (IAI), ont été réceptionnés par Rabat.
DANS LE CONTEXTE D’INTENSIFICATION DES TENSIONS ENTRE LES DEUX VOISINS, UN RECOURS ACCRU AUX DRONES POURRAIT ÊTRE TENTANT
Le drone Harfang, développé sur la base du drone israélien Heron, est un système destiné au renseignement, à la surveillance et la reconnaissance de cible.
Selon des sources militaires marocaines, ces drones sont uniquement utilisés pour les écoutes, la surveillance et les repérages, et non pour des attaques. Mais certains drones d’observation achetés par le Maroc auprès d’entreprises israéliennes disposent d’une option pour porter de petites charges explosives.
Mohamed Shkeir, expert militaire marocain, évoque dans la presse la livraison de 4 drones Hermes 900 « kamikaze » ou « suicide » dans le courant de l’année 2021. Il s’agit de drones capables de s’écraser sur les cibles visées.
Dans le contexte d’intensification des tensions entre les deux voisins, que la perspective d’un conflit ouvert coûteux en vies humaines n’enchante guère, un recours accru aux drones pourrait être tentant. Surtout si l’Algérie décide de faire bénéficier le Polisario de son expertise en la matière, comme l’a fait l’Iran avec les rebelles yéménites Houthis face à l’Arabie saoudite.
Un drone qui pourrait décider seul de tuer, sans que l’homme intervienne. Ce scénario semble tiré d’un film de science-fiction, et pourtant ce type de technologie douée d’une intelligence artificielle existe. Et ces drones militaires autonomes commencent à faire débat : ils posent en effet des questions éthiques et juridiques.
C’est en tout cas le message que souhaitent faire passer des associations et des organisations non gouvernementales, qui ont réalisé un court-métrage pour dénoncer l’usage de ces armes létales autonomes. Dans cette vidéo, le spectateur découvre la présentation enthousiaste d’un petit drone capable de tuer, seul, « les méchants ». Le but est de choquer et de faire réfléchir sur l’avenir de ces nouvelles technologies.
La victoire algérienne lors du quart de finale de la Coupe arabe n’a pas échappé à la récupération politique. Mais les messages de fraternité entre les supporteurs des deux pays ont prévalu.
La fraternité, au-delà des tensions politiques ? C’est l’image forte du quart de finale de la Coupe arabe qui a opposé le Maroc à l’Algérie, le 11 décembre, à Doha. À la 89e minute du match, le milieu offensif algérien Youcef Belaïli et le défenseur marocain Mohamed Nahiri se sont donné l’accolade.
Le geste a été abondamment partagé et commenté sur les réseaux sociaux, accompagné de commentaires tels que « Belaïli et Nahiri qui se font un câlin à la 89e et vous vous clashez sur Twitter », « la photo qui éclipse tous les messages de haine » ou encore « la vraie victoire est là ».
D’autres photos de supporteurs marocains, algériens et tunisiens brandissant côte à côte leurs drapeaux respectifs dans les tribunes du stade Al Thumama ou à l’aéroport de Doha ont circulé dès la fin du match.
« Le missile Belaïli »
Si sur les réseaux sociaux les messages de fraternité ont prédominé, la une du journal sportif algérien Compétition a été unanimement décriée, celui-ci ayant utilisé un lexique de guerre pour parler du but de Belaïli, une frappe de plus de 40 mètres. « Le missile Belaïli s’abat sur le Maroc », a ainsi titré Compétition le lendemain du derby, qui s’annonçait très tendu en raison de l’animosité entre les dirigeants des deux pays voisins.
La rupture du cessez-le-feu par le Front Polisario, suivie de la normalisation des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël ont ravivé la brouille entre le Maroc et l’Algérie. Les accusations d’Alger à la suite de la mort de trois de ses ressortissants dans le Sahara début novembre ont exacerbé le conflit.
Malgré les messages réciproques de sympathie, la politique n’était pas bien loin. Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a tweeté « Un million et demi de bravos à nos héros », en référence aux martyrs de la guerre d’indépendance (1954-1962).
Le ministère algérien de la Défense a également félicité les Fennecs pour leur victoire, tandis que des joueurs algériens ont fait un tour d’honneur enveloppés dans un drapeau palestinien en signe de soutien à cette cause.
