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L’Algérie à la recherche de ses biens détournés

 

La question de la récupération des fonds et des biens issus de la corruption d’hommes d’affaires, de militaires et des politiciens véreux ainsi que des parties influentes incarcérés pour corruption était une promesse de campagne du président mal élu Abdelmadjid Tebboune.

Aujourd’hui le bonhomme s’en remet à ses bons souvenirs et relance ce va-t-en guerre à la recherche de Dinars perdus dilapidés  dans le cadre de la récupération des fonds dissimulés frauduleusement à l’étranger ou même en Algérie à travers des biens éparpillés çà et là. C’est d’ailleurs de l’un de ceux-là d’où est repartie cette affaire. Dimanche dernier, effectivement, le chef d’état lors du Conseil des ministres tenu sous sa présidence, avait sommé ses troupes d’accélérer la remise en production de l’usine des huiles végétales de Jijel, qui appartenait aux frères Kouninef, actuellement en détention pour corruption, lançant ainsi la première étape d’un début du processus de récupération.

C’est que l’histoire va chercher loin elle couterait au bas mot estiment les experts, plus de 7,5 milliards d’euros et 600 milliards de DA, un joli pactole pour des caisses assoiffées. Si pour ce qui est de récupérer l’argent volé et dissimulé à l’étranger, autant en faire son deuil tant les procédures complexes prendraient du temps pour le rapatrier, les démarches à entamer, se déroulant sous la houlette diplomatique.  Au Bled c’est un autre son de cloche et cela semble plus envisageable. Mais dans cette histoire du voleur volé, et entre nous, le vrai pactole est en devises fortes et donc entre de bonnes mains chez les autres. Ce qui reste au pays va avec les pertes et profits. Et l’Exécutif algérien en ces temps durs est tout aise de rencontrer le fameux « limaçon » de la fable.

Sauf que là, la problématique de la récupération des biens et fortune des richissimes oligarques et hauts responsables du régime Bouteflika ne pourrait se faire, qu’après que toutes les voies de recours eussent été épuisées. D’ailleurs, seule la cour d’Alger « une voix de son maître sans équivoque », où se déroulent les procès en appel des accusés concernées par la confiscation de biens mal acquis, est apte ou non de confirmer les demandes de la partie civile, qui est  le Trésor public en ordonnant donc la confiscation de biens précisément identifiés et localisés. Ce qui toutefois peut prendre parfois plusieurs mois, voire des années mais bien moins que pour l’autre opération de rapatriement.

Ces grands dossiers qui s’élèvent à 7,5  milliards d’euros, ont pour hommes d’affaires des sommités comme, Ali Haddad, Mahieddine Tahkout , Mourad Eulmi, Abdelghani Hamel, les frères Kouninef ainsi que des accusés de parts et d’autres, notamment ceux dont les biens ont fait l’objet d’un ordre de saisie dans l’affaire du montage automobile. La majorité de ces biens à confisquer se trouve dans la capitale Alger et ses environs, il s’agit de terrains, usines, sièges de sociétés ou bureaux… L’opération est, sauf retournement de situation comme c’est souvent le cas en Algérie, certes, des plus plausibles sur le plan juridique car la justice est toute acquise à l’exécutif qui n’est autre que l’uniforme en Algérie, mais elle restera dans le temps complexe à appliquer. Mais qu’on se le dise ! dans l’état actuel des choses ce n’est qu’une passation de mains ou de pouvoir. Les nouveaux « ayant droit » se bousculent déjà aux portillons de la bonne fortune que partage volontiers le parrain. C’est comme ça en Algérie depuis plus de six décennies. Les bonnes habitudes ne se perdent pas.

 

 

Mohamed Jaouad EL KANABI 06 Mar 2021 

https://fr.hespress.com/193074-coronavirus-pres-de-26-millions-de-deces-dans-le-monde-depuis-lapparition-de-lepidemie.html

 


Rédigé le 07/03/2021 à 10:16 dans Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)

Algérie : un député ex-légionnaire dans la tourmente

 

 Le député Mohamed Bekhadra est menacé d’être privé de son mandat pour avoir été enrôlé dans la Légion étrangère.

 

 

image from i0.wp.com

 

 

Un ancien soldat engagé dans la Légion étrangère élu député en Algérie ? Dans les couloirs du Parlement à Alger, c'est l'émoi après les révélations de médias locaux sur le député Mohamed Bekhadra, élu lors des dernières législatives de juin 2021 dans la circonscription de Marseille.

Selon ces médias, Mohamed Bekhadra, « aurait servi dans la Légion étrangère, combattu dans plusieurs pays d'Afrique du Sahel au nom de la France puis naturalisé en 2006 ».

 

Pour la précision, un député doit avoir la nationalité algérienne, selon la loi, mais pas de manière exclusive, il peut donc être binational.

 

Un soldat médaillé

Toujours d'après les mêmes sources, ce député de la communauté algérienne en France se serait engagé dans la Légion de 2002 à 2007 « à Aubagne dans le département des Bouches-du-Rhône » avant d'être « muté au 4e régiment de la Légion étrangère basé sur la route de Pexiora à Castelnaudary dans le département de l'Aude dans le sud-est de la France ».

« Il sera détaché au sein du régiment français d'interventions au Tchad. Au terme de sa mission, il obtient une médaille de bronze. À son retour en France, il est envoyé 1er régiment étranger de génie, dans Laudun-l'Ardoise dans le sud-est de la France », détaille le quotidien Le Jeune Indépendant. Il finira avec le grade de caporal et serait « bien noté par ses supérieurs grâce à la médaille qui lui a été décernée pendant l'intervention au Tchad ».

Ces « révélations » ont poussé le Parlement, selon le quotidien El Khabar, à interdire, la semaine écoulée, à ce député l'accès à l'hémicycle de l'Assemblée nationale populaire en attendant « son exclusion » de l'assemblée. Le ministre de la Justice a également été saisi par des présidents de groupes parlementaires afin de lever l'immunité parlementaire de Mohamed Bekhadra. Une séance du Parlement statuera dans deux semaines sur son sort.

 

Les précisions du député

« La haute autorité de surveillance des élections chargée de collecter les candidatures ne pouvait rejeter sa candidature compte tenu du fait qu'il était détenteur de la nationalité algérienne et résidait légalement en France et remplissait les conditions exigées pour prendre part aux législatives », explique Le Jeune Indépendant et son propre parti, le Front national algérien – dont il a été exclu pour des raisons internes – s'est justifié en avançant qu'il n'avait pas les moyens pour vérifier le passé de son candidat.

Ce dernier a tenu à répondre à ces accusations dans les colonnes d'El Khabar de ce lundi 18 avril. S'il reconnaît avoir été entendu, le 12 avril dernier, par la commission juridique du Parlement, il explique qu'il avait déjà communiqué des documents sur son engagement dans la Légion aux « autorités compétentes ».

 

« Fils de martyr »

Il affirme également qu'il n'a jamais été enrôlé dans des unités combattantes, mais en tant qu'infirmier, notamment à Djibouti. « C'est une page de mon passé que j'ai fermée depuis longtemps », témoigne Mohamed Bekhadra, ulcéré par le procès de patriotisme dont il est l'objet alors qu'il un « petit-fils de chahid [martyr, combattant algérien tué durant la guerre d'indépendance] ».

Le député précise également qu'il avait « rejoint l'armée française parce que c'était un moyen d'avoir ses papiers de résidence et de financer, à l'époque, ses études ». L'homme cherche ailleurs les raisons de ce qu'il considère comme une cabale montée contre lui et croit savoir qu'il faudrait chercher du côté du Consulat d'Algérie à Bordeaux qu'il avait critiqué lors d'une plénière du Parlement. Selon le député, c'est d'ailleurs l'ambassade d'Algérie à Paris qui a initié les procédures contre lui. Affaire à suivre…

 

 

 

Par notre correspondant à Alger, Adlène Meddi

Publié le 19/04/2022 à 08h00 - Modifié le 19/04/2022 à 11h51

https://www.lepoint.fr/afrique/algerie-un-depute-ex-legionnaire-dans-la-tourmente-19-04-2022-2472564_3826.php

 

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Rédigé le 19/04/2022 à 08:45 dans Algérie, Guerre d'Algérie, Politique | Lien permanent | Commentaires (0)

Mémoires : quand Gisèle Halimi rencontrait Mohammed V

 

Dans “Le lait de l’oranger”, autobiographie de Gisèle Halimi parue aux éditions Gallimard en 1988, l’avocate franco-tunisienne sème quelques souvenirs de ses passages au Maroc. On y retrouve le récit de ses rencontres avec Mohammed V, et des allusions à ses relations avec Mehdi Ben Barka ou encore Abderrahim Bouabid.

