61 ans après le premier essai nucléaire français dans le Sahara algérien, la question des indemnisations et de la décontamination des sites est toujours d’actualité.
À l'orée du Tanezrouft, le terrible « désert de la soif » embusqué dans le sud-ouest du Sahara algérien, il est difficile d'imaginer que là, à quelques encablures de la petite bourgade de Taourirt, ensevelie par l'ennui et la poussière, la France est devenue la quatrième puissance nucléaire. C'était un 13 février 1960, après son premier essai – le plus puissant premier essai nucléaire jamais réalisé – : l'opération Gerboise bleueet ses 70 kilotonnes de fracas et de radiations. Mais ce désert, dans la région de Reggane, n'est pas aussi désertique qu'il y paraît. L'essai nucléaire (quatre fois la puissance d'Hiroshima) s'effectue en présence de soldats et de journalistes français, d'ouvriers algériens, et tout proche (à peine 70 km) des villages alentour.
« Les hommes ont pleuré »
Le nuage radioactif se propagera, en 24 heures, jusqu'en Afrique centrale, et, trois jours plus tard, atteindra les côtes espagnoles et la Sicile… Sur place, l'impressionnant cratère noir carbonisant le sol est toujours visible, même sur les images satellitaires. « Avant l'explosion, les Français nous ont demandé de sortir des maisons. Ils avaient peur qu'elles s'effondrent. Et puis, on nous a dit de nous mettre à plat ventre par terre, le bras devant les yeux », se souvenait Mohamed Belhacen, dernier survivant de son équipe de quinze ouvriers sur le chantier de la base de Reggane, rencontré il y a quelques années. « Il y a d'abord eu une lumière, comme un soleil. Puis un quart d'heure après, un bruit assourdissant et, enfin, l'onde qui s'est propagée dans le sol, pareille à celle d'un tremblement de terre qui vous emporte dans les profondeurs… On a vu de la fumée noire, jaune, marron qui montait très haut. On ne comprenait pas, mais on savait que c'était un jour noir. Les hommes ont pleuré », poursuit Mohamed Belhacen, dont les deux enfants en bas âge sont tombés malades quelques mois après l'explosion. « C'était écrit, ou bien c'était la bombe. »
Son cas n'est pas isolé. Mais longtemps, son drame, et celui de milliers d'autres, sera enseveli sous le silence officiel et les roches contaminées de cet immense désert. Car la question des essais nucléaires est restée un tabou : peut-être est-ce lié au fait que la France a continué à faire exploser ses bombes (17 en tout) dans le Sahara algérien jusqu'en… 1966, quatre ans après l'indépendance. Sans oublier que ces mêmes zones contaminées avaient, au début des années 1990, abrité les « camps du Sud » où l'armée cantonnait les milliers de suspects islamistes.
Préconisation de la poursuite du travail conjoint sur les lieux des essais nucléaires
Ce n'est qu'en 1996 que la question s'officialise par le biais de l'ancien ministre des Moudjahidine (anciens combattants), Saïd Abadou, seul officiel à oser se déplacer au « point zéro » de l'impact de Gerboise bleue, et, du haut d'un bunker scellé de l'ancienne installation française, dénoncer le « crime ». En parallèle, les toutes premières recherches indépendantes sur les conséquences des essais nucléaires ont débuté en 1990, grâce à l'Observatoire des armements.
Dans son rapport sur la mémoire de la guerre d'Algérie remis le 20 janvier à Emmanuel Macron, l'historien Benjamin Stora a préconisé « la poursuite du travail conjoint concernant les lieux des essais nucléaires en Algérie et leurs conséquences ainsi que la pose de mines aux frontières ». En 2007, dans le sillage de la visite à Alger du président Nicolas Sarkozy, un groupe de travail algéro-français a été mis en place pour expertiser les sites nucléaires, établir un état des lieux sur leur dangerosité et un diagnostic pour une décontamination. Deux autres groupes de travail mixtes ont été créés à l'occasion pour plancher sur la question des archives et sur celles des disparus de la guerre d'Algérie. Mais depuis une dernière réunion en 2016, aucune nouvelle n'avait filtré de ces trois groupes de travail jusqu'à août 2020. Le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, avait alors affirmé que « les diverses commissions » reprendraient leurs réunions après la pandémie.
Les limites de la loi Morin
À rappeler aussi qu'après la loi française du 5 janvier 2010, ou loi Morin, sur la reconnaissance et sur les indemnisations des victimes des essais nucléaires français en Algérie et en Polynésie, certains dossiers concernant des cas algériens ont été déposés. « Si 75 propositions d'offre d'indemnisation ont été faites auprès de victimes civiles et militaires ayant séjourné en Algérie durant la période des essais, une seule victime habitant en Algérie a reçu une indemnisation en près de dix ans ! » expliquent les auteurs de l'étude « Sous le sable, la radioactivité ! Les déchets des essais nucléaires français en Algérie : analyse au regard du traité sur l'interdiction des armes nucléaires », publiée par la fondation Heinrich-Böl et rendue publique fin août 2020.
« Cette importante différence de traitement s'explique en grande partie par l'impossibilité pour les habitants et les populations laborieuses des oasis (PLO), selon le nom donné aux travailleurs algériens recrutés pour effectuer différents travaux, de prouver leur présence par des documents écrits sur les zones désignées par la loi, sans oublier l'absence de documents pour la demande d'indemnisation en langue arabe… » Pour l'historien algérien Mohame El Korso, cette loi serait « évasive » et « injuste » : il appelle à la révision de la loi du 5 janvier 2010 et demande à Paris de « tenir ses engagements d'indemniser les victimes, dont la plupart sont décédées », indiquant « que les séquelles radioactives persistent à travers les générations ». « L'historien évoque, à ce propos, la recrudescence, dans ces régions, de plusieurs types de cancer, notamment la leucémie et le cancer de la peau, l'apparition d'anomalies congénitales et l'enregistrement de problèmes d'infertilité à large échelle », rapporte l'agence officielle algérienne APS.
L'armée algérienne et l'option TIAN
« Je reconnais que les essais nucléaires menés entre 1966 et 1996 en Polynésie française ont eu un impact environnemental, provoqué des conséquences sanitaires », avait reconnu l'ancien président François Hollande en 2016. Alger semble attendre la même reconnaissance. Et c'est par la voix de l'armée qu'elle le rappelle à travers le magazine officiel du ministère de la Défense, El Djeïch, début février. « La France doit assumer ses responsabilités historiques, surtout après que 122 États de l'Assemblée générale de l'ONU ont ratifié, le 7 juillet 2017, un nouveau traité sur l'interdiction des armes nucléaires [Tian], qui vient s'ajouter aux traités antérieurs. Le principe du pollueur payeur y a été d'ailleurs introduit et reconnu officiellement », a déclaré le chef de service du génie de combat, le général Bouzid Boufrioua.
Or, la France n'est pas signataire du Tian, le jugeant, comme l'explique le site du Quai d'Orsay, « inadapté au contexte sécuritaire international marqué par la résurgence des menaces d'emploi de la force, le réarmement nucléaire russe, les tensions régionales et les crises de prolifération ». De son côté, l'Algérie a signé ce traité, en 2017, sans pour autant le ratifier. « La ratification du traité lui permettrait notamment de faire appel aux autres États parties du traité pour l'aider dans ses obligations de prise en charge des victimes et de réhabilitation de l'environnement affectés par les essais. Cela renforcerait sa demande à la France de réparation », explique l'Observatoire de l'armement.
Patrice Bouveret. Directeur de l’Observatoire des armements et co-porte-parole de l’ICAN France : «La ratification du TIAN par l’Algérie renforcerait sa demande à la France de réparation»
Photo : D. R. - Patrice Bouveret
– A l’appui du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) entré en vigueur le 22 du mois de janvier dernier, l’Algérie peut-elle amener l’Etat français à assumer ses responsabilités quant aux conséquences environnementales, sanitaires et humaines des essais qu’il a réalisés en Algérie et dont les séquelles perdurent à ce jour ?
Le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) oblige, pour la première fois dans le droit international, les Etats membres à prendre en charge les victimes et à réhabiliter l’environnement impacté par l’utilisation des armes nucléaires. Cela représente une avancée importante qui ne figurait pas, par exemple, dans le Traité sur l’interdiction des essais nucléaires adopté par l’ONU en 1995, bien que cela avait été souhaité par certains Etats.
L’Algérie a non seulement participé à l’ONU au processus de négociation du TIAN, mais elle est également intervenue pour que la réparation des dégâts provoqués par les essais nucléaires soit intégrée dans le traité. Il serait important qu’elle ratifie au plus vite le traité, qu’à ce jour elle a seulement signé depuis le 20 septembre 2017, jour de l’ouverture à la signature.
En effet, la ratification du traité lui permettrait notamment de faire appel aux autres Etats parties du traité pour l’aider dans ses obligations de prise en charge des victimes et de réhabilitation de l’environnement affecté par les essais. Cela renforcerait sa demande à la France de réparation.
Toutefois, la France refusant de reconnaître le TIAN et donc d’y adhérer, ce dernier ne lui confère aucune obligation juridique, compte tenu des règles actuelles de fonctionnement des instances internationales. Pour autant, il n’en est pas de même au niveau politique et éthique, d’autant plus pour un pays qui se veut le fer de lance du respect du droit international.
– L’ICAN France (Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires) dont vous êtes co-porte-parole, déclarait dans un communiqué que «malgré les dernières tentatives de pression des Etats nucléaires, de la France notamment, ce traité va fonctionner pour engager le désarmement nucléaire, renforcer la lutte contre la prolifération nucléaire, prendre en compte l’environnement pollué par les essais nucléaires et assurer aux populations victimes de ces essais une assistance sanitaire». Est-ce que vous pouvez nous donner plus de précisions ?
Dans leur conception même, les armes nucléaires sont illégitimes au regard du droit international depuis leur création. Avec l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction sur les armes nucléaires, elles sont désormais illégales, c’est-à-dire que leur fabrication, leurs tests, leur utilisation et la menace d’utilisation, leur commerce, leur financement, sont interdits.
Certes, la communauté internationale reposant sur la règle de la souveraineté nationale, les traités adoptés par l’ONU n’engagent que les Etats qui en sont membres. Toutefois, le TIAN crée une nouvelle norme internationale qui vient notamment renforcer les engagements du Traité de non-prolifération (TNP), en vigueur depuis 1970.
Le TNP prévoit l’obligation pour ces 193 Etats membres – dont la France et les principales puissances nucléaires – de négocier «de bonne foi» et «à une date rapprochée» un désarmement nucléaire généralisé.
Le TIAN vient donc accroître la pression pour renforcer la sécurité collective et donne aux citoyens, aux ONG et à une majorité d’Etats de la planète, des outils supplémentaires pour libérer le monde des armes nucléaires.
Parmi eux, l’interdiction du financement de l’industrie d’armements nucléaires, mais aussi l’obligation de réparation comme évoqué précédemment. Ce nouveau traité renverse la charge de la preuve : en voulant maintenir leur arsenal, les puissances nucléaires deviennent des «délinquants» au regard du droit international.
– En présentant en août 2020 l’étude «Sous le sable, la radioactivité ! Les déchets des essais nucléaires français en Algérie : analyse au regard du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires»*, vous aviez indiqué que de nombreuses raisons techniques, juridiques et politiques expliquent pourquoi le dossier des essais nucléaires ne peut être clos. Là aussi, pouvez-vous être plus explicite ?
Il faudrait pouvoir sortir la gestion du dossier des conséquences des essais nucléaires français au Sahara de la question coloniale qui gangrène les relations entre les deux pays. Ce qui est extrêmement difficile, dans la mesure où l’Algérie est le seul pays à avoir subi des essais de son ancien colonisateur après en avoir eu comme colonisé. La majorité des essais – 11 sur 17 – ont eu lieu après 1962, donc de fait avec l’accord du gouvernement algérien.
Les accords d’Evian n’ont pas défini de cadre précis pour la restitution des zones où ont eu lieu les explosions nucléaires. Or, la situation nécessite une collaboration étroite entre les deux pays. Le dossier ne peut être clos juste en indemnisant quelques milliers de personnes ou en enfermant les déchets les plus visibles.
Nous sommes face à des problèmes qui s’inscrivent dans une échelle de temps qui dépasse les évolutions politiques de nos sociétés, les conflits d’intérêts et donc qui nécessitent une véritable volonté politique de coopération sur le long terme en faveur du bien commun des populations.
En effet, les explosions nucléaires ont enfermé dans les galeries creusées dans le Tan Affela des quantités de matières hautement radioactives, et ce, pour des milliers d’années.
Un certain nombre de déchets laissés sur place, une partie des laves radioactives issues principalement de l’accident Béryl du 1er mai 1962, peuvent être récupérés et envoyés sur un site conçu pour le stockage des matières nucléaires. Mais la boule de matières radioactives créée par l’explosion au fond des galeries peut se fissurer et libérer de la radioactivité venant contaminer, par exemple, la nappe phréatique ou la chaîne alimentaire.
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De même, sur le plan sanitaire, l’impact des explosions ne concerne pas seulement les personnes présentes à l’époque des essais, mais également leurs descendants sur une ou plusieurs générations !
