Gaza, en images. Avant les massacres… Et après les massacres. Par Johann Soufi, avocat. Et le film de Motaz Azaiza…
a, en images. Avant les massacres… Et après les massacres. Par Johann Soufi, avocat. Et le film de Motaz Azaiza…
« Comme beaucoup, je suis épuisé de penser à la violence, la destruction et la terreur que vivent mes amis à Gaza. Pour cet Aïd qui ne peut être joyeux pour ceux qui souffrent tant, j’ai décidé de partager quelques-uns de mes plus beaux souvenirs de Gaza » Johann Soufi, avocat, sur X.
Attention, les images sont terribles et plus que difficiles mais moins que la réalité de ce que vivent des personnes humaines, dont le seul tort est d’être nées en Palestine… Rien ne justifie cela. Rien, sinon la volonté délibérée de les éliminer.
Et dénoncer cette injustice faite aux Palestiniens non ce n’est pas être antisémite. C’est être du côté des Droits de l’homme et du citoyen pour dire que tous les êtres humains sont égaux en dignité et en droits. Partout. Et être du côté des Droits de l’homme et du citoyen, c’est être contre tous les racismes, toutes les exclusions, sans exception.
Je ne sais pas si le Nouveau Front Populaire pourra faire cesser ce feu indigne et libérer tous les otages, ce qui est sûr, c’est que les autres -tous les autres- ne feront rien d’autre que de soutenir l’extrême droite au pouvoir en Israël, puisqu’ils le font déjà.
Johann Soufi, avocat
Par micheldandelot1 dans Accueil le 18 Juin 2024 à 08:14
Rami Abou Jamous écrit son journal pour Orient XXI. Ce fondateur de GazaPress, un bureau qui fournissait aide et traduction aux journalistes occidentaux, a dû quitter en octobre son appartement de la ville de Gaza avec sa femme et son fils Walid, deux ans et demi, sous la pression de l’armée israélienne. Réfugié depuis à Rafah, Rami et le siens ont dû reprendre la route de leur exil interne, coincés comme tant de familles dans cette enclave miséreuse et surpeuplée. Cet espace lui est dédié depuis le 28 février 2024.
Khan Younès, dans la bande de Gaza, 16 juin 2024. Une fillette palestinienne, vêtue de nouveaux vêtements, est assise au milieu des décombres d’un bâtiment détruit alors qu’elle célèbre l’Aïd al-Adha.
Samedi 16 juin 2024.
Ce dimanche, c’est l’Aïd el-Adha. C’est la plus importante fête de l’islam, à l’occasion de laquelle on sacrifie un mouton. Normalement, dans les premiers jours du mois de dhou al-hija1, avant l’Aïd qui a lieu le dixième jour, on se prépare spirituellement. Mais c’est aussi l’occasion de faire des achats, de préparer des gâteaux, et surtout d’offrir des cadeaux aux enfants. Ils reçoivent une enveloppe avec de l’argent, appelée aidiyeh,comme pour l’Aïd qui suit le ramadan. Ils font le tour de la famille pour voir les oncles, les amis, et surtout pour recevoir cette petite somme d’argent. D’habitude, j’achète aussi des chocolats. Aujourd’hui, dans toute la bande de Gaza on ne trouve plus un seul bonbon.
Beaucoup d’enfants vont fêter cet Aïd sans leurs parents, ni leurs frères et sœurs, parce qu’ils ont été tués dans les massacres. Ils n’auront personne pour leur acheter de nouveaux habits ou leur donner une aidiyeh.
Comme vous le savez, j’ai quatre enfants : les trois fils de ma femme Sabah et Walid, notre petit dernier. J’ai donné un surnom à chacun des quatre. Moaz, l’aîné, qui a 14 ans, je l’appelle ‘Abkarino, « le génie », parce qu’il utilise son cerveau de façon très maligne pour diriger ses frères et les faire travailler à sa place. Le deuxième, Sajid, a 12 ans et je l’appelle ‘Adalat, « Monsieur Muscle ». C’est le petit costaud qui est toujours là pour m’aider à remplir la citerne d’eau, à faire les courses, etc. Le petit Anas, 9 ans, je l’appelle « l’international », parce que c’est un mélange des deux. Il est très malin et il est musclé. Il utilise son cerveau et en même temps il utilise ses muscles, il est aimé par tout le monde, c’est un passe-partout. Je fais cette courte présentation avant de vous raconter comment Sajid a vécu cette préparation à l’Aïd dans cette situation de guerre où nous manquons de tout.
« JE SAIS QUE CE N’EST PAS LE MOMENT »
On offre toujours des habits aux enfants ce jour-là, parce qu’ils doivent être bien vêtus pour la fête, et c’est une occasion de renouveler leurs vêtements. Mais cette année, il n’y a pas d’habits à vendre dans toute la bande de Gaza. En avril, lors de l’Aïd al-fitr, le « petit Aïd » qui marque la fin du ramadan, nous avions eu la chance de recevoir un colis de France avec des vêtements. Là, en revanche, nous attendions un envoi, mais rien n’est encore arrivé au moment où j’écris ces lignes. Sajid rêve de vêtements neufs. Il a dit à sa maman : « J’ai vu qu’il y avait un endroit où on vend des habits pour khalo . » Les enfants de Sabah m’appellent ainsi, ce mot veut dire « oncle maternel ». J’ai souri parce que j’ai bien compris ce qu’il voulait dire : il espérait que si j’achetais des habits pour moi, je devrais aussi en prendre pour lui.
Je lui ai répondu, avec un sourire en coin, pour le faire un peu marcher : « Moi, je n’en ai pas besoin, tu sais. Et puis, pourquoi fêter l’Aïd ? On vit sous une tente, je n’ai pas besoin de beaux habits. Depuis huit mois je porte en alternance deux t-shirts et deux pantalons. »
Il n’a pas réagi, mais deux ou trois heures plus tard, il a dit : « Mais je crois qu’à Nusseirat, on pourra trouver quelque chose pour Walid. » Il s’est dit que si le prétexte ne fonctionnait pas avec khalo, peut-être qu’il pourrait utiliser Walid. Toujours avec le même sourire, j’ai dit : « Ce n’est pas le moment d’acheter des choses pour Walid, et de toute façon il n’y a plus rien sur les marchés. » Sajid a insisté : « Karim dit qu’à Nusseirat, il y a des habits pour les enfants, on pourra trouver des habits pour Walid. » Karim a le même âge que Sajid, mais c’est un jeune frère de Sabah. Sajid était un peu vexé, sa mère et moi avons continué à le taquiner. Finalement, je lui ai dit :
— Tu sais, on m’a dit qu’à Nusseirat, il y a une boutique qui vend des habits pour vous, ils ont exactement vos tailles, à tous les trois. Et apparemment, ce sont de beaux vêtements. — Oui, oui ! J’en ai entendu parler aussi ! — Alors tu veux des habits pour l’Aïd ? Pourquoi tu ne me l’as pas dit directement ? — Je ne voulais pas te le dire parce que je sais que ce n’est pas le moment, mais tu sais que j’aime être bien habillé pour la fête, surtout si on va chez ma grand-mère, comme d’habitude.
LES ISRAÉLIENS ONT INTERDIT L’ENTRÉE DES MOUTONS ET DES VEAUX POUR L’AÏD
Je lui ai dit qu’on allait se rendre à Nusseirat, même si je savais qu’on n’y trouverait pas grand-chose, parce que j’ai déjà cherché partout. Il n’y a plus rien sur les marchés dans toute la bande de Gaza. Finalement, on a quand même trouvé quelque chose, mais cela n’avait rien à voir avec des vêtements de l’Aïd. C’étaient peut-être des habits neufs, mais avant la guerre, on n’en aurait même pas voulu comme pyjama. Ces vêtements pour les trois enfants de Sabah nous ont coûté une fortune : 900 shekels (225 euros), alors qu’avant la guerre on aurait payé moins de 50 shekels (12 euros). Mais nous avons acheté ces vêtements pour faire plaisir eux enfants. Au moins, c’était nouveau. Tout le monde était content.
Si je vous raconte l’histoire de Sajid, c’est pour vous montrer que malgré tout ce qu’on est en train de vivre, les souffrances, les massacres, l’Aïd est toujours un rite important pour les enfants, loin de de tout ce qu’il se passe autour de nous.
