La question de la récupération des fonds et des biens issus de la corruption d’hommes d’affaires, de militaires et des politiciens véreux ainsi que des parties influentes incarcérés pour corruption était une promesse de campagne du président mal élu Abdelmadjid Tebboune.
Aujourd’hui le bonhomme s’en remet à ses bons souvenirs et relance ce va-t-en guerre à la recherche de Dinars perdus dilapidés dans le cadre de la récupération des fonds dissimulés frauduleusement à l’étranger ou même en Algérie à travers des biens éparpillés çà et là. C’est d’ailleurs de l’un de ceux-là d’où est repartie cette affaire. Dimanche dernier, effectivement, le chef d’état lors du Conseil des ministres tenu sous sa présidence, avait sommé ses troupes d’accélérer la remise en production de l’usine des huiles végétales de Jijel, qui appartenait aux frères Kouninef, actuellement en détention pour corruption, lançant ainsi la première étape d’un début du processus de récupération.
C’est que l’histoire va chercher loin elle couterait au bas mot estiment les experts, plus de 7,5 milliards d’euros et 600 milliards de DA, un joli pactole pour des caisses assoiffées. Si pour ce qui est de récupérer l’argent volé et dissimulé à l’étranger, autant en faire son deuil tant les procédures complexes prendraient du temps pour le rapatrier, les démarches à entamer, se déroulant sous la houlette diplomatique. Au Bled c’est un autre son de cloche et cela semble plus envisageable. Mais dans cette histoire du voleur volé, et entre nous, le vrai pactole est en devises fortes et donc entre de bonnes mains chez les autres. Ce qui reste au pays va avec les pertes et profits. Et l’Exécutif algérien en ces temps durs est tout aise de rencontrer le fameux « limaçon » de la fable.
Sauf que là, la problématique de la récupération des biens et fortune des richissimes oligarques et hauts responsables du régime Bouteflika ne pourrait se faire, qu’après que toutes les voies de recours eussent été épuisées. D’ailleurs, seule la cour d’Alger « une voix de son maître sans équivoque », où se déroulent les procès en appel des accusés concernées par la confiscation de biens mal acquis, est apte ou non de confirmer les demandes de la partie civile, qui est le Trésor public en ordonnant donc la confiscation de biens précisément identifiés et localisés. Ce qui toutefois peut prendre parfois plusieurs mois, voire des années mais bien moins que pour l’autre opération de rapatriement.
Ces grands dossiers qui s’élèvent à 7,5 milliards d’euros, ont pour hommes d’affaires des sommités comme, Ali Haddad, Mahieddine Tahkout , Mourad Eulmi, Abdelghani Hamel, les frères Kouninef ainsi que des accusés de parts et d’autres, notamment ceux dont les biens ont fait l’objet d’un ordre de saisie dans l’affaire du montage automobile. La majorité de ces biens à confisquer se trouve dans la capitale Alger et ses environs, il s’agit de terrains, usines, sièges de sociétés ou bureaux… L’opération est, sauf retournement de situation comme c’est souvent le cas en Algérie, certes, des plus plausibles sur le plan juridique car la justice est toute acquise à l’exécutif qui n’est autre que l’uniforme en Algérie, mais elle restera dans le temps complexe à appliquer. Mais qu’on se le dise ! dans l’état actuel des choses ce n’est qu’une passation de mains ou de pouvoir. Les nouveaux « ayant droit » se bousculent déjà aux portillons de la bonne fortune que partage volontiers le parrain. C’est comme ça en Algérie depuis plus de six décennies. Les bonnes habitudes ne se perdent pas.
Ce sont la France et l’Algérie qui auraient dû défiler sur le même
paquebot et non la Tunisie et le Turquie !
Mais la France a toujours eu du mal à distinguer entre aisance et nuisance… elle s’apprête si personne ne l’arrête à soutenir que les Sahraouis sont Marocains, les Gazaouis Israéliens et le mal, un bien. Toujours la même torture par l’espérance.
Oh Djadja ! T’as de sacrés moyens ya Djadja
Avez-vous été surpris par la couleur de la danse à travers laquelle la France a réussi à marier la grandeur et la décadence ?
En d’autres termes, ce qui m’a le plus marqué : c’est le bouleversement dans tous les sens : on exhibe ses couleurs et on inhibe ses valeurs : ô malheur ! à
En Algérie on n’a pas vu briller de mille feux la tour Eiffel, mais une tour en fer Algérien…
O misère ! Faut-il le dire ou le taire ?
JO de Paris 2024 : la délégation algérienne jette des roses en hommage aux Algériens noyés dans la Seine le 17 octobre 1961
Les athlètes algériens ont profité de la cérémonie d'ouverture de Jeux de Paris vendredi pour rendre hommage à leurs compatriotes tués par la police française en pleine guerre d'indépendance.
Une image politique très forte. La délégation algérienne a jeté des roses dans la Seine, lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris, vendredi 26 juillet 2024, en hommage aux manifestants algériens tués par la police française le 17 octobre 1961 en pleine guerre d'indépendance. Un geste mémoriel rare dans une cérémonie d'ouverture des JO.
"Ce geste est un hommage aux martyrs du 17 octobre 1961. Vive l'Algérie, vive l'Algérie, vive l'Algérie", a déclaré un membre de la délégation algérienne dans une vidéo diffusée sur le compte X d'une chaîne de télévision publique algérienne. Tous les membres de la délégation algérienne qui se trouvaient sur le bateau ont ensuite lancé des roses dans la Seine, à côté d'un pont d'où furent jetés des Algériens par la police française.
"Des crimes inexcusables"
Le 17 octobre 1961, des dizaines de manifestants pacifiques furent victimes d'une répression sanglante et meurtrière, commise sous l'autorité du préfet de police de l'époque, Maurice Papon. Selon les historiens, à côté de nombreux blessés, entre une trentaine et 200 manifestants furent tués et leurs corps jetés dans la Seine. Ces Algériens manifestaient pour l'indépendance de leur pays.
Le 28 mars 2024, l'Assemblée nationale française a approuvé une proposition condamnant le "massacre" d'octobre 1961. En 2012, le président François Hollande avait rendu "hommage aux victimes" d'une "sanglante répression" s'étant abattue sur ces femmes et hommes manifestant pour "le droit à l'indépendance". Son successeur, Emmanuel Macron, avait déclaré en 2021 que "les crimes commis le 17 octobre 1961 sous l'autorité de Maurice Papon (étaient) inexcusables pour la République".
«Les Algériens, il vaut mieux être avec eux que contre eux.»(Lucky Luciano, chef de la mafia italienne, 1897-1962.) La tragédie en cours à Gaza permet de mettre en lumière l’influence tentaculaire d’organisations jusque-là peu soupçonnées. Un exemple à explorer est la trajectoire historique de la mafia juive, sa transformation en une puissante organisation criminelle connue sous le nom de Murder Inc. et son influence décisive sur la création et les opérations de la Central Intelligence Agency (CIA). A travers l’examen des archives historiques et des analyses contemporaines, les répercussions socio-politiques du crime organisé juif aux Etats-Unis et ses liens potentiels avec les institutions fédérales sont ainsi révélés.
Le début du XXe siècle a vu l’émergence de la mafia juive comme une force redoutable dans le monde criminel américain. Des pionniers tels qu’Arnold Rothstein, Bugsy Siegel et Meyer Lansky ont joué des rôles essentiels dans l’établissement de vastes réseaux criminels qui ont étendu leur portée au-delà des activités criminelles traditionnelles. Cet article examine l’hypothèse selon laquelle ces réseaux ont évolué pour devenir Murder Inc. et ont ensuite influencé la formation et les fonctions de la CIA.
Les origines de la mafia juive remontent au début des années 1900, Arnold Rothstein étant souvent crédité comme l’un des architectes du crime organisé moderne. Les entreprises de Rothstein dans la contrebande, les jeux de hasard et le trafic de drogue ont marqué le début d’une entreprise criminelle sophistiquée. Sa capacité à naviguer et à manipuler le système juridique a créé un précédent pour les futures opérations criminelles.
Murder Inc., apparue dans les années 1930, a servi de branche exécutrice létale des syndicats du crime organisé, exécutant des contrats de meurtre avec précision. Des leaders comme Louis Buchalter et Albert Anastasia étaient au cœur de ses opérations. La participation de mafieux juifs dans Murder Inc. a mis en lumière la collaboration entre les familles du crime juives et italiennes, montrant la diversité ethnique au sein du crime organisé.
Essor mondial et duel avec le FLN
L’idée que la mafia juive ait influencé la formation de la CIA est controversée mais intrigante. Après la Seconde Guerre mondiale, plusieurs figures du crime organisé auraient participé à des opérations clandestines pour le gouvernement américain. Leur savoir-faire stratégique et leurs réseaux internationaux étaient considérés comme des atouts précieux durant la Guerre froide. Cette période a vu une convergence des activités criminelles et de renseignement, soulevant des questions sur l’ampleur de l’influence du crime organisé sur les agences fédérales.
