S’il est un moment bien oublié de l’histoire de la guerre de Libération nationale, c’est assurément l’action menée par la cellule FLN d’Es-Sénia (Oran) contre un avion d’Air France qui effectuait la liaison entre Oran et Paris.
J’exprime ici toute ma reconnaissance à Mohamed Fréha qui, il y a quelques années déjà, avait attiré mon attention sur cet événement, alors hors champ historique, personne n’en avait fait mention. En effet, ni le récit national, ni les historiens, ni les journalistes n’ont évoqué «l’explosion en plein vol d’un avion commercial d’Air France !». Mohamed FREHA est bien le seul. Dans son ouvrage J’ai fait un choix, (Editions Dar el Gharb 2019, tome 2) il lui consacre sept pages. Ses principales sources étaient la mémoire des acteurs encore en vie, celle des parents des chouhada et la presse d’Oran de l’époque, (L’Echo d’Oran en particulier). Les archives du BEA (Bureau d’enquêtes et d’analyses pour la sécurité de l’aviation civile), Fonds : Enquête sur les accidents et incidents aériens de 1931 à 1967 et plus précisément le dossier Accidents matériels de 1957 intitulé à proximité de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), Armagnac (F-BAVH) 19 décembre 1957, conservées aux Archives nationales de France, ne sont pas encore consultables. Qu’en est-il des archives de la Gendarmerie française ? Qu’en est-il de celles de la Justice civile et militaire là-bas dont celles des Tribunaux permanents des forces armées (TFPA). Et ici ? Et chez nous ? Il reste à retrouver et travailler les minutes du procès.
C’est ainsi que le jeudi 19 décembre 1957, à 14 heures, affrété par Air France, un quadrimoteur « Armagnac SE » numéro 2010, immatriculé F-BAVH appartenant à la Société auxiliaire de gérance et transports aériens (SAGETA), avait quitté l’aéroport d’Oran-Es-Sénia pour Paris qu’il devait atteindre vers 20 heures. A 18 heures 15, il fut brusquement détourné vers Lyon alors qu’il survolait Clermont-Ferrand. Une déflagration venait de se produire à l’arrière de l’avion au niveau du compartiment toilettes. Selon le témoignage d’un passager, la vue des stewards et hôtesses de l’air, qui couraient dans l’allée centrale vers la queue de l’appareil avec des extincteurs à la main, inspira un moment d’inquiétude. Le vol se poursuivit normalement malgré une coupure d’électricité et la baisse soudaine de la température dans la cabine.
Un petit travail de recherches nous apprend que l’aéronef, l’Armagnac SE, avait une excellente réputation de robustesse. Il était le plus grand avion de transport français jamais construit à ce jour et avait la réputation d’avoir «servi à de très nombreux vols entre Paris et Saïgon (actuellement Ho-Chi-Minh-Ville) lors de la guerre d’Indochine, principalement dans le rapatriement des blessés et des prisonniers». A-t-il été repéré et choisi pour cela ?
Il n’en demeure pas moins que le commandant de bord décida alors de se poser à l’aéroport de Lyon-Bron, rapporte le journaliste du Monde (édition datée du 21 décembre 1957). Toujours selon le commandant de bord : «La robustesse légendaire de l’Armagnac nous a sauvés, car d’autres appareils dont la queue est plus fine auraient certainement souffert davantage ». Une photographie montre bien cette brèche de deux mètres carrés.
Débarqués, les passagers comprennent qu’ils ne sont pas à Orly et l’un d’entre eux remarque une « grande bâche qui recouvre le flanc droit du fuselage ». Ils apprennent qu’ils sont à Lyon et qu’il y avait eu une explosion dans l’arrière de l’avion. Ils sont tous interrogés par les enquêteurs de la police de l’Air. L’hypothèse d’un accident technique est écartée et celle d’une action (un attentat, disent-ils) du FLN s’impose, ce qui provoque l’intervention des agents du SDECE. Et pour cause, c’est bien une bombe qui avait explosé.
Mais il y avait aussi le fait que cet avion transportait 96 passagers et membres d’équipage parmi lesquels 67 étaient des militaires de tous grades, venus en France pour les fêtes de Noël. L’enquête reprend à l’aéroport d’Es-Sénia qui se trouvait, à cette époque encore, au sein d’une base de l’armée de l’Air. Elle est confiée dans un premier temps à la gendarmerie d’Es-Sénia et s’oriente vers le personnel civil algérien, femmes de ménage comprises. Mais les soupçons se portent vers les bagagistes qui étaient dans leur grande majorité des Algériens. Elle aboutit à la découverte d’une cellule FLN à Es-Sénia à laquelle appartenaient, entre autres, des bagagistes.
Dans son récit construit sur la base des témoignages, Mohamed Fréha nous donne des noms et un narratif assez détaillé de l’action de ces militants. Le chef de l’Organisation urbaine FLN d’Oran avait transmis à un membre de la cellule dormante d’Es-Sénia, un ordre du chef de Région. Ils devront exécuter «une action armée spectaculaire.» Lors d’une réunion, le 15 décembre, la décision fut prise de «détruire un avion de ligne en plein vol». Mais il fallait «trouver une personne insoupçonnable de préférence avec un faciès européen». Ce fut un Européen, Frédéric Ségura, militant du Parti communiste, bagagiste à l’aéroport. Mohamed Fréha nous donne six noms des membres de la cellule auxquels il ajoute un septième, Frédéric Ségura. Madame Kheira Saad Hachemi, fille d’Amar Saad Hachemi el Mhadji, condamné à mort et exécuté pour cette affaire, nous donne treize noms dont celui de F. Ségura et présente un autre comme étant le chef du réseau. Ce dernier n’est pas cité par Mohamed Fréha.
Lorsque les militants du réseau avaient été arrêtés l’un après l’autre suite à des dénonciations obtenues après de lourdes tortures, Frédéric Ségura, qui avait placé la bombe, est torturé et achevé dans les locaux de la gendarmerie. Selon un policier algérien présent lors de l’interrogatoire, Ségura n’avait donné aucun nom. «Je suis responsable de mes actes !» avait-il déclaré à ses tortionnaires du SDECE. Son corps n’a jamais été retrouvé. Après l’indépendance, le statut de martyr lui fut certes reconnu, mais son sacrifice n’est inscrit nulle part dans l’espace public d’Es-Sénia. Rien non plus sur cette action. La mémoire est impitoyable quand elle est courte et qu’elle laisse la place à l’oubli. Quant au chef de la cellule, Lakhdar Ould Abdelkader, il aurait trouvé la mort au maquis.
Lors du procès, fin mai 1958, Amar Saad Hachemi el Mhadji, gardien de nuit à l’aéroport, fut condamné à mort et guillotiné le 26 juin 1958. Il avait introduit la bombe, crime impardonnable. Dehiba Ghanem, l’artificier, qui avait fabriqué la bombe artisanale, fut condamné à la prison à perpétuité. Les quatre autres impliqués, Kermane Ali, Bahi Kouider, Zerga Hadj et Salah Mokneche, furent condamnés à de lourdes peines de prison. Quant aux quatre autres, la justice a condamné trois à des peines légères et en a acquitté un. Non seulement ils étaient dans l’ignorance de ce qui leur était demandé (transporter la bombe ou la cacher dans leur local) mais de plus ils n’étaient pas membres de la cellule FLN. Des questions restent en suspens faute d’avoir accès aux archives : l’avion a-t-il été choisi à dessein, à savoir le fait qu’il transportait des militaires ? L’objectif était-il vraiment de donner la mort aux passagers ? Sur cette question, Mohamed Fréha rapporte que, réprimandé par sa hiérarchie, l’artificier répondit : « Non seulement que le dosage n’était pas conforme à la formule, mais également la poudre utilisée était corrompue par l’humidité».