C’est pour eux un moment de joie. Malheureusement, des milliers d’enfants n’ont pas eu de nouveaux habits, comme Sajid, parce qu’il n’y a presque plus de vêtements à acheter et que de toute façon la majorité des gens n’en ont pas les moyens. En outre, cette année, il n’y aura pas de sacrifice, parce qu’il n’y a pas de moutons ni de veaux dans toute la bande de Gaza. Les Israéliens empêchent l’entrée de l’aide humanitaire depuis presque deux semaines, et surtout, ils ont interdit l’entrée des moutons et des veaux pour l’Aïd. Quelques fermiers en ont, mais c’est loin de suffire pour tout le monde. C’est donc une fête manquée, à cause du poids dans nos esprits des massacres, des boucheries où des enfants ont perdu leurs parents, leurs proches, leurs maisons. Et puis on n’arrive pas à fêter au niveau spirituel, à vraiment vivre complètement cet événement, car le sacrifice est fortement recommandé pour ceux qui en ont les moyens.
Cet Aïd manqué nous rappelle le précédent, l’Aïd al-fitr, le « petit Aïd », quand on espérait une trêve pendant le ramadan. À chaque Aïd, on a l’espoir d’un cessez-le-feu, mais il n’arrive pas. Et là c’est pareil malheureusement. On fête l’Aïd sous les bombardements, au milieu des massacres, des crimes, des boucheries.
Malgré tout, j’étais content pour Sajid. Quand nous sommes rentrés chez nous, sous notre tente, il était si heureux qu’il s’est endormi avec ses nouveaux habits à côté de lui. Depuis deux jours, le matin, il se demande : « Est-ce que je porte ce pantalon ou celui-là ? Ce t-shirt ou l’autre ? » Et je suis heureux parce que je vois dans ses yeux qu’il est enchanté de ses vêtements. Et comme je fais tout pour que les enfants ne se rendent pas compte que nous sommes dans la misère, pour leur faire croire que nous menons une vie normale, même si c’est sous une tente, je suis content qu’ils pensent aux habits, à l’Aïd, et que Sajid ait demandé à Sabah de faire des gâteaux, des maamoul. Je suis heureux que Sajid ait ce caractère joyeux, et qu’il soit gourmand comme moi.
Je vois cette joie de vivre dans ses yeux et ceux de ses frères, ce plaisir de la fête, de s’éloigner pendant un moment des circonstances que nous vivons. J’espère qu’il y aura un cessez-le-feu et que les enfants pourront fêter l’Aïd comme il faut. Nos enfants ont vécu dans les pires conditions, ils méritent que tout ça s’arrête, et de vivre comme les autres enfants du monde, porter de beaux habits, recevoir des cadeaux, jouer dans les parcs d’attractions, aller au bord de la mer.
Vendredi, j’ai pu leur faire une surprise. J’ai apporté une petite piscine gonflable. Ils étaient ravis. Surtout Walid et « Monsieur Muscle », Sajid, qui a le cœur d’un petit enfant, et qui a joué avec Walid. Je suis tellement heureux de voir leurs yeux briller. Et d’avoir transformé notre tente en villa, avec une piscine qui fait la joie des enfants.
Le gouvernement israélien maintient le flou sur l'après-guerre dans la bande de Gaza, mais des ministres plaident sans détour pour l'annexion du territoire palestinien et le rétablissement des colonies, démantelées il y a près de 20 ans.
Photo d'archives montrant des drapeaux israéliens flottant au vent derrière une clôture de barbelés lors d'une cérémonie marquant la fin de la présence militaire israélienne dans la bande de Gaza, dans une base militaire évacuée près de l'ancienne colonie de Neve Dekalim, dans le sud de la bande de Gaza, le 11 septembre 2005.
PHOTO : GETTY IMAGES / AFP/DAVID FURST
« Une maison au bord de la mer, ce n’est pas un rêve! » Ce slogan promotionnel d’une agence immobilière aurait pu passer inaperçu si ce n’est du visuel qui l’accompagne.
L’image, partagée sur le compte Instagram de l’entreprise Harei Zahav, spécialisée dans la construction de logements dans les colonies israéliennes en Cisjordanie, montre des plans d’habitations modernes surplombant des ruines sur le littoral de Gaza.
Nous travaillons sur le déblaiement des débris et l’expulsion des squatteurs. Nous espérons que, dans un proche avenir, […] nous pourrons commencer la construction dans la région du Goush Katif, indique un texte en hébreu en bas du visuel.
L'entreprise immobilière israélienne a publié sur Instagram ce visuel montrant des plans de logements modernes juxtaposés aux ruines de Gaza. Les comptes Instagram et Twitter de l'entreprise ont été supprimés quelques jours après cette publication.
PHOTO : INSTAGRAM/HAREI ZAHAV
Goush Katif fait référence à l’ancien bloc de colonies implanté dans la bande de Gaza pendant 38 ans, entre 1967 et 2005. Le 11 septembre 2005, le gouvernement d’Ariel Sharon avait achevé le retrait de ses troupes et des 8000 colons qui vivaient dans ce territoire palestinien.
Proche-Orient, l’éternel conflit
Proche-Orient, l’éternel conflit
Des faucons s'expriment
Au-delà de son caractère anecdotique, cette campagne publicitaire, qui a été plus tard effacée, reflète une position partagée par plusieurs politiciens, dont des députés et des ministres au sein du gouvernement de Benyamin Nétanyahou, le gouvernement le plus à droite de l’histoire d'Israël, issu d'une alliance avec des partis ultraorthodoxes et d'extrême droite.
Le ministre du Patrimoine, Amichai Eliyahu, est l’un de ces faucons. Membre du parti d'extrême droite Otzma Yehudit, il a récemment déclaré qu'Israël doit entièrement réoccuper la bande de Gaza après la guerre, affirmant que les Palestiniens sont incapables de contrôler le territoire sans en faire un foyer de terrorisme.
Photo d'archives datant du 13 septembre 2005 sur laquelle on voit des Palestiniens autour d'une synagogue abandonnée dans l'ancienne colonie israélienne de Neve Dekalim, dans le sud de la bande de Gaza, après son démantèlement.
PHOTO : GETTY IMAGES / AFP/PEDRO UGARTE
Ce même ministre avait fait la une des journaux en novembre lorsqu’il a évoqué la possibilité de larguer une bombe nucléaire sur la bande de Gaza pour en finir avec le Hamas. Interrogé sur le sort de la population palestinienne, il a déclaré : Ils peuvent aller en Irlande ou dans le désert; les monstres de Gaza devraient trouver une solution par eux-mêmes.
Ses commentaires ont été rapidement désavoués par M. Nétanyahou, qui a temporairement suspendu la participation du ministre aux réunions de son Cabinet.
Quelques jours après le début de la guerre, les ministres de l’Éducation, Yoav Kisch, et des Transports, Miri Regev, ont tous deux accusé les politiciens à l’origine du démantèlement des colonies dans la bande de Gaza d’être responsables de l’attaque sanglante du Hamas du 7 octobre dernier.
Des enfants jouent à côté de bâtiments abandonnés dans l'ancienne colonie juive de Ganei Tal, à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 11 août 2015. (Photo d'archives)
PHOTO : GETTY IMAGES / AFP/SAID KHATIB
Ce jour-là, le mouvement islamiste palestinien a lancé une attaque inédite en sol israélien à partir de la bande de Gaza, faisant au moins 1140 morts, la plupart des civils.
Quelque 250 personnes ont par ailleurs été prises en otage lors de cette attaque. Depuis, une centaine d'entre elles ont été libérées dans le cadre d’une trêve, à la fin de novembre, en échange de 240 prisonniers palestiniens.
En représailles, Israël a juré d'anéantir le Hamas, pilonnant le territoire palestinien, l'assiégeant et menant une vaste opération terrestre depuis le 27 octobre. Plus de 20 000 personnes ont été tuées dans les bombardements israéliens, majoritairement des femmes, des enfants et des adolescents, selon le ministère de la Santé du Hamas.
Une épaisse fumée se dégage du nord de Gaza, vue du côté israélien de la frontière, le 21 décembre 2023.
PHOTO : GETTY IMAGES / MAJA HITIJ
Cette guerre, c’est la Nakba de Gaza 2023, a dit le ministre de l’Agriculture, Avi Dichter, à la télévision israélienne, le 12 novembre. La Nakba, qui veut dire catastrophe en arabe, fait référence à l'appellation dans le monde arabe de la création de l'État d'Israël, en 1948, et de l'exode des Palestiniens qui s'en est suivi.
À ce jour, 1,9 million de personnes, soit 85 % de la population palestinienne, ont été déplacées par la guerre, selon l'ONU.