 

usqu’à son dernier souffle, le combat de Gisèle Halimi aura été celui de la cause des femmes. Disparue en juillet 2020 à l’âge de 93 ans, l’avocate franco-tunisienne a laissé derrière elle une vie placée sous le signe de la lutte.

 

Si elle est d’abord célébrée en France pour son engagement féministe — la légalisation de l’avortement, le succès du procès de Bobigny en 1972, ou encore la reconnaissance du viol comme crime —, Gisèle Halimi a également été une militante de la première heure pour l’indépendance et la liberté des peuples.

 

Ses plaidoiries contre la condamnation à mort et la défense des accusés issus du FLN, à titre d’exemple, sont impitoyables. Influente, proche de François Mitterrand, du couple Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre, l’avocate a aussi tissé des relations solides de l’autre côté de la Méditerranée.

 

Entre deux audiences pendant la Guerre d’Algérie, elle voyage sans arrêt entre Tunis, Alger et Rabat, où elle rencontre les plus grandes figures maghrébines de la lutte anticoloniale. De son vivant, elle publie près d’une quinzaine d’ouvrages où elle retrace tantôt son enfance à La Goulette en Tunisie, sa carrière d’avocate, sa conception du droit et de la justice, tantôt les différentes causes qu’elle a défendues.

Dispersés entre les pages et racontés sous un prisme anecdotique, on retrouve dans ses livres des traces de ses passages au Maroc, ainsi que des rencontres qu’elle y a faites. Celles-ci figurent plus particulièrement dans Le lait de l’oranger, son autobiographie la plus complète, parue aux éditions Gallimard en 1988. Compilés et mis bout à bout, ces passages nous offrent une vue d’ensemble de la relation que Gisèle Halimi a entretenue avec la gauche marocaine.

Février 1957. L’avocate se rend à Rome pour rencontrer Mohammed V afin de l’informer des projets de Messali Hadj, illustre résistant algérien et figure de la lutte pour l’indépendance. “On ne peut pas avoir fait la Révolution française et exiger que nous restions sourds et aveugles à son message”, confiait le résistant à l’avocate.

L’audience entre Me Halimi et le roi du Maroc est fixée au 4 février. Prétextant une croisière et un voyage touristique, Mohammed V quitte Casablanca à la mi-janvier pour Cannes, avec pour objectif de “développer les liens des pays méditerranéens avec le sien”.


Militante pour l’indépendance et la liberté des peuples, Gisèle Halimi a rencontré Mohammed V à qui elle a demandé de soutenir la lutte algérienne.

À cette époque, l’avocate est plus que jamais engagée pour l’indépendance de l’Algérie, et enchaîne les procès liés à la guerre de libération. A Rome, elle est accueillie par Taïbi Benhima, ambassadeur du Maroc, qui l’installe dans une chambre voisine à celle du monarque dans un hôtel du nom d’Excelsior.

“Il me donne quelques indications protocolaires, je n’avais jamais rencontré de Sultan, sauf dans mes lectures. Une sorte de révérence, expressions équivalentes à ‘Sa Majesté toute-puissante’, etc., et me voilà en face de Mohammed V”, peut-on lire dans Le lait de l’oranger.

Face à elle, un sultan curieux et empathique : “Le Roi m’écoute, bienveillant, généreux. Il insiste sur sa solidarité avec la lutte algérienne. Mais ses moyens, limités, l’obligent à la prudence. Il croit en la nécessité d’une paix rapide. Il promet cependant son aide”. Me Halimi a besoin de plus.

Habituée à fréquenter des chefs d’État et à imposer ses idées devant eux, elle se permet d’insister : “Je me risque alors à lui démontrer l’importance d’une tentative de médiation de sa part. Ce conflit risque de dégénérer, il faut y mettre fin. Il hoche la tête d’une manière ambiguë, sans un mot”. C’est ainsi que l’audience s’achève. L’ambassadeur, qui a assisté à l’entrevue, conclut par un “il va voir”. Le reste de la journée, Gisèle Halimi et Taïbi Benhima le passent à visiter Rome.

Quelques semaines avant cette rencontre, Gisèle Halimi est à Carthage, au palais présidentiel tunisien, pour des raisons similaires : solliciter l’implication de Habib Bourguiba dans la résolution du conflit algérien. Le temps est chaud en cette fin de journée, et le président tunisien invite l’avocate à poursuivre la discussion dans l’eau de la Méditerranée.

Très vite, il se lasse de la plaidoirie que lui déroule l’avocate : “Ça suffit l’Algérie !… Après tout, vous êtes tunisienne, non ?”, gronde Bourguiba. Après le dîner, le président salue amicalement l’avocate qui s’apprête à prendre congé : “Revenez nager… et oubliez un peu les Algériens”.

Mai 1958. Gisèle Halimi quitte Rabat pour Alger. Là encore, elle y rencontrait Mohammed V et quelques amis. Avant son départ, Abderrahim Bouabid, alors ministre de l’Économie, lui offre une immense boîte de chocolats pour ses deux fils, Serge et Jean-Yves. “Les proportions de l’engin (la boîte de chocolats, ndlr) étaient telles qu’il ne put trouver place dans ma valise”, écrit l’avocate.

Quelques heures après son arrivée à Alger, Gisèle Halimi est arrêtée par des membres de l’OAS, opposée à l’indépendance algérienne : “Je portais (la boîte de chocolats) sous le bras au moment de mon arrestation. Dans leur fouille, les paras éventrèrent, un à un, les chocolats. Par superstition, je conservai la boîte vide tout au long de l’aventure”.

Près de vingt ans plus tard, Gisèle Halimi tient à être présente au procès de Abderrahim Bouabid à Rabat, en 1981. A Nairobi, lors d’un sommet de l’Organisation de l’Unité africaine (UA actuelle), le Maroc vient d’accepter l’organisation d’un référendum d’autodétermination pour le Sahara, mais le bureau politique de l’USFP a émis des réserves sur le sujet.

Alors députée à l’Assemblée nationale française, Gisèle Halimi ne fait pas partie du comité de défense de Bouabid, mais se rend au procès en tant qu’observatrice. Aux portes du tribunal, elle est accompagnée d’avocats français et américains, ainsi que d’un sénateur socialiste espagnol. Au même titre que certains journalistes, ils sont refoulés à l’entrée : “Il s’agit d’une décision politique, les étrangers n’ont pas à assister à ce procès”, leur explique le ministère de la Justice.

Des années plus tard, le cabinet d’avocats de Me Halimi accueillera un jeune stagiaire du nom de Brahim Bouabid, fils du premier secrétaire de l’USFP.


Gisèle Halimi entretenait aussi des relations solides avec Abderrahim Bouabid, ainsi que Mehdi Ben Barka qu’elle a défendu lors de son procès pour complot et tentative d’assassinat contre Hassan II.

Entre 1974 et 1981, à l’Elysée. Lors d’un déjeuner présidentiel avec Valéry Giscard d’Estaing, dont la date n’est pas précisée, Gisèle Halimi est entourée du président de la république et de dix autres invités, des intellectuels de gauche, tels que Roland Barthes ou encore Philippe Sollers. A table, la discussion tourne autour de l’actualité internationale : on passe de l’Iran au Nigeria, on évoque la Tunisie avant d’atterrir naturellement au Maroc.

“Le président aime. Il aime beaucoup même, une vraie démocratie. Et le roi du Maroc, un homme de culture, raffiné, proche de la France”, relate Gisèle Halimi. Seulement voilà, quelques jours auparavant, l’avocate est réticente quand Lucie Faure, romancière et femme de l’homme politique Edgar Faure, l’invite à ce déjeuner. “Je me vois mal trinquant à table avec le champion de la droite”, pense d’abord cette imperturbable femme de gauche.

Elle finit par consentir à y aller, appréhendant, malgré tout, ses différends avec le président. Et ses commentaires sur le régime de Hassan II en font partie. “Cette fois c’est trop, presque une provocation”, écrit Halimi. Elle lance au président Valéry Giscard d’Estaing : “Il est l’assassin de Ben Barka, mon ami”. Dès lors, le sujet est brièvement abordé, avant d’être complètement éludé : “Giscard, bien élevé, met fin au non-débat. Avec un sourire, il affirme que Hassan II est étranger à l’enlèvement du leader du Tiers-Monde: ‘Il m’en a donné l’assurance’”.

