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Rédigé le 26/12/2021 à 19:15 dans Guerre d'Algérie, HIRAK | Lien permanent | Commentaires (0)
Rédigé le 24/12/2021 à 08:51 dans Décennie noire, HIRAK | Lien permanent | Commentaires (0)
Trois jeunes hommes regardent la mer, à Alger. Crédit : Flickr CC
Depuis un an, en Algérie, les départs pour l'Espagne via la mer Méditerranée sont quotidiens. Chaque jour, des dizaines de jeunes - et parfois des familles avec enfants - fuient, à bord de petites embarcations à moteur, la morosité économique et la répression constante dans le pays. Pour certains, au péril de leur vie. La parenthèse du hirak, ce soulèvement populaire de la jeunesse algérienne en 2019 contre le régime en place, n'a pas apporté les changements escomptés.
La vie de Ryad a basculé le 21 août 2021. Ce jour-là, à 23h30, il reçoit un appel de son petit frère de 21 ans, Skander. "Il m’a dit qu’il montait dans un bateau, direction l’Espagne". D’après le jeune homme, 11e autres personnes, dont deux adolescents de 17 et 14 ans, ont pris place avec lui dans l’embarcation depuis Tipaza, à 60km à l’ouest d’Alger. "Il ne m’avait pas prévenu de son départ. Quand il me l’a annoncé, je lui ai répondu : 'Ne pars pas, reste où tu es, je viens te chercher’. Mais il a raccroché. Quand j’ai voulu rappeler, je suis tombé directement sur sa messagerie, regrette-t-il. Depuis, plus rien. Ça fait 83 jours".
Ryad et son petit frère Skander en Algérie, avant son départ pour l'Espagne. Crédit : DR
Comme Ryad, des centaines de familles algériennes attendent, dans l’angoisse, un signe de leur proche parti en mer pour rejoindre les côtes espagnoles. À l'image des proches de ces 12 personnes portées disparues depuis le 17 octobre, et le naufrage de leur embarcation au large d’Almeria. Quelques jours plus tôt, un autre bateau avec 21 migrants à bord avait chaviré près de Cadix. Seuls neuf corps ont été retrouvés.
Cette route migratoire en mer Méditerranée, empruntée depuis des années par les Algériens pour rejoindre l’Europe, a connu cette année un regain des passages, notamment ces derniers mois. Le 19 octobre, en 72h, plus de 1 200 personnes ont débarqué en Espagne, à Almeria, Murcia, Alicante et sur les îles Baléares, réparties sur une centaine d’embarcations, d’après l’ONG Heroes del Mar. Selon les autorités espagnoles, près de 10 000 Algériens au total sont entrés clandestinement sur le territoire depuis le début de l’année, soit 20 % de plus qu’il y a un an.
"La migration vers l’Espagne est un phénomène ancien mais cette année, il y a eu beaucoup plus de départs", confirme Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH). Parmi eux, de nombreux "jeunes hommes de 18 à 35 ans, originaires des villes côtières du pays, comme Oran, Mostaganem, Boumerdès ou Alger", précise Francisco José Clemente, fondateur de Heroes del Mar. Ils prennent place, par groupe de 10 à 15 personnes, à bord d’embarcations semi-rigides à moteur. "Certains embarquent même sur des bateaux pneumatiques".
Depuis cet été, les "pateras", ces petites embarcations de fortune, se remplissent aussi de femmes et d’enfants. Une "harga [migration en français, ndlr] familiale inédite", assure Saïd Salhi, qui trouve racine dans la morosité économique qui plombe l’Algérie. En 2014, les cours du pétrole chutent drastiquement. Le pays, dont l’économie est dépendante des hydrocarbures, peine depuis à sortir de la crise, malgré quelques efforts de diversification.
Conséquence, pour les Algériens : le travail manque. Ryad, tout comme son frère disparu, est la plupart du temps au chômage. Avant son départ, ils vivaient tous les deux chez leurs parents, faute de revenus suffisant. "Le matin, je me lève, et puis je passe ma journée dans le quartier, voilà, raconte-t-il. Parfois, je joue au football. Mais moi, mon rêve, c’était les Beaux-Arts. Je n’ai jamais pu le réaliser".
>> À (re)lire : Huit cadavres de migrants, dont un enfant, retrouvés sur des plages espagnoles
"Pour les personnes sans travail, c’est très dur de survivre dans le pays. Mais même pour ceux qui ont un emploi, la vie est difficile, avance Nedjib Sidi Moussa, docteur en sciences politiques. En Algérie, le droit du travail est peu respecté, et pour l’ouvrier comme le médecin, il est très compliqué de se sentir reconnu. Se projeter dans l’avenir est quasiment impossible, sans compter l’impact de la pandémie de Covid-19. Empêchés de partir de façon légale, à cause des restrictions de visas, beaucoup choisissent de prendre la mer". Et de collecter les 3 000 à 6 000 euros nécessaires, d’après le journal El Watan, pour rejoindre les côtes andalouses.
Le hirak, ce soulèvement populaire entamé en février 2019 contre le système en place, avait pourtant ravivé les espoirs de la jeunesse algérienne. "Les personnes qui pensaient à partir s’étaient ravisées. Ces manifestations de masse, chaque vendredi, promettaient un véritable changement", affirme Nedjib Sidi Moussa. Deux ans plus tard, leurs attentes ont été douchées par un système qui s’est certes fissuré, mais qui tient bon. La population, dont l’âge médian ne dépasse pas 30 ans, doit encore composer avec une classe politique vieillissante, qui campe sur les acquis de la guerre d’indépendance.
D'après Saïd Salhi, "la déception est immense", et la parenthèse, "belle et bien refermée". D’autant plus que "les libertés individuelles se sont restreintes". "La répression continue qui s’applique sur les Algériens ne fait que saper encore davantage leur moral, abonde Nedjib Sidi Moussa. Ils subissent ce qu’on appelle la 'mal vie', ce sentiment d’oppression un peu diffus, qui vous empêchent de vous projeter. Même si vous êtes en Algérie, votre esprit est ailleurs. Toutes vos ambitions sont guidées par l’ailleurs".
>> À (re)lire : En deux jours, plus de 150 migrants algériens atteignent la côte sud de l'Espagne
Cette année, tous les amis de Ryad sont partis. "À l’âge de mon frère, normalement, on est censé imaginer sa vie, ce qu’on va faire plus tard. Ici, à 18 ans, on organise son départ". Jusqu’ici, le jeune homme n’avait jamais envisagé de partir pour l’Espagne. Mais depuis le départ de Skander, il y pense "un peu plus". "Je ne veux pas partir pour travailler en Europe. Si un jour, je monte dans un bateau, ce sera uniquement pour aller chercher mon petit frère".
https://www.infomigrants.net/fr/post/36444/la-parenthese-du-hirak-refermee-les-algeriens-traversent-la-mer-pour-atteindre-leurope-au-peril-de-leur-vie
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Rédigé le 15/11/2021 à 09:45 dans HIRAK | Lien permanent | Commentaires (0)
Installée en France, la chanteuse et compositrice algérienne chante depuis plus de trente ans l’espoir, l’exil et son pays natal. Entretien.
© EDMOND SADAKA EDMOND/SIPA La chanteuse algérienne Souad Massi en concert à Paris en 2019.
Dans l’amphithéâtre d’O, à Montpellier, la native d’Alger irradie au milieu de la scène. Entourée d’un violoniste, d’un bassiste, d’un batteur et d’un joueur de darbouka, Souad Massi gratte ses délicats arpèges de guitare, son instrument de prédilection. L’autrice et compositrice algérienne installée en France depuis ses 23 ans insuffle sa mosaïque sonore, entre folk, chaâbi et musique arabo-andalouse. Un métissage qui définit celle qui croit au brassage culturel et à la liberté.
À lire Musique : et il est comment le dernier… Souad Massi ?
