Le monarque républicain a pris une décision seul, il se retrouve maintenant seul. En son pouvoir souverain et sans partage, le roi avait joué la France en un coup de poker, il l'a fracassée. Il voulait une majorité absolue, il a pulvérisé son parti. Il voulait la stabilité institutionnelle de son pouvoir, il se retrouve face à un risque de désordre encore pire qu'il ne l'était auparavant.
La France est passée à côté du désastre, le parti fasciste n'a pas la majorité absolue tant espérée par lui. Mais je souhaiterais me prononcer avec un recul et une parole extérieurs à la liesse des partisans et électeurs qui se sont mis en barrage pour contrer la peste noire de l'histoire. La porte a été fermée, au loup mais il n'a pas fui, il est encore plus fort et attend son heure. Pourquoi un tel pessimisme, ou une réserve ? Car la joie qui s'exprime n'est en fait qu'un soulagement que le RN n'ait pas obtenu la majorité absolue. Cette joie n'a pas encore laissé place à la raison qui va lui remettre le regard sur la réalité. Regardons les résultats avec un esprit distancié et analysons le comment et le pourquoi un homme seul a tenté une telle folie. Il s'agira beaucoup plus de lui, dans cet article, car c'est l'homme qui dirigera la France pour encore trois ans.
Le Rassemblement National a perdu ?
Je n'ai peut-être pas compris l'arithmétique. Il avait 89 sièges, il en a maintenant 143. Curieuse défaite. Le camp présidentiel comptait 245 sièges, il se retrouve avec 156 sièges. Le Président a porté un coup fatal à ce qu'il restait encore de viable dans le parti qui l'avait porté au pouvoir. Le RN n'attendait que cela, c'est déjà un obstacle qui n'est plus sur son chemin pour la suite.
Quant au grand gagnant de ces élections, Le Nouveau Front Populaire compte désormais 174 sièges. Le NFP, ce n'est pas celui dont les membres s'écharpent, depuis des mois, avec des noms d'oiseaux et qui se sont mis d'accord en quatre jours avec des tas de bisous? Pourtant les longs gourdins cachés derrière leur dos sont visibles à un kilomètre. Un siècle de bagarre dans la gauche, les fameuses « deux gauches irréconciliables », et quatre jours pour une réconciliation, ce n'est pas un mariage précipité ?
Le dernier mariage que la gauche avait célébré datait du début du règne de Mitterrand en 1981. Il avait fini très rapidement par un divorce violent.
Le Président Macron a joué la France par un coup de poker, elle n'a pas été ruinée, a évité la catastrophe mais hypothéqué ses chances dans un avenir incertain.
Un décompte en sièges plus catastrophique que ce qu'il était avant la dissolution, il me faut beaucoup d'imagination pour qualifier le résultat de victoire.
Une déraison incompréhensible
Il n'avait prévenu personne si ce n'est informer la Présidente de l'Assemblée Nationale et le Président du Sénat comme l'impose la constitution. Ils n'avaient aucun pouvoir de bloquer sa décision. De plus il ne les avait avertis que très tardivement, à la vieille de sa décision. Puis la colère de la classe politique comme celle de la population s'était manifestée dès l'annonce d'une dissolution incomprise et dangereuse. Aucun espoir qu'elle ne cesse désormais, juste après la fête.
Emmanuel Macron avait pris acte des résultats catastrophiques des élections européennes. Il avait alors pensé que la nouvelle force du Rassemblement National allait décupler sa capacité de blocage. Mais comment cela se peut-il puisque l'élection européenne n'avait absolument aucun effet sur le nombre de sièges dans l'Assemblée nationale ?
Jupiter redescend de l'Olympe
L'image du dieu mythologique et son règne absolu est assez classique et nous pouvons la reprendre à bon compte. C'est d'ailleurs le Président Emmanuel Macron lui-même qui souhaitait être un « Président jupitérien » dans un entretien en 2016, accordé au magazine Challenges' au moment de sa conquête du pouvoir.
Ses deux prédécesseurs avaient eux aussi été poursuivis par une qualification qui collera à leur image. Nicolas Sarkozy avait été « l'hyper président », celui qui avait théorisé qu'il fallait « créer chaque jour un événement pour que chaque jour nécessite une intervention de la parole présidentielle ». Il était partout, se mêlant de tout et ne laissant aucun espace d'intervention à son gouvernement. C'est pourtant exactement ce que fera Emmanuel Macron.
Quant à François Hollande, il s'est qualifié lui-même de Président « normal » pour se démarquer de l'exubérance de son prédécesseur. Emmanuel Macron, son ministre de l'Economie, avait vécu une normalité du Président qui avait provoqué la fronde de ses partisans et le harcèlement des journalistes qui ont fini par l'étouffer (en amplifiant le rejet populaire à son égard) jusqu'à son abandon d'une nouvelle candidature. C'est la raison pour laquelle Emmanuel Macron avait estimé qu'il fallait éviter les deux écueils et redonner à la fonction la dignité de son rang. Il voulait restaurer l'horizontalité jupitérienne du pouvoir et prendre de la hauteur par rapport aux médias avec lesquels il souhaitait avoir « une saine distance ».
Il voulait se démarquer des deux autres Présidents mais il a créé une déclinaison commune en devenant un « hyper président anormal et rejeté ». Tout cela est démoli, Jupiter redescend de son Olympe.
Le syndrome du premier de la classe
La montée fulgurante d'un homme jeune et sa stupéfiante réussite, en si peu de temps, pour devenir Président de la République avait été jugée comme exceptionnelle. L'homme avait été salué dans son exploit et une route lui était désormais tracée.
Selon ses propres mots, il voulait « gouverner autrement », sortir du tunnel de la « vieille politique » et mettre fin aux blocages des partis politiques qu'il avait connus avec François Hollande face à la crise des « frondeurs » de son propre camp. Il voulait intégrer la France dans le mouvement mondial de la « Start-up nation », redonner à la France sa capacité à s'ouvrir au monde, à créer les conditions de sa modernité et sortir du traditionnel combat historique et stérile entre la gauche et la droite. Il voulait des « premiers de cordée », c'est-à-dire placer au sommet de la pyramide ceux qui ont la capacité de créer, d'innover et d'entraîner un « ruissellement vers le bas », c'est-à-dire au profit des autres. Il avait cru que c'était l'excellence qui gouvernait le monde. Il avait oublié que si cette dernière était indispensable par le dynamisme d'une jeunesse diplômée et la compétence de hauts cadres, il fallait un projet politique qui crée les conditions d'adhésion et d'entrainement d'une société. Il avait cru qu'un pays se gouvernait comme une entreprise.
Ni à droite ni à gauche, nulle part
Pour arriver à cet objectif ambitieux, Emmanuel Macron voulait écarter les corps intermédiaires et créer un centre puissant. Dans toutes ses déclarations, une expression qui va lui coller à la peau « en même temps ». Chaque décision se voulait être ni-ni, ni les vieilles lunes de droite ni celles de gauche. Il avait cru alors avoir trouvé ce territoire central si recherché et jamais réellement découvert, celui qui unit une société. Un fantasme de la politique française qui avait fait dire à François Mitterrand aux journalistes : « le centre est au fond du couloir, à droite ». Puis une autre fois, « curieux que ce centre qui vote à droite ».
Son projet de créer ce centre mythique fut alors d'affaiblir les deux partis de gouvernement qui alternaient au pouvoir depuis 1981, avec l'arrivée de François Mitterrand et de les attirer vers lui. Il avait réussi à débaucher un certain nombre de leurs cadres, séduits par ce jeune homme aux visions d'avenir. En fait, ils souhaitaient surtout quitter deux partis en déclin et prendre leur chance avec un nouveau souffle promis. Ainsi il a détruit les traditionnels partis républicains et de gouvernement. À gauche, le Parti Socialiste et à droite, Les Républicains, qui sont devenus des coquilles presque vides. Il devrait s'en mordre les doigts car ils auraient été ses chances actuelles d'une éventuelle coalition en sa faveur.
À s'acharner à détruire l'existant politique, il n'a créé ni le « ni-ni », ni le « gouverner autrement », ni construire un centre solide. Finalement, il est arrivé nulle part.
Le pouvoir et la solitude du Prince
Goethe affirmait que «la solitude est enfant du pouvoir » et Machiavel que « le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument» (Le Prince, 1513).