En 1964, Gisèle Halimi avait été membre du comité de défense de Mehdi Ben Barka, accusé, lors de ce premier procès, de complot et tentative d’assassinat contre Hassan II. Le 30 octobre de l’année suivante, au lendemain de l’enlèvement de Mehdi Ben Barka, elle est l’une des premières personnes alertées de sa disparition.

Prévenue par Mohamed Tahri, un des représentants de l’UNFP et ami de l’opposant, Me Halimi se dépêche d’en informer Edgar Faure, sénateur français, qui transmet directement le message au ministre de l’Intérieur français, Roger Frey.

Si on peut s’étonner de ne pas retrouver dans l’œuvre de Gisèle Halimi plus de détails sur son implication dans le procès Ben Barka (à la différence d’autres affaires politiques qui ont marqué sa carrière, comme le procès de Brazzaville au Congo ou l’affaire Djamila Boupacha), celui-ci a néanmoins participé à la consolidation de sa réputation d’avocate engagée auprès des pays maghrébins.

“Voilà que mon irrespect, celui-là même dont j’avais largement usé pour défendre les gens auxquels la cour faisait allusion, Djamila Boupacha, Ben Barka, cet irrespect qui me permettait de lutter contre la répression à notre égard en Algérie, contre la bien-pensance ; cet irrespect donc, tout à coup, me valait un respect inattendu !”, déclarait ainsi Gisèle Halimi dans un long entretien daté de juin 2002.

 

 

 

Par Soundouss Chraibi

LE 15 AVRIL 2022

https://telquel.ma/2022/04/15/memoires-quand-gisele-halimi-rencontrait-mohammed-v_1763464

 

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Rédigé le 18/04/2022 à 09:32 dans Algérie, Divers | Lien permanent | Commentaires (0)

Père Christian Delorme : « L’émir Abd el-Kader est un homme de la médiation »

 

Héros national pour les Algériens, l’émir Abd el-Kader a longtemps incarné en France le combattant vaincu de l’empire colonial. Le prêtre Christian Delorme, un des initiateurs de la marche pour l’égalité et contre le racisme de 1983, est à l’origine de l’exposition au Mucem de Marseille consacrée à ce penseur musulman humaniste.

 
 
Portrait de l’émir Abd-El-Kader, Damas, 1852. (- / AFP)

Portrait de l’émir Abd-El-Kader, Damas, 1852. (- / AFP)

 

 

Depuis son compagnonnage avec le pasteur Jean Costil en 1983, lors de la marche pour l’égalité et contre le racisme, le père Christian Delorme n’a rien perdu de ses engagements en faveur du dialogue interreligieux et de la défense des droits des étrangers. Celui qui fût surnommé dans les années 1980 le « curé des Minguettes » (ce qu’il n’a jamais été : sa paroisse jouxtait seulement cette cité de Vénissieux), aujourd’hui prêtre du diocèse de Lyon, s’est improvisé conseiller scientifique de la nouvelle exposition du Mucem, à Marseille, (« Abd el-Kader », du 6 avril au 22 août 2022) consacrée à l’émir Abd el-Kader (1808-1883), père du nationalisme algérien et symbole de la résistance à l’armée coloniale française.

« Comment supposer que le peuple arabe acceptera notre domination ? » Le maréchal Bugeaud contre l’émir Abd el-Kader

Avec son ami Ahmed Bouyerdene, historien, spécialiste de la vie d’Abd el-Kader, ils ont apporté leurs expertises, parfois leurs collections de documents anciens et leur exaltation pour cet homme de la « médiation » dont sont retracées les mille et une vies, de sa résistance aux Français à son exil à Damas où il a protégé plusieurs milliers de chrétiens menacés par de violentes émeutes, en passant par sa captivité dans le château d’Amboise. Parce que cette figure a été « un combattant de la justice » qui n’a jamais renoncé à « la réconciliation », elle peut représenter un « phare » pour notre société estime l’homme d’Eglise de 72 ans.

Le personnage, mort il y a plus d’un siècle, habite déjà le père Delorme depuis de longues années, quand il soumet l’idée d’une exposition au directeur du Mucem, Jean-François Chougnet, au cours d’une rencontre à Amboise en 2019. Il avait 20 ans lorsqu’il a croisé pour la première fois le visage de son héros, qu’il compare volontiers à Giuseppe Garibaldi ou Simon Bolivar. A cette époque, il lit les brochures et journaux que l’on se passe entre gens impliqués dans le monde de l’immigration algérienne, comme la revue de l’Amical des Algériens d’Europe, issue de la liquidation de la Fédération de France du FLN, créée en 1962, et proche du mouvement ouvrier français. Dans leurs pages, « l’émir » y est régulièrement évoqué et glorifié.

C’est le temps où le prêtre côtoie aussi Bachir Boumaza, un des ministres d’Ahmed Ben Bella, premier président de la République algérienne (1963-1965), et qui racontera, dans « la Gangrène » (Les Editions de minuit, 1959) les tortures à l’électricité et à l’eau subies en 1958, en plein Paris, dans les locaux du ministère de l’Intérieur. Mais aussi l’écrivain philosophe Lanza del Vasto, proche de Gandhi, et le pasteur Jean Lasserre, tous deux apôtres de l’action non-violente.

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Le père Christian Delorme, le 2 septembre 2015 à Caluire-et-Cuire.

« Trésor mémoriel »

S’il n’avait qu’une petite dizaine d’années pendant la guerre d’Algérie, Christian reste marqué par ses retombées à Lyon, où il habitait, à la lisière du quartier qu’on appelait « maghrébin ». Il se souvient du racisme, des manifestations, des arrestations et des meurtres. Il apprendra que l’émir Abd el-Kader est passé dans sa ville en 1852 après sa libération du château d’Amboise, avant d’embarquer depuis Marseille pour la Turquie. Un séjour de trente-six heures dont il tirera un livre : « L’Emir Abd el-Kader à Lyon » (Mémoire active, 2008). « Abd el-Kader était très populaire en France. Il était le grand adversaire de la conquête mais reconnu aussi comme un esprit chevaleresque, un homme qui avait respecté les prisonniers de guerre français », explique Christian Delorme. En 2007, au moment de la célébration du deuxième centenaire de la naissance de l’émir, il se met en tête de réunir, avec ses modestes moyens, tout ce qu’il peut trouver sur son histoire auprès des bouquinistes, des marchands de documents et d’objets anciens. Il s’inscrit sur des sites d’enchères en ligne.

« Mon but était de rassembler un trésor mémoriel auprès duquel pourraient venir se ressourcer tous ceux qui ont un lien fort avec l’Algérie. Abd el-Kader est celui qui a connu l’horreur de la conquête mais qui ne renonce pas à l’avenir et à la fraternité car il a une dimension spirituelle. »

Sa collection s’agrandit : une vingtaine de photographies uniques de l’émir, des tirages en formats cartes de visite pour la plupart, quelques lettres dont l’une écrite à Winston Churchill alors consul anglais à Damas, deux armes d’apparats offertes en gage de paix à des officiers français, deux esquisses du peintre du XIXe siècle Jean-Baptiste-Ange Tissier (représentant deux compagnons de captivité à Amboise) qui ont servi au tableau conservé au château de Versailles montrant l’annonce de la libération d’Abd el-Kader par Napoléon III, des dizaines de journaux d’époque, des centaines de gravures, des ouvrages… Avec Michel Brochier, ami et mécène des Beaux-Arts de Lyon, il fait le tour des musées, à Versailles, au Louvre, au château d’Amboise pour trouver un lieu pouvant accueillir son butin de guerre.

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Pinot et Sagaire (éd), « Abd el-Kader organise la défense et les secours aux chrétiens », lithographie, Epinal, 1860. (Mucem, don de Christian Delorme. DR Mucem)

Source d’inspiration pour Rimbaud

C’est finalement au Mucem que l’on peut retrouver une partie de cette collection personnelle venue s’ajouter à quelque 250 œuvres et documents issus de collections publiques et privées des deux côtés de la Méditerranée, parfois jamais exposés. Alors que l’on commémore cette année le 60e anniversaire des accords d’Evian, signés le 18 mars 1962 et qui ouvrent la voie à l’indépendance de l’Algérie le 5 juillet suivant, l’exposition dresse le portrait d’un homme idolâtré en Algérie mais largement méconnu en France, malgré la grande renommée dont il a joui pendant la colonisation et juste après la guerre d’indépendance.