Pourtant, Le correspondant du Monde à Lyon avait alors écrit : «Des dernières portes de la cabine jusqu’à la cloison étanche, le parquet était éventré. Il s’en fallait d’une dizaine de centimètres que les gouvernes n’eussent été touchées, ce qui eut entraîné la perte du quadrimoteur». Enfin et curieusement, le passager avait conclu son témoignage en établissant un lien avec un autre événement survenu une année plus tôt: «Réagissant à la piraterie de la «France coloniale» le 22 octobre 1956, lorsqu’un avion civil qui conduisait Ahmed Ben Bella du Maroc à la Tunisie, en compagnie de Mohamed Boudiaf, Hocine Aït Ahmed, Mohamed Khider et Mostefa Lacheraf est détourné par les forces armées françaises, le FLN voulait une réciprocité spectaculaire».
Spectaculaire ? C’est bien ce qu’avait demandé le chef FLN de la Région. L’action le fut et à un point tel qu’aujourd’hui rares sont ceux qui croient qu’elle a vraiment eu lieu. Il est triste de constater que cette opération qui a causé la mort de deux militants : Frédéric Ségura et Amar Saad Hachemi, n’est inscrite ni dans notre récit national ni dans la mémoire locale. Il nous faut visiter le musée créé par Mohamed Fréha au boulevard Emir Abdelkader à Oran pour y trouver des traces. Ces martyrs et leurs frères du réseau d’Es-Sénia méritent la reconnaissance de la Nation. Peut-être alors que leurs frères d’Es-Sénia et d’Oran leur rendront hommage à leur tour. Inch’a Allah !
par Fouad Soufi
Sous-directeur à la DG des Archives Nationales à la retraite - Ancien chercheur associé au CRASC Oran
Vous connaissez Djamila Boupacha ? Agente de liaison du Front de Libération Nationale, Djamila Boupacha est un emblème du combat des Algérien·nes pour l’indépendance de leur pays. Son procès est le dernier grand procès de cette guerre qui ne dit pas son nom. Le procès Boupacha est une étape importante du combat pour la qualification juridique du viol comme sévice spécifique.
Une bombe est désamorcée avant d’exploser à la Brasserie des Facultés.
Aucune victime.
Dans la nuit du 10 au 11 février 1960, une cinquantaine de militaires et policiers français, font irruption chez les parents de Djamila qui vient tout juste d'avoir 22 ans.
Djamila est emmenée à El-Biar où elle est rouée de coups et piétinée avant d’être transférée à Hussein-Dey. Pendant 33 jours, trois harkis, deux militaires français et trois inspecteurs en civil lui administrent "le second degré" : torture électrique, coups de poing, brûlures de cigarettes s’alternent. Puis, viennent "la baignoire" et les viols sous la forme du "supplice de la bouteille". Ses tortionnaires ne manquent ni d’imagination ni d’expérience.
Chef d’accusation : association de malfaiteurs et tentative d’homicide volontaire.
Pour ce "crime", la militante du Front de Libération Nationale encourt la peine de mort. Pas l’ombre d’une preuve. Aucun témoin ne l’a identifiée. Il faut des aveux pour l’incriminer.
Ils finissent par les obtenir.
Djamila Boupacha comparaît devant un juge d’instruction le 15 mars 1960. Elle ne rencontre son avocate que deux mois plus tard.
A la prison de Barberousse, Gisèle Halimi écoute le récit de Djamila et met au point une stratégie de défense : médiatiser l’affaire. L’objectif est triple : démontrer que ses aveux ont été extorqués sous la torture et ainsi lui éviter la condamnation à mort, dénoncer les violences physiques et sexuelles qu’elle a subies, et faire punir les tortionnaires.
Gisèle Halimi réclame aussi une enquête. Un grand nombre de témoins dont elle cite les noms et les adresses sont prêts à confirmer les faits rapportés par sa cliente.
Djamila Boupacha déclare publiquement avoir été violée en dépit des tabous autour du corps des femmes et la sacralisation de la virginité. Alors que les viols font partie de la répression coloniale, c’est le seul cas de viol médiatisé de la guerre d’Algérie et c’est la première fois qu’on politise des questions sexuelles en interrogeant le viol comme sévice spécifique.
Djamila le fait pour des raisons politiques : faire avancer la lutte pour l’indépendance de son pays.
En quelques semaines, Gisèle Halimi réussit à faire du sort de sa cliente une grande cause. Elle crée avec Simone de Beauvoir le Comité de Défense pour Djamila. Nombreux·ses sont les intellectuel·les et artistes qui s’y engagent : Louis Aragon, Jean-Paul Sartre, Elsa Triolet, Geneviève de Gaulle, Gabriel Marcel, Germaine Tillion…
Le Comité demande en premier lieu le transfert en France du procès de Djamila. S’il se tient en Algérie, sa mort est certaine : ses bourreaux ont tout intérêt à ce que l’affaire ne s’ébruite pas.
Simone Veil, alors magistrate déléguée au ministère de la Justice, obtient le dessaisissement du Tribunal militaire d’Alger au profit du Parquet de Caen et le transfert de Djamila en France.
Lors de son procès, en juin 1961, Djamila identifie formellement ses tortionnaires.
L’affaire prend une dimension internationale. De nombreuses manifestations de soutien à Djamila ont lieu devant les ambassades de France à Tokyo, Washington et un peu partout dans le monde.
Fin janvier 1962, Gisèle Halimi et Simone de Beauvoir publient un plaidoyer chez Gallimard. En couverture, un portrait de Djamila réalisé par Pablo Picasso.
Djamila Boupacha est amnistiée le 18 mars 1962, avec la signature des accords d’Evian. Ses tortionnaires ne sont pas poursuivis.
Son portrait réalisé par Picasso est aujourd’hui exposé au Musée de l’Armée à Paris. De nombreux collectifs demandent sa restitution à l’Algérie.
Après tout, - comme l'a insinué finement M. Patin, Président de la Commission de Sauvegarde, au cours d'un entretien auquel j'assistais - Djamila Boupacha est vivante : ce qu'elle a subi n'était donc pas terrible. - S. de Beauvoir
Comment oublier ce qu’il s’est passé le 17 octobre 1961 et les jours suivants à Paris et dans la région ?