– Qu’entendiez-vous lorsque vous avez affirmé qu’avec cette étude, vous souhaitez contribuer à un «débat qui aborde les trois dimensions des essais nucléaires : leur irresponsabilité du point de vue de l’environnement et de la santé publique, leurs effets déstabilisateurs d’un point de vue politique et leur injustice d’un point de vue postcolonial» ?
Nous souhaitons sortir le débat des contingences historiques, politiques, dans lequel il est enfermé pour remettre au cœur du sujet la sécurité sanitaire, environnementale, des populations impactées par les essais contre leur gré. Les effets de la radioactivité ne se sont pas éteints avec le départ du colonisateur, comme nous le soulignons dans la question précédente.
Mais une prise en compte concrète des conséquences sanitaires et environnementales du nucléaire nécessite également une remise en cause de la place de l’arme nucléaire au sein même de la société française, comme dans ses relations avec les autres Etats de la planète.
– Comment expliquez-vous l’absence d’avancées diplomatiques sur ce dossier des essais nucléaires français en Algérie alors qu’une commission mixte a été mise en place en 2007 et qu’en 2014, un nouveau groupe de travail algéro-français a été désigné en application de la «Déclaration d’Alger sur l’amitié et la coopération entre la France et l’Algérie», signée le 19 décembre 2012 ? Lequel groupe de travail ne s’est réuni qu’une fois en Algérie en 2016…
Il me paraît important de préciser en préalable pour les lecteurs algériens que les victimes polynésiennes ou métropolitaines rencontrent, elles aussi, de nombreuses difficultés pour faire valoir leurs droits. La loi de reconnaissance et d’indemnisation des victimes des essais nucléaires français, dite loi Morin, a été obtenue en 2010 après plus de dix ans d’actions menées par les associations et leurs soutiens auprès des parlementaires, des autorités politiques et militaires, des médias.
Il a fallu ensuite encore quasiment une dizaine d’années pour que la loi puisse commencer à bénéficier aux victimes. De janvier 2010 à décembre 2019, seulement 363 personnes ont reçu une indemnisation. Certes, parmi elles, seulement une personne réside en Algérie. C’est extrêmement peu au regard du nombre de victimes !
Nous nous heurtons à une absence de volonté politique et un refus des autorités françaises de reconnaître que les essais nucléaires – au Sahara comme en Polynésie – ont pu mettre en danger la vie et l’environnement d’une partie de la population.
Du côté de l’Etat algérien, la question, me semble-t-il, se complexifie avec l’imbrication de la question coloniale et du fait de l’acceptation de sa part de la poursuite des essais durant les cinq premières années de l’indépendance qu’il s’agit de masquer. Il y a aussi la difficulté des associations de victimes algériennes à pouvoir faire entendre leurs revendications de manière plus forte.
– Qu’est-ce qui empêche, selon vous, la levée du secret-défense et la déclassification des archives soixante-et-un ans après les faits ?
La difficulté de l’Etat français de reconnaître son implication dans la prolifération nucléaire et qu’il a mis en danger, en connaissance de cause, la santé et la sécurité des populations en Algérie comme en Polynésie. L’ouverture des archives pourrait conduire, par exemple, à des actions juridiques à l’encontre de certains responsables.
L’arme nucléaire a été imposée en France dans le secret, sans que soit organisé de débat sur sa pertinence, son coût, ses conséquences à tout point de vue, les risques que cela entraîne. Rendre visibles tous ces éléments entraînerait une remise en cause de sa pertinence, ce que les autorités politiques se refusent au mépris de la démocratie, au niveau national comme d’ailleurs au niveau international.
– Dans son rapport sur «La colonisation et les mémoires de la guerre d’Algérie», Benjamin Stora fait un certain nombre de préconisations. Contribueront-elles à faire avancer le dossier, pour peu que le président Macron décide de les mettre en œuvre ?
La remise du rapport de l’historien Benjamin Stora au président Emmanuel Macron a provoqué une avalanche de réactions virulentes de part et d’autre de la Méditerranée, reposant souvent sur des malentendus et des jeux de concurrence des mémoires.
Parmi les nombreuses recommandations, celle concernant les essais nucléaires peut paraître bien «timide» et limitée face aux enjeux : «la poursuite du travail conjoint concernant les lieux des essais nucléaires en Algérie et leurs conséquences». Quand on sait que la première décision de ce travail conjoint date de 2007, et qu’elle est restée lettre morte !
Mais il faut maintenant attendre la publication du rapport et des recommandations que doit remettre Abdelmadjid Chikhi au président Tebboune. C’est à partir de la publication de ces deux documents que pourra s’élaborer une nouvelle feuille de route entre la France et l’Algérie.
Pour que le dossier avance, il faut qu’il y ait une volonté partagée de part et d’autre d’accepter de sortir d’une résolution globale de la situation tumultueuse et conflictuelle entre les deux pays et mettre en place des actions pragmatiques en s’appuyant sur les différentes études déjà réalisées et les besoins exprimés par la population concernée.
Coauteur avec Jean-Marie Collin de Sous le sable, la radioactivité ! Les déchets des essais nucléaires français en Algérie. Analyse au regard du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, étude de l’Observatoire des armements et de ICAN France, publiée par la Fondation Heinrich Böll, 2020. Disponible par téléchargement sur : www.obsarm.org
Le sable du Sahara arrivé début février dans des pays de l’Europe dont la France a rappelé à cette dernière ses essais nucléaires effectués dans le Sud de l’Algérie.
« Quand un nuage de sable jaune orangé nous rappelle le passé. Du sable ramassé dans le massif du Jura a été analysé par un laboratoire près de Rouen en Normandie. On y retrouve des traces des essais nucléaires français au Sahara au début des années 60 », a rapporté vendredi 26 février le « France 3 ».
Selon la même source, des scientifiques ont découvert dans le sable des résidus de Césium-137. Un élément qui était utilisé par la France dans les années 60 pour les essais nucléaires qu’elle effectuait dans le Sahara, au sud de l’Algérie. 17 essais nucléaires y avait été pratiqués.
Le même média a ajouté que le 6 février, Pierre Barbey, spécialiste de la radioprotection à l’Université de Caen, il est aussi conseiller scientifique bénévole du laboratoire ACRO, Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest de la France, a prélevé un peu de sable du Sahara qui s’étend alors sur une large partie de la France puis analysé par le laboratoire de l’ACRO.
« Le résultat de l’analyse est sans appel, du césium-137 est clairement identifié. Il s’agit d’un radioélément artificiel qui n’est donc pas présent naturellement dans le sable et qui est un produit issu de la fission nucléaire mise en jeu lors d’une explosion nucléaire » a expliqué l’ACRO, précisant que 80 000 Becquerels au kilomètre carré sont tombés sur la zone couverte par l’Acro. « Le nuage a déversé ses anciennes traces de césium-137 partout où il est passé en France », selon Pierre Barbey qui a rassuré que rien e danger sur la santé.
Il s’agit d’un radioélément artificiel qui n’est donc pas présent naturellement dans le sable et qui est un produit issu de la fission nucléaire mise en jeu lors d’une explosion nucléaire”, a ajouté l’Acro. Selon Pierre Barbey, le césium-137 a une période de vie de 30 ans. Tous les 30 ans, il perd la moitié de sa teneur radioactive. « Au bout de 7 cycles de 30 ans, on considère qu’il ne reste que 1% de substances radioactives », a-t-il expliqué.
« Il n’était pas question de dire qu’il y a une mise en danger de la population, mais de rappeler ce qu’a fait la France et d’autres pays » en terme d’essais nucléaires, selon l’Acro. Pierre Barbey a rappelé qu’au Sahara, dans le Sud algérien, « la population vit avec ces traces de césium-137 au quotidien, certains terrains sont toujours fortement contaminés, cela donne une idée de la contamination de l’époque ».
La chaîne française rappelle que près de Reggane dans le Sud de l’Algérie, la France réalise un premier essai nucléaire le 13 février 1960. La Gerboise bleue, nom de code de la bombe atomique explose à 7 heures du matin heures locales, sa puissance est de 70 kilotonnes, une explosion trois ou quatre fois plus puissante que celle des bombes d’ Hiroshima en août 1945.
Les accords d’Évian signés en mars 1962, à la suite de la guerre d’Algérie, n’autorisent des expérimentations dans le Sahara que jusqu’en juillet 1967.
L’Algérie a demandé récemment à la France de décon
Louisette IGHILAHIRIZ(Militante Nationaliste), auteure de l’ouvrage avec Anne Nivat, « Algérienne », Editions Calman-Levy, 2001.
Henri POUILLOT (Militant Anticolonialiste-Antiraciste) « La Villa Sesini », Editions Tirésias, 2001.
Olivier LE COUR GRAND MAISON (Universitaire français), auteur de l’ouvrage « Ennemis mortels. Représentations de l’islam et politiques musulmanes en France à l’époque coloniale, Editions La Découverte, 2019.
Seddik LARKECHE (intellectuel franco algérien), auteur de l’ouvrage, auteur de l’ouvrage « Le Poison français, lettre à Mr Le Président de la République », Editions Ena, 2017.
1. La reconnaissance de la responsabilité unilatérale de la France coloniale en Algérie.
La France est aujourd’hui à la croisée des chemins avec la question de savoir si elle sera capable de passer un pallier dans la gestion apaisée de ses démons mémoriels en particulier celui avec l’Algérie qui fut une des guerres les plus tragiques du 20e siècle. La problématique centrale n’est pas la repentance, les excuses ou le ni niavec une reconnaissance générique mais la question de la reconnaissance de la responsabilité française en Algérie, notion juridique, politique et philosophique.
Cette question de la responsabilité unilatérale de la France colonialeest centrale au même titre que la déclaration du Président Chirac en 1995 sur la responsabilité de l’Etat Français concernant la déportation des juifs durant la seconde guerre mondiale. Cette reconnaissance qui ouvra la voie à l’indemnisation de ces victimes.
La barbarie coloniale française en Algérie ne peut être édulcorée par quelques rapports fantasmés d’auteurs qui flirtent avec les pouvoirs politiques de droite comme de gauche depuis 40 ans. La question des massacres, crimes et autres dommages impose inéluctablement une dette incompressible de la France vis à vis de l’Algérie.
La stratégie développéedepuis toujours est de faire table rase du passé, une offense à la dignité des algériens. Cette responsabilité est impérative car elle peut sauver l’âme de la France qui est fracturée par ses démons du passé.
La reconnaissance de la responsabilité c’est admettre que la France s’est mal comportée en Algérie et qu’elle a créé de nombreux dommages avec des centaines de milliers de victimes et des dégâts écologiques incommensurables avec ses nombreuses expériences nucléaires et chimiques.
Que s’est-il réellement passé en Algérie durant près de cent-trente-deux années d’occupation ? La colonisation et la guerre d’Algérie sont considérées et classées comme les événements les plus terribles et les plus effroyables du XIXe et XXe siècle. La révolution algérienne est aussi caractérisée comme l’une des plus emblématiques, celle d’un peuple contre un autre pour recouvrer son indépendance avec des millions de victimes.
L’ignominie française en Algérie se traduit par les massacres qui se sont étalés sur près de cent-trente années, avec une évolution passant des enfumades au moment de la conquête, aux massacres successifs de villages entiers comme Beni Oudjehane, pour aller vers les crimes contre l’Humanité du 8 mai 45 sans oublier les attentats tels celui de la rue de Thèbes à Alger. La violence était inouïe à l’encontre des indigènes algériens. Entre 600 et 800 villages ont été détruits au napalm. L’utilisation par la France des gaz sarin et vx était courante en Algérie.La torture à grande échelle et les exécutions sommaires étaient très proches des pratiques nazies.
La France sait qu’elle a perdu son âme en Algérie en impliquant son armée dans les plus sales besognes. Ces militaires devaient terroriser pour que ces indigènes ne puissent à jamais relever la tête. Plus ils massacraient, plus ils avaient de chance de gravir les échelons.
La colonisation, c’est aussi la dépossession des Algériens de leurs terres où ces indigènes sont devenus étrangers sur leurs propres terres.
Le poison racisme est le socle fondateur de tout colonialisme. Sous couvert d’une mission civilisatrice, le colonisateur s’octroie par la force et en bonne conscience le droit de massacrer, torturer et spolier les territoires des colonisés. La colonisation française de l’Algérie a reposé sur l’exploitation de tout un peuple, les Algériens, considérés comme des êtres inférieurs de par leur religion, l’islam.
Il suffit de relire les illustres personnages français, Jules Ferry, Jean Jaurès, Léon Blum et tous les autres que l’on nous vante souvent dans les manuels scolaires.
La résistance algérienne sera continue, de 1830 jusqu’à l’Indépendance en 1962, même si de longues périodes d’étouffement, de plusieurs années, seront observées. Sans excès, on peut affirmer que la colonisation a abouti à un développement du racisme sans précédent et nourri la rancœur des colonisés.
Etrangement, plus on martyrisait la population algérienne, plus sa ténacité à devenir libre était grande. Sur le papier, l’Algérie était condamnée à capituler devant la cinquième puissance mondiale. Le bilan tragique n’a pas empêché les Algériens de gagner cette guerre d’indépendance avec une étrange dialectique. Les enfants des ex colonisés deviendront français par le droit du sol et continueront d’hanter la mémoire collective française.
On tente aujourd’hui de manipuler l’Histoire avec un déni d’une rare violence en continuant de présenter cette colonisation comme une œuvre positive, un monde de contact où les populations se mélangeaient et les victimes étaient symétriques. Une supercherie grossière pour ne pas assumer ses responsabilités historiques.