Dans Oumniya, qui signifie « mon rêve le plus cher » – son neuvième et dernier opus sorti en 2019 chez Naïve – elle chante aussi son pays natal, entre nostalgie et rêve de liberté. Cette artiste nomade, comme elle aime se définir, s’est produit au Soudan, où elle est l’une des rares artistes à y être tolérée, en Égypte, en Tunisie, au Maroc et surtout un peu partout en Europe, où elle s’est fait un nom à la fin des années 1990. Même sur les routes, avec en moyenne 60 à 80 dates programmées dans l’année, Souad Massi n’est jamais bien loin de la réalité du pays qui la vue naître. Entretien.
Aujourd’hui, c’est de plus en plus difficile de croire à la coexistence
Jeune Afrique : Comment êtes-vous parvenue à imposer votre style en France dans une industrie musicale qui, au regard de la musique du monde arabe, a longtemps été dominée par le raï et les divas orientales ?
Souad Massi : Alors, je n’ai pas de réponse ! Je ne sais pas ce qu’il s’est passé. Tout ce que je sais c’est que j’aime la musique. J’ai commencé à chanter à 17 ans, puis j’ai pris des cours de guitare classique. Et peu de temps après, je me suis retrouvée à jouer dans un grand festival en France [Femmes d’Algérie au Cabaret sauvage, en 1999]. J’ai eu beaucoup de chance, mais j’ai aussi beaucoup travaillé. Avec le recul, je pense que je suis arrivée en France au bon moment. À cette époque, j’étais la première femme du Maghreb qui jouait de la guitare et des chansons folk. J’étais à contre-courant du mouvement raï. L’univers a pris. Inconsciemment, je proposais une musique universelle. Même si je chante principalement en arabe, le genre folk est accessible pour une oreille occidentale. Ce public est habitué à ces sonorités. C’est la musique, avant tout, qui m’a facilité la tâche.
https://www.youtube.com/watch?v=sqA7MQb9SQY&list=OLAK5uy_msTHqnmB2isHMuUqOcGl9Vwkz4gHGQgU0&index=4
Vous jouez aussi au sein de la formation Chœurs de Cordoue créée avec le guitariste Éric Fernandez. Un nom choisi en référence à cette ville du sud de l’Espagne, symbole de brassage des cultures et des religions. Croyez-vous encore en la coexistence ?
Vous m’auriez posé la question il y a quatre ans, j’aurais été positive. Aujourd’hui, c’est de plus en plus difficile d’y croire. Les artistes essaient de travailler pour vivre ensemble, pour casser les barrières des couleurs et des langues, mais d’autres en profitent pour briser cet élan à des fins politiques. Il faut continuer malgré tout le travail.
À lire Algérie : les folles chansons d’amour et d’émigration de Mazouni, « un dandy en exil »
Dans Oumniya, vous chantez votre « pays natal » en français. Quel est votre rapport à l’exil ?
Je voudrais d’abord rendre hommage aux vrais exilés, comme mon grand-père qui est venu en France pour travailler. Lui, a souffert pour s’intégrer. Il ne connaissait pas la langue française en arrivant sur le territoire. Moi, c’est autre chose. Je travaille en France, je me sens chez moi. La France m’a donné les moyens de réussir. Quand on m’a invitée à jouer ici, j’ai été repérée par une grande maison de disques, Universal. J’ai fait le choix de signer et de rester pour chanter. Mais en Algérie, même pendant la guerre civile, je chantais ! Je prenais ma guitare et je n’avais pas peur. Aujourd’hui, j’ai peur. À 18 ans, j’étais sans doute inconsciente mais j’étais animée par une volonté de vivre et une colère aussi. Parce que j’avais envie de voir mes amis, de jouer de la musique, de m’amuser, d’étudier… Je ne voulais pas que quelqu’un décide à ma place.
À cette époque-là, avez-vous rencontré des problèmes avec les autorités lorsque vous vous produisiez sur scène ?
Certaines de mes chansons ont été censurées. Mais j’ai surtout reçu des menaces anonymes ; c’est impressionnant de recevoir des menaces de mort quand on a 18 ans. Malgré cela, je n’avais pas l’intention de partir. En revanche, j’ai ressenti le besoin d’arrêter de chanter car j’avais le sentiment que la musique ne me posait que des problèmes. J’ai repris mon métier de formation, ingénieure en bâtiment. Peu de temps après, je recevais cette invitation pour me produire en France. Je crois qu’elle est arrivée au moment opportun.
J’ai envie que la génération de mes enfants vive dans un pays libre
Vous chantez l’Algérie avec nostalgie, vous y convoquez des souvenirs de visages, d’odeurs… Vous sentez-vous rattachée à votre pays natal ?
Bien sûr. Même ici, à Montpellier, je regarde et sens les oliviers, les pins… Le Sud me ramène déjà à l’Algérie. Je suis heureuse quand j’y suis. Je ressens en effet beaucoup de nostalgie, je souhaite que ça change et que ça évolue chez moi. Je garde espoir. Il y a un vrai éveil citoyen en Algérie et on ne peut pas revenir en arrière par respect envers les journalistes qui sont retenus en prison aujourd’hui. Ce n’est pas normal que la presse soit muselée, que la liberté le soit aussi. J’ai envie que la génération de mes enfants vive dans un pays libre.
À lire Yemi Alade, « la musique est un pont entre l’Afrique et le reste du monde »
Abdelaziz Bouteflika nous a quittés le 17 septembre. La révolution suit son cours… Est-ce pour vous la mort et le renouveau de quelque chose ?
Il était déjà bien démuni et malade depuis des années. Il était absent pour moi. Je ne comprends pas qu’il ait pu rester aussi longtemps au pouvoir. Dans un pays plus développé, on n’aurait jamais toléré une chose pareille. En Afrique, tout est possible… Le constat est triste. Ce système a mené l’Algérie vers le chaos et il continue de le faire. J’espère néanmoins qu’il y aura une vraie prise de conscience. On ne pourra pas vivre suspendus et dans le flou indéfiniment.
Vous qui avez toujours chanté la liberté et l’espoir, vous y croyez encore ?
J’y crois parce que j’ai la chance de rencontrer des personnes pleines d’énergie et d’espoir qui me donne à nouveau confiance en ces valeurs fondamentales. Elles me donnent de belles leçons de vie et de courage. Il ne faut fait pas baisser les bras. L’homme a appris à marcher, à se lever et à se battre pour exister. Je me lève et j’existe en chantant.
Rédigé le 06/11/2021 à 18:31 dans Algérie, HIRAK | Lien permanent | Commentaires (0)
Maïssa Bey signe ses romans du nom de l’une de ses grand-mères maternelles, mais cette femme discrète de 80 ans a aussi reçu de son père une passion pour la langue française. Un legs que son imagination, ses talents de conteuse et son écriture flamboyante font fructifier pour composer des personnages féminins tout en retenue. Ses héroïnes portent des questions universelles et font souvent des choix pragmatiques. Ce sont des Algériennes de leur temps, avec leurs rêves et leurs contraintes.
Marquée par la mort violente de son père durant la guerre d’Algérie, l’ancienne enseignante, native de Ksar el Boukhari mais installée à Sidi Bel Abbès, avait fait le choix d’une vie tranquille jusqu’à ce que la décennie noire éveille en elle différentes réflexions et lui fasse retrouver le goût et la nécessité d’écrire. Terriblement humains, ses personnages témoignent des soubresauts, des échecs, des espoirs et des enthousiasmes qui tissent l’histoire d’une nation. Intervenant au Congrès des écrivains francophones, qui s’est tenu à Tunis fin septembre, elle livre ici sa perception de la cause des femmes, des revendications des jeunes et revient sur le mouvement du Hirak.
Jeune Afrique : Alors que vous participez aujourd’hui au Congrès des écrivains francophones, considérez-vous que le français est toujours un « butin de guerre » ?
Maïssa Bey : Il faut se méfier des formules lancées par des écrivains ; celle-ci a été énoncée dans des circonstances particulières. Kateb Yacine réagissait à une question sur son rapport à l’écriture en langue française mais on sait aussi qu’il s’est consacré à l’écriture en arabe dialectal. On considère que le français nous est dû, de par notre histoire, celle de notre pays et de ce qu’on a tenté d’éliminer avec la guerre de libération. Ce conflit, qui a délivré le pays, a permis aux hommes et aux femmes de retrouver leur dignité mais cela ne signifie pas qu’il faille remiser tout ce qui s’est passé pendant la colonisation, notamment l’apprentissage du français. Dire que la langue est un « butin de guerre » est une simple formule mais celle-ci montre que la langue fait partie d’une histoire qui a été parfaitement intégrée. Nous n’avons ni à la rejeter ni à l’exclure de notre vision du monde.