Bien entendu, pour Emmanuel Macron on doit écarter la corruption dans le sens de l'appropriation matérielle illégale mais retenir celle de l'esprit. Pour sa défense, on peut également dire que la lourde responsabilité et les décisions quotidiennes importantes pour gérer les affaires de l'Etat nous rapprochent d'une seconde affirmation de Goethe « toute production importante est l'enfant de la solitude ». On doit aussi écarter l'image du pouvoir isolé dans le Palais de l'Elysée. « La république est dans ses meubles » disait Mitterrand lorsqu'il avait reçu des chefs d'Etat, à Versailles. Tous les édifices prestigieux ont été la propriété de la noblesse de sang et d'argent, construits par le fruit du labeur et du talent du peuple. Installer les hommes du pouvoir républicain et leurs administrations dans ces palais est la marque de la magnificence de l'Etat, donc celle du peuple. Cependant, en sens contraire, on peut reprocher à tous les Présidents de la cinquième république d'avoir été envoutés par la puissance qui les isole davantage. Tous les intimes et compagnons qui ont permis au Prince d'accéder au pouvoir ont vécu avec le temps son éloignement progressif et un enfermement dans sa certitude d'être la source de développement et de la protection du pays.
Et maintenant, que peut la solitude ?
Une remarque préalable, cet article est rédigé avant qu'une décision soit prise par Emmanuel Macron. Qu'importe, d'une part il est peu probable que la décision soit prise demain et par ailleurs, cela permet d'analyser toutes les options possibles dans une telle situation. Une seconde dissolution ? La constitution ne le lui permet pas avant un an. La démission ? Emmanuel Macron a déclaré qu'il ne l'envisage pas. Et puis, ce serait donner les clés de la Présidence de la république à Marine le Pen, en considération du mode de scrutin.
Un gouvernement de techniciens ? Il le pourrait, comme ce fut le cas très souvent en Italie, mais ce n'est pas la culture politique française. Certains prétendent que la seule exception fut le Premier ministre Raymond Barre mais ils ont oublié que celui-ci avait des ancrages politiques et une expérience d'élu, maire de longue date de la ville de Lyon, troisième métropole de France. Si l'image du technicien lui était attribuée c'est parce qu'il fut un grand professeur d'économie (le plus grand disait-on à cette époque).
La recherche d'une coalition majoritaire qui lui serait favorable ? À constater l'effort immense pour la gauche de construire le Nouveau Front Populaire alors que les positions politiques de chacune des composantes sont aussi éloignées que les étoiles entre elles. La coalition ne tiendrait pas plus longtemps que les promesses du menteur. J'ai bien peur que la gauche ne s'enthousiasme trop tôt et s'éloigne du chemin de l'unité. Elle est loin d'être atteinte malgré cette soirée de victoire.
La nomination du leader du parti majoritaire ? L'usage le voudrait mais il n'est pas obligé. Il aurait donc le choix entre Bardella et Mélenchon ? Pour une victoire, j'en ai connu des plus stables et durables.
Nommer un Premier ministre en dehors des partis majoritaires ? Dès la première motion de censure, il serait balayé comme une feuille au vent d'automne. Utiliser tous les autres pouvoirs que lui confère la constitution ? Ils sont puissants mais le Président serait alors obligé de refuser tous les textes gouvernementaux ou du Rassemblement National.
Le blocage permanent est-il dans le rôle de la fonction et de l'intérêt de la France pendant une année, avant la prochaine dissolution ? En conclusion, donner les clés à un jeune premier de la classe qui n'avait aucun parcours politique (dans le sens du militantisme), aucun parti politique enraciné dans les territoires et aucun projet autre que celui du rêve chimérique de détruire l'existant, c'était assurément donner un gros jouet à un enfant gâté. Il l'a fracassé.
Tout le monde pense que l'Iran a offert l'occasion tant recherchée par Israël pour coudre ses déchirures sociales, régénérer ses soutiens et regagner l'opinion publique internationale. Il aurait de ce fait, pensent certains, décrédibiliser tous les gains qu'avait engrangés l'affaire palestinienne depuis le déluge d'El Aqsa. Alors que la contre-attaque était mûrement mesurée, sobre et nécessairement appropriée. L'avenir le dira. Le branle-bas de combat secoue, cependant, les capitales des puissances de ce monde en manque d'équilibre, notamment celles du camp occidental. Des conseils de guerre aux sommets de tous les G, le menu n'est que l'étude du meilleur mode de tuer des gens, de la bonne formule à garder le guidon de l'univers. Croyez-vous que ces conciliabules se tiennent pour résorber la faim dans le monde ou répandre les valeurs de paix et de justice là où elles font défaut, où venir au secours des peuples colonisés ou au moins faire cesser le feu à Ghaza, qui, mortellement, brûle toujours ? Ils sont sensiblement alertes à la moindre action pourtant légitime, d'une part, lorsqu'elle constitue à leurs yeux une menace tant pour leurs intérêts que pour la suprématie de leur hégémonie. Ils veulent tout régenter. Tous leur doivent servilité et obéissance. Les peuples pauvres, les pays sous-développés, les États qui accusent d'immenses retards technologiques qui ne couvrent pas leurs besoins alimentaires, qui ne fabriquent pas leur propre arsenal militaire, qui ne peuvent assurer une totale indépendance pharmaceutique et médicale sont voués, mains liées, bouche cousue, aux desiderata des maîtres du monde. Il sera ainsi, tant que ces pays, ces damnés de la terre, n'auront pas à s'affranchir de toute obédience et ne valoriseront pas les potentialités dont regorgent leurs sociétés sur le plan humain ou en ressources des règnes minéral, animal et végétal indispensable à tout progrès. Ils ont tout. Des sources énergétiques à la force des muscles en main-d'œuvre. Seulement, c'est ce savoir qui leur fait hélas défaut. Ou bien ce refus ou cette indifférence à vouloir le mettre en œuvre et qui ne doit qu'exister chez eux, chez leurs citoyens. Les plus grands innovateurs contemporains proviennent justement des pauvres pays. Sinon pourquoi parle-t-on de la fuite des cerveaux ? L'Iran, malgré l'embargo imposé par les États-Unis depuis plus de 30 ans, ne s'est pas contenté d'agir par voie de résignation, il a pris sa destinée avec l'acharnement de ses savants, de ses chercheurs. Il n'importe rien. Tout est local. Du scanner à l'IRM, du Doliprane à l'insuline, du tank au missile, du nucléaire au gaz rare. Rien ne leur manque. Il valide ainsi l'équation magique que d'un espace, d'une ressource et d'un homme savant on peut tout créer. Et le voilà maintenant qui tient tête, sinon cause un casse-tête à la plus grande puissance mondiale et à son fils adultérin semé à ses proximités. Avec cette attaque-réponse, l'Iran s'est essayé, à son honneur, à opérer un rééquilibrage dans le rapport de force régional. Même en lançant des pétards dans le ventre du dôme de fer. Il dit ne pas choisir la guerre mais si elle s'impose, il n'est que finement prêt à la conduire. Il semble détenir les moyens et les aboutissants à toute éventuelle offensive, affirmant que, cette fois-ci, la réplique ne saurait être un coup de vent ou une frappe de panique. A ce stade d'escalade, l'Iran ne joue pas. Ce ne sont pas les deux mille kilomètres qui le séparent d'Israël qui vont le faire fléchir. La technologie réduit les distances et raccourcit le temps.
Une enquête des médias indépendants Marsactu et Disclose a révélé qu’une entreprise française de Marseille, Eurolinks, a fourni des maillons militaires à Israël en octobre 2023. Sur place, l’opposition à ce commerce mortifère a entraîné une convergence inédite d’acteurs associatifs et de syndicats contre les ventes de munitions.
né une convergence inédite d’acteurs associatifs et de syndicats contre les ventes de munitionUne enquête des médias indépendants Marsactu et Disclose a révélé qu’une entreprise française de Marseille, Eurolinks, a fourni des maillons militaires à Israël en octobre 2023. Sur place, l’opposition à ce commerce mortifère a entraîs.
L’attaque de l’Iran contre Israël dans la nuit du 13 au 14 avril est venue en réponse au bombardement de son consulat à Damas le 1er avril qui a fait 16 morts, dont des officiers des Gardiens de la révolution. Cette opération soulève plusieurs questions sur la stratégie de Téhéran et de ses alliés dans la région, mais aussi de la Jordanie, ainsi que sur le degré d’autonomie d’Israël par rapport au parapluie américain.
14 avril 2024. Le moment où l’Iran a lancé des missiles balistiques vers Israël.
