En mars 2022, à peine un mois après le début des opérations militaires, Russes et Ukrainiens se retrouvaient à Turquie pour entamer des négociations prometteuses pour mettre fin à leur conflit, globalement dans les termes des accords de Minsk à plusieurs reprises torpillés.
C'est alors qu'intervient le Premier ministre britannique B. Johnson pour compromettre la suite des négociations et enjoignant aux Ukrainiens de s'en retirer.
Plus de deux ans après, on compte des centaines de milliers de victimes et des destructions similaires à ce que l'Europe a connu après 1939. Non seulement le conflit armé ne s'apaise pas, mais il prend de plus en plus des proportions dangereuses non seulement pour l'Ukraine et la Russie, mais aussi pour l'Europe et le reste du monde.
Au début de l'année 2023 l'Ukraine commençait à espérer achever le conflit à son avantage selon un schéma imaginé dès le départ : une défaite militaire russe qui devait déboucher sur un collapsus politique et l'avènement au Kremlin d'un gouvernement plus docile. Les richesses naturelles de la Russie devaient à nouveau s'ouvrir aux transnationales occidentales. La suite est dans la continuité d'une stratégie devant mettre un terme à l'axe Berlin-Moscou-Pékin contraire aux intérêts américains en ce qu'il remettait en cause une domination planétaire qui dure depuis au moins cinq siècles.
Kiev considérait alors les événements avec un certain optimisme
Imaginé à la fin du mois de décembre 2022, un sommet de « paix » a été programmé à la fin février 2023 aux Nations unies (ONU) avec le secrétaire général Antonio Guterres comme médiateur. Cette idée a été très vite abandonnée et c'est en Suisse, dans le canton de Lucerne (Bürgenstock), que le Sommet en question se tiendra finalement.
M. D. Kuleba, ministre ukrainien des Affaires étrangères était sur une perspective plus optimiste en estimant que l'Ukraine ferait tout son possible pour gagner le conflit en 2023. « Toute guerre se termine de manière diplomatique, a-t-il affirmé. Toute guerre se termine à la suite des actions entreprises sur le champ de bataille et à la table des négociations. » Hélas ! les déconvenues militaires ukrainiennes en 2023 et les avancées des troupes russes sur toute la longueur du front dès l'été 2023 et au premier semestre 2024, ont amené Kiev et ses alliés à revoir leurs plans.
La « paix victorieuse ukrainienne » n'est plus d'actualité. Le Sommet de l'Otan à Vilnius (12-13 juillet 2023) a révélé des dissensions profondes entre les « alliés » et entre ceux-là et la direction des opérations ukrainiennes. Le chef d'état-major Zaloujny très populaire et son président divergent, le Congrès américain où Républicains et Démocrates s'étripent en pleine campagne électorale, bloque son aide tandis que les Européens ne savent de quel côté souffle le vent.
Ce sera, en partie, à eux que J. Biden paralysé chez lui, confiera le soin de fournir l'effort aux côtés de Kiev, de soutenir et de payer la facture de la stratégie américaine avec des commandes accrues aux industries de l'armement américaines.
Andriy Yermak, chef de cabinet du président ukrainien, déclarait en février 2024 : « Il est possible que nous invitions ensemble des représentants de la Fédération de Russie et que nous leur présentions le plan au cas où celui qui représente le pays agresseur à ce moment-là souhaiterait réellement mettre fin à cette guerre et revenir à une paix juste », lors d'une conférence de presse télévisée à Kiev. (Le Monde, D. 25 février 2024)
Derrière cette proposition conciliante, A. Yermak n'avait pas oublié les conditions posées par V. Zelensky en novembre 2022, en vue d'une « paix juste ». Le plan en 10 points présenté au Sommet du G20 à Bali conditionnait toute discussion avec la Russie au rétablissement de l'intégrité territoriale de l'Ukraine et au retrait total des troupes russes (du Donbass et de la Crimée). D'autres conditions (comme le jugement du président russe ou la reconstruction de l'Ukraine aux frais de la Russie, jugés pour crimes de guerre) rendent ce dialogue en l'état, surréaliste.