À FORCE DE MOTS ET D’IMAGINATION, ON PEUT MAÎTRISER UNE COLÈRE ET MODIFIER NOTRE RAPPORT AUX ÉVÉNEMENTS
« Ce sont la guerre d’Algérie et la prise de conscience de la brutalité de la colonisation qui ont déterminé ce que je suis aujourd’hui, et essentiellement mon rapport au monde, à la violence de ce monde », avez-vous déclaré. Est-ce que la violence continue à alimenter votre œuvre ?
Oui, elle détermine mes colères et mes prises de position, et je n’ai pas d’autre moyen que d’écrire pour les exprimer. Il ne s’agit pas de violence de manière abstraite, mais de violence parfois minime qui crée en moi cette révolte et un sentiment d’impuissance. Je ne me suis pas engagée en politique ni dans la vie publique, je n’ai pas cette force, ou cette envie de m’exposer, mais depuis toute petite, quand je me sentais contrariée, j’écrivais des histoires. Personne ne les lisait, je changeais la fin pour qu’elle soit belle, idyllique et cela m’apaisait.
En même temps je prenais conscience, avec un certain étonnement, que l’écriture avait un pouvoir formidable. À force de mots et d’imagination, on peut maîtriser une colère et modifier notre rapport aux événements.
Vous évoquez souvent le silence des femmes, vous êtes sortie du vôtre avec la décennie noire. A-t-elle été un déclencheur ?
Absolument. Deux temps se sont superposés : celui de la décennie noire et celui, plus personnel, du cap de la quarantaine. À ce stade, on n’en est plus à se soumettre aux diktats sociaux. On met à distance le fait d’être mère, épouse et enseignante, comme c’était mon cas, pendant qu’une question s’impose : « et moi, dans tout ça ? ». On s’affranchit d’un certain rapport aux autres pour renouer avec soi. Il n’est plus temps d’avoir des regrets mais de réaliser ce qui nous passionne.
Cela a été mon cas avec les livres. J’avais vécu avec les livres, pour les livres, dans les livres. Il me semblait naturel de creuser pour aller plus loin. En écrivant ce qui est devenu mon premier roman, j’ai replongé dans mes dix-huit ans ; j’ai retrouvé, avec joie et jubilation, l’écriture avec le souci des mots et du sens.
POUR BEAUCOUP ENCORE, LA FEMME EST PRÉDESTINÉE À ÊTRE EXPLOITÉE, VIOLENTÉE, RÉDUITE À UN OBJET DE DÉSIR ET DE HAINE
Qu’est-ce qu’être femme en Algérie aujourd’hui ?
Souvent on assimile le mot « femme » au mot « victime ». Pour beaucoup encore, la femme est une victime née, prédestinée à être exploitée, violentée, réduite à un objet de désir et de haine. Mais les choses sont en train de changer ; doucement mais sûrement. En dehors de l’espace public, encore hostile car essentiellement masculin, les femmes prennent en charge leur propre vie.
À Sidi Bel Abbès, à la fin des années 1970, les femmes ne travaillaient qu’en tant qu’infirmière, enseignante ou femme de ménage. Au moment de l’implantation de l’usine Sonelec, on leur a proposé des postes d’ouvrières. La violence, entre autres physique, de ceux qui n’ont pas accepté cette intrusion dans un domaine réservé aux hommes, a été inouïe. Il a fallu qu’elles s’imposent, subissent des avanies et résistent. Maintenant, le problème du travail des femmes ne se pose plus. Plus personne ne s’étonne de les voir dans différentes catégories socioprofessionnelles, et même dans la sphère politique.
La place de la femme aurait-elle pu être différente en Algérie ?
Elle aurait dû et elle aurait pu, mais la responsabilité en incombe à d’autres femmes. Celles qui ont combattu pour l’indépendance n’étaient pas préparées psychologiquement à être une véritable force, si bien qu’après l’indépendance la plupart se sont esquivées. Personne ne les y a obligées, c’était leur choix.
Hizya, le personnage de votre dernier roman, est une jeune femme qui rêve de « se fabriquer un destin sur mesure dans un monde étriqué et sombre ». C’est ainsi que vous imaginez le combat des femmes ?
Je ne l’imagine pas, il est ainsi. Avec tous les canaux d’information d’aujourd’hui, et les chaînes qui diffusent des feuilletons turcs ou égyptiens, les femmes se fabriquent d’autres façons de vivre. L’histoire, inspirée d’une chanson que chantait ma mère, s’est construite entre les rêves avortés, le monde intérieur et la vie sans réelle ambition d’une jeune fille algérienne. Même la fin est volontairement banale, conforme à la réalité.
L’émancipation est-elle une question de mentalité ? La liberté des femmes finit-elle là où commence celle des hommes, donc dans l’espace public ?
L’émancipation ne vient pas du monde occidental, elle relève de l’humain et de l’ouverture au monde. Les femmes ont fait irruption dans l’espace public, et de manière irréversible ; mais l’hostilité de certaines femmes à leur égard me semble choquante. Une position paradoxale d’autant que celles qui critiquent l’émancipation ont le pouvoir d’éduquer des enfants et risquent de transmettre des principes rétrogrades.
POUR LA PREMIÈRE FOIS, DES FEMMES ONT MARCHÉ EN SÉCURITÉ À CÔTÉ D’HOMMES QU’ELLES NE CONNAISSAIENT PAS
Les jeunes Algériennes d’aujourd’hui vous paraissent-elles différentes de leurs aînées ?
Sans aucun doute, mais avec une nuance importante : les aînées, les premières féministes, ont défriché la route, ont pris les coups et se sont battues. Elles sont à l’origine du capital d’acquis existant aujourd’hui. Les jeunes, pour la plupart, ne sont plus dans la revendication et la révolte ; elles avancent lentement comme si elles se contentaient de ce qu’elles ont alors que les choses à régler sont encore nombreuses.
Ont-elles été sensibles au mouvement du Hirak ?
Le moment a été extraordinaire et étonnant. C’est la première fois que les femmes marchaient en sécurité côte à côte avec des hommes qu’elles ne connaissaient pas. Ils les ont même protégées quand d’autres ont voulu les agresser. Ce n’était pas que des militantes féministes, ou aguerries, et conscientes de leur situation, mais des femmes de tous les horizons. Cela signifiait que toutes vivaient la même chose, subissaient les mêmes humiliations que les hommes et étaient victimes des mêmes tentatives de musèlement des libertés.
UNE NOUVELLE GÉNÉRATION JOYEUSE ET DÉTERMINÉE ÉMERGE
Elles ont été très actives, magnifiques. Quelque chose se passe et je n’ai pas envie d’envisager le contraire. Mais il y a toujours des tentatives d’étouffement, une sorte de lassitude qui s’installe et des contingences de survie immédiate, notamment économiques, qui prennent le dessus. Les contraintes sont telles que la plupart des femmes sont obligées de travailler pour subvenir à leurs besoins et ceux de leur famille mais elles continuent d’occuper le terrain des revendications.
Que reste-t-il aujourd’hui du Hirak ?
Beaucoup pensent qu’il n’en reste pas grand-chose aujourd’hui mais l’empreinte du Hirak est indélébile. On sait maintenant « qu’on est capables de » ; répression ou pas, on ne se taira plus et on peut agir dans la durée. Comme si on avait découvert une issue jusque là méconnue ; désormais on sait qu’il suffit de pousser la porte. Une nouvelle génération joyeuse et déterminée est en train d’émerger. Sous l’influence d’internet, elle met en lumière une capacité créatrice insoupçonnée. On a vu, à travers les slogans, toute l’inventivité de cette collectivité et sa mobilisation pacifique. À tout moment, le Hirak peut revenir.
Où en est l’islam politique en Algérie ?