Wikimedia Commons
En utilisant plus de 200 drones et une centaine de missiles pour attaquer Israël dans la nuit du 13 au 14 avril, l’Iran envoie un message clair. Si les frappes israéliennes contre ses forces, ses centres militaires et ses sites d’approvisionnement en Syrie ne sont pas nouvelles, le ciblage de sa mission consulaire et diplomatique — protégée par les Conventions de Vienne de 1961 et 1963 — constitue une ligne rouge. Cela explique sa réponse militaire et peut en appeler d’autres, plus élaborées si nécessaire, dirigées directement depuis la République islamique ou par l’intermédiaire d’alliés régionaux et de milices loyales en Irak, en Syrie, au Liban et au Yémen.
En marge de cette même attaque, l’Iran a toutefois clairement indiqué qu’il tenait à éviter une guerre totale avec Israël, et bien sûr avec son allié américain. Annoncée en amont, sa riposte n’avait pas pour but d’infliger à Israël des dégâts considérables ni des pertes humaines qui justifieraient une nouvelle confrontation. Tel-Aviv, Washington et leurs alliés ont eu le temps d’abattre la plupart des 300 drones et missiles détectés sans surprise en provenance du territoire iranien. Après ces représailles, l’Iran tente donc de revenir aux règles d’engagement1 dont les termes ont été violés lors du bombardement contre le consulat. Il a répondu par une démonstration de force dans le ciel de la région, mais sans pertes israéliennes au sol.
PRUDENCE AMÉRICAINE
De son côté, Israël cherche à profiter de la situation pour détourner l’attention de sa guerre génocidaire en cours à Gaza et de ses crimes en Cisjordanie. Il espère aussi mobiliser un nouveau soutien occidental dont il a récemment perdu une partie, ou du moins l’unanimité. Il demeure qu’après cette attaque, Tel-Aviv risque de voir sa liberté de mouvement considérablement réduite dans la région — c’est-à-dire en dehors de la Palestine —, alors que les frappes militaires avaient jusque-là lieu sans crainte de représailles. Cette nouvelle donne devrait le pousser à renforcer sa coordination avec les Américains avant de lancer de nouvelles attaques contre Téhéran.
Ceci nous amène à une autre observation : les États-Unis, ne veulent pas d’une escalade régionale de grande ampleur pendant une année d’élection présidentielle et dans un contexte international très tendu. Ils ont montré qu’ils étaient prêts à défendre la « sécurité d’Israël » sur le terrain. Néanmoins, les annonces de Biden à Nétanyahou montrent que Washington ne souhaite pas participer à de futures opérations israéliennes. La Maison blanche préfère que Tel-Aviv s’abstienne de réagir et ne cherche pas à impliquer les États-Unis. Les recommandations américaines consistent à rester dans les limites de la confrontation qui ont précédé l’attaque du consulat, et à bien anticiper les conséquences de chacune des opérations à venir.
La situation actuelle met également le Hezbollah, principal allié de l’Iran, dans une position très délicate, alors que celui-ci mène une guerre contre Israël à la frontière sud du Liban, depuis le 8 octobre 2023. Tout comme son parrain, le parti chiite libanais ne veut pas d’une guerre totale. Il évite donc d’utiliser son artillerie lourde, uniquement destinée à défendre son existence et le programme nucléaire iranien — dont nul n’est menacé aujourd’hui —, afin de ne pas provoquer des réponses israéliennes dévastatrices. Car l’effondrement économique, les tensions et les divisions politiques internes font que ni le Liban, ni la base du « parti de Dieu » dans le sud ne peuvent assumer une nouvelle guerre contre Tel-Aviv à l’image de celle de 2006. Pourtant Israël augmente progressivement l’intensité de ses attaques. Cela risque d’éroder le pouvoir de dissuasion du Hezbollah, jusque-là garanti par ses missiles et par sa préparation au combat, et de faire glisser la milice vers une confrontation inéluctable.
LE CHOIX DE LA JORDANIE
La dernière observation concerne la Jordanie qui a vu un certain nombre de drones et de missiles iraniens traverser son espace aérien. Le royaume hachémite a participé avec les Américains — ainsi que les Français et les Britanniques — à leur interception. Indépendamment de l’indignation populaire qu’une telle action suscite dans la région, l’initiative jordanienne peut s’expliquer par la crainte d’assister à la transformation de son ciel en une zone ouverte à l’affrontement israélo-iranien. Surtout si l’Iran confie prochainement à des milices irakiennes la mission de lancer des drones depuis la frontière irako-jordanienne. Cette éventualité pourrait affecter la capacité d’Amman à maintenir une marge d’autonomie dans son rôle diplomatique régional, en tant qu’allié des occidentaux et « protecteur des lieux saints musulmans et chrétiens » à Jérusalem. Cela pourrait aussi menacer sa sécurité à un moment où la monarchie est préoccupée par ce qui se passe en Cisjordanie et par les projets de l’extrême droite israélienne de déporter des Palestiniens vers son territoire. En même temps, des doutes persistent — légitimement — sur la capacité et la volonté d’Amman d’attaquer les avions israéliens, si jamais ils pénètrent son espace aérien pour bombarder l’Iran ou ses alliés irakiens.
Les limites du respect par Israël des « recommandations » américaines dans les jours et les semaines à venir restent incertaines. Répondra-t-il à l’attaque iranienne en allant au-delà de ce qui est « acceptable » afin de reprendre l’initiative ? Comment l’Iran réagira-t-il dans ce cas ?
Les complexités s’accroissent et les objectifs des différentes parties s’opposent. D’une part, la droite suprémaciste du gouvernement de Nétanyahou veut étendre la portée de la guerre pour permettre à l’armée et aux colons de commettre davantage de crimes et d’expulsions contre les Palestiniens dans les territoires occupés. D’autre part, le premier ministre israélien voit dans la situation actuelle une opportunité d’affaiblir l’Iran et le Hezbollah. De son côté, Washington fait pression pour contenir la guerre et limiter les dégâts dans la région, mais pas dans la bande de Gaza. Enfin, Téhéran et ses alliés (principalement le Hezbollah) sont contraints de riposter aux frappes israéliennes lorsqu’elles dépassent une certaine limite, sans prendre le risque de transformer la situation en une guerre totale. Si l’on tient compte de tous ces éléments, le risque d’un embrasement sur le terrain dépassant les calculs et les réponses mesurées ne peut être exclu.
Ce qui est certain, c’est que nous sommes dans une phase où la violence et les affrontements — sous diverses formes — se poursuivront encore longtemps. Ils détermineront la suite des événements, que ce soit dans les pays directement concernés ou dans l’ensemble du Proche-Orient.
Sunnites, Chiites, Alaouites, par l’amour du ciel, unissez-vous ! Votre Foi vous impose la même loi : celle de vous unir et non de vous punir. Parce que tout ce qui se passe ici-bas est petit et vous renvoie à l’au-delà de vos appétits. Ressaisissez-vous au lieu d’être insaisissables. Des fuites en avant sans vous soucier de ce qu’il y a devant : l’éternité et non le temps… grand Dieu ! Yémen, Syrie, Liban, Irak, Jordanie, Iran, Égypte, Inde ou Pakistan… Algérie, Maroc ou Tunisie et j’en oublie sont solitaires hélas et malheureusement, mais ils sont censés être solidaires, main dans la main pour revendiquer le même sens du divin… Ils n’ont pas les mêmes intérêts mais ils ont intérêt à avoir les mêmes pour résoudre rien que leurs problèmes d’énergie. Il leur faut une synergie. La division fausse leur vision des choses et remet tout leur potentiel en cause.Après les frappes iraniennes pour répondre au travail de sape des forces israéliennes, Israël a reconstitué autour de lui une coalition païenne, non pour combattre l’Iran mais pour abattre l’Islam. Pour le salut de nos âmes, nous avons tous besoin les uns, des autres.
Des volutes de fumée s'échappent du site d'une frappe aérienne israélienne sur le village de Majdel Zoun, au Liban-Sud, le 15 avril 2024. Photo AFP
L'Union européenne envisage d'élargir le champ de ses sanctions déjà en place contre l'Iran après l'attaque lancée contre Israël le week-end dernier, a déclaré le chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell, rapporte l’AFP.
"L'idée est d'élargir le régime (de sanctions) existant contre les drones iraniens", a déclaré M. Borrell, à l'issue d'une réunion extraordinaire, en visioconférence, des ministres des Affaires étrangères de l'UE.