Il est à rappeler que la DST française a également fait appel à cette mafia, notamment via l’Italo-Américain Lucky Luciano, pour détruire les réseaux FLN en Europe et leurs leaders durant la Révolution. En réponse, les dirigeants FLN ont immédiatement réagi. Dans une lettre, ils ont sommé Lucky Luciano de cesser ses opérations contre le FLN en Europe sous peine de subir les foudres des moussabiline algériens. Cet épisode de notre histoire reste largement méconnu.
Les connexions entre la mafia juive et la CIA sont enracinées dans le besoin d’expertise en espionnage durant la Guerre froide. Certains chercheurs suggèrent que le recrutement par la CIA d’individus avec des antécédents criminels faisait partie d’une stratégie plus large visant à exploiter les réseaux existants à des fins de renseignement. Cette collaboration brouillait souvent les frontières entre l’application de la loi et le crime organisé, posant des dilemmes éthiques et opérationnels.
L’exploration de l’évolution de la mafia juive en Murder Inc. et de son influence sur la CIA révèle une interaction complexe entre le crime organisé et les institutions fédérales. Ces connexions indiquent un chevauchement significatif entre les activités criminelles et de renseignement, ainsi qu’une mainmise sur des opérations clandestines dont bon nombre restent à élucider.
Netanyahou est à Washington aujourd’hui ayant été snobé par Biden et Harris, cherchant à rencontrer Trump en tête-à-tête. Si Trump refusait la visite, Netanyahou devrait se venger. Si Trump acceptait, il pourrait être confronté à un ultimatum sous la version de vengeance du Mossad. Cela pourrait détruire sa campagne, avec une manipulation électorale en faveur de leur candidat choisi. Leurs tactiques ont été dévoilées, et ils ne ressentent plus le besoin de cacher leur identité ou leurs méthodes.
Un livre qui détaille comment le président français est tombé dans les rets de sa complaisance envers Alger.
Dans L’Algérie de Macron: Les impasses d’une politique mémorielle (Les Presses universitaires de France-PUF-, 294 pages, 260 MAD, 29 mai 2024), les auteurs Sébastien Ledoux et Paul Max Morin rappellent que c’est le président français Emmanuel Macron qui agit activement dans ce dossier, que c’est lui qui a annoncé la création d’une «commission mixte d’historiens» pour régler le différend mémoriel entre Paris et Alger, tandis que l’autre partie se contente d’enregistrer les timides pas français.
Emmanuel Macron reste néanmoins prudent, s’il tient à «la vérité» et à «la reconnaissance», il récuse toute «repentance» sur les questions de la colonisation et de la guerre d’Algérie contrairement aux souhaits des Algériens. M. Macron se borne à quelques gestes cosmétiques, comme déposer une gerbe devant le monument aux «morts pour la France», visiter le principal cimetière d’Alger du temps de la colonisation française ou afficher sa volonté d’ouvrir les archives de l’époque coloniale.
Selon Le Point, qui a décrypté les axes du livre, «les politiques publiques mémorielles sur la guerre d’Algérie n’ont jamais cessé d’évoluer» sauf qu’elle sont «plutôt guidées par des objectifs électoralistes.» Emmanuel Macron, au pouvoir depuis 2017 a produit un «récit performatif sur la relation de la France avec le passé algérien pour en faire un objet de politique mémorielle». «En adoptant un discours sur l’oubli, Emmanuel Macron se place en homme de rupture. Définissant l’Algérie comme un problème existentiel concernant l’ensemble de la société française, il construit sa propre légitimité présidentielle de réconciliateur», insistent les auteurs.
Le président actuel «continue à jouer sur cet effet de génération pour solder les comptes et “renouveler” les relations avec les anciens pays africains de l’empire français», sauf que son pari de se présenter comme «l’homme du dépassement de l’héritage colonial» n’a fait qu’empirer la problématique du «trauma Algérie» malgré «[son] investissement considérable pour la guerre d’Algérie.» En cause, selon les auteurs, une politique mémorielle «gazeuse» réduite à «une politique catégorielle» envers les «groupes mémoriels» concernés auxquels est proposée une «inflation» d’actes mémoriels.
«Le pilotage exclusif de la politique mémorielle par l’Élysée affecte structurellement le déploiement de la politique publique, privant le président de capacités transformatrices», notent les auteurs du livre. «La politique mémorielle se fait sans la mobilisation des moyens de l’État, repose presque exclusivement sur la geste présidentielle et épouse l’agenda du président. Benjamin Stora [historien proche de Macron responsable du dossier] doit donc travailler vite, faire l’économie de la profondeur et formuler des recommandations rapidement réalisables», a-t-on détaillé.
Louisa Hanoune, la cheffe du Parti des travailleurs algérien (trotskiste), en mars 2021 à sa sortie de prison, où elle avait été incarcérée dans la foulée du Hirak en 2019. Photo AFP / RYAD KRAMDI
Louisa Hanoune, la cheffe du Parti des travailleurs algérien (trotskiste), qui avait été emprisonnée dans la foulée du mouvement de contestation du Hirak en 2019, a annoncé samedi le retrait de sa candidature à la prochaine élection présidentielle. Dans un communiqué, Mme Hanoune évoque des « conditions injustes » et un « cadre législatif régressif et antidémocratique ».
Cette annonce intervient après que le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a annoncé jeudi son intention de briguer un nouveau mandat.
Dans un post sur Facebook, elle a ajouté que son parti ne participerait pas non plus au « processus de vote du 7 septembre », date de l'élection présidentielle anticipée. Elle a dénoncé une « intention d'exclure le Parti des travailleurs de l'élection présidentielle et [...] de bafouer le droit du peuple à choisir librement entre les programmes politiques ».
Mme Hanoune, qui avait été candidate au scrutin présidentiel en 2004, 2009 et 2014, n'a pas fourni d'autres détails, mais indiqué que sa décision était fondée sur des « informations » à sa disposition. Figure de l'opposition algérienne, Louisa Hanoune, avait été incarcérée en mai 2019, en plein Hirak, après avoir été inculpée de « complots » contre l'Etat et l'armée. Elle a été libérée en février 2020 et acquitté en janvier 2021.
M. Tebboune, 78 ans, a déclaré jeudi qu'il briguerait un nouveau mandat en se basant sur « le désir de nombreux partis, organisations politiques et non politiques, et de la jeunesse ». M. Tebboune, qui part favori pour le scrutin, avait remporté la dernière élection, marquée par une forte abstention, avec 58% des voix. Il avait succédé à Abdelaziz Bouteflika, poussé à la démission en 2019 sous la pression de l'armée et du Hirak, un mouvement de contestation populaire. Ancien premier ministre de M. Bouteflika, M. Tebboune a supervisé la répression du mouvement Hirak qui a mené les manifestations.
Durant 130 ans, la France va tenter de faire de l'Algérie, une « région française » en assimilant des territoires, en développant le pays ou en accueillant une population d'exilés (qui deviendront les pieds noirs), sans jamais assimiler les populations « indigènes ». Nombreux seront les rendez-vous manqués et les promesses non-tenues de la République.
Le système de santé mentale algérien est sous tension et semble figé dans le passé, manquant de l’élan nécessaire pour répondre aux besoins d’une société en transformation et dont les besoins sont immenses.
Kamel Yahiaoui (1966-2023), Exécution sommaire, technique mixte sur toile, 2003
Pour les Algériens qui doivent s’occuper de proches malades, la quête de soins est loin d’être une sinécure. Notamment en psychiatrie. À l’image de cette femme aux traits tirés par des nuits sans sommeil qui accompagne, dans une salle d’attente d’un hôpital psychiatrique algérois construit au début du XXe siècle, un homme qu’elle ne quitte pas des yeux. Elle avait réussi la prouesse de l’attirer, seule, en consultation.
D’un œil perplexe, elle examine une salle comble où le psychiatre de service tente d’assurer aussi bien l’arrivée des urgences, souvent dans les clameurs de patients agités, que les consultations périodiques. La femme espère une hospitalisation qui la soulagerait de l’exténuante surveillance d’un bipolaire en crise, mais rien n’est garanti. La scène, routinière, illustre bien la situation de la santé mentale en Algérie : des besoins de soins en hausse et des moyens qui ne suivent pas.
UN DÉPART MASSIF DES SPÉCIALISTES
Dans un pays en « délicatesse avec les chiffres », il est difficile d’être précis sur la situation de la santé mentale. À défaut, diverses projections témoignent d’une situation préoccupante. En 2007, une étude suisse sur la santé mentale dans le monde révélait qu’au moins deux millions d’Algériens (sur 33 millions) nécessitaient des soins psychiatriques. Les estimations, livrées à l’occasion d’un congrès international de psychiatrie à Alger1, étaient relativement modérées comparées à une étude américaine estimant qu’entre 10 et 12 % des Algériens souffraient de maladies mentales.
