Algeria حسان الارهابي Hassan Terro Algerie
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LE VRAI ALI lAPOINTE :
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LE VRAI ALI lAPOINTE :
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Rédigé le 27/01/2024 à 21:45 dans France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)
Je suis douanière, Algérienne à la frontière. Je n’ai qu’une consigne : ne pas dédouaner à la légère...
Refuser l’accès à tous ceux qui ne méritent pas de fouler de leur pied notre terre. Ce n’est pas seulement à Enrico que nous avons opposé notre véto mais à tous les bourricots qui ne distinguent pas entre ce qui va et ce qui vaut.
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Rédigé le 10/02/2024 à 17:21 dans France, Guerre d'Algérie, Lejournal Depersonne | Lien permanent | Commentaires (0)
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Rédigé le 10/02/2024 à 16:15 dans France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)
Dans son nouveau livre, Abdelkrim Tazaroute sollicite plusieurs cinéastes et réalisateurs algériens pour des questions autour du cinéma algérien : a-t-on produit assez de films autour de la guerre de Libération nationale ? Pourquoi les héros de ces films de guerre étaient-ils des anonymes ? A partir de quand et comment le cinéma algérien s’est-il intéressé aux biopics mettant en lumière les grands noms de la résistance algérienne ?
Le journaliste apporte des éléments de réponse et donne la parole à des professionnels du cinéma algériens : Ahmed Bedjaoui, Boukhalfa Amazit, Mohamed Foudil Hazourli, Saïd Mehdaoui, Saïd Ould Khelifa, Nasreddine Ghenifi, Mustapha Mangouchi, Ahmed Benkamla. Certains de ces cinéastes ont tiré leur révérence depuis l’écriture de ce livre.
Dans la dernière partie de son ouvrage, l’auteur évoque le parcours de ces hommes et femmes du 7e art qui nous ont quittés récemment (Yacef Saâdi, Cherif Aggoune, Saïd Hilmi, Ahmed Benaïssa, Nasreddine Guenifi...).
Le Centre national du cinéma algérien est créé en 1964. Une si jeune paix, une fiction de Jacques Charbi marque le début de la production cinématographique suivi par L’Aube des damnés, un long métrage documentaire d’Ahmed Rachedi et par La nuit a peur du soleil de Mustapha Badie. Abdelkrim Tazaroute constate qu’il y a eu peu de productions cinématographiques dédiées à la guerre de Libération nationale. «Le nombre de films ne dépasse pas la dizaine et pourtant des voix ont crié au scandale comme si c’était un crime que de mobiliser les moyens de production pour la réalisation de longs métrages qui retracent l’épopée algérienne et l’Algérie combattante.»
Les premiers films algériens portant sur la guerre de libération avaient tous pour héros le peuple. «Les héros n’avaient pas de nom. Ils étaient vaillants, courageux et n’avaient aucun défaut. Cette image a été tellement véhiculée dans la filmographie algérienne que la mémoire collective est incapable de citer un seul héros de la guerre de libération. On parlera volontiers de Ali Mout Waquef, héros du film L’Opium et le Bâton d’Ahmed Rachedi, sans savoir ce qu’il représente hors de cette fiction.»
Il aura donc fallu attendre 45 ans après l’indépendance, pour voir un film dédié à un chef historique de la guerre de libération : Ben Boulaïd d’Ahmed Rachedi sorti en 2008, suivi de Zabana de Saïd Ould Khalifa, en 2012. Dans un chapitre intitulé «L’humour pour dédramatiser», le journaliste aborde la question des films ayant inclus dans leur trame la dimension humoristique, tels que Omar Gatlato (Merzak Allouache), Hassan Terro (Mohamed Lakhdar Hamina), Le Clandestin (Benamar Bekhti), Les folles années du twist (Mahmoud Zemouri).
Pourquoi tant de films ayant traité de la guerre de libération ont porté à l’écran des héros anonymes ? Abdelkrim Tazaroute écrit : «La Bataille d’Alger est sans conteste le film le plus représentatif des productions que nous pouvons classer dans la catégorie un seul héros le peuple. Il s’agit d’un haut fait de la guerre de Libération nationale avec ses héros, son quartier mythique la Casbah, ses héros, Larbi Ben M’hidi, Abane Ramdane, Yacef Saâdi, Hassiba Ben Bouali, Ptit Omar, les poseuses de bombe. Pourtant, le film reste silencieux sur les noms de ces héros nationaux.»
Il a fallu attendre le début des années 2000, pour que les héros de la révolution sortent de l’anonymat à la faveur du tournage de biopics. «En effet, c’est en 2008 que le cinéaste Ahmed Rachedi réalisa Ben Boulaïd. Ce film sera suivi par Zabana de Saïd Ould Khaklifa, puis de Krim Belkacem et Lotfi d’Ahmed Rachedi.» D’autres cinéastes ont continué sur la lancée à l’instar de Djaffar Gacem avec Héliopolis, Bachir Derraïs Ben M’hidi...
Dans la deuxième partie de son livre, Abdelkrim Tazaroute présente aux lecteurs quelques films dédiés à la guerre de Libération nationale : La Bataille d’Alger, Hassen Terro, Patrouille à l’Est, Tahiaya Didou, Chroniques des années de braise, Ben Boulaïd... A propos du biopic Zabana de Saïd OuldKhelifa sorti en 2012, il note : «Le film se poursuit dans les geôles de Sarkadji avec notamment la rencontre de Zabana et de Ali Zamoum (...) des séquences de torture avant d’atteindre le pic, fort en intensité émotionnelle avec la séquence de l’exécution du héros Zabana, les scènes de la veuve, qui ne fonctionne pas à deux reprises, ce qui logiquement devait conduire automatiquement à une grâce et enfin la furtive rencontre de l’avocat de Zabana avec les responsables de la révolution qui promettent de venger la mort de leurs frères Zabana et Ferradj, guillotinés.»
La dernière partie de «L’image du héros» est un hommage aux acteurs, cinéastes et réalisateurs disparus : Keltoum, Chafia Boudraa, Yamina Bachir Chouikh, Brahim Tsaki, Rachid Fares, Rouiched, Sid-Ali Kouiret, Moussa Haddad, Hassan Hassani, Cherif Aggoune, Saïd Hilmi, Lyazid Khodja, Farouk Beloufa...
Ce livre est préfacé par Ahmed Bedjaoui. Il est illustré par de nombreuses photos de films, en noir et blanc.
Abdelkrim Tazaroute est l’auteur de plusieurs ouvrages sur la musique et le cinéma. Il a également signé un roman, trois documentaires et un court métrage fiction.
