Louisette IGHILAHIRIZ(Militante Nationaliste), auteure de l’ouvrage avec Anne Nivat, « Algérienne », Editions Calman-Levy, 2001.
Henri POUILLOT (Militant Anticolonialiste-Antiraciste) « La Villa Sesini », Editions Tirésias, 2001.
Olivier LE COUR GRAND MAISON (Universitaire français), auteur de l’ouvrage « Ennemis mortels. Représentations de l’islam et politiques musulmanes en France à l’époque coloniale, Editions La Découverte, 2019.
Seddik LARKECHE (intellectuel franco algérien), auteur de l’ouvrage, auteur de l’ouvrage « Le Poison français, lettre à Mr Le Président de la République », Editions Ena, 2017.
1. La reconnaissance de la responsabilité unilatérale de la France coloniale en Algérie.
La France est aujourd’hui à la croisée des chemins avec la question de savoir si elle sera capable de passer un pallier dans la gestion apaisée de ses démons mémoriels en particulier celui avec l’Algérie qui fut une des guerres les plus tragiques du 20e siècle. La problématique centrale n’est pas la repentance, les excuses ou le ni niavec une reconnaissance générique mais la question de la reconnaissance de la responsabilité française en Algérie, notion juridique, politique et philosophique.
Cette question de la responsabilité unilatérale de la France colonialeest centrale au même titre que la déclaration du Président Chirac en 1995 sur la responsabilité de l’Etat Français concernant la déportation des juifs durant la seconde guerre mondiale. Cette reconnaissance qui ouvra la voie à l’indemnisation de ces victimes.
La barbarie coloniale française en Algérie ne peut être édulcorée par quelques rapports fantasmés d’auteurs qui flirtent avec les pouvoirs politiques de droite comme de gauche depuis 40 ans. La question des massacres, crimes et autres dommages impose inéluctablement une dette incompressible de la France vis à vis de l’Algérie.
La stratégie développéedepuis toujours est de faire table rase du passé, une offense à la dignité des algériens. Cette responsabilité est impérative car elle peut sauver l’âme de la France qui est fracturée par ses démons du passé.
La reconnaissance de la responsabilité c’est admettre que la France s’est mal comportée en Algérie et qu’elle a créé de nombreux dommages avec des centaines de milliers de victimes et des dégâts écologiques incommensurables avec ses nombreuses expériences nucléaires et chimiques.
Que s’est-il réellement passé en Algérie durant près de cent-trente-deux années d’occupation ? La colonisation et la guerre d’Algérie sont considérées et classées comme les événements les plus terribles et les plus effroyables du XIXe et XXe siècle. La révolution algérienne est aussi caractérisée comme l’une des plus emblématiques, celle d’un peuple contre un autre pour recouvrer son indépendance avec des millions de victimes.
L’ignominie française en Algérie se traduit par les massacres qui se sont étalés sur près de cent-trente années, avec une évolution passant des enfumades au moment de la conquête, aux massacres successifs de villages entiers comme Beni Oudjehane, pour aller vers les crimes contre l’Humanité du 8 mai 45 sans oublier les attentats tels celui de la rue de Thèbes à Alger. La violence était inouïe à l’encontre des indigènes algériens. Entre 600 et 800 villages ont été détruits au napalm. L’utilisation par la France des gaz sarin et vx était courante en Algérie.La torture à grande échelle et les exécutions sommaires étaient très proches des pratiques nazies.
La France sait qu’elle a perdu son âme en Algérie en impliquant son armée dans les plus sales besognes. Ces militaires devaient terroriser pour que ces indigènes ne puissent à jamais relever la tête. Plus ils massacraient, plus ils avaient de chance de gravir les échelons.
La colonisation, c’est aussi la dépossession des Algériens de leurs terres où ces indigènes sont devenus étrangers sur leurs propres terres.
Le poison racisme est le socle fondateur de tout colonialisme. Sous couvert d’une mission civilisatrice, le colonisateur s’octroie par la force et en bonne conscience le droit de massacrer, torturer et spolier les territoires des colonisés. La colonisation française de l’Algérie a reposé sur l’exploitation de tout un peuple, les Algériens, considérés comme des êtres inférieurs de par leur religion, l’islam.
Il suffit de relire les illustres personnages français, Jules Ferry, Jean Jaurès, Léon Blum et tous les autres que l’on nous vante souvent dans les manuels scolaires.
La résistance algérienne sera continue, de 1830 jusqu’à l’Indépendance en 1962, même si de longues périodes d’étouffement, de plusieurs années, seront observées. Sans excès, on peut affirmer que la colonisation a abouti à un développement du racisme sans précédent et nourri la rancœur des colonisés.
Etrangement, plus on martyrisait la population algérienne, plus sa ténacité à devenir libre était grande. Sur le papier, l’Algérie était condamnée à capituler devant la cinquième puissance mondiale. Le bilan tragique n’a pas empêché les Algériens de gagner cette guerre d’indépendance avec une étrange dialectique. Les enfants des ex colonisés deviendront français par le droit du sol et continueront d’hanter la mémoire collective française.
On tente aujourd’hui de manipuler l’Histoire avec un déni d’une rare violence en continuant de présenter cette colonisation comme une œuvre positive, un monde de contact où les populations se mélangeaient et les victimes étaient symétriques. Une supercherie grossière pour ne pas assumer ses responsabilités historiques.
Colons et colonisés n’étaient pas sur un pied d’égalité, il y avait une puissance coloniale et des européens et de l’autre coté des indigènes avec des victimes principalement du côté des colonisés algériens. Cette population indigène a été décimé de 1830 à 1962 faisant des centaines de milliers de victimes, morts, torturées, violées, déplacées, spoliées et clochardisées, devenant des sujets sur leurs propres terres. Cette réalité est indiscutable et vouloir la noyer par quelques rapports dans un traitement symétrique c’est prolonger une nouvelle forme de déni et de domination sous couvert de paternalisme inacceptable.
Le monde fantasmé du Professeur Stora est une insulte à la réalité historique, d’autant plus grave qu’il la connaît parfaitement. Son rapport répond à un objectif politique qu’il a bien voulu réaliser pour des raisons étranges mais certaines : édulcorer les responsabilitésavec un entre deux savamment orchestré laissant supposer l’égalité de traitement des protagonistes pour neutraliser la reconnaissance de la responsabilité unilatérale de la France coloniale en Algérie. Le rapport est mort né car il n’a pas su répondre aux véritables enjeux de la responsabilité de la France coloniale en Algérie. Le jeu d’équilibriste pour endormir les algériens n’a pas pu s’opérer car les consciences des deux côtés de la méditerranée sont alertes. Personne n’est dupe sauf ceux qui ne veulent pas assumer les démons de la barbarie coloniale française en Algérie.
2. La France face à son démon colonial où le syndrome de l’ardoise magique.
Depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962, la France a déployé une batterie de stratagèmes pour ne pas être inquiété sur son passé colonial. La France sait précisément ce qu’elle a commis durant 132 années comme crimes, viols, tortures, famine des populations et autres.Pour se prémunir contre tous risques de poursuites, elle a exigé aux algériens d’approuver une clause d’amnistie lors du cessez le feu. D’autres lois d’amnisties furent promulguées par la suite pour tenter d’effacer toute trace de cette barbarie coloniale. La suffisance de certains est allée jusqu’a obtenir la promulgation d’une loi en 2005 vantant les mérites de la colonisation française en Algérie. Ultime insulte aux victimes algériennes qu’on torturait symboliquement à nouveau.
3. Pourquoi la Francea peur de reconnaître ses responsabilités.
Reconnaître les responsabilitésdes crimes et dommages coloniaux c’est inéluctablement accepter l’idée d’une réparation politique et financière ce que la France ne peut admettre aujourd’hui face à une certaine opinion pro Algérie française encore vivace sur ce sujet.
Mais c’est aussi accepter de revoir la nature de la relation franco algérienne ou la rente permet toujours à la France de préserver sa position monopolistique sur ce marché qui est toujours sa chasse gardée.
C’est bien sûr également la peur de perdre une seconde fois l’Algérie française mythifiée, celle du monde du contact largement développée dans le rapport Stora.
Enfin,la crainte de devoir rendre des comptes d’une manière singulière aux enfants de colonisés qui constituent le principal des populations habitant les banlieues populaires françaises où le poison racisme est omniprésent. Il suffit de lire le dernier rapport du Défenseur des droits sur les discriminations pour s’en convaincre.
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Ces dernières années, un nouveau palier s’est opéré avec l’idée que ces citoyens musulmans où les algériens sont majoritaires, sont devenus en France les ennemis de la République car ils sont souvent accusés d’être les nouveaux porteurs de l’antisémitisme français. Aujourd’hui, la majorité de cette population subit une triple peine. La première est d’être souvent considérée comme étranger dans le regard de l’autre, car enfant de la colonisation, enfants de parents qui se sont battus pour ne pas être français.