En 2012, Farid Chaoui, gastro-entérologue à l’hôpital de Kouba à Alger, dressait, dans un entretien à l’hebdomadaire La Nation, un constat alarmant de l’état de la santé mentale, aggravé par le départ massif des spécialistes durant la décennie noire.
Dix ans plus tard, des praticiens notent une certaine amélioration tout en insistant sur le besoin d’une véritable « politique de santé mentale ». Quelques chiffres officiels permettent d’avoir une idée de l’ampleur des problèmes. En 2017, les maladies mentales atteignaient 5,44 % et se classaient au sixième rang des pathologies les plus fréquentes. Selon l’Institut national de santé publique (l’INSP), en 2020, environ un demi-million d’Algériens souffraient de schizophrénie et il y avait autant de bipolaires.
Dans ce tableau complexe et parcellaire se dessine une trame humaine faite de défis individuels et de lacunes systémiques. Et il est clair que le pays fait face à une croissance des troubles mentaux qui nécessite une adaptation des soins en matière de prévention, de traitement et de droits.
L’Algérie compte cinq pathologies parmi les plus prévalentes de ce siècle : schizophrénie, troubles bipolaires, addictions, dépression et troubles obsessionnels compulsifs. Outre ces troubles identifiés dans la classification de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les Algériens ont connu des périodes de violences massives ayant entrainé des troubles de stress post-traumatique qui n’ont pas fait l’objet de traitement.
Farid Chaoui2 souligne une caractéristique assez unique :
C’est une population qui a été prise en étau entre deux événements traumatiques majeurs, la guerre de libération d’une part et la guerre civile d’autre part. Et entre les deux, se chevauchent les générations. Celle qui a vécu la guerre de libération et en a subi les traumatismes n’a pas été prise en charge sur le plan psychologique (…) Cette génération a de plus, avec les autres générations, subi la guerre civile dont le stress était aussi majeur, voire plus grave que celui de la guerre de libération en termes de choc psychologique.
Une société collectivement impactée par un traumatisme non reconnu et non traité ? La question fait débat même si d’aucuns y voient une explication à la violence latente et aux comportements déviants observés. Par ailleurs, le pays a connu des catastrophes naturelles majeures et des mutations de la structure familiale liées à l’accroissement démographique qui altèrent la santé mentale des Algériens, comme le souligne le plan national de santé mentale 2017-2020.
Des actions ont été menées pour renforcer les services de santé mentale, mais l’accroissement des troubles mentaux est un défi qui s’impose aux acteurs de la santé, du social et du politique. Les consultations psychiatriques représentent environ 1,5 % des consultations dans les structures sanitaires, et 7 % des affections chroniques sont des maladies mentales. L’ensemble des données, bien que disparates, renseignent sur l’existence d’une détérioration significative de la santé mentale dans le pays.
DES DISPARITÉS RÉGIONALES IMPORTANTES
L’Algérie dispose de 19 établissements hospitaliers spécialisés (EHS) psychiatriques, de 27 services de psychiatrie en hôpitaux publics, et de six services en centres hospitaliers universitaires (CHU).
Ces structures totalisent 5 299 lits, avec un ratio de 13,1 lits pour 100 000 habitants. Pour les structures de proximité, il existe 161 centres intermédiaires de santé mentale sur les 188 prévus par le Programme national de santé mentale. Quant aux structures de prévention et de lutte contre les addictions, 42 centres intermédiaires de soins en addictologie sont fonctionnels sur les 53 prévus. Peu d’hôpitaux psychiatriques ont été construits depuis l’indépendance, ce qui donne une idée de l’importance très relative accordée à la santé mentale. De fait, le système de santé ne répond pas à une demande de plus en plus pressante, exacerbée par d’énormes disparités régionales.
Les régions du Nord du pays bénéficient d’une meilleure dotation, avec 83 % des soins de haut niveau concentrés dans cette zone privilégiée, notamment grâce aux cinq CHU sur les six que compte le pays. Une concentration qui s’accompagne toutefois d’une réalité désolante : 77 % des wilayas3 du Nord ne disposent pas d’une offre de soins périphérique, réduisant ainsi l’accessibilité aux soins.
Selon les psychiatres hospitaliers, le pays aurait cependant enregistré une amélioration de la prise en charge, notamment sur le plan structurel. Selon Othmane Telba, chef de service au sein de l’EHS psychiatrique à Biskra (sud-est du pays) :
Il y a eu de nouvelles structures spécialisées, beaucoup de psychiatres ont également été formés au cours des dernières années. Cependant, beaucoup reste à faire, que ce soit sur le plan humain ou matériel ou en matière de prise en charge sociale d’accompagnement.
Même son de cloche avec Mohamed El Amine Bencharif, chef de service de psychiatrie légale à l’hôpital Frantz Fanon de Blida qui estime que si le nombre des hôpitaux et des psychiatres est globalement appréciable, beaucoup de lacunes restent à combler :
Il est indéniable que le système de santé mentale en Algérie est confronté à des lacunes structurelles. Les soins sont pensés autour de l’hospitalisation. Cet « hospitalo-centrisme » est coûteux, peu efficace et freine le développement des soins alternatifs.
Concernant le traitement pharmacothérapique, les deux médecins s’accordent sur les efforts accomplis, mais « l’accessibilité aux médicaments reste un problème, accentué par les ruptures de stock », note le Pr Bencharif. Selon lui, il est impératif de renforcer l’accessibilité aux traitements, de promouvoir les psychothérapies, et de créer des structures facilitant la transition post-cure des patients, au plus près de leur environnement quotidien. Cette approche intégrée contribuerait à une prise en charge plus holistique des maladies mentales.
Un avis partagé par le Dr Telba qui relève que les malades sont souvent :
des victimes de rejet social ou des SDF, que l’on arrive à stabiliser, soigner, et qui, dès leur sortie de l’hôpital, arrêtent leurs traitements et rechutent, ce qui est presque normal pour un malade livré à lui-même. Ces mêmes malades, on les retrouve à nouveau aux urgences psychiatriques plusieurs semaines ou mois plus tard, car ils ont été impliqués dans des problèmes d’ordre public par exemple. C’est dommage ! Ces malades ne trouvent pas de prise en charge sociale dans d’autres institutions publiques qui sont censées assurer le suivi en dehors des établissements hospitaliers
UNE FRAGMENTATION DES SOINS
Les aspirations à une bonne prise en charge de la santé mentale se heurtent aux limites d’une politique de santé cloisonnée.
Le Pr Bencharif explique :
L’absence d’une politique de santé mentale globale se traduit par une fragmentation des soins. Il est impératif de réévaluer la coordination entre les secteurs public et privé, ainsi qu’entre les soins ambulatoires et hospitaliers. Une collaboration pluridisciplinaire est nécessaire. Cela implique l’inclusion de travailleurs sociaux, d’éducateurs spécialisés, d’infirmiers en psychiatrie, de psychologues, d’ergothérapeutes, etc.
Le système de santé mentale en Algérie semble, dans une certaine mesure, figé dans le passé, manquant de l’élan nécessaire pour répondre aux besoins d’une société en transformation. Les efforts pour améliorer la prise en charge post-cure, l’accessibilité aux traitements et l’intégration des familles demeurent insuffisants.
Le Dr Telba souligne, toutefois, que le recours aux hospitalisations se raréfie.
Nous recourons beaucoup plus à la consultation externe au niveau des hôpitaux ou des polycliniques plutôt qu’à l’internement des malades. L’hospitalisation devrait être réservée uniquement à une certaine catégorie de patients. Ce qui était le plus récurrent avant ne l’est plus aujourd’hui, et tant mieux pour nos malades.
Le Pr Bencharif évoque, pour sa part, les conditions d’hospitalisation des patients en psychiatrie, complexifiées par une surcharge notoire au sein des établissements.
Les hôpitaux psychiatriques, bien que disposant d’un nombre accru de lits, font face à une sur-occupation des pavillons, entrainant une dégradation des conditions de traitement. Il faut repenser la distribution des ressources médicales et explorer des solutions novatrices pour améliorer l’accessibilité aux soins, notamment dans les régions éloignées où les structures médicales sont insuffisantes, voire absentes.