Soraya Naili
Cinéma algérien et guerre de Libération nationale. L’image du héros. Abdelkrim Tazaroute. éditions Anep. 2023.129
Rédigé le 10/02/2024 à 14:57 dans Cinéma, Culture, France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)
Rédigé le 09/02/2024 à 21:04 dans France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)
Quatre mois après les massacres du Hamas, le double standard à l’œuvre en Palestine historique catalyse un effondrement moral et politique mortifère. Une réalité qui affleure aussi dans l’hommage prévu mercredi par Emmanuel Macron aux victimes franco-israéliennes.
ImmédiatementImmédiatement après avoir été alertés sur des accusations de participation à des massacres de civils d’une ampleur inédite, les pays occidentaux réagissent d’une voix quasi unanime : désolidarisation publique vis-à-vis de ceux qui auraient laissé agir consciemment ou non les meurtriers, sanctions financières lourdes prises sans délais, déclarations empreintes de sévérité et de solennité…
Cette réaction forte n’est pas une riposte à la mort de dizaines de milliers de civils dans la bande de Gaza, dont une grande majorité de femmes et d’enfants. Ni à ces bombardements qui frappent depuis des semaines le sud d’une enclave où se sont réfugiées des centaines de milliers d’habitant·es du nord du territoire, à la demande même de ceux qui les massacrent aujourd’hui.
Un enfant au milieu des décombres d'un bâtiment endommagé dans le sud de la bande de Gaza, le 12 novembre 2023. © Photo Mohammed Abed / AFP
Elle est une réponse à un rapport émanant du gouvernement israélien dont les détails demeurent inconnus, mais qui indiquerait qu’une dizaine des 13 000 employé·es de l’UNWRA (l’agence de l’ONU chargée des réfugié·es palestinien·nes) à Gaza aurait participé aux attentats du 7 octobre. Ils ont aussitôt été mis à pied par l’agence et l’ONU a annoncé l’ouverture d’une enquête. Certains des éléments de l’accusation ont été mis en question par plusieurs enquêtes émanant d’organes de presse sérieux, notamment SkyNews et Channel 4.
Les investigations sur les agissements de personnels travaillant pour une agence de l’ONU, dont dépendent des millions de Palestinien·nes, sont évidemment nécessaires. Toutefois, mise en regard de la passivité politique et de l’absence de sanctions vis-à-vis d’un gouvernement israélien aujourd’hui responsable de la mort de bientôt 30 000 êtres humains en quatre mois, cette décision est un nouveau signe du double standard mortifère à l’œuvre en Palestine historique.
Dans le monde post-7 octobre, on peut ainsi promettre le tombeau et l’indifférence à des milliers de civils palestiniens en suspendant les financements d’un des derniers organismes à permettre leur survie, comme l’ont fait en particulier les États-Unis, l’Italie, l’Australie, le Canada, la Grande Bretagne, la Finlande, l’Allemagne ou le Japon…
La France a louvoyé en annonçant, dimanche 28 janvier, qu’elle « n’a pas prévu de nouveau versement au premier trimestre 2024 et qu’elle décidera le moment venu de la conduite à tenir en lien avec les Nations unies et les principaux donateurs ». Quelques rares pays ont refusé de se joindre à l’hallali dévastateur, à l’instar de l’important contributeur qu’est la Norvège.
Cette suspension des financements de l’agence qui assure les besoins primaires de millions de Palestiniens et de Palestiniennes, dans une bande de Gaza où la famine et les maladies d’un autre âge rôdent, mais aussi de réfugié·es dans de nombreux pays de la région, n’est en effet pas seulement une catastrophe humanitaire.
Elle constitue le prolongement d’une punition collective menée par un gouvernement israélien extrémisé qui détruit la Palestine, menace son propre pays d’effondrement moral et politique et achève d’exposer les failles et les faillites des organisations internationales et du droit du même nom.
Pour le formuler comme le chroniqueur marqué à gauche Gideon Levy dans un article récent du journal israélien Haaretz, titré sur les 11 500 enfants morts à Gaza depuis le début de la guerre, « aucune explication, aucune justification ou excuse ne pourra jamais dissimuler cette horreur. Ce serait mieux si la machine de propagande israélienne n’essayait même pas de le faire […]. Une horreur d’une telle ampleur n’a d’autre explication que l’existence d’une armée et d’un gouvernement dépourvus de toute frontière fixée par la loi ou la morale ».
La France, à sa manière, contribue à ce double standard. Ainsi, lors de sa conférence de presse du 16 janvier, Emmanuel Macron a annoncé qu’un hommage national serait rendu aux victimes françaises des massacres du Hamas le mercredi 7 février. Que le président de la République souhaite honorer la mémoire de « 41 de ses enfants » tués dans ces attaques et rappelle le sort des trois otages ayant la nationalité française qui se trouvent encore à Gaza est bien sûr légitime.
Mais peut-on raisonnablement croire que parmi les 27 000 Palestiniennes et Palestiniens morts depuis le début de la guerre à Gaza, aucun·e ne dispose de la nationalité française et ne mériterait ni hommage ni pensée ? Sans même parler de l’idée de distinguer les mémoires des vies brisées en fonction de leur nationalité…
Lundi 5 février, au détour d’une question posée lors d’un briefing avec des journalistes, l’Élysée a tenté un vague numéro d’accrobranche de dernière minute en annonçant, de façon floue, qu’un « temps mémoriel » serait consacré à une date ultérieure – non fixée – aux « victimes françaises des bombardements à Gaza ».
Et que dire du fait que sur les façades de nombreuses mairies de notre pays, on puisse encore lire des banderoles demandant légitimement la libération des otages aux mains du Hamas, mais toujours sans un mot pour les victimes palestiniennes ?
Le massacre en cours à Gaza n’autorise en aucun cas à réduire la souffrance et le trauma d’Israël à portion congrue, qu’il s’agisse de la réactivation mémorielle d’une inquiétude existentielle ou du sort des otages. Mais le massacre commis par le Hamas et d’autres groupes armés palestiniens ne peut plus être un blanc-seing pour détourner le regard du sort des Gazaouis, considérés comme des « animaux humains » ou des terroristes en puissance par le gouvernement israélien. Et comme des dommages collatéraux par la plupart des gouvernements occidentaux.
L’attitude du gouvernement français, sans apporter de soutien aussi inconditionnel que celui des États-Unis ou de l’Allemagne au gouvernement israélien, est soit hypocrite, soit complice. Les déclarations d’Emmanuel Macron et de ses allié·es – dont la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, qui s’est rendue en Israël à l’automne dernier – l’ont prouvé ces derniers mois.