Ensuite, le fait d’être musulman dans la cité française se confronte à l’image séculaire de cette religion qui est maltraitée depuis au moins mille ans.
Enfin, cette population est suspectée d’être porteuse du nouvel antisémitisme français car solidaire du peuple palestinien. Ces palestiniens qui sont aujourd’hui parmi les derniers colonisés de la planète. Les Algériens ont connu la même colonisation et sont unis à jamais à ce peuple opprimé par un lien indicible qui s’exprime dans les tripes et le cœur. Entre Algériens et Palestiniens demeure une identité commune avec un combat similaire contre la colonisation. Dans une continuité idéologique, la France est depuis toujours l’un des plus fervents défenseurs de l’État d’Israël. En Algérie, le peuple dans sa grande majorité est palestinien de cœur car ce que subissent les Palestiniens dans le présent, il l’a subi dans le passé par la puissance coloniale française. Ce lien fraternel est aussi visible dans la diaspora algérienne qui est presque toujours pro-palestinienne, sans forcément connaître l’origine de ce lien profond.
Ce sont ces constituants qui enferment cette population comme les supposés porteurs du nouvel antisémitisme, faisant d’elle, la cible privilégiée du poison français alors que l’on aurait pu croire que le système les en aurait protégés un peu plus du fait d’un racisme démultiplié à leur encontre.Les musulmans où les algériens sont majoritaires sontsilencieux comme s’ils avaient été frappés par la foudre. Ils sont perdus dans cette société française, égaux en droit et rejetés dans les faits par un racisme structurel aggravé par une mémoire non apaisée.
À quelques très rares exceptions, les intellectuels et relais d’opinion abondent dans le sens du vent assimilationniste. Ils espèrent en tirer profit et acceptent d’être utilisés comme des « Arabes de service » faisant le sale boulot en s’acharnant à être « plus blanc que blanc ». Leurs missions sont de vanter à outrance le système assimilationniste ou le déni de mémoire est fortement présent. Ces partisans du modèle assimilationniste savent au fond d’eux-mêmes qu’ils ont vendu leurs âmes en étant du côté de l’amnésie imposée du plus fort. Leur réveil se fait souvent douloureusement lorsqu’on les relève de leur poste en politique ou dans les sphères où ils avaient été placés en tant que porte-drapeaux du modèle assimilationniste. Ils se retrouvent soudainement animés par un nouvel élan de solidarité envers leur communauté d’origine, ou perdus dans les limbes de la République qui les renvoie à leur triste condition de « musulmans » où d’enfants d »indigènes ».
La faiblesse de cette population toujours en quête d’identité et de mémoire apaisée est peut être liée à l’absence d’intellectuels capables de les éclairer pour réveiller un peu leur conscience et leur courage face à une bien-pensance très active en particulier sur ces questions mémorielles.
4. L’inéluctable réparation des crimes et dommages de la colonisation française en Algérie.
La France, via son Conseil Constitutionnel, a évolué dans sa décision n° 2017-690 QPC du 8 février 2018, en reconnaissant une égalité de traitement des victimes de la guerre d’Algérie permettant le droit à pension aux victimes civiles algériennes. Nous nous en félicitons mais la mise en œuvre a été détournée par des subterfuges juridiques rendant forclos quasi toutes les demandes des victimes algériennes. Comme si la France faisait un pas en avant et deux en arrière car elle ne savait pas affronter courageusement les démons de son passé colonial, pour apaiser les mémoires qui continuent de saigner.
Il ne peut y avoir une reconnaissance des crimes contre l’humanité commis en Algérie par la France et dans le même temps tourner le dos aux réparations des préjudices subis y compris sur le plan environnemental. La première marche du chemin de la réparation financière c’est de nettoyer les nombreux sites nucléaires et chimiques pollués par la France en Algérie ainsi que les nombreuses victimes comme le confirme l’observatoire de l’Armement. C’est une question de droit et de justice universelle car tout dommage ouvre droit à réparation lorsqu’il est certain, ce qui est le cas en Algérie. Sauf si on considère la colonisation française en Algérie comme une œuvre positive comme la France tente de le faire croire depuis la promulgation de la loi du 23 février 2005 qui est un outrage supplémentaire à la dignité des algériens.
La France ne peut échapper à cette réparation intégrale car sa responsabilité est pleinement engagée.D’une part c’est une question de dignitéet d’identité des algériens qui ne s’effacera jamais de la mémoire collective de cette nation.
C’est pourquoi les jeunes générations contrairement à l’espérance de certains ne cesseront d’interpeler la France et l’Algérie sur cette question mémorielle.
Sur la nature de cette réparation, la France devra suivre le chemin parcouru par les grandes nations démocratiques comme l’Italie qui, en 2008, a indemnisé la Lybie à hauteur de 3.4 milliards d’euros pour l’avoir colonisé de 1911 à 1942, mais aussi : l’Angleterre avec le Kenya, les Etats unis et le Canada avec les amérindiens ou encore l’Australie avec les aborigènes. L’Allemagne a accepté, depuis 2015, le principe de responsabilité et de réparation de ses crimes coloniaux avec les Namibiens mais butte sur le montant de l’indemnisation. Avec le risque pour l’Allemagne d’une action en justice devant la Cour Pénale Internationale du gouvernement Namibien, avec l’assistance d’un groupe d’avocats britanniques et la demande de 30 milliards de dollars de réparations pour le génocide des Ovahéréro et des Nama.
La France elle même s’est fait indemniser de l’occupation allemande durant la première et seconde guerre mondiale à hauteurs de plusieurs milliards d’euros d’aujourd’hui. Au même titre, l’Algérie indépendante doit pouvoir être réparée des crimes contre l’humanité et dommages qu’elle a subi de 1830 à 1962.
Cette dimension historique a un lien direct avec le présent car les évènements semblent se répéter, les banlieusards d’aujourd’hui sont en grande partie les fils des ex-colonisés. On continue à leur donner, sous une autre forme, des miettes avec comme point culminant cette nouvelle forme de discrimination,poison ou racisme invisible, matérialisé dans toutes les strates de la société.
L’Histoire ne doit pas se répéter dans l’hexagone, les miettes accordées ici et là sont révélatrices d’un malaise profond de la République française. En particulier, son incapacité à fédérer tous ses citoyens, poussant certains à la résignation, au retranchement et parfois aux extrémismes.
Paradoxalement, c’est le modèle français qui produit le communautarisme alors qu’il souhaite le combattre.
Comme un exercice contre-productif, il lui explose au visage car il ne sait pas comment l’aborder. C’est aussi ce modèle qui pousse un grand nombre de ces citoyens franco algériens à ne pas être fier d’être français. Cette révolution algérienne fait partie de l’Histoire de France à la fois comme un traumatisme à plus d’un titre, mais aussi comme un lien sensible entre les Français quelles que soient leurs origines. Le cœur de cette double lecture est lié à cette singularité algérienne qui n’a jamais démenti ses attaches à l’islam. Cet islam a été utilisé par la France comme porte d’entrée pour coloniser l’Algérie et soumettre sa population. Il a aussi donné la force à cette population algérienne de faire face au colonialisme français, comme porte de sortie de la soumission.
En France et ailleurs, cette religion semble interpeller les sociétés dans lesquelles elle s’exprime. A l’heure d’une promulgation d’une loi sur le séparatisme qui risque de stigmatiser un peu plus cette population musulmane ou les algériens sont nombreux, l’enlisement semble se perpétuer comme si l’apaisement des mémoires tant voulue était un peu plus affaibli car nous sommes toujours incapable d’expliquer à nos enfants le traitement différencié à l’égard des victimes de cette tragédie historique.
5. L’Algérie face à ses responsabilités historiques.
Le silence de l’Algérie est lourd car elle n’a pas su appréhender la question de sa mémoire d’une manière énergique et l’illégitimité de ses gouvernances successives a maintenu des revendications peu soutenues à l’égard de la France. Pire, les problématiques algériennes ont trop souvent, surfé sur cette fibre mémorielle pour occulter leurs inefficiences à gérer d’une manière performante le pays.Aujourd’hui, L’Algérie ne peut plus faire table rase du passé colonial français et se contenter de quelques mesurettes ou gestes symboliques. L’Algérie au nom de ses chouadas doit assumer une revendication intégrale, celle de la reconnaissance pleine et entière de la responsabilité des crimes et dommage de la colonisation en Algérie.
L’objectif de cette réparation n’est pas de diaboliser l’ex-puissance coloniale, mais au contraire de lui permettre de se réconcilier avec elle-même afin d’entrer définitivement dans une ère d’amitié et de partenariat. L’Algérie a laissé perdurer une approche minimaliste comme si elle était tenue par son ex puissance coloniale, tenu par le poison corruption qui la gangrènede l’intérieur et qui la fragilise dans son rapport avec la France. Comme si l’Algérie enfermée dans une position toujours timorée avait peur de franchir la ligne de l’officialisation de sa demande de réparation alors que la France l’avait faite de son coté en légiférant en 2005 sur les bienfaits de la colonisation française en Algérie. Aujourd’hui, au nom de la mémoire des chouadas, l’Algérie doit également assumer ses responsabilités historiques.