Tout aussi surréaliste est le sommet pour la paix en Suisse dont Zelensky administre les invitations comme s'il était chez lui.
Prévu en mars, puis à la fin du mois de mai, la Suisse annonce début avril que le sommet aura lieu à la mi-juin.
Plus de 160 pays étaient initialement invités par M. Yermak. Mais, la qualité et le nombre des participants ont notablement baissé. Le 09 juin, les 107 pays « et organisations » qui ont manifesté leur intention de participer (les secondes cachent le nombre très faible des premiers), ne sont plus que 90 le lendemain lundi 10 juin.
Mais ni la Chine1, ni le président américain, ni le secrétaire général de l'ONU, ni le Premier ministre britannique, ni les présidents sud-africain, brésilien2, indien, saoudien, mexicain, turc3... n'honoreront de leur présence ce sommet.
Entre-temps, les entrechats de A. Yermak ont été oubliés et la Russie a été exclue, comme elle sera aux JO de Paris et à la commémoration de « D-Day » en juin, événement fêté en grande pompe par des Français amnésiques, que le général de Gaulle a condamné comme le signe de l'abaissement de son pays et qui n'aurait jamais eu lieu sans le sacrifice du peuple russe et de son armée.
Il y a aura les seconds couteaux : les chefs d'Etat français, espagnol, italienne, canadien... et une théorie de représentants de pays très « fidèles » à Washington, comme les Philippines et, peut-être, pour faire masse (comme les votes à l'ONU), la ribambelle d'îles et d'archipels du Pacifique, par exemple.
Le scrutin européen du 09 juin n'a pas transformé le paysage politique européen mais il a significativement affaibli de parti de l'Ukraine. En Suisse, seront présents E. Macron et le chancelier O. Scholz, tous deux très affaiblis et ne représentent plus la majorité de leurs concitoyens.
Viola Amherd, la présidente de la Confédération Helvétique, dont tout le monde a oublié qu'elle dirige un Etat souverain, remet les commentateurs et les politiques à la hauteur des faits.
Elle doute que cette rencontre débouche sur quoi que ce soit d'utile à la paix : « Pour nous, il est clair qu'au terme de la conférence, aucun accord de paix ne sera signé », a-t-elle déclaré dans un entretien accordé au « Frankfurter Allgemeine Zeitung » et renvoie la paix à « ...une éventuelle conférence ultérieure... ».
En effet, à partir du moment où la Russie est exclue de ce sommet, il n'y sera question ni de paix, ni d'esquisse de négociations entre belligérants, mais d'une énième réunion entre partisans affairés à ourdir leurs projets, à aiguiser leurs armes et à coordonner leurs actions. Au reste, la nature même du conflit dont il y sera question, la gravité des événements qu'il menace d'entraîner à l'échelle de la planète, aurait recommandé une organisation à la hauteur des événements.
En ces circonstances, ce n'est pas à la Suisse et encore moins au président ukrainien qu'il revient de tenir un tel Sommet pompeusement voué à la paix.
Il y a un lieu privilégié pour cela : les Nations Unies. Et c'est M. Gutierrez, secrétaire général d'une assemblée réunissant tous les pays du monde qui y sont représentés parce qu'ils sont tous concernés, qui est le maître de cérémonie le plus habilité à diriger les débats. V. Zelensky tient à une énième réunion des pays qui fournisseurs d'armes et de crédits pour continuer sa guerre et en élargir l'espace à une échelle qui dépasse les frontières de son pays. Il ne s'est jamais caché que « sa » guerre est celle de toute l'Europe, et même de toute la planète. Et il ne manque pas d'Européens pour partager son point de vue.
