Oum, Natacha Atlas, Souad Massi, Dina el-Wedidi, Yasmine Hamdan, Kamylia Joubran et Maryam Saleh sont les représentantes de cette mouvance.
La Marocaine Oum, la Franco-Algérienne Souad Massi, l’Anglo-Égyptienne Natacha Atlas : ces femmes, qui viennent chacune de publier leur nouveau disque, dessinent dans des styles très personnels les contours d’une nouvelle chanson arabe émancipée et ouverte à d’autres langages, jazz, folk ou électro. « Il y a une vitalité, un renouvellement, une volonté d’actualiser le répertoire, un souffle nouveau, et nous assumons de plus en plus, les femmes que nous sommes, une prise de conscience », déclare Oum, qui cite l’Égyptienne Dina el-Wedidi et les Libanaises Yasmine Hamdan, Kamylia Joubran – productrice de son dernier disque et dénicheuse de talents – et Maryam Saleh comme faisant partie de cette mouvance.
Originaire de Marrakech, vivant à Casablanca et mariée à un Français, Oum, représentante d’une scène qu’elle qualifie d’ « alternative », a défendu fin octobre en concert à Paris (Café de la danse), puis en tournée en France courant novembre les compositions de Daba (Maintenant). « Alternative, pour moi, ça veut dire une nouvelle façon de faire, de concevoir, de percevoir », estime cette artiste qui marie la tradition et les rythmes de diverses régions du Maroc à des sonorités électroniques, ou une contrebasse avec un oud. « Sur mon nouveau disque, il y a la mémoire d’un patrimoine local. Toutes les chansons, même celles où il y a des sons électro, partent d’une rythmique que vous allez forcément retrouver dans le répertoire traditionnel chez nous, au Maroc », dit-elle. Mais j’ai voulu leur mettre un manteau d’électronique, avoir des choses un peu “ambiantes” pour porter les gens. »
Souad Massi, elle, poursuit dans Oumnya (Souhaits) la quête d’un folk qui a l’accent du châabi (populaire). « Quand j’étais jeune, j’ai été très influencée par la musique des films western. Kenny Rodgers (chanteur de country) est le premier qui m’a marquée » , se souvient la chanteuse, séduite ensuite par Tracy Chapman et Joan Baez. « Je faisais alors un rejet de la musique arabe et africaine, confie-t-elle. Maintenant, j’ai mûri, et cette musique fait partie de ma culture. » Natacha Atlas a décomplexé dans les années 1990 la chanson arabo-orientale avec ses versions électrochoc, toutes en arabesques, de Au nom de la rose à I Put a Spell on You. « Elle chantait à l’orientale, mais comme la production était anglaise, ça a donné une autre dimension, la fusion entre la musique orientale et l’électro-pop », note Souad Massi. Dans Strange Days, son nouvel opus, Natacha Atlas s’oriente de plus en plus vers un jazz oriental, avec des alliages subtils violon oriental/trombone/trompette.
Porteuses de revendications
Ce qui unit aussi toutes ces chanteuses, c’est la langue. Oum chante en darija –dialecte marocain répandu –, Souad Massi en algérois, Natacha Atlas en égyptien vernaculaire quand elle ne choisit pas l’anglais. Au-delà de ces subtilités de langage, toutes se comprennent. « Chaque pays a son dialecte, et même ses dialectes, mais l’arabe classique en est le socle et on se comprend », explique Souad Massi.
Ces chanteuses sont aussi porteuses de revendications, abordant les thèmes des libertés individuelles, des réfugiés, du droit des femmes et des homosexuels, de façon directe ou métaphorique. Si elles élargissent le champ des possibles et apportent une nouvelle vitalité à la chanson arabophone, ces femmes ne sont pourtant pas prophètes en leur pays. « J’aimerais bien qu’on puisse aussi nous produire chez nous », se désole Oum, la seule des trois à vivre dans son pays de naissance. « Dans mon pays, je ne suis pas beaucoup diffusée, je ne corresponds pas du tout à ce qui passe à la radio, du rap un peu facile, de la chanson d’amour de 2 min 50 sec avec deux phrases et demie », dit-elle.