Après avoir ordonné l’évacuation du nord de la bande de Gaza au début de l’offensive, forçant le déplacement de plus d’un million de Palestiniens, Israël a de nouveau lancé jeudi un appel à évacuer une vaste zone de Khan Younès, la plus grande ville du sud du territoire.
Bezalel Smotrich, colon et ministre des Finances, parle de migration volontaire des Palestiniens de Gaza, affirmant que c’est la bonne solution humanitaire pour l’enclave assiégée et pour la région, une position que l’Autorité palestinienne qualifie de soutien au nettoyage ethnique.
Des Palestiniens réfugiés dans des tentes, le 21 décembre 2023, à Al-Mawasi, à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.
PHOTO : GETTY IMAGES / AHMAD HASABALLAH
Le ministre d’extrême droite a fait ces déclarations à la mi-novembre à la suite de la publication d’un article dans le Wall Street Journal par deux députés israéliens, dont l’ancien ambassadeur d’Israël auprès des Nations unies, appelant les pays occidentaux à accueillir une partie de la population palestinienne de Gaza.
Un vieux rêve ravivé
Les appels pour la réoccupation de la bande de Gaza ne datent pas d’hier, mais l’attaque du Hamas du 7 octobre a ravivé ce vieux rêve chez l’extrême droite israélienne.
En mai, soit cinq mois avant l’assaut meurtrier du Hamas, M. Smotrich et le ministre des Missions nationales, Orit Strock, du parti d’extrême droite Sionisme religieux, avaient séparément lancé un appel à la reconquête de l’enclave par Israël pour en finir avec les attaques répétées des groupes armés palestiniens dans le territoire.
Le moment viendra probablement de retourner à Gaza, de démanteler le Hamas et de démilitariser Gaza, a dit M. Smotrich dans une entrevue à la télévision i
sraélienne. Je crois que le moment viendra où il n’y aura plus d’autre choix que de reconquérir Gaza.
L'une des images marquantes du démantèlement des colonies juives de la bande de Gaza en 2005. Deux Israéliennes pleurent d'un trou dans le toit de leur maison quelques instants avant d'être évacuées de la colonie de Goush Katif, dans le sud de la bande de Gaza.
PHOTO : GETTY IMAGES / AFP/ROBERTO SCHMIDT
Le 11 décembre, une coalition de mouvements de colons a tenu une conférence pour discuter d’un plan pratique pour le rétablissement des colonies juives à Gaza. Selon le quotidien israélien Haaretz, la conférence a attiré quelque 200 personnes et les organisateurs ont déjà dressé une liste de familles qui se sont engagées à s’installer dans un éventuel projet de colonies à Gaza.
Après [le 7 octobre], tout le monde comprend que les colonies sont synonymes de sécurité, et là où il n'y a pas de colonies, il y a la terreur, les massacres et l'Holocauste, a déclaré Yossi Dagan, chef du Conseil régional des colonies de Samarie, dans le nord de la Cisjordanie, dans une récente entrevue accordée à la chaîne israélienne 14, une chaîne de droite.
Appelé à réagir, le consul général d'Israël à Montréal, Paul Hirschson, a minimisé les propos des ministres de l’extrême droite, affirmant qu’ils ne représentent qu’une frange de la société israélienne.
Les opinions les plus extrêmes attirent plus d’attention qu’elles ne le méritent, dit-il à Radio-Canada. Je ne dis pas que ces opinions n’existent pas. Elles existent, mais elles n’ont aucune influence.
Photo d'archives montrant une murale démolie après le démantèlement de l'ancienne colonie juive de Morag, à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 1er mars 2007.
PHOTO : GETTY IMAGES / ABID KATIB
Selon lui, il est encore trop tôt pour avancer des hypothèses sur l’avenir de la bande de Gaza, mais quelques certitudes semblent se dégager : On ne sait pas encore qui va diriger la bande de Gaza, mais une chose est sûre, ça ne sera ni le Hamas ni Israël.
Je pense qu’il y a consensus en Israël sur le fait que le Hamas ne sera plus présent dans la bande de Gaza [après la guerre]. Il y a aussi un consensus sur le fait qu'Israël ne sera pas là non plus. Je pense qu’il y aussi un consensus sur le fait que le territoire sera démilitarisé et qu’Israël exercera un certain rôle pour assurer le maintien de sa propre sécurité.
Il explique que la raison pour laquelle il n’y a pas plus de clarté sur les scénarios de l’après-guerre, c’est parce qu’il y a un besoin d'unité nationale à l'heure actuelle en Israël. Nous devons maintenir ce sentiment d’unité alors qu’on est encore en pleine guerre, dit-il.
Un sondage mené au début de décembre par l'Université hébraïque de Jérusalem révèle que plus de la moitié des Israéliens (56 %) s’opposent à l’annexion de la bande de Gaza et au rétablissement des colonies démantelées en 2005, contre 33 % qui s'y disent favorables et 11 % qui sont toujours incertains.
Des militants du Hamas mettant le feu à l'effigie d'une colonie israélienne lors d'un rassemblement organisé le 16 septembre 2005 dans l'ancienne colonie juive de Neve Dekalim, dans le sud de la bande de Gaza. (Photo d'archives)
PHOTO : GETTY IMAGES / AFP/SAID KHATIB
« Comme des objets inanimés »
Encore une fois, ce sont les Israéliens qui vont décider du sort des Palestiniens, déplore Yakov Rabkin, professeur émérite à l’Université de Montréal et spécialiste de l’histoire juive contemporaine. On ne demande pas l’avis des Palestiniens de Gaza. On parle d’eux comme s’ils étaient des objets inanimés, dit-il à Radio-Canada.
Tant et aussi longtemps qu'on n'admet pas l'égalité des droits des [Palestiniens], on va s'appuyer uniquement sur la force militaire, ce qui ne va pas augmenter la sécurité d'Israël ni celle des Palestiniens, bien entendu.
Je crois que tout historien vous dira la même chose : supposons qu’Israël éradique le Hamas jusqu'au dernier combattant. D'ici quelques années, il y aura un autre mouvement qui le remplacera. Ça, c'est inévitable, explique M. Rabkin.
Une population colonisée va se révolter, c'est clair. [...] Tant et aussi longtemps que les Palestiniens vivent dans ces conditions colonisées, il y aura un mouvement de résistance.
Avec les informations de l’Agence France-Presse, Reuters, Washington Times, Al-Jazeera, Times of Israel, Haaretz, Ynet et NBC News.
HORA magazine lui rend Hommage et car pour toutes algériennes et algériens elle est et le restera-LA FEMME HORA DU MONDE –
ASSIA DJEBAR /romancière écrivaine et l’un des auteurs les plus reconnus du Maghreb
Assia Djebar
Fille de Bahia Sahraoui et de Tahar Imalhayène, instituteur, Fatima Zohra Imalayène nait le 30 juin 1936 à Cherchell en Algérie. Elle grandit à Mouzaia, dans le nord du pays, et étudie dans une école française puis une école coranique. Au collège de Blida, elle apprend l’anglais, le latin et le grec ancien.
Après l’obtention de son baccalauréat, Fatima entre en hypokhâgne à Alger puis en khâgne à Paris. En 1955, elle commence à étudier l’histoire à l’École normale supérieure de jeunes filles à Sèvres ; elle est la première musulmane et la première Algérienne à intégrer l’école. L’année suivante, suite à sa décision de participer à un mouvement de grève, elle est exclue de l’école. Alors, à vingt ans, elle écrit, en français, son premier roman, La Soif, et choisit le pseudonyme Assia Djebar (Assia : la consolation ; Djebar : l’intransigeance) pour ne pas choquer sa famille.
Assia Djebar épouse Ahmed Ould-Rouis, écrivain, et quitte la France pour retourner vivre au Maghreb. Elle enseigne l’histoire moderne et contemporaine pendant quelques années à Rabat avant d’obtenir, en 1962, un poste à l’université d’Alger. On lui impose alors d’enseigner en arabe littéraire, ce qu’elle refuse. Dans les années suivantes, elle retourne vivre principalement en France et se remarie avec Malek Alloula, écrivain algérien.
En parallèle, Assia continue à écrire et publie des romans, un recueil de poésie et une pièce de théâtre : Les Enfants du Nouveau Monde (1962), Les Alouettes naïves (1967), Poèmes pour l’Algérie heureuse (1969), Rouge l’aube (1969). Souvent autobiographiques, ses livres, toujours écrits en français, se situent pour partie pendant la guerre d’Algérie et s’attachent au rôle et au statut des femmes pendant cette période.
