Depuis la dissolution de l'URSS, en 1991, le paysage politique mondial a subi des transformations profondes. Les événements qui ont suivi ont souvent été perçus, par les analystes occidentaux, comme la fin de la Guerre froide et le début d'une nouvelle ère de domination américaine. Francis Fukuyama a même popularisé l'idée de la « fin de l'histoire », suggérant que la démocratie libérale occidentale avait triomphé comme forme définitive de gouvernement.
L'ascension des États-Unis : Dans les années 1990, les États-Unis ont effectivement consolidé leur position de superpuissance unique. Ils ont dominé les sphères politique, économique et militaire mondiales. Les interventions américaines en Irak (1991), en Yougoslavie (1999), et plus tard en Afghanistan (2001) et en Irak (2003) ont illustré leur capacité à projeter leur puissance à travers le monde.
Élargissement de l'OTAN :
L'OTAN s'est élargie vers l'est, intégrant plusieurs anciens pays du Pacte de Varsovie et même des républiques ex-soviétiques. Cet élargissement a été perçu par la Russie comme une menace directe à sa sécurité et à son influence régionale. Cette perception a contribué à la détérioration des relations entre la Russie et l'Occident, marquée par des crises comme celle de la Géorgie (2008) et l'annexion de la Crimée par la Russie (2014).
Le retour de la Russie :
Sous la présidence de Vladimir Poutine, la Russie a cherché à réaffirmer son influence globale et régionale. Poutine a consolidé le pouvoir central, restauré la stabilité économique relative après le chaos des années 1990, et entrepris une modernisation militaire. Les interventions militaires en Géorgie, en Ukraine, et en Syrie ont montré la volonté de la Russie de contester l'hégémonie américaine et de protéger ses intérêts stratégiques.
L'émergence de la Chine :
Simultanément, la Chine a poursuivi une croissance économique rapide, devenant la deuxième plus grande économie mondiale. Sous la direction de Xi Jinping, la Chine a adopté une politique étrangère plus assertive. L'initiative « la route de la soie » et les investissements massifs, en infrastructure, à l'échelle mondiale illustrent sa quête d'influence. Sur le plan militaire, la Chine a modernisé ses forces armées et adopté une posture plus imposante en Mer de Chine méridionale.
Contestations et nouveaux équilibres :
La montée en puissance de la Russie et de la Chine a remis en question l'unipolarité américaine. Ces deux pays ont formé des alliances stratégiques, notamment à travers des institutions comme l'Organisation de Coopération de Shanghai (OCS) et les BRICS, cherchant à créer un contrepoids à l'influence occidentale.
L'Algérie, avec son histoire riche de lutte pour l'indépendance et son rôle de leader dans le Mouvement des Non-Alignés, joue un rôle unique dans la quête d'un monde multipolaire. Depuis son indépendance en 1962, l'Algérie a défendu des principes de souveraineté nationale, de non-ingérence et de soutien aux mouvements de Libération.
Héritage historique :
L'Algérie a acquis une légitimité et une reconnaissance internationales, en soutenant des mouvements de Libération en Afrique, en Asie et en Amérique latine. Sa propre lutte contre le colonialisme français a servi d'inspiration à de nombreux peuples opprimés. Cette position a consolidé l'Algérie comme un acteur clé dans le Mouvement des Non-Alignés, qui cherchait à éviter l'alignement avec les blocs de l'Est ou de l'Ouest pendant la Guerre froide.
Souveraineté et non-ingérence :
L'Algérie a constamment défendu la souveraineté nationale et la non-ingérence dans les affaires intérieures des autres pays. Cette position est particulièrement pertinente dans un monde où les interventions étrangères sont fréquentes. En promouvant ces principes, l'Algérie cherche à garantir que les pays africains et du Tiers monde puissent déterminer leur propre destin sans pression extérieure.
Développement économique et coopération régionale :
L'Algérie met également l'accent sur le développement économique et la coopération régionale. Par exemple, elle a soutenu des initiatives économiques africaines et panarabes visant à renforcer les infrastructures, améliorer la sécurité alimentaire et énergétique, et favoriser l'intégration économique régionale. Les projets de gazoduc transsaharien, qui relie le Nigeria à l'Europe via l'Algérie, de la route transsaharienne et de la route qui relie Tindouf à la Mauritanie en sont des exemples concrets.
Rôle dans les Organisations internationales :
L'Algérie est active au sein de diverses organisations internationales et régionales. Au sein de l'Union africaine, elle plaide pour une plus grande autonomie et une voix plus forte pour les pays africains sur la scène mondiale. Elle soutient également les efforts de paix et de sécurité sur le continent, en servant de médiateur dans des conflits régionaux comme au Mali.
Défis contemporains :
Cependant, l'Algérie fait face à des défis internes, notamment économiques, sociaux et politiques. La diversification de son économie, dépendante des hydrocarbures, est une priorité pour assurer une croissance soutenue et réduire le chômage. Politiquement, le pays doit naviguer entre les demandes de réformes démocratiques et la stabilité.
L'Algérie continue de jouer un rôle significatif dans la promotion d'un monde multipolaire. En défendant les principes de souveraineté et de non-ingérence, et en soutenant le développement économique et la coopération régionale, l'Algérie aspire à un ordre mondial plus équitable. Sa position historique et ses actions contemporaines témoignent de son engagement à représenter les intérêts du Tiers monde et à contribuer à une gouvernance mondiale plus équilibrée.
L'intégration régionale entre l'Algérie, la Tunisie et la Libye, ainsi que le soutien à la Palestine, sont des éléments clés dans la politique extérieure de l'Algérie et de ses voisins.