Mais la question des moyens est toujours prégnante. Pour le Dr Telba :
Une meilleure prise en charge suggère un plus grand encadrement. Aujourd’hui, selon les chiffres du ministère, nous sommes près de 1 000 psychiatres. Ce chiffre est insuffisant au regard des pathologies et de la population. Si l’on considère déjà les 500 000 bipolaires et les 500 000 schizophrènes, nous sommes déjà trop peu nombreux. Or, nous enregistrons le départ de beaucoup de nos amis et confrères psychiatres vers l’étranger, surtout la France, depuis ces 3 dernières années, sans parler de ceux qui vont vers le secteur privé…
QUAND LES CROYANCES CONSTITUENT UNE ALTERNATIVE
Au pays de Mahfoud Boucebci, un des pères de la psychiatrie algérienne moderne, assassiné le 15 juin 1993 par un groupe islamiste devant l’hôpital psychiatrique d’Alger, et sur la terre d’adoption de Frantz Fanon, la maladie mentale est encore traitée avec des amulettes et des incantations. Les Algériens sont 78,80 % à penser que le Coran peut guérir leurs troubles selon une enquête de l’Institut national de santé publique (INSP) de 2007. La maladie mentale est souvent vécue comme la manifestation de la volonté divine de punir, d’éprouver ou de purifier l’âme du malade. Tous les Algériens connaissent cette citation « c’est Dieu qui donne la maladie et c’est Dieu qui guérit ».
L’invocation de Dieu, du prophète et parfois des saints patrons est investie alors du pouvoir de guérison. Le recours à la roqya4 est très fréquent pour combattre les méfaits du mauvais œil, du mal-être et dans des cas extrêmes se débarrasser de l’emprise d’un djinn ou démon. La roqya est un rite où le raki, l’officiant de cette cérémonie, récite des versets du Coran. Il peut aussi utiliser de l’eau bénite (eau de zemzem) et brûler de l’encens et autres composants pour soulager le patient. La guérison par la religion a toujours existé en Algérie, sa pratique était toutefois du ressort des talebs et imams, personnages respectés de la communauté pour leur savoir théologique.
Elle est devenue un commerce lucratif investi parfois par des charlatans qui recrutent « leurs clients » sur les réseaux sociaux et dans les mosquées. Il n’empêche que les Algériens les consultent avec conviction comme l’explique Maabrouk Laawadj dans son étude « Mutations psychosociales et maladies mentales en Algérie » parue dans la revue Dirassat de l’université d’Oran de 2015.
Ce modèle culturel d’interprétation magique permet d’atténuer l’angoisse par l’objectivation de la persécution, et la désignation du ou des persécuteurs présumés. La maladie n’est plus un processus endogène propre au patient, mais un accident venant du dehors, une intrusion d’un mauvais objet à expulser au plus tôt
La médication coranique, ne nécessitant pas de diplôme, s’est imposée comme alternative aux psychiatres et psychologues qui ne proposent pas de miracle, mais des traitements au long cours. Être considéré comme un malade mental s’accompagne de la souffrance, de la stigmatisation et de la marginalisation de la société. Le fou et, plus encore, la folle « al-mahboula »/« al-majnouna », sont cachés par leurs familles, exclus socialement, telle une honteuse tare infligée aux proches.
Le recours à la sorcellerie, en revanche, est interdit par la loi algérienne basée sur la charia, les pèlerinages des tombeaux de saints, décriés par les islamistes, ainsi que de nombreux rituels, permettent à l’entourage du malade de signifier leur impuissance devant la volonté de Dieu. Ces pratiques tournent parfois au drame comme ce fut le cas pour une fillette tuée au cours d’une séance de roqya menée par un jeune raki, fin mai 2020. Reconnue par la charia et non interdite par la loi algérienne, la roqya prospère dans ce no man’s land juridique.
Le 16 avril 2024, le média TSA publiait la vidéo d’une séance de roqya collective organisée par un tiktokeur qui se fait appeler cheikh Nacer. L’article reprenait également la pétition de plusieurs associations religieuses qui réclamaient des sanctions contre lui. Il reste peu probable que le business de la guérison par le Coran soit menacé, en l’absence de corpus judiciaire.
Il ne s’agit pas cependant pas de jeter le bébé avec l’eau du bain. Hamid Salami, psychologue et ethnopsychiatre explique que les symptômes et les désordres psychologiques sont « codés » par la culture d’origine du patient.
Il faut comprendre scientifiquement ce que signifient, par exemple, la notion de mauvais œil, possession, envoûtement… sans les réduire à des diagnostics structurels construits par la psychiatrie et la psychologie classique. Nous travaillons, à la fois, pour créer des ponts entre les disciplines scientifiques et pour maintenir et encourager les complémentarités entre les différents praticiens qui entourent les patients. C’est à la fois une thérapie groupale et familiale.
Approches modernes et pluridisciplinaires, formation continue du personnel médical, améliorations des infrastructures et création de synergies entre soins hospitaliers et ambulatoires apparaissent comme des axes prioritaires. Enfin, l’élaboration et la mise en œuvre d’une politique de santé mentale cohérente permettraient de transcender l’ancien modèle psychiatrique pour répondre aux défis contemporains.
Pourquoi l’Algérie est-elle restée à l’écart du Printemps arabe ? Selon Tony Barber, du « Financial Times », la réponse est dans l’exceptionnelle brutalité de son passé colonial.
L’année du Printemps arabe a vu déferler en Afrique du Nord et au Moyen-Orient une vague de troubles sociaux et de révolutions politiques. En Algérie, l’ancien régime, lui, n’a pas vacillé. En février, quelques émeutes ont conduit les autorités à lever l’état d’urgence en vigueur depuis dix-neuf ans. Mais les forces armées et les services de sécurité n’ont ni cédé ni subi de pressions de la part de la communauté internationale. Trois raisons à cela. Tout d’abord, les Algériens gardent un souvenir douloureux du conflit entre le régime et les islamistes radicaux qui a fait au moins 200 000 morts dans les années 1990. Ensuite, la détermination des autorités, depuis cinquante ans, à ne jamais perdre la main, grâce notamment à la manne pétrolière. Enfin, la discrétion de la communauté internationale, en particulier de l’ancienne puissance coloniale française, qui s’est tenue à l’écart.
Ces faits s’enracinent dans les cent trente-deux ans de domination française qui ont culminé avec la guerre d’indépendance (1954-1962). Comme l’écrit Martin Evans : « L’Algérie fut l’un des épisodes les plus longs et les plus difficiles du processus de décolonisation. Cet épisode a été le symbole de la fin des empires européens, un événement crucial qui a contribué à tracer les contours du XXe siècle, qui est intimement lié à d’autres processus clés : l’impact des deux guerres mondiales, la guerre froide, le panarabisme et le mouvement de construction de l’unité de l’Europe de l’Ouest. » La guerre a laissé des cicatrices dans la société française. Elle a entraîné le rapatriement de 1,1 million de colons, dont beaucoup ont adopté le populisme antimigratoire d’extrême droite de Jean-Marie Le Pen. Pendant et après la guerre, beaucoup d’Algériens se sont installés en France et y ont fondé des familles, remodelant l’identité nationale.
Trois nouveaux livres éclairent admirablement les premiers temps du colonialisme français, ainsi que l’animosité entre gouvernants et gouvernés qui a engendré un nationalisme algérien intransigeant, et le processus qui a vu s’effondrer l’ambition française de bâtir une société harmonieuse où colons et natifs auraient cohabité pacifiquement. Un tel espoir était d’ailleurs au cœur de la vision humaine et politique d’Albert Camus. Né en Algérie, cet auteur français y situe certaines de ses meilleures œuvres, comme La Peste et L’Étranger. Hommage vibrant de sa fille Catherine, Albert Camus, solitaire et solidaire rassemble des centaines de photos de l’écrivain. Certaines citations qui les accompagnent rappellent combien il déplorait les violences des dernières années de l’Algérie française. « Je n’ai jamais rien écrit qui ne se rattache, de près ou de loin, à la terre où je suis né. C’est à elle, et à son malheur, que vont toutes mes pensées », déclarait-il en 1957, en recevant le prix Nobel de littérature.
Et pourtant, dix ans avant le début de la guerre, la possibilité que l’Algérie surmonte un jour les haines entre les natifs et leurs gouvernants français était déjà infime. Dans Algeria: France’s Undeclared War (« Algérie : la guerre non déclarée de la France »), Evans décrit les violentes manifestations qui ont eu lieu à la fin de la Seconde Guerre mondiale, en mai 1945, dans l’Est algérien, où plus de cent colons furent tués : « Une violente confrontation, suivie de démembrements rituels où les organes génitaux étaient coupés et placés dans la bouche des cadavres, les poitrines lacérées, les gorges tranchées et les ventres éviscérés. » Les représailles françaises ne furent pas moins brutales : des milliers d’Algériens furent massacrés. « Désormais, rien ne pouvait redevenir comme avant. L’Algérie rurale avait affronté l’Algérie européenne, et la société était plus polarisée que jamais », observe Evans.