6. L’urgence d’agir.
Sur la question mémorielle, reconnaître la responsabilité de la France sur les crimes et les dommages coloniaux y compris écologiques et les réparer financièrement au même titre que les principales grandes puissances mondiales. Abroger la loi de 2005 sur les bienfaits de la colonisation, la loi Gayssot et la loi sur l’antisémitisme pour déboucher sur une seule loi générique contre tous les racismes permettant de rassembler au lieu de diviser. Nettoyer les sites pollués nucléaires et chimiques et indemniser les victimes. Restituer la totalité des archives algérienne. Signer un traité d’amitié avec l’Algérie et suppression des visas entre les deux pays.
Abdelaziz Rahabi a réagi ce samedi 23 janvier au rapport de l’historien Benjamin Stora sur la colonisation et la guerre d’Algérie, qui a été remis mercredi 20 janvier au président français Emmanuel Macron.
« Le rapport Stora ne prend pas en compte la principale demande historique des Algériens, la reconnaissance par la France des crimes commis par la colonisation », note l’ex-ministre et ancien ambassadeur dans une déclaration postée sur son compte Twitter.
Pour Rahabi, les Algériens ne demandent pas la repentance à la France sur les crimes coloniaux commis en Algérie de 1830 à 1962, tout en estimant que les deux pays doivent aussi regarder l’avenir.
« Il ne s’agit ni de repentance, notion étrangère aux relations entre États, ni de fonder une mémoire commune, les deux pays étant héritiers de deux mémoires antagoniques sur cette question. Pour le reste, chacun doit assumer son passé et les deux États sont tenus de mettre en place les conditions d’une relation apaisée et tournée vers l’avenir », estime-t-il.
Benjamin Stora a remis mercredi son rapport sur la colonisation et la guerre d’Algérie au président Macron, qui comprend 22 recommandations.
Parmi lesquelles figurent la reconnaissance par la France de l’assassinat de l’avocat Ali Boumendjel pendant la bataille d’Alger en 1957, de construire une stèle à l’effigie de l’émir Abdelkader en France et de discuter avec les autorités algériennes de la possibilité de faciliter les déplacements des harkis et de leurs enfants entre la France et l’Algérie.
Mercredi, l’Élysée a indiqué que la France ne va pas présenter des excuses à l’Algérie, ni faire acte de repentance sur les crimes coloniaux.
L’Algérie n’a pas encore réagi au refus de la France de présenter des excuses, et n’a pas commenté officiellement le contenu du rapport Stora.
«On peut choisir n'importe quelle date sauf le 19 mars!» avait prévenu François Mitterrand. En votant, le 8 novembre 2013, la proposition de loi socialiste d'inspiration communiste visant à faire du 19 mars 1962, date du cessez-le-feu en Algérie, une «journée nationale du souvenir en mémoire des victimes du conflit», la majorité de gauche au Sénat a donc décidé de passer outre l'avertissement, prenant ainsi, délibérément, la responsabilité d'«un risque grave de division de la communauté nationale» selon les termes de l'Union nationale des combattants. Soixante sénateurs UMP ont d'ailleurs déposé un recours devant le Conseil constitutionnel. Les associations de rapatriés ne désarment pas. Leurs dirigeants sont unanimes. Non seulement parce que la date du 19 mars est celle d'une défaite, mais parce qu'elle n'a même pas marqué, sur le terrain la fin de la guerre: bien plutôt la fin de l'engagement des autorités françaises dans la défense de leurs ressortissants et le début des terrifiantes violences dont furent victimes les Français d'Algérie et les supplétifs engagés aux côtés de la France.
« On peut choisir n'importe quelle date sauf le 19 mars! »
François Mitterrand
Sur le plan diplomatique, la «défaite» française en Algérie est de fait incontestable. Mais il est également vrai qu'elle était inscrite dès le début dans le processus des négociations. Et ce, pour une raison simple: l'Elysée était demandeur et pressé…
C'est le 20 février 1961 que, dans le plus grand secret, Georges Pompidou et Bruno de Leusse prennent contact en Suisse, à l'hôtel Schweitzer de Lucerne, avec les représentants du GPRA (Gouvernement provisoire de la République française), Ahmed Boumendjel, Taïeb Boulahrouf et Saad Dalhab. Selon les instructions reçues, il ne s'agit pour les représentants français que d'une mission d'information sur les objectifs à long terme du FLN et sur les voies et étapes qu'il compte emprunter pour y parvenir.
Immédiatement, Pompidou donne le ton en affirmant que la France a la situation bien en main, que l'Algérie n'est pas l'Indochine -«Il n'y aura pas de Dien Bien Phu»-, que les menaces de Khrouchtchev ou de tout autre ne font pas peur à De Gaulle et, pour finir, que la France ne craint pas l'indépendance algérienne. Elle exige donc un arrêt des combats avant d'entreprendre des pourparlers avec toutes les tendances sur les conditions de l'autodétermination, dont elle a accepté, depuis le référundum du 8 janvier 1961, le principe. Mais tout de suite aussi, les Algériens font connaitre leur refus de bouger d'un pouce sur la question du cessez-le-feu qui, disent-ils, doit résulter d'un accord politique.
C'est l'impasse. Et la situation n'évolue guère lorsque les mêmes se retrouvent pour une nouvelle réunion, le 5 mars suivant, à Neuchâtel. «Les contacts secrets confirmaient l'absence complète d'accord sur les liens à établir entre les éventuels pourparlers officiels et la cessation des violences», écrit Bernard Tricot, qui assurait alors le secrétariat de la Direction des affaires algériennes à l'Elysée.
A la «trêve statique» des Français, les Algériens opposent leur «cessez-le-feu dynamique» qui serait fonction des progrès de la négociation…
Que va décider De Gaulle?
Le 8 mars, un communiqué du chef de l'Etat appelle à l'ouverture de discussions « sans conditions préalables ». En bref, le cessez-le-feu n'en est pas un. Il sera l'objet de négociation comme un autre… De Gaulle vient d'en passer par la première des quatre volontés du FLN.
Le 8 mars, lors d'une nouvelle réunion, Bruno de Leusse lit devant les émissaires du GPRA un communiqué du chef de l'Etat appelant à l'ouverture de discussions «sans conditions préalables». En bref, le cessez-le-feu n'en est pas un. Il sera l'objet de négociation comme un autre…
Ce 8 mars 1961, De Gaulle vient donc d'en passer par la première des quatre volontés du FLN.
Les trois autres exigences du mouvement révolutionnaire sont claires: 1) le FLN doit être considéré comme le seul représentant qualifié du peuple algrérien; 2) l'Algérie est une, Sahara compris (ce qui n'a aucun fondement historique: le Sahara n'a appartenu à l'Algérie que sous la souveraineté française); 3) le peuple algérien est un, et ce que décidera la majorité du peuple vaudra pour tout le territoire et pour tous ses habitants. Il ne doit donc y avoir aucun statut particulier pour les Européens. C'est le futur gouvernement algérien qui, une fois installé, décidera avec son homologue français des garanties dont ils jouiront, des modalités de la coopération et des questions de défense. En attendant, il convient de discuter des garanties de l'autodétermination.
Le 15 mars, un communiqué du Conseil des ministres «confirme son désir de voir s'engager, par l'organe d'une délégation officielle, des pourparlers concernant les conditions d'autodétermination des populations algériennes concernées ainsi que les problèmes qui s'y rattachent». Tricot constate: «Les commentateurs les plus avertis se doutèrent bien que si le cessez-le-feu n'était pas mentionné séparément, c'est qu'il faisait désormais partie des problèmes qui se rattachaient à l'autodétermination et qu'il ne constituait pas un préalable.»
Le 30 mars, le gouvernement français et le GPRA annoncent simultanément que les pourparlers s'ouvriront le 7 avril à Evian. Mais le lendemain, interrogé par la presse sur ses contacts avec Messali Hadj, le leader du Mouvement national algérien (MNA), rival du FLN, Louis Joxe, le ministre en charge des Affaires algériennes, déclare qu'il consultera le MNA comme il consultera le FLN. Aussitôt la nouvelle connue, le GPRA annule les pourparlers.
Que va faire de Gaulle?
« Le gouvernement s'en tient, pour ce qui le concerne, à l'esprit et aux termes de son communiqué du 15 mars. » Le FLN sera donc l'interlocuteur unique et le représentant exclusif du peuple algérien. Ce 6 avril 1961, De Gaulle vient d'en passer par la deuxième des quatre volontés du FLN.
Le 6 avril, le Conseil des ministres publie un communiqué prenant acte de l'ajournement de la conférence d'Evian et conclut sobrement: «Le gouvernement s'en tient, pour ce qui le concerne, à l'esprit et aux termes de son communiqué du 15 mars.» Le FLN sera donc l'interlocuteur unique et le représentant exclusif du peuple algérien.