A partir des années 70, Assia Djebar se consacre pendant quelques années au cinéma et réalise La Nouba des Femmes du Mont Chenoua, film tourné dans les montagnes algériennes en 1976 avec lequel elle remporte le Prix de la Critique internationale à la Biennale de Venise. En 1982, elle réalise le court-métrage La Zerda ou les chants de l’oubli. Elle se replonge ensuite dans l’écriture, publiant à nouveau romans et nouvelles inspirés de sa propre histoire et de celle de son pays.
En 1999, Assia est élue membre de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique. Le 16 juin 2005, elle est élue à l’Académie Française. Cette élection fait d’elle la cinquième des huit femmes élues à l’Académie française depuis sa fondation, sur 700 membres.
Depuis 2001, elle enseignait au département d'études françaises de l'université de New York.
Assia Djebar meurt le 6 février 2015 à Paris. Elle est considérée comme l’une des auteurs majeurs du Maghreb.
Oum, Natacha Atlas, Souad Massi, Dina el-Wedidi, Yasmine Hamdan, Kamylia Joubran et Maryam Saleh sont les représentantes de cette mouvance.
Natacha Atlas, le 5 août 2016, lors du Festival du Bout du monde à Crozon, dans l’ouest de la France. Loïc Venance/AFP
La Marocaine Oum, la Franco-Algérienne Souad Massi, l’Anglo-Égyptienne Natacha Atlas : ces femmes, qui viennent chacune de publier leur nouveau disque, dessinent dans des styles très personnels les contours d’une nouvelle chanson arabe émancipée et ouverte à d’autres langages, jazz, folk ou électro. « Il y a une vitalité, un renouvellement, une volonté d’actualiser le répertoire, un souffle nouveau, et nous assumons de plus en plus, les femmes que nous sommes, une prise de conscience », déclare Oum, qui cite l’Égyptienne Dina el-Wedidi et les Libanaises Yasmine Hamdan, Kamylia Joubran – productrice de son dernier disque et dénicheuse de talents – et Maryam Saleh comme faisant partie de cette mouvance.
Originaire de Marrakech, vivant à Casablanca et mariée à un Français, Oum, représentante d’une scène qu’elle qualifie d’ « alternative », a défendu fin octobre en concert à Paris (Café de la danse), puis en tournée en France courant novembre les compositions de Daba (Maintenant). « Alternative, pour moi, ça veut dire une nouvelle façon de faire, de concevoir, de percevoir », estime cette artiste qui marie la tradition et les rythmes de diverses régions du Maroc à des sonorités électroniques, ou une contrebasse avec un oud. « Sur mon nouveau disque, il y a la mémoire d’un patrimoine local. Toutes les chansons, même celles où il y a des sons électro, partent d’une rythmique que vous allez forcément retrouver dans le répertoire traditionnel chez nous, au Maroc », dit-elle. Mais j’ai voulu leur mettre un manteau d’électronique, avoir des choses un peu “ambiantes” pour porter les gens. »
Souad Massi, elle, poursuit dans Oumnya (Souhaits) la quête d’un folk qui a l’accent du châabi (populaire). « Quand j’étais jeune, j’ai été très influencée par la musique des films western. Kenny Rodgers (chanteur de country) est le premier qui m’a marquée » , se souvient la chanteuse, séduite ensuite par Tracy Chapman et Joan Baez. « Je faisais alors un rejet de la musique arabe et africaine, confie-t-elle. Maintenant, j’ai mûri, et cette musique fait partie de ma culture. » Natacha Atlas a décomplexé dans les années 1990 la chanson arabo-orientale avec ses versions électrochoc, toutes en arabesques, de Au nom de la rose à I Put a Spell on You. « Elle chantait à l’orientale, mais comme la production était anglaise, ça a donné une autre dimension, la fusion entre la musique orientale et l’électro-pop », note Souad Massi. Dans Strange Days, son nouvel opus, Natacha Atlas s’oriente de plus en plus vers un jazz oriental, avec des alliages subtils violon oriental/trombone/trompette.
Porteuses de revendications
Ce qui unit aussi toutes ces chanteuses, c’est la langue. Oum chante en darija –dialecte marocain répandu –, Souad Massi en algérois, Natacha Atlas en égyptien vernaculaire quand elle ne choisit pas l’anglais. Au-delà de ces subtilités de langage, toutes se comprennent. « Chaque pays a son dialecte, et même ses dialectes, mais l’arabe classique en est le socle et on se comprend », explique Souad Massi.
Ces chanteuses sont aussi porteuses de revendications, abordant les thèmes des libertés individuelles, des réfugiés, du droit des femmes et des homosexuels, de façon directe ou métaphorique. Si elles élargissent le champ des possibles et apportent une nouvelle vitalité à la chanson arabophone, ces femmes ne sont pourtant pas prophètes en leur pays. « J’aimerais bien qu’on puisse aussi nous produire chez nous », se désole Oum, la seule des trois à vivre dans son pays de naissance. « Dans mon pays, je ne suis pas beaucoup diffusée, je ne corresponds pas du tout à ce qui passe à la radio, du rap un peu facile, de la chanson d’amour de 2 min 50 sec avec deux phrases et demie », dit-elle.
Toutes ont enregistré leur dernier album hors de leurs pays, Oum à Berlin, Souad Massi à Pantin, Natacha Atlas entre Londres, la Gascogne, le Brésil et Paris. Pour ciseler leurs textes, trouver le bel arrangement, elles ont aussi besoin de temps dans le monde du règne de l’immédiateté. « On m’a raconté que pour une chanson qui durait deux heures, Oum Kalsoum répétait pendant six mois avec un grand orchestre, du matin au soir », note Souad Massi. Autres temps, autres mœurs…
Natacha Atlas, le 5 août 2016, lors du Festival du Bout du monde à Crozon, dans l’ouest de la France. Loïc Venance/AFP
La Marocaine Oum, la Franco-Algérienne Souad Massi, l’Anglo-Égyptienne Natacha Atlas : ces femmes, qui viennent chacune de publier leur nouveau disque, dessinent dans des styles très personnels les contours d’une nouvelle chanson arabe émancipée et ouverte à d’autres langages, jazz, folk ou électro. « Il y a une vitalité, un renouvellement, une volonté d’actualiser le répertoire, un souffle nouveau, et nous assumons de plus en plus, les femmes que nous sommes, une prise de conscience », déclare Oum, qui cite l’Égyptienne Dina el-Wedidi et les Libanaises Yasmine Hamdan, Kamylia Joubran – productrice de son dernier disque et dénicheuse de talents – et Maryam Saleh comme faisant partie de cette mouvance.
Originaire de Marrakech, vivant à Casablanca et mariée à un Français, Oum, représentante d’une scène qu’elle qualifie d’ « alternative », a défendu fin octobre en concert à Paris (Café de la danse), puis en tournée en France courant novembre les compositions de Daba (Maintenant). « Alternative, pour moi, ça veut dire une nouvelle façon de faire, de concevoir, de percevoir », estime cette artiste qui marie la tradition et les rythmes de diverses régions du Maroc à des sonorités électroniques, ou une contrebasse avec un oud. « Sur mon nouveau disque, il y a la mémoire d’un patrimoine local. Toutes les chansons, même celles où il y a des sons électro, partent d’une rythmique que vous allez forcément retrouver dans le répertoire traditionnel chez nous, au Maroc », dit-elle. Mais j’ai voulu leur mettre un manteau d’électronique, avoir des choses un peu “ambiantes” pour porter les gens. »
Souad Massi, elle, poursuit dans Oumnya (Souhaits) la quête d’un folk qui a l’accent du châabi (populaire). « Quand j’étais jeune, j’ai été très influencée par la musique des films western. Kenny Rodgers (chanteur de country) est le premier qui m’a marquée » , se souvient la chanteuse, séduite ensuite par Tracy Chapman et Joan Baez. « Je faisais alors un rejet de la musique arabe et africaine, confie-t-elle. Maintenant, j’ai mûri, et cette musique fait partie de ma culture. » Natacha Atlas a décomplexé dans les années 1990 la chanson arabo-orientale avec ses versions électrochoc, toutes en arabesques, de Au nom de la rose à I Put a Spell on You. « Elle chantait à l’orientale, mais comme la production était anglaise, ça a donné une autre dimension, la fusion entre la musique orientale et l’électro-pop », note Souad Massi. Dans Strange Days, son nouvel opus, Natacha Atlas s’oriente de plus en plus vers un jazz oriental, avec des alliages subtils violon oriental/trombone/trompette.