La page n’a pas été tournée, sa représentativité au niveau des instances législatives est un fait mais en même temps l’extrémisme, qui menaçait de prendre le dessus, est mis de côté ou en grande partie évacué. L’islam politique semble avoir enrobé son discours en se disant que la victoire viendrait tôt ou tard. La menace et la violence ont disparu des discours mais la présence de l’islam dans cette société très conservatrice est forte.
ON A SAUTÉ DANS LE VIDE MAIS L’ÉLAN VERS LA LIBERTÉ A ÉTÉ BRISÉ. ALORS LES JEUNES ALGÉRIENS PARTENT
Les jeunes partent d’Algérie ou rêvent d’en partir. Cela traduit-il un échec du politique ?
C’est un échec à la mesure des espoirs qu’avait fait naître le Hirak, une déception liée au fait que rien n’a changé. Au contraire, la vie devient de plus en plus difficile et les promesses faites à ces jeunes sont restées lettre morte. C’est l’aveu de la disparition de l’espoir formidable né avec le Hirak. On se faisait une idée du changement, qui n’advient pas et qui ne risque pas d’advenir avec l’équipe actuelle. On est dans cette déception, on a sauté dans le vide mais l’élan vers la liberté a été brisé. Alors les jeunes partent.
L’essentiel en Algérie, c’est d’abord la survie, notamment physique, en raison des problèmes économiques et de l’autisme des autorités face à la parole des jeunes et des citoyens. Le pouvoir fait fonctionner les choses comme il voudrait les faire fonctionner sans tenir compte ni des propositions, ni des aspirations, ni des réalités alors que certaines réalisations sont simples à mettre en place et que nul n’est consulté pour celles qui sont mises en œuvre.
https://www.jeuneafrique.com/1249731/culture/algerie-maissa-bey-on-ne-se-taira-plus-a-tout-moment-le-hirak-peut-revenir/
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Rédigé le 06/11/2021 à 17:12 dans HIRAK | Lien permanent | Commentaires (0)
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À partir du 22 février 2019, les Algériennes et les Algériens ont occupé des mois durant, chaque vendredi et souvent par millions, les rues de toutes les villes du pays pour réclamer le départ du régime en place depuis l’indépendance : « Qu’ils dégagent tous ! », « Les généraux à la poubelle ! » Un mouvement appelé « hirak » en arabe, d’une ampleur inédite dans l’histoire du monde contemporain : on n’a jamais vu en effet la majorité de la population d’un pays manifester ainsi pacifiquement pendant des mois pour exiger une authentique démocratie.
Ce livre entend rendre compte de cette extraordinaire ébullition, qui a sidéré tous les observateurs. Il réunit les contributions de journalistes et professionnels algériens ayant vécu sur place le mouvement, ainsi que celles de spécialistes, algériens et français, qui observent l’actualité du pays depuis des décennies. Cet ensemble sans équivalent montre d’abord comment les mots d’ordre du hirak, exprimés de mille manières (chansons, slogans, pancartes, banderoles, etc.), ont révélé la remarquable lucidité du peuple sur la nature du régime : ils disent bien comment, depuis les années 1980, celui-ci est dirigé par une coupole mafieuse, principalement composée par les chefs de l’armée et de la police politique, réunis autour du partage des circuits de corruption. Une coupole qui se cache derrière une façade politique civile constituant une fausse démocratie à base de ministres et de partis, « laïques » ou « islamiques », sans aucune autonomie réelle.
Après avoir rappelé les évolutions récentes de ce régime, qui permettent de comprendre les origines profondes du soulèvement, les auteurs rendent compte de ses multiples facettes, comme l’inventivité et l’humour des manifestant.e.s, la place essentielle des jeunes et des femmes ou la revendication centrale de parachever la libération nationale de 1962. Sans négliger le rôle de la presse et des réseaux sociaux, ni les ripostes à la répression exercée par les forces de sécurité. En se concluant par une série de révélations sur les effets du hirak au sein du pouvoir (règlements de comptes à la tête de l’armée et de la police politique, arrestations d’oligarques liés aux réseaux de corruption de certains clans…), ainsi que sur les réactions des grandes puissances, cet ouvrage très accessible apporte des clés essentielles pour comprendre l’un des plus puissants mouvements sociaux de l’histoire moderne.
Omar Benderra (économiste), François Gèze (éditeur), Rafik Lebdjaoui (journaliste) et Salima Mellah (journaliste) sont membres de l’association Algeria-Watch, créée en 1997 pour dénoncer les violations des droits humains en Algérie et faire connaître les réalités de son régime et de sa société. Son site <Algeria-watch.org> est considéré comme une référence incontournable par de nombreux acteurs, en particulier en Algérie même.
Les contributeurs : Zineb Azouz, Houari Barti, Abdelghani Badi, Omar Benderra, Amine Bendjoudi, Hocine Dziri, José Garçon, François Gèze, Hadj Ghermoul, Rafik Lebdjaoui, Hocine Malti, Hassina Mechaï, Mohamed Mehdi, Salima Mellah, Ahmed Selmane, Habib Souaïdia.
Introduction. Le hirak du peuple algérien, un tournant historique, par Omar Benderra, François Gèze, Rafik Lebdjaoui, Salima Mellah
I. AUX ORIGINES DU MOUVEMENT
1. Le rôle majeur du traumatisme de la « sale guerre » des années 1990, par Salima Mellah
Entre 1992 et le début des années 2000, l’Algérie a connu une guerre contre les civils qui a causé environ 200 000 morts, près de 20 000 disparus, des centaines de milliers de déplacés, des dizaines de milliers de torturés et de déportés. S’il est indéniable qu’une partie de ces violences a été le fait de groupes armés se réclamant de l’islam, les principaux responsables ont été les forces spéciales de l’armée, les services de renseignements, les milices, les escadrons de la mort ou les faux groupes armés. Avec le président Abdelaziz Bouteflika, la « réconciliation nationale » de 2006 a codifié l’impunité pour tous les criminels, militaires ou non. La société algérienne subit encore ce lourd passif de ces années sanglantes, dont la mémoire est présente dans toutes les familles qui se sont mobilisées dans le hirak.
2. Un régime opaque et corrompu, habité d’un profond mépris du peuple, par José Garçon
Les slogans des manifestations du hirak ont révélé la remarquable lucidité du peuple sur la nature du régime. Ils expriment parfaitement que, depuis l’indépendance, les chefs de l’armée et de la police politique contrôlent seuls le pouvoir. Et que, depuis les années 1980, ils sont devenus une coupole mafieuse, réunis autour du partage des milliards de dollars de la corruption et d’un profond mépris de la population. Malgré les « luttes de clans » permanentes au sein de la coupole, celle-ci est longtemps restée unie autour de l’essentiel : préserver la captation de la rente. Mais après avoir installé en 1999 Abdelaziz Bouteflika à la tête de la vitrine civile du régime, les « clans » ne sont pas parvenus à s’entendre pour lui trouver un successeur, d’où sa reconduction au fil d’élections truquées, alors même qu’il était devenu aphasique en 2013. L’absurdité de l’élection, prévue le 18 avril 2019, de Bouteflika pour un « cinquième mandat » aura été le déclencheur du hirak.
3. Une démocratie de façade, une société verrouillée, par François Gèze
Après la « sale guerre » des années 1990, le régime algérien a mis en place une nouvelle façade politique civile composée de représentants des partis officiels. Mais ces acteurs n’ont aucune autonomie réelle, pas plus que ceux constituant la prétendue « opposition » parlementaire : tous sont cantonnés (comme les médias réputés « indépendants ») par les « décideurs » militaires dans un espace aux « lignes rouges » étroitement définies. Parallèlement, les tentatives de création d’organisations vraiment indépendantes (syndicats autonomes, mouvements de jeunesse, comités de chômeurs, etc.) n’ont pas manqué depuis vingt ans. Mais à chaque fois, les initiateurs de ces groupes ont été sévèrement réprimés par la police ; ou alors, leur organisation a été neutralisée par la technique du « clonage ». Un très étrange paysage politique que les médias internationaux, en particulier français, cible de la désinformation efficace organisée par la police politique du régime, ont trop souvent peiné à décrypter.