Beaucoup étaient venus, à l’image d’une dizaine de membres de la 4acg, pour que la mémoire du massacre perpétré par la police parisienne ne s’efface pas. N’en déplaise à ceux qui auraient volontiers passé l’éponge ? Après de multiples échanges entre les organisateurs et la Préfecture, qui interdisait que la manifestation se fasse comme à l’habitude sur le Pont Saint-Michel, le représentant de la Préfecture a finalement autorisé le rassemblement… sur la Place Saint-Michel, à quelques mètres de l’endroit d’où avaient été jetés des dizaines d’Algériens dans la Seine. Dans son intervention, Olivier Le Cour Grandmaison n’a pas manqué d’épingler les arguments de la Préfecture, qui justifiait sa décision par des raisons de sécurité et de troubles possibles à l’ordre public. Argument fallacieux, la mairie de Paris ayant le matin même organisé un hommage aux victimes de la répression à l’endroit précis où était prévu notre rassemblement. Olivier Le Cour Grandmaison a souligné une certaine continuité entre l’interdiction de manifester faite aux Algériens en 1961, et la même interdiction qui frappe aujourd’hui les soutiens de la Palestine. A noter que le lendemain, le Conseil d’État suspendait l’arrêté d’interdiction ministériel.
Gilles Manceron, quant à lui, a révélé que de nouvelles recherches ont permis d’en savoir un peu plus sur la chaîne de commandement du pouvoir de l’époque. Jusqu’à ce jour, il était entendu que la responsabilité du drame reposait sur le seul Maurice Papon . Or, des investigations nouvelles font partager largement les responsabilités. Papon a certes donné l’ordre, mais on oublie qu’il avait des supérieurs, en l’occurrence Roger Frey, ministre de l’Intérieur, Michel Debré, Premier ministre et le chef de l’État, le général de Gaulle. Si ces hauts responsables politiques n’avaient pas été d’accord avec l’action de Papon, il est possible que les évènements n’auraient pas revêtu un caractère aussi tragique. Plusieurs autres intervenants ont pris la parole, interrompus un moment par un petit groupe d’Algériens partisans du régime actuel, qualifiant certains organisateurs algériens de « traîtres ». Après un lancer de fleurs dans la Seine, les participants se sont dispersés dans le calme peu avant 20h. SOURCE : Paris s’est souvenu du 17 octobre 1961 - 4ACG (Anciens Appelés en Algérie et leurs Ami(e)s Contre la Guerre)
« Le passé colonial est terrible et on ne peut même pas parler de nos morts »
Ce 17 octobre, la préfecture de police de Paris a interdit aux associations qui militent pour la reconnaissance du massacre du 17 octobre 1961 comme crime d’État de se rassembler sur le pont Saint-Michel. Les forces de l’ordre en ont bloqué les accès. Reportage.
Des gerbes de fleurs à l'endroit du pont Saint-Michel où des Algériens et des Algériennes ont été noyés lors de la manifestation pacifique du 17 octobre 1961.
Aux extrémités du pont Saint Michel, des voitures de police. Sur un des accès, la police fouille les sacs. De loin, on distingue quelques silhouettes devant les fleurs posées sur le muret. Pour aller près de la plaque du 17 octobre 1961, pas plus de 10 personnes à la fois : c’est l’arrêté émis la veille par la préfecture qui l’énonce. Pour justifier l’interdiction, la préfecture évoque une cérémonie « organisée par la mairie de Paris » dans la matinée ainsi que le procès de Redoine Faïd à proximité des lieux de la manifestation. Et un « contexte de menace terroriste aiguë qui sollicité à un niveau particulièrement élevé les forces de sécurité intérieure » suite « à l’attaque à caractère terroriste qui s’est produite à Arras ».
Regardez ils nous prennent pour des terroristes, alors que c’est une commémoration contre l’oubli.
Un policier demande à un monsieur d’ouvrir son sac. Il a un drapeau algérien. « Il faudra pas le sortir monsieur, c’est interdit », lui indique-t-il. Près de la plaque, une femme fait un live Facebook. Autour de ses épaules, un drapeau rouge vert blanc, celui de l’Algérie encore. « Je ne vois pas pourquoi ils nous interdisent de le porter, c’est inadmissible. » Aux personnes qui suivent l’événement en direct, elle dit : « Regardez ils nous prennent pour des terroristes, alors que c’est une commémoration contre l’oubli ». Elle filme d’abord les quelques personnes qui se recueillent devant les fleurs, puis les forces de l’ordre qui entourent le pont.
10 personnes maximum ont été autorisées à se recueillir devant la stèle. « On était au moins 200 les autres années » indique un participant. (Photo : Pauline Migevant.)
Un homme montre les photos des rassemblements précédents. « On était au moins deux cent les autres années ». Une plaque en fer dessine les contours des personnes assassinées le 17 octobre 1961 par la police française. À l’appel du FLN ils étaient venus braver le couvre-feu destiné aux « Français musulmans d’Algérie ». La manifestation pacifique est alors réprimée par un massacre : entre 150 et 200 personnes sont mortes cette nuit-là, « noyées par balle ». 12 000 autres sont arrêtées et enfermées à Vincennes et au Palais des sports de la porte de Versailles. Un homme âgé vient de partir, il attendra sa femme en face. « Il est trop en colère », explique-t-elle. Pointant du doigt la plaque commémorative, elle dit : « C’est un massacre et c’est la honte de la France ». Et l’interdiction d’être plus de 10 sur le lieu de mémoire, « c’est gravissime ».
« J’ai de la famille sous la Seine »
« Le passé colonial, c’est terrible, on n’a pas toutes nos archives, on n’a pas tous les corps et on ne peut même pas parler de nos morts. » Elle a le visage crispé et explique : « Je suis triste, je suis tellement triste, parce qu’on doit être silencieux… silencieux ». Elle se passe la main devant la bouche comme si elle se la scotchait. 18 heures passées, il ne fait plus jour mais elle porte des lunettes de soleil. « C’est devoir être silencieux qui me fait pleurer. »
D’un signe de tête, elle indique le bateau-mouche qui vient de passer sous le pont. « Je me souviens de mon premier jour à Paris, je me disais que j’étais libre. Je rêvais de la France quand j’étais petite. » Elle ajoute : « Aujourd’hui, on peut plus s’exprimer sinon on est traités de terroristes. Vous savez, moi j’ai connu le terrorisme en Algérie dans les années 1990 et je pardonnerai jamais aux terroristes. » Elle confie : « Ça me rend malade. Si on n’est pas libre alors… alors je pense à retourner en Algérie ».
Je suis triste, je suis tellement triste, parce qu’on doit être silencieux… silencieux.
Une femme d’une vingtaine d’années, les mains serrées sur la poitrine, se recueille devant la plaque. Le monsieur obligé de laisser son drapeau dans son sac est toujours là. « J’ai de la famille sous la Seine », explique-t-il. « J’ai connu ma grand-mère quand elle pleurait ses frères ». Il insiste sur la tenue des manifestants du 17 octobre, « pour montrer qu’on n’était pas des clochards. Vous avez-vu les images de l’époque ? Costumes, cravates, chemises, ils étaient sur leur 31, c’était ça le mot d’ordre. Les femmes ont sorti des habits de leur trousseau pour aller manifester. »
Sur le même sujet : 17 octobre 1961 : un acte de guerre
Il évoque Maurice Papon, préfet de police de Paris lors du 17 octobre 1961, plus tard condamné pour crimes contre l’humanité en raison de son rôle lors dans la déportation des Juifs pendant la Seconde guerre mondiale. « Il faut enlever ce prénom du dictionnaire. » Au sujet de la présence de la police, il énonce des proverbes, tels que « Quand on connaît la mort on n’a pas peur de la fièvre » ou encore « Le haut de la canne est tordu et le bas de la canne est sale ». Selon lui, c‘est le gouvernement – plus que les policiers qui exécutent les ordres – qui est problématique. Un autre homme arrive et vient rappeler qu’à l’autre bout du pont, des gens attendent que certains sortent pour pouvoir à leur tour se recueillir. Le premier répète : « J’ai de la famille sous la Seine ».