Plus récemment, les diplomates n’ont pas manqué de remarquer que le ministre des armées Sébastien Lecornu s’est rendu deux fois en Israël, laissant l’impression que le militaire primait sur le Quai d’Orsay. Et quand l’actuel ministre des affaires étrangères Stéphane Séjourné se rend finalement à Tel-Aviv et à Ramallah, lundi 5 février, en demandant pour Gaza le « respect du droit humanitaire, un cessez-le-feu durable et une entrée massive de l’aide », c’est après avoir refusé de considérer qu’il pourrait y avoir un « génocide », avant même la décision rendue par la Cour internationale de justice sur ce sujet.
Dans le champ de mines émotionnel et politique que constitue la séquence ouverte le 7 octobre dernier, le droit international devrait pourtant constituer la principale boussole. Or, non seulement les pays dits occidentaux y renoncent en grande majorité mais, comble du cynisme pour les Palestinien·nes au supplice, l’inefficacité de son application fait qu’il ne peut jouer véritablement ce rôle.
Pour le dire comme l’historien israélien Ilan Pappe dans un texte récent, « historiquement, le langage et les définitions utilisés par la CIJ dans son premier arrêt constitueront une énorme victoire symbolique sur la voie de la libération de la Palestine. Mais ce n’est pas pour cette raison que l’Afrique du Sud s’était adressée à la CIJ. L’Afrique du Sud voulait que la Cour mette fin au génocide. Par conséquent, d’un point de vue opérationnel, la CIJ a perdu une occasion d’arrêter le génocide, principalement parce qu’elle a continué à traiter Israël comme une démocratie et non comme un État voyou ».
La CIJ a en effet renoncé à demander la mise en œuvre d’un cessez-le-feu immédiat dans sa décision rendue le 26 janvier dernier à La Haye, tout en ordonnant à Israël de prendre des mesures conservatoires visant à protéger le peuple palestinien d’« un risque réel et imminent d’un préjudice irréparable. »
La qualification de « génocide » – ou le refus de le faire – pour désigner ce qui se passe à Gaza a déjà fait couler tellement d’encre qu’on hésite à en rajouter encore. Tout a été dit de la différence entre la qualification juridique et l’usage politique qui pouvait en être fait, comme de la difficulté de déterminer « l’intentionnalité » qui sépare les crimes de génocide des crimes contre l’humanité, davantage que la nature des actes commis.
Cependant, les audiences de la CIJ, retransmises en direct à la télévision, ont obligé Israël à regarder en face de quoi le pays était accusé. Sans entraîner une remise en cause de la guerre à Gaza, mais sans nier qu’il existe parmi une bonne partie du gouvernement et de la population israélienne un clair désir de nettoyage ethnique à l’encontre des Palestinien·nes, avec une intentionnalité relevant de politiques génocidaires, ces audiences enclenchées par le pays de Nelson Mandela ont malgré tout résonné fortement dans le pays.
On a ainsi pu lire un passionnant article décortiquant les raisons pour lesquels les Israélien·nes se pensaient, à tort, immunisé·es contre l’accusation de génocide, en rejoignant certaines thèses contestées de l’historien Daniel Jonah Goldhagen. Dans son ouvrage intitulé Les Bourreaux volontaires de Hitler. Les Allemands ordinaires et l’Holocauste, publié en 1996, ce dernier jugeait que la Shoah s’était fondée sur un antisémitisme « éliminationniste » très ancien et profondément ancré dans quasiment toute la société allemande.
La possibilité de commettre un génocide paraissait, selon cette thèse, difficile à envisager comme un basculement de personnes lambda, mais plutôt comme un long processus de haine attisé par les années.
Au contraire, l’ouvrage de Christopher Browning, Des hommes ordinaires. Le 101e bataillon de réserve de la police allemande et la solution finale en Pologne, paru en 1992, montrait, comme l’historiographie aujourd’hui dominante, que des traumas historiques et des politiques étatiques pouvaient facilement faire basculer une civilisation « normale » dans des crimes inhumains. L’article d’Haaretz conclut qu’il fallait se situer du côté de Browning pour comprendre pourquoi le peuple israélien n’était pas vacciné contre le risque de commettre un génocide, mais aussi pourquoi il demeurait en mesure de l’éviter.
Dans ce contexte où le droit international s’avère impuissant à protéger la population de Gaza, tout geste ajoutant à une mortifère concurrence des victimes, alors même que la guerre actuelle est chargée d’une rivalité entre la mémoire de la Shoah et celle de la colonisation, une sensibilité inégale aux deux pires événements du XXe siècle, ne fait alors qu’empirer les choses, quelles que soient les intentions qui le motivent.
Et dans ce contexte où, plus profondément, l’humanité s’effondre sous nos yeux, l’action politique se compromet et le droit international ne nous est d’aucun secours, que reste-t-il alors à faire pour honorer les morts et réparer les vivants ?
On peut et doit sans doute d’abord dire et redire le caractère inédit, en termes de siège et de piège, de ce qui est en train de se passer à Gaza. On connaît, certes, maintes situations où le ratio de morts par jour a été pire : plus de 800 000 Tutsis tués en cent jours au Rwanda au printemps 1994 ; plus de 200 000 personnes exécutées en six semaines par les troupes japonaises à Nankin à partir de décembre 1937 ; plus de 150 000 morts dans le bombardement d’Hiroshima en août 1945 ; plus de 100 000 morts en quelques mois lorsque les troupes russes s’en prennent à Grozny en 1999…
Néanmoins les dégâts humains et matériels dans l’enclave palestinienne sont désormais comparables aux pires exemples de l’histoire, que ce soit Dresde avec 25 000 tués en février 1945 ou Marioupol avec plus de 20 000 morts pendant un siège de trois mois.
L’argument israélien, difficile à entendre pour quiconque regarde les images qui nous parviennent encore de Gaza, repose sur des prémisses discutables et une stratégie qui l’est tout autant. Pour Israël, les morts de Gaza sont des complices du Hamas, des boucliers humains de ses chefs ou, au pire, des dégâts collatéraux d’une guerre totale contre un ennemi caché dans un territoire densément peuplé et urbanisé.
Il est sans doute vrai, dans une perspective anthropologique, que tuer au corps à corps ou brûler vif des êtres humains, comme ce fut le cas le 7 octobre, n’a pas la même signification que de déclencher une frappe depuis un char, un avion ou la salle de commande d’un drone, même si l’on annihile, ce faisant, une famille entière.
Mais il est tout aussi vrai, d’un même point de vue anthropologique, que les vies palestiniennes et israéliennes se valent et qu’à ce compte, l’opprobre vis-à-vis d’Israël ne peut que légitimement monter en flèche au fur et à mesure que les tueries de Palestinien·nes continuent.