L'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) a affirmé avoir trouvé des bombes non explosées de 450 kg dans des écoles après le retrait des troupes israéliennes de la ville de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.
Des agences de l'ONU ont mené une "mission d'évaluation" à Khan Younès après le retrait des soldats le 7 avril, a indiqué l'UNRWA dans un communiqué.
Elles ont rencontré "d'importants obstacles pour opérer en toute sécurité en raison de la présence de munitions et d'engins non explosés, notamment des bombes de 450 kg à l'intérieur des écoles et sur les routes", selon elle.
"Des milliers de déplacés ont besoin d'un large éventail d'aide vitale, notamment en matière de santé, d'eau, d'hygiène et de nourriture", a ajouté l'UNRWA.
21:22 heure de Beyrouth
Selon le Haaretz, 14 roquettes ont été tirées au cours de la dernière heure depuis le Liban-Sud en direction du nord d'Israël.
Citant l'armée israélienne, le journal a indiqué, il y a environ une heure, que 10 roquettes lancées sur le mont Meron sont tombées dans des champs, sans faire de victimes. Quatre roquettes sont tombées à Kiryat Chmona, a ajouté le journal il y a une dizaine de minutes, en citant la municipalité de la localité. Selon le Haaretz, les missiles ont occasionné de légers dégâts matériels.
Le « Dôme de fer » israélien est conçu pour évaluer si les roquettes lancées en direction d'Israël sont susceptibles de toucher des zones civiles. Il permet d'éviter de lancer des missiles d'interception s'il détermine que tel est le cas.
20:56 heure de Beyrouth
- Le Hezbollah a annoncé avoir visé, à 19h25, une division de l'armée israélienne à Kiryat Chmona à l'aide de roquettes katioucha, en réponse aux frappes israéliennes qui ont visé Chéhabiyé et Aïn Baal.
- Il a également revendiqué une attaque à 20h10 contre « le siège de la 146e division de l'armée israélienne à Jaatoun » à l'aide de roquettes katioucha.
- Le parti chiite a aussi affirmé avoir visé dans l'après-midi le site israélien de « Baghdadi », qui fait face au village libanais de Aïta el-Chaab (caza de Bint Jbeil), à l'aide d'obus d'artillerie.
20:28 heure de Beyrouth
Le Hezbollah a annoncé dans un communiqué la mort d'un autre de ses combattants, Mohammad Hussein Moustapha Chehouri, originaire du village de Chéhabiyé.
Selon notre correspondant au Liban-Sud, la victime a été tuée dans la frappe aérienne israélienne qui a visé le village de Chéhabiyé dans l'après-midi, tuant également un cadre du parti chiite.
20:23 heure de Beyrouth
L'ONU va lancer un appel aux dons de 2,8 milliards de dollars pour aider la population palestinienne à Gaza et en Cisjordanie en 2024, a indiqué le patron du bureau humanitaire des Nations unies dans les territoires palestiniens, selon l’AFP.
"Nous publions demain l'appel aux dons jusqu'à la fin de l'année. Avec la communauté humanitaire, nous appelons à 2,8 milliards de dollars pour aider 3 millions de personnes identifiées en Cisjordanie et à Gaza", a déclaré Andrea De Domenico lors d'une conférence de presse par vidéo.
"Evidemment 90% est pour Gaza", a-t-il précisé, notant qu'au départ, le plan humanitaire pour 2024 avait été chiffré à 4 milliards mais réduit à 2,8 milliards compte tenu des limites à l'accès de l'aide humanitaire.
20:12 heure de Beyrouth
Plus de détails concernant la frappe israélienne qui a visé Aïn Baal :
L'un des blessés, Hussein Kerchat, qui se trouvait à proximité du véhiculé ciblé, est décédé en début de soirée, ont indiqué des sources médicale et sécuritaire à notre correspondant au Liban-Sud.
19:55 heure de Beyrouth
Le Hezbollah a annoncé dans un communiqué la mort d'un autre combattant du parti, Mahmoud Ibrahim Fadlallah, originaire du village de Aïnata.
Selon notre correspondant dans le Sud, la victime, qui est un cadre du parti chiite, a été tuée dans les frappes aériennes israéliennes qui ont visé un peu plus tôt le village de Chéhabiyé.
La radio de l'armée israélienne a de son côté affirmé avoir éliminé un « commandant du Hezbollah ».
19:50 heure de Beyrouth
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a reproché au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu d'être "le principal responsable" à blâmer pour l'attaque de l'Iran contre Israël, rapporte l'AFP.
"Le principal responsable de la tension qui a saisi nos coeurs le soir du 13 avril est Netanyahu et son administration sanguinaire", a affirmé le chef de l'Etat turc lors d'une intervention télévisée.
19:05 heure de Beyrouth
Voici les derniers développements à la frontière libano-israélienne :
- Des avions de combat israéliens ont mené un raid sur le village de Alma el-Chaab (caza de Tyr) pour la deuxième fois aujourd'hui, ont déclaré des habitants à notre correspondant au Liban-Sud. Des ambulances et des équipes de la Défense civile ont été dépêchées sur les lieux.
- Des missiles ont été tirés depuis le Liban-Sud en direction de sites israéliens, selon une source sécuritaire relayée par notre correspondant. Aucun groupe n'a encore revendiqué cette attaque.
- Les sirènes d'alarme ont été activées à Ya'ara, dans le nord d'Israël, selon le Haaretz.
18:52 heure de Beyrouth
⚡️ La radio de l'armée israélienne a déclaré, il y a environ une demi-heure, que la troupe a « éliminé un autre commandant du Hezbollah ».
Selon notre correspondant au Liban-Sud, deux personnes ont été tuées dans des frappes aériennes israéliennes qui ont visé deux voitures dans le village de Chéhabiyé (caza de Tyr).
18:50 heure de Beyrouth
L'armée israélienne a affirmé dans un communiqué, relayé par l'AFP, avoir « éliminé Ismaïl Youssef Baz, le commandant du secteur côtier du Hezbollah ».
Selon la troupe, la victime avait participé à « la planification des tirs de roquettes et de missiles antichars en direction d'Israël (..) ».
Selon une source de sécurité relayée par notre correspondant, Ismaïl Baz a été tué dans la frappe aérienne israélienne qui a visé une voiture dans le village de Aïn Baal (caza de Tyr) plus tôt dans la journée.
18:33 heure de Beyrouth
Infographie Guilhem Dorandeu
Le Centre satellitaire des Nations unies a dévoilé de nouvelles analyses montrant l'ampleur des destructions, nécessaires à l'établissement de la zone tampon voulue par Israël à Gaza.
Voici les derniers développements à la frontière libano-israélienne :
- Des avions de combat israéliens ont mené un raid sur une zone située entre Yaroun et Maroun el-Ras (caza de Bint Jbeil), selon une source de sécurité relayée par notre correspondant dans le Sud.
- Des tirs d'artillerie israéliens ont visé un quartier du village de Khiam (caza de Marjeyoun) et la périphérie de Kfar Kila (caza de Marjeyoun), selon des témoignages d'habitants relayés par notre correspondant.
- L'armée israélienne a affirmé avoir « identifié trois roquettes lancées sur Beit Hillel en Haute Galilée », et deux roquettes lancées sur le village de Hanita en Galilée occidentale, selon le Haaretz. Le conseil régional de Haute Galilée a indiqué que les « roquettes ont atterri à Beit Hillel dans des champs ouverts et que des pompiers étaient en train d'éteindre les incendies qui se sont déclarés par la suite ». Aucune victime n'a été signalée, a ajouté le Haaretz.
18:15 heure de Beyrouth
18:09 heure de Beyrouth
Plus de détails concernant les raids israéliens qui ont visé le village de Chéhabiyé (caza de Tyr), au Liban-Sud :
- Au moins deux personnes ont été tuées dans les frappes aériennes, a déclaré une source médicale à notre correspondant dans le Sud. L'attaque a également fait des blessés, dont le nombre reste indéterminé.
- Une source de sécurité a déclaré à notre correspondant que les frappes aériennes ont visé deux voitures simultanément.
18:04 heure de Beyrouth
Le Hezbollah a annoncé la mort de l'un de ses combattants, Ismaïl Baz, originaire du village de Chéhabiyé (caza de Tyr), au Liban-Sud.