Il y a 173 ans, en Algérie, l’émir Abd el-Kader se rendait à l’armée française

On peut notamment voir le « Traité de Tafna » signé en 1837 par le général Bugeaud, commandant des troupes françaises, et Abd el-Kader. Le texte accordait à l’émir le gouvernement d’une grande partie de l’Algérie où pendant deux ans il a fondé les prémices d’un Etat avec une monnaie, une armée régulière et une administration. Egalement présentée, sa déclaration solennelle du 30 octobre 1852 à Louis Napoléon Bonaparte par laquelle, en échange de sa libération après ses cinq ans de captivité à Amboise, il s’engageait à ne plus exercer de pouvoir politique ou militaire et à ne pas retourner en Algérie.

Quand le château d’Amboise était la prison de l’émir Abd el-Kader

De nombreux portraits en noir et blanc sont exposés. On a aimé le photographier, il a aimé être photographié et en a joué, comme sur le premier cliché dû au photographe Gustave le Gray à Amboise en 1851. « C’est un des personnages du XIXe siècle qui a été le plus représenté », explique Florence Hudowicz, commissaire de l’exposition – avec Camille Faucourt –, et qui a piloté entre 2010 et 2014 à Montpellier le projet avorté d’un musée d’histoire de France et d’Algérie, en passe d’être ressuscité. « On trouve aussi de très nombreux écrits. Il a inspiré les poètes Victor Hugo et Arthur Rimbaud, dont le père a combattu en Algérie, et qui comparera Abd el-Kader dans un poème en latin écrit à 14 ans en 1869, qui lui fît gagner son premier prix de poésie, au nouveau “Jugurtha” [légendaire roi berbère qui défia l’autorité et l’oppression de la puissance romaine, NDLR]. Cela montre bien l’aura qu’il avait en France. »

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Gustave Le Gray, « Abd el-Kader à Amboise », France, 1851, tirage sur papier albuminé. (Bibliothèque nationale de France, département des Estampes et de la Photographie, Paris. DR BnF)

Si la commissaire d’exposition a, un moment, caressé le rêve de déplacer la célèbre toile d’Horace Vernet aux dimensions hors du commun (21 mètres de large et 5 mètres de haut) de « la Prise de la smala d’Abd el-Kader », du musée de Versailles, elle a finalement opté pour une transposition du tableau dans un dispositif multimédia. « Cette toile représente la volonté d’installer la légitimité de la conquête de l’Algérie par la France par des victoires. C’est l’apogée des tableaux d’histoire, le plus grand jamais réalisé. La monarchie de Juillet, de Louis Philippe, tenait à magnifier et préciser sa politique en Algérie alors que les débats à l’Assemblée nationale montrent qu’on n’était pas unanimement pour cette conquête », explique Florence Hudowicz. On peut également découvrir le « burnous » blanc (un caftan en réalité) d’Abd el-Kader, conservé au musée de l’Armée, donné par un de ses fils en 1897 à la France, et réclamé par l’Algérie depuis deux ans.

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Caftan de l’émir Abd el-Kader, 2e quart du XIXe siècle, coton. Musée de l’Armée, Paris (DR Paris-Musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Pascal Segrette)

« Un chemin d’apaisement »

« Pour nos concitoyens porteurs d’une mémoire algérienne blessée, Abd el-Kader montre un chemin d’apaisement » estime Christian Delorme. Pour celui qui a côtoyé « le peuple de l’immigration en France » comme il aime à dire, « Abd el-Kader représente la dignité algérienne alors que le regard sur l’Algérie est souvent méprisant. On a quand même entendu un président dire que l’histoire de ce pays était toute récente [Emmanuel Macron, en janvier, NDLR]. C’est à peine s’il n’a pas dit que l’existence d’un Etat algérien ne serait pas advenue sans la présence française ! » Il reconnaît que le locataire de l’Elysée, en confiant à l’historien Benjamin Stora un rapport sur « les mémoires de la colonisation et de la guerre d’Algérie », a eu le souci de travailler à la réconciliation. Mais il n’est pas dupe non plus. Selon lui, cette réconciliation ne peut pas avoir lieu tant qu’il n’y aura pas de reconnaissance des injustices et des souffrances. « Ce moment n’est pas encore arrivé quand on voit les réticences dans la société française. »

Comme en témoigne la dégradation, à peine inaugurée, d’une sculpture en métal à l’effigie de l’émir Abd el-Kader, au pied du palais royal d’Amboise, le 5 février dernier. Soutenue par l’Elysée, sur préconisation du rapport Stora, l’œuvre (de l’artiste Michel Audiard et inspirée d’une photographie conservée par la Bibliothèque nationale de France) avait été ciblée par l’extrême droite sur les réseaux sociaux. L’ancien député du Gard, Gilbert Collard, soutien d’Eric Zemmour, qualifiant l’émir « d’adversaire historique de la France ». Le saccage n’avait pas été revendiqué.

« A tous ceux qui refusent la diversité de nos histoires », par Pascal Blanchard et Yvan Gastaut
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Sculpture en métal de l’artiste Michel Audiard représentant l’émir Abd el-Kader, intitulée « Passage Abd el-Kader » à Amboise, le 5 février 2022, jour de son inauguration.

Le père Delorme avait alors pris sa plume, avec Ahmed Bouyerdene, pour dénoncer dans une tribune publiée dans le « Monde » un « véritable outrage contre l’art, contre l’histoire mais également contre la culture de paix et de la réconciliation ». Pour ce révolté, qui avait imaginé la « marche des beurs » – comme avait été rebaptisée la marche pour l’égalité et contre le racisme – en s’inspirant de la « marche du sel » conduite en 1930 par Gandhi, il y a une continuité entre ses combats d’antan et son rôle dans la réalisation de cette exposition. « Actuellement, les générations issues de l’immigration algérienne ne maîtrisent pas cette histoire. Elle ne leur a pas été enseignée et ils n’ont plus de contact direct avec les témoins. Mais ils sont dans le même mal-être identitaire que la génération que j’ai connue dans les années 1980. Ils voient qu’on ne les considère pas toujours comme des Français au même titre que les autres. Faire vivre les mémoires est important. Pour comprendre, pas pour excuser, car ils sont le fruit d’une histoire douloureuse. J’aime à penser que la mémoire de l’émir Abd el-Kader peut nous permettre de discuter, de regarder l’avenir de manière sereine, sans s’enfermer dans les rancunes. »

 

 

 
Par Sarah Diffalah
Publié le 17 avril 2022 à 14h00
https://www.nouvelobs.com/histoire/20220417.OBS57251/pere-christian-delorme-l-emir-abd-el-kader-est-un-homme-de-la-mediation.html
 
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Rédigé le 17/04/2022 à 08:41 dans Algérie, colonisation, France | Lien permanent | Commentaires (0)

Jean Amrouche, l’homme qui cherchait un pays innocent

 

image from lematindalgerie.com

 

Ighil Ali, Tunis, Paris, Alger, des voyages, des poésies, des écritures, des entretiens, des combats. C’est toute l’existence de Jean Amrouche, parti, jeune, à 56 ans, le 16 avril 1962. Cet homme a été décisif.

 

Cet homme et sa famille ont largement contribué à l’éveil amazigh. Après des études à Tunis, à Ighil Ali, à Paris, Jean Amrouche publie en l’an 1934, Cendres, son premier recueil de poésie ; il y a, déjà, dans ces textes la force des mots, la sincérité de la démarche, l’envie de se rapprocher des autres, le désir d’être meilleur que soi-même.

De 1934 à 1937, Jean Amrouche enseigne à Annaba ; Etoile secrète, son deuxième livre ne tarde pas à sortir, le cheminement se précise, les quêtes sont nombreuses. En exergue de ce texte, le poète cite Giuseppe Ungaretti, cet Italien formidable : «Je cherche un pays innocent ».

Bien des années plus tard, Jean Amrouche s’entretient à la radio avec Ungaretti, un échange célèbre, rendu à la langue italienne dans un livre paru en 2017 par mon frère Hamza et Filomena Calabrese, avec un mot de Philippe Jacottet.

Durant toute sa vie, Jean Amrouche a cherché ce pays innocent mais il ne l’a jamais trouvé. Au mois d’octobre 1937, Jean Amrouche est nommé au lycée Carnot de Tunis.

L’écrivain amazigh Albert Memmi est alors l’un de ses élèves. En 1939, Jean Amrouche publie Chants berbères de Kabylie, un livre toujours d’actualité, une pépite qui place l’enfant d’Ighil Ali parmi les pionniers de la quête identitaire.

A Alger, Jean Amrouche commence une carrière à la radio en 1943. C’est au cours de cette même année qu’il est reçu à déjeuner par le général de Gaulle. L’année d’après, Jean Amrouche fonde la revue l’Arche dans laquelle il fait sortir L’Eternel Jugurtha !