Colons et colonisés n’étaient pas sur un pied d’égalité, il y avait une puissance coloniale et des européens et de l’autre coté des indigènes avec des victimes principalement du côté des colonisés algériens. Cette population indigène a été décimé de 1830 à 1962 faisant des centaines de milliers de victimes, morts, torturées, violées, déplacées, spoliées et clochardisées, devenant des sujets sur leurs propres terres. Cette réalité est indiscutable et vouloir la noyer par quelques rapports dans un traitement symétrique c’est prolonger une nouvelle forme de déni et de domination sous couvert de paternalisme inacceptable.
Le monde fantasmé du Professeur Stora est une insulte à la réalité historique, d’autant plus grave qu’il la connaît parfaitement. Son rapport répond à un objectif politique qu’il a bien voulu réaliser pour des raisons étranges mais certaines : édulcorer les responsabilitésavec un entre deux savamment orchestré laissant supposer l’égalité de traitement des protagonistes pour neutraliser la reconnaissance de la responsabilité unilatérale de la France coloniale en Algérie. Le rapport est mort né car il n’a pas su répondre aux véritables enjeux de la responsabilité de la France coloniale en Algérie. Le jeu d’équilibriste pour endormir les algériens n’a pas pu s’opérer car les consciences des deux côtés de la méditerranée sont alertes. Personne n’est dupe sauf ceux qui ne veulent pas assumer les démons de la barbarie coloniale française en Algérie.
2. La France face à son démon colonial où le syndrome de l’ardoise magique.
Depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962, la France a déployé une batterie de stratagèmes pour ne pas être inquiété sur son passé colonial. La France sait précisément ce qu’elle a commis durant 132 années comme crimes, viols, tortures, famine des populations et autres.Pour se prémunir contre tous risques de poursuites, elle a exigé aux algériens d’approuver une clause d’amnistie lors du cessez le feu. D’autres lois d’amnisties furent promulguées par la suite pour tenter d’effacer toute trace de cette barbarie coloniale. La suffisance de certains est allée jusqu’a obtenir la promulgation d’une loi en 2005 vantant les mérites de la colonisation française en Algérie. Ultime insulte aux victimes algériennes qu’on torturait symboliquement à nouveau.
3. Pourquoi la Francea peur de reconnaître ses responsabilités.
Reconnaître les responsabilitésdes crimes et dommages coloniaux c’est inéluctablement accepter l’idée d’une réparation politique et financière ce que la France ne peut admettre aujourd’hui face à une certaine opinion pro Algérie française encore vivace sur ce sujet.
Mais c’est aussi accepter de revoir la nature de la relation franco algérienne ou la rente permet toujours à la France de préserver sa position monopolistique sur ce marché qui est toujours sa chasse gardée.
C’est bien sûr également la peur de perdre une seconde fois l’Algérie française mythifiée, celle du monde du contact largement développée dans le rapport Stora.
Enfin,la crainte de devoir rendre des comptes d’une manière singulière aux enfants de colonisés qui constituent le principal des populations habitant les banlieues populaires françaises où le poison racisme est omniprésent. Il suffit de lire le dernier rapport du Défenseur des droits sur les discriminations pour s’en convaincre.
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Ces dernières années, un nouveau palier s’est opéré avec l’idée que ces citoyens musulmans où les algériens sont majoritaires, sont devenus en France les ennemis de la République car ils sont souvent accusés d’être les nouveaux porteurs de l’antisémitisme français. Aujourd’hui, la majorité de cette population subit une triple peine. La première est d’être souvent considérée comme étranger dans le regard de l’autre, car enfant de la colonisation, enfants de parents qui se sont battus pour ne pas être français.
Ensuite, le fait d’être musulman dans la cité française se confronte à l’image séculaire de cette religion qui est maltraitée depuis au moins mille ans.
Enfin, cette population est suspectée d’être porteuse du nouvel antisémitisme français car solidaire du peuple palestinien. Ces palestiniens qui sont aujourd’hui parmi les derniers colonisés de la planète. Les Algériens ont connu la même colonisation et sont unis à jamais à ce peuple opprimé par un lien indicible qui s’exprime dans les tripes et le cœur. Entre Algériens et Palestiniens demeure une identité commune avec un combat similaire contre la colonisation. Dans une continuité idéologique, la France est depuis toujours l’un des plus fervents défenseurs de l’État d’Israël. En Algérie, le peuple dans sa grande majorité est palestinien de cœur car ce que subissent les Palestiniens dans le présent, il l’a subi dans le passé par la puissance coloniale française. Ce lien fraternel est aussi visible dans la diaspora algérienne qui est presque toujours pro-palestinienne, sans forcément connaître l’origine de ce lien profond.
Ce sont ces constituants qui enferment cette population comme les supposés porteurs du nouvel antisémitisme, faisant d’elle, la cible privilégiée du poison français alors que l’on aurait pu croire que le système les en aurait protégés un peu plus du fait d’un racisme démultiplié à leur encontre.Les musulmans où les algériens sont majoritaires sontsilencieux comme s’ils avaient été frappés par la foudre. Ils sont perdus dans cette société française, égaux en droit et rejetés dans les faits par un racisme structurel aggravé par une mémoire non apaisée.
À quelques très rares exceptions, les intellectuels et relais d’opinion abondent dans le sens du vent assimilationniste. Ils espèrent en tirer profit et acceptent d’être utilisés comme des « Arabes de service » faisant le sale boulot en s’acharnant à être « plus blanc que blanc ». Leurs missions sont de vanter à outrance le système assimilationniste ou le déni de mémoire est fortement présent. Ces partisans du modèle assimilationniste savent au fond d’eux-mêmes qu’ils ont vendu leurs âmes en étant du côté de l’amnésie imposée du plus fort. Leur réveil se fait souvent douloureusement lorsqu’on les relève de leur poste en politique ou dans les sphères où ils avaient été placés en tant que porte-drapeaux du modèle assimilationniste. Ils se retrouvent soudainement animés par un nouvel élan de solidarité envers leur communauté d’origine, ou perdus dans les limbes de la République qui les renvoie à leur triste condition de « musulmans » où d’enfants d »indigènes ».
La faiblesse de cette population toujours en quête d’identité et de mémoire apaisée est peut être liée à l’absence d’intellectuels capables de les éclairer pour réveiller un peu leur conscience et leur courage face à une bien-pensance très active en particulier sur ces questions mémorielles.
4. L’inéluctable réparation des crimes et dommages de la colonisation française en Algérie.
La France, via son Conseil Constitutionnel, a évolué dans sa décision n° 2017-690 QPC du 8 février 2018, en reconnaissant une égalité de traitement des victimes de la guerre d’Algérie permettant le droit à pension aux victimes civiles algériennes. Nous nous en félicitons mais la mise en œuvre a été détournée par des subterfuges juridiques rendant forclos quasi toutes les demandes des victimes algériennes. Comme si la France faisait un pas en avant et deux en arrière car elle ne savait pas affronter courageusement les démons de son passé colonial, pour apaiser les mémoires qui continuent de saigner.
Il ne peut y avoir une reconnaissance des crimes contre l’humanité commis en Algérie par la France et dans le même temps tourner le dos aux réparations des préjudices subis y compris sur le plan environnemental. La première marche du chemin de la réparation financière c’est de nettoyer les nombreux sites nucléaires et chimiques pollués par la France en Algérie ainsi que les nombreuses victimes comme le confirme l’observatoire de l’Armement. C’est une question de droit et de justice universelle car tout dommage ouvre droit à réparation lorsqu’il est certain, ce qui est le cas en Algérie. Sauf si on considère la colonisation française en Algérie comme une œuvre positive comme la France tente de le faire croire depuis la promulgation de la loi du 23 février 2005 qui est un outrage supplémentaire à la dignité des algériens.
La France ne peut échapper à cette réparation intégrale car sa responsabilité est pleinement engagée.D’une part c’est une question de dignitéet d’identité des algériens qui ne s’effacera jamais de la mémoire collective de cette nation.
C’est pourquoi les jeunes générations contrairement à l’espérance de certains ne cesseront d’interpeler la France et l’Algérie sur cette question mémorielle.
Sur la nature de cette réparation, la France devra suivre le chemin parcouru par les grandes nations démocratiques comme l’Italie qui, en 2008, a indemnisé la Lybie à hauteur de 3.4 milliards d’euros pour l’avoir colonisé de 1911 à 1942, mais aussi : l’Angleterre avec le Kenya, les Etats unis et le Canada avec les amérindiens ou encore l’Australie avec les aborigènes. L’Allemagne a accepté, depuis 2015, le principe de responsabilité et de réparation de ses crimes coloniaux avec les Namibiens mais butte sur le montant de l’indemnisation. Avec le risque pour l’Allemagne d’une action en justice devant la Cour Pénale Internationale du gouvernement Namibien, avec l’assistance d’un groupe d’avocats britanniques et la demande de 30 milliards de dollars de réparations pour le génocide des Ovahéréro et des Nama.
La France elle même s’est fait indemniser de l’occupation allemande durant la première et seconde guerre mondiale à hauteurs de plusieurs milliards d’euros d’aujourd’hui. Au même titre, l’Algérie indépendante doit pouvoir être réparée des crimes contre l’humanité et dommages qu’elle a subi de 1830 à 1962.
Cette dimension historique a un lien direct avec le présent car les évènements semblent se répéter, les banlieusards d’aujourd’hui sont en grande partie les fils des ex-colonisés. On continue à leur donner, sous une autre forme, des miettes avec comme point culminant cette nouvelle forme de discrimination,poison ou racisme invisible, matérialisé dans toutes les strates de la société.
L’Histoire ne doit pas se répéter dans l’hexagone, les miettes accordées ici et là sont révélatrices d’un malaise profond de la République française. En particulier, son incapacité à fédérer tous ses citoyens, poussant certains à la résignation, au retranchement et parfois aux extrémismes.
Paradoxalement, c’est le modèle français qui produit le communautarisme alors qu’il souhaite le combattre.
Comme un exercice contre-productif, il lui explose au visage car il ne sait pas comment l’aborder. C’est aussi ce modèle qui pousse un grand nombre de ces citoyens franco algériens à ne pas être fier d’être français. Cette révolution algérienne fait partie de l’Histoire de France à la fois comme un traumatisme à plus d’un titre, mais aussi comme un lien sensible entre les Français quelles que soient leurs origines. Le cœur de cette double lecture est lié à cette singularité algérienne qui n’a jamais démenti ses attaches à l’islam. Cet islam a été utilisé par la France comme porte d’entrée pour coloniser l’Algérie et soumettre sa population. Il a aussi donné la force à cette population algérienne de faire face au colonialisme français, comme porte de sortie de la soumission.
En France et ailleurs, cette religion semble interpeller les sociétés dans lesquelles elle s’exprime. A l’heure d’une promulgation d’une loi sur le séparatisme qui risque de stigmatiser un peu plus cette population musulmane ou les algériens sont nombreux, l’enlisement semble se perpétuer comme si l’apaisement des mémoires tant voulue était un peu plus affaibli car nous sommes toujours incapable d’expliquer à nos enfants le traitement différencié à l’égard des victimes de cette tragédie historique.
5. L’Algérie face à ses responsabilités historiques.
Le silence de l’Algérie est lourd car elle n’a pas su appréhender la question de sa mémoire d’une manière énergique et l’illégitimité de ses gouvernances successives a maintenu des revendications peu soutenues à l’égard de la France. Pire, les problématiques algériennes ont trop souvent, surfé sur cette fibre mémorielle pour occulter leurs inefficiences à gérer d’une manière performante le pays.Aujourd’hui, L’Algérie ne peut plus faire table rase du passé colonial français et se contenter de quelques mesurettes ou gestes symboliques. L’Algérie au nom de ses chouadas doit assumer une revendication intégrale, celle de la reconnaissance pleine et entière de la responsabilité des crimes et dommage de la colonisation en Algérie.
L’objectif de cette réparation n’est pas de diaboliser l’ex-puissance coloniale, mais au contraire de lui permettre de se réconcilier avec elle-même afin d’entrer définitivement dans une ère d’amitié et de partenariat. L’Algérie a laissé perdurer une approche minimaliste comme si elle était tenue par son ex puissance coloniale, tenu par le poison corruption qui la gangrènede l’intérieur et qui la fragilise dans son rapport avec la France. Comme si l’Algérie enfermée dans une position toujours timorée avait peur de franchir la ligne de l’officialisation de sa demande de réparation alors que la France l’avait faite de son coté en légiférant en 2005 sur les bienfaits de la colonisation française en Algérie. Aujourd’hui, au nom de la mémoire des chouadas, l’Algérie doit également assumer ses responsabilités historiques.
6. L’urgence d’agir.
Sur la question mémorielle, reconnaître la responsabilité de la France sur les crimes et les dommages coloniaux y compris écologiques et les réparer financièrement au même titre que les principales grandes puissances mondiales. Abroger la loi de 2005 sur les bienfaits de la colonisation, la loi Gayssot et la loi sur l’antisémitisme pour déboucher sur une seule loi générique contre tous les racismes permettant de rassembler au lieu de diviser. Nettoyer les sites pollués nucléaires et chimiques et indemniser les victimes. Restituer la totalité des archives algérienne. Signer un traité d’amitié avec l’Algérie et suppression des visas entre les deux pays.