Ce conflit obéit à une règle de plus en plus claire : plus l'Ukraine et ses alliés perdent sur le terrain plus ils font monter les enchères.
Après les fusils, les chars, après l'infanterie mécanisée, les canons et les missiles à longues portées, les avions, les instructeurs sur le terrain et peu à peu l'Ukraine cédera le pas aux véritables architectes de ce conflits de moins en moins « froid » et de plus en plus « brûlant » avec des perspectives que personne n'ose imaginer et que peu à peu les médias et politiques de second plan, avec un bric-à-brac de Dr. Folamour, évoquent sans s'en cacher. Pourquoi pas l'apocalypse ?
La réunion du G7, dans les Pouilles dans le sud de l'Italie, avec sur un strapontin le président ukrainien, se chargera de compenser les faiblesses du sommet suisse. Le G7 qui, à l'origine, devait être une réunion pour traiter des problèmes économiques, s'est transformé, après février 2022, en une annexe de l'OTAN.4
Militarisation des institutionsinternationales
Les relations internationales n'ont été que très rarement pacifiques. Tout ce que la guerre touche devient arme de coercition. Les finances et le commerce, sous le régime de la compétition, servent à policer les rivalités entre les nations (Cf. A. Smith et D. Ricardo).
Mais avec la crise ukrainienne, les confrontations prennent une dimension qui renvoie à un lointain passé.
La Banque Mondiale, le FMI, l'OCDE, le G7, le G20... se transforment en salles d'état-major, en usines d'armement ou en casernes. Les économistes et les banquiers, comme sur les plateaux de TV, cèdent la place aux généraux et à aux experts en technologies militaires.
L'habitude y a été prise d'inviter des représentants du « Sud global », court-circuitant les Nations Unies et son Conseil de sécurité bloqué par des règles désuètes.
Il est une autre certitude : après avoir entretenu des échanges stériles avec la Russie, la France va confirmer sa totale disparition du paysage diplomatique mondial et ne participera pas (en raison de son hostilité radicale à la Russie) aux futures négociations (si négociations il y a) qui, in fine, mettront à ne pas douter face à face Moscou et Washington, avec Pékin en surplomb.
La France s'était glissée habilement parmi les vainqueurs parce que ses dirigeants avaient perçu sa position géostratégique incontournable. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Les dividendes du gaullisme ont été dilapidés. Paris est déjà éjecté de la plupart des tours de tables que ce soit dans les conflits majeurs opposant l'Azerbaïdjan à l'Arménie, la Chine à Taïwan, dans les Balkans, la Géorgie à la Russie, la Palestine à Israël menaçant ses voisins iranien et libanais...
Si cela peut consoler les Français, ce sera toute l'Europe (y compris les nouveaux membres de l'OTAN), alignée sur Washington, munie de ministres des affaires étrangères décoratifs, qui confirmera son effacement et son insignifiance diplomatique.
Toutes ces réunions, qui ne débouchent sur aucune solution réelle, tangible, soulignent ainsi la faillite des institutions forgées après 1945 et appellent à de profondes réformes.
Reste que la crise ukrainienne est à un niveau de blocage difficile à surmonter. On peut le formuler en termes simples.
Une victoire russe est, du point de vue américain, inconcevable et inacceptable
D'une part, les enjeux sont trop importants pour renoncer et consacrer la victoire de tous ceux qui, de par le monde, ne songent qu'à prendre leur revanche sur une histoire pluriséculaire et précipiter une chute qui a déjà largement commencé. De l'Afrique à l'Asie, en passant par l'Amérique Latine, les entreprises occidentales sont remplacées, que ce soit pour assurer le développement économique ou la sécurité. La dépendance technologique du sud, à l'égard du nord, est en voie de comblement. La course (largement médiatique) à la mise au point effrénée de processeurs nanométriques dissimule et détourne l'attention de la réalité.5
D'autre part, les investissements considérables libérés par l'Amérique du nord et l'Europe exigent rentabilité et amortissement.