4. La banqueroute au bout de la dictature, par Omar Benderra
La longue embellie financière des années 2000 a essentiellement bénéficié à une caste d’intermédiaires et d’affairistes parasitaires, le régime Bouteflika s’étant révélé incapable de stimuler la production locale, l’investissement et la création d’emplois. L’économie reste toujours totalement dépendante des hydrocarbures. Mais cette incapacité n’est pas seulement imputable aux errements d’un règne qui a duré vingt ans. Les prodromes de la faillite remontent aux années 1960. La dérive s’est accentuée dans les années 1980, avec la mainmise des réseaux de corruption sur le commerce extérieur. Malgré l’utilisation de la rente pétrolière pour tenter d’« acheter » la population et l’entretien d’une économie informelle favorable à la fois au maintien de la corruption et au contrôle de la société, la menace d’une déroute économique catastrophique est l’un des ingrédients importants de la révolte populaire de 2019.
5. Une insurrection qui n’est pas tombée du ciel, par Ahmed Selmane
Depuis les années 2000, les manifestations d’opposition populaire au régime, mal couvertes par les médias algériens et internationaux, se sont multipliées sous des formes très diverses : explosion à partir de 2003-2004 de milliers d’émeutes locales pour l’eau, le logement, la voirie, etc. ; mobilisations de chômeurs en quête d’emplois ; multiplication des conflits sociaux depuis 2010, notamment à l’initiative des syndicats autonomes ; manifestations de rue contre la vie chère en 2011 ; mobilisations à partir de 2014-2015 contre l’exploitation de gaz de schiste dans le Sud ; slogans anti-pouvoir dans les stades de football ; succès croissants des rappeurs et youtubeurs ultracritiques sur le Web… C’est l’accumulation de ces mouvements, conjuguée avec la hogra (le mépris) de plus en plus désinhibée du pouvoir à l’égard de la population qui a créé les conditions du surgissement du hirak.
II. UN MOUVEMENT D’UNE PUISSANCE EXTRAORDINAIRE
6. À Constantine, le réveil politique de la cité, par Zineb Azouz
À Constantine, ville marquée par d’insupportables inégalités et où la vie politique était devenue inexistante, le hirak a puissamment revitalisé une population étouffée, qui s’était résignée au désordre urbain et à la répression. La mobilisation y a évolué au fil des mois, permettant notamment aux familles de disparus d’y occuper une place éminente.
7. « À Oran, le hirak nous a réveillés de notre torpeur », par Houari Barti
Des acteurs du hirak oranais témoignent ici du bouleversement qu’il a signifié pour la population, qui a reconquis l’espace public et multiplié les initiatives citoyennes.
8. Quand les artistes deviennent partie prenante du hirak, par Rafik Lebdjaoui
Formidable mobilisation populaire, le hirak a été également l’occasion d’une stupéfiante effervescence de créations artistiques de haut vol, en particulier de chanteurs et de graphistes. Grâce à la puissance de leur force émotive, leur audience considérable sur le Web et les réseaux sociaux, en Algérie comme dans le reste du monde, a contribué de façon décisive à souder les « marcheurs » des vendredis et des mardis, ainsi qu’à populariser leur détermination à l’échelle internationale.
9. Trois fragments de vie à l’ombre du hirak, par Mohamed Mehdi
Rafik, Amar, Dahmane : trois parcours de vie de fracassés du « système », représentatifs de millions d’autres qui ont manifesté avec détermination depuis le 22 Février pour dire leur espoir premier : que l’État et son administration cessent enfin de leur « compliquer l’existence » afin qu’ils puissent assurer un avenir serein à leurs enfants.
10. La résurgence de la mémoire de la lutte contre le colonialisme français, par Hassina Mechaï
Dès le début du mouvement, la référence à l’histoire de la longue lutte contre le colonialisme français (avant comme pendant la guerre de libération) a été constante, en particulier chez les plus jeunes manifestants : évocation d’une « seconde libération », présence célébrée d’anciennes moudjahidine, réappropriation de la figure des héros de la Révolution dont la mémoire avait été confisquée par le régime et que le peuple entend se réapproprier pour construire une authentique démocratie.
11. Entretien : une répression ciblée, la justice instrumentalisée, par Me Abdelghani Badi
Me Abdelghani Badi, avocat à la Cour d’Alger et militant des droits de l’homme, a été très impliqué, dès le début du mouvement, dans la défense de manifestants interpellés par la police et souvent incarcérés et condamnés. Dans cet entretien qu’il nous a accordé le 15 octobre 2019, il s’explique sur les formes de répression ciblée mise en œuvre par le pouvoir. Et il dénonce la soumission du pouvoir judiciaire à l’état-major, en particulier dans les multiples procédures engagées contre d’anciens ministres, d’anciens chefs militaires tombés en disgrâce et des oligarques.
12. Entretien : « Ce peuple ne rentrera pas chez lui tant qu’il n’aura pas trouvé sa dignité », par Hadj Ghermoul
Hadj Ghermoul est le premier détenu d’opinion du hirak, avant même qu’il ait commencé. Arrêté le 29 janvier 2019 pour avoir brandi une pancarte rejetant le cinquième mandat de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika, il a passé six mois en prison. Dans cet entretien qu’il nous a accordé le 26 octobre 2019, il s’explique sur son engagement et ses espoirs.
13. La couverture très orientée du hirak par les médias algériens, par Hocine Dziri
Depuis les années 1990, les médias publics et privés algériens sont d’abord caractérisés par les liens organiques entre les patrons de presse et les cercles du pouvoir. Ils ont été au cœur de la machine de propagande de la guerre contre les civils des années 1990, avant d’être ensuite les fidèles relais du régime Bouteflika et de ses réseaux corrompus. Il n’est donc pas surprenant que leur « couverture » du hirak ait été très orientée, principalement marquée par la désinformation, les manipulations et le dénigrement des manifestants. D’où les dénonciations de ces derniers, convaincus que ces médias constituent un obstacle majeur à la transition démocratique, voire participent de la menace qui pèse sur la cohésion sociale et la sécurité nationale.
14. Les « mouches électroniques » de la police politique sur les réseaux sociaux, par Amine Bendjoudi
Les réseaux sociaux, en particulier Facebook, ont joué un rôle essentiel dans le développement du hirak en permettant aux activistes de faire circuler l’information très rapidement. Mais ils ont également été utilisés par les « mouches électroniques » souvent produites par les agents de la police politique pour contrer ces activistes, diffuser des fake news ou tenter de diviser le mouvement. Sans toutefois parvenir à des résultats probants.
III. LES RÉACTIONS DU RÉGIME ET DES PUISSANCES ÉTRANGÈRES
15. La spectaculaire et ambivalente offensive anticorruption, une grande victoire du hirak, par Hocine Malti
Pris au dépourvu par la puissance du mouvement populaire, les décideurs militaires ont d’abord tenté de sauver leurs têtes en faisant d’importantes concessions : abandon du cinquième mandat de Bouteflika, démission du gouvernement, report de l’élection présidentielle. Puis en procédant à de très nombreuses arrestations d’hommes d’affaires et d’anciens ministres accusés de corruption, ainsi que de hauts responsables militaires accusés bizarrement beaucoup plus de « complot » que de corruption. Mais cette épuration, restée partielle, a surtout montré que les membres du noyau dur du régime, autour de l’état-major de l’armée, restaient déterminés à préserver l’essentiel du système de gouvernance du régime Bouteflika, largement fondé sur la corruption généralisée.
16. Face à la mobilisation populaire, un pouvoir fragilisé par les luttes de clans, par Habib Souaïdia
Comment les responsables du régime ont-ils réagi face au hirak ? Pour répondre à cette question, il est essentiel de revenir sur les très opaques luttes de clans en son sein depuis les années 2000, dont on sait désormais l’essentiel. Habib Souaïdia en donne ici les clés, détaillant les étapes du long conflit entre les chefs de l’état-major de l’armée et ceux de la police politique. Un conflit notamment marqué en 2018 et 2019 par une succession de purges majuscules au sein de leurs directions, visant à préserver l’essentiel du pouvoir des chefs militaires ayant accaparé la rente pétrolière. Mais un conflit qui semblait aussi sans solution face à l’extraordinaire mobilisation de la population.