Officiellement, les massacres en cours à Gaza n’ont pas pour but d’anéantir une population, mais de démanteler le commandement militaire du Hamas. Mais outre que celui-ci n’a toujours pas été éliminé après quatre mois de guerre, les études sur les effets des bombardements sur les populations civiles montrent que ceux-ci ne produisent aucune désolidarisation vis-à-vis de leurs gouvernants.
Même quand ces derniers règnent et par l’adhésion et par la peur. Et même lorsqu’ils sont accusés par ceux qui les bombardent d’être les responsables des bombes qui touchent les populations civiles.
C’est en réalité le contraire qui se produit le plus souvent, en renforçant le rejet par les bombardé·es de ceux qui les tuent depuis le ciel. C’est en tout cas ce qui ressort aussi bien du travail du politiste Robert Pape, dont le livre Bombarder pour vaincre (La Documentation française, 2011 pour la traduction française d’un ouvrage initialement publié en 1996) fondé sur l’étude de trente-trois campagnes aériennes allant du Japon en 1944-1945 jusqu’à l’Irak en 1991, comme de celui de l’historien Thomas Hippler dans son ouvrage intitulé Le Gouvernement du ciel. Histoire globale des bombardements aériens (Les Prairies ordinaires, 2014).
Bien qu’il soit probable que la rancœur vis-à-vis du Hamas augmente en ce moment dans la bande de Gaza, au vu des destructions humaines et matérielles, et sachant que le mouvement avait perdu beaucoup de sa popularité avant le 7 octobre, il y a cependant de fortes chances que ce cadre général ne soit pas remis en cause dans le cas de Gaza.
Les atrocités commises en ce moment portent donc en germe des abysses susceptibles d’engloutir non seulement encore des milliers de vies palestiniennes, mais aussi l’équilibre du Proche-Orient et jusqu’à la légitimité même d’Israël à exister, dont on sent qu’elle s’effrite au-delà du cercle de celles et ceux qui n’ont jamais accepté l’idée d’un foyer juif refuge en Palestine dans les frontières de 1967. Et ce, au moment même où les actes antisémites explosent partout dans le monde…
Joseph Confavreux
6 février 2024 à 19h26
https://www.mediapart.fr/journal/international/060224/gaza-la-france-doit-en-finir-avec-le-deni
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Rédigé le 08/02/2024 à 10:01 dans France, Israël, Palestine, Paléstine | Lien permanent | Commentaires (0)
Enrico Macias est un homme redoutable. Militant sioniste déclaré, il a toujours entretenu des rapports ambigus avec l’Algérie, dont il a largement contribué à imposer cette image de pays de la douceur de vivre et de la kémia,une image qui a nourri tant de nostalgie chez les pieds-noirs.
Décryptage du passé trouble d’Enrico Macias en Algérie. Des secrets révélés sur son engageme
nt dans les milices pendant la guerre de libération. Ses tirades sur le pays du soleil et de la haine, de la joie de vivre et de la passion, ce pays perdu dont on ne se console jamais, ont arraché des larmes à de nombreuses générations de pieds- noirs. Mais Gaston Ghenaïssia, le vrai nom de Macias – n’a jamais abordé le volet le plus sombre de son histoire algérienne. Il n’a jamais dit comment il a lui-même contribué à mettre le feu à ce pays bien aimé. Il a, en fait, réussi à maintenir un voile pudique sur son militantisme de cette époque, un militantisme qui l’a mis dans la même tranchée que Maurice Papon !
Enrico Macias évoque régulièrement sa volonté de revoir son « pays natal », et comment il en est empêché. Sa visite devait se faire en 2007, en compagnie de Nicolas Sarkozy. Auparavant, il avait affirmé que le président Abdelaziz Bouteflika lui-même l’avait invité, mais que des méchants, héritiers de la tendance obscurantiste du FLN, s’étaient opposés à son retour. Qu’en est-il au juste ?
A Alger, on affirme officiellement qu’Enrico Macias peut se rendre en Algérie quand il veut, mais qu’il est hors de question d’en faire un évènement politique. Certains fonctionnaires montrent un certain embarras devant le tapage médiatique provoqué par Enrico Macias lui-même. « Il n’a pas envie de revenir, il ne viendra pas, et il le sait parfaitement », a déclaré, sûr de lui, un ancien haut responsable. « Et ce n’est pas seulement à cause de son soutien public à Israël », ajoute-t-il, estimant que le thème Algérie ne constitue pour Enrico qu’un « fonds de commerce ».
Pour cet homme, qui avoue avoir apprécié la musique de Enrico dans sa jeunesse, Enrico Macias ne reviendra pas en Algérie parce qu’il y a commis des crimes pendant la guerre de libération. Selon lui, Enrico faisait partie d’une milice locale, les « unités territoriales », composées de partisans de l’Algérie française, qui formaient des milices de supplétifs de l’armée coloniale. L’unité à laquelle appartenait Enrico Macias a commis de nombreuses exactions, et a participé à des ratonnades, affirme cet ancien haut fonctionnaire.
A cette époque, Enrico Macias est un jeune artiste prometteur, qui joue dans la troupe du « Cheikh Raymond », le plus célèbre artiste juif de Constantine. Raymond Leyris est alors au faîte de sa gloire : notable de la communauté juive, ami des « arabes » de la ville, il est riche et célèbre. Sa musique est si appréciée qu’une jeune recrue FLN, en pleine guerre d’Algérie, rejoint le maquis ALN en wilaya II avec des disques de « Cheikh Raymond »,
nous raconte un ancien moudjahid qui a passé toute la guerre dans le Nord Constantinois !
Crédit photo : Cheikh Raymond en 1953. Photo d’identité du domaine public.
Raymond Leyris n’avait pas d’enfants. Il en a adopté deux, dont Enrico Macias. Celui-ci est donc à la fois l’enfant adoptif, le disciple et l’héritier de CheiKh Raymond. A-t-il été l’héritier en tout ? Seul Macias pourra le dire. En tous les cas, les réseaux FLN avaient alors une conviction. Pour eux, Raymond Leyris avait été contacté par les services spéciaux israéliens. Il organisait des collectes, montait des réseaux, et travaillait en sous-main avec les services spéciaux israéliens, qui avaient alors un objectif : organiser le transfert massif des juifs des pays arabes vers Israël. En Algérie, leur première cible était Constantine, avec ses 25.000 à 30.000 juifs : il y avait presque autant de juifs à Constantine que dans les grandes villes israéliennes.