Oui, déjà, en 1944, Jean Amrouche insiste sur Jugurtha, ce roi amazigh trahi. Avec André Gide, Camille Claudel, François Mauriac, Jean Giono et d’autres, Jean Amrouche discute littérature à la radio de 1949 à 1954.

Lorsque le général de Gaulle revient au pouvoir en 1958, Jean Amrouche assure des contacts entre le cabinet du général et le FLN.

Jean Amrouche s’engage ouvertement pour l’indépendance de l’Algérie. Cela lui cause une multitude de soucis. Mais il ne verra jamais cette « indépendance » qui n’a pas encore permis au peuple algérien de vivre librement, 60 ans après.

A l’instar de Jean Amrouche, le peuple algérien cherche encore ce pays innocent qui lui permettra de vivre dans la dignité, la démocratie et la justice sociale.

 

 

 

Youcef Zirem

16/04/2022

https://lematindalgerie.com/jean-amrouche-lhomme-qui-cherchait-un-pays-innocent/#:~:text=Apr%C3%A8s%20des%20%C3%A9tudes%20%C3%A0%20Tunis,%C3%AAtre%20meilleur%20que%20soi%2Dm%C3%AAme.

 

 

 

Rédigé le 16/04/2022 à 20:13 dans Algérie, Poésie/Littérature, Société | Lien permanent | Commentaires (0)

Algérie: le journal Liberté publie son dernier numéro

 

INFO

Algérie: le journal Liberté publie son dernier numéro

image from information.tv5monde.com
Le dernier numéro du quotidien algérien francophone "Liberté" devant un kiosque à journaux à Alger, le 14 avril 2022
afp.com - RYAD KRAMDI
 
 
 

Le quotidien francophone algérien Liberté, créé il y a 30 ans, a publié jeudi son dernier numéro, une semaine après que son propriétaire, le richissime homme d'affaires Issad Rebrab, a décidé de le liquider.

La une du journal s'apparentait à un faire-part de décès, barré d'un trait noir et avec la manchette "Merci et au revoir" en rouge.

"Après 30 ans d'une aventure intellectuelle, Liberté s'éteint", écrit-il en première page.

"Le rideau est tombé sur Liberté, notre journal, votre journal, qui a porté trente ans durant les idéaux de la démocratie et de liberté et constitué le porte-voix de l'Algérie qui avance", ajoute-t-il.

Le célèbre caricaturiste du journal, Ali Dilem, a signé lui aussi son dernier dessin dans le quotidien avec une caricature représentant un cercueil en bois portant le nom de Liberté sur lequel est posé un marteau et un clou, sous le titre "le dernier bouclage".

"Aux concitoyens et amis du journal ayant exprimé leur souhait de voir sa parution se poursuivre et à ceux n'en ayant pas compris les motifs (de sa fermeture, ndlr), je confirme que sa situation économique ne lui permet qu'un court et vain sursis", a explique M. Rebrab, dans une déclaration publiée dans le journal.

Issad Rebrab, patron du group Cevital, est le deuxième homme le plus riche du monde arabe, selon le magazine Forbes qui estime sa fortune à 3,8 milliards de dollars (3,5 milliards d'euros).

Révélant dans les colonnes du journal qu'il prenait "enfin une retraite effective", il précisé que le fermeture de Liberté était "le souhait" de ses successeurs à la tête de Cevital.

Après avoir connu l'euphorie lors de l'ouverture du paysage médiatique au secteur privé à la fin des années 1980, l'Algérie a vu disparaître ces vingt dernières années des titres comme Le Matin, La Tribune ou l'hebdomadaire la Nation, faute de revenus publicitaires et en raison d'une chute de leurs ventes.

La fermeture de Liberté survient dans un climat difficile pour la presse algérienne, avec une dizaine de journalistes poursuivis ou condamnés, notamment pour diffamation d'hommes politiques ou en raison de publications sur les réseaux sociaux.

 
 
 
14 AVR 2022
 
Mise à jour 14.04.2022 à 13:00
 AFP 
https://information.tv5monde.com/info/algerie-le-journal-liberte-publie-son-dernier-numero-452865
 
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Rédigé le 14/04/2022 à 09:09 dans Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)

Un média algérien crée la polémique pour avoir interviewé Zemmour

 

image from www.arabnews.fr

Le candidat présidentiel du parti d'extrême droite français Eric Zemmour s'adresse aux partisans du parti à Paris le 10 avril 2022 (Photo, AFP).
 
 
 

PARIS : Suite à la parution d’un entretien avec Eric Zemmour, Berbère télévision ou Berbère Tv, une chaîne de télévision privée consacrée à la communauté Amazigh algérienne, de nombreux téléspectateurs et internautes ont exprimé leur mécontentement et leur incompréhension face à ce choix de reportage qu’ils jugent « inapproprié et mal venu ». 

En effet, il y a deux jours de cela, le média algérien a offert au candidat français d’extrême droite une tribune afin de s’exprimer sur son programme présidentiel. Notamment en ce qui concerne les berbères et leur avenir en France.

Loin de ses propos provocateurs et xénophobes habituels, le candidat à l’Élysée s’est tout d’abord montré lisse, et a abordé un thème récurent de sa campagne : l’assimilation.

Il affirme au journaliste venu le questionner que  «les premières vagues d’immigrés venues pour travailler en France d’Algérie dans les années 1960 furent essentiellement les Berbères, ce sont des gens qui ont travaillé et qui, effectivement, se sont assimilés à la culture française, se sont approprié l’histoire de France, exactement comme ma famille ». 

En participant à cette interview, le chef de parti Reconquête, dont les espoirs de devenir président ont été réduit à l’état de poussière avec à peine 7% des voix, s’échinait à collecter les votes des immigrés Amazighs résidant en France, lui-même étant d’origine Nord africaine. Et de rappeler, « Pour les Berbères, la France a été un libérateur de la colonisation arabe ou ottomane, il ne faut jamais oublier cela». 

Eric Zemmour avait de plus, promis que s'il devenait chef d’état, son premier voyage présidentiel sera dans les pays du Maghreb afin de renégocier certains accords. Ainsi, il entend « supprimer tous les accords privilégiés, par exemple le fameux accord franco-algérien de 1968 qui facilite l’immigration en France, tout ça doit être supprimé, la période est passée, nous ne sommes plus dans l’après-indépendance », a-t-il expliqué. 

Ce dernier a également abordé la question de l’immigration clandestine, exhortant les gouvernements maghrébins à «  reprendre leurs clandestins et leurs délinquants, qui sont leurs ressortissants. Je ne comprends même pas qu’ils ne le fassent pas ; signer les fameux laissez-passer pour les reprendre chez eux, ça me paraît le moindre respect pour la France ». Avant d’ajouter du, ton menaçant  « S’ils ne le font pas, la France usera de ses moyens de pression, ce qu’elle ne fait jamais ». 

Droit de réponse 

« Quel Berbère qui se respecte, est d’accord avec cet individu ? », « Berbère télévision fait du larbinisme » ou encore « J’en reviens que vous donnez de la visibilité à cette personne »… Les réseaux sociaux de la chaîne télévisée sont depuis deux jours inondés de messages d’indignation face au choix, peu ordinaire, de donner la parole à un candidat qui a toujours ouvertement exprimé son mépris à l’égard de l’Algérie. 

Face à la polémique suscitée par cette interview, la chaîne Berbère Tv à rendu public, ce dimanche 10 avril, un communiqué de presse où elle explique et justifie ce choix de reportage. 

Dans cette déclaration écrite, le média explique que « cette invitation s’inscrit dans le cadre de la campagne électorale. Berbère télévision est une société de droit français, donc régie par les lois qui encadrent ce scrutin et exige la parité dans le temps de parole durant toute la campagne électorale. »

Donc ce même contexte, Berbère TV assure avoir adressé des invitations aux douze candidats à la présidentielle. Lesquels auraient tous répondu favorablement. 

« Certains sont venus en personne comme Jean Lassalle et Eric Zemmour. Valérie Pécresse devait être sur le plateau de Berbère télévision également, mais suite à sa contamination à la COVID, l’émission a dû être annulée. Tous les autres ont envoyé des représentants qui ont défendu leurs programmes devant nos caméras. »

La chaîne télévisée privée s’est par ailleurs, défendu en invoquant la liberté de la presse et en en rappelant que « tous les propos tenus par les candidats ou leurs représentants n’engagent en rien Berbère Télévision. Comme dans tout ce que nous entreprenons, nous ne tenons que notre rôle de média ouvert au débat politique contradictoire et à l’éclairage de l’opinion ». 