17. La périlleuse mise à nu d’un ordonnancement mafieux, par José Garçon
L’ampleur des ébranlements provoqués par le hirak dans les hautes sphères du régime a notamment eu comme conséquence majeure de mettre à nu la réalité de sa nature militaire, auparavant méthodiquement occultée. Avec comme effet la fin du consensus entre les clans du pouvoir, jusque-là garant de sa force, ouvrant donc une phase de grande incertitude.
18. Le hirak sur la scène internationale, par Omar Benderra
Le hirak a replacé l’Algérie sous le feu des projecteurs médiatiques. La place et le rôle du pays sur l’échiquier politico-diplomatique sont cependant assez peu évoqués, l’intérêt de la presse internationale se concentrant surtout sur le caractère massif et pacifique d’une mobilisation populaire aux formes inédites. Ce mouvement, par son originalité et son ampleur, contredit directement un certain nombre de représentations et d’idées reçues sur la société algérienne, perçue communément comme une société repliée sur ses conservatismes. Quid des effets du hirak sur la place de l’Algérie dans le concert des nations ?
Février-novembre 2019 : chronologie de la révolte populaire contre le régime algérien, par Salima Mellah
Le lexique du hirak : la bataille des mots, par Rafik Lebdjaoui
Le hirak s’est distingué par un foisonnement rarement vu de slogans, de chansons et d’humour. Les Algériens ont su trouver les mots pour formuler clairement leurs revendications et pour riposter au discours du régime. Pour autant, il faut se garder de prendre tous les slogans pour argent comptant. Car, comme le montre ce « lexique » non exhaustif des mots du hirak, les laboratoires de la police politique, toujours actifs et au service de l’état-major, se sont surpassés à leur tour pour répandre le poison de la suspicion dans les rangs du mouvement. Il faut reconnaître qu’ils ont acquis de très longue date un savoir-faire indiscutable en matière de désinformation et de manipulation des foules. Devant la détermination des manifestants, ils ont usé de nombreuses méthodes visant à fragmenter le mouvement et à l’affaiblir, puisant dans les archives de l’histoire ou inventant des concepts douteux pour frapper l’imaginaire des Algériens.
Pour en savoir plus sur l’Algérie et son histoire
Zineb Azouz, née en 1969 à Constantine, est diplômée en statistique mathématique et enseigne cette discipline à l’université de Constantine. Elle est l’auteur de nombreux articles sur la politique algérienne, la biométrie et la vaccination, publiés sur Algeria-Watch, Hoggar, AlgeriaNetwork et sur son site.
Abdelghani Badi, né en 1973, avocat à la Cour d’Alger depuis 1999, est le président du bureau d’Alger de Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme depuis 2013, et vice-président de la Fédération arabe des centres des droits de l’homme.
Houari Barti, né en 1973 à Oran, est journaliste au Quotidien d’Oran depuis 2004.
Omar Benderra, né en 1952, économiste, ancien président de Banque publique en Algérie, a été chargé de 1989 à 1991 de la renégociation de la dette nationale. Consultant indépendant, il est l’auteur de nombreux articles sur la politique et l’économie algérienne. Il est membre de l’association Algeria-Watch et a publié de nombreux articles sur son site.
Amine Bendjoudi, né en 1989 à Alger, titulaire d’un master en intelligence artificielle de l’Université des sciences et de la technologie Houari Boumediene (USTHB), est photographe indépendant, scénariste et digital manager.
Hocine Dziri, né en 1972, journaliste à Alger, a publié plusieurs articles en Algérie et à l’étranger.
José Garçon, née en 1949, membre de l’Observatoire de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient à la Fondation Jean-Jaurès, journaliste à Libération de 1974 à 2008, est spécialiste du Maghreb et plus particulièrement de l’Algérie.
Hadj Ghermoul, né en 1981, père de deux enfants, milite au sein au sein du comité national pour la défense des droits des chômeurs.
François Gèze, né en 1948, éditeur, a dirigé de 1982 à 2014 les Éditions La Découverte, où il a notamment publié de nombreux livres consacrés à l’histoire de l’Algérie coloniale et à l’Algérie contemporaine. Il est membre depuis 1998 de l’association Algeria-Watch et a publié de nombreux articles sur son site.
Rafik Lebdjaoui, né en 1966, journaliste, est membre de l’association Algeria-Watch.
Hocine Malti, ingénieur des pétroles, a participé au lancement de la Sonatrach (créée en décembre 1963), dont il a été vice-président de 1972 à 1975. Aujourd’hui consultant pétrolier, il est l’auteur de Histoire secrète du pétrole algérien (La Découverte, 2010) et de nombreux articles sur l’économie algérienne.
Hassina Mechaï, née en 1978, journaliste franco-algérienne, travaille pour différents médias internationaux et français, dont LePoint.fr, Middle East Eye, Ehko, Ballast, Middle East Monitor. Elle s’intéresse à la gouvernance mondiale, à la société civile et au soft power médiatique et culturel.
Mohamed Mehdi, né en 1965, est le pseudonyme de Lazhar Djeziri, journaliste au Quotidien d’Oran. Ingénieur de formation, il a commencé le journalisme fin 1994 à L’Hebdo libéré, avant de rejoindre l’équipe de La Nation puis de Libre Algérie.
Salima Mellah, née en 1961, journaliste, a créé en 1997 l’association Algeria-Watch (et son site Internet <Algeria-Watch.org>), consacrée à la dénonciation des violations des droits humains en Algérie, qu’elle anime depuis lors. Elle est l’auteure de nombreux rapports et études sur les violations des droits humains dans les pays arabes.
Ahmed Selmane, né en 1957, politologue et journaliste, est l’auteur de plusieurs études dans des revues spécialisées sur le système politique et les médias algériens, et a notamment collaboré à l’hebdomadaire La Nation.
Habib Souaïdia, né en 1969, ancien militaire, est l’auteur de La Sale Guerre. Le témoignage d’un ancien officier des forces spéciales de l’armée algérienne (La Découverte, 2001) et de nombreux articles publiés sur le site Algeria-Watch. Il vit en France depuis 2000, où il est réfugié politique.
La Fabrique Éditions, en librairie le 21 février 2020
Sous la direction de Omar Benderra, François Gèze, Rafik Lebdjaoui et Salima Mellah
https://algeria-watch.org/?p=73058
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Rédigé le 16/07/2021 à 20:35 dans Algérie, HIRAK | Lien permanent | Commentaires (0)
Mila, je sais que tu es là… ouvre-moi. J’ai un message pour toi.
Rédigé le 29/06/2021 à 22:22 dans Guerre d'Algérie, Hadjout / Marengo, HIRAK, Lejournal Depersonne | Lien permanent | Commentaires (0)
Des sourires, des drapeaux algériens, un slogan : « Système dégage »… et, dans un recoin de ciel, un hélicoptère, aussi discret que menaçant. La couverture de Suites algériennes plante le décor du Hirak, le mouvement de contestation populaire de 2019. Ce moment de liberté et d’effervescence est le point de départ d’une plongée vertigineuse dans six décennies d’une histoire oubliée : celle de l’Algérie indépendante, faite de brèves périodes d’espoir entrecoupées de violences fratricides et de coups d’Etat, sur fond de montée de l’islamisme radical. A travers le personnage de Paul-Yanis, journaliste pour la télévision française, Jacques Ferrandez nous accompagne dans les méandres d’un passé sombre et refoulé, reliant intimement les deux rives de la Méditerrannée. Le récit, qui s’appuie sur un travail documentaire colossal, poursuit celui des Carnets d’Orient. 1830-1954 et des Carnets d’Algérie. 1954-1962, et offre une rare fenêtre sur une histoire pétrie d’ambiguïtés et de contradictions. Adrien Le Gal
Le Monde
https://www.lemonde.fr/culture/article/2021/06/25/plongee-dans-l-histoire-hugo-en-majeste-transidentite-onze-bd-pour-bien-aborder-l-ete_6085761_3246.html
Voir aussi :
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Rédigé le 27/06/2021 à 10:59 dans HIRAK | Lien permanent | Commentaires (0)
Face à la récente explosion du nombre d’arrestations lors des manifestations du Hirak, trois avocats ont mis en place une parade juridique protégeant les manifestants, expliquent à Sputnik le militant algérien Rachid Nekkaz et Me Khelifi, l’un des avocats à l’origine du projet. Leur but: éviter une escalade de la violence.