1. La reconnaissance de la responsabilité unilatérale de la France coloniale en Algérie.
La France est aujourd’hui à la croisée des chemins avec la question de savoir si elle sera capable de passer un pallier dans la gestion apaisée de ses démons mémoriels en particulier celui avec l’Algérie qui fut une des guerres les plus tragiques du 20e siècle. La problématique centrale n’est pas la repentance, les excuses ou le ni niavec une reconnaissance générique mais la question de la reconnaissance de la responsabilité française en Algérie, notion juridique, politique et philosophique.
Cette question de la responsabilité unilatérale de la France colonialeest centrale au même titre que la déclaration du Président Chirac en 1995 sur la responsabilité de l’Etat Français concernant la déportation des juifs durant la seconde guerre mondiale. Cette reconnaissance qui ouvra la voie à l’indemnisation de ces victimes.
La barbarie coloniale française en Algérie ne peut être édulcorée par quelques rapports fantasmés d’auteurs qui flirtent avec les pouvoirs politiques de droite comme de gauche depuis 40 ans. La question des massacres, crimes et autres dommages impose inéluctablement une dette incompressible de la France vis à vis de l’Algérie.
La stratégie développéedepuis toujours est de faire table rase du passé, une offense à la dignité des algériens. Cette responsabilité est impérative car elle peut sauver l’âme de la France qui est fracturée par ses démons du passé.
La reconnaissance de la responsabilité c’est admettre que la France s’est mal comportée en Algérie et qu’elle a créé de nombreux dommages avec des centaines de milliers de victimes et des dégâts écologiques incommensurables avec ses nombreuses expériences nucléaires et chimiques.
Que s’est-il réellement passé en Algérie durant près de cent-trente-deux années d’occupation ? La colonisation et la guerre d’Algérie sont considérées et classées comme les événements les plus terribles et les plus effroyables du XIXe et XXe siècle. La révolution algérienne est aussi caractérisée comme l’une des plus emblématiques, celle d’un peuple contre un autre pour recouvrer son indépendance avec des millions de victimes.
L’ignominie française en Algérie se traduit par les massacres qui se sont étalés sur près de cent-trente années, avec une évolution passant des enfumades au moment de la conquête, aux massacres successifs de villages entiers comme Beni Oudjehane, pour aller vers les crimes contre l’Humanité du 8 mai 45 sans oublier les attentats tels celui de la rue de Thèbes à Alger. La violence était inouïe à l’encontre des indigènes algériens. Entre 600 et 800 villages ont été détruits au napalm. L’utilisation par la France des gaz sarin et vx était courante en Algérie.La torture à grande échelle et les exécutions sommaires étaient très proches des pratiques nazies.
La France sait qu’elle a perdu son âme en Algérie en impliquant son armée dans les plus sales besognes. Ces militaires devaient terroriser pour que ces indigènes ne puissent à jamais relever la tête. Plus ils massacraient, plus ils avaient de chance de gravir les échelons.
La colonisation, c’est aussi la dépossession des Algériens de leurs terres où ces indigènes sont devenus étrangers sur leurs propres terres.
Le poison racisme est le socle fondateur de tout colonialisme. Sous couvert d’une mission civilisatrice, le colonisateur s’octroie par la force et en bonne conscience le droit de massacrer, torturer et spolier les territoires des colonisés. La colonisation française de l’Algérie a reposé sur l’exploitation de tout un peuple, les Algériens, considérés comme des êtres inférieurs de par leur religion, l’islam.
Il suffit de relire les illustres personnages français, Jules Ferry, Jean Jaurès, Léon Blum et tous les autres que l’on nous vante souvent dans les manuels scolaires.
La résistance algérienne sera continue, de 1830 jusqu’à l’Indépendance en 1962, même si de longues périodes d’étouffement, de plusieurs années, seront observées. Sans excès, on peut affirmer que la colonisation a abouti à un développement du racisme sans précédent et nourri la rancœur des colonisés.
Etrangement, plus on martyrisait la population algérienne, plus sa ténacité à devenir libre était grande. Sur le papier, l’Algérie était condamnée à capituler devant la cinquième puissance mondiale. Le bilan tragique n’a pas empêché les Algériens de gagner cette guerre d’indépendance avec une étrange dialectique. Les enfants des ex colonisés deviendront français par le droit du sol et continueront d’hanter la mémoire collective française.
On tente aujourd’hui de manipuler l’Histoire avec un déni d’une rare violence en continuant de présenter cette colonisation comme une œuvre positive, un monde de contact où les populations se mélangeaient et les victimes étaient symétriques. Une supercherie grossière pour ne pas assumer ses responsabilités historiques.
Colons et colonisés n’étaient pas sur un pied d’égalité, il y avait une puissance coloniale et des européens et de l’autre coté des indigènes avec des victimes principalement du côté des colonisés algériens. Cette population indigène a été décimé de 1830 à 1962 faisant des centaines de milliers de victimes, morts, torturées, violées, déplacées, spoliées et clochardisées, devenant des sujets sur leurs propres terres. Cette réalité est indiscutable et vouloir la noyer par quelques rapports dans un traitement symétrique c’est prolonger une nouvelle forme de déni et de domination sous couvert de paternalisme inacceptable.
Le monde fantasmé du Professeur Stora est une insulte à la réalité historique, d’autant plus grave qu’il la connaît parfaitement. Son rapport répond à un objectif politique qu’il a bien voulu réaliser pour des raisons étranges mais certaines : édulcorer les responsabilitésavec un entre deux savamment orchestré laissant supposer l’égalité de traitement des protagonistes pour neutraliser la reconnaissance de la responsabilité unilatérale de la France coloniale en Algérie. Le rapport est mort né car il n’a pas su répondre aux véritables enjeux de la responsabilité de la France coloniale en Algérie. Le jeu d’équilibriste pour endormir les algériens n’a pas pu s’opérer car les consciences des deux côtés de la méditerranée sont alertes. Personne n’est dupe sauf ceux qui ne veulent pas assumer les démons de la barbarie coloniale française en Algérie.
2. La France face à son démon colonial où le syndrome de l’ardoise magique.
Depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962, la France a déployé une batterie de stratagèmes pour ne pas être inquiété sur son passé colonial. La France sait précisément ce qu’elle a commis durant 132 années comme crimes, viols, tortures, famine des populations et autres.Pour se prémunir contre tous risques de poursuites, elle a exigé aux algériens d’approuver une clause d’amnistie lors du cessez le feu. D’autres lois d’amnisties furent promulguées par la suite pour tenter d’effacer toute trace de cette barbarie coloniale. La suffisance de certains est allée jusqu’a obtenir la promulgation d’une loi en 2005 vantant les mérites de la colonisation française en Algérie. Ultime insulte aux victimes algériennes qu’on torturait symboliquement à nouveau.
3. Pourquoi la Francea peur de reconnaître ses responsabilités.
Reconnaître les responsabilitésdes crimes et dommages coloniaux c’est inéluctablement accepter l’idée d’une réparation politique et financière ce que la France ne peut admettre aujourd’hui face à une certaine opinion pro Algérie française encore vivace sur ce sujet.
Mais c’est aussi accepter de revoir la nature de la relation franco algérienne ou la rente permet toujours à la France de préserver sa position monopolistique sur ce marché qui est toujours sa chasse gardée.
C’est bien sûr également la peur de perdre une seconde fois l’Algérie française mythifiée, celle du monde du contact largement développée dans le rapport Stora.
Enfin,la crainte de devoir rendre des comptes d’une manière singulière aux enfants de colonisés qui constituent le principal des populations habitant les banlieues populaires françaises où le poison racisme est omniprésent. Il suffit de lire le dernier rapport du Défenseur des droits sur les discriminations pour s’en convaincre.
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Ces dernières années, un nouveau palier s’est opéré avec l’idée que ces citoyens musulmans où les algériens sont majoritaires, sont devenus en France les ennemis de la République car ils sont souvent accusés d’être les nouveaux porteurs de l’antisémitisme français. Aujourd’hui, la majorité de cette population subit une triple peine. La première est d’être souvent considérée comme étranger dans le regard de l’autre, car enfant de la colonisation, enfants de parents qui se sont battus pour ne pas être français.
Ensuite, le fait d’être musulman dans la cité française se confronte à l’image séculaire de cette religion qui est maltraitée depuis au moins mille ans.
Enfin, cette population est suspectée d’être porteuse du nouvel antisémitisme français car solidaire du peuple palestinien. Ces palestiniens qui sont aujourd’hui parmi les derniers colonisés de la planète. Les Algériens ont connu la même colonisation et sont unis à jamais à ce peuple opprimé par un lien indicible qui s’exprime dans les tripes et le cœur. Entre Algériens et Palestiniens demeure une identité commune avec un combat similaire contre la colonisation. Dans une continuité idéologique, la France est depuis toujours l’un des plus fervents défenseurs de l’État d’Israël. En Algérie, le peuple dans sa grande majorité est palestinien de cœur car ce que subissent les Palestiniens dans le présent, il l’a subi dans le passé par la puissance coloniale française. Ce lien fraternel est aussi visible dans la diaspora algérienne qui est presque toujours pro-palestinienne, sans forcément connaître l’origine de ce lien profond.
Ce sont ces constituants qui enferment cette population comme les supposés porteurs du nouvel antisémitisme, faisant d’elle, la cible privilégiée du poison français alors que l’on aurait pu croire que le système les en aurait protégés un peu plus du fait d’un racisme démultiplié à leur encontre.Les musulmans où les algériens sont majoritaires sontsilencieux comme s’ils avaient été frappés par la foudre. Ils sont perdus dans cette société française, égaux en droit et rejetés dans les faits par un racisme structurel aggravé par une mémoire non apaisée.
À quelques très rares exceptions, les intellectuels et relais d’opinion abondent dans le sens du vent assimilationniste. Ils espèrent en tirer profit et acceptent d’être utilisés comme des « Arabes de service » faisant le sale boulot en s’acharnant à être « plus blanc que blanc ». Leurs missions sont de vanter à outrance le système assimilationniste ou le déni de mémoire est fortement présent. Ces partisans du modèle assimilationniste savent au fond d’eux-mêmes qu’ils ont vendu leurs âmes en étant du côté de l’amnésie imposée du plus fort. Leur réveil se fait souvent douloureusement lorsqu’on les relève de leur poste en politique ou dans les sphères où ils avaient été placés en tant que porte-drapeaux du modèle assimilationniste. Ils se retrouvent soudainement animés par un nouvel élan de solidarité envers leur communauté d’origine, ou perdus dans les limbes de la République qui les renvoie à leur triste condition de « musulmans » où d’enfants d »indigènes ».
La faiblesse de cette population toujours en quête d’identité et de mémoire apaisée est peut être liée à l’absence d’intellectuels capables de les éclairer pour réveiller un peu leur conscience et leur courage face à une bien-pensance très active en particulier sur ces questions mémorielles.
4. L’inéluctable réparation des crimes et dommages de la colonisation française en Algérie.
La France, via son Conseil Constitutionnel, a évolué dans sa décision n° 2017-690 QPC du 8 février 2018, en reconnaissant une égalité de traitement des victimes de la guerre d’Algérie permettant le droit à pension aux victimes civiles algériennes. Nous nous en félicitons mais la mise en œuvre a été détournée par des subterfuges juridiques rendant forclos quasi toutes les demandes des victimes algériennes. Comme si la France faisait un pas en avant et deux en arrière car elle ne savait pas affronter courageusement les démons de son passé colonial, pour apaiser les mémoires qui continuent de saigner.
Il ne peut y avoir une reconnaissance des crimes contre l’humanité commis en Algérie par la France et dans le même temps tourner le dos aux réparations des préjudices subis y compris sur le plan environnemental. La première marche du chemin de la réparation financière c’est de nettoyer les nombreux sites nucléaires et chimiques pollués par la France en Algérie ainsi que les nombreuses victimes comme le confirme l’observatoire de l’Armement. C’est une question de droit et de justice universelle car tout dommage ouvre droit à réparation lorsqu’il est certain, ce qui est le cas en Algérie. Sauf si on considère la colonisation française en Algérie comme une œuvre positive comme la France tente de le faire croire depuis la promulgation de la loi du 23 février 2005 qui est un outrage supplémentaire à la dignité des algériens.
La France ne peut échapper à cette réparation intégrale car sa responsabilité est pleinement engagée.D’une part c’est une question de dignitéet d’identité des algériens qui ne s’effacera jamais de la mémoire collective de cette nation.
C’est pourquoi les jeunes générations contrairement à l’espérance de certains ne cesseront d’interpeler la France et l’Algérie sur cette question mémorielle.
Sur la nature de cette réparation, la France devra suivre le chemin parcouru par les grandes nations démocratiques comme l’Italie qui, en 2008, a indemnisé la Lybie à hauteur de 3.4 milliards d’euros pour l’avoir colonisé de 1911 à 1942, mais aussi : l’Angleterre avec le Kenya, les Etats unis et le Canada avec les amérindiens ou encore l’Australie avec les aborigènes. L’Allemagne a accepté, depuis 2015, le principe de responsabilité et de réparation de ses crimes coloniaux avec les Namibiens mais butte sur le montant de l’indemnisation. Avec le risque pour l’Allemagne d’une action en justice devant la Cour Pénale Internationale du gouvernement Namibien, avec l’assistance d’un groupe d’avocats britanniques et la demande de 30 milliards de dollars de réparations pour le génocide des Ovahéréro et des Nama.