Porteuses de revendications
Ce qui unit aussi toutes ces chanteuses, c’est la langue. Oum chante en darija –dialecte marocain répandu –, Souad Massi en algérois, Natacha Atlas en égyptien vernaculaire quand elle ne choisit pas l’anglais. Au-delà de ces subtilités de langage, toutes se comprennent. « Chaque pays a son dialecte, et même ses dialectes, mais l’arabe classique en est le socle et on se comprend », explique Souad Massi.
Ces chanteuses sont aussi porteuses de revendications, abordant les thèmes des libertés individuelles, des réfugiés, du droit des femmes et des homosexuels, de façon directe ou métaphorique. Si elles élargissent le champ des possibles et apportent une nouvelle vitalité à la chanson arabophone, ces femmes ne sont pourtant pas prophètes en leur pays. « J’aimerais bien qu’on puisse aussi nous produire chez nous », se désole Oum, la seule des trois à vivre dans son pays de naissance. « Dans mon pays, je ne suis pas beaucoup diffusée, je ne corresponds pas du tout à ce qui passe à la radio, du rap un peu facile, de la chanson d’amour de 2 min 50 sec avec deux phrases et demie », dit-elle.
Toutes ont enregistré leur dernier album hors de leurs pays, Oum à Berlin, Souad Massi à Pantin, Natacha Atlas entre Londres, la Gascogne, le Brésil et Paris. Pour ciseler leurs textes, trouver le bel arrangement, elles ont aussi besoin de temps dans le monde du règne de l’immédiateté. « On m’a raconté que pour une chanson qui durait deux heures, Oum Kalsoum répétait pendant six mois avec un grand orchestre, du matin au soir », note Souad Massi. Autres temps, autres mœurs…
Souad Massi, artiste franco-algérienne considérée comme l'une des plus belles voix féminines d'Afrique du Nord, est devenue un visage incontournable dans le paysage folk-rock au fil de ses vingt ans de carrière. L'artiste se produit le 23 juin dans le cadre de la Fête de la musique à Genève.
En une chanson en direct à la radio, Souad Massi est devenue une célébrité anonyme. Tout le monde parlait d'elle, mais personne ne savait qui elle était. Quelques années plus tard, en 2001, Souad Massi est disque d'or en France avec son premier album, "Raoui", et s'impose comme la porte-parole de la jeunesse algérienne.
Depuis, en anglais, en arabe, en français ou en langue berbère, l'artiste poursuit son chemin en mélangeant les genres musicaux. "J'ai beaucoup de chance, grâce à mon métier, de pouvoir voyager. Cette liberté est tellement belle qu'elle se traduit d'elle-même de manière spontanée dans ma musique. Ce sont les découvertes et les belles rencontres", explique-t-elle dans l'émission Vertigo du 20 juin.
Son dernier album, "Sequana", est paru en 2022. Son chemin la mène aujourd'hui à Genève, dans le cadre de la Fête de la musique, où elle se produira sur la scène Ella Fitzgerald dimanche 23 juin après le groupe El Mizan (lire encadrés).
L'amour de la musique pour refuge
Née en 1972 à Alger où elle grandit, enfant d'une timidité maladive, Souad Massi apprend de sa mère et de sa grand-mère le goût de la liberté dans une société algérienne masculiniste. Issue d'une famille de mélomanes, c'est son frère, pianiste, qui l'initie à la musique en l'inscrivant à des cours de guitare à 17 ans. Elle apprécie le flamenco et se produit sur scène avec le groupe Les Trianas d'Alger en 1989.
A 20 ans, Souad Massi rejoint un groupe de hard-rock, Atakor, qui rencontre un beau succès avec une première cassette, dans le contexte sombre de la guerre civile en Algérie dans les années 1992-2002. "Je ne crois pas que j'étais consciente des dangers. J'étais tellement animée par l'amour de la musique que c'était mon refuge. Le mien et celui de ma famille, parce qu'on aimait la musique. Avec cet amour, j'ai pu dépasser toutes mes peurs. C'est la seule chose qui me donnait de l'espoir", raconte Souad Massi.
Une discrétion médiatique étonnante
En 1999, Souad Massi arrive en France. Invitée au festival Femmes d'Alger au Cabaret Sauvage à Paris, elle est repérée par le label Mercury Records et voit alors sa carrière exploser. Aujourd'hui, Souad Massi a vendu des centaines de milliers d'albums entre rock, folk et flamenco, et collaboré notamment avec Francis Cabrel, Marc Lavoine, Manu Katché ou encore Justin Adams. Elle remplit les plus grandes salles du monde, a reçu quantité de prix et de distinctions, assume ses engagements féministes et libertaires avec pour ligne de conduite de "toujours donner le meilleur de soi-même".
L'artiste se produit partout - Paris, Oslo, Hambourg, Genève - avec une discrétion médiatique étonnante. Sa promotion et sa communication, la chanteuse ne les fait pas sur les réseaux sociaux. "Pour moi, le plus important, c'est de me produire dans de belles salles et que mon public soit là, alors ça me va", dit-elle avec humilité.
Souad Massi est aussi une femme pleine de contrastes, notamment sa grande timidité qui entre en contradiction avec l'artiste qu'elle est sur scène quand elle joue devant des milliers de personnes. "Quand je monte sur scène, quelque chose se passe, quelque chose m'accompagne: une belle énergie qui me donne de la force. Je ne sais pas comment l'expliquer".
Propos recueillis par Pierre Philippe Cadert et Yacine Nemra
Adaptation web: Lara Donnet
Souad Massi en concert au Parc La Grange, scène Ella Fitzgerald, dans le cadre de la Fête de la musique de Genève, le 23 juin 2024.
Publié
La Fête de la musique à Genève célèbre la diversité
La 33e édition de la Fête de la musique de Genève se déploie au centre-ville pour célébrer toutes les pratiques musicales et mettre en valeur la diversité d'un vivier culturel très actif. Avec la curiosité comme moteur, le public est invité trois jours durant à se plonger dans la programmation qui comporte près de 530 propositions culturelles gratuites sur 32 scènes du 21 au 23 juin 2024: concerts, dancefloors, pièces dansées, ateliers.
Une saison éclectique et enivrante à Genève sur la scène Ella Fitzgerald
Au Parc La Grange, la scène Ella Fitzgerald, rendez-vous musical phare de l'été genevois, propose plus de 30 concerts pendant les deux mois d'été, du 22 juin au 28 août 2024. Cette nouvelle saison propose du hip-hop, une fanfare techno, du jazz, du classique ou de la pop brésilienne.
Anciennement Musiques en été, l'édition 2024 de la manifestation s'ouvre cette année dans le cadre de la Fête de la musique les 22 et 23 juin, avec deux doubles concerts. La fanfare techno locale O.U.M.P.H. ouvrira les feux le samedi avec son énergie électrisante, suivie par les déjantés Puppetmastaz, le premier groupe hip-hop mi-humain mi-marionnettes au monde. Le dimanche, El Mizan, le plus romand des groupes de rock-chaabi, distillera ses grooves magnétiques, avant de laisser la place à la belle voix de Souad Massi.
Plus de 1 000 personnes sont mortes en Arabie saoudite sous des chaleurs caniculaires, pendant le pèlerinage de La Mecque.
Les pèlerins à La Mecque pour le hajj, en juin 2024. Photo AFP
Précédant de cinq jours la fête de l'Adha, le pèlerinage du hajj s’est tenu cette année dans une atmosphère étouffante en raison de températures atteignant plus de 50 °C en journée. Parmi les 1,8 million de pèlerins rassemblés dans le désert saoudien, plus de 900 sont morts à La Mecque entre le 14 et le 19 juin, en accomplissant le cinquième pilier de l’islam. À l’heure où le pèlerinage a pris fin, plusieurs réseaux d’entraide ont vu le jour pour tenter de localiser les personnes encore disparues ou non identifiées, réparties entre les morgues et les hôpitaux de la zone.
Qui sont les victimes ?
Le décompte à ce jour effectué par l’Agence France-Presse recense plus de 1 000 pèlerins décédés, selon des chiffres transmis par une dizaine de pays dont sont originaires les victimes. Fait étonnant, 658 d’entre eux, soit les deux tiers, sont égyptiens. Outre l’Égypte, les décès concernent aussi l’Indonésie, l'Inde, la Jordanie, l'Iran, le Sénégal, la Tunisie ou encore le Soudan. Si la cause des décès n’a toujours pas été officiellement divulguée, la forte chaleur aurait provoqué des insolations, des crises cardiaques ou encore des complications liées à l'hypertension artérielle dans la majorité des cas. Un certain nombre de victimes, âgées ou malades, s’étaient malgré tout déplacées à La Mecque, en dépit des températures suffocantes. Les deux précédentes années avaient vu le nombre de morts s’élever à environ 300.