La tension monte en Algérie à l’approche d’élections législatives contestées. Ces trois derniers vendredis, au cours des manifestations devenues habituelles du mouvement du Hirak, le nombre d’arrestations a explosé, particulièrement à Alger, mais aussi dans d’autres grandes villes du pays où elles ont été interdites.
Précédemment, les arrestations se comptaient par dizaines. Au cours des deux derniers vendredis, près de 2.000 personnes ont été interpellées, selon le Comité National pour la Libération des Détenus (CNDL) et la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH). Parmi les manifestants arrêtés, certains ont été relâchés, d’autres condamnés. Selon le CNLD, 181 détenus d’opinion croupissaient dans les prisons algériennes au jeudi 27 mai.
Le pouvoir a justifié l’interdiction des manifestations par la récente réforme constitutionnelle. Ajouté à la Constitution lors de sa révision en 2020, l’article 52 est entré en vigueur ce 9 juin sur décret du ministère de l’Intérieur.
https://twitter.com/i/status/1395767034378608640
Cette disposition exige des citoyens qu’ils déclarent simplement la tenue des manifestations en fournissant les informations nécessaires au maintien de l’ordre. Auparavant, les Algériens devaient demander une autorisation de manifestation. «Les libertés de réunion et de manifestations pacifiques sont garanties, elles s’exercent sur simple déclaration. La loi fixe les conditions et les modalités de leur exercice», stipule désormais la Constitution.
«Nous sommes passés du régime d’autorisation, propre aux dictatures, au régime déclaratif, propre aux démocraties», précise pour Sputnik Me Yacine Khelifi, avocat au barreau d’Alger.
Une mesure plus démocratique, mais à laquelle les manifestants du Hirak ne souscrivent paradoxalement pas, car ils ne reconnaissent pas la légitimité de la révision constitutionnelle. Pour eux, elle est purement formelle et souffre d’un déficit de légitimité. En effet, seuls 23% de la population a voté pour cette réforme.
Ce régime de simple déclaration de manifestation est «un acte de répression», accusait ainsi Me Abdelghani Badi, membre de collectif de défense des détenus et soutien actif du Hirak, lors d’une conférence de presse. Celui-ci estime qu’il s’agit d’une «opération systématique qui vise à incriminer le Hirak.» Même son de cloche chez Me Mostefa Bouchachi, avocat et figure connue du Hirak à Alger. Une position d’insoumission qui génère chaque vendredi un nombre considérable d’arrestations.
Face à cette situation, trois avocats algériens, Me Tarek Mektoub, Me Yacine Khelifi et Me Abdelkader Chohra, ont décidé de venir en aide aux manifestants malgré eux. Les juristes ont déclaré ce 20 mai 58 marches pacifiques et légales dans 58 wilayas (départements) entre le mardi 1er juin et samedi 12 juin de 14h et 17h, suivant les dispositions de la révision constitutionnelle. Des déclarations de manifestations tous azimuts visant à couvrir les manifestations qui pourraient avoir effectivement lieu.
Dans ces déclarations, dont Sputnik a pu consulter les accusés de réception, tout a été mentionné: date, horaires, lieux et même les slogans. Parmi ces derniers, «la libération de tous les détenus d’opinion», «l’instauration d’un État de droit et démocratique», «plaider pour la constitution d’un gouvernement de transition avec les femmes et les hommes de loi jusqu’en 2024», «la demande report des élections législatives prévues le 12 juin 2021», ainsi que «la réalisation de la souveraineté économique du pays».
«L’ingénierie juridique de la démarche est astucieuse», plaide au micro de Sputnik Rachid Nekkaz, homme politique et entrepreneur algérien. «Il faut le tampon de trois avocats reconnus comme tels, et vous pouvez déclarer une manifestation dans tout le pays.»
De fait, «ce vendredi, pour la première fois, les manifestants bénéficieront de la démarche qu’ont entreprise ces trois avocats. Ils seront protégés», se félicite celui qui a été l’une des têtes pensantes du projet.
«C’est surtout une question de protection du droit. Notre initiative, ce n’est pas un appel à la manifestation, mais c’est l’occasion de donner aux citoyens la possibilité de manifester librement», explique à Sputnik Me Yacine Khelifi, l’un des trois avocats à l’origine de l’initiative.
Et il n’est pas question pour lui de prendre parti:
«En ma qualité d’avocat, je ne représente ni le Hirak ni le gouvernement. Je représente la loi. Ce que l’on veut faire, c’est instaurer un état de droit en Algérie.»
Pour ces trois hommes de loi, la démarche vise à faire baisser l’insoutenable tension entre le gouvernement et le Hirak. Rachid Nekkaz estime qu’il y a là une occasion en or pour le Hirak de faire entendre sa voix «dans un contexte légal, dans un état de droit.»
«Le problème, c’est que l’opinion publique algérienne est instrumentalisée par une certaine élite qui n’a pas de culture politique ou juridique et qui lui dit de ne pas déclarer ces manifestations, car ce serait donner de la légitimité au pouvoir. Ce sont des âneries», déplore-t-il.
Rappelons en effet que des figures du Hirak comme Me Abdelghani Badi ou Me Mostefa Bouchachi refusent de déclarer les manifestations. Rachid Nekkaz considère que les manifestants réfractaires se pénalisent ainsi eux-mêmes, car le gouvernement est légalement en droit de réprimer.
«Le pouvoir connait très bien la psychologie du peuple algérien et sa fierté mal placée. Il savait très bien qu’en publiant le communiqué du 9 mai, par fierté, personne n’allait s’en saisir», explique l’homme d’affaires.
Face à cela, la stratégie est de «prendre au mot le pouvoir et déclarer les manifestations. Là, le gouvernement sera obligé de faire respecter sa Constitution, au risque de la violer.»
À en croire Rachid Nekkaz, le risque serait que le fossé entre le gouvernement et le mouvement du Hirak ne se creuse si les Algériens en colère ne prenaient pas le chemin légal et qu’en conséquence, aucune sortie de crise négociée ne soit possible. Dans les mémoires algériennes, la décennie 1990, qui a vu de violents combats entre le gouvernement et les mouvances islamistes, est encore fraîche:
«On est dans un pays qui a connu 250.000 morts à cause de l’absence de dialogue avec le pouvoir. Il y a une culture de la radicalité. Personnellement, je veux protéger les gens, et cela passe par un dialogue avec le pouvoir», prévient Rachid Nekkaz.
Continuer dans le refus radical de la légitimité de l’État «réveillera de vieux démons que nous pensions endormis pour de bon», explique-t-il. Symbole des potentiels conflits qui peuvent émerger à tout moment: la tenue des élections législatives le 12 juin.
Ni ce premier scrutin d’importance depuis la mise en place de la nouvelle Constitution ni ses candidats ne sont reconnus par le Hirak. Un taux de participation historiquement bas est à craindre, après les quelque 23% qui ont participé au scrutin référendaire de 2020.
Face à cela, «notre démarche consiste à protéger les citoyens pour éviter la répression policière et demander démocratiquement et légalement l’ajournement des élections législatives du 12 juin», explique notre interlocuteur.
Un premier pas espéré vers un dialogue entre les manifestants du Hirak et le pouvoir, afin d’éviter une rupture complète du contrat social algérien, dont l’issue serait une nouvelle plongée dans la violence.
https://fr.sputniknews.com/international/202106031045685158-hirak-il-faut-une-sortie-de-crise-par-letat-de-droit-sinon-nous-allons-vers-la-guerre-civile/
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Rédigé le 04/06/2021 à 16:39 dans HIRAK | Lien permanent | Commentaires (0)
Contribution d’Amar Djerrad – C’est alors que des forces sont apparues, chevauchant la vague, portant des slogans insolites et hasardeux entrant dans le cadre «printaniste» et «islamistes» exigeant qu’on «enlève tout le monde», entendre même ceux à l’origine de la déchéance du pouvoir… Des slogans surgissant curieusement au moment où les poursuites judiciaires battent leur plein.