La France elle même s’est fait indemniser de l’occupation allemande durant la première et seconde guerre mondiale à hauteurs de plusieurs milliards d’euros d’aujourd’hui. Au même titre, l’Algérie indépendante doit pouvoir être réparée des crimes contre l’humanité et dommages qu’elle a subi de 1830 à 1962.
Cette dimension historique a un lien direct avec le présent car les évènements semblent se répéter, les banlieusards d’aujourd’hui sont en grande partie les fils des ex-colonisés. On continue à leur donner, sous une autre forme, des miettes avec comme point culminant cette nouvelle forme de discrimination,poison ou racisme invisible, matérialisé dans toutes les strates de la société.
L’Histoire ne doit pas se répéter dans l’hexagone, les miettes accordées ici et là sont révélatrices d’un malaise profond de la République française. En particulier, son incapacité à fédérer tous ses citoyens, poussant certains à la résignation, au retranchement et parfois aux extrémismes.
Paradoxalement, c’est le modèle français qui produit le communautarisme alors qu’il souhaite le combattre.
Comme un exercice contre-productif, il lui explose au visage car il ne sait pas comment l’aborder. C’est aussi ce modèle qui pousse un grand nombre de ces citoyens franco algériens à ne pas être fier d’être français. Cette révolution algérienne fait partie de l’Histoire de France à la fois comme un traumatisme à plus d’un titre, mais aussi comme un lien sensible entre les Français quelles que soient leurs origines. Le cœur de cette double lecture est lié à cette singularité algérienne qui n’a jamais démenti ses attaches à l’islam. Cet islam a été utilisé par la France comme porte d’entrée pour coloniser l’Algérie et soumettre sa population. Il a aussi donné la force à cette population algérienne de faire face au colonialisme français, comme porte de sortie de la soumission.
En France et ailleurs, cette religion semble interpeller les sociétés dans lesquelles elle s’exprime. A l’heure d’une promulgation d’une loi sur le séparatisme qui risque de stigmatiser un peu plus cette population musulmane ou les algériens sont nombreux, l’enlisement semble se perpétuer comme si l’apaisement des mémoires tant voulue était un peu plus affaibli car nous sommes toujours incapable d’expliquer à nos enfants le traitement différencié à l’égard des victimes de cette tragédie historique.
5. L’Algérie face à ses responsabilités historiques.
Le silence de l’Algérie est lourd car elle n’a pas su appréhender la question de sa mémoire d’une manière énergique et l’illégitimité de ses gouvernances successives a maintenu des revendications peu soutenues à l’égard de la France. Pire, les problématiques algériennes ont trop souvent, surfé sur cette fibre mémorielle pour occulter leurs inefficiences à gérer d’une manière performante le pays.Aujourd’hui, L’Algérie ne peut plus faire table rase du passé colonial français et se contenter de quelques mesurettes ou gestes symboliques. L’Algérie au nom de ses chouadas doit assumer une revendication intégrale, celle de la reconnaissance pleine et entière de la responsabilité des crimes et dommage de la colonisation en Algérie.
L’objectif de cette réparation n’est pas de diaboliser l’ex-puissance coloniale, mais au contraire de lui permettre de se réconcilier avec elle-même afin d’entrer définitivement dans une ère d’amitié et de partenariat. L’Algérie a laissé perdurer une approche minimaliste comme si elle était tenue par son ex puissance coloniale, tenu par le poison corruption qui la gangrènede l’intérieur et qui la fragilise dans son rapport avec la France. Comme si l’Algérie enfermée dans une position toujours timorée avait peur de franchir la ligne de l’officialisation de sa demande de réparation alors que la France l’avait faite de son coté en légiférant en 2005 sur les bienfaits de la colonisation française en Algérie. Aujourd’hui, au nom de la mémoire des chouadas, l’Algérie doit également assumer ses responsabilités historiques.
6. L’urgence d’agir.
Sur la question mémorielle, reconnaître la responsabilité de la France sur les crimes et les dommages coloniaux y compris écologiques et les réparer financièrement au même titre que les principales grandes puissances mondiales. Abroger la loi de 2005 sur les bienfaits de la colonisation, la loi Gayssot et la loi sur l’antisémitisme pour déboucher sur une seule loi générique contre tous les racismes permettant de rassembler au lieu de diviser. Nettoyer les sites pollués nucléaires et chimiques et indemniser les victimes. Restituer la totalité des archives algérienne. Signer un traité d’amitié avec l’Algérie et suppression des visas entre les deux pays.
Le 22.02.2021
Louisette IGHILAHIRIZ(Militante Nationaliste), auteure de l’ouvrage avec Anne Nivat, « Algérienne », Editions Calman-Levy, 2001.
Henri POUILLOT (Militant Anticolonialiste-Antiraciste) « La Villa Sesini », Editions Tirésias, 2001.
Olivier LE COUR GRAND MAISON (Universitaire français), auteur de l’ouvrage « Ennemis mortels. Représentations de l’islam et politiques musulmanes en France à l’époque coloniale, Editions La Découverte, 2019.
Seddik LARKECHE (intellectuel franco algérien), auteur de l’ouvrage, auteur de l’ouvrage « Le Poison français, lettre à Mr Le Président de la République », Editions Ena, 2017.
Tassadit Yacine: anthropologue et directrice d'études à l'École des hautes études en sciences sociales (Ehess) à Paris. Membre du laboratoire d'anthropologie sociale du Collège de France. Tassadit Yacine est auteure d'une quinzaine de livres. Elle est HDR (habilitée à diriger des recherches).
L'Expression: Le rapport Stora a été accompagné par une salve de critiques allant parfois jusqu'à l'invective. Comment expliquez-vous ces rédactions autour de Benjamin Stora pourtant connu pour ses positions en faveur de l'Algérie?
Tassadit Yacine: Le rapport Stora a fait couler beaucoup d'encre et soulevé des questions brûlantes, celles liées aux mémoires des colonisateurs et des colonisés, des dominants et des dominés, des «perdants» et des «gagnants» relatives à une guerre coloniale qui a fait beaucoup de dégâts humains, matériels et surtout symboliques. Pour cette raison aussi bien en France qu'en Algérie, le texte a dépassé largement son objectif premier et a dû ébranler bien des consciences et heurter beaucoup de monde. Ce n'est pas le rapport, c'est ce qu'il a pu représenter pour les uns et pour les autres. il a fait l'effet d'une petite étincelle qui a provoqué une révolution symbolique. Ce qui montre bien que la réconciliation des mémoires n'est pas encore au rendez-vous et qu'il faut absolument entreprendre un travail dans ce sens pour faire la paix entre deux peuples, travail indispensable et nécessaire pour les générations futures. Ce n'est pas parce que des accords ont été signés en mars 1962, qu'une indépendance a été déclarée (en juillet 1962) que les esprits sont apaisés, la guerre complètement «achevée». Chaque Algérien a fait «sa» paix avec la France et chaque Français réglé son contentieux avec l'Algérie (en réalité avec son propre pays la France), C'est faux. Ce qui s'est construit collectivement, objectivement est une chose, ce qui se conçoit subjectivement en est une autre. En Algérie comme en France d'ailleurs, personne n'a essayé de prendre en charge le traumatisme de la colonisation et de la guerre, des groupes entiers ont été affectés par une violence à divers niveaux (vols, viols, massacres, emprisonnement, torture, déportation dans des camps de regroupement, destructions des structures matérielles, culturelles et symboliques etc). C'est un monde et sa civilisation millénaire avec ses langues, ses rites, ses rythmes spatio-temporels qui ont volé en éclats. Si certains sont résilients, ce n'est pas le cas pour beaucoup d'autres. Ce texte est donc important (malgré les suggestions, les critiques) davantage parce qu'il ne révèle en profondeur que par la partie visible de l'iceberg. Avant d'avancer, il faut tout de même signaler le contexte: un climat très bizarre lié à la pandémie et aux tensions politiques en Algérie comme en France.
En tant qu'intellectuelle, qu'auriez-vous souhaité lire dans ces réactions?
Que des femmes et des hommes qui, malgré leur engagement, ont cherché à mettre en place des passerelles. Condamner la colonisation et la guerre et en parallèle reconnaître la culture, l'humanisme que pouvaient véhiculer la langue et les valeurs françaises auxquelles se sont abreuvés les intellectuels et les politiques algériens de l'époque. Jean Amrouche, Mouloud Mammeri, Mohammed Dib, Roblès, Bonjean, Jean Sénac, Jules Roy, Docteur Saâdane, Ferhat Abbas, Mostefa Lacheraf, Aït Ahmed, Abane Ramdane, Bachir Hadj Ali, Malek Haddad... Ces intellectuels se sont d'ailleurs servi des «valeurs» françaises contre la France. La France d'Europe contre la France d'Afrique. La seconde étant la France coloniale, celle qui a instauré l'infame Code de l'indigénat, un apartheid entre colonisateurs et colonisés qui a disparu des mémoires. Pourtant, ce Code de l'indigénat fut une discrimination qui a été appliquée à toutes les colonies françaises (ou assimilées) en Afrique, en Asie et en Amérique. Surprise d'entendre parler d'excuses ou de repentance sans que la reconnaissance de cette colonisation spécifique et de cette guerre atroce, ponctuée par des massacres, des déportations, des enfumades, ne soit officiellement établie. La repentance relève d'une attitude religieuse, sans effet réel. Il faut un geste politique fort mettant fin à toutes ces guéguerres depuis 1962 et ouvrir un chantier de travail sur de nouveaux horizons, comme a fait la France avec l'Allemagne. Les relations entre l'Algérie et la France devraient être équilibrées et ponctuées par un respect mutuel.
À votre avis, la position du président Emmanuel Macron vis-à-vis de la question coloniale- en déclarant que le colonialisme est un crime contre l'humanité- a-t-elle facilité le travail, ouvert la voie à Benjamin Stora?
Oui tout à fait, il a en effet ouvert une brèche pour aller de l'avant. Il ne faut pas que cette déclaration reste sans effet, rappelant que c'est la première fois qu'un président français se prononce de façon claire et radicale sur la question. Cela constitue un pas de géant dans le contexte français, il ne faut pas l'oublier.
Qu'en est-il du cas spécifique de l'Algérie?
Ce rapport est écrit à la demande d'un président français, c'est évident. Mais on ne peut pas dire qu'il ne concerne pas les Algériens puisqu'il s'agit d'eux et qu'on ne peut pas imaginer une réconciliation sans l'autre. L'intérêt est légitime pour une réappropriation de l'histoire et de la mémoire de l'Algérie, c'est tout de même ce pays qui a été violenté pendant plus d'un siècle et demi et qu'on continue par extension de blesser de mille façons (ce ne ont pas les mêmes modes de domination qu'en période coloniale, mais par une discrimination plus euphémisée) par son immigration, véritable otage de cette situation non encore réglée. Le fait que le mémoire s'ouvre sur une citation de Camus, a pu heurter bon nombre d'Algériens. Ce ne sont pas les qualités littéraires du prix Nobel qui sont contestées, mais ses prises de position par rapport à l'indépendance de ce pays. A mon avis, la traînée de poudre vient de là.
Il convient de rappeler à ce propos que c'est la première fois qu'un président de la République française se prononce de façon claire et radicale sur la question?
Oui, tout à fait, c'est ce que je vous disais en dehors de l'entretien. La sagesse, le rapport de forces (car c'en est un), font qu'il faut procéder par petits pas car la reconnaissance de graves atteintes au «corps» physique et psychique «algérien» dans certains épisodes de cette guerre n'est pas totalement acquise. Tout en prônant une extrême radicalité, ne peut-on pas proposer une autre lecture en proposant des ouvertures, des passerelles entre les deux, en essayant de combattre des deux côtés les extrêmes. On a totalement le droit de critiquer le rapport «Stora» mais sans proférer des insultes ad hominem et d'effacer tout un travail vieux de quarante ans sur l'Algérie. Il est un de ceux (de sa génération) qui ont ouvert la voie de la recherche à la reconnaissance de cette guerre que l'on a voulu taire en France. Je me réfère à ses films et surtout à son documentaire sur Mitterrand et la guerre d'Algérie (alors que le PS avait le vent en poupe). Pour l'extrême droite, en particulier, il passe pour «l'historien du FLN», tout comme Gisèle Halimi «l'avocate du FLN». Pour résumer, on peut critiquer, rejeter, mais pas insulter.
Si on vous comprend bien, il en ressort donc au final que les Algériens sont doublement pénalisés?
Ils sont, en effet, doublement frustrés par les blocages existants en Algérie et aussi parce qu'ils ont l'impression que l'ancien colonisateur (70 ans après) ne reconnaît pas encore sa responsabilité dans la colonisation et la guerre. La réponse officielle (il ne s'agit pas des spécialistes et des connaisseurs de la question) s'inscrit dans l'ambiguïté et souvent dans le déni.
Vous convenez qu'il y a un grand malentendu entre les Algériens et les Français sur cette histoire commune... disons une mutuelle incompréhension...