Selon une source de sécurité relayée par notre correspondant, la victime a été tuée dans la frappe aérienne israélienne qui a visé une voiture dans le village de Aïn Baal (caza de Tyr) plus tôt dans la journée.
Ismaïl Baz était le chef d'une zone militaire du Hezbollah, et le responsable des activités militaires du parti dans cette région, a indiqué cette source.
276 membres du Hezbollah ont été tués au Liban et en Syrie depuis le début des hostilités entre le parti chiite et Israël en octobre, selon notre décompte.
17:41 heure de Beyrouth
⚡ Des drones israéliens ont mené deux raids sur le village de Chéhabiyé (caza de Tyr), au Liban-Sud, visant deux voitures, ont indiqué des habitants à notre correspondant au Liban-Sud.
Des ambulances ont été dépêchées sur les lieux.
Chéhabiyé est situé à plus de 10 Km de la frontière libano-israélienne.
17:24 heure de Beyrouth
Le Hezbollah a annoncé avoir ciblé, à 16h45, la base israélienne de Beit Hillel située face à Houla (caza de Marjeyoun), à l'aide de missiles Katioucha, en représailles à la frappe aérienne israélienne qui a fait un mort dans le village de Aïn Baal plus tôt dans la journée.
C'est la deuxième fois que le parti chiite mène une attaque contre cette localité israélienne aujourd'hui.
17:11 heure de Beyrouth
Les derniers développements à la frontière libano-israélienne :
- Des avions de combat israéliens ont visé une habitation dans le village de Alma el-Chaab (caza de Tyr), ont indiqué des habitants à notre correspondant dans le Sud.
- L'artillerie israélienne a visé la périphérie de Rachaya el-Foukhar, Kfarchouba, Halta et la vallée de Chebaa (caza de Hasbaya), ont indiqué des habitants à notre correspondant dans le Sud.
- Le Hezbollah a annoncé avoir tiré des roquettes, à 15h40, sur la caserne israélienne de Zebdine, située dans les fermes contestées de Chebaa.
- Le parti chiite a également déclaré avoir visé, à 16h15, le site israélien de Samaka, situé dans les collines de Kfarchouba, avec des obus d'artillerie.
16:34 heure de Beyrouth
Plus d'informations sur la frappe aérienne israélienne qui a visé une voiture dans la localité d'Ain Baal :
- La victime était un commandant militaire du Hezbollah, selon une source de sécurité relayée par notre correspondant dans le Sud. Commentant la même frappe, la radio de l'armée israélienne a affirmé que la cible était "un haut commandant de terrain du Hezbollah".
- Les deux personnes blessées dans la frappe sont des civils, a déclaré la même source de sécurité à L'Orient Today.
16:33 heure de Beyrouth
Le président iranien Ebrahim Raïssi a informé par téléphone Vladimir Poutine que les frappes de Téhéran sur Israël étaient limitées et que la République islamique n'était pas intéressée par une escalade, a déclaré le Kremlin, dans des propos rapportés par Reuters.
Le président Poutine a exprimé l'espoir que toutes les parties feront preuve d'une retenue raisonnable et éviteront ainsi une confrontation qui pourrait avoir des "conséquences catastrophiques pour l'ensemble de la région", a annoncé le Kremlin.
16:31 heure de Beyrouth
La ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock a plaidé pour de nouvelles sanctions de l'Union européenne sur les drones iraniens après l'attaque de Téhéran contre Israël.
"A la fin de l'automne, j'ai plaidé avec la France et d'autres partenaires au sein de l'UE pour que ce régime de sanctions sur les drones soit étendu" à de nouveaux types de matériel utilisés par Téhéran et ses alliés, a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse à Berlin avec son homologue jordanien.
L'armée israélienne a prévenu que l'Iran ne sortira "pas indemne" de l'attaque sans précédent qu'il a lancée samedi soir contre Israël.
"Nous ne pouvons pas rester les bras croisés face à une telle agression, l'Iran ne sortira pas indemne" de son attaque, a déclaré le porte-parole de l'armée Daniel Hagari, lors d'une visite organisée pour les médias sur une base dans le sud d'Israël. "Tirer 110 missiles directement sur Israël ne restera pas impuni. Nous répondrons au moment, au lieu et à la manière que nous choisirons."
16:24 heure de Beyrouth
Les secouristes de l'organisation des "scouts al-Rissala", affiliés au mouvement Amal, ont annoncé avoir "participé aux opérations de secours après la frappe israélienne à Aïn Baal". Les victimes ont été transférées dans les hôpitaux de la région.
15:57 heure de Beyrouth
Washington "n'hésitera pas", avec ses alliés, à renforcer les sanctions contre l'Iran après son attaque contre Israël, devrait déclarer aujourd'hui la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen, dans un discours dont des extraits ont été publiés en amont.
"Le Trésor n'hésitera pas à travailler avec nos alliés pour utiliser notre pouvoir de sanctions afin de continuer à perturber les activités malveillantes et déstabilisatrices du régime iranien", avertira la ministre de l'Economie et des Finances de Joe Biden, en préambule à une conférence de presse organisée au premier jour des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale.
15:54 heure de Beyrouth
Le Hezbollah a annoncé avoir lancé, à 14h45, une "attaque aérienne au moyen de drones" contre un "système de défense aérien" dans le village de Beit Hillel, dans le nord d'Israël, face à Houla, dans le caza de Marjeyoun. Selon le parti, cette attaque a "touché des plateformes du Dôme de fer, tuant et blessant des personnes".
Le Haaretz, citant l'armée israélienne, avait rapporté précédemment que l'explosion de deux drones dans le nord d'Israël avait blessé trois personnes.
15:51 heure de Beyrouth
Ce que l'on sait jusqu'à présent sur la frappe ciblée sur une voiture, à Aïn Baal, au sud-est de Tyr :
- Une personne a été tuée et deux autres légèrement blessées, selon une source sécuritaire.
- Les deux blessés se trouvaient à proximité de la voiture lorsqu'elle a été frappée par un missile tiré depuis un drone.
- L'identité de la victime qui se trouvait dans la voiture ciblée n'était pas immédiatement connue.
15:23 heure de Beyrouth
Après une matinée et un début d'après-midi calmes, les hostilités ont repris à la frontière libano-israélienne.
Voici ce qui s'y est passé au cours des 40 dernières minutes :
- Un drone israélien a pris pour cible une voiture dans le village de Aïn Baal (caza de Tyr), tuant au moins une personne et en blessant une autre, ont indiqué une source de sécurité et des habitants à notre correspondant dans le Sud. Aïn Baal est situé à plus de 10 km de la frontière sud du Liban.
- Des roquettes ont été tirées depuis le Liban en direction de sites israéliens, selon une source de sécurité. Dans le même temps, le Haaretz a rapporté que deux drones ont explosé dans le nord d'Israël, blessant trois personnes. Jusqu'à présent, aucun groupe n'a revendiqué ces tirs et envoi de drones.
- Des habitants ont déclaré à L'Orient Today que des tirs d'artillerie israéliens avaient visé la périphérie de Khiam (caza de Marjeyoun).
15:00 heure de Beyrouth
Après une matinée et un début d'après-midi calmes, des roquettes ont été tirées depuis le Liban en direction de sites israéliens, selon une source sécuritaire relayée par notre correspondant dans le Sud. Dans le même temps, Haaretz a rapporté que "deux drones ont explosé dans le nord d'Israël sans déclencher d'alarme".
Du côté libanais de la frontière, des habitants ont déclaré à L'Orient Today que des tirs d'artillerie israéliens ont visé la localité de Khiam (caza de Marjeyoun).
14:48 heure de Beyrouth
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu a dit à des nouvelles recrues de son armée, qu'Israël combat le Hamas "sans pitié", selon un communiqué de son bureau.
"Vous rejoignez Tsahal (armée israélienne, NDLR), dans des unités combattantes glorieuses afin de repousser un ennemi cruel, les monstres qui nous ont attaqués", a-t-il dit sur la base de Tel Hashomer (centre). "Nous les frappons en retour sans pitié et nous les vaincrons."
14:36 heure de Beyrouth
Israël "obstrue" l'accès aux victimes de l'attaque du Hamas du 7 octobre, ont dénoncé mardi des enquêteurs de l'ONU, pointant du doigt le "manque de coopération" des autorités israéliennes.
"Je déplore le fait que les personnes en Israël qui souhaitent nous parler se voient refuser cette possibilité, parce que nous ne pouvons pas entrer en Israël", a déclaré Navi Pillay, la présidente de l'enquête onusienne sur les atteintes aux droits humains dans les territoires palestiniens occupés et en Israël.