 

 

 

Arab News en français
Publié le 11 avril 2022

https://www.arabnews.fr/node/226956/monde-arabe

 

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Rédigé le 12/04/2022 à 09:20 dans Algérie, Politique | Lien permanent | Commentaires (0)

Ministre et wali pour inaugurer des poubelles ! :-)

 

image from lematindalgerie.com

 

On avait connu sous Bouteflika des ministres qui présentaient un cadre de Fakhamatouhou Bouteflika à un cheval. Sous Tebboune on affine la méthode. 

Il y a de quoi avaler sa chéchia en plein ramadan. Cela s’est passé aujourd’hui à Blida.  La ministre de l’Environnement, Dalila Boudjemaa, accompagnée du wali et du chef de daïra (excusez du peu !) ont inauguré trois bacs de tri sélectif. Rien que ça ! Tout ça pour ça !!

Pendant ce temps, il y a eu 10 morts et au moins 15 blessés à  Bordj Bou Arreridj à la suite d’une fuite de gaz jeudi et aucun responsable n’a eu l’intelligence de s’y rendre.

Dans les pays où les hautes fonctions ne sont pas usurpées, ce genre d’opérations d’inaugurations sont essentiellement du ressort de maires ou simples élus municipaux. Mais comme il n’y a plus rien à inaugurer, puisque rien n’est fait on se contente des bac de tri.

Ainsi va la « nouvelle Algérie » de son énormissime Abdelmadjid Tebboune. Vivement demain.

El Ouafi

image from lematindalgerie.com

 

 

 

07/04/2022

https://lematindalgerie.com/ministre-et-wali-pour-inaugurer-des-poubelles/

 

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Rédigé le 11/04/2022 à 10:48 dans Algérie, Divers | Lien permanent | Commentaires (0)

Suspension de la Russie du CDH de l’ONU: Pourquoi l’Algérie a voté contre

 

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L’Algérie a voté, jeudi, contre la résolution sur la suspension de la Russie du Conseil des droits de l’homme des nations unies, lors de la session extraordinaire de l’Assemblée générale de l’ONU. La résolution a été adoptée par 93 voix pour. 24 pays ont voté contre, 58 autres se sont abstenus, tandis que 18 n’ont pas participé au vote.

 

Dans son allocution prononcée devant l’Assemblée générale, le représentant permanent de l’Algérie auprès des Nations Unies, l’ambassadeur Nadir Larbaoui a expliqué les raisons de ce choix, estimant que suspendre la Russie de l’instance onusienne ne renforce pas le travail de coopération. «La délégation de mon pays estime que les efforts internationaux multilatéraux requièrent le renforcement du dialogue et de la coopération, sans exclusion aucune, malgré la divergence des positions», a déclaré Larbaoui, repris par l’agence APS, affirmant que la suspension de la qualité de membre d’un pays élu par la communauté internationale, par une quelconque instance onusienne, n’est pas à même de renforcer l’esprit de travail et de coopération multilatérale.

L’ambassadeur a réitéré «le soutien» de l’Algérie aux négociations directes entre la Russie et l’Ukraine en vue de cesser les opérations militaires et de prendre en charge la crise humanitaire, tout en appelant à «l’intensification» des efforts diplomatiques internationaux visant le règlement de cette crise de manière à empêcher l’effondrement progressif des normes diplomatiques et à parvenir à une solution politique «garantissant la souveraineté et l’intégrité territoriale des pays».

«C’est avec une bonne foi que mon pays a adhéré aux bons offices, initiés dans le cadre du Groupe arabe de contact qui s’est réuni récemment avec les parties concernées», a-t-il soutenu, appelant la communauté internationale à «renoncer à toute action susceptible d’entraver les négociations en cours et de faire  prolonger la crise dont les conséquences seront désastreuses pour tous les pays du monde».

La résolution qui suspend la Russie du Conseil des droits de l’Homme des nations-unies, a pointé ses atteintes «flagrantes et systématiques» aux droits humains, depuis le début de l’invasion militaire de Ukraine. Mais pour l’Algérie, il y a lieu de mener une enquête impartiale.

«En dépit de la cruauté des images relayées sur certaines villes ukrainiennes qui doivent être condamnées dans les termes les plus vifs et les crimes présumés qui en découlent d’une extrême gravité, il est plus qu’impératif de permettre aux mécanismes onusiens compétents d’enquêter sur ces faits sur le terrain de manière neutre et impartiale afin de rendre justice à toutes les victimes», a estimé le représentant algérien.

Et d’ajouter : «Permettre aux mécanismes onusiens compétents de s’acquitter pleinement de leur mission et rôle conformément aux règles du Droit international et aux résolutions pertinentes de l’ONU, loin de toute ingérence ou préjugé, constitue pour l’Algérie une condition sine qua non en vue de prouver les faits concernant toute violation grave et systématique des droits de l’Homme».

 

 

 

 


 8 avril 2022
 Kenza Ait Bachir
https://www.inter-lignes.com/suspension-de-la-russie-du-cdh-de-lonu-pourquoi-lalgerie-a-vote-contre/
 
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Rédigé le 08/04/2022 à 20:56 dans Algérie, Russie-Ukraine | Lien permanent | Commentaires (0)

L’Algérie qui naît

 

En France, dans la presse, dans les conversations, l’Algérie c’est le problème de l’OAS, c’est la condamnation de Jouhaud, c’est le tableau de chasse de Godot, c’est les péripéties du commando Gardes, c’est le plan de guerre de Salan. On dirait qu’il n’y a plus d’Algériens en Algérie, en tout cas pas plus qu’il y a huit ans. Alors que le seul problème algérien a toujours été, reste et sera plus que jamais celui-ci : que veulent faire de leur pays les paysans, les ouvriers, les jeunes qui ont participé à la résistance et à la guerre de libération, quelle révolution veulent-ils ? sur quoi débouchent ces sept ans et demi de lutte ?

L’impassibilité actuelle des masses algériennes, malgré les provocations de l’OAS, ne doit pas nous tromper : elle est le contraire du découragement. On a peine à croire que les sacrifices extraordinaires consentis par toute la population (1) aient trouvé dans les accords d’Evian leur apaisement. En fait, le compromis passé entre le FLN et De Gaulle porte exclusivement sur les conditions dans lesquelles la France va se dégager progressivement de l’Algérie ; mais il ne contient aucune préfiguration de ce que sera la société algérienne indépendante.

C’est cette question qui occupe l’avenir immédiat des Algériens. Ils ne peuvent pas ne pas se la poser, elle va du reste leur être posée explicitement d’abord lors du référendum d’autodétermination, ensuite au moment des élections à la Constituante algérienne, dont la tâche sera justement de donner forme à la société dans son ensemble.

On peut s’attendre à ce que des divergences apparaissent à ce sujet. Elles existent déjà, mais elles sont restées voilées au cours de la lutte de libération, et elles ne s’exprimeront pas complètement tant que l’indépendance n’aura pas été formellement proclamée. Il serait donc prématuré de vouloir les définir, de mettre des noms dessus. En revanche, ce qui ne fait pas de doute, ce sont les trois faits suivants, qui seront déterminants dans le proche avenir :

– 80 % des Algériens sont des. paysans ;

– 50 % des Algériens moins de 20 ans ;

– un demi-million d’ex-paysans est cassé en France (en moyenne pendant deux ans) dans les ateliers, les mines, les chantiers, et y a donc fait l’expérience de l’exploitation industrielle « moderne » et de la lutte de classes ; il grossit le nombre, relativement faible, des ouvriers qui travaillent en Algérie même (300.000 environ).

La moitié de la paysannerie est pratiquement sans terre ; le reste possède des lopins minuscules ou reçoit des salaires agricoles de famine. La masse des chômeurs est impressionnante, surtout après la guerre. Ce sont ces paysans surexploités qui ont fourni à la révolution sa base, ses troupes inépuisables dans les maquis, ses abris dans les villages et les bidonvilles. Pour eux, indépendance veut dire révolution agraire. Il est probable que dans leur majorité, ils ne pensent pas à un partage des terres et à une redistribution des parcelles : la petite propriété ne peut pas nourrir la masse paysanne, qui le sait bien. Le contenu de la révolution agraire, c’est donc, après l’expropriation des grands propriétaires, au moins l’organisation de coopératives, au plus une collectivisation du sol. C’est autour de ces solutions que des divergences se feront jour. Le succès de telle ou telle orientation ne sera pas indépendant de la solution donnée au problème, plus vaste et en un sens plus décisif, de l’industrialisation.