Plus qu’une guerre
Professeur d’histoire à l’Université de Portsmouth, Evans a utilisé des archives déclassées et de nouveaux témoignages pour démêler l’écheveau de l’histoire française et nord-africaine. Il faut ainsi se souvenir que, pour les dirigeants français et la population, l’Algérie n’était pas une simple colonie mais une partie intégrante de la nation. Dès les années 1880, ses structures administratives étaient les mêmes qu’en métropole et il était impensable que la France puisse en être amputée. Mais l’idée que l’Algérie est comme le Languedoc était fictive. Le code de l’indigénat constituait un « ensemble de lois exclusivement répressives qui ne s’appliquaient qu’aux musulmans », écrit Evans. « L’Algérie française était strictement ségrégationniste […]. La séparation politique produisait la séparation physique. Européens, juifs et musulmans habitaient dans des lieux différents et coexistaient sans jamais se mélanger. »
Il a fallu attendre 1999 pour que l’Assemblée nationale française reconnaisse le combat pour l’indépendance comme une guerre. Pendant le conflit, l’État français ne parlait que d’opérations de « pacification » ou de « maintien de l’ordre et de la loi ». Mais il s’agissait d’une guerre – en réalité bien plus qu’une guerre. Jusqu’à ce que la IVe République soit remplacée en 1958 par la présidence de Charles de Gaulle, il s’agissait pour la France d’un combat crucial pour maintenir son rang de puissance mondiale. Humiliée par la défaite et l’occupation nazie entre 1940 et 1944, elle voyait le contrôle de l’Algérie comme la base d’une union franco-africaine qui s’étendrait de Paris aux possessions d’Afrique centrale et occidentale. La victoire aurait permis de renforcer le poids de la France dans l’alliance antisoviétique et de lui donner un atout dans sa compétition avec « l’impérialisme anglo-saxon » de la Grande-Bretagne et des États-Unis.
Cette ambition a été anéantie par l’irréductible engagement du Front de libération nationale (FLN), mais aussi par la barbarie des forces françaises, notamment durant la bataille d’Alger, en 1957. Leurs atrocités ont discrédité la politique de Paris, en particulier auprès de l’opinion modérée en métropole. La torture était si répandue qu’un caporal de la Légion étrangère a admis que « s’il y avait un jour un nouveau tribunal de Nuremberg, nous serions tous jugés coupables ». Le FLN a aussi beaucoup de sang sur les mains. Se considérant comme l’unique représentant du peuple algérien, il a éradiqué toute contestation, au prix de milliers de morts. Evans a touché le nœud du problème en décrivant ce conflit comme une guerre à plusieurs niveaux qui a opposé les Français aux Algériens, le FLN au FLN, le FLN à d’autres Algériens, et des Français à des Français.
Dès 1830, la brutalité a entaché les premières actions de la France en Algérie. Dans son étude sur les deux premières décennies de la domination française, By Sword and Plow (« Par le sabre et la charrue »), Jennifer Sessions, historienne à l’Université de l’Iowa, décrit les terrifiantes « enfumades » : au milieu des années 1840, des Algériens étaient piégés dans des grottes et enfumés à mort par les forces françaises. Pour Sessions, « la conquête militaire a eu un impact démographique dévastateur sur la population autochtone, et la guerre française figure indubitablement au panthéon des “génocides coloniaux” ». Elle calcule ainsi que la population algérienne est passée de 4 millions à la veille de la colonisation à 2,3 millions au milieu des années 1850.
Traumatisme
L’invasion de l’Algérie a été par bien des aspects un effet secondaire des tensions intérieures françaises. En 1830, la monarchie ultraconservatrice des Bourbons était au bord de l’effondrement. « Confrontés à une large opposition populaire et à une forte majorité libérale à la Chambre des députés, le roi Charles X et le président du Conseil ultraroyaliste Jules de Polignac ont conçu l’expédition d’Alger comme une tentative ultime et désespérée de gagner le soutien électoral », écrit Sessions. Le plus tragique est d’avoir vu des penseurs progressistes comme Alexis de Tocqueville, auteur de De la démocratie en Amérique, promouvoir ce colonialisme impérialiste par opposition à celui pratiqué au XVIIIe siècle, qui reposait sur l’esclavage et les monopoles économiques.
Sessions conclut que, la colonisation de l’Algérie étant profondément enracinée, il était presque certain que la décolonisation se ferait dans une extrême violence. « La guerre d’Algérie a accouché de nouveaux régimes sur les deux rives de la Méditerranée, et le traumatisme qu’elle a engendré est au cœur de la culture politique et du débat historique dans les deux États postcoloniaux », écrit-elle. Le peuple algérien voulait son indépendance et il l’a gagnée. Qu’il mérite ou non le régime actuel et combien de temps celui-ci tiendra sont une autre affaire.
«Ceux qui, pieusement, sont morts pour la patrie ont droit qu'à leur cercueil la foule vienne et prie. (...) Entre les plus beaux noms, leur nom est le plus beau. (...) La voix d'un peuple entier les berce en leur tombeau!» Victor Hugo. (Hymne)
Résumé
L’Algérie est indépendante depuis 62 ans ! Un âge de raison ! Un devoir d’inventaire s’impose pour mesurer le chemin parcouru , reconnaitre, les erreurs et lancer une réflexion sur le futur en tenant compte des contraintes objectives, de la nécessité d’un aggiornamento pour pouvoir avoir une visibilité dans un monde de plus en plus ensauvagé à la fois sur le plan économique où les faibles périssent de différentes manières ( conflits de toutes sortes, avec un soubassement de famine) mais aussi pratiquement il semble qu’il n’y ait plus de barrière que tout est permit, l’éthique étant absente à l’international.
Ainsi Le «monde» est devenu profondément anxiogène. Le Nouvel Ordre économique plus juste auquel avait appelé le président Boumediene à la tribune des Nations Unies il y a quarante ans n’est toujours pas en place . Au contraire, la lutte est pour l'Occident d'imposer le statu quo. Malgré les efforts des BRICS pour un monde multipolaire. Il vient que L'Occident est plus arrogant que jamais. Un monde plus juste est, pour le moment, encore une utopie de plus ne plus lointaine
Ce qui arrive aujourd'hui à Ghaza est une tache à la face des nations, ce qu'Israël a fait relève d'une Shoah continue avec des pays arabes tétanisés. En clair, c'est la guerre dans toutes ses dimensions, économiques, religieuses (l'islam est devenu le Satan de l'Occident) mais aussi scientifiques, technologiques, cybernétiques et, enfin, militaires.
Si on y ajoute la poussée de l’extrême droite en Europe, Les pays sont en compétition , c'est à celui qui sera le plus intolérant. Haro sur les mélanodermes les Arabes , les maghrébins et par dessus tout l'Islam. En France des alliances contre nature se font jour . On voit la conscience de ceux qui se disent représenter les juifs de France ( ce qui n'est pas vrai) le CRIF, et même Serge Klarfeld choisir leur camp à savoir voter pour la droite extrême adoubant un OVNI qui a jailli du néant et qui promet l'enfer aux Français "qui ne sont pas de souche" en matamore et avec la haine de soi ( il aurait des racines algériennes) il veut rompre les subtils équilibres de la Société française qui a mit des dizaines d’années à sédimenter et à rassembler près de 19 millions d'étrangers devenus français par la grâce d'une République et des Lois qui avaient un fort pouvoir d'intégration . Dans ce cadre , on est en droit de se demander quel avenir pour la France et pour l’Algérie si des pyromanes promettent le chaos aux relations houleuses qui ont « tenues » 62 ans dont la particularité est qu’elles ne sont pas "ordinaires" et ne seront pas rompues
Introduction
Les pays coloniaux , écrit le grand poète Aimé Césaire, conquièrent leur indépendance, là est l’épopée. L’indépendance conquise, ici commence la tragédie". Cette phrase du grand poète antillais Aimé Césaire résume, à elle seule, les errements des jeunes pays à l'indépendance. Chacun, pays a sa façon, a traversé les décennies avec plus ou moins de réussite. L'Algérie n'échappe pas à cette loi d'airain. Cependant indépendamment de la dimension politique, si nous devons retenir dans ces 62 ans d'existence de l'Algérie indépendante, c'est la période 1965-78,: Une vision et une planification, avait permis à l'Algérie de se battre avec très peu de moyens, de rares élites qui n'avaient que leur compétence et le feu sacré de voir son pays réussir. Ce fut sans conteste, si on est de bonne foi, un exemple de combat modèle. J'en avais rendu compte dans plusieurs de mes contributions, notamment dans le texte: «Si Boumediene revenait parmi nous»
Bref rétrospective des quinquennats précédents
Pour l'histoire Il faut savoir que de 1965 à 1978, l'Algérie a eu en tout et pour tout près de 22 milliards de dollars de rente pétrolière et nous étions dépendants du pétrole pour une faible part. Ce qui nous reste de 'l'industrie pétrolière, nous le dvns àcette période . Il en est ainsi, du tissu pétrochimique actuel des complexes de GNL, et de la capacité de l'ordre de 22 milliards de tonnes ( de 1980à 2023 à peine 5 millions de tonnes ont été ajoutés dans un contexte de moyens plus importants et d'expertise de cadres en quantités! Après la période Boumédienne Plusieurs gouvernements se sont ensuite succédés et ont d'une façon ou d'une autre détricoté le tissu industriel au nom du de la libre entreprise et du marché. La période des présidents Chadli , la décennie noire et Le quinquennat du président Zeroual nous amène en 1999. Le président Bouteflika a commencé sous de bons auspices notamment en amenant une paix par la fin de la tentation du califat. De plus Une rente insolente a permit d'engranger pour la période 1999-2019 près de 1000 milliards de dollars Le néolibéralisme est passé ensuite, faisant de l'Algérie un bazar. Une manne insolente 1999-2019 de 1 000 milliards n'a pas permis de construire du pérenne si ce n'est le développement du système éducatif dans sa dimension quantitative.