En mai 2005, le journal israélien Maariv citait un ancien officier du Mossad chargé de piloter l’opération. Cet officier affirme avoir recruté deux agents, Avraham Barzilaï et Shlomo Havilio, qui arrivent dans la région de Constantine début 1956, sous la couverture de modestes enseignants. Quatre mois plus tard, une grenade explose dans un café fréquenté par les Juifs de Constantine, rue de France. S’ensuit une opération de vendetta organisée par les cellules mises en place par le Mossad, selon l’officier en question. Les ratonnades font de nombreux morts. L’historien Gilbert Meynier, qui l’évoque dans une de ses études, et parle de « pogrom », est contraint à une longue mise au point. (http://etudescoloniales.canalblog.c…).
Quel est le rôle exact de Raymond Leyris ? Difficile à dire. Mais l’homme surfe déjà sur une vague de célébrité et de respectabilité. Artiste adulé, il a atteint une renommée qui va au-delà des communautés. Il est le notable juif par excellence. Il garde le contact avec les arabes qui veulent préserver la communauté juive ; il reste l’interlocuteur des autorités coloniales au sein de la communauté juive ; il poursuit une activité clandestine avec le Mossad. Mais peu à peu, les réseaux FLN acquièrent la certitude que Cheikh Raymond n’est plus un artiste aussi innocent. Il est partie prenante dans l’action de réseaux que le FLN n’arrive pas encore à identifier. Des témoins avaient vu des armes transportées à partir de chez lui, en pleine nuit.
Au FLN, la prudence reste de mise. Des consignes strictes sont données pour tenter de conserver de bonnes relations avec la communauté juive. Des contacts réguliers sont établis. Début 1961, le FLN envoie de nouveau un émissaire auprès des notables de cette communauté. L’émissaire envoie un message à Raymond Leyris, et prend rendez-vous. L’organisation fonctionne alors selon un cloisonnement très strict.
L’émissaire du FLN est tué alors qu’il gagnait le lieu du rendez-vous. Ce fait, troublant, intervient après d’autres évènements suspects. L’organisation du FLN en tire une conclusion : seul Raymond Leyris pouvait avoir organisé la fuite pour permettre aux autorités coloniales d’éliminer le responsable du FLN.
Les anciens moudjahidine de la Wilaya II, qui étaient opérationnels à ce moment-là, sont toutefois formels : aucune instance du FLN n’a prononcé un verdict clair contre Raymond Leyris. Aucun responsable n’a, formellement, ordonné une exécution. Mais le doute planait, et dans le Constantine de l’époque, ce n’est qu’une question de temps. Le 22 juin 1961, neuf mois avant le cessez-le-feu, Raymond Leyris croise Amar Benachour, dit M’Djaker, membre d’une cellule locale de fidayine, qui l’abat en plein marché, devant des dizaines de témoins. La personnalité de Amar Benachour, l’homme qui a abattu Raymond Leyris, posera aussi problème. Il s’agit en effet d’un personnage qui répond peu au profil traditionnel du moudjahid. Benachour est plutôt un marginal, plus branché sur le « milieu » que sur les réseaux nationalistes. Ce qui a d’ailleurs jeté une ombre sur l’affaire : Benachour a vécu jusqu’au début du nouveau siècle, mais l’opération qu’il a menée a toujours été entourée de suspicion, certains n’hésitant pas à parler de provocation ou de manipulation. Plusieurs moudjahidine qui étaient dans la région au moment des faits continuent d’ailleurs à soutenir l’idée d’une manipulation.
La mort de Raymond Leyris accélère le départ massif des juifs de Constantine, un exode largement engagé auparavant par les catégories les plus aisées. Mais la mort de Raymond Leyris sonne également le début d’une opération de vengeance meurtrière, à laquelle Enrico Macias participe, selon des moudjahidine de la Wilaya II. Il est impossible d’établir exactement le bilan exact des expéditions punitives. En 1956, après l’attentat de la rue de Constantine, Gilbert Meynier n’écarte pas le chiffre de cent trente morts. En mai 1961, la même folie furieuse se déchaîne mais, curieusement, affirme un constantinois qui a vécu les évènements, les Juifs de Constantine étaient plus préoccupés par l’idée de départ que par la vengeance. A l’exception d’Enrico, qui garde un silence pudique sur cet période, se contenant d’évoquer la mémoire de Raymond Leyris, un homme innocent doublé d’un artiste qui aimait la vie, mais qui a été assassiné par le FLN, selon lui.
Selon cette image, très médiatique, Enrico lui-même n’était qu’un jeune homme amoureux de la vie et des filles, un modeste instituteur de campagne, devenu un immense artiste grâce à son talent. A Chelghoum Laïd, où il a enseigné, son nom est connu mais il est presque impossible de trouver des gens qui l’ont côtoyé. A Constantine, par contre, un spécialiste de la musique affirme que de nombreux « ouled el bled » lui rendent visite régulièrement en France. Par ailleurs, le discours de Enrico Macias a longtemps bénéficié d’une cacophonie chez les responsables algériens, qui n’ont jamais adopté une position claire sur le personnage. En fait, côté algérien, plusieurs points de vue se côtoyaient : ceux qui faisaient l’éloge de l’artiste, ceux qui prônaient la réconciliation, ceux qui dénonçaient son soutien à Israël, et ceux qui étaient d’abord soucieux d’établir les faits historiques.
Un ancien haut fonctionnaire affirme toutefois que Enrico n’avait aucune chance de revenir en Algérie. Les anciens pieds noirs étaient classés en plusieurs catégories, explique ce fonctionnaire. Enrico Macias fait partie d’une sorte de liste rouge officieuse, qui comporte les noms de militaires, colons et ultras ayant commis des exactions. Ceux-là ne peuvent pas entrer en Algérie, dit-il. Autre détail troublant dans l’histoire d’Enrico : quand il sévissait au sein des « unités territoriales », il collaborait avec un personnage célèbre, Maurice Papon ! Celui-ci a en effet exercé comme préfet à Constantine, où il a contribué à organiser de redoutables escadrons de la mort. Milices, unités paramilitaires, escadrons de la mort, tout ce monde collaborait joyeusement quand il s’agissait de réprimer. Des témoins sont encore vivants.
Alors qu’Enrico Macias dénonce l’antisémitisme, Gisèle Halimi explique que d’autres raisons empêchent le chanteur de retourner en Algérie :
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Autre curiosité dans l’histoire de Enrico Macias en Algérie : les Ghenaïssia, sa famille, sont des Algériens pure souche, installés en Algérie depuis plusieurs siècles, affirme un historien. Ils se sont francisés à la faveur du décret Crémieux, qui offrait la citoyenneté française aux Juifs d’Algérie, en 1871. A partir de là, les Juifs se sont rapprochés de l’administration coloniale, accédant à l’école et à la citoyenneté. Mais une frange des Ghenaïssia a gardé son ancienne filiation, prenant le chemin inverse de celui de Enrico Macias.