Dès la fin du match, les Algériens sont sortis fêter la victoire à coups de klaxon et de chansons à la gloire de leurs footballeurs. Les principales artères d’Alger n’avaient pas connu une telle ambiance depuis la finale de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) remportée par la sélection nationale en 2019. Les festivités ont duré jusqu’à une heure avancée de la nuit.
C’EST UNE RENCONTRE SPORTIVE. IL NE FAUT PAS QUE LA POLITIQUE S’EN MÊLE »
Pour les partis d’opposition, la rivalité entre les deux pays ne doit pas dépasser le rectangle vert. « C’était une belle rencontre de joie et d’entente entre les deux peuples. Cela contraste avec les deux pouvoirs qui nous ont habitués aux échanges belliqueux. Encore une fois, c’est l’Afrique du Nord des peuples qui va sauver la région et contribuer à apaiser les relations tendues entre l’Algérie et le Maroc », a déclaré à Jeune Afrique Athmane Mazouz, secrétaire national chargé de la communication du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD).
Pour Habib Brahmia, cadre dirigeant de Jil Jadid, « au-delà du résultat footbalistique, le match a été un moyen d’exprimer des idées et d’échanger des messages de fraternité entre supporters ».
Ramdane Tazibt, membre du bureau politique du Parti des travailleurs (PT), se prononce lui aussi en faveur de l’unité des rangs et refuse que la dynamique de fraternité entre les peuples algérien et marocain soit cassée : « L’Algérie et le Maroc sont liés par la même histoire et un destin commun. Je suis pour l’unité et la solidarité nord-africaine. »
Côté marocain, le ton était tout aussi mesuré. « C’est une rencontre sportive. Il ne faut pas que la politique s’en mêle », a tempéré un supporter marocain dans une vidéo sur YouTube.
En signant des accords de sécurité avec Israël, le Makhzen ne fait que renforcer la position d'Israël dans le monde arabe et aujourd'hui, en Afrique du Nord, le rêve du grand Israël et du sionisme va se réaliser avec la bénédiction de Mohamed VI. Mais, peut-il y avoir vraiment la paix avec le sionisme ?
Le Maroc ne peut pas ignorer, lui qui a toujours eu des relations, certes discrètes, mais réelles avec Israël, que dès le début, la colonisation sioniste et la création de l'Etat d'Israël se sont accompagnées d'un négationnisme total (nous employons intentionnellement ce mot qui est très chargé symboliquement dans l'Histoire juive) vis-à-vis des Palestiniens. Dès le départ, pour les futurs Israéliens, la Palestine n'existe pas.
Dans les livres scolaires israéliens, on va jusqu'à nier l'existence d'un peuple palestinien. Ceci ne pouvait être ignoré par le Maroc, puisque les relations entre Israël et le Maroc existent depuis la création de l'État hébreu en 1948.
Une relation secrète s'est développée entre les deux États, et que vient de renforcer ouvertement Mohamed VI qui n'a fait que perpétuer les engagements de son père Hassan II.
Les mensonges fondateurs des sionistes pour assoir leur suprématie en terre palestinienne sont (l'idée proférée par Zangwill) qui décrète : « une terre sans peuple pour un peuple sans terre ». On y ajoute quelques énormités comme l'idée que les Juifs auraient toujours vécu en « Eretz Israël » ou qu'ils sont majoritaires à Jérusalem depuis les années 1800, et la boucle est bouclée. Bien sûr, les dirigeants sionistes avaient bien conscience à leur arrivée que les Palestiniens représenteraient un obstacle à leur projet de « civilisation ». Les futurs dirigeants Ben Gourion et Ben Zvi pensaient (ils l'ont écrit en 1918) que ces « fellahs » qui vivaient en Palestine accepteraient le projet sioniste, mais ils se trompaient.
