Les milieux du Hezbollah s'attendent à une riposte violente.
Les habitants de Majdel Chams rassemblés autour du site d'un tir de missile qui a tué au moins 12 jeunes, le 28 juillet 2024. Menahem Kahana/AFP
« L'erreur » tant redoutée a fini par arriver. Depuis le début des affrontements au Liban-Sud entre le Hezbollah et Israël, la communauté internationale a alerté à multiples reprises les belligérants contre une erreur de calcul ou de jugement qui pourrait faire déraper les choses vers une guerre totale, voire régionale. Après la mort d'au moins 12 civils à Majdel Chams, dans le Golan syrien annexé par Israël, ce risque n'a jamais été aussi élevé. Peu importe qui est responsable de ce tir, Israël semble déterminé à l'utiliser comme prétexte pour une escalade. Cela coïncide avec la fin de la visite du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu aux États-Unis, où il a tenté de faire pression tant sur les démocrates que les républicains pour obtenir un soutien en vue d'intensifier la confrontation avec le Hezbollah.
Après l'incident de Majdel Chams, Benjamin Netanyahu a choisi de ne pas se précipiter pour riposter, mais a raccourci son séjour aux États-Unis. À son retour en Israël dimanche, il a tenu des réunions sécuritaires pour discuter de la frappe, avant présider une réunion ministérielle. Selon les informations de notre journal, le Premier ministre israélien a contacté les responsables américains pour discuter avec eux de la manière de mettre en œuvre une riposte forte. En parallèle, les responsables à Washington ont intensifié leurs contacts avec diverses parties, et l'émissaire américain Amos Hochstein a contacté le président de la Chambre Nabih Berry, le Premier ministre Nagib Mikati et le leader druze Walid Joumblatt, ainsi que les Israéliens afin d'empêcher que la riposte de ces derniers ne conduise à une guerre généralisée.
Contacts entre l'Iran et les États-Unis
« Il y a également eu un contact irano-américain visant à prévenir l'escalade, assure une source diplomatique. Les Américains ont demandé aux Iraniens de faire pression sur le Hezbollah pour ne pas aggraver l'escalade et la réponse, tandis que les Iraniens ont insisté sur le fait que si Israël décidait d'élargir la bataille et de changer les règles d'engagement, tout l'axe iranien serait impliqué aux côtés du Hezbollah. » Selon les informations, la réponse israélienne est certaine, mais les communications se concentrent sur la coordination de cette frappe pour qu'elle soit précise et limitée et qu'elle soit comprise de manière à ne pas déclencher une guerre. Si la frappe vise une cible au Liban-Sud ou dans la Békaa, une grande escalade pourrait être évitée, avec une réponse limitée du Hezbollah. Cependant, si les Israéliens violent considérablement les règles d'engagement et ciblent par exemple la banlieue sud de Beyrouth ou mènent une grande opération d'assassinat, cela pourrait entraîner une escalade plus importante.
Pas Beyrouth
Dimanche dans la soirée, les États-Unis continuaient de faire pression sur Tel Aviv pour éviter une riposte israélienne qui risquerait de provoquer un conflit total, selon des informations obtenues auprès d'une source informée. Les Américains font pression pour une frappe qui ressemble à celle lancée contre les houthis après un tir de drone à Tel Aviv qui avait fait un mort le 19 juillet. Israël avait répliqué en bombardant le port de Hodeida, contrôlé par les houthis, provoquant un incendie massif qui a continué de brûler pendant des jours, notamment dans des installations pétrolières, et fait plusieurs morts. Une telle riposte viserait une cible spécifique, sans toutefois provoquer de réponse importante de la part du Hezbollah, et les affrontements reprendraient ensuite selon les règles d'engagement actuelles. Toutefois, les Israéliens continuent de pousser pour une réplique plus poussée. Washington insiste également auprès des Israéliens pour que la frappe ne vise pas Beyrouth.
Le Hezbollah affirme ne pas avoir d'informations sur ce qui s'est passé à Majdel Chams. « Ce n'est pas le Hezbollah qui a lancé les roquettes, dit un responsable du parti chiite. Mais les Israéliens insistent pour accuser le parti afin de justifier une réponse forte ». Les milieux de Haret Hreik disent s'attendre à une réponse israélienne violente mais assurent que le parti ne permettra pas à Israël d'imposer de nouvelles règles d'engagement. Ils ajoutent que si la riposte fait des victimes civiles, le Hezbollah répliquera à son tour de manière plus violente. « Si l'escalade israélienne est importante, dit la source, alors notre réponse le sera aussi ».
OLJ / Par Mounir RABIH, le 28 juillet 2024 à 16h25
https://www.lorientlejour.com/article/1421770/frappe-a-majdel-shams-efforts-americano-iranien-pour-une-riposte-mesuree.html
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