L'Algérie du quinquennat actuel
C'est dans une conjoncture de remise en cause du 5e mandat du president Boutelflika le peuple se souleva Ce sera la revolution du 22 février 1999 ( Hirak) qui déboucha sur des élections le 12 décembre 1999 qui aboutir àl 'élection du président Tebboune qui n'eut pas la tâche facile. Nous allons brièvement rapporter les actions réalisées par le gouvernement, et ce qui devrait être réalisé, de notre point de vue, dans le prochain quinquennat. Où en sommes-nous actuellement dans ce siècle de tous les dangers?
L'Algérie est à quelques mois d'une échéance cruciale. Il est important qu'elle ait en tête les défis qu'elle aura à affronter dans le prochain quinquennat. S'il faut se féliciter de certaines actions positives, qu'il faudra bonifier, il n'en demeure pas moins que des actions prévues n'ont pas pu être concrétisées. Il est bon de rafraîchir la mémoire afin que nul n'oublie. Les espérances promises par le Hirak, chacun de nous les revendique mais la réalité de la gestion du pays a nécessité de sérier les priorités des priorités. Qu'on le sache, l'année 2020 a été difficile, et la rente pétrolière a été la plus faible de la décennie de 20 milliards de dollars alors que les dépenses, même comprimées, dépassaient les 40 milliards de dollars. De plus, nous avons vécu pendant près de 20 mois les affres du Covid-19 et qui, avec le dévouement de tous, a permis de réduire la mortalité. Tout était à faire parce qu'il fallait faire ramener la confiance en assurant avant tout l'approvisionnement multiforme des citoyennes et citoyens, faire fonctionner le système éducatif avec 12,5 millions d'élèves, la santé...
Parallèlement, il fallait faire fonctionner «la machine». Au-delà du fait que globalement les pénuries structurelles ou provoquées ont été jugulées. De même, les institutions ont fonctionné; ce sera le cas de l'Éducation où plus de 10 millions d'élèves on rejoint l'école ou le lycée. Chaque année, le nombre de bacheliers devient important; environ 300 000 diplômés dont un nombre de filles plus important avec un bémol; le baccalauréat mathématiques est le parent pauvre moins de 3% à comparer avec la moyenne mondiale de 20%. Dans le même ordre, des chantiers importants ont été ouverts visant à donner les moyens à l'Algérie d'arriver à une relative indépendance technologique et alimentaire. Dans cet ordre, la mise en chantier de 3000 MW solaire est une performance à mettre à l'actif du ministère de l'Énergie et de SONELGAZ dont les compétences techniques sont à signaler.
Les chantiers du prochain quinquennat
En fait, un nouveau monde est en train de se dessiner, et l'Algérie doit s'adapter. Pour la première fois depuis plus de quarante ans, une volonté nette de développement de l'autosuffisance est affirmée. Elle rejoint l'ambition du président Boumediene dans les années 1970 avec les dizaines de sociétés qui ont été créées et dont il ne reste que les deux grandes, SONATRACH et SONELGAZ. Nous nous retrouvons avec la nécessité de penser plus que jamais au développement durable pour laisser un viatique aux générations futures.
C’est dans ce cadre que le Ministère de la Transition Energétique et des Energies Renouvelables a été crée pour faire l’état des lieux de la production et de la consommation d’énergie qui augmente d’une façon importante et de faire des propositions de rationalisation de la consommation d’énergie C'est un fait, l'Algérie ne peut continuer à consommer de cette façon avec 1 milliard de mètres cubes par semaine! Il y a nécessité de mise en place d'un modèle énergétique flexible pour arriver à 50% d'énergie renouvelable d'ici 2035. Ainsi pour la première fois dans l’histoire de l’Algérie 3000 MW d’énergie solaire ont été lancés par Sonelgaz (2000 MW) et la société SCHEMS qui a lancé les 1000 MW. Les premiers kWh solaire sont prévus début 2025 .
Le quinquennat actuel a donné une espérance au développement du pays rappelant les chantiers de l’ère Boumediene dont la devise, chaque dollar de la rente devrait servir à la création de richesse. C’est ainsi que le développement de l’énergie avec les nationalisations du pétrole et du gaz naturel , la Transsaharienne le barrage vert, les 1000 villages construits pour compenser les 10000 villages qui ont été brûlés par le Napalm furent lancés
Mutatis mutandis, Le président Tebbounne a décider du lancement de chantiers structurants les chantiers de Gara Djebilet, ( un projet dont on rêvait dans les années 70) le projet phosphate et des engrais, Transsaharienne électrique, Port central de Hammadia, veritable hum pour l’entrée vers le continent africain . Les aciéries de Béchar Djendjen qui nous permettront d produire de l’acier qui est la matrice de tout développement d’une industrie lourde, Enfin les mises des métaux Pb Zinc, seront mises en production . Sans oublier agro-industrie autant de chantiers à faire aboutir absolument.
La mise en oeuvre d'un chantier porteur de développement que celui de la Transsaharienne électrique permettra de donner une réelle dimension au transport, en créant des villes nouvelles avec la disponibilité de l'eau et la production progressive de l'électricité solaire. L’énergie sera à 50¨% renouvelable à la fin de la décennie. Nous irons de plus vers la locomotion électrique et l’Algérie ambitionne de produire 1 million de voitures et d’engins de transports ( Bus, camions) d’ici la fin de la décennie . Elle lancera aussi la production d’hydrogène vert. Pour cela elle devra développer des partenariats solides et pérennes avec la Chine, l’Allemagne, l’Italie
Le système éducatif devrait être amélioré
En fait, un nouveau monde est en train de se dessiner, celui de la technologie. L'Algérie se bat pour une transition multidimensionnelle pour faire émerger l'Algérie nouvelle. pour cela il faut revoir fondamentalement le baccéalauréat en créant en portant le chiffre de 2% de bacheliersà au moins 20% à la fin du prochain quinquennat . Cela nous permettra à cette échéance de "produire au moins 50.000 ingénieurs ( contre quelques milliers actuellement ) La création des deux écoles de mathématiques et d'intelligence artificielle à Sidi Abdallah est une rupture que nous saluons car elle consacre dans ce XXIe siècle de tous les dangers la prééminence de la connaissance . Il est important de continuer sur la lancée en mettant en oeuvre les six autres écoles ( notamment de Physique , de biotechnologie de medecine 2.0 d'Economie quantitative de droit et enfin d'agronomie véterinaire prévues initialement Il peut s'avérer nécessaire graduellement de faire passer des réformes rendues nécessaires par la marche d'un monde qui ne fait pas de cadeaux aux pays faibles
Le vivre ensemble pour un projet de société rassembleur
Devant les difficultés du monde actuel, les actions à mettre en oeuvre pour améliorer la qualité de vie mais aussi l'éducation et la santé, il est nécessaire de mobiliser les forces vives du pays . Pour cela un seul remède le parler vrai et la justice. De plus il s'avère plus que jamais nécessaire de tout faire pour le vivre ensemble . Des secteurs comme l'enseignement supérieur par une répartition harmonieuse des disciplines scientifiques nationales permettra le brassage des étudiantes et étudiants qui apprendront à se connaitre ; Il en est de même du serive national immense creuset de l'identité algérienne, il en est de même aussi de la culture qui doit inlassablement arriver à un brassage des régions. Brassage qui sera favorisée par une Transaharienne électrique Imaginons un parcours Tam- Alger 2000 km ; un Train 160 km/h mettra douze heures. C'est toute une vision nouvelle du Sud qui sera mise en place par la circulation des voyageurs avec des Trains électriques ( énergie électrique photovoltaïque. Cela permettra aussi de créer des villes nouvelles avec la disponibilité de l'eau et de l'électricité; le programme de sécurité alimentaire recevra une accélération avec la disponibilité du transport ferroviaire
Conclusion
On le voit, l'Algérie devra plus que jamais compter sur ses enfants. Il y a un train à prendre, celui de la modernité, du développement scientifique et technologique. Nous allons relever ce défi, en formant graduellement des dizaines de milliers d'ingénieurs si on veut rejoindre dans de bonnes condition le train des BRICS qui sera pour nous un immense accélérateur du développement et nous permettre de sortir enfin de l'emprise de l'Union Européenne avec laquelle nous n'avons que des problèmes pour ne pas savoir plier l'échine ...