Intégration régionale :
Contexte : - Algérie, Tunisie et Libye partagent des liens historiques, culturels et économiques forts. Leur coopération pourrait créer une dynamique régionale bénéfique pour l'ensemble du Maghreb et du Sahel.
- Cette intégration vise à stabiliser la région, à promouvoir la sécurité et à stimuler le développement économique.
2. Avantages de l'intégration :
- Sécurité et stabilité :
La coopération entre ces pays peut aider à lutter contre les menaces transfrontalières comme le terrorisme, le trafic de drogues et la migration illégale.
- Développement économique : En combinant leurs ressources et leurs marchés, ces pays peuvent attirer plus d'investissements et favoriser la croissance économique. Des projets communs dans les domaines de l'énergie, de l'infrastructure et du commerce peuvent stimuler leurs économies respectives.
- Coopération régionale : L'intégration peut servir de modèle pour une coopération plus large au sein du Maghreb et du Sahel, renforçant ainsi la stabilité et la prospérité de la région.
3. Défis :
- Contexte politique instable : La situation politique en Libye demeure fragile, ce qui complique les efforts d'intégration régionale.
- Différences économiques et politiques : Les disparités économiques et les divergences politiques entre les trois pays peuvent poser des obstacles à une coopération harmonieuse.
Soutien à la Palestine :
1. Position historique :
- L'Algérie a été un fervent soutien de la Cause palestinienne depuis son indépendance. Le pays a constamment plaidé pour la reconnaissance de l'État palestinien et le droit des Palestiniens à l'autodétermination.
- La Tunisie et la Libye partagent également cette position, soutenant la Palestine dans divers forums internationaux.
2. Importance actuelle :
- La reconnaissance de l'État palestinien reste une question cruciale dans la politique étrangère de nombreux pays de la région. Soutenir la Palestine est perçu non seulement comme un acte de solidarité, mais aussi comme un impératif moral et politique.
- La paix à Gaza et dans l'ensemble des territoires palestiniens est essentielle pour la stabilité du Moyen-Orient. Les efforts pour parvenir à une solution juste et durable au conflit israélo-palestinien sont d'une importance capitale.
3. Initiatives diplomatiques :
- Les pays de la région, y compris l'Algérie, la Tunisie et la Libye, continuent de soutenir les initiatives diplomatiques visant à établir une paix durable et à promouvoir la reconnaissance de l'État palestinien.
- Ils participent activement à des forums internationaux et régionaux pour défendre les droits des Palestiniens et encourager les négociations de paix.
En conclusion, l'intégration régionale entre l'Algérie, la Tunisie et la Libye, couplée à leur soutien indéfectible à la Palestine, représente une stratégie multidimensionnelle visant à promouvoir la paix, la sécurité et le développement économique dans une région aux défis complexes. Ces initiatives reflètent une vision d'un futur plus intégré et plus stable pour le Maghreb et le Sahel, tout en honorant les principes de justice et de solidarité internationale.
L'Algérie, en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, joue un rôle important dans les débats internationaux sur la réforme de cet organe. Son plaidoyer pour une représentation accrue de l'Afrique au Conseil de sécurité reflète son engagement envers les intérêts du continent et la justice internationale.
Contexte de la Représentation africaine :
1. Injustice historique :
- L'Afrique, avec ses 54 pays, est sous-représentée au Conseil de sécurité. Actuellement, aucun pays africain n'est membre permanent, et seuls trois sièges non permanents sont réservés pour l'Afrique.
- Cette situation est perçue comme une injustice historique, compte tenu de l'importance du continent sur la scène internationale et des défis spécifiques qu'il doit relever.
2. Appels à la réforme :
- L'Union africaine et plusieurs pays africains, dont l'Algérie, plaident pour une réforme du Conseil de sécurité qui inclurait des membres permanents africains avec droit de veto. Cette position est formalisée dans le « Consensus d'Ezulwini », adopté en 2005.
- Cette réforme est considérée essentielle pour refléter les réalités géopolitiques actuelles et assurer une représentation équitable de toutes les régions du monde.
Rôle de l'Algérie :
1. Leadership diplomatique :
- En tant que membre non permanent, l'Algérie utilise sa position pour défendre les intérêts africains et plaider pour une réforme du Conseil de sécurité.
- Elle met en avant la nécessité d'une représentation équitable et d'une meilleure prise en compte des problèmes africains, tels que les conflits, le terrorisme, et les défis économiques et sociaux.
2. Initiatives et partenariats :
- L'Algérie travaille en étroite collaboration avec d'autres pays africains et des blocs régionaux pour promouvoir une réforme du Conseil de sécurité.
- Elle participe activement à des forums internationaux et régionaux pour sensibiliser à l'importance de cette réforme et mobiliser le soutien des autres membres de l'ONU.
3. Vision pour l'avenir :
- L'Algérie envisage un Conseil de sécurité plus inclusif et représentatif, capable de répondre efficacement aux défis globaux. Une telle réforme contribuerait à renforcer la légitimité et l'efficacité de l'ONU.
- La réforme du Conseil de sécurité est également perçue comme un moyen de promouvoir la paix et la sécurité en Afrique, en donnant au continent une voix plus forte dans les décisions internationales.
En conclusion, l'Algérie, en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, joue un rôle crucial dans le plaidoyer pour une représentation accrue de l'Afrique. Ce positionnement est en ligne avec son engagement historique en faveur de la Justice internationale, de la souveraineté des nations et du développement équitable. La réforme du Conseil de sécurité reste une priorité pour l'Algérie et ses partenaires africains, dans le but de créer un système international plus juste et plus représentatif.
par Lakoues Salah
Jeudi 13 juin 2024
https://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5330493
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