L’interdiction du rassemblement sur le pont fait écho aux interdictions des manifestations de soutien à la Palestine. (Photo : Pauline Migevant.)
Comme le pont est interdit, c’est sur la place Saint Michel, à une centaine de mètres, qu’ont lieu les prises de parole. « Nous n’aurions pas dû être ici, nous aurions dû être en face. Nous aurions dû être là-bas pour manifester comme cela se fait depuis 1990. Le risque, c’est que cette préfecture qui agit sous les ordres de Darmanin et de Jupiter (le surnom d’Emmanuel Macron, N.D.L.R) transforme en normalité une disposition d’exception. » Le président du collectif « 17 octobre 61 », Olivier Le Cour Grandmaison, évoque aussi l’interdiction des manifestations pro-palestine.
« État colonial un jour, État colonial toujours », entend-on sur la place. Le président rend hommage « aux manifestants et manifestantes travailleurs et travailleuses qui, le 17 octobre 1961, ont bravé une République coloniale, qui ont bravé des dispositions d’exception racistes ». Il ajoute : « Avant d’être des victimes, ils étaient des combattants pour la liberté contre les discriminations pour l’égalité et pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ».
« Réfuter la fable forgée par l’Élysée »
Les associations et collectifs réclament notamment la reconnaissance du 17 octobre comme un crime d’État. C’est le travail des collectifs et de militants comme Jean-Luc Einaudi qui avait permis, en 1999, de pouvoir qualifier de « massacre » cette journée, des propos pour lesquels il avait été poursuivi pour diffamation par Maurice Papon, avant d’être relaxé par la justice. En 2012, François Hollande avait reconnu une « sanglante répression ». En 2021, soixante ans après le massacre, Emmanuel Macron avait qualifié d’« inexcusables pour la République » les crimes commis cette nuit-là, sous l’autorité de Maurice Papon.
Nous devons exiger la reconnaissance précise par les plus hautes autorités de l’État que ce qui a été commis le 17 octobre 1961 est bien un crime d’État.
Un « mensonge par omission », pour le président du collectif 17 octobre 61. « Nous devons exiger la reconnaissance précise, circonstanciée par les plus hautes autorités de l’État que ce qui a été commis le 17 octobre 1961 est bien un crime d’État et réfuter de ce point de vue la fable forgée par les services de communication de l’Élysée (…) selon laquelle le seul responsable de ces massacres serait Maurice Papon. Pas un historien, pas un spécialiste de la constitution de la Ve République, pas un spécialiste des rapports entre la police et l’État ne peut souscrire à une fable. »
Emmanuel Macron a fait ces dernières années de la date du 17 octobre 1961 une halte pour marquer la nouvelle orientation qu’il a imprimée à la politique française vis-à-vis de la question de la mémoire et réaffirmer son rapprochement avec l’Algérie.
Cette année, le président français a complètement zappé l’événement. Signe de crispation entre les deux capitales ou simple effet de la situation au Moyen-Orient ?
Merci Besançon (Doubs) pour ne pas avoir, comme Macron, oublié la commémoration du 17 octobre 1961.
Besançon est la ville de ma naissance il y a 82 ans. Le 17 octobre 1961, j’avais 20 ans, j’étais, contre ma volonté en Algérie, à Aïn Sefra, dans la Palmeraie de Tiout.
Ma seule chance : je n’ai pas de sang sur les mains.
Alors je vous présente une formidable vidéo en provenance de Besançon.
Michel Dandelot
Le massacre du 17 octobre 1961 est la répression meurtrière, par la police française, d’une manifestation pacifique d’Algériens organisée à Paris par la fédération de France du FLN, dans un contexte de guerre d’indépendance algérienne. Un nombre important de blessés et de morts seront dénombrés suite aux charges policières. A #Besançon, chaque 17 octobre, une commémoration a lieu sur le pont Battant.
Cliquez sur ce lien pour visualiser une remarquable vidéo :
La vidéo explore l'histoire de la colonisation française en Algérie, y compris les tactiques brutales utilisées pour conquérir le pays, l'inégalité et l'oppression auxquelles ont été confrontés les indigènes algériens, ainsi que la colère et la résistance croissantes qui ont finalement conduit à des demandes d'indépendance.
Principales perspectives
⚔️ Le mouvement nationaliste FLN avait pour objectif "l'indépendance de l'Algérie, quel qu'en soit le prix."
💀 Les tactiques brutales du gouvernement français en Algérie comprenaient la destruction des récoltes, le pillage des villages et les tueries en masse afin de soumettre la population autochtone.
💥 L'idée d'une nation algérienne a germé après qu'Abdelkader a organisé le soulèvement contre la France.
💰 Les taxes arabes ont financé la majeure partie des investissements coloniaux en Algérie, mettant en évidence l'exploitation économique de la population musulmane.
🔒 L'administration coloniale en Algérie avait le pouvoir de punir sans procès, ce qui entraînait une férocité révoltante dans l'application quotidienne du code de la citoyenneté.
🌾 Sur sept millions d'hectares de terres arables, près de trois millions ont été saisis par les colonisateurs en seulement un siècle.
💸 De plus en plus de Français musulmans quittent l'Algérie en raison du chômage et des bas salaires, les salaires en métropole étant deux fois plus élevés qu'en Algérie, ce qui conduit l'administration à faire venir 120 000 Français musulmans d'Algérie pour remplacer les travailleurs français mobilisés lors de la Première Guerre mondiale.
🌍 Les partis indépendantistes algériens, enracinés dans la culture islamique, ont adopté un programme nationaliste révolutionnaire jusqu'au déclenchement de la guerre en 1954.
Le rapport de l’historien spécialiste de l’Algérie et du Maghreb Benjamin Stora sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie suscite diverses critiques en France et en Algérie, mais est tout autant salué pour ses apports et les « possibles » qu’il propose. Ce travail veut affronter la complexité de cette histoire et de sa mémoire en refusant tout dualisme réducteur, simpliste et source d’immobilisme, et va à l’encontre des postures idéologiques radicales confortables et in fine inefficaces. Les récentes décisions du président Macron de faciliter la déclassification des archives de la guerre d’Algérie et la reconnaissance de la responsabilité de la France dans l’assassinat d’Ali Boumendjel accréditent d’ailleurs la stratégie « des petits pas » prôné par Benjamin Stora.
Dans le cadre de son Observatoire de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, la Fondation Jean-Jaurès en débat avec lui et Louis-Simon Boileau, docteur associé au Ceri de Sciences Po, José Garçon, journaliste, et Farid Vahid, directeur de l’Observatoire de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient de la Fondation.
Découpé en trois parties, qui peuvent être regardées indépendamment ou à la suite, cet entretien avec Emmanuel Blanchard (historien) et Mogniss H. Abdallah (journaliste et réalisateur) tente de faire un état des connaissances vu de France sur cet événement.