Ce 6 avril 1961, De Gaulle vient donc d'en passer par la deuxième des quatre volontés du FLN. Cette double capitulation en l'espace d'un mois explique peut-être les temes un peu crus de sa déclaration du 11 avril: «L'Algérie nous coûte, c'est le moins que l'on puisse dire, plus qu'elle nous rapporte (…) Et c'est pourquoi, aujourd'hui la France considérerait avec le plus grand sang-froid une solution telle que l'Algérie cessât d'appartenir à son domaine.»
Sur ce, le 21 avril, éclate le putsch des généraux dont l'échec entraîne la création de l'OAS par Pierre Lagaillarde et Jean-Jacques Susini. La violence atteint vite un seuil insoutenable et De Gaulle avoue à Robert Buron ne plus rien maîtriser. «Il n'y a plus, dit-il, que deux forces en présence: le FLN et l'OAS.»
C'est dans ce contexte que, le 20 mai, les négociations s'ouvrent à Evian. Du côté français, outre Louis Joxe, la délégation comprend, entre autres, Bernard Tricot, Roland Cadet, Claude Chayet et Bruno de Leusse. Tous des professionnels de la négociation. Du côté algérien, le chef de file n'est autre que Krim Belkacem, dont l'instruction se résume à un passé de maquisard. Pour marquer sa bonne volonté, le chef de l'Etat annonce une trève unilatérale d'un mois (l'action des troupes françaises sera limitée à l'autodéfense), la libération de 6000 prisonniers et le transfert au château de Turquant, en Indre-et-Loire, des chefs du FLN capturés en 1956.
De Gaulle déclare, le 5 septembre, accepter la souveraineté du FLN sur le Sahara, dont il disait quelque temps plus tôt à Louis Joxe: « Le pétrole, c'est la France et uniquement la France! » Il vient d'en passer par la troisième des quatre volontés du FLN.
Après une première interruption des pourparlers le 13 juillet due, notamment, à des divergences sur le Sahara, une reprise des négociations au château de Lugrin, le 20 juillet, et un nouveau capotage pour la même raison, De Gaulle déclare, le 5 septembre, accepter la souveraineté du FLN sur le Sahara, dont il disait quelque temps plus tôt à Louis Joxe: «Le pétrole, c'est la France et uniquement la France!»
Ce 5 septembre 1961, il vient donc d'en passer par la troisième des quatre volontés du FLN.
Ne reste plus en suspens que le sort des pieds noirs et des musulmans fidèles à la France, qu'il évoque d'ailleurs dans la suite de son discours, en parlant de «dégagement». Le mot résonne douloureusement à leurs oreilles, même si De Gaulle assure qu'en cas de rupture brutale avec l'Algérie, l'Etat entreprendra de «regrouper dans une région déterminée les Algériens de souche européenne et ceux des musulmans qui voudraient rester avec la France», donnant ainsi un début de réalité au thème de la «partition» lancé à sa demande par Peyrefitte.
Dans le camp d'en face, Benyoucef Ben Khedda, un marxiste, succède à Ferhat Abbas à la tête du GPRA.
Le 11 février 1962, les négociations reprennent aux Rousses. Elles s'achèvent une semaine plus tard sur un ensemble de textes qualifiés d'«accords de principe» que les Algériens doivent soumettre au CNRA, l'instance suprême de la Révolution, réuni à Tripoli.
Le 7 mars s'engage la seconde conférence d'Evian qui traîne trop aux yeux de l'Elysée. Robert Buron décrit un De Gaulle «moins serein, moins souverain» au téléphone. Le 18 mars, juste avant la signature, Krim Belkacem fait valoir une exigence: que les délégués français lisent à voix haute les 93 pages du document. Ces derniers s'exécutent en se relayant, article après article, tandis que les délégués algériens suivent attentivement chaque mot et que De Gaulle, à l'Elysée, attend. Le rituel imposé une fois terminé, les accords d'Evian sont paraphés par les deux délégations.Ils prévoient l'organisation d'un référundum sur l'indépendance. Il aura lieu le 1er juillet. Dans l'intervalle, le pouvoir sera exercé par un exécutif provisoire, sous la direction de Christian Fouchet.
Dans son Journal, à la date de ce 18 mars, Buron reconnait que sa signature figure au bas d'un «bien étrange document». Et il note: «Les jours qui viennent vont être des jours de folie et de sang».
Si le texte des accords d'Evian assure en principe aux Français d'Algérie « toutes libertés énoncées dans la Déclaration universelle des droits de l'homme », l'Elysée a renoncé à tout statut particulier pour nos nationaux et aucune clause ne concerne précisément les supplétifs. C'est la quatrième des exigences du FLN.
Car si le texte assure en principe aux Français d'Algérie «toutes libertés énoncées dans la Déclaration universelle des droits de l'homme», ainsi que la possibilité de «transporter leurs biens mobiliers, liquider leurs biens immobiliers, transférer leurs capitaux», l'Elysée a renoncé à tout statut particulier pour nos nationaux et aucune clause ne concerne précisément les supplétifs. C'est la quatrième des exigences du FLN.
Le lendemain 19 mars, le cessez-le-feu est proclamé du côté français par le général Ailleret, du côté algérien par Ben Khedda. Or, ce même 19 mars censé instaurer la paix, le directeur de la police judiciaire, Michel Hacq, patron de la mission «C» (C pour choc) qui supervise les barbouzes (ces «éléments clandestins» chargés depuis décembre 1961 de la lutte contre l'OAS), rencontre secrètement le chef fellagha Si Azzedine, patron de la Zone autonome d'Alger, pour lui remettre une liste d'activistes. Tout y est: les noms et les pseudonymes, les âges et les adresses. «Le marché est clair, écrit Jean-Jacques Jordi: les commandos d'Azzedine peuvent se servir de cette liste pour leurs actions contre l'OAS et ils peuvent “bénéficier” d'une certaine impunité d'autant que les buts du FLN et de la mission “C” se rejoignent (…) Cependant, force est de constater que ces mêmes commandos FLN ne s'attaquaient pas réellement aux membres de l'OAS mais poursuivaient une autre stratégie: faire fuir les Français par la terreur.»
Ce nettoyage ethnique qu'évoque sans fard dans ses Mémoires, l'ancien président du GPRA, Ben Khedda, en se vantant d'avoir réussi à «déloger du territoire national un million d'Européens, seigneurs du pays», était en germe depuis longtemps puisque les négociateurs du FLN à la conférence de Melun, Boumendjel et Ben Yahia, en avaient fait la confidence à Jean Daniel dès le 25 juin 1960: «Croyez-vous, leur avait demandé le journaliste, originaire de Blida, qu'avec tous ces fanatiques religieux derrière vous, il y aura dans une Algérie indépendante un avenir pour les non-musulmans, les chrétiens, les juifs auxquels vous avez fait appel?» Les deux responsables FLN ne s'étaient pas dérobés: «Ils m'ont alors expliqué, témoigne Jean Daniel, que le pendule avait balancé si loin d'un seul côté pendant un siècle et demi de colonisation française, du côté chrétien, niant l'identité musulmane, l'arabisme, l'islam, que la revanche serait longue, violente et qu'elle excluait tout avenir pour les non-musulmans. Qu'ils n'empêcheraient pas cette révolution arabo-islamique de s'exprimer puisqu'ils la jugeaient juste et bienfaitrice.»
Sur le terrain, le cessez-le-feu ne change rien à la poursuite de l'offensive menée de concert par le pouvoir gaulliste et le FLN contre « leur ennemi commun » selon l'expression de Krim Belkacem.
Détail important: la livraison au FLN par Hacq, ce 19 mars, de la liste des activistes n'est pas une nouveauté. Elle fait suite à une première liste de 3000 noms adressée au FLN par l'intermédiaire de Lucien Bitterlin, l'un des chefs des barbouzes, dès janvier 1962… C'est-à-dire trois mois avant les accords d'Evian, qui vont voir les relations entre Hacq et Si Azzedine se renforcer. Force est donc de constater que, sur le terrain, le cessez-le-feu ne change rien à la poursuite de l'offensive menée de concert par le pouvoir gaulliste et le FLN contre «leur ennemi commun» selon l'expression de Krim Belkacem.
Lors de la crise des Barricades, (la première révolte des pieds-noirs après le discours de De Gaulle annonçant, en septembre 1959, l'autodétermination ) en janvier 1960, le chef rebelle a en effet affirmé à l'ambassadeur américain à Tunis, Walter Walmsley, que si De Gaulle avait besoin de soutien, le GPRA se mobiliserait à ses côtés contre tous ceux qui s'opposent à l'indépendance de l'Algérie. Et donc, par extension, contre tous les Français d'Algérie à quelque confession qu'ils appartiennent.
Message entendu à l'Elysée.