Retrouvez ici toutes les déclarations de cette responsable onusienne.
14:32 heure de Beyrouth
« Il n'y a pas eu de changement significatif dans le volume de l'aide humanitaire qui entre à Gaza, ni un meilleur accès au nord » de Gaza, a souligné l'agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) dans un communiqué.
14:32 heure de Beyrouth
Quelque 553 camions d'aide humanitaire sont entrés dans la bande de Gaza « depuis deux jours » après des « contrôles de sécurité approfondis », a annoncé l'armée israélienne, un nombre jugé insuffisant par l'ONU.
L'armée israélienne « en lien » avec l'organisme israélien chargé des affaires civiles palestiniennes (Cogat), « continue ses efforts pour permettre chaque jour le passage de centaines de camions d'aide alimentaire et humanitaire aux habitants de Gaza », a ajouté l'armée dans un communiqué, indiquant que 126 camions avaient atteint le nord de Gaza lundi soir. Cinquante-six cargaisons d'aide alimentaire ont également été parachutées dans l'enclave palestinienne, a précisé l'armée.
14:22 heure de Beyrouth
Le Hezbollah a annoncé avoir tiré des roquettes lundi soir sur un groupe de soldats israéliens déployés près du site de "Birkat Risha", face à la localité libanaise de Houla (Marjeyoun).
Jusqu'à présent, le parti chiite n'a revendiqué aucune frappe aujourd'hui et aucun tir israélien n'a été signalé sur des localités libanaises du Sud.
14:12 heure de Beyrouth
Les forces israéliennes doivent stopper « immédiatement leur participation active et leur soutien » aux attaques de colons contre des palestiniens en Cisjordanie occupée, a exigé le Haut-Commissariat aux droits de l'homme.
« Les autorités israéliennes doivent plutôt empêcher de nouvelles attaques, notamment en demandant des comptes aux responsables », a déclaré la porte-parole du Haut-Commissariat, Ravina Shamdasani, lors du briefing régulier de l'ONU à Genève. « Les personnes soupçonnées d’actes criminels, notamment de meurtre ou d’autres homicides illégaux, doivent être traduites en justice dans le cadre d’une procédure judiciaire conforme aux normes internationales relatives aux droits de l’homme, à la suite d’une enquête rapide, impartiale, indépendante, efficace et transparente », a encore déclaré le Haut-Commissariat. L'escalade dans les violences ces derniers jours en Cisjordanie est « un sujet de grave préoccupation », a insisté Mme Shamdasani.
Le ministère de la Santé de Gaza a annoncé un nouveau bilan de 33.843 personnes tuées dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien le 7 octobre.
En 24 heures, au moins 46 morts supplémentaires ont été recensés, selon un communiqué du ministère, qui fait état de 76.575 blessés en plus de six mois de guerre.
12:21 heure de Beyrouth
La ministre japonaise des Affaires étrangères a échangé au téléphone avec son homologue iranien pour exhorter son pays à "faire preuve de retenue" afin d'éviter une nouvelle escalade des tensions, selon le compte-rendu de leur conversation communiqué par Tokyo.
Il s'agit du premier échange direct entre les chefs de la diplomatie des deux pays depuis les frappes iraniennes de ce week-end contre Israël, qui a promis une riposte.
11:23 heure de Beyrouth
Le président iranien Ebrahim Raïssi a prévenu que "la moindre action" d'Israël contre "les intérêts de l'Iran" provoquerait "une réponse sévère" de son pays, selon un communiqué publié par la présidence. Israël a promis "une riposte" à l'attaque massive et sans précédent lancée par l'Iran dans la nuit de samedi à dimanche sur le territoire israélien.
Au Liban-Sud, la situation semble calme jusqu'à présent dans les localités frontalières et aucun incident n’a été signalé depuis ce matin par les sources sécuritaires.
La nuit avait, elle, été marquée par plusieurs frappes :
- Entre 23h et minuit, une frappe aérienne israélienne a ciblé la localité de Hanine, dans le caza de Bint Jbeil visant une maison de trois étages qui a été entièrement détruite. Des ambulances se sont dirigées vers les lieux, mais aucun blessé n'a été signalé.
- A minuit, des tirs d'artillerie ont visé une zone entre Deir Mimas et Kfar Kila, dans le caza de Marjeyoun. Un autre bombardement d'artillerie a eu lieu dans la vallée de Chebaa (Hasbaya).
10:45 heure de Beyrouth
Hier aux Etats-Unis, des manifestants pro-palestiniens ont bloqué leGolden Gate Bridge, le pont emblématique de la ville de San Francisco, et déployé une banderole portant les mots : "Arrêtez le monde pour Gaza".
Cette manifestation fait partie d'une initiative appelée "A15 Action", qui cherche à bloquer de nombreuses grandes villes dans le monde entier, "en solidarité avec la Palestine".
10:36 heure de Beyrouth
Le ministre des Affaires étrangères chinois Wang Yi a discuté au téléphone avec son homologue iranien, Hossein Amir-Abdollahian, selon l'agence officielle Chine nouvelle, précisant que Téhéran avait exprimé sa "volonté de retenue" après son attaque du weekend. "Il semblerait que l'Iran soit capable de bien gérer la situation et d'éviter à la région de connaître encore plus de troubles, tout en protégeant sa propre souveraineté et sa dignité", a estimé M. Wang, selon Chine nouvelle.
10:34 heure de Beyrouth
Et à Gaza, les frappes iraniennes n'ont pas du tout mis entre parenthèses l'offensive israélienne. L'armée a ainsi bombardé sans relâche l'enclave palestinienne dans la nuit.
10:33 heure de Beyrouth
Depuis dimanche, les appels se multiplient pour empêcher une riposte massive qui risquerait d'embraser davantage la région, déjà "au bord du précipice", selon le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. Après avoir fait front avec leurs alliés contre l'attaque iranienne, les Etats-Unis ont dit ne pas vouloir "d'une guerre étendue avec l'Iran", et prévenu qu'ils ne participeraient pas à une opération de représailles. "Ensemble, avec nos partenaires, nous avons vaincu cette attaque" iranienne, a affirmé le président américain Joe Biden en appelant Israël à éviter une escalade et plutôt tenter d'oeuvrer à un "cessez-le-feu" dans la bande de Gaza.
10:31 heure de Beyrouth
Hier soir, l'armée israélienne avait annoncé qu'elle allait "riposter au lancement de ces si nombreux missiles de croisière et drones sur le territoire de l'Etat d'Israël", selon des déclarations de son chef d'état-major, le général Herzi Halevi, qui visitait la base de Nevatim (sud) touchée par une frappe.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait plus tôt appelé la communauté internationale à "rester unie" face à "l'agression iranienne, qui menace la paix mondiale", après cette attaque déjouée avec l'appui de plusieurs de ses alliés, dont Washington.
10:30 heure de Beyrouth
Après les frappes iraniennes contre Israël du week-end dernier, et alors que Tel Aviv a promis d'y riposter, Israel Katz, le ministre israélien des Affaires étrangères, a écrit sur X que "parallèlement à la réponse militaire aux tirs de missiles et de drones, je mène une offensive diplomatique contre l'Iran".
"Ce matin, j'ai envoyé des lettres à 32 pays et me suis entretenu avec des dizaines de ministres des affaires étrangères et de personnalités du monde entier pour demander que des sanctions soient imposées au projet de missiles iranien et que le Corps des gardiens de la révolution islamique soit déclaré organisation terroriste, afin de freiner et d'affaiblir l'Iran". "Il faut arrêter l'Iran maintenant, avant qu'il ne soit trop tard."
10:27 heure de Beyrouth
Bonjour !
Nous sommes aujourd'hui au 193e jour de la guerre dans la bande de Gaza, et au 192e jour depuis l'ouverture d'un front au Liban-Sud entre le Hezbollah et l'armée israélienne.
Retrouvez ici notre couverture en direct des événements
21:23 heure de Beyrouth
OLJ / le 16 avril 2024 à 10h54, mis à jour à 20h28
Ciel, l’Iran vient de tomber dans le piège d’Israël avec ses feux d’artifice artificiels et superficiels. Des étoiles scintillantes pour jeter le voile sur les crimes commis par Israël et couvrir son génocide. Israël n’est plus le bourreau mais la victime. Il faut désormais le plaindre au lieu de s’en plaindre. Craindre pour lui, au lieu de le craindre.