Les faits
Cette première partie revient sur la manifestation elle-même. Interrogé par Mogniss Abdallah, Emmanuel Blanchard retrace le contexte de l’époque : la violence des derniers mois de la guerre d’Algérie et la pression policière sur les Algériens vivant en France métropolitaine. Ils abordent également les motivations de la Fédération de France du Front de libération nationale (FLN), à l’origine de l’appel à manifester, qui devait d'abord être une grande démonstration pacifique. Ils décrivent ensuite la « réponse » de la préfecture de Police : Maurice Papon met en place une immense rafle (12 000 personnes arrêtées en quelques heures) provoquant de très nombreux morts, et organise un grand nombre d’expulsions, faisant du 17 octobre la répression la plus meurtrière en Europe de l’Ouest après la Seconde Guerre mondiale.
L’écriture de l’histoire
La deuxième partie de l’entretien montre la façon dont s’est écrite et s’écrit encore l’histoire du 17 octobre : entre « mensonge d’État », effacement, mémoire souterraine et travaux trop peu connus, il faut attendre les années 1990 et les travaux de Jean-Luc Einaudi pour que l’histoire du 17 octobre s’écrive véritablement et se diffuse largement, notamment grâce à une importante production culturelle (romans, films, pièces de théâtre, BD, chansons...). La difficile question du nombre des morts va longtemps polariser les recherches. Elle est longuement abordée ici ainsi que celle de l’interprétation de cet événement : ce que les historiens montrent aujourd’hui, c’est que la violence de la répression le 17 octobre dépasse les techniques de maintien de l’ordre classique et qu'elle est à mettre en regard avec les techniques de répression coloniale qui ont cours dans l’Empire.
Mémoires algériennes, vers une histoire partagé
La troisième partie pose des pistes de recherches et explore la mémoire de ce massacre dans l’immigration et le long combat pour la diffusion de cette mémoire en dehors de cercles restreints et pour la reconnaissance du massacre et de ce qu’il implique. Archives à l’appui, Mogniss Abdallah montre comment cette mémoire s’est maintenue dans l’immigration des années 70 aux années 80 aussi bien dans les familles qu’à travers des associations. Puis, comment les jeunes issus de l’immigration ont « ré-activé » cette mémoire en la mettant en lien avec des crimes racistes et/ou policiers contre lesquels ils se mobilisent et enfin comment les pères sont petit à petit sortis du silence à la faveur des luttes menées par les jeunes des années 80-90. Ce sont ces nouvelles générations qui ont organisé les premières commémorations s'adressant à la société française dans son ensemble, notamment en 1983 au moment de la Marche pour l’égalité et contre le racisme, puis qui ont œuvré à des commémorations de plus en plus importantes, touchant des publics de plus en plus larges, comme celle de 1991. Ces commémorations portées par des associations, soutenues par les travaux d’historiens et notamment ceux de Jean-Luc Einaudi, vont petit à petit amener à des reconnaissances officielles partielles du 17 octobre : au niveau municipal d’abord (dans différentes villes d’Ile-de-France puis à Paris), puis au niveau national avec le communiqué de presse de François Hollande en 2012.
Dans ces deux entretiens réalisés en 2011 à l’occasion de l’exposition Vies d’exil. Des Algériens en France pendant la guerre d’Algérie, Ali Haroun (avocat, ancien responsable de la Fédération de France du FLN) et Monique Hervo (ancienne membre du service civil international) décrivent la vie des immigrés nords africains en région parisienne pendant la guerre d’Algérie et reviennent sur le 17 octobre et les journées qui ont suivi.
Le prochain numéro de la revue Hommes & Migrations consacre plusieurs articles à la manifestation du 17 octobre 1961 qui sont centrés essentiellement sur les productions culturelles autour du 17 octobre. En attendant la publication du numéro ces articles sont disponibles ici en téléchargement - « Le 17 octobre 1961 devrait être reconnu en ce 60e anniversaire ». Entretien avec Samia Messaoudi, réalisé par Marie Poinsot - Le 17 octobre 1961 vu dans le monde anglophone, de Alec G. Hargreaves - « On peut dire que les productions culturelles “font l’histoire”, mais elles la font autrement ». Entretien avec Lia Brozgal, réalisé par Marie Poinsot - La longue marche des rescapés du 17 octobre, de Mustapha Harzoune - Le 17 octobre 1961 dans le cinéma français : une rétrospective, de Mouloud Mimoun
Pour la commémoration des 60 ans du 17 octobre un certain nombre d’ouvrages sont édités ou ré-édités (avec des préfaces et/ou des postfaces inédites pour les ré-éditions) :
Marcel et Paulette Péju, Le 17 octobre des Algériens, suivi de « La triple occultation d’un massacre » par Gilles Manceron, Ed La Découverte, octobre 2021 Si le 17 octobre a semblé être resté méconnu pendant plusieurs décennies, des journalistes ont tenté de faire connaître le massacre dès 1961. C’est le cas de Marcel et Paulette Péju qui ont écrit ce texte entre la fin 1961 et le début 1962. Censuré, il ne paraîtra que bien plus tard. Les éditions La découverte le ré-édite ici en poche et augmenté d’une postface de Gilles Manceron qui tente de relire la répression du 17 octobre à travers le prisme de l’histoire politique : il analyse les choix et les responsabilités politiques derrière le massacre du 17 octobre, notamment celles de Michel Debré alors Premier ministre. Il revient également sur les raisons de la longue occultation du 17 octobre.
Jim House et Neil Macmaster, Paris 1961. Les Algériens, la terreur d'État et la mémoire, Trad. de l'anglais par Christophe Jacquet. Postface de Mohammed Harbi. Préface inédite, Collection Folio histoire(n° 311), septembre 2021 Nouvelle édition (en poche) d’un ouvrage qui fait référence. Jim House et Neil MacMaster y démontrent que le massacre du 17 octobre constitua le paroxysme d’une répression pratiquée par les autorités françaises à l’encontre des immigrés algériens et que l’État français a importé en métropole la violence qu’il déployait au Maroc et en Algérie depuis les années 1940 dans sa lutte contre les mouvements indépendantistes. L’ouvrage analyse également l’occultation officielle de ce massacre, qui ne suscita pas de réaction de masse au sein de la gauche et rencontra l’ambivalence des dirigeants nationalistes algériens avant de lentement ré-émerger dans les mémoires en France et en Algérie. Cette nouvelle édition est complétée par une postface de Mohamed Harbi, historien, spécialiste de l’histoire de l’Algérie et de la guerre d’indépendance.
Fabrice Riceputi, Ici on noya les Algériens, La bataille de Jean-Luc Einaudi pour la reconnaissance du massacre policier et raciste du 17 octobre 1961. Précédée de « Une passion décoloniale » de Edwy Plenel et préface de Gilles Manceron, Ed. Le passager clandestin, septembre 2021 Fabrice Riceputi revient ici sur le long travail mené par Jean-Luc Einaudi pour écrire l’histoire du 17 octobre et faire connaitre et reconnaitre un crime d’Etat : lutte pour accéder aux archives, long et difficile recueil de témoignages, batailles judiciaires, etc. Les recherches et les publications de Jean-Luc Einaudi ont constitué le premier travail d’historien sur la question et ont permis de « briser » le mensonge d’Etat. Ce livre rend visible l’ampleur de son travail de recherche et sa lutte pour la diffusion de la connaissance sur le 17 octobre. Cette ré-édition est précédée d’un texte inédit d’Edwy Plenel, journaliste et cofondateur de Mediapart, « Une passion décoloniale » ainsi que d’une préface de Gilles Manceron, spécialiste de l’histoire coloniale française.