Toutes ont enregistré leur dernier album hors de leurs pays, Oum à Berlin, Souad Massi à Pantin, Natacha Atlas entre Londres, la Gascogne, le Brésil et Paris. Pour ciseler leurs textes, trouver le bel arrangement, elles ont aussi besoin de temps dans le monde du règne de l’immédiateté. « On m’a raconté que pour une chanson qui durait deux heures, Oum Kalsoum répétait pendant six mois avec un grand orchestre, du matin au soir », note Souad Massi. Autres temps, autres mœurs…
La Marocaine Oum, la Franco-Algérienne Souad Massi, l’Anglo-Égyptienne Natacha Atlas : ces femmes, qui viennent chacune de publier leur nouveau disque, dessinent dans des styles très personnels les contours d’une nouvelle chanson arabe émancipée et ouverte à d’autres langages, jazz, folk ou électro. « Il y a une vitalité, un renouvellement, une volonté d’actualiser le répertoire, un souffle nouveau, et nous assumons de plus en plus, les femmes que nous sommes, une prise de conscience », déclare Oum, qui cite l’Égyptienne Dina el-Wedidi et les Libanaises Yasmine Hamdan, Kamylia Joubran – productrice de son dernier disque et dénicheuse de talents – et Maryam Saleh comme faisant partie de cette mouvance.
Originaire de Marrakech, vivant à Casablanca et mariée à un Français, Oum, représentante d’une scène qu’elle qualifie d’ « alternative », a défendu fin octobre en concert à Paris (Café de la danse), puis en tournée en France courant novembre les compositions de Daba (Maintenant). « Alternative, pour moi, ça veut dire une nouvelle façon de faire, de concevoir, de percevoir », estime cette artiste qui marie la tradition et les rythmes de diverses régions du Maroc à des sonorités électroniques, ou une contrebasse avec un oud. « Sur mon nouveau disque, il y a la mémoire d’un patrimoine local. Toutes les chansons, même celles où il y a des sons électro, partent d’une rythmique que vous allez forcément retrouver dans le répertoire traditionnel chez nous, au Maroc », dit-elle. Mais j’ai voulu leur mettre un manteau d’électronique, avoir des choses un peu “ambiantes” pour porter les gens. »
Souad Massi, elle, poursuit dans Oumnya (Souhaits) la quête d’un folk qui a l’accent du châabi (populaire). « Quand j’étais jeune, j’ai été très influencée par la musique des films western. Kenny Rodgers (chanteur de country) est le premier qui m’a marquée » , se souvient la chanteuse, séduite ensuite par Tracy Chapman et Joan Baez. « Je faisais alors un rejet de la musique arabe et africaine, confie-t-elle. Maintenant, j’ai mûri, et cette musique fait partie de ma culture. » Natacha Atlas a décomplexé dans les années 1990 la chanson arabo-orientale avec ses versions électrochoc, toutes en arabesques, de Au nom de la rose à I Put a Spell on You. « Elle chantait à l’orientale, mais comme la production était anglaise, ça a donné une autre dimension, la fusion entre la musique orientale et l’électro-pop », note Souad Massi. Dans Strange Days, son nouvel opus, Natacha Atlas s’oriente de plus en plus vers un jazz oriental, avec des alliages subtils violon oriental/trombone/trompette.
Porteuses de revendications
Ce qui unit aussi toutes ces chanteuses, c’est la langue. Oum chante en darija –dialecte marocain répandu –, Souad Massi en algérois, Natacha Atlas en égyptien vernaculaire quand elle ne choisit pas l’anglais. Au-delà de ces subtilités de langage, toutes se comprennent. « Chaque pays a son dialecte, et même ses dialectes, mais l’arabe classique en est le socle et on se comprend », explique Souad Massi.
Ces chanteuses sont aussi porteuses de revendications, abordant les thèmes des libertés individuelles, des réfugiés, du droit des femmes et des homosexuels, de façon directe ou métaphorique. Si elles élargissent le champ des possibles et apportent une nouvelle vitalité à la chanson arabophone, ces femmes ne sont pourtant pas prophètes en leur pays. « J’aimerais bien qu’on puisse aussi nous produire chez nous », se désole Oum, la seule des trois à vivre dans son pays de naissance. « Dans mon pays, je ne suis pas beaucoup diffusée, je ne corresponds pas du tout à ce qui passe à la radio, du rap un peu facile, de la chanson d’amour de 2 min 50 sec avec deux phrases et demie », dit-elle.
Toutes ont enregistré leur dernier album hors de leurs pays, Oum à Berlin, Souad Massi à Pantin, Natacha Atlas entre Londres, la Gascogne, le Brésil et Paris. Pour ciseler leurs textes, trouver le bel arrangement, elles ont aussi besoin de temps dans le monde du règne de l’immédiateté. « On m’a raconté que pour une chanson qui durait deux heures, Oum Kalsoum répétait pendant six mois avec un grand orchestre, du matin au soir », note Souad Massi. Autres temps, autres mœurs…
Christophe CHEYNIER/AFP
OLJ / le 19 novembre 2019 à 00h00
https://www.lorientlejour.com/article/1195542/la-nouvelle-chanson-arabe-emancipee-et-ouverte-a-dautres-langages.html
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