Ainsi, Pierre Ghenaïssia, né à Cherchell, a rejoint les maquis du FLN en mai 1956 dans la région du Dhahra, entre Ténès et Cherchell. Il est mort au maquis un an plus tard dans la région de Chréa, près de Blida, comme combattant de l’ALN. A l’indépendance de l’Algérie, une rue de Ténès, sur la côte ouest, a été baptisée à son nom. Quelques années plus tard, elle a été rebaptisée rue de Palestine !
Source de cet article : algerie-focus.com
par Le Média en 4-4-2
http://www.micheldandelot1.com/enrico-macias-pendant-la-guerre-d-algerie-entre-ratonnades-meurtrieres-a215378429
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Rédigé le 05/02/2024 à 13:29 dans France, Guerre d'Algérie | Lien permanent
« MARSIENS » avec un « S »
La mémoire de la libération a besoin d’une critique corrective pour qu’elle soit insérée dans le projet sociétal.
Pour cette période, de 1954 à 62 et seulement du côté algérien, certains actes restent à élucider. Les 7 années présidées d’une mobilisation populaire, que de hauts faits d’armes jalonnent, ont sûrement aussi quelques péripéties confuses, inexplorées et stériles. Les déchirements irréversibles que toutes les guerres renferment, ont été honteusement commis et sont souvent cachés. La plus manifeste des grossièretés, pour l’Algérie, est le déferlement, COMME DES ENVAHISSEURS, des « marsiens ».
En effet à la veille des accords d’Evian du 19 mars 1962, notamment depuis le début de la même année, sont apparus de nouveaux militants de la cause nationale. Appelés les « marsiens » (en rapport avec le 19 mars), parce qu’ils ont montré amplement leur engagement pendant les 3 derniers mois (du 19 mars au 5 juillet 1962). Des groupes d’opportunistes ont, sur le tard, pris le taureau par les cornes. Ils se sont manifestés, quand le voisin marocain a envahi l’ouest du pays avec sa menaçante convoitise d’expansion…
Auparavant, les « marsiens » étaient indifférents, c’est-à-dire sans positionnement dans le conflit. Et même nombreux d’entre eux, optant pour un retournement de veste, sont passés d’opposés à la libération à directement son combattant du premier rang. La conversion fut à grande échelle. Les "neutres" ont fait subitement leur conversion, soutenant la cause nationale après avoir été douteux.
Une flopée d’algériens trop décidés à en finir, avec le Maroc qui reproduit la même chose avec le Sahara occidentale. Où il y est encore en conflit !
D’ailleurs cette déferlante a confisqué, depuis 1962, l’indépendance en tablant de s’accaparer les richesses laissés par les colons à leur départ. Quelques minuscules ateliers industriels, 30% des terres algériennes et les plus fertiles, des biens immobiliers dans les grands centres urbains et d’autres biens (véhicules, machines...). Ayant appartenus à presque 2 millions, d’européens et de certains juifs, ayant été contre l’indépendance, donc ne pouvaient partager un pays libéré. A propos des juifs, d’autres nombreux du PCA (Parti Communiste Algérien) ont milité et ont été torturés pour la cause algérienne.Et quand en 1963, les maquis fomentés par le grand leader Aït-Ahmed, actuellement dirigeant du FFS (l’un des plus grands partis de l’opposition qui participe aux élections de mai 2012), on laisse entendre que l’aile militaire (ALN : armée de libération nationale) a pris le dessus sur les politiques, ou bien d’un quelconque conflit entre les wilayas historiques… Ici la boutade est tellement grosse !
Car la question du partage des fortunes, léguées par le colonialisme, s’était posée plus crucialement et sérieusement. Elle a opposé les classes sociales, et les politiciens sont venus changer sa réalité. En effet, ce conflit fratricide, dit « les maquis du FFS » fut motivé par les patrimoines fuis par leurs propriétaires…
Au sujet des harkis par exemple, presque la totalité des actes revanchards et de persécutions qui les ont visés à l’orée de l’indépendance, ont été commis par les « marsiens ». Si la métropole colonialiste a vraiment désiré les abandonner à leur sort, parmi le peuple qu’ils ont trahi, la majorité d’entre sont encore en Algérie. En effet en 1962, plus nombreux les harkis ont choisi de changer de régions sans quitter l’Algérie. Quand le parti islamiste de Belhadj Ali et Madani Abbassi, le FIS, était à son apogée et sur le point de s’installer menaçant à l’assemblée nationale en 1990, la presse algérienne a diffusé des listes de Harkis qui sont revenus, barbus et islamistes, dans leur région d’origine…
Parmi ces attentistes et ennemis, nombreux étaient des religieux qui prenaient position selon leur interprétation réactionnaire de l’islam. En effet, selon un verset très connus du Coran [Sourate 3, verset 132] qui dit « Respecter Allah, son prophète et votre guide » (Attioû Allah, oua Rassouleh oua ouli el-amra minkoum) , les maquisards n’étaient pas religieusement perçus d’un bon œil jusqu’à une heure tardive. Jusqu’en 1957, surtout les religieux, non encadrés par l’association des Oulamas de Benbadis, hésitaient...
Et comme la gouvernance était guidée par le colonialisme, la recommandation fut d’abord de rester collectivement soumis à l’occupant. Nombreux prêcheurs se disant d’un islam de paix, tel que le définissaient certains obscurantistes, était contre le FLN libérateur, particulièrement pendant les années 1954 et 55.
Les fellagas (mot qui signifie en langue dialectale algérienne les « casseurs ») étaient considérés comme des hors-la-loi et des saccageurs. Au sein de nombreuses mosquées, contrairement à ce qui est dit actuellement par les islamo-fascistes, on priait Allah de ne pas donner victoire au FLN et ses rebelles. La même pratique a été faite, contre l’ANP (Armée Nationale Populaire), quand la société civile en 1990 a exigé de l’institution militaire d’empêcher l’enlisement du pays, l’instauration de « l’afghanisation », en laissant la transition du pouvoir en Algérie aux mains des terroristes que leurs maîtres et complices bardent, encore de nos jours, d’innocence politique.
L’histoire collective d’une nation, aussi cohérente qu’elle puisse être et aussi bien qu’elle soit présentée afin de galvaniser une part non négligeable de l’identité, elle peut être alimentée et parcourue de fausses notes. L’Histoire n’est pas la perfection mathématique, dont la justesse se vérifie. Ses analyses ont latitude de se différencier… l’Histoire, du point de vue scientifique, est une entreprise en marche, changeante, dynamique, ouverte et perfectible !