Riposter à un crime d’Etat. Le rôle méconnu du PSU dans la mobilisation contre la répression de la manifestation du 17 octobre 1961 à Paris. Présentation par Gilles Manceron, Jean-François Merle et Bernard Ravenel, Les éditions du Croquant, aout 2021 Cet ouvrage revient sur les tentatives du PSU (Parti socialiste unifié), dès 1961, pour dénoncer la répression de la manifestation du 17 octobre. Les ouvrages précédemment cités reviennent tous sur l’occultation du 17 octobre, y compris par une partie de la gauche française et l’on voit ici comment le PSU et ses membres, à contre courant d’une partie de cette gauche, ont tenté malgré tout d’organiser des manifestations et de publier des communiqués et des articles dénonçant la répression.
William Gardner Smith, Le visage de pierre, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Brice Matthieussent, Christian Bourgois éditeur, septembre 2021 Écrit en 1963, Le Visage de pierre fut le seul livre de William Gardner Smith à n'avoir jamais été traduit en français or il est le premier roman à raconter la répression de la manifestation du 17 octobre 1961.
Histoire et mémoires de la manifestation du 17 octobre 1961 à Paris
Frédéric Petit (MoDem), député des Français établis hors de France, rapporteur du budget de la diplomatie culturelle ou d’influence, souhaite que le gouvernement s’appuie davantage sur la société civile algérienne.
Emmanuel Macron, au cimetière Saint-Eugène, à Alger, le 26 aout 2022. CYRIL BITTON POUR « LE MONDE »
C’est un constat implacable qui risque de refroidir un peu plus les relations déjà polaires entre la France et l’Algérie. Mercredi 18 octobre, Frédéric Petit (MoDem), député de la 7e circonscription des Français établis hors de France, et rapporteur pour avis du budget de la diplomatie culturelle ou d’influence, a présenté, devant ses collègues de la commission des affaires étrangères, ses observations sur les crédits alloués à l’action extérieure de l’Etat.
Comme chaque année depuis qu’il est à la tête de cette mission, il choisit un pays pour y décrire le fonctionnement de la coopération culturelle publique et formuler des propositions pour l’améliorer. Après le Liban, la Géorgie, Israël, la Palestine ou encore l’Egypte, M. Petit a souhaité se pencher sur le cas de l’Algérie. Son rapport de près de soixante-dix pages, que Le Monde a pu consulter, apporte un éclairage sans filtre sur les relations entre ces deux pays.
Lors d’un déplacement à Alger et à Oran, du 18 au 20 septembre, durant lequel le parlementaire a pu rencontrer les diplomates français et des membres de la société civile algérienne, celui-ci a pu, en effet, constater « la permanence des blocages de la relation bilatérale ». Ainsi, relève-t-il, « toute approche strictement institutionnelle semble en effet buter irrémédiablement, en Algérie, sur des obstacles sans cesse renouvelés qui trouvent leur origine dans l’organisation même de l’Etat algérien ». Dans son rapport, le député n’épargne en rien l’Algérie, avec qui la France entretient une relation « qui paraît toute aussi foisonnante au plan humain que dysfonctionnelle au plan politique ».
Les raisons des « blocages »
En clair, d’après plusieurs de ses interlocuteurs, toutes les initiatives de Paris sont vouées à l’échec « de façon structurelle » et les accords signés « n’engagent pas le partenaire algérien ». Seule, selon lui, une « diplomatie non gouvernementale » peut permettre à la France de continuer à avoir une influence en Algérie. La commission des affaires étrangères a choisi, le 18 octobre, de suivre l’avis du rapporteur, qui préconise de favoriser cette forme de diplomatie. A charge au gouvernement français de suivre cet avis. Avant d’expliquer en quoi la « diplomatie non gouvernementale » consiste, le député décrypte – sans langue de bois – les raisons des « blocages ».
Il pointe d’abord « l’instabilité, l’illisibilité et la précarité de l’administration [algérienne], y compris aux plus hauts niveaux hiérarchiques », qui a comme conséquence de mal identifier les interlocuteurs. Les ministres ou autres responsables hésiteraient par ailleurs à prendre des décisions par « crainte de règlements de comptes ». La justice étant l’instrument le plus souvent utilisé à cette fin.
Puis, il existe en Algérie, selon Frédéric Petit, un « point d’accord dans le refus de coopérer avec notre pays », alimenté par « des élites en rivalité constante » et dont le seul élément fédérateur serait « l’hostilité à la France ». Celle-ci nourrit « la légitimité » du pouvoir algérien en place depuis la guerre d’indépendance (1954-1962). D’autant que la « position privilégiée » dans la société d’« au moins 12 millions d’Algériens » (sur 44 millions d’habitants), descendants « réels ou supposés » des combattants de l’indépendance – l’Etat leur offre des avantages importants – reste « tributaire de la perpétuation d’un discours antifrançais ».
Enfin, le député souligne l’« agression » du français en Algérie – mot prononcé lors de son audition en commission –, que le régime souhaite faire « reculer » au bénéfice d’« une arabisation à forte teneur politique et religieuse » et de l’anglais. Il rappelle plusieurs épisodes, dont le plus récent où vingt-deux écoles privées (« scolarisant plus de 10 000 élèves ») labellisées par l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE), ont été sommées de se… délabelliser. Le parlementaire s’étonne, par ailleurs, qu’il n’existe qu’un lycée français en Algérie – contre dix-sept au Maroc –, saturé de demandes.
Impossibilité de relations politiques apaisées
Sur la question mémorielle, il note les gestes concédés par Emmanuel Macron. Il a, entre autres, reconnu la responsabilité de l’Etat dans la mort d’Ali Boumendjel, avocat nationaliste algérien « torturé puis assassiné » par les militaires, en pleine bataille d’Alger, en 1957, mais doute de la sincérité des historiens algériens à « l’approche la plus dure ». Ces derniers ont été désignés par le régime pour siéger dans une commission avec leurs homologues français qui devront « réconcilier les mémoires blessées » autour de la colonisation et de la guerre d’Algérie. « Une coopération bilatérale très institutionnelle paraît condamnée à une impasse », écrit-il.
Si ce rapport acte l’impossibilité de relations politiques apaisées entre les deux nations, tout n’est pas perdu cependant. Selon le parlementaire, les représentants français en Algérie disposent de leviers – « loin des faux-semblants politiques ou de l’instrumentalisation du passé » – pour contourner ces « blocages », en particulier la jeunesse algérienne, les entrepreneurs et la diaspora. C’est ce que Frédéric Petit appelle « la diplomatie non gouvernementale » ou « des sociétés civiles ». A Alger ou à Oran, il a pu, ainsi, voir toutes une série d’actions menées par les services français qui passent « sous les radars ». Celles notamment menées par l’Institut français qui soutient des artistes, des écrivains et des programmes d’échanges culturels et scientifiques.
Afin de favoriser les échanges économiques entre les deux pays, le député de la majorité insiste sur « les difficultés que pose l’accord franco-algérien du 27 décembre 1968 [qui régit l’entrée, le séjour et l’emploi des Algériens en France] » dont les règles ne sont pas « adaptées aux mobilités des entrepreneurs ». En outre, M. Petit dit avoir constaté que des projets de coopérations impulsés par la France refusés par l’Algérie, ne l’étaient plus lorsque ces partenariats sont « formellement initiés par l’Union européenne ». Le député recommande que l’ambassadeur de France à Alger ait pour mission de « mobiliser prioritairement les processus de coopération européenne ». En clair, que la France soit sous couverture de l’UE pour continuer à « déployer ses outils ».