À l'époque, même des pays européens avec à leur tête la France avaient utilisé cette théorie dans les pays colonisés, en Afrique du Nord et plus particulièrement en Algérie. Le colonialisme est considéré et même décrété plus tard comme un phénomène positif, le monde européen apportant la civilisation à des peuples moins développés. Mais dès l'arrivée des premiers colons sionistes, ce qui est mis en place, c'est une dépossession progressive des Palestiniens, comme avec les Algériens, de leurs propres terres et donc de leur pays. Le KKL (Fonds national juif) s'approprie par tous les moyens des terres pour les Juifs.
L'Agence juive crée les embryons d'un futur Etat juif dans lequel les Non-juifs n'ont aucun droit. Quand les Palestiniens réalisent ce qui est à l'œuvre, c'est alors la première grande révolte (Hébron 1929). Dès cette époque, le courant « révisionniste » du sionisme dont le dirigeant est Vladimir Jabotinsky élabore la théorie du transfert. Puisque les Palestiniens sont décidés à résister, il faut élever entre les Juifs et eux une muraille infranchissable.
Le concept de ce qui deviendra 70 ans plus tard le Mur (de l'apartheid) est né. Il propose de déporter les « Arabes » au-delà du Jourdain. Le Maroc en bon élève en fit pareil pour le Sahara Occidental en érigeant lui aussi un mur des sables appelé également « mur marocain » avec l'affirmation du Maroc sur sa souveraineté sur l'ancienne colonie du « Sahara espagnol », en opposition aux revendications d'indépendance portées par le Front Polisario. Ce mur est gardé par environ 100.000 soldats marocains. Dans l'idée de transférer les Palestiniens, les dirigeants sionistes ont reçu une aide précieuse de la part du colonisateur britannique quand celui-ci a réprimé la révolte palestinienne de 1936 (plus de 12.000 morts et toute « l'élite » palestinienne exilée). En 1948, le transfert (l'expulsion des Palestiniens) était programmé avec le plan Dalet.
La préméditation de cette entreprise, constamment proclamée par les Palestiniens a été confirmée par les historiens israéliens (entre autres Ilan Pappé) au moment de l'ouverture des archives, et appuyée discrètement par le roi du Maroc, président du Comité Al Qods, sachant que le roi Mohamed VI du Maroc a hérité de son père Hassan II la présidence du Comité «Al Qods» (Jérusalem). Une minorité de Palestiniens a échappé à la Naqba (la catastrophe) et a pu rester. 50 ans plus tard, l'historien sioniste Benny Lévy qui a pourtant reconnu les crimes de guerre de la guerre de 48 estime qu'il aurait fallu tous les expulser. Pour gagner les élections de 2001, Ariel Sharon a fait campagne sur le mot d'ordre « achever la guerre de 48 » et donc expulser tous les Palestiniens, y compris ceux qui ont la nationalité israélienne. En 1967, la conquête et la colonisation étaient programmées. Aujourd'hui en Israël et c'est tragique, une majorité de l'opinion pense que, tout comme les Amérindiens des Etats-Unis ou les Aborigènes d'Australie, les Palestiniens deviendront à terme totalement marginalisés et incapables de réclamer leurs droits. Les seules nuances portent sur la façon d'en finir (déportation, encerclement dans des bantoustans, Etat palestinien croupion, institutionnalisation de l'Apartheid ).
Pour cette opinion, la « légitimité » d'un Etat juif allant de la Méditerranée au Jourdain est indiscutable et les Palestiniens sont des intrus et des terroristes. Les mots d'ordre mille fois répétés « les Palestiniens veulent continuer l'œuvre des Nazis ») deviennent des évidences à force d'être martelés. Et Mohamed VI ne peut ignorer cette situation, lui qui est entouré de conseillers de confession israélite. Il faut lire les sites sionistes pour mesurer l'étendue de la névrose collective actuelle. D'authentiques néonazis regroupés dans une délégation de 35 parlementaires européens d'extrême droite visitent Israël et sont reçus à la Knesset sans aucune protestation. Même Jean-Marie Le Pen lorsqu'il était candidat est arrivé en troisième position aux élections présidentielles françaises dans le vote des Français vivant en Israël. Alors comment s'étonner que le Makhzen puisse signer des accords de défense avec l'Etat sioniste, accords qui ne font que cautionner des crimes évidents et avérés pourtant niés en Israël comme celui du jeune Mohamed tué dans les bras de son père devant la colonie de Netzarim à Gaza, et que tout le monde a vu, même le peuple marocain ! L'idée que des Juifs et Non-juifs ne peuvent pas vivre ensemble est une théorie sioniste qui se met en pratique chaque jour en Palestine !