En riposte au bombardement de son consulat à Damas, l’Iran a lancé une attaque limitée contre Israël dans la nuit du 13 au 14 avril. Les houthistes yéménites y ont participé et continuent à viser les navires de commerce « ennemis » en mer Rouge. Conscient de sa propre capacité de nuisance et de son inscription dans des enjeux locaux, le mouvement armé Ansar Allah n’est toutefois pas totalement aligné avec les intérêts de la République islamique.
13 août 2019. Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei (à droite) rencontre Mohamed Abdel Salam (2e à gauche), porte-parole des rebelles houthistes du Yémen.
Bureau du guide suprême iranien/AFP
La guerre à Gaza a donné aux houthistes, dont le nom en arabe est Ansar Allah, l’occasion de consolider leur pouvoir au Yémen et d’étendre leur influence régionale. Pour atteindre leurs objectifs, ils ont lancé des dizaines d’attaques contre la navigation en mer Rouge. Sur le plan intérieur, cela leur a permis de mobiliser un fort sentiment propalestinien au sein de la population. Au niveau régional, le mouvement a pu s’affirmer comme une puissance émergente. Il a démontré sa capacité et sa volonté d’entraver la navigation dans l’un des principaux goulots d’étranglement du commerce mondial.
Pour comprendre les intérêts et les perceptions de l’Iran concernant la crise en mer Rouge, il est utile d’examiner son approche du Yémen avant l’opération du Hamas le 7 octobre. Pour les dirigeants de la République islamique, la montée en puissance des houthistes constitue une évolution indéniablement positive. Ces derniers sont certes confrontés à des obstacles au niveau national du fait de la situation économique difficile et du mécontentement croissant dans les régions sous leur autorité. Cependant, ils sont sortis de la guerre civile et de l’intervention menée par l’Arabie saoudite depuis neuf ans comme autorité gouvernante de facto dans le nord-ouest du pays, sans concurrent politique ni militaire. Le gouvernement internationalement reconnu reste d’ailleurs, quant à lui, faible et divisé.
LÉGITIMER LE POUVOIR
Le montant exact du soutien financier de l’Iran au mouvement yéménite n’est pas connu, mais il ne dépasse probablement pas quelques centaines de millions de dollars par an depuis 2015. En fournissant aux houthistes des armes légères, des munitions et des pièces détachées pour des armes plus sophistiquées, tels des missiles et des drones, en plus de la formation et des renseignements nécessaires pour les utiliser, l’investissement limité de l’Iran lui a procuré des gains tout à fait significatifs1. C’est en partie grâce à ce soutien que les houthistes sont devenus la puissance dominante au Yémen et un acteur clé de « l’axe de la résistance » — le réseau régional de groupes armés non étatiques guidé par Téhéran.
Le fait que les houthistes aient engagé une escalade militaire en mer Rouge permet à l’Iran de maximiser le rendement de son investissement au Yémen et ne modifie donc pas son calcul global. De son point de vue, la prochaine étape reste la légitimation du pouvoir des houthistes. C’est pourquoi Téhéran soutient un processus politique entre ces derniers et l’Arabie saoudite, dont la République islamique souhaite encourager le retrait. Si ce processus a été mis de côté pour l’instant, il ne fait aucun doute que Riyad souhaite toujours se sortir de sa guerre coûteuse au Yémen. Le résultat en sera inévitablement la consolidation du pouvoir des houthistes et non un processus de réconciliation nationale qui impliquerait une dilution du pouvoir du mouvement contrôlant actuellement Sanaa. Or, au vu de leurs récentes interventions, les houthistes seront en mesure d’obtenir encore plus de concessions de la part de Riyad lorsque les pourparlers finiront par reprendre.
INSTITUTIONNALISATION DE « L’AXE DE LA RÉSISTANCE »
L’émergence des houthistes en tant qu’acteur régional puissant profite également à l’Iran au-delà des frontières du Yémen, en renforçant ses capacités de dissuasion et son aptitude à imposer des coûts à ses rivaux américains, israéliens et saoudiens. Elle indique qu’en plus du détroit d’Ormuz, l’Iran et ses partenaires peuvent perturber la navigation dans un autre point névralgique, le détroit de Bab Al-Mandeb, qui relie le golfe d’Aden à la mer Rouge, et par lequel transite environ 12 % du commerce maritime mondial.
La démonstration par les houthistes de leurs capacités régionales et l’intensification de leurs liens avec d’autres partenaires iraniens, en particulier le Hamas et le Hezbollah, confirment la tendance à l’institutionnalisation de « l’axe de la résistance ». Enfin, la capacité du mouvement yéménite à se positionner en tant que champion de la cause palestinienne renforce le récit porté par ces acteurs issus de différents coins du Proche-Orient. Les houthistes tirent ainsi parti d’une position véritablement populaire au Yémen et dans l’ensemble du monde arabe, au moment où leurs rivaux, forcément alignés sur les États-Unis, se montrent moins engagés dans la défense des droits des Palestiniens.
UN PARI QUI DEMEURE AUDACIEUX
Malgré ces avancées, les récents événements survenus en mer Rouge présentent des risques pour l’Iran. Le principe dominant de la politique étrangère de la République islamique est d’éviter une confrontation directe avec les États-Unis, compte tenu de la grande asymétrie de puissance entre les deux pays. Le soutien apporté aux groupes armés non étatiques dans toute la région lui permet de repousser l’insécurité au-delà de ses propres frontières. Car ses dirigeants comprennent qu’en cas d’escalade majeure, les États-Unis ont en fin de compte la capacité de causer beaucoup plus de dégâts. C’est en partie la raison pour laquelle l’Iran a encouragé le Hezbollah à ne pas intensifier son conflit avec Israël, une retenue compatible avec les intérêts intérieurs actuels du parti libanais.
C’est dans ce contexte que la démesure des actions houthistes présente des risques pour l’Iran. Ceux-ci estiment à juste titre qu’aucun acteur au Yémen ne peut les défier. Non seulement ils peuvent résister à des frappes aériennes limitées de la part des États-Unis et du Royaume-Uni, mais ils peuvent aussi tirer profit de ces attaques sur le plan politique. En ce sens, leur tolérance au risque est plus élevée que celle de l’Iran, qui cherche davantage à éviter l’escalade. L’Iran est également conscient que le Hamas subit des dommages militaires importants et a perdu la capacité de gouverner la bande de Gaza. Ce sont-là deux leviers importants dans le jeu régional de Téhéran qui souhaite ainsi éviter que les houthistes ne subissent davantage de dommages au-delà des bombardements américano-britanniques.
UN CALIBRAGE MINUTIEUX
L’équilibre idéal pour la République islamique est une zone grise dans laquelle les houthistes, comme d’autres groupes armés pro-iraniens, provoquent l’Arabie saoudite, Israël et les États-Unis, et contribuent à les enliser dans des conflits aussi coûteux que possible. Pendant ce temps, « l’axe de la résistance » marque des points sur le plan rhétorique, renforçant sa popularité. Une telle mécanique permet à l’Iran de faire pression directement et indirectement sur ses rivaux et de leur imposer des coûts, tout en évitant une escalade qui lui serait coûteuse. C’est probablement la raison pour laquelle, comme l’ont suggéré de récents articles2, l’Iran s’est efforcé de maîtriser certaines des milices qu’il soutient en Irak. Celles-ci avaient poussé le bouchon trop loin, augmentant le risque d’une nouvelle escalade.
Cet exercice de calibrage minutieux ravive l’ancien débat sur le niveau d’influence opérationnelle et stratégique que l’Iran exerce à l’égard des houthistes. Certains analystes considèrent ces derniers comme des mandataires et affirment que Téhéran, sans nécessairement les contrôler directement, exerce une influence majeure. Les récents événements plaident néanmoins en faveur d’un point de vue plus nuancé. Farouchement nationalistes tout en bénéficiant d’une aide iranienne importante, les houthistes sont devenus un acteur puissant de plus en plus indépendant. Il serait donc davantage judicieux de les qualifier de partenaires. Malgré quelques divergences, leurs intérêts sont pour la plupart alignés et ils collaborent étroitement dans une même quête.