Ce rapport « sensible » et « instructif », comme l’a décrit le président de la commission des affaires étrangères, Jean-Louis Bourlanges (MoDem), fait écho aux déclarations d’Emmanuel Macron en septembre 2021. Devant des « petits-enfants » de la guerre d’Algérie, dont les grands-parents ont intimement vécu ce conflit, le chef de l’Etat avait décrit, à l’Elysée, un « système politico-militaire » algérien qui se serait « construit sur la haine de la France » et la « rente mémorielle ». Des propos qui avaient conduit à une crise diplomatique entre les deux pays.
Les autorités algériennes, extrêmement sensibles aux critiques sur la nature du régime algérien provenant de l’ancienne puissance coloniale, risquent fort de ne pas apprécier le rapport de Frédéric Petit et de le considérer comme une forme d’ingérence
Perpignan : " Nous luttons contre la glorification du passé colonial des Nostalgériques "
La quinzaine de membres, amis et sympathisants de l'association réunis autour de deux des fondateurs : le président (chemisette blanche) Jacques Pradel, et en tee-shirt gris Jacki Malléa. L'Indépendant -
Fondée en novembre 2008, l'Association nationale des Pieds-noirs progressistes et leurs amis organisent du 13 au 15 octobre à son assemblée générale à Perpignan. Conférences-débats vont émailler ces deux journées axées autour "de la nécessité d'émanciper le présent du passé colonial".
Les locaux syndicaux de la CGT à Perpignan accueillaient ce vendredi 13 octobre en matinée les divers représentants régionaux de l'Association nationale des Pieds-noirs progressistes et leurs amis. Des Perpignanais bien sûr, mais également des membres venus de Toulouse, Marseille, Montpellier, Grenoble, Paris...
Présidée par l'un des fondateurs de l'association, Jacques Pradel, natif de Tiaret dans l'Orani), co-présidée par Jacki Malléa, né lui à Guelma, une réunion de présentation a rassemblé une quinzaine d'anciens et de sympathisants. Elle a permis aux organisateurs de rappeler leur Charte des valeurs et objectifs. "Nous sommes tous issus d'horizons différents, mais nous partageons tous, je crois, la même analyse du système colonial imposé par la France au peuple algérien", soulignait Jacques Pradel. "Nous avons aussi en commun un engagement fort pour un avenir d'estime et d'amitié entre Français et Algériens, et de coopération entre les deux états".
Jacki Malléa insistait sur "la nécessité d'émanciper le présent du passé colonial" et de "lutter contre la glorification de ce passé par ce que nous appelons les "nostalgériques", ces nostalgiques de l'Algérie française". "Nous nous devons de dénoncer les manœuvres de toutes natures des nostalgiques du passé, figés sur des positions rétrogrades et revanchardes. Notre rôle est de transmettre aux nouvelles générations de nos deux pays des initiatives bienveillantes allant dans le sens de la réconciliation et de la solidarité", concluaient les membres de l'association.
Ce samedi 14 octobre : conférences-débats au Centre culturel à Cabestany au 1 chemin de Saint-Gaudérique. Renseignement au 0683980503 (Jacki Malléa).
France – De nombreuses personnes en Algérie ont l’impression que tous les « pieds-noirs » partagent une idéologie commune, qu’ils sont soit partisans de l’Organisation de l’Armée Secrète (OAS), soit membres de cette organisation, soit nostalgiques de « l'Algérie française ».
Cependant, des activistes français s’efforcent de changer cette perception en rappelant que tous les Français d’Algérie ne partagent pas cette idéologie et qu’il y a des individus parmi eux qui ont soutenu la guerre d’indépendance algérienne. Cet article mettra en lumière les actions de ces activistes et les enjeux qui se dessinent.
Une Lutte Contre la Nostalgie
de « l'Algérie Française »
Pour beaucoup d’Algériens, le passé colonial français en Algérie est une période douloureuse marquée par la guerre d’indépendance et les actions de l’OAS, une organisation terroriste qui s’est opposée à l’indépendance. Cependant, certains groupes et associations en France cherchent à contrer la menace croissante des thèses d’extrême droite qui glorifient la colonisation française et sont promues par des cercles proches de l’extrême droite. Ces cercles sont attachés au rêve d’une « Algérie française ».
Parmi les acteurs engagés dans cette lutte, on trouve des intellectuels et des associations, notamment l’Association des Progressistes des « Pieds-Noirs » et de leurs Amis. Ces acteurs sont particulièrement actifs dans les bastions des partisans de « l’Algérie française » dans le sud-ouest de la France, en particulier à Perpignan, où le parti de Marine Le Pen est au pouvoir. Le parti s’efforce de réhabiliter les anciens terroristes de l’OAS, responsables de la mort de nombreux Algériens et même de Français qui ne suivaient pas leur plan de « terre brûlée » après le 19 mars 1962.
Assemblée Générale de l’Association
des Progressistes des « Pieds-Noirs »
et de leurs Amis
Le 13 octobre 2023, l’Association des Progressistes des « Pieds-Noirs » et de leurs Amis a tenu son assemblée générale à Perpignan. Cet événement a réuni des historiens tels qu’Alain Ruscio et Éric Savarès, et a attiré l’attention sur les efforts pour contrer la montée de l’extrême droite en France, en particulier dans les régions liées à « l’Algérie française ». Les intervenants ont mis en avant l’importance de rétablir la vérité historique et de promouvoir l’amitié entre les peuples des deux rives de la Méditerranée.
Les « Pieds-Noirs » Qui Rejettent la Nostalgie de « l’Algérie Française »
Au cœur de cette lutte se trouvent des « pieds-noirs » qui rejettent la nostalgie de « l’Algérie française » et évitent de glorifier le colonialisme. Ces individus s’efforcent de promouvoir l’amitié entre les peuples des deux côtés de la Méditerranée, de soutenir les immigrés algériens, les binationaux franco-algériens et les Français d’origine algérienne, et de lutter contre le racisme sous toutes ses formes, y compris l’islamophobie déguisée.
L’auteur de l’article, Jacques Bradel, a évoqué la pression exercée par certains « pieds-noirs » pour susciter la nostalgie de « l'Algérie française », tout en défendant leurs intérêts matériels. Ces intérêts incluaient des compensations pour les biens qu’ils avaient laissés derrière eux lorsqu’ils ont quitté l’Algérie en 1962.
La Lutte Pour une Histoire Franco-Algérienne Authentique
Ce contexte a perduré jusqu’à l’amnistie des dirigeants de l’OAS en 1964, 1966 et 1968. Après cela, des associations privées ont été créées par les anciens dirigeants de l’OAS, contribuant à la glorification de l’Algérie française. Cependant, l’extrémisme de certaines de ces associations, comme l’ADIMAD-OAS, a été remis en question, surtout après l’assassinat de l’un de ses membres, Jacques Rosso, en 1993, lorsqu’il a abandonné son idéologie.