Il s'agit des fondations d'une Algérie nouvelle qui aura fort à faire dans un environnement impitoyable où seul le savoir compte. Le chemin vers l'excellence est un itinéraire difficile mais c'est le prix à payer pour de bonnes défenses immunitaires. Le monde a changé, les hommes passent mais l'Algérie millénaire et ses enfants sont toujours là. Nos relations avec la France ne seront jamais banales voire normales et c’est tant mieux ! Car 132 ans de compagnonnage douloureux font que notre adversaire intime a besoin de l’Algérie de son savoir faire de sa profondeur stratégique.
De même l’Algérie a un devoir de responsabilité vis-à-vis des Algériens Français qui peuvent servir de passerelles malgré tout les nostalgiques de du bon temps des colonies voire de l’empire , dans un siècle où les relations sont basées sur une multitude de facteurs dont l’aspect humain est important comme c’est le cas des relations algéro-françaises
Gloire à nos martyrs! Bonne Fête de l'indépendance aux Jeunes Algériennes et Algériens qui devraient retrouver le feu sacré des pionniers de l'indépendance.
Article de référence complété: Chems Eddine Chitour https://www.lexpressiondz.com/nationale/qu-est-ce-que-l-independance-au-xxie-siecle-383200
L'Algérie a accédé à l'indépendance le 5 juillet 1962, marquant la fin de plus de 130 ans de colonisation française et une guerre de libération de 8 ans. L'ambiance à ce moment historique était chargée d'émotion et de fierté.
1. Célébrations dans les rues :
Les villes et villages à travers le pays étaient animés par des scènes de joie et d'allégresse. Les rues étaient remplies de foules chantant, dansant et brandissant des drapeaux algériens.
Les feux d'artifice illuminaient le ciel dans de nombreuses régions, symbolisant la victoire et la liberté retrouvée.
2. Discours et déclarations :
Les leaders du Front de Libération Nationale (FLN), qui avaient conduit la lutte pour l'indépendance, prononçaient des discours inspirants. Ils exprimaient leur gratitude envers le peuple algérien pour leur courage et leur détermination, tout en rendant hommage à ceux qui avaient sacrifié leur vie pour la Cause.
3. Symboles de liberté :
Le drapeau algérien, vert et blanc avec un croissant et une étoile rouges, était omniprésent. Il était affiché fièrement sur les bâtiments, les maisons, et les véhicules. Les chants patriotiques et les slogans pour la liberté résonnaient partout.
4. Réactions internationales :
La nouvelle de l'indépendance de l'Algérie était largement couverte par les médias internationaux, et de nombreux pays envoyaient des messages de félicitations. L'indépendance algérienne était vue comme une victoire non seulement pour l'Algérie, mais aussi pour les mouvements de décolonisation à travers le monde.
5. Fêtes et rituels traditionnels :
Dans les communautés locales, des célébrations traditionnelles avaient lieu. Des repas festifs, des danses folkloriques et des cérémonies religieuses marquaient ce moment historique, renforçant le sentiment d'unité nationale.
6. Renouveau national :
L'indépendance n'était pas seulement célébrée comme une victoire politique, mais aussi comme un renouveau culturel et social. Il y avait un sentiment de fierté nationale et un désir de reconstruire le pays sur des bases nouvelles et indépendantes.
7. Mémoire et hommage :
De nombreux Algériens rendaient hommage aux martyrs de la guerre de libération. Des monuments et des mémoriaux étaient érigés pour honorer ceux qui avaient perdu la vie dans la lutte pour l'indépendance.
Ces festivités et célébrations reflétaient, non seulement, la joie de la liberté retrouvée, mais aussi l'aspiration à un avenir meilleur, construit sur les sacrifices et le courage de tout un peuple.
La guerre d'Algérie (1954-1962) reste une période marquante et controversée dans l'histoire contemporaine de la France et de l'Algérie. La victoire du Front de Libération Nationale (FLN) a conduit à l'indépendance de l'Algérie, mais les séquelles de ce conflit sont encore perceptibles aujourd'hui, en particulier dans le discours politique et médiatique français. Voici une analyse des raisons pour lesquelles cette guerre n'est pas pleinement acceptée en France et comment elle influence encore la classe politique française.
1- Mémoire et Histoire
Mémoire Traumatique : La guerre d'Algérie a laissé des cicatrices profondes dans la société française. Pour la France, ce conflit a été une guerre coloniale, marquée par des violences extrêmes, des tortures, et des crimes de guerre. Pour beaucoup de Français, notamment ceux ayant vécu cette période, la guerre représente une période de division et de honte nationale.
Refus de reconnaissance
La France a longtemps hésité à reconnaître officiellement la guerre d'Algérie comme une véritable guerre, préférant utiliser des termes tels que « événements d'Algérie » jusqu'à ce que le terme « guerre » soit officiellement adopté en 1999. Ce refus de reconnaissance a contribué à un sentiment de déni et de non-acceptation des réalités de ce conflit.
2. Utilisation politique de la Mémoire
Rente Mémorielle : La classe politique française utilise souvent la mémoire de la guerre d'Algérie comme un outil dans le débat politique. Cette « rente mémorielle » est utilisée pour mobiliser des électorats spécifiques, notamment les Pieds-noirs, les harkis, leurs descendants et des racistes, qui représentent des groupes de pression influents.
Instrumentalisation électorale
Lors des campagnes électorales, la mémoire de la guerre d'Algérie est souvent ravivée pour des gains politiques. Les candidats peuvent utiliser cette mémoire pour évoquer des thèmes de patriotisme, de souveraineté nationale, ou pour critiquer leurs adversaires. Par exemple, des politiciens peuvent jouer sur le ressentiment des Pieds-noirs, des harkis et des racistes pour obtenir des voix, tout en évitant de confronter les aspects les plus sombres du conflit.
3. Persistance du racisme et de l'islamophobie
Racisme hérité du colonialisme :
Le refus de pleinement accepter la défaite en Algérie est souvent lié à un racisme hérité du colonialisme. La déshumanisation des Algériens pendant la période coloniale continue d'affecter les perceptions contemporaines, alimentant des attitudes racistes et islamophobes en France. Cette dimension raciale du conflit et de ses séquelles est rarement abordée, de manière ouverte, dans le discours public.
Immigration et Stigmatisation
La présence de communautés d'origine algérienne en France est également liée à cette histoire coloniale. Les tensions autour de l'immigration, de l'identité nationale, et de l'Islam en France sont souvent imprégnées des souvenirs de la guerre d'Algérie. La stigmatisation des Français d'origine algérienne peut être vue comme une extension des attitudes colonialistes et une continuation des hostilités du passé.
4. Impact Culturel et Médiatique
Films et Littérature : La guerre d'Algérie est un sujet fréquent dans les films, la littérature, et les documentaires, mais ces représentations sont souvent controversées. Des œuvres comme « La Bataille d'Alger » ou « Hors-la-loi » suscitent des débats passionnés et révèlent les tensions persistantes autour de cette mémoire.
Débat Public
Les médias français jouent un rôle clé dans la manière dont la guerre d'Algérie est perçue et discutée. Des émissions de télévision, des articles de presse et des débats publics abordent régulièrement la question, souvent en lien avec les discussions sur l'identité nationale, la justice historique, et la réconciliation.
Il faut souligner un point crucial concernant la façon dont certains médias et historiens français abordent la mémoire de la colonisation française en Algérie. Voici une analyse approfondie de ces aspects :
1. Déni des Crimes Coloniaux
Narrative Malhonnête
Certains médias et historiens en France continuent, en effet, à minimiser ou à nier les crimes coloniaux commis en Algérie. Cette attitude reflète souvent une réticence à confronter le passé colonial et ses implications, ainsi qu'une volonté de maintenir une image favorable de la colonisation française.
Comparaisons Trompeuses
Il est fréquent que des comparaisons soient faites entre la période coloniale et les défis rencontrés par l'Algérie post-indépendance. Cependant, ces comparaisons omettent souvent de reconnaître le lourd héritage de la guerre d'Algérie sur la société et l'économie algériennes, influencé par la destruction massive, la répression, et les traumatismes infligés pendant la période coloniale.
2. Conséquences de la Guerre d'Algérie
Impact humanitaire
La guerre d'Algérie a eu des conséquences humanitaires dévastatrices pour la population algérienne. Les pratiques telles que la torture, les disparitions forcées, les exécutions sommaires, les centres de regroupement, les camps de concentration, les mines antipersonnel et les conditions inhumaines dans les prisons ont laissé des cicatrices profondes.
Essais nucléaires et autres atrocités
En plus des violences directes, la France a effectué des essais nucléaires dans le Sahara algérien, exposant les populations locales à des risques environnementaux et sanitaires graves. Ces actions ont eu un impact, à long terme, sur la santé et l'environnement dans la région.