Des pics de chaleur inhabituels ?
Si la température à La Mecque a augmenté de 2 °C ces trente dernières années, soit bien davantage que la moyenne mondiale, ce n’est pourtant pas la première fois que la période du hajj tombe sur des dates estivales aux températures difficiles à supporter. Des chaleurs extrêmes avaient déjà été observées en 1990, puis plus récemment en 2015 lorsque des bousculades mortelles avaient provoqué la mort de plus de 2 000 personnes. Face au réchauffement climatique, les dates du hajj, qui évoluent au fil des années, se retrouveront bientôt en plein cœur de l’été saoudien exposant les pèlerins à un « danger extrême », alertent des chercheurs américains dans une étude publiée dans Geophysical Review Letters. Les conditions exceptionnelles de cette année pourraient donc devenir la norme dès 2050, dixit une analyse menée l’année dernière par le Washington Post et l’organisation à but non lucratif CarbonPlan.
Quelles sont les failles logistiques ?
Alors que l'organisation du pèlerinage avait déjà attiré des critiques par le passé à propos de la logistique, les conditions météorologiques extrêmes de cette année ont fait apparaître les failles d’une organisation qui se voulait pourtant bien huilée et qui fait la fierté du royaume wahhabite depuis 1925. Riyad a pourtant aménagé ces dernières années un certain nombre d’infrastructures sur le parcours du pèlerinage, censées protéger les pèlerins qui passent jusqu’à 30 heures par jour dehors. Des brumisateurs, qui fonctionnent en continu, avaient donc été placés dans les espaces extérieurs et certains sites avaient même été élargis pour réduire l’effet d’agglutinement à certains endroits. Malgré ces aménagements, les autorités saoudiennes ont affirmé cette année avoir soigné plus de 2 700 pèlerins souffrant de stress thermique durant la seule journée de dimanche. Un certain nombre de pèlerins ont quant à eux dénoncé le manque d'installations sanitaires et de refroidissement adéquates dans les tentes d’habitation surpeuplées.
Un autre facteur a également joué sur le nombre de victimes lors de ce dernier pèlerinage. Chaque année, des dizaines de milliers de fidèles parviennent à participer au hajj sans avoir obtenu les permis nécessaires, octroyés selon des quotas par pays en fonction de la taille de leur population musulmane, et qui donnent accès notamment aux installations climatisées. En 2023, 1 371 520 permis avaient été distribués, tandis que l’événement avait rassemblé 1,8 million de pèlerins, indiquant l’ampleur du phénomène. Cette année, 630 des 658 Égyptiens décédés durant le pèlerinage n’avaient pas de permis, selon un diplomate arabe cité par l’AFP, passant à travers les mailles du contrôle des forces saoudiennes, qui ont pourtant annoncé avoir refoulé cette année de La Mecque plus de 300 000 pèlerins non enregistrés, dont 153 998 étrangers. Ces derniers sont passés par l’intermédiaire de compagnies de voyage frauduleuses qui organisent des visites en dehors des circuits officiels, ne comprenant ni bus ni logement, avec à l’appui un unique visa touristique.
Quelle réponse des autorités saoudiennes ?
À l’avenir, les autorités saoudiennes pourraient être contraintes de revoir à la baisse le nombre de participants autorisés, qui était passé sous la barre symbolique du million en raison du Covid-19, durant les deux ans qu’avait duré la pandémie mondiale, ou de renforcer les contrôles face aux pèlerins clandestins. Mais Riyad, pour qui le tourisme religieux représente la deuxième source de revenus après le pétrole, ne semble pas pressé de tirer des leçons de ce pèlerinage. Jusqu’à présent, les autorités saoudiennes sont restées quasiment muettes depuis la fin du hajj à propos des nombreux décès de cette année et l’agence de presse officielle a préféré saluer le succès du pèlerinage et de « tous les plans liés à la sécurité, à la prévention, à l'organisation, à la santé, aux services et à la gestion du trafic ». Et si le roi Salmane a été grandement remercié pour l’organisation du pèlerinage, le président égyptien Abdel Fattah el-Sissi a toutefois annoncé le 20 juin avoir formé une unité de crise pour enquêter sur les décès.
OLJ / Par Tatiana KROTOFF, le 21 juin 2024 à 20h25
Auréolée de prix internationaux, la série The Actor passionne, avec ses situations tour à tour cocasses et poétiques, où les barbus n’imposent pas leur loi religieuse, où les femmes mènent (parfois) la danse, etc. Et l’on apprend beaucoup sur la société iranienne, même si, censure et rentabilité obligent, ce sont surtout les couches aisées de la population qui sont mises en scène. Avant d’être diffusée sur la chaîne française Arte, The Actor a été vue par les Iraniens sur des chaînes privées payantes, tolérées sinon encouragées par le pouvoir.
extrait de la série The actor
Depuis le 16 mai, Arte diffuse les huit premiers épisodes de la série iranienne The Actor. La seconde saison, qui en compte neuf, est attendue en fin d’année. Cette comédie noire a remporté le Grand Prix de la compétition internationale au Festival Séries Mania 2023 et le prix du meilleur scénario aux Séoul World Drama Awards en Corée du Sud. C’est la première série iranienne diffusée largement en Europe.
Réalisé par Nima Javidi, The Actor suit les aventures d’Ali et de Morteza, deux comédiens au chômage à Téhéran, interprétés respectivement par Ahmad Mehranfar, acteur connu en Iran, et par Navid Mohammadzadeh, vu dans deux films de Saeed Roustaee (La loi de Téhéran et Leïla et ses frères1). Les deux héros ont pour objectif de mettre en scène une pièce qu’ils ont choisie. Mais, avant cela, ils doivent régler les loyers en retard du lieu où ils répètent — un vieux théâtre fermé — pour éviter d’être expulsés. Ils gagnent donc de l’argent en se déguisant et en jouant chez des particuliers des canulars aux allures réalistes, souvent drôles. Leur situation prend un tournant inattendu lorsqu’un ancien policier leur offre de travailler pour une agence de détectives privés.
Le scénario est riche en rebondissements, à la fois poétique et humoristique, et la production soignée est conforme aux normes cinématographiques occidentales. Les situations semblent parfois improbables dans une société écrasée par l’inflation et la baisse du pouvoir d’achat, telle celle où un père paie une fortune à cette agence privée pour savoir si sa fille, secrétaire médicale, se drogue, comme l’ont fait remarquer les téléspectateurs iraniens. La maison de retraite pour familles richissimes à la décoration californienne, contraste fortement avec les vies modestes des Iraniens et les situations précaires des acteurs.
La série montre ainsi les inégalités et, plus globalement, la société iranienne où il faut s’adapter, mettre des masques, se déguiser, jouer un rôle aussi bien pour survivre que pour cacher son vrai mode de vie et ses convictions. Le réalisateur met en avant la citation de William Shakespeare en exergue de chaque épisode :
Le monde entier est un théâtre et tous, hommes et femmes, n’en sont que les acteurs. Chacun y joue successivement différents rôles.
Contrairement aux films du début des années 2000 qui exploraient les zones rurales et les provinces frontalières en déclin, la nouvelle vague de films et séries se concentre sur les métropoles, à l’instar des œuvres d’Asghar Farhadi, saluées par les festivals européens et aux Oscars2. Elle abandonne les narrations linéaires pour des récits complexes, plus intimes, dans lesquels ces couches urbaines plutôt aisées se retrouvent. L’ambiance citadine et stylée de la série The Actor s’inscrit complètement dans ce mouvement qui a conquis le public européen ainsi que le marché de diffusion dans les pays occidentaux.
Pour ces téléspectateurs habitués à voir des séries américaines ou européennes, découvrir un téléfilm d’un pays sous embargo depuis plus de quarante ans peut susciter la curiosité. Comment vivent les gens dans ce pays autoritaire, leader de « l’axe de résistance » ? Ils seront étonnés de ne pas voir les hommes barbus ni les femmes entièrement voilées, comme ceux qu’ils en ont l’habitude dans les médias, notamment lors des grandes manifestations en Iran. Ils découvriront avec The Actor un monde rempli d’humour et de malice, de jeunes amoureux, de femmes maquillées et une vie apparemment « normale », un peu trop luxueuse sans doute, où la drogue et les relations hors mariage sont banalisées, le tout sur fond de musique rythmée omniprésente, alors qu’on la croyait interdite. C’est une partie de la réalité du pays — une partie seulement.