Si l'axe Berlin-Moscou a été brisé, il reste à faire en sorte que jamais plus il ne sera reconstruit à l'identique et que les liens entre Bruxelles et Pékin soient à leur tour rompus et que leur brisure mette fin à cette illusion géopolitique eurasiatique qui espérait s'affranchir du lien atlantique, dont on vient de commémorer et célébrer le 80ème anniversaire sur les plages de Normandie.
C'est pour toutes ces raisons que la chute de Moscou est primordiale.
Une défaite russe est inenvisageable
Cela équivaudrait à une capitulation et à un retour au régime de B. Eltsine et à une mise en coupe réglée du pays offert aux transnationales occidentales avec une perte de souveraineté contre laquelle V. Poutine s'est acharné depuis son accession au pouvoir au début des années 2000.
Le projet eurasiatique est devenu un projet anti-atlantiste dérivant du refus euro-américain d'une participation d'égal à égal de la Russie à un monde multipolaire. Il faudrait, pour le comprendre, relire l'intervention du président russe à la Conférence de Munich (10 février 2007).
Depuis 2022, ce n'est pas la Russie qui a pris délibérément le parti de la Chine et du « Sud global », même si cela participe de sa conception globale des relations internationales. Ce sont les Occidentaux qui ont tout fait pour tenter de l'isoler en creusant un gouffre entre l'Union Européenne et elle.
La rupture des échanges et des relations entre la Russie et l'UE dérive d'une décision unilatérale, un acte de guerre délibéré, que les Américains ont imposé aux Européens. A la fois pour l'asphyxier politiquement, technologiquement et commercialement. Les Européens en paient le prix économiquement et, aujourd'hui, politiquement.
Les élections européennes du dimanche 09 juin en font une claire démonstration.
EN EUROPE, l'HISTOIRE BEGAIE
Le « paramètre caché ».
Presque partout en Europe, ici plus ou moins que là, une vague de mécontentement populaire, ouvertement xénophobe, submerge peu à peu l'espace politique. Ce phénomène n'est pas nouveau. Moins raison que passion, il préfère les slogans aux démonstrations.
Il correspond à une double érosion : d'abord une très inégale répartition des richesses qui paupérise une part de plus en plus grande de la population, ensuite, une dégradation de l'Etat de droit, un affaiblissement des protections sociales collectives et une faillite de la démocratie représentative qui désapproprient les citoyens de leur pouvoir décisionnel et de leur prise de leur destin.
Gauche, droite, démocrates, républicains, conservateurs... ne change rien à leur sort. La formule « bonnet blanc-blanc bonnet » popularisée lors des élections présidentielles françaises de 1969 par le candidat du Parti communiste, Jacques Duclos.
Les systèmes politiques renvoient inéluctablement les mêmes élus qui moyennant des mesures cosmétiques pratiquent la même politique. Le « tout est dans la com' » dans lequel E. Macron a excellé et qui a résumé son passage à l'Elysée.
En France, le raz-de-marée « populiste » est à triple détente6.
En vertu de l'article 12 de la Constitution qui lui en donne le pouvoir, le président Macron annonce, à peine quelques dizaines de minutes après la publication des premiers résultats catastrophiques du scrutin européen pour son parti, la dissolution de l'Assemblée Nationale et la date des prochaines élections législatives.
Mardi matin 11 juin, E. Ciotti, le président des Républicains, franchit le Rubicon et déclare rejoindre le RN. Cette décision, pressentie et initiée depuis longtemps par de célèbres comparses (N Sarkozy, L. Wauquier...), bouscule le microcosme politique français dont personne ne mesure la portée. Si le calcul du président français était de se ménager un parti du centre (les « 2 Français sur 3 » dont rêvait naguère Giscard d'Estaing) auquel participerait ceux dont Glucksmann réussi à s'entourer, ce qui reste des « éléphants » fossilisés et notabilisés du PS et les LR, en compagnie des fidèles Horizon et Modem, au moyen duquel il reprendrait la main qu'il a perdue aux « Européennes », à l'évidence ce calcul est un échec. Macron se tromperait à croire que ce dernier scrutin ne serait qu'un défouloir et que les élections parlementaires lui renverraient la majorité qu'il espérait.