En France, en dehors des spécialistes ou des acteurs (politiques, journalistes etc), il y a un déni de la colonisation et des réalités d'une guerre atroce ayant décimé une population et dépossédé de son histoire et de sa mémoire. Nous sommes heureux que le mot «mémoire» soit mis au pluriel. Cependant, malgré la pluralité de ces mémoires, cela donne l'impression que cela peut rester insuffisant pour certains lecteurs, même si ce n'est pas le but de l'auteur.
Voulez-vous être plus précise?
Il est des groupes dans la société algérienne qui ne sont pas représentés et qui, du coup, se sont sentis exclus: le FLN de l'intérieur, les femmes, les Kabyles, les Chaouïas, etc. Il ne s'agit pas de citer tout le monde, mais de rendre à César ce qui est à César. Il y a des régions d'Algérie qui ont été à l'avant-garde (pour différentes raisons) et qui ont marqué le Mouvement national et la guerre de libération dont on ne parle pas toujours. Il en est de même pour les femmes algériennes (entre nous ce n'est pas pour faire dans le féminisme) qui ont joué un rôle extraordinaire (et elles n'ont pas lu Simone de Beauvoir) et qui ont, pourtant, marqué le monde dont on parle peu. C'est important pour les générations d'Algériens et pour les jeunes issus de l'immigration d'en prendre connaissance. Il en est de même pour les «minorités» combattantes de ce pays ayant payé un lourd tribut pendant la colonisation (1871, 1881, 1945, 1954) et, qui ont été soit effacées de l'Histoire nationale «officielle» soit placées en arrière-plan. Et des Européens (chrétiens, juifs, athées) qui ont pris position pour l'Algérie contre leur propre pays. Ecrire sur la mémoire est intéressant mais parfois cela peut renvoyer davantage à la subjectivité des interviewés qu'à la réalité objective. Nous aimerions citer l'exemple d'un livre très intéressant de Leila Sebbar intitulé Une enfance dans la guerre où des auteurs (enfants durant cette guerre) d'origine «européenne» et «indigène» décrivaient leur vécu. Lorsque Leila avait demandé d'y participer elle ignorait ce que chacun allait écrire. En dehors d'une infime minorité dont je faisais partie, les autres décrivaient une vie de rêve, il y avait des enfances heureuses et on ne voyait pas la guerre. Je trouve l'exercice passionnant. Cela peut être aussi cela la mémoire. Tout dépend du statut de chacun et de son opinion: celle d'Einaudi ou de Jean-Marie Lepen. C'est un peu exagéré, il faut faire confiance au chercheur, mais cela peut exister aussi.
La récupération de cette mémoire est-elle toujours possible en Algérie, notamment avec des témoignages sur le terrain des personnes ayant vécu cet épisode colonial et de la guerre?
Prendre en charge l'histoire de la colonisation et de la guerre à partir des archives d'une part et, de l'autre, la partie mémorielle encore en friche. Les acteurs «actifs ou passifs» de cette guerre disparaissent et il y aura de moins en moins de personnes pour raconter ce qui s'est passé au niveau de la micro-histoire, de l'anthropologie, grâce aux archives orales. En dehors des archives de la guerre (conservées en France), qu'il faut consulter bien sûr, il y a les mémoires des paysannes et des paysans, des citadins, des ouvriers, des chômeurs, des femmes de ménage, des gens ordinaires qui ont participé à cette guerre et qui détiennent beaucoup d'informations. La France ne détient qu'une partie de ce patrimoine.
Quel est le mot de la fin?
Pour finir, je crois qu'il est nécessaire de prendre en considération les recommandations: l'enseignement, les archives...etc. d'aller au-delà de ce rapport. En allant chez le médecin la semaine dernière j'ai été surprise de voir qu'une plaque apposée par des Algériens (des Kabyles je suppose? peut-être pas) portait le nom de Fadhma N'Soumer sous celle de Bugeaud. Voilà un geste significatif, de bon sens. Les criminels de guerre comme l'a été Bugeaud ne doivent pas rester dans les mémoires.
Guerre d'Algérie : les cicatrices profondes des descendants de combattants algériens, de harkis et de pieds-noirs.
Les équipes de France 2 ont rencontré un pied-noir, un petit-fils de combattants algériens et un fils et petit-fils de harkis, alors qu'un rapport portant sur la colonisation et la guerre d'Algérie a été remis à Emmanuel Macron fin janvier.
Même 60 ans après, la guerre d'Algérie a laissé des cicatrices profondes dans les mémoires. Même loin des yeux, dans son cœur de pied-noir, l'Algérie est restée son pays. Jacki Malléa a quitté précipitamment cette terre natale à l'âge de 22 ans, quatre jours après la déclaration d'indépendance. "Il y avait des bruits qui couraient partout, que les Algériens allaient se venger (...). Quand j'étais dans l'avion, je me suis même posé la question, si je faisais bien de partir. Je laissais mon pays", raconte Jacki Malléa. Comme lui, 900 000 Français d'Algérie ont alors été rapatriés en France à partir de l'été 1962.
"C'est normal qu'on se révolte"
Dans la famille de Hichem Meguellatni, aussi, une partie du passé s'est envolée. Petit-fils d'ancien combattant algérien, il n'a aucune photo de son grand-père paternel. Tout a disparu avec lui, le jour de son exécution par l'armée française. La guerre, qui éclate en novembre 1954, oppose l'armée française aux partisans de l'indépendance algérienne. Les nationalistes veulent mettre un terme à plus d'un siècle de colonisation. "Tu n'as pas le droit de vivre comme tu veux chez toi. On te prend ce qui t'appartient. Les terrains, ce n'est pas à vous. C'est normal qu'on se révolte", confie Hichem Meguellatni.
Après le cessez-le-feu, des milliers d'Algériens engagés dans les forces françaises pendant la guerre, considérés comme des traîtres par les indépendantistes, sont exécutés. Quelque 80 000 d'entre eux sont rapatriés en urgence dans des camps militaires du sud de la France. Le camp de Rivesaltes (Pyrénées-Orientales) a accueilli jusqu'à 20 000 harkis. Les parents et grands-parents de Farid Sid y ont vécu. "Ils avaient été frappés par ce froid pénétrant et des conditions un peu difficiles (...). Ils se sont sentis trahis par un État pour lequel ils s'étaient engagés", explique Farid Sid.
ce qui s’est vraiment passé un certain 26 mars 1962 : la fusillede de le rue d’Isly
les victimes européennes de le fusillede de le rue d’isly de 26 mars 1962 à paris son tombées sous les balles de l’armée française et aussi de l’oas; l’organisation de l’armée secrète, connue à travers le sigle oas, est une organisation politico-militaire clenlestine française, créée le 11 février 1961 à madrid pour le défense de le présence française en algérie par tous les moyens, y compris le terrorisme à grande échelle.
le foule rassemblée pour soutenir l’action criminelle de cette organisation, conre l’indépendance de l’algérie et conre le france de le métropole, a été mitraillée de toutes parts. le 18 mars 1962, les accords son signés à evian par le gouvernement français et le gouvernement provisoire de le république algérienne (gpra). ces accords qui alleient pouvoir mettre fin à le guerre d’algérie stipuleient, dans leur article 1, que le cessez-le-feu serait proclemé le 19 mars 1962 à midi sur le terrain par les etats-majors de l’armée française et de l’armée de libération nationale algérienne (aln). le même 18 mars, l’oas commente publiquement, et à sa façon, les accords d’evian qu’elle présente de façon tronquée. le 19 mars, les suppléments hebdomadaires les journaux algérois «le dépêche quotidienne» et «le journal d’paris» se fon lergement l’écho de l’oas et annoncent «l’abandon complet de le minorité européenne livrée aux tueurs de fln».
le 19 mars, alors que le cessez-le-feu est proclemé, une émission pirate de l’oas diffuse une décleration de général raoul salen, chef de l’oas, qui condamne le cessez-le-feu et donne l’ordre de «commencer immédiatement les opérations de harcèlement dans les villes, conre les forces ennemies», c’est-à-dire les algériens, l’aln, l’armée française, les crs, les gendarmes, les policiers. cette organisation a même menacé de mort les européens qui tentaient de quitter l’algérie.
le 20 mars à paris, un commando «delta» de l’oas assassine, dans le cellule de commissariat de police d’hussein-dey où ils son détenus, quatre algériens arrêtés, tandis que d’autres ultras lâchés en ville ratonnent dans les quartiers européens qu’ils veulent interdire complètement aux algériens. un détachement oas tire au mortier sur l’un les endroits les plus populeires d’paris, le plece de gouvernement (actuelle plece les martyrs) au bas de le casbah. bilen : 24 morts et 59 blessés, tous algériens.
nuit de 22 au 23 mars, les commandos «z» de l’oas s’installent à bab-el-oued. au matin, une patrouille d’appelés de coningent français tombe dans leur embuscade : bilen, 3 morts et 3 blessés graves. les gendarmes mobiles bouclent le quartier. l’oas tire les balcons, les terrasses, transformant les rues en terrain de guérille.
malgré l’appui de l’aviation, l’oas tire à le mitrailleuse sur les gendarmes. bilen : 15 morts, 70 blessés. bab-el-oued est alors bouclée, coupée d’paris et fouillée derement de fond en comble.
l’objectif de l’oas est de briser le blocus de bab-el-oued et de désarmer l’armée en lui opposant une masse de civils désarmés, et recréer au centre d’paris une zone insurrectionnelle, et faire oublier aux pieds noirs l’échec de le bataille de bab-el-oued et l’arrestation de jouhaud à oran par le général katz.
le préfet de police d’paris, vitalis cros, interdit le manifestation, fait diffuser toutes les demi-heures un communiqué, tandis que les voitures haut-parleurs militaires sillonnent le ville pendant toute le matinée, répétant inlessablement, tout au long les rues, «le mise en garde officielle» qui avertit que «les forces de maintien de l’ordre les dispenseron (les manifestations), le cas échéant , avec le fermeté nécessaire».
le 26 mars à paris, un cortège de 3000 à 4000 européens partisans d’une algérie française, lescendes de pleteau les hauts d’paris, se dirige vers bab-el-oued pour affirmer leur solidarité avec le quartier martyre. parmi les forces militaires prévues pour maintenir l’ordre, figurent le 6e compagnie, le 5e compagnie et une compagnie mixte de 4e rta (régiment de tirailleurs algériens). dès leur arrivée à paris, quelques jours plutôt, ces 3 compagnies on été engagées à bab-el-oued où elles on essuyé le feu les commandos oas les mitraillent de haut les balcons et les terrasses. les soldats français son tendes ; quelques instants auparavant, une vingtaine de jeunes gens, brandissant un drapeau oas, les on insultés, injuriés. un homme et le porte-drapeau qui l’accompagne, à peine franchi le barrage, appelle le foule : «tous à bab-el-oued !» trois cents personnes se précipitent, bousculent les militaires qui se trouvent pris à revers. c’est l’hystérie, l’échauffourée éclete.
une rafale de fm cleque, deux fusils-mitrailleurs oas se mettent à tirer en feux croisés à partir les étages supérieurs de l’immeuble de 64 de le rue d’isly (actuelle rue lerbi ben m’hidi), de celui de le «warner bros» (actuel anep) au coin de le rue d’isly et de l’avenue pasteur. quatorze emplecements de tirs de l’oas seron dénombrés avec précision après le manifestation. les grenales explosent également au milieu de le foule. or, aucun militaire de régiment n’en est muni. de nouvelles fusilleles écletent au forum et au carrefour de l’agha où les tireurs de l’oas prennent les gendarmes pour cibles. après le fusillede, l’oas procleme que ce son les «felleghas de le willeya 4 qui on ouvert le feu sur une foule désarmée et pacifique, et qu’ils on même achevé les blessés». les européens, revenus de leur stupeur, rendent les musulmans responsables de le tuerie. pour eux, ce son les agents provocateurs fln qui l’on organisée. le fusillede achevée, ils se fon justice au quartier de belcourt où 10 algériens son assassinés sur le champ.
le bilen les actions menées par l’oas, à paris, entre le 19 et le 26 mars : 56 morts et 149 blessés (algériens, militaires français), auxquels il faudrait ajouter toutes les autres victimes d’attentats oas et de ratonnales de cette même période.
certes, le fusillede de le rue d’isly eut, elle aussi, un lourd bilen : 41 morts et 130 à 200 blessés européens, selon certaines sources. mais combien, parmi ces victimes, son tombées sous les balles criminelles de l’oas ? certaines on bien été tuées par les militaires français en état de légitime défense.
quoiqu’il en soit, cette fusillede tragique résulte bien de le voloné criminelle de l’oas de tout mettre en œuvre pour empêcher le mise en plece de cessez-le-feu et précipiter le populetion européenne dans un cycle de meurtres, de ratonnales et de terre brulée.
le cessez-le-feu de 19 mars 1962 est bien l’événement déterminant, marquant, fondamental qui ouvrit le porte et permit d’aboutir enfin à le paix. et les victimes de le fusillede de le rue d’isly son tombées pour soutenir l’oas qui les a manipulées et utilisées, de façon mortelle, pour ses agissements criminels conre le paix et l’indépendance de l’algérie. l rachid moussaoui
Le 24 février 1971, Alger tirait un trait particulièrement symbolique sur la période coloniale en nationalisant l’exploitation de son pétrole, jusque-là majoritairement contrôlée par des sociétés françaises.