«On n'allait bientôt plus savoir qui tuait qui -et pour le compte de qui! On tuait, voilà tout», écrit Bitterlin.
Ce 19 mars 1962, la guerre n'est donc pas finie: seuls les alliés et les adversaires ont permuté en fonction des développements successifs de la politique gaulliste. Elle va même prendre un tour extrême quelques jours plus tard.
Le 26 mars, rue d'Isly, une manifestation interdite mais pacifique de Français d'Algérie se dirigeant vers le quartier de Bab-el-Oued, foyer de l'OAS, encerclé par l'armée, se heurte à un barrage de tirailleurs venus du bled. Elle est mitraillée à bout portant. Bilan: près de 49 morts et 200 blessés. Le drame n'a rien d'un dérapage: Christian Fouchet s'en est justifié plus tard lors d'une confidence à Jean Mauriac: «J'en ai voulu au Général de m'avoir limogé au lendemain de Mai 68. C'était une faute politique. Il m'a reproché de ne pas avoir maintenu l'ordre: “Vous n'avez pas osé faire tirer [sous-entendu: sur les manifestants étudiants]-J'aurais osé s'il avait fallu, lui ai-je répondu. Souvenez-vous de l'Algérie, de la rue d'Isly. Là, j'ai osé et je ne le regrette pas, parce qu'il fallait montrer que l'armée n'était pas complice de la population algéroise.”»
Le 3 avril 1962, De Gaulle déclare qu'« il faut se débarrasser sans délai de ce magmas d'auxilliaires qui n'ont jamais servi à rien » et donne l'ordre de désarmer les harkis. Le 4 mai, il déclare que « l'intérêt de la France a cessé de se confondre avec celui des pieds-noirs. » Les uns et les autres font partie du « boulet » dont il avait avoué à Peyrefitte, le 20 octobre 1959, qu'il faudrait s'en « délester ».
Dans la folie meurtrière qui, sous les coups conjugués de l'OAS, du FLN, des barbouzes et du «Détachement métropolitain de police judiciaire» (couverture officielle de la fameuse mission «C» constituée de 200 policiers, et d'une trentaine de gendarmes aux ordres du capitaine Armand Lacoste), s'empare de l'Algérie et menace la métropole, la figure de l'«ennemi commun» se précise: le 3 avril 1962, lors d'une réunion du Comité des affaires algériennes, De Gaulle déclare qu'«il faut se débarrasser sans délai de ce magmas d'auxilliaires qui n'ont jamais servi à rien» et il donne l'ordre de désarmer les harkis (que des ordres complémentaires de Joxe et de Messmer empêcheront de gagner la France et, pour certains de ceux qui y seront parvenus malgré tout, rembarqueront de force pour l'Algérie). Le 4 mai, en Conseil des ministres, il déclare que: «L'intérêt de la France a cessé de se confondre avec celui des pieds-noirs.» Les uns et les autres font donc partie du «boulet» dont il avait avoué à Alain Peyrefitte, le 20 octobre 1959, qu'il faudrait s'en «délester». Cette disposition d'esprit du chef de l'Etat a une traduction concrète sur le terrain: en vertu de l'ordre donné à l'armée de rester l'arme au pied quoi qu'il arrive à nos nationaux, la politique d'abandon de l'Algérie se double d'une politique d'abandon des populations qui se réclament de la France et dont le sort est désormais lié au seul bon vouloir du GPRA.
Le rapport de Jean-Marie Robert, sous-préfet d'Akbou en 1962, adressé à Alexandre Parodi, vice-président du Conseil d'Etat, donne une idée détaillée des massacres auxquels se livre alors le FLN sur les supplétifs de l'armée française mais aussi sur les élus (maires, conseillers généraux et municipaux, anciens combattants, chefs de village, etc) «promenés habillés en femmes, nez, oreilles et lèvres coupées, émasculés, enterrés vivant dans la chaux ou même dans le ciment, ou brûlés vifs à l'essence».
Aux massacres de harkis qui atteignent bientôt des proportions et une horreur inimaginables, s'ajoutent les enlèvements d'Européens: de l'ordre de 300 à 400 entre novembre 1954 et mars 1962, ils se multiplient brusquement à partir de cette date pour atteindre selon les travaux de Jordi le chiffre de 3000 -dont 1630 disparus. Dans l'indifférence la plus totale de la part du gouvernement français que n'émeut pas davantage le massacre du 5 juillet ( jour officiel de l'indépendance algérienne après la victoire du oui au référendum du 1er juillet) à Oran, qui va coûter la vie à 700 Européens.
Aux massacres de harkis qui atteignent bientôt des proportions et une horreur inimaginables, s'ajoutent les enlèvements d'Européens: ils se multiplient brusquement pour atteindre le chiffre de 3000 dont 1630 disparus. « Pour la France, à part quelques enlèvements, les choses se passent à peu près convenablement », déclare De Gaulle le 18 juillet.
«Pour la France, à part quelques enlèvements, les choses se passent à peu près convenablement», déclare même De Gaulle le 18 juillet.
Devant l'exode, dont il nie la réalité jusqu'au dernier moment, le chef de l'Etat ne se soucie que de la «concentration» des réfugiés dans le sud de la France. L'ordre qu'il donne alors, le 18 juillet, est d'obliger les «repliés» ou les «lascars» (c'est ainsi qu'il appelle les pieds-noirs selon son humeur du jour) à «se disperser sur l'ensemble du territoire». S'attirant cette réponse de Pompidou, nouveau Premier ministre: «Mais à quel titre exercer ces contraintes, mon général? On ne peut tout de même pas assigner des Français à résidence! Les rapatriés qui sont autour de Marseille ne créent aucun problème d'ordre public. On ne peut pas les sanctionner!» il réplique: «Si ça ne colle pas, il faut qu'on se donne les moyens de les faire aller plus loin! Ça doit être possible sous l'angle de l'ordre public.»
Certains comme Joxe souhaitant envoyer cette «mauvaise graine» au Brésil ou en Australie, De Gaulle répond qu'ils aillent en Nouvelle-Calédonie ou plutôt en Guyane… Mais son intention véritable, il le dit et le répète, c'est de faire en sorte que tous retournent sans délai dans cette Algérie, dont ils sont parvenus -souvent in extremis-à fuir la terreur.
En Conseil des ministres, le 25 juillet, Alain Peyrefitte note que «plusieurs collègues baissent la tête»… Et le chef de l'Etat est sans doute conscient de son effet puisque le même Peyrefitte rapporte que Pompidou, mi-plaisant mi-sérieux, lui raconte que le Général a déclaré à Mme De Gaulle: «Je vous le dis Yvonne, tout ça se terminera mal. Nous finirons en prison. Je n'aurai même pas la consolation de vous retrouver puisque vous serez à la Petite Roquette et moi à la Santé.»
En réalité la détermination présidentielle est sans faille et pour que les choses soient bien claires, de Gaulle insiste: «Napoléon disait qu'en amour, la seule victoire, c'est la fuite; en matière de décolonisation aussi, la seule victoire c'est de s'en aller.»
La question mémorielle entre l’Algérie et la France suscite toujours des réactions de part et d’autre de la Méditerranée. Le rapport rédigé par l’historien Benjamin Stora, au président français, Emmanuel Macron, a été largement commenté par les Algériens, même si jusque-là les autorités n’ont pas encore réagi. En France, les médias en ont largement fait écho.
L’historien français, Benjamin Stora, a soumis, dans le rapport qu’il a remis mercredi dernier au président français, Emmanuel Macron, une série de préconisations en vue de régler la question mémorielle entre l’Algérie et la France. Néanmoins, il n’est pas question, dans ce document, pour la France de demander des «excuses».
«On sait que depuis plusieurs années les autorités algériennes réclament des excuses à propos de la période de la colonisation. Dans la lignée des discours présidentiels français précédents, ce geste symbolique peut être accompli par un nouveau discours. Mais est-ce que cela sera suffisant ? N’est-il pas nécessaire d’emprunter d’autres chemins, de mettre en œuvre une autre méthode pour parvenir à la réconciliation desmémoires ?» a écrit Stora dans son rapport.
C’est donc l’absence d’une volonté, du côté français, de demander des excuses qui a été globalement souligné par beaucoup d’Algériens, notamment au niveau des médias. Et c’est ce qui a été relevé d’ailleurs par certains médias français. «Rapport Stora sur la mémoire de la colonisation : scepticisme à Alger», a titré Le Point.
La chaîne France 24 a écrit: «Excuses, réparations : le rapport Stora sur l’Algérie réveille d’éternelles frictions.»«Des critiques algériennes après le refus de Paris de s’excuser», a indiqué encore Sud Ouest. La voix du Nord a titré : «Guerre d’Algérie : l’Elysée refuse les excuses mais plaide pour la reconnaissance.»
Bien entendu, certains, en Algérie, ont tenté, par contre, de mettre le doigt sur les aspects positifs de ce rapport en particulier, et de la démarche d’une manière générale. «Son apport le plus important est d’ouvrir le débat en Algérie», a estimé à cet effet, dans une déclaration à l’AFP, Fouad Soufi, chercheur au Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (Crasc) d’Oran.