Face à la montée de groupes proches de l’extrême droite et de la glorification de la colonisation en Algérie, un mouvement opposé s’est formé. Il prône la nécessité de « révéler la vérité sur l’histoire de la France en Algérie, 132 ans de colonisation et de guerre ». Ces acteurs militent pour sensibiliser le grand public à la lutte contre le fascisme et s’efforcent de promouvoir une « histoire franco-algérienne authentique ». Selon eux, ces questions sont « essentielles dans la lutte contre l’extrême droite en France aujourd’hui ».
La lutte pour une histoire franco-algérienne authentique est une réponse aux tentatives de glorification de la colonisation et de l’extrême droite en France. Les « pieds-noirs » et leurs alliés cherchent à rappeler que tous les Français d’Algérie ne partagent pas la même idéologie et que des individus parmi eux ont soutenu la lutte pour l’indépendance de l’Algérie. Cette lutte pour la vérité historique et contre le racisme sous toutes ses formes est plus pertinente que jamais.
SOURCE : Pour une Histoire Franco-Algérienne Authentique : Une Coalition Française Contre l'Alliance des "Pieds-Noirs" et le Parti de Le Pen - Algérie Focus (algerie-focus.com)
Par micheldandelot1 dans Accueil le 18 Octobre 2023 à 19:58
Plus de soixante ans après le massacre perpétré par la police française à l’encontre des milliers d’algériennes et d’algériens qui manifestaient pacifiquement à Paris le 17 octobre 1961 contre le couvre-feu raciste qui leur avait été imposé par le gouvernement de l’époque, les plaies de cette blessure sont encore largement ouvertes dans leur mémoire.
Ce jour-là, cinq mois avant la signature des accords d’Évian, en réaction aux mesures prises par l’État français, la fédération française du FLN algérien (Front de Libération Nationale) a organisé, dans le contexte de la guerre d’indépendance, une manifestation pacifique pour réclamer la levée du couvre-feu, l’indépendance et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
Cette manifestation où se mêlaient femmes, hommes et enfants, fut très violemment réprimée par les forces de police de la préfecture de police de Paris. Aujourd’hui le bilan de ce massacre n’est plus contestable : des victimes de violences par milliers, des disparitions et des morts par centaines.
Nous demandons à l’État Français de reconnaître clairement que les faits qui ont ensanglanté cette journée constituent « un crime d’État ». Le 17 octobre 1961, le préfet Maurice Papon exécutait les ordres de l’État français.
Nous demandons cette reconnaissance du crime d’État pour que puisse enfin se construire une mémoire collective débarrassée des discriminations mémorielles et d’un passé colonial chargé de ses multiples inégalités.
Nous demandons un accès libre aux archives, effectif pour toutes et tous, historiennes et historiens, citoyennes et citoyens, dans un souci de transparence et de possibilité pour les chercheuses et chercheurs de travailler pleinement à transmettre la vérité des faits.
Nous demandons que la recherche historique sur ces questions mémorielles soit encouragée, dans un cadre franco-algérien, international et indépendant de tous pouvoirs politiques.
Nous demandons aussi la création de condition de transmission historique et mémorielle par la mise en œuvre d’un musée d’histoire du colonialisme.
Enfin, dès lors que les élèves étudient le XXème siècle, nous demandons des programmes scolaires intégrant l’histoire coloniale et celle de ces événements à des fins de transmission vis-à-vis des plus jeunes.
40 ans après la première marche pour l’égalité et contre le racisme, il est temps de se remobiliser massivement pour lutter contre l’explosion du racisme et des violences policières.
Nous en appelons à votre responsabilité de citoyenne et de citoyen comme à l’ensemble des organisations progressistes, politiques, syndicales et associatives pour faire valoir nos revendications, en vous joignant au rassemblement organisé chaque année par notre Collectif sur le Pont Saint-Michel le 17 octobre 2023, à partir de 18h afin de rendre hommage à la mémoire de tous les Algérien-ne-s qui ont été victimes des violences racistes et colonialistes de l’État français !
Associations : 17 octobre 61 contre l’oubli – Africa93 – Agir Contre le Colonialisme Aujourd’hui (ACCA) – Agir pour le Changement et la Démocratie en Algérie (ACDA) – Alternatiba Paris – Anciens Appelés en Algérie et leurs Ami(e)s Contre la Guerre (4ACG) – Ancrages – Association « Pour la Mémoire, Contre l’Oubli » – Association de défense des droits de l’Homme au Maroc (ASDHOM) – Association de jumelage Rennes Setif – Association de Promotion des Cultures et du Voyage (APCV) – Association Démocratique des Tunisiens en France (ADTF) – Association Josette et Maurice Audin (AJMA) – Association des Ami.e.s de Maurice Rajsfus – Association des travailleurs maghrébins de France (ATMF) – Association Histoire coloniale et postcoloniale – Association Nationale des Pieds Noirs Progressistes et leurs Amis (ANPNPA) – Au nom de la mémoire – Collectif Faty KOUMBA : Association des Libertés, Droits de l’Homme et non-violence – Collectif National pour les Droits des Femmes – Comité pour le respect des libertés et les droits de l’homme en Tunisie (CRLDHT) – Comité Vérité et Justice pour Charonne – COPERNIC – Coudes à Coudes – Droits devant ! – Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR) – Fédération nationale de la Libre Pensée – Femmes Plurielles – fondation Frantz Fanon – Groupe d’information et de soutien des immigré·es (GISTI) – Institut tribune socialiste ITS (Mémoire et Archives du PSU) – Inter-Réseau Mémoires-Histoires – L’association Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons – L’Assemblée Citoyenne des Originaires de Turquie (ACORT) – Le 93 au cœur de la République – Le Mouvement de la Paix – Les Amis de la terre (les ATs) – Les Oranges – LDH (Ligue des droits de l’Homme) – Mémoires ouvrières de l’immigration – Memorial 98 – Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuple (MRAP) – Rencontres Marx – Réseau – Mémoires Histoires – Réseau d’Actions contre l’Antisémitisme et tous les Racismes (RAAR) – Réseau féministe « Ruptures » – SOS Racisme – Survie – Trajectoires (Mémoires et cultures) – Union des Travailleurs Immigrés Tunisiens (UTIT) – Union juive française pour la paix (UJFP)
Syndicats : CGT – Fédération Indépendante et Démocratique Lycéenne (FIDL) – Fédération Syndicale Unitaire (FSU) – SNES-FSU – SNJ-CGT – Union Étudiante – Union Nationale des Étudiants de France (UNEF) – Union Syndicale Solidaires
Partis : Ensemble ! – Europe Écologie Les Verts (EELV) – Gauche démocratique et sociale (GDS) – La France Insoumise (LFI) – Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) – Parti Communiste Français (PCF) – Parti de Gauche (PG) – Pour une Écologie Populaire et Sociale (PEPS) – Parti Ouvrier Indépendant (POI) – Parti Socialiste (PS)
Paris, le 2 octobre 2023
62 ans après, des associations des droits humains, les syndicats et les partis politiques de gauche appellent à un rassemblement ce mardi 17 octobre à 18h, devant le Pont Saint-Michel à Paris, pour demander à l’État Français de reconnaître clairement que les faits qui ont ensanglanté cette journée constituaient «un crime d’État».
Par micheldandelot1 dans Accueil le 17 Octobre 2023 à 14:27
Les commentaires récents