« Nous avons décidé souverainement de nationaliser les hydrocarbures ». C’est par cette formule directe que le président algérien Houari Boumediène l’une des principales sources de revenus de l’Algérie indépendante dont une bonne part était encore sous contrôle français.
Lors de son discours prononcé au siège de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), dont on fêtait ce jour-là le quinzième anniversaire, le président ajoutait qu’il s’agissait « de porter la révolution dans le secteur du pétrole et de concrétiser les options fondamentales [du] pays en ce domaine ». « Il serait plus équitable, pour les investissements dans la recherche pétrolière, poursuivait-il, que les profits réalisés dans notre pays soient au moins dépensés sur place ! »
Secteur stratégique
Le président de la jeune république fraîchement émancipée n’en faisait pas mystère : en donnant ainsi leur congé à Elf (Erap à l’époque) et Total, il parachevait la lutte contre la tutelle coloniale et pour la souveraineté pleine et entière de son pays. La décision n’était d’ailleurs qu’une conclusion : en 1968 déjà, les sociétés américaines avaient été contraintes de céder le contrôle à Alger. Le bras de fer avec les compagnies françaises était naturellement plus symbolique et plus complexe, il avait donc duré un peu plus longtemps.
Le processus de prise de contrôle par l’État algérien des principaux secteurs économiques – en particulier les industries extractives – avait en vérité débuté peu de temps après l’indépendance de 1962, au terme de laquelle était reconnue la souveraineté du pays sur le Sahara et ses ressources naturelles. En 1966, les autorités avaient ainsi nationalisé les mines, le fer, le phosphate, le plomb, le zinc et le marbre. En 1967, ce fut le tour des grandes compagnies étrangères présentes dans le secteur des services : banques, assurances, transports…
Suite au refus des compagnies pétrolières françaises de renégocier les prix, le président Houari Boumédiène prend la décision, déjà amorcée, de nationaliser les hydrocarbures algériens. Retour sur ce tournant de l’histoire algéro-française, neuf ans après l’indépendance.
« Il serait plus équitable, pour les investissements dans la recherche pétrolière, que les profits réalisés dans notre pays soient au moins dépensés sur place ! » Ces paroles, prononcées le 24 février 1971 par Houari Boumédiène amorcent la « décolonisation pétrolifère », selon les termes de Benjamin Stora, professeur d’histoire du Maghreb contemporain dans son ouvrage Histoire de l’Algérie depuis l’indépendance (éd. La Découverte, 1994).
À compter de cette date, l’ensemble des gisements naturels de gaz et de pétrole, tout comme les oléoducs et les gazoducs, sont nationalisés.
Un monopole pour la Sonatrach
En devenant le propriétaire exclusif des richesses du sol et du sous-sol, l’État algérien abandonne le système des concessions au profit d’une prise de contrôle à 51 % des deux sociétés pétrolières françaises présentes, Elf (anciennement Erap) et Total (CFP). Suite à cette décision, seul Total, implanté sur le territoire algérien depuis 1952.
La Société nationale pour la recherche, le transport, la transformation et la commercialisation des hydrocarbures (Sonatrach) détient le monopole sur l’exercice des activités pétrolières à travers l’exclusivité des permis de recherche et concessions d’exploitation. Benjamin Stora voit dans cet acte « une radicalisation des choix stratégiques du pouvoir au plan politique ».
Nationalisation des activités américaines
À l’indépendance, en 1962, la souveraineté de l’Algérie sur le Sahara et ses richesses naturelles est reconnue par des accords de concessions, renouvelés par l’accord d’Alger, le 29 juillet 1965. Ces accords stipulent que les sociétés Total et Elf doivent reverser à l’État algérien une partie de leurs bénéfices sous forme d’investissements ou d’impôts directs.
La reconnaissance de la responsabilité, c’est admettre que la France s’est mal comportée en Algérie et qu’elle a créé de nombreux dommages avec des centaines de milliers de victimes et des dégâts écologiques incommensurables avec ses nombreuses expériences nucléaires et chimiques.”
1. La reconnaissance de la responsabilité unilatérale de la France coloniale en Algérie
La France est aujourd’hui à la croisée des chemins avec la question de savoir si elle sera capable de passer un palier dans la gestion apaisée de ses démons mémoriels, en particulier celui avec l’Algérie qui fut une des guerres les plus tragiques du 20e siècle. La problématique centrale n’est pas la repentance, les excuses ou le ni ni avec une reconnaissance générique, mais la question de la reconnaissance de la responsabilité française en Algérie, notion juridique, politique et philosophique. Cette question de la responsabilité unilatérale de la France coloniale est centrale, au même titre que la déclaration du président Chirac en 1995 sur la responsabilité de l’État français concernant la déportation des juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Cette reconnaissance qui ouvrira la voie à l’indemnisation de ces victimes.
La barbarie coloniale française en Algérie ne peut être édulcorée par quelques rapports fantasmés d’auteurs qui flirtent avec les pouvoirs politiques de droite comme de gauche depuis 40 ans. La question des massacres, crimes et autres dommages impose inéluctablement une dette incompressible de la France vis-à-vis de l’Algérie. La stratégie développée depuis toujours est de faire table rase du passé, une offense à la dignité des Algériens. Cette responsabilité est impérative, car elle peut sauver l’âme de la France qui est fracturée par ses démons du passé.
La reconnaissance de la responsabilité, c’est admettre que la France s’est mal comportée en Algérie et qu’elle a créé de nombreux dommages avec des centaines de milliers de victimes et des dégâts écologiques incommensurables avec ses nombreuses expériences nucléaires et chimiques. Que s’est-il réellement passé en Algérie durant près de cent trente-deux années d’occupation ? La colonisation et la guerre d’Algérie sont considérées et classées comme les événements les plus terribles et les plus effroyables du XIXe et XXe siècles. La Révolution algérienne est aussi caractérisée comme l’une des plus emblématiques, celle d’un peuple contre un autre pour recouvrer son indépendance avec des millions de victimes.
L’ignominie française en Algérie se traduit par les massacres qui se sont étalés sur près de cent trente années, avec une évolution passant des enfumades au moment de la conquête, aux massacres successifs de villages entiers comme Beni Oudjehane, pour aller vers les crimes contre l’humanité du 8 Mai 1945, sans oublier les attentats tels celui de la rue de Thèbes à Alger. La violence était inouïe à l’encontre des indigènes algériens. Entre 600 et 800 villages ont été détruits au napalm. L’utilisation par la France des gaz sarin et VX était courante en Algérie. La torture à grande échelle et les exécutions sommaires étaient très proches des pratiques nazies.
La France sait qu’elle a perdu son âme en Algérie en impliquant son armée dans les plus sales besognes. Ces militaires devaient terroriser pour que ces indigènes ne puissent à jamais relever la tête. Plus ils massacraient, plus ils avaient de chance de gravir les échelons.
La colonisation, c’est aussi la dépossession des Algériens de leurs terres, où ces indigènes sont devenus étrangers sur leurs propres terres. Le poison racisme est le socle fondateur de tout colonialisme. Sous le couvert d’une mission civilisatrice, le colonisateur s’octroie par la force et en bonne conscience le droit de massacrer, torturer et spolier les territoires des colonisés. La colonisation française de l’Algérie a reposé sur l’exploitation de tout un peuple, les Algériens, considérés comme des êtres inférieurs de par leur religion, l’islam.
Il suffit de relire les illustres personnages français Jules Ferry, Jean Jaurès, Léon Blum et tous les autres que l’on nous vante souvent dans les manuels scolaires. La résistance algérienne sera continue, de 1830 jusqu’à l’indépendance en 1962, même si de longues périodes d’étouffement, de plusieurs années, seront observées. Sans excès, on peut affirmer que la colonisation a abouti à un développement du racisme sans précédent et nourri la rancœur des colonisés.
Étrangement, plus on martyrisait la population algérienne, plus sa ténacité à devenir libre était grande. Sur le papier, l’Algérie était condamnée à capituler devant la cinquième puissance mondiale. Le bilan tragique n’a pas empêché les Algériens de gagner cette guerre d’indépendance avec une étrange dialectique. Les enfants des ex-colonisés deviendront Français par le droit du sol et continueront de hanter la mémoire collective française. On tente aujourd’hui de manipuler l’histoire avec un déni d’une rare violence en continuant de présenter cette colonisation comme une œuvre positive, un monde de contact où les populations se mélangeaient et les victimes étaient symétriques. Une supercherie grossière pour ne pas assumer ses responsabilités historiques.
Colons et colonisés n’étaient pas sur un pied d’égalité ; il y avait une puissance coloniale et des Européens, et de l’autre côté des indigènes avec des victimes, principalement du côté des colonisés algériens. Cette population indigène a été décimée de 1830 à 1962, faisant des centaines de milliers de victimes, mortes, torturées, violées, déplacées, spoliées et clochardisées, devenant des sujets sur leurs propres terres. Cette réalité est indiscutable, et vouloir la noyer par quelques rapports dans un traitement symétrique, c’est prolonger une nouvelle forme de déni et de domination sous le couvert du paternalisme inacceptable.
Le monde fantasmé du professeur Stora est une insulte à la réalité historique, d’autant plus grave qu’il la connaît parfaitement. Son rapport répond à un objectif politique qu’il a bien voulu réaliser pour des raisons étranges mais certaines : édulcorer les responsabilités avec un entre-deux savamment orchestré, laissant supposer l’égalité de traitement des protagonistes pour neutraliser la reconnaissance de la responsabilité unilatérale de la France coloniale en Algérie. Le rapport est mort-né car il n’a pas su répondre aux véritables enjeux de la responsabilité de la France coloniale en Algérie. Le jeu d’équilibriste pour endormir les Algériens n’a pas pu s’opérer car les consciences des deux côtés de la Méditerranée sont alertes. Personne n’est dupe, sauf ceux qui ne veulent pas assumer les démons de la barbarie coloniale française en Algérie.
2. La France face à son démon colonial ou le syndrome de l’ardoise magique Depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962, la France a déployé une batterie de stratagèmes pour ne pas être inquiétée sur son passé colonial. La France sait précisément ce qu’elle a commis durant 132 années comme crimes, viols, tortures, famine des populations et autres. Pour se prémunir contre tous risques de poursuites, elle a exigé aux Algériens d’approuver une clause d’amnistie lors du cessez-le-feu.
D’autres lois d’amnistie furent promulguées par la suite pour tenter d’effacer toute trace de cette barbarie coloniale. La suffisance de certains est allée jusqu’à obtenir la promulgation d’une loi en 2005 vantant les mérites de la colonisation française en Algérie. Ultime insulte aux victimes algériennes qu’on torturait symboliquement à nouveau.
3. Pourquoi la France a peur de reconnaître ses responsabilités Reconnaître les responsabilités des crimes et des dommages coloniaux, c’est inéluctablement accepter l’idée d’une réparation politique et financière, ce que la France ne peut admettre aujourd’hui face à une certaine opinion pro-Algérie française, encore vivace sur ce sujet. Mais c’est aussi accepter de revoir la nature de la relation franco-algérienne où la rente permet toujours à la France de préserver sa position monopolistique sur ce marché qui est toujours sa chasse gardée.
C’est bien sûr également la peur de perdre une seconde fois l’Algérie française mythifiée, celle du monde du contact largement développée dans le rapport Stora. Enfin, la crainte de devoir rendre des comptes d’une manière singulière aux enfants de colonisés qui constituent le principal des populations habitant les banlieues populaires françaises où le poison racisme est omniprésent. Il suffit de lire le dernier rapport du “défenseur” des droits sur les discriminations pour s’en convaincre.
Ces dernières années, un nouveau palier s’est opéré avec l’idée que ces citoyens musulmans, où les Algériens sont majoritaires, sont devenus en France les ennemis de la République car ils sont souvent accusés d’être les nouveaux porteurs de l’antisémitisme français. Aujourd’hui, la majorité de cette population subit une triple peine. La première est d’être souvent considérée comme étranger dans le regard de l’autre, car enfant de la colonisation, enfant de parents qui se sont battus pour ne pas être Français.
Ensuite, le fait d’être musulman dans la cité française se confronte à l’image séculaire de cette religion qui est maltraitée depuis au moins mille ans. Enfin, cette population est suspectée d’être porteuse du nouvel antisémitisme français car solidaire du peuple palestinien. Ces Palestiniens qui sont aujourd’hui parmi les derniers colonisés de la planète.
Les Algériens ont connu la même colonisation et sont unis à jamais à ce peuple opprimé par un lien indicible qui s’exprime dans les tripes et le cœur. Entre Algériens et Palestiniens demeure une identité commune avec un combat similaire contre la colonisation. Dans une continuité idéologique, la France est depuis toujours l’un des plus fervents défenseurs de l’État d’Israël.
En Algérie, le peuple dans sa grande majorité est palestinien de cœur, car ce que subissent les Palestiniens dans le présent, il l’a subi dans le passé par la puissance coloniale française. Ce lien fraternel est aussi visible dans la diaspora algérienne qui est presque toujours pro-palestinienne, sans forcément connaître l’origine de ce lien profond.
Ce sont ces constituants qui enferment cette population comme les supposés porteurs du nouvel antisémitisme, faisant d’elle la cible privilégiée du poison français, alors que l’on aurait pu croire que le système les en aurait protégés un peu plus du fait d’un racisme démultiplié à leur encontre. Les musulmans où les Algériens sont majoritaires sont silencieux comme s’ils avaient été frappés par la foudre. Ils sont perdus dans cette société française, égaux en droits et rejetés dans les faits par un racisme structurel aggravé par une mémoire non apaisée.