3. Héritage post-indépendance
Défis structurels et institutionnels
À l'indépendance, l'Algérie a hérité d'un pays ravagé par la guerre et d'une infrastructure sous-développée. La transition vers l'indépendance a été complexe, exacerbée par la nécessité de reconstruire un État fonctionnel tout en faisant face aux défis économiques et sociaux.
Persistances postcoloniales
Les vestiges du colonialisme français, telles que la domination économique, les relations de pouvoir asymétriques, et les attitudes paternalistes, ont continué d'influencer les relations franco-algériennes et la perception de l'Algérie dans les médias français.
L'analyse des médias et des historiens français révèle une résistance persistante à reconnaître pleinement les crimes coloniaux commis en Algérie, ainsi que leurs conséquences à long terme. Cette attitude contribue à perpétuer un récit biaisé qui minimise les souffrances infligées pendant la période coloniale et qui peut influencer négativement la compréhension publique de l'histoire franco-algérienne. Une révision honnête et critique de cette histoire est essentielle pour une réconciliation authentique et pour construire des relations basées sur la vérité et la justice historique.
Il faut souligner des points essentiels sur la perception et la réception de l'Algérie indépendante par l'état profond français et les médias influencés par les perspectives néocoloniales. Voici une analyse approfondie de ces éléments :
1. Réussites de l'Algérie indépendante
Progrès sociaux et économiques
Depuis son indépendance en 1962, l'Algérie a réalisé plusieurs avancées significatives dans divers secteurs :
Éducation et santé : L'Algérie a investi massivement dans l'Education et les soins de santé, améliorant l'accès à l'Education primaire, secondaire et supérieure ainsi qu'aux services de santé pour sa population.
Infrastructures : Des efforts importants ont été faits pour développer les infrastructures, y compris les routes, les réseaux d'eau potable, et l'électrification des zones rurales.
Reboisement et environnement : Des programmes de reboisement ont été mis en place pour lutter contre la désertification et préserver les ressources naturelles.
Logement social : La construction de logements sociaux a permis d'améliorer les conditions de vie des citoyens, bien que des défis persistent.
Nationalisation des Ressources : L'Algérie a nationalisé ses ressources naturelles, notamment les hydrocarbures, visant à maximiser les bénéfices pour le développement national.
2. Réception par l'État profond français et les médias
Hostilité et réserve
Malgré ces réussites, l'Etat profond français et certains médias continuent souvent à minimiser ou à ignorer les progrès réalisés par l'Algérie indépendante. Cela s'explique par plusieurs facteurs:
Intérêts néocoloniaux : Certains secteurs de l'establishment français ont des intérêts économiques et géopolitiques en Algérie, ce qui peut influencer leur attitude critique envers les politiques nationales algériennes.
Mémoire coloniale : La mémoire de la guerre d'Algérie et de la période coloniale continue de colorer les perceptions françaises, souvent en limitant la reconnaissance des avancées post-indépendance.
3. Ahmed Ben Bella et le Changement politique
Choc pour les médias et les forces néocoloniales
L'élection d'Ahmed Ben Bella comme premier président de l'Algérie en 1963 a représenté un défi significatif pour les forces néocoloniales et pour certains médias français :
Symbole de souveraineté et d'indépendance : Ben Bella, en tant que figure emblématique de la lutte pour l'indépendance, incarnait la volonté de l'Algérie de se libérer du colonialisme et de prendre en mains son destin.
Réactions négatives : Son élection a suscité des réactions hostiles et de la méfiance parmi les cercles conservateurs en France, reflétant les craintes de perturbation des intérêts économiques et politiques établis.
Il faut mettre en lumière un aspect crucial de l'histoire post-indépendance de l'Algérie : la transformation de l'Armée de Libération Nationale (ALN) en Armée Nationale Populaire (ANP) et son rôle crucial dans la stabilité du pays. Voici une analyse approfondie de ces éléments :
1. Transformation de l'ALN en ANP
Contexte historique
L'Armée de Libération Nationale (ALN) était la force armée principale pendant la guerre d'indépendance contre la France. Après l'indépendance en 1962, elle a été réorganisée et est devenue l'Armée Nationale Populaire (ANP), chargée de la défense nationale et de la sécurité intérieure de l'Algérie.
Rôle dans la stabilité post-indépendance
L'ANP a joué un rôle crucial dans la consolidation de la souveraineté algérienne et dans la stabilisation du pays après la guerre d'indépendance. Elle a contribué à éviter une guerre civile potentielle, notamment en contrecarrant les tentatives de déstabilisation menées par l'Organisation de l'Armée Secrète (OAS) et d'autres groupes partisans de l'Algérie française et en mettant en échec l'agression du Maroc en 1963.
2. Critiques contre l'ANP
Origines des critiques
Malgré son rôle stabilisateur, l'ANP a fait face à des critiques internes et externes pour plusieurs raisons :
Politique et gouvernance : Certains critiques en Algérie et à l'étranger ont remis en question son rôle dans la politique intérieure et son influence sur la gouvernance nationale.
3. Puissance régionale de l'ANP
Évolution militaire
Au fil des décennies, l'ANP est devenue l'une des armées les plus puissantes de la région, non seulement en termes de capacités militaires mais aussi en tant qu'acteur stratégique régional.
Sécurité et stabilité régionales : L'ANP a joué un rôle clé dans la sécurité et la stabilité de l'Algérie, ainsi que dans la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme violent dans la région du Sahel et au-delà.
Diplomatie militaire : Ses relations avec d'autres armées nationales et organisations régionales renforcent son influence et sa capacité à jouer un rôle de médiation et de stabilisation dans les conflits régionaux.
Les défis économiques et politiques actuels de l'Algérie, tels qu'exprimés par le Président Abdelmadjid Tebboune, sont d'une importance cruciale pour l'avenir du pays. Voici une analyse de ces défis et des objectifs à atteindre :
1. Diversification économique
Réduction de la dépendance aux Hydrocarbures
L'Economie algérienne est fortement dépendante des hydrocarbures, qui représentent une part importante des revenus de l'État et des exportations. Le Président Tebboune a mis en avant la nécessité de diversifier l'économie pour réduire cette dépendance :
Développement de secteurs non-pétroliers : L'accent est mis sur le développement de secteurs comme l'Agriculture, le Tourisme, les Energies renouvelables et l'Industrie manufacturière pour créer de nouvelles sources de revenus et d'emplois.
Innovation et technologie : Investir dans l'innovation, la recherche et le développement technologique est essentiel pour moderniser l'économie et encourager l'entrepreneuriat.
Reformes Structurelles
Pour réussir cette diversification, des réformes structurelles sont nécessaires :
Amélioration du climat des affaires : Faciliter la création et la croissance des entreprises en réduisant la bureaucratie, en augmentant la transparence et en renforçant la protection des investisseurs.
Infrastructures modernes : Développer des infrastructures modernes et efficaces pour soutenir le Commerce et l'Industrie, y compris les réseaux de Transport et de Communication.
2. Doctrine de Non-alignement
Non-Alignement revisité
L'Algérie a une longue tradition de non-alignement, héritée de sa lutte pour l'indépendance et de sa position géopolitique. Le Président Tebboune vise à renforcer cette doctrine en l'adaptant aux réalités contemporaines :
Indépendance diplomatique : Maintenir une politique étrangère indépendante, basée sur la souveraineté nationale et le refus de l'ingérence étrangère, tout en cherchant à jouer un rôle de médiateur dans les conflits régionaux et internationaux.
Coopération internationale : Promouvoir la coopération Sud-Sud et renforcer les relations avec les pays africains, asiatiques et latino-américains pour diversifier les partenariats économiques et politiques.
3. Émergence d'un Etat démocratique et social
Déclaration du Premier Novembre 1954
La Déclaration du Premier Novembre 1954, qui a marqué le début de la lutte pour l'indépendance de l'Algérie, prônait l'établissement d'un État démocratique et social. Pour réaliser cette vision, plusieurs étapes sont nécessaires :
Réformes politiques : Renforcer les institutions démocratiques, assurer la transparence électorale, et promouvoir la participation citoyenne. Cela inclut la lutte contre la corruption et l'amélioration de la gouvernance.
Justice sociale : Mettre en place des politiques visant à réduire les inégalités et à garantir l'accès aux services de base pour tous les citoyens, y compris l'Education, la Santé et le logement.
État de droit : Garantir le respect des Droits de l'homme, de la liberté d'expression et de la presse, et assurer une justice indépendante et équitable.
Conclusion
Les défis actuels de l'Algérie sous la direction du Président Tebboune sont vastes et complexes, mais ils sont essentiels pour l'avenir du pays. La diversification économique, le renforcement de la doctrine de non-alignement et l'émergence d'un État démocratique et social sont des objectifs ambitieux mais réalisables, ancrés dans les aspirations historiques et les besoins contemporains de l'Algérie. Le succès de ces initiatives dépendra de la volonté politique, de l'engagement citoyen, et de la capacité à mettre en œuvre des réformes profondes et durables.
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