L’objectif principal de la politique étrangère iranienne reste de limiter la marge de manœuvre des États-Unis en augmentant les coûts réels ou potentiels de leurs actions, de même qu’en les forçant à faire de mauvais choix et à adopter des politiques préjudiciables. C’est dans cette situation que l’Iran a contribué à pousser les États-Unis dans la mer Rouge. Washington se retrouve désormais empêtré dans la guerre au Yémen en bombardant les houthistes, avec des chances de succès limitées. Sachant qu’Israël est embourbé dans une guerre coûteuse à Gaza, et que les houthistes ont émergé comme une puissance régionale réalisant d’importants gains en termes de propagande, l’objectif de la République islamique est désormais de protéger les acquis de ses alliés tout en minimisant les pertes : effectives pour ce qui concerne le cas du Hamas, potentielles dans le cas des houthistes. L’équilibre demeure donc précaire.
THOMAS JUNEAU
Professeur associé à l’Université d’Ottawa (Canada)
Considérant devoir sauver la face après l’attaque de son consulat à Damas, le 1er avril, la République islamique d’Iran a mené ses frappes sur Israël en cherchant à éviter un embrasement régional. L’événement est cependant historique et un cap a été franchi : la guerre de l’ombre pourrait devenir une guerre ouverte.
AvecAvec l’opération « Promesse honnête », Téhéran s’est vengé. Le Guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, l’a lui-même ouvertement reconnu. Dans les minutes qui ont suivi le début de l’attaque, samedi soir, de l’Iran contre Israël, il a ainsi réitéré sur son compte X la menace qu’il avait lancée quelques jours auparavant : « Le régime diabolique va être puni. » Mais c’est une vengeance soigneusement calibrée, stratégiquement calculée pour éviter une réelle escalade régionale, et non pas destinée à infliger des dommages sérieux à l’État hébreu.
Pour Téhéran, il s’agissait de montrer à Israël qu’il n’acceptait plus de voir ses officiers supérieurs éliminés les uns après les autres sur les territoires syrien et libanais. Et tout autant de témoigner à ses alliés régionaux, las d’encaisser des coups durs sans réponse iranienne, qu’il avait la capacité de frapper son ennemi et de le faire par une opération d’envergure. Un message à destination, aussi, de la population iranienne.
Il demeure qu’un cap a été franchi. Pour la première fois dans son histoire, la République islamique d’Iran, en lançant plusieurs centaines de drones et missiles, a mené une attaque directe, massive, d’État à État, contre Israël.
La guerre a donc changé de visage, même si pour Téhéran il ne s’agissait que d’une opération de représailles en réponse à l’assassinat, le 1er avril, dans le consulat iranien de Damas, de deux généraux et d’une dizaine d’autres personnes, dont sept officiers de la force Al-Qods (nom arabe de Jérusalem), branche des Gardiens de la révolution chargée des opérations extérieures de la République islamique.
Effrayer, tout en mesurant le risque d’escalade
Jusqu’à présent, prévalait une guerre de l’ombre qui, du côté de Téhéran, était menée essentiellement, et avec son soutien, par ses mandataires (les houthis yéménites, certaines milices chiites irakiennes…) et ses alliés régionaux – le Hezbollah libanais et, dans une moindre mesure, Damas. Désormais, le conflit sort en pleine lumière pour s’ouvrir sur un nouveau cycle, celui de la possibilité d’une guerre ouverte, en particulier si Israël s’emploie à riposter. Un haut responsable israélien a d’ores et déjà déclaré qu'il y aura une « réponse significative », selon Reuters citant une chaîne israélienne.
Après l’attaque du consulat de Damas, menée en pleine journée par des chasseurs israéliens, Téhéran avait aussitôt fait valoir que c’était le territoire iranien qui avait été touché, l’enclave bénéficiant d’une protection et d’une inviolabilité diplomatiques, et son personnel d’une immunité. Le ministre iranien des affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, n’avait d’ailleurs pas manqué, dès le lendemain, de qualifier l’attaque israélienne de « violation de toutes les obligations et conventions internationales ».
En s’attaquant au territoire israélien, les dirigeants iraniens estiment dès lors être dans leur droit. « La punition de l’agresseur s’est réalisée », s’est ainsi félicité le président iranien Ebrahim Raïssi, dans un communiqué publié dimanche 14 avril.
La frappe israélienne, selon divers experts, conjuguée à celles des mois précédents, avait gravement affecté la chaîne de commandement de la force Al-Qods, notamment pour ce qui concerne le ravitaillement des groupes pro-iraniens dans la région.
Mais si l’Iran a renoncé à son concept de « patience stratégique », qui lui permettait de justifier son absence de réponse aux précédentes attaques israélienne, il ne semble pas vouloir pour autant s’engager dans une guerre déclarée avec Tel-Aviv. « L’affaire peut être considérée comme close », a fait savoir sur X la mission permanente de la République islamique d’Iran auprès des Nations unies.
« Toutefois, si le régime israélien commet une nouvelle erreur, la réponse de l'Iran sera considérablement plus sévère. Il s’agit d’un conflit entre l’Iran et le régime israélien voyou, dont les États-Unis doivent se tenir à l’écart », ajoutait le communiqué. Même menace du président iranien: « Si le régime sioniste ou ses partisans faisaient preuve d’un comportement imprudent, ils recevraient une réponse décisive et bien plus forte. »
Ces avertissements ne cachent guère la crainte de Téhéran d’être entraîné dans un conflit où il aurait tout à perdre à l’heure où il s’approche de la capacité nucléaire. Selon une source interne au régime, révélée à Mediapart par un expert français, les forces armées iraniennes ne disposeraient que de capacités militaires pour tenir une soixantaine de jours face à Israël. Et elles souffrent de manquer de ressources financières, soit le nerf de la guerre.
Ainsi, le communiqué de la mission permanente de la République islamique d’Iran a été publié alors que les drones et les missiles n’avaient pas encore atteint Israël, témoignant de ce même souci de voir la région s’embraser et, dès lors, de sa faiblesse stratégique. De la même façon, perce encore davantage, dans le même texte, la peur iranienne d’une confrontation avec les États-Unis, dans le cas où ils s’engageraient aux côtés d’Israël dans une riposte.
Les deux pays partagent d’ailleurs cette même inquiétude de devoir faire face à une situation incontrôlable : un haut responsable américain a ainsi précisé au site américain Axios que le président Joe Biden a prévenu Benyamin Nétanyahou que son gouvernement s’opposerait à toute riposte de l’État hébreu contre l’Iran. Des discussions entre Washington et Téhéran, portant notamment sur le retrait des dernières forces américaines déployées en Irak, sont en cours à Mascate (sultanat d’Oman) et durent depuis au moins plusieurs mois.
Enfin, les alliés et mandataires habituels de l’Iran, les « proxies » pour reprendre l’expression consacrée, se sont montrés fort peu actifs. Le Hezbollah s’est contenté de quelques salves de roquettes tirées sur le plateau du Golan, comme il s’y emploie chaque jour depuis le 8 octobre, alors que son potentiel en missiles et roquettes – plus de 100 000 selon les estimations de certains spécialistes – constitue la menace la plus sérieuse à laquelle soit confrontée l’État hébreu. Et les roquettes tirées par les houthis contre le sud d’Israël, « en coordination » avec l’Iran, ont été des frappes plus symboliques qu’effectives.
Un conseiller du Guide suprême iranien s'est félicité samedi de "la panique totale" qui a saisi Israël dans l'attente de la riposte annoncée par Téhéran à la frappe ayant visé le consulat iranien à Damas.
"Cela fait une semaine que les sionistes sont dans une panique totale et en alerte. Ils ont arrêté l'attaque militaire sur Rafah", dans le sud de la bande de Gaza, et, "comme ils ne savent pas ce que l'Iran veut faire, eux et leurs partisans sont terrifiés", a déclaré Yahya Rahim Safavi, conseiller de l'ayatollah Ali Khamenei, cité par l'agence Isna.
"Cette guerre psychologique, médiatique et politique est pour eux plus terrifiante que la guerre elle-même, car ils attendent une attaque chaque nuit et beaucoup d'entre eux ont fui et se sont réfugiés dans des abris", a-t-il ajouté.
Téhéran a promis de "punir" Israël après la frappe attribuée à Israël contre le consulat iranien à Damas qui a fait, selon une ONG, 16 morts parmi lesquels deux généraux des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique d'Iran.
Israël est, depuis, en état d'alerte maximale et les Etats-Unis ont annoncé l'envoi de troupes supplémentaires vers le Moyen-Orient.
Le président américain Joe Biden a dit vendredi qu'il s'attendait à ce que l'Iran passe "bientôt" à l'action.
Les commentaires récents