L’impérialisme français a laissé le pays sous-équipé (en dépit des photos d’hôpitaux et d’écoles qu’on nous montre à chaque occasion) ; pour lui l’Algérie était surtout, un pays d’où il tirait des matières premières minières et agricoles. L’équipement qui existe correspond à une exploitation du sol et du sous-sol menée suivant les besoins de l’industrie et du commerce français, nullement suivant les possibilités du pays ni les besoins de sa population.

L’industrialisation doit être réalisée rapidement pour mettre un terme au chômage, pour éviter la famine, les soulèvements de paysans et d’ouvriers sans travail. On sait déjà que c’est dans ce sens que s’oriente l’U.G.T.A., le syndicat des ouvriers algériens.

Mais comment sera financé cet équipement industriel ? Avec des capitaux venus de France ou de n’importe quel pays occidental ? Ou bien des pays de l’Est (comme la reconnaissance officielle du GPRA par Moscou, après Evian, le suggère ? Ou enfin, un achetant au dehors du matériel industriel avec la contrepartie monétaire d’exportations agricoles et minières, ce qui signifie des conditions de vie et de travail extrêmement dures pour les paysans pendant de longues années ? On voit comment la question agraire se combine avec l’industrialisation.

Le front commun des ouvriers et des paysans, doté d’un programme d’ensemble pour l’Algérie, constitue la seule force capable de donner au problème de la construction de la société algérienne une solution juste, c’est-à-dire conforme à ce que veut la majorité des travailleurs de l’usine et de la terre. Le fait qu’il y a une espèce de mélangé continuel du paysan et de l’ouvrier (dû à l’émigration provisoire en France), le fait aussi que la jeunesse pèse d’un poids considérable dans une population où une personne sur deux a moins de vingt ans, et qu’elle pèse dans le sens des solutions les plus radicales, le fait encore que les classes moyennes : petite bourgeoisie libérale, commerçants, artisans, naturellement portées à freiner toute transformation sociale importante, sont faibles en Algérie, tous ces faits montrent qu’il y a dans le pays les conditions sociales et historiques pour un front ouvrier-paysan.

Cela ne veut pas dire qu’il se fera sûrement. Et surtout, cela ne veut pas dire que même s’il se faisait, il parviendrait à élaborer un programme révolutionnaire faisant des Conseils de travailleurs, dans les mines, les campagnes et les usines, les organismes souverains de gestion de la société. Non seulement le poids écrasant d’une paysannerie dont l’expérience sociale est étroite, mais aussi l’influence directe ou indirecte des idéologies et des formes d’organisation des syndicats et des partis européens (français d’abord), et encore la rigidité de l’appareil FLN, sa bureaucratisation (favorisée par une longue lutte clandestine), tout cela entrave et entravera le développement d’une tendance et d’un programme gestionnaires.

Mais la longue lutte de sept ans et demi n’aura pas été vaine : il y a maintenant des hommes qui ont à décider de leur vie là où il n’y avait que des « ratons ».

(I) Il y a eu près d’un million de morts algériens, soit l’équivalent de 5 millions de morts à l’échelle de la population française.

 

 

 

08/04/2022

https://sinedjib.com/index.php/2022/04/08/lalgerie-qui-nait/

 

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Rédigé le 08/04/2022 à 16:39 dans Algérie, France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)

Mémoires d'Algérie 1962-2022 : "Les Algériens sont devenus maîtres d'eux-mêmes"

 

Amicale des Algériens en France, Paris, 22 mars 1965 . Mohammed Harbi est au centre.
Amicale des Algériens en France, Paris, 22 mars 1965 . Mohammed Harbi est au centre.
Collection Mohammed Harbi.
 
 
 
 

"Les Algériens sont devenus maîtres d'eux-mê 

Mohammed Harbi est né en 1933 près du port de Skikda. Il s'engage dans un prmeier temps dès l'âge de 15 ans au sein du parti du peuple algérien de Messali Hadj (grande figure du nationalisme algérien). Étudiant à Paris, il devient l'un des principaux organisateurs du FLN en France. 


À partir de 1958, il travaille pour le gouvernement provisoire de la république algérienne, le GPRA. Il participe aux négociations des accords d’Evian en mars 1962. Après le cessez-le-feu, il est un conseiller de Ahmed Ben Bella, le premier président de la république algérienne indépendante.

Il est un militant de la “gauche du FLN”, puis de l’opposition au régime militaire mis en place par colonel Boumédiène, à partir de juin 1965. Il est incarcéré par le régime. En 1973, il réussit à s’évader d’Algérie et vit en exil à Paris. Mohammed Harbi est devenu un historien reconnu de la guerre d'indépendance.

TV5MONDE : Quel a été le facteur qui a déclenché  votre engagement pour l'indépendance de l'Algérie ? 

Mohammed Harbi : L'histoire de la famille de ma mère a beaucoup compté. Deux hommes de la famille de ma mère sont morts durant la répression de l'insurrection de Sétif en mai 1945 (Les massacres de Sétif, Guelma, et Kherrata sont des répressions sanglantes des manifestations anti coloniales des Algériens, ndlr). Au lycée, beaucoup de mes amis étaient de Guelma.
 

Malgré mes origines sociales aisées, je n'étais pas indifférent à ce que je voyais dans les rues, dans les différentes classes de la société coloniale.
Mohammed Harbi, ancien cadre du FLN.

Et malgré mes origines sociales aisées, je n'étais pas indifférent à ce que je voyais dans les rues, dans les diiférentes classes de la société coloniale. La lecture m'a aidé. J'ai commencé à lire très tôt les journaux français dont Le Monde et La Tribune des nations. Une annecdote a marqué le début de mon engagement. 

Dans notre classe, nous sommes allés défilés devant le Monument aux morts pour le jour de la victoire, le 8 mai. Et nous avons croisé un groupe d'Algériens, musique en tête, qui allait dans la même direction. Et un des éleves qui était dans ma classe qui a dit  :"Vive la liberté !" Et il est sorti du rang pour rejoindre le cortège des Algériens. Le lendemain il a été exclu de l'école. Et il a rapidement été pris au début de l'insurrection pour être interné dans un camp.

J'ai rejoint le groupe étudiant du MTLD, Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (Parti indépendantiste de Messali Hadj). On collait des slogans sur les murs pour demander la libération de Messali Hadj, le fondateur du nationalisme algérien. 


TV5MONDE : Vous êtes ensuite parti en France étudier ?

Oui, je suis parti en France dès la classe de première. J'ai ensuite suivi les cours de grands professeurs à l'université de la Sorbonne, comme Charles-André Julien spécialiste de l'histoire du colonialisme. Je suis devenu ensuite un cadre du FLN et j'ai rejoint la lutte armée. Personnellement je suis rentré dans la clandestinité en 1955. La DST (Direction de la sécurité du territoire), le contre-espionnage français, me recherchait.
 

Mohammed Harbi alors jeune étudiant à Paris.
Mohammed Harbi alors jeune étudiant à Paris.
Collection particulière Mohammed Harbi.


De France, je suis parti vers l'Allemagne. J'ai rejoint la Tunisie et ensuite j'ai été ambassadeur à Conakry en Guinée pour le gouvernement provisoire de la république algérienne (le GPRA). J'ai été également le Secrétaire général du ministère des Affaires étrangères du GPRA, au service du ministre. J'ai été également directeur du cabinet politique de Krim Belkacem ( chef de la délégation des négociateurs algériens à Évian, le 18 mars 1962, ndlr). 
 

Le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA).

Il est le bras politique du Front de libération nationale. Il est formé en 1958 au Caire sous la protection du président Nasser. Il s'installe ensuite à Tunis à partir de 1960.

Le premier président du GPRA est le leader historique du nationalisme algérien, Fehrat Abbas. Son vice président est Krim Belkacem. Le GPRA va négocier les accords d'Évian du 18 mars 1962 avec les autorités françaises. Le GPRA n'est pas reconnu par le gouvernement français lors des négociations. Les Français parlent de "délégation du FLN".

TV5MONDE : Et donc c'est dans ce cadre que vous avez participé aux première négociations de ce que seront les accords d'Évian du 18 mars 1962 entre la France et l'Algérie. 

J'ai été nommé dans une commission d'experts mais je n'étais pas vraiment un expert. Ma carrière était celle d'un militant qui par sa pratique politique et ses connaissances a été porté sur le devant de la scène. Dans les première négociations, on m'a donné le titre de président de la Commission des experts.

On abordait les questions juridiques mais également les questions politiques. On regardait ce qui s'était passé à Chypre. Il fallait éviter qu'un scénario à la chypriote (une division du territoire entre deux entités politiques, le gouvernement français voulait gardait une partie de l'Algérie sous pavillon français lors des premières négociations, ndlr) se reproduise en Algérie.