Décrété Comité d'El Qods, ce Comité sous l'égide de Mohamed VI ne s'est pas réuni une seule fois pour savoir de quoi il en retourne. De nombreux observateurs décryptent l'inertie de Mohamed VI comme un soutien tacite à Israël. Dans son livre « Comment le peuple juif fut inventé », Shlomo Sand met à bas les mythes fondateurs du sionisme : il n'y a eu ni exil, ni retour. Aujourd'hui en Israël, le « mal absolu », c'est l'Arabe, c'est l'Islam, et ce qu'approuve le Makhzen en signant les accords de la honte avec Israël. Pourtant, avant le sionisme, il n'y a eu en pays musulman rien de comparable aux pogroms qui se sont multipliés en Europe contre les Juifs. Les sionistes ont inventé l'idée que les communautés juives du monde entier, des Polonais aux Falachas, des Marocains aux Baltes formaient un même peuple. Ils se sont acharnés à effacer les langues, les cultures et les traditions pour imposer une identité unique, une langue unique, un « homme nouveau » avec les clichés colonialistes du pionnier se battant et défrichant son pays.
Ils ont utilisé la religion et une idée de race pour définir qui était juif et avait donc tous les droits dans le futur Etat juif et qui ne l'était pas. Ils ont cultivé le « complexe de Massada » selon lequel les Juifs ont été, sont et seront toujours des victimes. Au nom de ce complexe, la souffrance et l'identité de « l'autre » n'existent plus.
Mais d'où vient l'impunité d'Israël? Face à l'opinion publique mondiale, la légitimité d'Israël vient de deux idées. Le sionisme serait un mouvement de libération national et l'idée d'un Etat juif en Palestine serait indiscutable après le génocide nazi.
Après la 2ème Guerre mondiale, il y a eu un consensus mondial pour la création de l'Etat d'Israël. Pour l'Europe, il y a l'idée de la « fin du problème juif », puisqu'ils auront désormais un pays. Ainsi donc, l'Europe s'est débarrassée de son crime sur le dos du peuple palestinien qui n'avait pas la moindre responsabilité dans le génocide. Dès la fin des années 50, l'Etat d'Israël voit le profit à tirer d'une récupération complète de la question du génocide. C'est l'époque de la création du musée Yad Vashem (sur le territoire du village martyr Deir Yassine) et du procès Eichmann. Israël se présente comme un havre de paix pour les Juifs du monde entier. Il est vrai que beaucoup de Juifs ne savaient pas où aller. Aujourd'hui, s'il y a bien un pays où les Juifs sont en insécurité, c'est Israël et il en sera ainsi tant que durera la destruction de la Palestine. Aujourd'hui, c'est au tour du Maroc de vouloir installer les sionistes au Maghreb, destination offerte par Mohamed VI aux sionistes comme l'ont fait les Européens avant lui. Mais eux, c'était pour se débarrasser du problème chez eux, à l'inverse du roi du Maroc en mal d'expansion territoriale et qui a besoin d'Israël pour concrétise ses lubies du grand Maroc.
Israël est devenu, ce qui n'était pas inéluctable, une tête de pont occidentale au Proche-Orient, et maintenant, grâce au Makhzen, une tête de pont en Afrique. Avec la normalisation avec le Maroc, c'est aujourd'hui une caution supplémentaire du fait que, quels que soient les crimes commis, il n'y a jamais de sanctions de cet Etat d'Israël surarmé, dépensant l'essentiel de son budget dans l'armement et les technologies de pointe qu'il met de nos jours à la disposition de Mohamed VI et du Makhzen qui comptent l'utiliser contre ses voisins. Le Maroc a déjà tenté un « sociocide » contre l'Algérie. Une tentative vaine de destruction du lien social en parlant de l'indépendance de la Kabylie en vue de détruire l'unité territoriale, et économiquement en noyant notre pays de drogue, comme l'occupation israélienne qui a fait éclater la Palestine en 5 entités distinctes.