LES CHAÎNES PAYANTES SERVENT DE SOUPAPES
En Iran, Filmio et Namava, réseaux de diffusion de vidéos à la demande (VOD) ont diffusé la série de vingt épisodes il y a plus d’un an. Ces chaînes privées et payantes dites « réseaux domestiques » sont tolérées en parallèle aux réseaux officiels de distributions et de la télévision d’État. Si ces derniers subissent la censure impitoyable, ces chaînes privées sont acceptées, voire encouragées par le pouvoir depuis plus de vingt ans, comme soupapes de sécurité. Ils offrent un large éventail de programmes, allant des films d’action américains piratés et sous-titrés localement à des films iraniens n’ayant pas obtenu l’autorisation de distribution, ou encore des séries que la télévision officielle ne peut diffuser à cause de leurs contenus en dehors des normes établies par le pouvoir, comme le port du voile, les relations femmes-hommes, etc.3. Cela illustre le fossé entre l’apparence et la réalité dans la société iranienne, et souligne la coexistence plus ou moins difficile entre deux modes de vie opposés : la rose et le réséda, ceux qui respectent encore les codes de la société islamique et ceux qui ne le font plus, les dogmes vieillissants et une population jeune et instruite.
Mais au-delà, la diffusion de ces réalisations représente d’énormes enjeux économiques. En 2020, Filmio, appartenant à la société Saba Idea, comptait plus de 400 000 abonnés mensuels, s’arrogeant plus de la moitié des parts de marché des réseaux domestiques. On estime qu’un quart de la population peut accéder à ces réseaux parallèles.
Il reste cet écart sensible entre le quotidien de la majorité des gens et l’image que renvoient cette série et d’autres films iraniens. La vraie vie est bien plus dure, notamment pour les classes moyennes et populaires, avec une inflation à 50 %, des contrats de travail précaires et des pressions sociétales singulièrement sur les femmes et les jeunes. Le décalage est lié, d’une part, aux contraintes idéologiques et aux défis économiques auxquels sont confrontés ces réseaux de diffusion parallèles. Ils doivent naviguer dans un environnement où la censure et les restrictions limitent la capacité des créateurs à dépeindre fidèlement la vie ; ils doivent également répondre aux exigences du marché et à la rentabilité imposées par les producteurs privés.
MARMAR KABIR
Statisticienne et traductrice pour Le Monde diplomatique en persan.
Philosophiquement, on appelle menteur, celui qui dit le contraire de ce qui est, avec l’intention de tromper. Or, je ne sais pas ce qui s’est passé mais c’est parmi les nouveaux maîtres à penser qu’il y a le plus grand nombre de menteurs ! Permettez-moi d’épingler à mon tableau de chasse les plus brillants d’entre eux, des professeurs qui induisent leur monde en erreur. Je me contenterai pour les confondre de quelques contre vérités qui garnissent et pourrissent tous nos écrans : Alain Finkielkraut qui déclare haut et fort qu’il ne voterait jamais pour le Front Populaire à cause de son antisémitisme avéré.
Il n'est plus utile de mettre en garde ou d'affirmer qu'un typhon discriminatoire souffle, avec vigueur sur la France, aujourd'hui, alors même que des usines de propagande telle que C-NEWS ou BFM-TV se chargent de le faire savoir avec audace, sans retenue ni complexe, bombant le torse fièrement et affichant l'arrogance, le sourire le plus hideux de l'espèce humaine. Les dernières élections européennes sont venues, à point nommé, pour éclairer et confirmer ces dérives.
Soumise aux coups de boutoir récurrents de politicards en quête d'assise populaire, d'assise électorale, sans disposer pour autant de colonne vertébrale ou de perspectives apaisées pour une France sereine, ils renvoient, aujourd'hui, une image du pays combien triste et dégradée au regard de son aura légendaire et des envolées lyriques et programmatiques du haut des perchoirs républicains des Emile ZOLA, Jean JAURES ou autres Lamartine et De Gaulle. Hommes-symboles de droiture, ces derniers savaient fixer le cap à suivre par une vision claire et juste pour des futurs fraternels, affranchis de toute obédience extérieure, imprimant ainsi un ADN singulier à la France qui ont fait d'elle une puissante locomotive dans un passé récent.
En comparaison, ceux qui leur ont succédés renvoient une image dégradée de petits «capitaines de pédalos». Hormis feu Jacques CHIRAC, le dernier des Mohicans, les suivants se comportent en simples télégraphistes, coursiers ou liquidateurs d'entreprises en cessation de paiement. Gérant comme ils le peuvent le solde des créances contractées auprès de «La France-Afrique» et des anciennes colonies contre lesquelles ils nourrissent rancœur et rancune, entretenus par une noria de nostalgiques et d'enragés qui n'ont comme repères historiques que la haine et le rejet de toute différence.
C'est comme s'ils s'étaient fixés pour mission d'ériger une braderie géante pour liquider les acquis humanistes d'une France historique et assumer, toute honte bue, un atlantisme invendable et un repli sur soi exacerbé et commercialisé par ces indus occupants, en majorité français cocotte-minute, naturalisés de fraîche date et qui portent des patronymes bien étranges et étrangers à la Gaule. Personnages clivant, contestés, obséquieux et dépositaires d'un racisme débridé qu'ils portent comme un titre de gloire sur le plat de leurs fronts, à travers des postures rédhibitoires et des discours inflammables.
En fait, c'est depuis l'usage par un certain N. SARKOZY (2007 et 2012) du discours vindicatif et insultant, promu en programme politique que tout ce que la France compte de déclassés et d'insignifiants s'est senti pousser les ailes de l'impunité pour se hasarder, avec rage et fureur, sur les chemins fangeux de la déchéance humaine. Cette imposture historique a permis qu'il soit élevé, accidentellement, au rang de Président et lui assure dans la république d'aujourd'hui une impunité totale pour ce volet de son action.
Cependant, il faut souligner que cet erreur politique, condamnée par la justice française et toujours sous le coup de multiples procédures (cinq pour l'instant) en cours et en appel, a élevé en vertu cardinale la parole raciste, la discrimination et la xénophobie, essentialisant les communautés de migrants maghrébins et subsahariens et traitant la banlieue dans son ensemble de « racaille » et l'Africain d'homme peu évolué. Rassurés par des boucliers immunitaires le plaçant au-dessus des lois et des règles élémentaires de la bienséance, ces disciples de la haine et de l'anathème, s'attèlent, désormais, à promouvoir l'humiliation, la rumeur et les faks-¬news comme projet politique avec pour cœur de cible tous les musulmans de France. C'est un vaste programme politique qui se fixe pour objectif, la contamination de tous les pays de l'espace européen et rejeter à la mer cette «vermine» venue pour procéder au «Grand Remplacement» cher à E. ZEMMOUR.
Sur le champ de tir, ils se font concurrence à qui flingue au mieux les Toufik, Naïma, Mamadou ou Hapsatou, ces êtres venus d'ailleurs, même s'ils sont nés dans l'Hexagone. Globalisés dans leur ensemble par les diverses composantes de cette métastase, ils s'enhardissent chaque jour un peu plus pour descendre en flamme là où ils passent, ces Français de la diversité, quels que soient leurs comportements, leurs statuts ou leurs réussites.
Dans ce contexte-là, il y a bien sûr des têtes qui émergent un peu plus que les autres et des langues bien plus fourchues et plus incendiaires que d'autres. S'il fallait personnifier cela en mettant un visage sous le vocable de « crapule des médias » on ne trouvera pas mieux que d'y glisser celle de Pascal PRAUD, que la chaine de la haine du milliardaire Vincent BOLLORE, raciste de conviction, à savoir C-NEWS, a élevé au rang de responsable d'émission et l'a affublé du titre de journaliste.
C'est pourquoi il n'y a plus rien à espérer de ce côté-ci de la facho-sphère bien installée et pour un long temps, dans ces médias qui furent dans un passé récent les caisses de résonnance des postures humanistes et anticoloniales des André MALRAUX, Jean Paul SARTRE, Simone de BEAUVOIR et dont la réputation a été construite patiemment par les P. DESGRAUPES, P. DUMAYET et autre Hubert BEUVE-MERY ou Louis PLENEL.