Un livre-enquête accablant, des répliques «ad personam»
Il a fallu donc un livre-enquête bien documenté par des preuves incontestables, citant des associations et des personnalités algériennes financées par des organismes impliqués dans la «printanisation» de certains Etats pour que les mis en cause, leurs serviteurs, leurs soutiens médiatiques internes et étrangers (surtout français) répliquent, en se relayant, pour tirer à boulets rouges sur la personne de l’auteur (de ses préfaciers et de son éditeur) non pas pour apporter les preuves du contraire, mais pour dénigrer, jusqu’à l’insulte, sa personne, sa probité, son patriotisme et même ses compétences et son éducation.
Ces mensonges, matraquages que ces «opposants» algériens d’ici et de l’étranger, aidés par des officines imposantes et puissantes, injectent leur venin, en fait, depuis des années dans le but de dominer les consciences et caporaliser la jeunesse. Les voilà, par leur comportement désespéré, mis à bas par un seul livre, leur donnant des cauchemars tels que les rachado-démocrates n’ont rien trouvé comme arguments que de le qualifier, par colère et dépit, de «kouteyb» (opuscule), de pamphlet, de brochure… Logiquement, c’est aux concernés de répliquer par des preuves tangibles et non à Rachad, depuis Londres ou Genève. Le «kouteyb» vise des personnes et des associations censées de la mouvance «démocratique» et c’est les islamistes de Rachad qui interviennent, feignant le sentiment d’en être éprouvé, en ripostant par un livre de 300 pages écrit par un panel d’une dizaine de personnes ; sans avoir apporté la moindre preuve du contraire. Que des attaques ad personam.
Financements étrangers, pseudo-hirak impurs, slogans séditieux
Les citoyens patriotes doivent plutôt lire le livre du Dr Bensaada pour faire leur propre opinion et éviter de prêter l’oreille aux trompettes des félons et aux chants langoureux des sirènes qui n’attirent que les stupides et les cupides. Mieux vaut se fier à l’original qu’à son interprète ! Ils trouveront les preuves documentaires que des personnalités et associations algériennes ont bien été financées par la NED américaine liée à la CIA et par Canal France International lié au Quai d’Orsay. Il est toujours utile de le rappeler : selon les publications du Dr Bensaada : le Collectif des familles de disparus en Algérie (CFDA) a bénéficié de la NED de la somme de 462 900 dollars (entre 2001 et 2014) ; cela fait en monnaie locale plus de 6 milliards de centimes.
Le RAJ Algérie (Rassemblement actions jeunesse) a bénéficié de la NED d’un financement de 427 000 dollars entre 1997 et 2019. Soit plus de 5,6 milliards de centimes ! La LADDH (Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme Algérie) a bénéficié d’un financement de 117 000 dollars de la NED entre 2002 et 2010 (sauf en 2004). Soit plus de 1,5 milliard de centimes ! Radio M d’El-Kadi Ihsane, financée par Canal France International (CFI), qui dépend du Quai d’Orsay, entre 20 000 et 80 000 euros (soit entre 300 millions et 1 milliard de centimes). Pour cette Radio, la somme est plus proche de 80 000 euros (selon Bensaada). Alors, que peuvent-ils répondre ? Rien à ce jour.
Beaucoup restent encore à cancaner depuis l’étranger en ne cessant pas de déverser leur fiel, en espérant voir l’Algérie dans le chaos pour conforter leur thèse que rien ne marche en Algérie sans un tuteur colonialiste, islamo-khilafiste ou sans une partition. Tout ce que fait l’Algérie de «bon» est «mauvais» pour eux pendant que tout ce qu’ils «conseillent» est meilleur, en déversant leur rage et leur jalousie maladive contre tous ceux qui la défendent.
Certains sont bien d’infâmes personnages aux mains griffues et à la langue fourchue. Ils ne lâchent rien de toutes les opportunités qui se présentent à leur face et à leurs oreilles toujours aux aguets. Ils ne ratent rien des faits et actes de gouvernance et de gestion régulières pour sonner l’hallali dans l’objectif de nuire, en organisant et finançant d’hypothétiques et impurs «pseudo-Hirak» en mode «bis repetita», sans autorisation et sans organisateurs déclarés, avec slogans évolutifs vers la sédition. Pour cela, ils trompent, mentent, déforment en usant de tous les moyens abjects, en exagérant les «faits divers», en diabolisant tout ce qui vient du «pouvoir» et de «son Armée», des services de sécurité et de la justice, allant jusqu’à exacerber la maladie du Président, qui s’est soigné du Covid-19, en l’assimilant à celle de Bouteflika, lui prédisant le même sort. N’est-ce pas démoniaque ?
Pour ces individus dont le «pouvoir» ou le chaos est devenu une fixation jusqu’à la déraison, l’Algérie est bien un pays définitivement perdu pour eux.
Le changement ne passe pas par une «phase de transition» qui écarte le peuple
Est-il acceptable et logique que le Hirak original des débuts qui a regroupé des centaines de milliers de citoyens dans une douzaine de grandes villes d’Algérie criant des slogans clairs et précis comme «Non au 5e mandat», «Changement du système de gouvernance», «Yetnehaw ga3 (on les enlève tous)», «Armée et peuple des frères» puis «Poursuite judiciaire des pontes corrompus» puisse se transformer en slogans opposés après avoir obtenu l’essentiel des revendications (possibles dans l’immédiat) avec l’aide agissante de l’Armée dont on a réclamé d’assumer la responsabilité ?
C’est alors que des forces sont apparues, chevauchant la vague, portant des slogans insolites et hasardeux entrant dans le cadre «printaniste» et «islamiste», exigeant qu’on «enlève tout le monde», entendre même ceux à l’origine de la déchéance du pouvoir, le chef de l’Etat intérimaire, les ministres intérimaires, le refus de toutes nouvelles élections, même après l’élection au suffrage universel du nouveau Président ! Des slogans surgissant curieusement au moment où les poursuites judiciaires battent leur plein. Des centaines de milliers, dans au moins une douzaine de grandes villes, le «Hirak» a vu le nombre de ses manifestants se réduire comme peau de chagrin pour se limiter à ¾ des villes ne regroupant que quelques milliers, puis quelques centaines. Il faut dire que les slogans sont devenus clairement séditieux.
Contre le Président, contre l’institution militaire, en s’attaquant à ses officiers, contre les services de sécurité, les qualifiant tous de «traîtres» à la nation et au peuple, contre les législatives en préparation malgré un nouveau code électoral des plus démocratiques, avec mode de scrutin à la «proportionnelle», avec vote «préférentiel», c’est-à-dire que l’électeur algérien doit choisir son ou ses candidats au sein de sa liste préférée, bannissant ainsi le stratagème privilégiant les «têtes de liste». Ils réclament, par contre, le changement par une «phase de transition» (anticonstitutionnelle), sans vote du peuple, que dirigerait un trio de personnalités inconnues dont les noms sont balancés par un certain professeur, depuis la France.
Ce que le terrorisme le plus barbare, aidé par des forces occultes, durant plus d’une décennie, n’a pas obtenu par une guerre – contre le peuple avec ses femmes et hommes, ses intellectuels, ses cadres, ses démocrates, ses journalistes, son armée pourtant non préparée et formée durant contre la guérilla – ces «démocrato-khilafistes», incompétents et fripons croient l’obtenir par la propagande, le mensonge et la subversion ? En plus, contre un peuple immunisé et une armée, plus forte par ses hommes, son armement et son professionnalisme, reconnue puissance africaine et méditerranéenne qui compte géopolitiquement.
Si la politique algérienne, nos gouvernants, notre Armée inquiètent et dérangent à ce point ces milieux hostiles qui nous «veulent du bien», c’est que l’on est assurément, au minimum, sur la bonne voie ! Ils «battront le tambour» autant de fois qu’ils voudront, rien d’inquiétant n’arrivera
mai 31, 2021 - 11:25
https://www.algeriepatriotique.com/2021/05/31/pretentions-printanistes-et-slogans-seditieux-par-pseudo-hirak-en-mode-bis-repetita/
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Rédigé le 31/05/2021 à 22:58 dans HIRAK | Lien permanent | Commentaires (0)
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