Le Maroc de Mohamed VI espère que ses amis israéliens puissent reproduire en terre algérienne le massacre de Gaza (l'opération «plomb durci»), où il y a eu 1400 morts et de nombreux crimes de guerre. Ces violations du droit international ne sont pas les premières que l'Etat sioniste commet depuis sa création.
La première violation flagrante et impunie de l'Etat d'Israël a été de ne pas appliquer la résolution 194 de l'ONU (décembre 1948). Applaudissant à ces décisions de fait, le Maroc, en signant des accords avec Israël espère en faire pareil, aidé en cela par les sionistes, contre les Sahraouis qui se battent pour la libération de leurs territoires.
Pour arrêter cet expansionnisme effréné de l'Etat sioniste, compte tenu de l'absence durable de sanctions de la part des Etats, les citoyens du monde doivent répondre à l'appel de 172 associations palestiniennes qui date de 2005 : BDS (boycott, désinvestissement, sanctions). Boycott total : commercial, économique, politique, scientifique, culturel, sportif de l'Etat d'Israël tant que durera l'occupation, et tant que des valets comme le roi du Maroc ouvrent leurs pays au sionisme. Il faut se ranger derrière l'anticolonialiste israélien, comme l'a décrété l'universitaire Neve Gordon qui a dit: «je suis pour le boycott, c'est la seule façon de sauver mon pays».
Alors que le Maroc et l’Algérie multiplient les déclarations hostiles, depuis la normalisation des relations entre le royaume chérifien et Israël, en France, c’est la question de l’islam qui les oppose.
Le Maroc et l’Algérie se disputent l’« islam de France ». Si ce n’est pas nouveau, depuis décembre et l’annonce de la normalisation des relations entre le Maroc et Israël, les deux pays poursuivent une politique agressive d’influence. Ce ne sont pas les dernières révélations du Point, concernant l’implication d’un agent des services secrets marocains dans la tentative du royaume chérifien d’accroître son contrôle sur l’islam de France. Cet agent, indique le journal algérien TSA, « est soupçonné d’avoir été pendant plusieurs années l’agent traitant du président du CFCM » et serait derrière « tous les grands projets de ces dernières années pour asseoir l’influence du Maroc sur de nombreuses mosquées françaises et contrer ainsi les intérêts du rival algérien ».
Entre le Maroc et l’Algérie, la tension est montée d’un cran dans les milieux musulmans français. Notamment le 11 novembre dernier : la Grande mosquée de Paris, sous la coupe algérienne, affirmait ne pas avoir été invitée à la célébration de l’Armistice du 11 novembre. Ce à quoi le président du CFCM avait rétorqué qu’il s’agissait là de « l’instrumentalisation théâtrale d’une prétendue non invitation à la cérémonie du 11 novembre ». Sans le montrer, les dirigeants des deux institutions jouaient donc à une réédition de la guerre Maroc-Algérie.
Ces deux pays tentent depuis plusieurs années désormais de mettre la main sur les organisations musulmanes. Si une majorité de musulmans a toujours déploré la mise en place d’un « islam consulaire », le CFCM avait réussi à s’accommoder de l’influence de la Turquie, du Maroc ou encore de l’Algérie en proposant une présidence tournante. Mais le Maroc a fini de mettre la main sur cette organisation. Comme le prouve Le Point, un travail en coulisse a été effectué par le royaume pour consolider cette mainmise.
Côté algérien, le contrôle des mosquées de France est également un véritable enjeu. En finançant la construction de certains lieux de culte — à Tours, Toulouse ou Marseille —, l’Algérie tente de reprendre une place que le Maroc lui conteste. Avec un million d’euros annuels versés par l’Etat algérien à la Grande mosquée de Paris, Alger consolide aussi son influence sur l’institution parisienne. Selon Abdallah Zekri, l’aide algérienne à la communauté musulmane « a triplé durant ces derniers mois », expliquait-il récemment.
«Le bras de fer entre les deux pays sur le terrain de la religion en France n’est que la traduction des divergences politiques existantes. Et si, globalement, il existe dans ce pays une cohabitation entre toutes les nationalités sur le registre de la foi musulmane, il n’en est rien pour les deux pays qui essayent chacun de récupérer une part du terrain qu’il estime sienne», résume l’islamologue Mohamed Darif dans la presse marocaine.