Quid du rapport Chikhi ?
Il faut noter que la principale recommandation du rapport Stora est la constitution, en France bien entendu, d’une commission «Mémoire et Vérité» qui sera «chargée d’impulser des initiatives communes entre la France et l’Algérie sur les questions de mémoires».
Une commission qui aura la charge de se pencher par exemple sur des «travaux sur les essais nucléaires français dans le Sahara et leurs conséquences,ainsi que celles de la pose de mines antipersonnel durant la guerre», la «publication d’un guide des disparus algériens et européens pendant le conflit» ou «avancer sur la question des archives, avec comme objectifs le transfert de certaines archives de la France vers l’Algérie, et d’autre part permettre l’accès aux chercheurs des deux pays aux archives françaises et algériennes ; processus plus rapide de déclassification des documents secrets».
L’autre suggestion inscrite dans le rapport est celle relative aux «déplacements des harkis et de leurs enfants entre France et Algérie», une question qui fait également toujours débat.
Les autorités algériennes n’ont pas encore réagi au contenu de ce rapport. Le vis-à-vis de Stora en Algérie, Abdelmadjid Chikhi, nommé en juillet 2020, en même temps que Benjamin Stora et censé travailler avec lui, n’a pas encore remis son rapport. Il devrait probablement attendre le retour au pays du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui se trouve en Allemagne pour des soins.
L’Algérie va-t-elle avancer sur ce dossier relatif aux questions mémorielles, avec la partie française, en l’absence d’«excuses» ? En tout cas, le travail fait par Chikhi va certainement apporter des éléments de réponse quant à la démarche des autorités par rapport à ces questions, et surtout sur l’attitude qui sera adoptée.
Le sujet, délicat, doit être traité loin de toute «crispation politique et de l’exploitation politicienne», comme l’avait estimé le chef de l’Etat au mois de juillet dernier.
S’immerger en poésie n’est pas chose aisée. Il faut du temps. Le temps de lire et de relire à haute voix un même poème. Le temps de se laisser pénétrer par la musique des mots et par leur sens, de s’approprier ses images. En Orient, la poésie, avec ses cadences et ses canons propres, est un art vivant scandé en public, qui déclenche toujours la ferveur des foules. Si, en d’autres lieux, la poésie de sel et de sang de Mahmoud Darwich quelquefois dérange, c’est qu’elle s’entend comme le porte-voix des autres et que la mémoire intime y rejoint la mémoire collective tourmentée d’un peuple. Il faut croire que rien jamais ne cicatrisera les colères et les souffrances de l’exil, des guerres, des proches perdus et de la prison qui sont intimement imprimés dans le corps et la langue du poète palestinien Mahmoud Darwich. Même si l’auteur avoua en son temps que l’exil fut extrêmement généreux avec lui et qu’il ne peut s’en désister. Tout poète n’aspire-til pas aussi, grâce à son art, à se détacher des contingences imposées par une histoire trop lourde, trop violente ?
La terre nous est étroite et autres poèmes, cette anthologie publiée dans la prestigieuse collection « Poésie », chez Gallimard, est une sélection « personnelle » de l’auteur de morceaux écrits entre 1966 et 1999, traduits par Elias Sanbar, « poète parallèle - ainsi Mahmoud Darwich définit-il le traducteur dans sa préface — faisant subir à la langue d’accueil un sort identique à celui que l’auteur (...) fait subir à sa propre langue ».
La nostalgie d’une enfance trop courte, brisée par la violence de l’exil, sous-tend toute l’œuvre de Mahmoud Darwich. « Une nuit d’été, ma mère me réveilla en panique et je me suis retrouvé courant dans la forêt en compagnie de centaines d’habitants du village. Après une nuit de marche, nous sommes arrivés dans un village étranger aux enfants inconnus... Depuis ces jours au Liban, je n’ai pas oublié et je n’oublierai jamais les circonstances dans lesquelles j’ai fait connaissance avec le mot patrie. Pour la première fois, je me suis retrouvé dans une longue file, attendant la distribution des rations alimentaires... »
Dans ce recueil, on trouve notamment deux poèmes de jeunesse, que l’on peut désormais étudier en Israël, « La Prison » et « A ma mère » : « J’ai la nostalgie du pain de ma mère, Du café de ma mère ; Des caresses de ma mère (...) Et l’enfant grandit en moi Jour après jour (...) Attache-moi, Avec une mèche de tes cheveux, Un fil qui pend à l’ourlet de ta robe... Et je serai, peut-être un dieu, Si j’effleurais ton cœur ! (...) Si je rentre, enfouis-moi, Bûche, dans ton âtre. Et suspends-moi, Corde à linge, sur le toit de ta maison. Je ne tiens pas debout Sans ta prière du jour. »
On peut également lire « Je suis Joseph, ô mon père », l’inquiétante prière teintée d’ironie de Joseph, l’homme aux songes de la Genèse, mis au ban par ses frères jaloux de l’amour excessif que lui voue le père : « Mes frères ne m’aiment pas et ne veulent pas de moi en leur sein. Ils m’agressent et me lapident de cailloux et de mots (...) Qu’ai-je donc fait, mon père ? Et pourquoi moi ? Tu m’as appelé Joseph, mais ils m’ont jeté dans le puits et accusé le loup (...) Ai-je porté préjudice à quiconque, lorsque j’ai dit : J’ai vu onze astres et le soleil et la lune, et je les ai vus, devant moi, prosternés. »
Mahmoud Darwich n’a pas choisi d’inclure dans cette anthologie le célèbre poème « Inscris : je suis arabe », qui avait emporté l’adhésion de tout le monde arabe, mais on peut lire de grands morceaux comme « La terre nous est étroite », « Et la terre se transmet comme la langue », « Nous marchons sur le pont », « Partition solo »...
Né en Palestine en 1942 dans le village de Birwa, en Galilée, Mahmoud Darwich fut, à Haïfa, membre du Parti communiste israélien (Rakah), puis, à Tunis, membre du Comité exécutif de l’OLP, dont il démissionna à la veille de la signature des accords d’Oslo. « La poésie ne pouvait être réduite à l’étroitesse de la politique approchée au quotidien », a-t-il déclaré alors. Il vit aujourd’hui entre Amman et Ramallah, en Palestine, où il dirige la revue littéraire Al Karmil, qu’il a fondée à Beyrouth.
[...] En effet, Darwich était seul, trop pudique pour évoquer sa vie privée, on ne lui a jamais connu de compagne... sauf cette fameuse Rita qui est venue hanter certains de ses recueils, Rita cet amour fulgurant, cette passion magistrale qui dura deux années et se solda par un échec car elle était juive, et la guerre de 1967 se chargea de briser leur passion : un arabe amoureux d’une juive, et vice-versa, c’était intolérable pour les communautés respectives, c’était trop beau pour que le monde puisse l’accepter... [...] [1].
Entre Rita et mes yeux : un fusil Et celui qui connaît Rita se prosterne Adresse une prière A la divinité qui rayonne dans ses yeux de miel
Moi, j’ai embrassé Rita Quand elle était petite Je me rappelle comment elle se colla contre moi Et de sa plus belle tresse couvrit mon bras Je me rappelle Rita Ainsi qu’un moineau se rappelle son étang Ah Rita Entre nous, mille oiseaux mille images D’innombrables rendez-vous Criblés de balles.
Le nom de Rita prenait dans ma bouche un goût de fête Dans mon sang le corps de Rita était célébration de noces Deux ans durant, elle a dormi sur mon bras Nous prêtâmes serment autour du plus beau calice Et nous brulâmes Dans le vin des lèvres Et ressuscitâmes
Ah Rita Qu’est-ce qui a pu éloigner mes yeux des tiens Hormis le sommeil Et les nuages de miel Avant que ce fusil ne s’interpose entre nous
Il était une fois Ô silence du crépuscule Au matin, ma lune a émigré, loin Dans les yeux couleur de miel La ville A balayé tous les aèdes, et Rita Entre Rita et mes yeux, un fusil.
La mémoire de la libération a besoin d’une critique corrective pour qu’elle soit insérée dans le projet sociétal €¦
Pour cette période, de 1954 à 62 et seulement du côté algérien, certains actes restent à élucider. Les 7 années présidées d’une mobilisation populaire, que de hauts faits d’armes jalonnent, ont sûrement aussi quelques péripéties confuses, inexplorées et stériles. Les déchirements irréversibles que toutes les guerres renferment, ont été honteusement commis et sont souvent cachés. La plus manifeste des grossièretés, pour l’Algérie, est le déferlement, COMME DES ENVAHISSEURS, des « marsiens ».