Par contre, il y a bien lieu de souligner «les talents buccaux et verbaux» de cette tête de gondole de Sanitaires-News, toujours à la recherche de la consécration supranationale pour pouvoir laisser à jamais sa marque de fabrique indélébile dans l'histoire des extrêmes de l'ultra droite française et européenne. Celles-là même qu'on a du mal à qualifier, au jour d'aujourd'hui, avec justesse et clarté. Petit par le talent, répulsif par ses postures, sans épaisseur intellectuelle, il n'existe médiatiquement que par la démesure de son islamophobie, son racisme aiguisé, sa détestation exacerbée de l'étranger non judéo-chrétien. Il se distingue surtout par une soumission totale à la communauté organisée allant jusqu'à affirmer avec aplomb et certitude que « la vie d'un enfant palestinien ne vaut pas celle d'un enfant juif » dans ce qui se passe à Gaza. Au vu de ce qu'il sème et de ce qu'il essaime à longueur d'antenne, c'est en réalité la rage contenue, en son for intérieur, qui le hisse au rang du digne représentant, très proche des fantasques personnages du troisième Reich allemand qui ont martyrisé, dans un passé encore récent, bien des millions d'êtres humains et l'histoire.
Notons simplement que pour s'identifier à son inspirateur, il entretient déjà une mèche bien ajustée sur le front, une gestuelle et des mimiques imitant à l'identique les ténors des années trente du Reichstag. Pour être authentique, il ne lui reste donc plus qu'à teinter sa tignasse en noir de jais et se laisser pousser cette petite moustache taillée au carré si inimitable pour qu'il puisse s'identifier totalement à la copie de l'original.
Ainsi, il pourra se targuer d'être le clone parfait et faire illusion, à tous points de vue, à sa référence qui a marqué profondément de son empreinte le siècle dernier, faisant des émules et donnant naissance à une lignée de haineux enragés clonée à son effigie.
Avec des propos sibyllins il donne l'impression, qu'après un catéchisme en latin suivi à l'église rigoriste du Chardonnet au cœur de Paris, il a intégré le chœur des « petits chanteurs à la Croix de Bois », ce qui l'a conduit à ne pouvoir supporter la différence religieuse et l'autre manière de croire en l'unicité de Dieu, née dans cette contrée lointaine, au cœur du désert d'Arabie.
En entrant dans la vie active il s'est essayé d'abord à l'exercice approximatif du journalisme sportif, en endossant avec vilénie et bassesse le rôle du soumis, du lèche-bottes et du souffre-douleur, du commentateur sportif feu Thiery ROLAND dépositaire de l'émission Télé-Foot sur la chaine TF1.
Par la suite et par la grâce de V. BOLORE, il fut ressuscité par la chronique politique et l'animation d'émissions incendiaires, campant le rôle du groom de service d'Eric ZEMMOUR, Jordan BARDELLA et Marine LEPEN sur des radios-poubelles et télé WC-NEWS, chaîne de télévision qualifiée par toutes les intelligences d'esprit et de cœur que compte l'Hexagone, de média du «TOUT-À-L'ÉGOUT».
Désormais «une Kommandantur du Talk-Show» sur les ondes d'Europe1 et sur la chaîne d'information en continu, lui est dédiée. Il y officie en parallèle avec Christine Kelly, estampillée «négresse de service », et d'un autre pyromane-pervers, Jean-Marc MORANDINI, raciste confirmé, doublé d'un détraqué sexuel. Condamné pour harcèlement sexuel et corruption de mineurs à la peine d'un an de prison assortie d'une obligation de soin de deux ans avec inscription au fichier des auteurs d'infractions sexuelles ou violentes (FIJAIS) il sévit encore aujourd'hui sur l'antenne de V. Bolloré. Cette condamnation n'a nullement convaincu la chaîne à le suspendre ou l'empêcher de continuer à squatter impunément les ondes et les plateaux télé avec la bénédiction de ce que le tout Paris compte de politicards de droite, d'extrême droite, d'ultra droite et d'islamophobes en quête du firmament.
Pascal PRAUD, cette farce médiatique et cette statue douteuse a été déboulonnée récemment en un tour de main, le temps d'une parodie de vingt minutes réalisée par Malik BENTALHA débaptisée pour l'occasion « L'HEURE DE TROP ». Ce sketch qui imite à la perfection certaines raclures qui sévissent sur le plateau de l'émission dénommée « L'HEURE DES PROS », à savoir Pascal PRAUD en personne, le clown Hassan CHELGHOUMI, l'alcoolique Élisabeth LEVY, l'irrespirable William GOLDNADEL et d'autres rats d'égouts du même calibre, est devenue virale en l'espace de 24 heures sur les réseaux sociaux. Selon les chiffres fournis, elle a cumulé en un temps record plus de trente millions de vues et quinze millions de likes. Comme quoi, aujourd'hui, il ne suffit plus de faire main basse sur les grosses cylindrées de l'information pour pouvoir orienter la communication, distiller les messages qu'on veut et faire avaler au citoyen lambda toutes les couleuvres possibles et imaginables. Prendre ses vessies pour des lanternes est devenue problématique avec l'explosion des réseaux sociaux, ces canaux d'information parallèle.
L'alternative et l'altérité sont donc là, vivantes, inventives et dynamiques pour neutraliser cette propagande tricotée par les officines spécialisées et distillée en France par un système médiatique conséquent soumis à des puissances financières qui possèdent et maîtrisent totalement tous les moyens de communication et canaux d'information. Les propriétaires des chaînes en continu et les responsables d'autres médias ne se gênent plus pour afficher leur disposition à porter la parole obséquieuse, souffler sur les braises et lever des armées de racistes xénophobes.
Donc, c'est sous l'œil attentif et alerte de cette police de la pensée, mise en place par qui de droit, pour filtrer, orienter, surveiller les interventions des uns et des autres et sommer les chroniqueurs à tenir le discours inflammable souhaité, quitte à distiller des allusions mal intentionnées ou en zoomant sur les faits divers du quotidien à longueur d'antenne. Dirigé par des donneurs de l'ombre, cette nébuleuse connue mais non reconnue, fabrique et met à disposition le dictionnaire des éléments de langage auquel il faut se référer pour colporter sur tous les plateaux télés le discours pré-écrit de ces journaleux vénaux et véreux afin qu'ils pilonnent en continu les esprits et réinitialisent la pensée dominante.
Le zèle de ces supplétifs de la plume et du micro est tel qu'ils outrepassent, devancent même les désirs de leurs mentors si bien qu'ils poussent pour l'institutionnalisation de la discrimination et de l'essentialisation systémique de la Communauté musulmane de France. Désormais, il est question d'insérer sournoisement dans la Constitution quelques monstruosités façonnées par des cerveaux éclatés et sédimentés par la haine.
Malgré tous les rappels à l'ordre émis par l'ARCOM (Autorité de Régulation de la Communication Audiovisuelle et Numérique qui a remplacé le Conseil de Surveillance de l'Audiovisuel), rien n'y fait. C-NEWS autant que BFM-TV persistent et signent, demeurent droit dans leurs bottes en soutenant une argumentation débile, se faisant l'organe pédagogique de la loi sur l'émigration et manifestant clairement leur soutien sans réserve aux massacres de GAZA par la promotion de la haine de l'Arabe en général et du musulman en particulier. C'est sans vergogne qu'ils déroulent le tapis rouge sous les pieds de quelques transfuges-alibis, issus de la diversité, de préférence musulmane en quête d'ascension sociale et de visibilité pour soutenir ces postures et ces discours nauséabonds portées par les ZEMMOUR, LEPEN, BARDELLA, VALLS, MORANO, SCIOTTI, ESTROSI et consorts. Pascal PRAUD, Eric BRUNET, Marc MORANDINI, Christine KELLY, Ruth ELKRIEF, Benjamin DUHAMEL, etc ..., constituent ce bataillon de choc, sans état d'âme qui tire ses repères idéologiques de la réflexion des extrêmes de la droite et met ses services à la disposition de tous les nostalgiques de l'Algérie française et du Lepénisme.
Longtemps laissés pour compte sur le bord du chemin par les médias lourds, ils jubilent, aujourd'hui, avec cette prise en otage de tous les moyens de communication et d'information pour mener à bien une revanche intériorisée depuis des décennies sur l'authentique intelligentsia française, celle-là même qui a toujours porté, de par le monde, la parole équilibrée, indépendante et juste de la France.
Autant par leurs écrits que par l'honnêteté de leurs positionnements lors des faits saillants historiques, ces femmes et hommes de cœur qui honorent l'identité et l'histoire de la nation française ont toujours sur faire les bons choix, c'est-à-dire la préférence de l'humain, le frère, l'égal et le libre.
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