Avant d’ajouter que « le Maroc a compris depuis quelques années que sa politique d’avant, limitée à l’envoi d’imams marocains et une présence lors des occasions religieuses, était aussi vaine que peu appréciée de la part des pays de résidence des Marocains résidant à l’étranger. D’où la nouvelle réflexion sur de nouvelles formes d’influence, dont le Conseil des oulémas est un des reflets ».
De plus en plus opposés, le Maroc et l’Algérie ont fait de la France un de leurs terrains de jeu. Mais ils doivent aussi composer avec un Etat français de plus en plus omniprésent dans les affaires internes du culte musulman.
Les deux voisins et ennemis de longue date ne se sont jamais affrontés militairement, terrifiés à l’idée d’y laisser chacun des plumes. En dépit de la colère d’Alger dernièrement avec la disparition de 3 de ses ressortissants, qu’elle attribue volontiers au Maroc, les Algériens se gardent de riposter militairement… pour l’instant. Car selon un journal français, les choses pourraient dégénérer…
«L’Algérie est prête à faire la guerre au Maroc, s’il le faut…», c’est le titre d’un article publié ce mardi 30 novembre 2021 par le journal français L’Opinion. Le fait que le Maroc affiche au grand jour ses solides relations avec Israël inspirerait les pires craintes aux autorités algériennes. Malgré la puissance de l’allié de Rabat, Alger croit en ses chances de faire mordre la poussière aux Marocains grâce à sa prétendue “supériorité militaire“, rapporte Le 360 ce 1er décembre 2021…
La source du journal français, qualifiée de “faucon” du régime algérien, n’est pas avare en confidences. «L’Algérie ne veut pas la guerre avec le Maroc, mais elle est prête à la faire». C’est le bruit qui court «dans certains milieux proches de l’armée algérienne», dit le journal français.
Alors, un risque réel ou une intox pour calmer les ardeurs de Rabat, de Tel Aviv et des Américains ? En tout cas cet informateur algérien ne lésine pas : «S’il faut la faire, c’est aujourd’hui, car nous sommes militairement supérieurs à tous les niveaux et ce ne sera peut-être plus le cas dans quelques années». Ce qui empêche la junte algérienne de dormir sur ses deux oreilles, «c’est le soutien d’Israël au Maroc. Cela va changer la donne, dans un délai que l’on estime à trois ans», indique la source reprise par le journal français.
«Pour l’instant, les Américains disent aux Israéliens de ne pas fournir de systèmes d’armes qui pourraient provoquer un déséquilibre militaire immédiat en faveur du Maroc», ajoute la source algérienne. «Les armements qui inquiètent le plus les Algériens sont ceux relevant de la guerre électronique et des drones», indique le journal français.
Il se dit qu’à Alger plusieurs pistes sont étudiées actuellement, mais c’est une «riposte graduée» qui aurait la faveur des stratèges. On parle beaucoup d’une «no fly-zone», un espace aérien où seraient exclus les appareils marocains – notamment les drones –, surtout le survol de la zone régie par le Polisario. On évoque également un soutien aérien aux troupes sahraouies, révèle le journal français, qui écarte toutefois l’idée d’une «offensive terrestre de grand style, avec divisions d’infanterie et brigades blindées (…), le risque d’escalade” serait trop grand…
Du côté d’Alger il y aurait «une forme d’hubris, de complexe de supériorité qui n’incite pas à la prudence (…). Militairement, nous sommes très supérieurs aux Marocains», confie une autre source algérienne. En l’état elle a raison : «Ce que l’on sait, c’est que l’Algérie consacre beaucoup plus d’argent à son armée que le Maroc. Au cours des dix dernières années, Alger a ainsi acheté deux fois plus de matériels (10,5 milliards de dollars) que le Maroc (4,5)», souligne le journal français.
Maintenant de là à dire qu’Alger se lancera dans un face-à-face armé avec son voisin, avec tous les dangers que cela recèle, c’est un pas que nous ne franchirons pas…
Les commentaires récents