En effet à la veille des accords d’Evian du 19 mars 1962, notamment depuis le début de la même année, sont apparus de nouveaux militants de la cause nationale. Appelés les « marsiens » (en rapport avec le 19 mars), parce qu’ils ont montré amplement leur engagement pendant les 3 derniers mois (du 19 mars au 5 juillet 1962). Des groupes d’opportunistes ont, sur le tard, pris le taureau par les cornes. Ils se sont manifestés, quand le voisin marocain a envahi l’ouest du pays avec sa menaçante convoitise d’expansion…
Auparavant, les « marsiens » étaient indifférents, c’est-à-dire sans positionnement dans le conflit. Et même nombreux d’entre eux, optant pour un retournement de veste, sont passés d’opposés à la libération à directement son combattant du premier rang. La conversion fut à grande échelle. Les "neutres" ont fait subitement leur conversion, soutenant la cause nationale après avoir été douteux.
Une flopée d’algériens trop décidés à en finir, avec le Maroc qui reproduit la même chose avec le Sahara occidentale. Où il y est encore en conflit !
Le commencement de la prédation économique…
D’ailleurs cette déferlante a confisqué, depuis 1962, l’indépendance en tablant de s’accaparer les richesses laissés par les colons à leur départ. Quelques minuscules ateliers industriels, 30% des terres algériennes et les plus fertiles, des biens immobiliers dans les grands centres urbains et d’autres biens (véhicules, machines...). Ayant appartenus à presque 2 millions, d’européens et de certains juifs, ayant été contre l’indépendance, donc ne pouvaient partager un pays libéré. A propos des juifs, d’autres nombreux du PCA (Parti Communiste Algérien) ont milité et ont été torturés pour la cause algérienne.
Et quand en 1963, les maquis fomentés par le grand leader Aït-Ahmed, actuellement dirigeant du FFS (l’un des plus grands partis de l’opposition qui participe aux élections de mai 2012), on laisse entendre que l’aile militaire (ALN : armée de libération nationale) a pris le dessus sur les politiques, ou bien d’un quelconque conflit entre les wilayas historiques… Ici la boutade est tellement grosse !
Car la question du partage des fortunes, léguées par le colonialisme, s’était posée plus crucialement et sérieusement. Elle a opposé les classes sociales, et les politiciens sont venus changer sa réalité. En effet, ce conflit fratricide, dit « les maquis du FFS » fut motivé par les patrimoines fuis par leurs propriétaires…
Au sujet des harkis par exemple, presque la totalité des actes revanchards et de persécutions qui les ont visés à l’orée de l’indépendance, ont été commis par les « marsiens ». Si la métropole colonialiste a vraiment désiré les abandonner à leur sort, parmi le peuple qu’ils ont trahi, la majorité d’entre sont encore en Algérie. En effet en 1962, plus nombreux les harkis ont choisi de changer de régions sans quitter l’Algérie. Quand le parti islamiste de Belhadj Ali et Madani Abbassi, le FIS, était à son apogée et sur le point de s’installer menaçant à l’assemblée nationale en 1990, la presse algérienne a diffusé des listes de Harkis qui sont revenus, barbus et islamistes, dans leur région d’origine…
Parmi ces attentistes et ennemis, nombreux étaient des religieux qui prenaient position selon leur interprétation réactionnaire de l’islam. En effet, selon un verset très connus du Coran [Sourate 3, verset 132] qui dit « Respecter Allah, son prophète et votre guide »(Attioû Allah, oua Rassouleh oua ouli el-amra minkoum), les maquisards n’étaient pas religieusement perçus d’un bon œil jusqu’à une heure tardive. Jusqu’en 1957, surtout les religieux, non encadrés par l’association des Oulamas de Benbadis, hésitaient...
Et comme la gouvernance était guidée par le colonialisme, la recommandation fut d’abord de rester collectivement soumis à l’occupant. Nombreux prêcheurs se disant d’un islam de paix, tel que le définissaient certains obscurantistes, était contre le FLN libérateur, particulièrement pendant les années 1954 et 55.
Les fellagas (mot qui signifie en langue dialectale algérienne les « casseurs ») étaient considérés comme des hors-la-loi et des saccageurs. Au sein de nombreuses mosquées, contrairement à ce qui est dit actuellement par les islamo-fascistes, on priait Allah de ne pas donner victoire au FLN et ses rebelles. La même pratique a été faite, contre l’ANP (Armée Nationale Populaire), quand la société civile en 1990 a exigé de l’institution militaire d’empêcher l’enlisement du pays, l’instauration de « l’afghanisation », en laissant la transition du pouvoir en Algérie aux mains des terroristes que leurs maîtres et complices bardent, encore de nos jours, d’innocence politique.
Une mémoire comme un projet ouvert et continuellement constructible.
L’histoire collective d’une nation, aussi cohérente qu’elle puisse être et aussi bien qu’elle soit présentée afin de galvaniser une part non négligeable de l’identité, elle peut être alimentée et parcourue de fausses notes. L’Histoire n’est pas la perfection mathématique, dont la justesse se vérifie. Ses analyses ont latitude de se différencier… l’Histoire, du point de vue scientifique, est une entreprise en marche, changeante, dynamique, ouverte et perfectible !
Pour le cas algérien, les événements contemporains deviennent de plus en plus des segments d’usurpations, tant la politique officielle a rendu obsolètes les meilleurs expressions des faits, y compris et surtout les plus actuels. Ainsi le malheur passe comme un héritage inéluctable de ce qui a été déconstruit et manipulé, dans les mémoires... L’usage fait par les algériens de la guerre de libération est une hyper-glorification inopérante, est-ce nuisible ? Car dépourvue de critiques correctives qui admettent l’erreur, et l’identifie, pour ne plus la reproduire, la critique pousse à bien vérifier.
En 1962 : les vrais moudjahidine envahis par, plus nombreux, les « marsiens » !
En 2012 : le terrorisme trouve, plus nombreuse, une foule de complices que de démocrates authentiques et conséquents !
Le terrorisme islamo-fasciste qui a sévi, gravement en Algérie et comme nulle part dans le monde, pendant la dernière décennie du millénaire éteint et continue encore d’une manière imprévisible actuellement, s’apparente à l’exemple de disfonctionnement mental. Celui qui banalise tant les violences que les déformations des vérités.
Les Algériens sont à la pointe de ce qui est l’image paradoxale faite, par la majorité de leurs concitoyens, de l’islamo-terrorisme. D’une part, ils le soutiennent face aux despotes tyranniques, et d’autre, ils le redoutent pour ses crimes qui risquent de les éradiquer !
Ben Laden peut-être considéré, chez l’algérien, en héros de la haine contre l’occident. Même si Al Qaeda est l’origine de l’insécurité actuellement, Ben Laden est comme un héros qui a combattu l’hégémonie impérialiste. Cette dernière a agressé l’Afghanistan, l’Irak et refuse l’indépendance aux palestiniens. Puis dans la minute qui suit, Ben Laden devient un personnage imaginaire et fictif qui n’existe que par une conspiration… Son mythe devient plus fort, au point qu’on doute de sa vie ainsi que de son extermination au Pakistan.
Cette attitude de confusion, à l’égard de la mémoire récente du terrorisme, est comme celle faite à certains faits curieux de la guerre de libération. Rarement, les errements de 1954-62 sont cités, pour atténuer les curiosités et faire une écriture sereine et courageuse envers les générations qui la lisent, sans l’avoir vécue.
Commandé en juillet dernier par le président Macron à l'historien Benjamin Stora, le rapport sur les colonisations et la guerre d'Algérie fait toute une série de propositions comme la création d'une commission "Mémoire et vérité". Cela suffira-t-il pour apaiser la blessure ? Pour Slimane Zeghidour, paradoxalement, les liens n'ont jamais été aussi forts entre les deux pleuples. Dix ans après l'indépendance, 1 million d'Algériens sont venus vivre en France. Luis Martinez, chercheur au CERI à Sciences Po, souligne la complexité de ces liens. Il dénonce côté Algérien "une exploitation politique de cette rente historique. Du côté français, il y a la difficulté d'avoir une mémoire qui soit pacifiée".
Commandé en juillet dernier par le président Macron à l'historien Benjamin Stora, le rapport sur les colonisations et la guerre d'Algérie fait toute une série de propositions comme la création d'une commission "Mémoire et vérité". Cela suffira-t-il pour apaiser la blessure ? Pour Slimane Zeghidour, paradoxalement, les liens n'ont jamais été aussi
Riche, avec des champs fertiles, ancrée au bord de la Méditerranée, l'Algérie a tout pour être un pays de cocagne. Tout sauf les dirigeants qu'il faudrait.
Le cauchemar de l'Algérie a commencé il y bien longtemps. Au moment de la guerre de libération, l'armée française avait parsemé le Sahara de camps de prisonniers. Les forces de police spéciales enlevaient, torturaient et souvent exécutaient les opposants. La libération fut déchirante. Les Français qui quittèrent l'Algérie étaient très attachés à ce pays.