Pour le cas algérien, les événements contemporains deviennent de plus en plus des segments d’usurpations, tant la politique officielle a rendu obsolètes les meilleurs expressions des faits, y compris et surtout les plus actuels. Ainsi le malheur passe comme un héritage inéluctable de ce qui a été déconstruit et manipulé, dans les mémoires... L’usage fait par les algériens de la guerre de libération est une hyper-glorification inopérante, est-ce nuisible ? Car dépourvue de critiques correctives qui admettent l’erreur, et l’identifie, pour ne plus la reproduire, la critique pousse à bien vérifier.
Le terrorisme islamo-fasciste qui a sévi, gravement en Algérie et comme nulle part dans le monde, pendant la dernière décennie du millénaire éteint et continue encore d’une manière imprévisible actuellement, s’apparente à l’exemple de disfonctionnement mental. Celui qui banalise tant les violences que les déformations des vérités.
Les Algériens sont à la pointe de ce qui est l’image paradoxale faite, par la majorité de leurs concitoyens, de l’islamo-terrorisme. D’une part, ils le soutiennent face aux despotes tyranniques, et d’autre, ils le redoutent pour ses crimes qui risquent de les éradiquer !
Ben Laden peut-être considéré, chez l’algérien, en héros de la haine contre l’occident. Même si Al Qaeda est l’origine de l’insécurité actuellement, Ben Laden est comme un héros qui a combattu l’hégémonie impérialiste. Cette dernière a agressé l’Afghanistan, l’Irak et refuse l’indépendance aux palestiniens. Puis dans la minute qui suit, Ben Laden devient un personnage imaginaire et fictif qui n’existe que par une conspiration… Son mythe devient plus fort, au point qu’on doute de sa vie ainsi que de son extermination au Pakistan.
Cette attitude de confusion, à l’égard de la mémoire récente du terrorisme, est comme celle faite à certains faits curieux de la guerre de libération. Rarement, les errements de 1954-62 sont cités, pour atténuer les curiosités et faire une écriture sereine et courageuse envers les générations qui la lisent, sans l’avoir vécue.
• Passons le sujet des harkis, parlons de ce qui est secret et interne au FLN de la libération.
• Les clans qui ont monté des complots, la mort d’Abane Radhane est marquante.
• Melouza, le village d’algériens massacrés parce que ses habitants étaient jugés proches de l’armée française.
• La « bleuite », 1956, qui est le refoulement des jeunes, déserteurs de l’armée française qui ont rejoint l’ALN habillés de leurs tenues bleues (les vertes habillaient les anciens) réservés aux nouveaux recrus, a poussé de les soupçonner d’intrusion des services secrets français.
• La place des étudiants, en début mai 1956, au sein des combattants algériens, n’a pas été acceptée sans l’intervention du chef Abbane Ramdane.
• Les communistes, notamment le maquis dit de maître Lamrani que vient de rapporter quelques uns de ses détails, Rachid Boudjedra dans son dernier roman « les figuiers de Barbarie », reste comme un mystère…
vendredi 16 mars 2012, par N.E. Tatem
https://www.argotheme.com/organecyberpresse/spip.php?article1224
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Rédigé le 04/02/2024 à 22:47 dans France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)
Dans l’une des villes du 8 mai 1945, vivait Ameyar. Personnage mi-réel mi-fictionnel. Un doux rêveur, disait-on, dont certains soupçonnaient à tort la raison vacillante au fil du temps. Et pourtant sa lucidité et sa mémoire étaient intactes. Il subjuguait du haut de son verbe jamais à court de raccourcis, toujours aiguisé à l’endroit de «nos» gouvernants. Son mémorable discours ?
«Les marsiens déferlent sur la ville. Ils gagnent du terrain
de jour en jour. Le pays va bientôt leur appartenir. Certains pensent qu’il est déjà en leur possession. De mauvaises langues prétendent qu’ils sont partout, y compris bien entendu dans les hautes sphères. Ils ont fait de tous les appareils leur propriété exclusive. Leur monopole. Ils ont envahi toutes les activités. Ce sont des sauterelles, de véritables reptiles.
On a beau jaser sur leur compte et affirmer qu’ils sucent le sang de la plèbe et puent la corruption, ils s’affichent en grosses bagnoles et construisent des villas inexpugnables. Des forteresses seigneuriales modernes. Ils grossissent leurs comptes dans les grandes capitales bancaires alors qu’ils les fustigent à longueur d’ondes ».
On l’écoutait, sidérés. Il n’était ni fou ni aveugle. II n’était pas barbu non plus. Il était loin de représenter le personnage mythique par la bouche duquel la vérité jaillissait. Décortiquée pour les autres comme s’ils étaient frappés d’ankylose intellectuelle. De qui parlait-il ? Qui étaient ces marsiens ? Il regardait avec des yeux presque méprisants lorsqu’on lui posait la question. Il dressait un réquisitoire en règle à leur encontre. Il n’arrivait pas à cuver son dépit.
— « Les vrais patriotes sont morts au champ d’honneur. Les marsiens ne sont que des charlatans, des arracheurs de dents de souk. D’ailleurs, seul un marsien ose se pavaner le jour d’une fête nationale, en prenant des airs de héros auquel le peuple est venu rendre hommage ».
Sur son visage se dessinait de la répulsion. L’arrogance des marsiens le mettait dans tous ses états. Affublés d’uniformes, la veille de l’indépendance, ils avaient occupé la cité déclarée bien vacant. Sans coup férir, devant un peuple encore désemparé car n’ayant pas eu le temps nécessaire pour panser ses plaies et oublier les tortures subies. C’était le début du règne de ce qu’il appelait « le colonelialisme ». on avait toujours du mal à le suivre dans ses diatribes.
— « En vérité, une nouvelle race de rapaces qui n’a pas été prévue par Darwin est née : ceux qui tiennent lieu de « classe politique ». Son discours aseptisé, ses airs de conquérante, sa réputation de budgétivore, sa langue de bois, son ignorance notoire en font un ensemble de bouffons réunis en conclave. Une camarilla.
« Attention, derrière l’apparence d’une assemblée de sages notables (style conseil de la nation), ils ne se supportent pas. Parce qu’ils ne parviennent pas à se séparer, ils donnent l’impression d’être unis. Ce ne sont que des clans. Ils ont remplacé les tribus des douars dont ils sont originaires.