Des experts travaillaient sur les frontières de la future Algérie. L'Algérie coloniale était plus grande que l'Algérie ottomane.

Des morceaux de territoires du Maroc et de la Tunisie avaient été intégrés dans l'Algérie coloniale. Mon rôle aussi était de sonder les réactions des Français aux premières négociations. Je travaillais avec les mouvements de la paix en France et dans le monde pour expliquer également la démarche du gouvernement provisoire de l'Algérie. 

Les accords d'Évian du 18 mars 1962.
Le 18 mars 1962, les autorités françaises et une délégation du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) signent les accords d’Évian. Ces accords mettent fin à 132 années de présence coloniale française en Algérie et à une des guerres les plus féroces que le continent africain a connues au XXe siècle. Ces accords sont l’aboutissement de dix-huit mois de pourparlers secrets et de compromis entre négociateurs français et algériens.

TV5MONDE : Comment avez-vous réagi lorsque vous avez compris que les Français voulaient enfin négocier ? 

J'ai réagi positivement. La question du contenu de la négociation même faisait débat au sein du GPRA à Tunis. Le docteur Francis, un des négociatieurs (Ahmed Francis, homme politique algérien, ministre de l'Économie du premier gouvernement de l'Algérie indépendante, ndlr) était pour une négociation pour une indépendance par étapes. Fehrat Abbas ( président du premier gouvernement provisoire de la République algérienne) militait lui pour une indépendance de l'Algérie du nord en attendant l'indépendance du reste du territoire.

Il fallait éviter une indépendance par étapes. Et il fallait que les organes de sécurité en Algérie ne soient pas encore aux mains de la colonisation après la reconnaissance de l'indépendance.

Mohammed Harbi sur les négociations avec la France.

Les débats étaient vifs. Un des négociateurs lui voulait une indépendance rapide et complète. C'était était un simple fils de berger, de maquignon. Le docteur Ahmed Françis lui reprochait de faire la fine bouche devant les représentants français. le négociateur est venu au réunion en disant au Docteur Ahmed Francis : "Certes je ne suis qu'un berger mais je viens ici pour vous surveiller". Voila l'ambiance de l'époque.

La reprise des négociations par les Français a été une joie à Tunis. Des premières négociations n'avaient pas abouti auparavant. La situation du FLN (en mai 1961) n'était pas aussi bonne qu'avant. Au sein de la population algérienne et de ses nombreux réfugiés, la joie l'a emporté à l'annonce de la reprise de ses négociations alors que les conclusions de ses négociations n'étaient pas effectives. 
 

La délégation algérienne le 18 mars 1962 à Évian. Au centre, faisant signe, Krim Belkacem, chef des négociateurs algériens.
La délégation algérienne le 18 mars 1962 à Évian. Au centre, faisant signe, Krim Belkacem, chef des négociateurs algériens.
Domaine public.


TV5MONDE : Vous avez participé à la mise en place d'une feuille de route pour les négocations dès les premiers échanges avec les représentants du gouvernement français.

Une feuille de route de négociations a été mise en place par les différents ministères du gouvernement provisoire de la république algérienne. Celle-ci était très précise. Dans les discussions j'ai insisté sur un point capital. J'ai mis l'accent sur la nécessité très stricte de la nomination d'un gouvernement le plus rapidement dans l'Algérie libre. J'avais bien étudié ce qui s'était passé en Tunisie et au Maroc. Il fallait éviter une indépendance par étapes. Et il fallait éviter que les organes de sécurité en Algérie soient encore aux mains de la colonisation après la reconnaissance de l'indépendance.
 

Les Français étaient dans une situation compliquée internationalement. La France était isolée.Mohammed Harbi, ancien cadre du FLN.

En d'autres termes, il ne fallait pas que l'armée française reste sur le territoire algérien même après la reconnaissance de l'indépendance. L'armée française est d'ailleurs restée quelques temps après l'indépendance en Algérie mais dans d'autres conditions qu'en Tunisie ou au Maroc (la France occupera des bases militaires en Algérie comme Mers-El-Kébir ou Bou-Sfer pendant quelques années, ndlr.) 

TV5MONDE : Est-ce que vous sentiez que les autorités politiques françaises dans le cadre des négociations, voulaient sortir rapidement du conflit algérien ? 

Il y a deux paradigmes. Il y a celui de la lutte armée bien entendu. Il y avait celui, très important, de la question diplomatique. Lorsque le FLN a été militairement affaibli (au lendemain du plan Challe, vaste opération militaire française contre le FLN de février 1959 à avril 1961, ndlr) la question diplomatique a pris le dessus sur la lutte armée. Nous, le GPRA, étions présents dans de nombreux pays. Nous avions des radios dans de nombreux pays et nous n'étions pas encore indépendants. Nos réseaux de communication étaient mondiaux.

image from information.tv5monde.com

Le président Ahmed Ben Bella entre Mohammed Harbi (à droite) et Hadj Benalla, Alger, avril 1964. 
Photographe : Ahmed Ferrah. Domaine Public.

Le mouvement du tiers-mondisme jouait également pour nous. Nous étions reçus dans les ambassades. Nous avions des passeports diplomatiques tunisiens ou marocains et puis nous avons eu ensuite nos propres passeports du GPRA valables dans tout le tiers-monde. Les Français étaient dans une situation compliquée internationalement. La France était isolée. Il fallait que les Français sortent de cette situation difficile. 

TV5MONDE : Qu'avez-vous ressenti lors de la signature des accords d'Evian qui actaient de fait l'indépendance de l'Algérie ? 

Pour nous c'était une très grande victoire. Mais je ne dis jamais que nous avons gagné la guerre. Nous étions disposés à la paix. C'était le cas des Français aussi, de plus en plus isolés internationalement. Pour moi l'indépendance était un espoir sans rivages. Mais les luttes internes au sein du FLN ont rapidement repris le dessus. Nous sommes arrivés le 3 juillet 1962 en Algérie (date de la reconnaissance par le gouvernement français de l'indépendance de l'Algérie, ndlr) au moment où les luttes internes s'installaient parmi les combattants.
 

Lorsque je suis rentré en Algérie en juillet 1962, j'ai vu un État naissant qui traitait les gens de manière inaceptable.Mohammed Harbi, ancien cadre du FLN.

Les divisions s'étaient déjà installées en Tunisie. Certains, au sein du GPRA, voulaient conclure rapidement la paix à n'importe quel prix. Certains d'entre eux connaissaient l'exil depuis sept ans, vivant sous la contrainte du patriotisme et sous la contrainte de la France qui avait mis le paquet pour garder l'Algérie française.

En Algérie nous avions une société qui était totalement militarisée avant l'heure et l'autre coté les Algériens. Lorsque que je suis rentré en Algérie, j'ai ressenti  une impression d'ombre et de lumière. L'État naissant traitait les gens de manière inaceptable. On sentait déjà cette pression de celui qui a les armes sur ceux qui n'en avaient pas. 
 

Les Algériens sont maîtres d'eux-mêmes et de ce qu'ils font en bien ou en mal, ils en sont les responsables. C'est le principal bilan de cette indépendance.
Mohammed Harbi, ancien cadre du FLN.

TV5MONDE : Quel bilan faites-vous de l'indépendance, soixante ans après les accords d'Evian ? 

Les Algériens sont maîtres d'eux-mêmes et de ce qu'ils font en bien ou en mal, ils en sont les responsables. C'est le principal bilan de cette indépendance. Avec le développement de certaines richesses, on aurait aimé que le pays sorte du sous-développement et se débarrasse de cette barbarie interne. Cela reste une plaie. La question des libertés n'a pas été résolue. Les Algériens ne sont pas encore citoyens chez eux, jusqu'à ce jour. 

TV5MONDE : Comment percevez-vous le Hirak , le mouvement pro-démocratie né le 22 février 2019 ?

J'appuie ce mouvement. Le Hirak représente pour moi une forme d'éclosion de l'Algérie. On pouvait enfin brandir un drapeau berbère sans penser à remettre en cause l'unité de l'Algérie. La vie culturelle a connu une effervescence. Hélas, la répression est très dure.

 
 
 
 
 
8 MAR 2022
 
Mise à jour 06.04.2022 à 17:18
 par 
Pierre Desorgues
Nina Soyez
https://information.tv5monde.com/afrique/memoires-d-algerie-1962-2022-les-algeriens-sont-devenus-maitres-d-eux-memes-447608
 
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Rédigé le 08/04/2022 à 13:51 dans Algérie, France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)

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