Lorsque les Algériens reprirent le pouvoir dans leur pays, ils y installèrent un régime socialiste. Une mauvaise idée qui était dans l'air du temps. Une mauvaise idée qui est la cause de bien des maux d'aujourd'hui. C'est que ce régime socialiste instaura une société très inégalitaire où les amis du régime bénéficient de privilèges immenses, tandis que le reste de la population vit dans la pauvreté. L'absence d'un système de justice indépendant, qui vient avec les régimes socialistes, va alimenter une corruption qui de nos jours a pris des proportions monstrueuses.
Par-ailleurs, sous l'influence de l'Arabie Saoudite, les islamistes vont tranquillement installer dans le pays leur détestable idéologie. L'islamisme en viendra à être perçu par beaucoup d'Algériens comme le seul choix viable pour ce pays. Une grave erreur, qui hélas persiste encore de nos jours dans une partie de la population.
Ce qui devait arriver arriva. Les candidats religieux remportèrent éventuellement les élections. Et l'armée, sous la pression de pays comme la France, refusa de reconnaître le résultat des élections. La guerre civile qui s'en suivie va entre autres aboutir au renforcement du pouvoir de l'armée. Et la corruption va s'accentuer encore davantage.
Il est compréhensibles que les Algériens soient complètement désabusés face à la politique. Bouteflika, un vieillard cacochyme, est en quête de son quatrième mandat. Il sera élu parce que les élections sont frauduleuses. Il sera élu parce que son clan protège un système complètement corrompu. Il sera élu parce que entre ce régime pourri et un gouvernement islamiste, les pays occidentaux préfèrent encore le régime actuel.
L'avenir de l'Algérie n'est ni dans le socialisme, dans l'islam, ni dans l'armée. Les trois sont des démons dont les Algériens doivent se défaire s'ils veulent d'un pays libre. Non pas qu'une nouvelle Algérie puisse se construire sans armée ou sans religion islamique, mais plutôt que l'un et l'autre doivent être remis à leur place, c'est à dire être subordonnés aux volontés et aux intérêts du peuple algérien.
Pour cela, il faut qu'une véritable démocratie s'installe dans le pays, avec de vrais démocrates à sa tête, et non pas des islamistes, des socialistes ou des militaires.
Denis Dubé
Selon l'Aida, l'Association internationale de la diaspora algérienne à l’étranger, créée à Londres en 2012, les Algériens ou personnes d'origine algérienne vivant à l’étranger en 2012 sont au nombre de 7 millions
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Il y a un blogeur algérien qui vit à Londres , il met souvent des vidéos sur Youtube. Il dit que si les algériens le pouvaient, ils quitteraient tous le pays et il ne resterait que les chèvres.
Lorsque que les britanniques ont pris possession de la Nouvelle-France, toute élite est retournée en France, ceux qui sont restés, soit ils étaient trop pauvres ou bien ils étaient nés ici et n'avaient plus de lien affectif avec la France.
Il a fallu 200 ans au Québec pour relever la tête et se recréer une élite intellectuelle et financière.
Tant qu'en Algérie, les plus instruits, les plus à l'aise et modérés quitteront leur pays sitôt qu'ils en ont la chance, le pays stagnera dans la superstition et la corruption.
6 millions d’illettrés , incapable de signer leur nom. Les même qui élisent les Morsi et les Erdogan de ce monde.
Nelson
Si nous avons beaucoup de corruption et des gouvernements ''majoritaires'' à Ottawa et Québec, avec moins de 30% des votes possibles, (à cause des Lois des classes dominantes) , pourquoi serais différents dans des pays pauvres périphériques et colonisés par les pays riches ?.
La vrai démocratie n'existe pas nulle part parce que les humains ne sont pas capables de vivre en collaboration, respect, harmonie, partage, et amour au prochain.
Et quand la démocratie ne permet pas aux dominants de dominer, ils font appel à leurs forces répressives et le tour est joué.
L'Afrique et les pays pauvres sont la cour en arrière des pays impériaux, et saccagés à l'os.
Les humains sont de même, la moitié de l'humanité dispose de moins de deux dollars par jour, et la moitié de la population des pays riches ont excès de poids !!!!
Les comparer aux animaux est un insulte pour les animaux, parce que ces derniers tuent juste pour manger, et n'accumulent pas sans limites, comme les humains terrorisés.
mi_mi
Vous dites :'' Il sera élu parce que entre ce régime pourri et un gouvernement islamiste, les pays occidentaux préfèrent encore le régime actuel.''
Ce n'est pas seulement les occidentaux qui préfèrent l'actuel, mais aussi les algériens qui ne veulent rien savoir du bourbier islamique de la Libye et de l'Égypte !!
Cessons de mettre la faute sur les occidentaux !
Loïc Tassé
@mi_mi
Vous avez raison de souligner qu'une bonne partie des Algériens ne veut pas du bourbier islamique. Mais je me demande quelle proportion. Contrairement à vous, je ne suis pas sûr que la population ne porterait pas à nouveau des islamistes au pouvoir, si elle le pouvait. L'islam, comme toutes les religions, peut vraiment laver le cerveau des gens. C'est ce qui s'est produit avec une partie de la population algérienne. Se remettre d'un tel lavage de cerveau peut prendre des années. Et tous n'y parviennent pas.
lison
Malheureusement, beaucoup d'Algériens et autres musulmans, qui ont immigré dans nos nations occidentales travaillent et construisent des PONTS pour que les intégristes s'y installent, afin de faciliter la tache qu'ils y installent leurs structures politiques islamiques, qu'ils avaient dans leurs pays. Vous pouvez écouter M. Aldo Sterone, ex Algérien, qui a du s'exiler de son pays a cause que ce n'était plus vivable et aussi a cause des intégristes islamistes. Il y a eu plus de 200,000 personnes, dont des musulmans qui assassinaient des musulmans dans les années 90. Comme en Syrie présentement, plus de 150,000 morts et c'est la majorité des musulmans qui assassinent d'autres musulmans ou des minorités non musulmanes. You Tube, Aldo Sterone: Le droit du voile. Selon plusieurs sondages a travers les pays occidentaux, plus de 50% des musulmans qui vivent dans nos pays libres, désirent et travaillent pour que la charia discriminatoire islamique s'y installe. Je vais vous trouver des liens et vous les faire parvenir.
lison
Sondage en pays européens, plus de 50% des musulmans désirent l'islamisation et la charia comme code de lois dans les pays qu'ils ont immigré. Web: Reveil-et-vous. fr Titre: 50% des musulmans d'Europe réclament l'islamisation et la charia.
Un autre sondage auprès des musulmans, fait a la grandeur de la planète. Web: Islam Watch. org Titre: Alarming Pew Poll Data on Islam despit Pew's Taqiya
jackwood
Ç`est pratiquement impossible d`avoir un pays sans corruption vue la nature humaine. Même au Canada, au Québec, ça existe. Depuis toujours dans l`existence de l`humanité, y`a toujours du monde qui profite des autres. On peut le voir ici même dans la corruption pur et dur, dans la corruption de l`état(toujours plus de belles jobs gourvernementales au frais du petit travailleur), et les syndicats(là aussi des belles jobs syndicales au frais du petit travailleur). Dans le fond, c`est toujours le petit travailleur qui travaille très dur la broue dans le toupet qui écope.
Aicha Benguendouze
Non pour l Algérien moyen. Vivre derrière des barreaux dans les maisons, appartements ou autre lieu après avoir chasse les privilégiés coloniaux..??? Pour les remplacer par des privilégiés autochtones... ??? Le cout de la vie plus cher qu’a New York ou en Europe...Des logements moyens, très chers a l achat ou a la location. Une densité de circulation automobile indécente. Une pollution invraisemblables dans toutes les villes pas seulement Alger la capitale. Personne dans les rues et les routes âpres vingt heures... L insécurités partout ou va le jour et surtout la nuit même si on met le hidjab et la gandoura. La saleté des rues et le manque d hygiène partout même dans certains hôtels. Les attaques de personnes pour les voler...
Des toilettes publiques tels que cafés, restaurants, gare d autobus, gares de trains, aéroports infernales dans un mètre carre de surface, des toilettes asiatiques à ras du sol, pas de papier de toilette, le sol dégelasse, pas de savon pour se laver les mains. Pas d essuie mains dans ces toilettes...Pas de service d urgence régulier et presque impossible la nuit. L ambulance a peur de venir dans un coin un peu désertique la nuit. Les attentes dans les hôpitaux...un manque de médecins, dentistes, vraiment qualifies avec un taux d erreurs médicales tres élevés...
Une conduite de véhicules très dangereuse a travers le pays il n y a qua lire le nombre d accidents par jour...Les plages l été surpeuplées. L odeurs désagréable de la cigarette partout...Les loisirs pour le peuple algérien uniquement le football et la télévision...Je préfère une petite souffrance économique, dans n importe quel pays européens, Amérique du Nord et d Australie...que celle vécue par l algérien moyen et pauvre en Algérie...A vous de décider...mais pour moi l non le retour en Algérie
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