« Chacun d’eux a son réseau de complicité, sa clientèle, pour investir plus facilement tous les postes et fonctions qui leur permettent de se maintenir dans les privilèges qu’ils se sont octroyés. Ce ne sont guère que des profiteurs, des opportunistes, des jouisseurs. »
Devant ses réparties énoncées comme une rafale, on gardait toujours le silence. Non pour déguiser une quelconque pensée, mais pour maîtriser nos répulsions. On l’écoutait sans répliquer. N’assimilant que peu le cheminement de ses pensées, on était pourtant tout ouïe. On représentait pour lui un auditoire de choix, un échantillon de cette jeunesse abusée et désabusée à la fois. Plus tard, gagnée par la harga.
« Pour eux, l’important est d’être étiquetés comme personnalités, d’être identifiés comme tels. Ils veillent à asseoir leur autorité et leur réputation. Ils les entretiennent en camouflant leurs erreurs. Image de marque oblige.
«C’est une espèce qui meurt pour le désir de paraître, la reconnaissance sociale et l’audience à l’étranger. On ne peut pas les rencontrer à n’importe quel coin de rue. Ils ont leurs quartiers résidentiels et leurs gardes de corps. Ils considèrent qu’à trop s’exposer, ils risquent de perdre de leur autorité.
« Contrairement à ce que pensent beaucoup d’entre nous, ils fuient les applaudissements des foules. Ils se travestissent en envoyant un des leurs dans la rue, devant les micros des tribunes officielles. Généralement, ils sont tous candidats aux honneurs. Ils font la queue pour accéder aux marches du podium qui y mène.
Attention, ils sont dangereux. II ne faut pas les sous-estimer. Les faux-semblants, les raisons alibis et les paravents-justifications sont leur spécialité. Il faut se méfier d’eux comme de la peste car ce sont de forts en gueules, mais aussi en tortures. Ils veulent élire domicile dans tous les foyers et assiéger toutes les places et les rues. Ils ont même capables d’assassiner un président en direct…
« Ils souhaitent investir chaque famille en ayant un représentant par le biais de l’un des membres de celle-ci. Ainsi, ils se tiennent informés de tous les faits et gestes des éléments localisés comme subversifs. Pour rappel, l’histoire de cet étudiant qui écrivit une lettre à un employé d’une usine de l’Etat, pour son congé payé. II a été incarcéré pour tentative d’organisation d’un syndicat parallèle. Ni plus ni moins ».
Il accompagnait son propos d’une mimique qu’il voulait éloquente. Pour signifier qu’il fallait tourner sa langue sept lois dans sa bouche avant de parler :
«Comme la bourgeoisie européenne, ils se sont constitués en seigneuries, taillés des fiefs et suscités une cour dont la mièvrerie dévouée, la docilité besogneuse, le calcul cynique et la soumission répétée à chaque occasion sont devenus des rites connus. Ils sont d’ailleurs l’objet de dérisions dans les cafés par les jeunes, au moment de leur désœuvrement. Sans vergogne, ils se sont vêtus de l’immoralité qui leur sied. Ils ont installé la pénurie, en criant à la crise venue de l’extérieur, laissant à la plèbe – qu’ils méprisent- la débrouillardise.
L’arme absolue contre tous ces magouilleurs en tout genre, c’est l’humour qui nous permet de nous gausser de la loi régissant les rapports entre eux : le copinage tous azimuts et l’utilisation envers leurs supérieurs de la pommade, de l’encens et de la brosse, surtout du prince du moment.
Apprends que la bassesse et le recul sont leur arsenal préféré. Ils restent tapis dans l’ombre pour organiser leur curée. Si on est humbles devant eux, ils font preuve d’un pédantisme dont l’outrecuidance dépasse toutes les bornes. Le rabâchage fuse par leurs bouches comme des vérités cinglantes et prêtes à être imprimées et diffusées, brochures à mettre sur nos tables de chevets et à psalmodier chaque soir».
On était ébaubis par tant de lucidité. N’ayant pu mener à terme ses études en philosophie, ii fut locataire d’un asile en Europe. Depuis, il vit de petits boulots pour être en conformité avec ses idées, répétait-il souvent.
« On nous traite de schizophrène, alors qu’ils sont de véritables mégalomanes. Désormais, le désarroi, la crise de conscience et la révolte qui dormaient en nous doivent se réveiller. Les magouilles, les manœuvres, les intrigues, les complots, les coups bas et autres recettes auxquelles ils se livrent à longueur d’année doivent être mis en lumière et dénoncés. En un mot, il faut conjurer le désespoir qu’ils cherchent à institutionnaliser.
Observons un peu les multiples services qu’ils se rendent, les fraudes auxquelles ils se livrent et les cadeaux qu’ils se font. C’est de la comédie. Une hypocrisie entretenue par tout un chacun d’eux. Les uns espèrent, sinon amadouer, du moins neutraliser les récalcitrants et les gagner à leur camp, pour se frayer un chemin dans la jungle dont ils connaissent seuls les lianes inextricables. Insaisissables pour le commun des mortels ».
« Rappelons-nous quand nous étions jeunes lycéens. Nous attendions, à midi tapant, les filles qui sortaient du lycée. Nous nous regardions comme des bêtes curieuses, désolés de ne pouvoir nous satisfaire. Les plus téméraires d’entre nous mesuraient leurs chances en accompagnant à distance leurs dulcinées. Houries inaccessibles.
Ces pratiques exécrables perdurent dans beaucoup de régions. Il parlait d’un trait, comme pour se décharger d’un fardeau. Dans la voix, il avait un ton qui camouflait mal une rage à peine contenue. Les larmes aux yeux, il évoquait ces souvenirs douloureux. Surtout lorsqu’il pensait que les medias ne manquaient pas une occasion pour nous rappeler que nous étions souverains, dans une patrie indépendante ».
Et ce gradé dont le fils a été jugé inapte à poursuivre ses études au lycée par le conseil de classes des professeurs. Souvenez-vous ce qu’il dit, avec une virulence inouïe, au proviseur lorsque celui-ci, par excès de zèle ou par dignité de nationaliste attardé, lui a rappelé que la loi est la même pour tous : « Tu laisses la loi de côté et tu réintègres l’enfant. Apprends pour ta gouverne que c’est nous qui faisons la loi dans ce pays. Si tu tiens au pain de ta famille, tu appliques ce qu’on te dit et tu te tais. »
Heureusement que ces situations sont rares, lui rétorquait-on.
Narquois, il répondait : « Pauvres naïfs » !
Ammar Koroghli
vendredi 18 mars 2022
https://lematindalgerie.com/1962-quand-les-marsiens-deferlent/
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Rédigé le 04/02/2024 à 22:22 dans France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)
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