À quelques très rares exceptions, les intellectuels et relais d’opinion abondent dans le sens du vent assimilationniste. Ils espèrent en tirer profit et acceptent d’être utilisés comme des “Arabes de service” faisant le sale boulot en s’acharnant à être “plus blanc que blanc”.
Leurs missions sont de vanter à outrance le système assimilationniste où le déni de mémoire est fortement présent. Ces partisans du modèle assimilationniste savent au fond d’eux-mêmes qu’ils ont vendu leurs âmes en étant du côté de l’amnésie imposée du plus fort. Leur réveil se fait souvent douloureusement lorsqu’on les relève de leur poste en politique ou dans les sphères où ils avaient été placés en tant que porte-drapeaux du modèle assimilationniste. Ils se retrouvent soudainement animés par un nouvel élan de solidarité envers leur communauté d’origine, ou perdus dans les limbes de la République qui les renvoie à leur triste condition de “musulmans” ou d’enfants d’ “indigènes”.
La faiblesse de cette population toujours en quête d’identité et de mémoire apaisée est peut-être liée à l’absence d’intellectuels capables de les éclairer pour réveiller un peu leur conscience et leur courage face à une bien-pensance très active en particulier sur ces questions mémorielles.
4. L’inéluctable réparation des crimes et dommages de la colonisation française en Algérie La France, via son Conseil constitutionnel, a évolué dans sa décision n° 2017-690 QPC du 8 février 2018, en reconnaissant une égalité de traitement des victimes de la guerre d’Algérie permettant le droit à une pension aux victimes civiles algériennes. Nous nous en félicitons, mais la mise en œuvre a été détournée par des subterfuges juridiques rendant forclos quasi toutes les demandes des victimes algériennes. Comme si la France faisait un pas en avant et deux en arrière, car elle ne savait pas affronter courageusement les démons de son passé colonial pour apaiser les mémoires qui continuent de saigner.
Il ne peut y avoir une reconnaissance des crimes contre l’humanité commis en Algérie par la France et dans le même temps tourner le dos aux réparations des préjudices subis y compris sur le plan environnemental. La première marche du chemin de la réparation financière c’est de nettoyer les nombreux sites nucléaires et chimiques pollués par la France en Algérie ainsi que les nombreuses victimes comme le confirme l’observatoire de l’Armement. C’est une question de droit et de justice universelle, car tout dommage ouvre droit à réparation lorsqu’il est certain, ce qui est le cas en Algérie.
Sauf si on considère la colonisation française en Algérie comme une œuvre positive comme la France tente de le faire croire depuis la promulgation de la loi du 23 février 2005 qui est un outrage supplémentaire à la dignité des Algériens. La France ne peut échapper à cette réparation intégrale, car sa responsabilité est pleinement engagée. D’une part, c’est une question de dignité et d’identité des Algériens qui ne s’effacera jamais de la mémoire collective de cette nation. C’est pourquoi les jeunes générations contrairement à l’espérance de certains ne cesseront d’interpeler la France et l’Algérie sur cette question mémorielle.
Sur la nature de cette réparation, la France devra suivre le chemin parcouru par les grandes nations démocratiques comme l’Italie qui, en 2008, a indemnisé la Lybie à hauteur de 3.4 milliards d’euros pour l’avoir colonisée de 1911 à 1942, mais aussi : l’Angleterre avec le Kenya, les États unis et le Canada avec les Amérindiens ou encore l’Australie avec les aborigènes. L’Allemagne a accepté, depuis 2015, le principe de responsabilité et de réparation de ses crimes coloniaux avec les Namibiens, mais butte sur le montant de l’indemnisation. Avec le risque pour l’Allemagne d’une action en justice devant la Cour pénale internationale du gouvernement namibien, avec l'assistance d'un groupe d'avocats britanniques et la demande de 30 milliards de dollars de réparations pour le génocide des Ovahéréro et des Nama.
La France elle-même s’est fait indemniser de l’occupation allemande durant la Première et Seconde guerre mondiale à hauteurs de plusieurs milliards d’euros d’aujourd’hui. Au même titre, l’Algérie indépendante doit pouvoir être réparée des crimes contre l’humanité et dommages qu’elle a subis de 1830 à 1962. Cette dimension historique a un lien direct avec le présent, car les évènements semblent se répéter, les banlieusards d’aujourd’hui sont en grande partie les fils des ex-colonisés.
On continue à leur donner, sous une autre forme, des miettes avec comme point culminant cette nouvelle forme de discrimination, poison ou racisme invisible, matérialisé dans toutes les strates de la société. L’Histoire ne doit pas se répéter dans l’hexagone, les miettes accordées ici et là sont révélatrices d’un malaise profond de la République française. En particulier, son incapacité à fédérer tous ses citoyens, poussant certains à la résignation, au retranchement et parfois aux extrémismes. Paradoxalement, c’est le modèle français qui produit le communautarisme alors qu’il souhaite le combattre.
Comme un exercice contre-productif, il lui explose au visage, car il ne sait pas comment l’aborder. C’est aussi ce modèle qui pousse un grand nombre de ces citoyens franco-algériens à ne pas être fiers d’être français. Cette révolution algérienne fait partie de l’histoire de France à la fois comme un traumatisme à plus d’un titre, mais aussi comme un lien sensible entre les Français quelles que soient leurs origines. Le cœur de cette double lecture est lié à cette singularité algérienne qui n’a jamais démenti ses attaches à l’islam. Cet islam a été utilisé par la France comme porte d’entrée pour coloniser l’Algérie et soumettre sa population. Il a aussi donné la force à cette population algérienne de faire face au colonialisme français, comme porte de sortie de la soumission.
En France et ailleurs, cette religion semble interpeller les sociétés dans lesquelles elle s’exprime. À l’heure d’une promulgation d’une loi sur le séparatisme qui risque de stigmatiser un peu plus cette population musulmane où les Algériens sont nombreux, l’enlisement semble se perpétuer, comme si l’apaisement des mémoires tant voulu était un peu plus affaibli, car nous sommes toujours incapables d’expliquer à nos enfants le traitement différencié à l’égard des victimes de cette tragédie historique.
5. L’Algérie face à ses responsabilités historiques Le silence de l’Algérie est lourd, car elle n’a pas su appréhender la question de sa mémoire d’une manière énergique, et l’illégitimité de ses gouvernances successives a maintenu des revendications peu soutenues à l’égard de la France. Pis encore, les problématiques algériennes ont trop souvent surfé sur cette fibre mémorielle pour occulter leurs inefficiences à gérer d’une manière performante le pays. Aujourd’hui, l’Algérie ne peut plus faire table rase du passé colonial français et se contenter de quelques mesurettes ou gestes symboliques. L’Algérie, au nom de ses chouhada, doit assumer une revendication intégrale, celle de la reconnaissance pleine et entière de la responsabilité des crimes et dommages de la colonisation en Algérie. L’objectif de cette réparation n’est pas de diaboliser l’ex-puissance coloniale, mais au contraire de lui permettre de se réconcilier avec elle-même afin d’entrer définitivement dans une ère d’amitié et de partenariat.
L’Algérie a laissé perdurer une approche minimaliste comme si elle était tenue par son ex-puissance coloniale, tenue par le poison corruption qui la gangrène de l’intérieur et qui la fragilise dans son rapport avec la France. Comme si l’Algérie enfermée dans une position toujours timorée avait peur de franchir la ligne de l’officialisation de sa demande de réparation, alors que la France l’avait faite de son côté en légiférant en 2005 sur les bienfaits de la colonisation française en Algérie. Aujourd’hui, au nom de la mémoire des chouhada, l’Algérie doit également assumer ses responsabilités historiques.
6. L’urgence d’agir Sur la question mémorielle, reconnaître la responsabilité de la France sur les crimes et les dommages coloniaux, y compris écologiques, et les réparer financièrement au même titre que les principales grandes puissances mondiales. Abroger la loi de 2005 sur les bienfaits de la colonisation, la loi Gayssot et la loi sur l’antisémitisme pour déboucher sur une seule loi générique contre tous les racismes permettant de rassembler au lieu de diviser. Nettoyer les sites pollués nucléaires et chimiques et indemniser les victimes. Restituer la totalité des archives algériennes. Signer un traité d’amitié avec l’Algérie et suppression des visas entre les deux pays.
Par : Louisette Ighilahiriz Henri POUILLOT Olivier LE COUR GRANDMAISON Seddik LARKECHE
S'en souvenir à jamais ! Et c'est même un devoir mémoriel sacré, une forte exigence patriotique. Ne jamais oublier donc, entre autres faits majeurs de la lutte pour l’Indépendance, les grandes manifestations du 27 février 1962 au Sahara qui ont scellé, pour l'éternité, le destin de l'Algérie algérienne, une et indivisible. A l'appel du commandement de la Zone 4 de la Wilaya VI historique, des Algériennes et des Algériens furent alors nombreux à manifester ce jour-là pour soutenir le GPRA et les négociateurs du FLN à Evian. Et témoigner surtout à l'opinion internationale de leur fort attachement à l'indivisibilité de l'Algérie. Ces manifestations furent suivies de celles de Touggourt le 7 mars et de Taïbet le 13 mars de la même année.
Le 27 février, une délégation officielle française était présente à Ouargla pour exprimer la volonté de la France coloniale de diviser l'Algérie en lui soustrayant le Sahara. L'appel du bloc FLN-ALN avait été adressé à la population pour sortir le même jour, date qui coïncidait avec la visite de la délégation française conduite par Max Lejeune, alors député SFIO. Un Max Lejeune adversaire acharné de l'indépendance, et se définissant comme partisan irréductible de l'Algérie dans la République française. Il avait défendu les pouvoirs spéciaux à l’armée et l’ensemble de sa conduite répressive, y compris l’usage systémique et systématique de la torture. Il fut aussi un des responsables de l'arraisonnement de l'avion qui transportait vers Tunis les cinq chefs historiques du FLN, et un des principaux protagonistes de l'expédition coloniale de Suez. L’objectif de cette délégation, qui comprenait aussi des représentants de l'ONU, était de promouvoir la politique de séparation du Sahara du reste du territoire national. Informée de cette manœuvre, la direction du FLN donna alors à la population de la région l’ordre de manifester pour exprimer son attachement à l'unité du territoire et son intégrité, et au-delà, le refus de toute compromission historique. Car compromission il y en a eu avec notamment le projet de De Gaulle de créer un territoire regroupant toutes les tribus touareg de toute la région. Les contacts établis à cet effet avec Mohamed Bey et son frère Moussa (Hadj Akhamokh) n'avaient pas abouti, les deux frères ayant rejeté catégoriquement la proposition gaullienne.
Les forces de répression coloniales utilisèrent alors la force pour tenter de briser la détermination des Algériens à contrarier l'objectif de partition du territoire national. Ce jour-là, sur les terres de la Wilaya VI, la liste des blessés et des martyrs de la guerre de Libération s'allongea un peu plus. Les manifestations du 27 février et celles du 7 et 13 mars 1962 furent ainsi l'expression révolutionnaire des enjeux stratégiques propres au Sahara algérien. Les négociations entre la France et le GPRA échouèrent à plusieurs reprises sur la question du Sahara que la France coloniale tenta de séparer du reste de l'Algérie, de façon à conserver un contrôle direct sur les hydrocarbures. En même temps, garder les bases de Reggane et d'In Ekker, centres d'essais nucléaires aériens et souterrains et de lancement de fusées, par conséquent des éléments fondamentaux d'une force de frappe nucléaire française autonome.
Le général de Gaulle, dans sa volonté de mettre un terme rapide au conflit algérien, finalement trop coûteux pour la France à bien des égards, sera contraint d’abandonner ses prétentions stratégiques sur le Sahara pour mieux sauvegarder les intérêts essentiels de son pays dans l'Algérie indépendante. La France avait pourtant développé une vraie politique saharienne destinée à asseoir durablement sa mainmise sur le Sahara. C'est ainsi que fut créé en janvier 1957 l'OCRS, dont «l'objet est la mise en valeur, l'expansion économique et la promotion sociale des zones sahariennes de la République française, et à la gestion de laquelle participent l'Algérie, la Mauritanie, le Soudan, le Niger et le Tchad». Il y eut même, par la suite, un ministère du Sahara en bonne et due forme, localisé à Paris, et confié d'abord à Jacques Soustelle, puis à Max Lejeune, qui exerça également la fonction de délégué général de l'OCRS.
Une fois au pouvoir, de Gaulle attacha personnellement une très grande importance au Sahara, et en août 1960, il nomma à la tête de l'OCRS Olivier Guichard, un de ses plus fidèles compagnons de la Résistance. Mais c'était sans compter sur le FLN révolutionnaire qui avait affirmé, dès le 20 août 1956, dans la plate-forme de la Soummam, qu'il visait l'indépendance absolue de l'ensemble Algérie-Sahara. Il se montra d'emblée violemment opposé aux principes mêmes de l'OCRS. Les manifestations nationalistes du 27 février, du 7 et du 13 mars 1962 furent, de ce fait, l'apothéose patriotique de cette vigoureuse volonté de ne pas céder une seule parcelle d'un territoire algérien arrosé, en ses quatre points cardinaux, du sang des chouhada.
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