Rééditer le coup de la cohabitation de 1986 avec un Mitterrand qui jouerait au chat et à la souris avec son Premier ministre serait illusoire. La droite LR implose, mais peut-être pas à son profit ni à celui qui a allumé la mèche et fait exploser le paysage politique français. Ne restera-t-il peut-être à E. Macron, pour aggraver la crise, qu'à démissionner. Mais ce n'est pas dans son tempérament.
« On ne sort de l'ambiguïté qu'à ses dépens », disait Jean-François Paul de Gondi, cardinal de Retz - lui qui avait, sous le règne de Louis XIV, compris les limites du complotisme, de l'ambivalence et du « en même temps » et en avait payé le prix. C'est là toute la différence entre ruse et intelligence, entre tactique et stratégie. Mazarin possédait ce dont le cardinal de Retz en a toujours été privé.
Par-delà la situation croquignolesque française, dans le même mouvement, les résultats des Européennes suivis du « coup de poker » de E. Macron, ont permis de dissimuler et d'escamoter le vrai problème qui les explique pour une large part.
Le cadavre sorti du placard.
Ces défaites ont fait une victime de plus, le président ukrainien qui a lui aussi disparu du paysage médiatique. Elles menacent et le Sommet en Suisse et la poursuite du soutien des pays européens à sa cause.
Aussitôt, toutes les rédactions ont effacé de leurs « unes » le conflit ukrainien qui les dominait jusque-là depuis plus de deux ans et renvoyé les généraux à leurs casernes, prestement remplacés par des experts en sondages et en analyse électorale. De la même manière que l'Ukraine a chassé les médecins et experts en épidémiologie qui régnaient sans partage début 2020 dans les médias, au cours de la pandémie du nouveau coronavirus.
En arrière-plan, l'Ukraine a habité ce scrutin européen en totale clandestinité et continue de le faire, alors que ses conséquences bouleversent les rapports de forces politiques et les assemblées. Ce serait d'ailleurs surtout sur la politique étrangère que le président Macron et son futur Premier ministre (RN, s'il gagnait les législatives) divergeraient le plus.
L'Union de l'aide à l'Ukraine est en train de perdre pour deux raisons combinées :
1.- Parce qu'elle pousse à la guerre qui détruit l'Ukraine, qui menace le reste de l'Europe et inquiète ses citoyens. E. Macron président omnipotent s'est plu de déclarer une guerre sans demander son avis à ses concitoyens, usant et abusant d'une communication qui ne souffre pas la moindre contradiction. Cela ne pouvait durer. De plus, comment imaginer que le président français puisse encore jouer le rôle de guerrier au bénéfice de l'Ukraine alors que demain, il serait entravé par une cohabitation qui le priverait de beaucoup de ses moyens ?
2.- Parce que le soutien à la guerre et à l'Ukraine a provoqué une chute importante de la prospérité des peuples européens avec une augmentation des prix, des taux d'intérêt, de la perte du pouvoir d'achat et, concomitamment, un insupportable enrichissement des profiteurs de guerre.
Les Européens observent sidérés les centaines de milliards de dollars et d'euros (officiellement) déversés, via l'Ukraine, aux complexes militaro-industriels, entretenant un conflit sans fin dont ils ne comprennent pas au-delà des principes généraux et des mots passe-partout- les tenants et aboutissants tandis que, par ailleurs, leurs gouvernements les assurent ne pas disposer des ressources pour soulager leurs conditions. L'entretien du conflit ukrainien pousse des millions de migrants sur leur sol et convint les Européens qu'ils sont envahis par la multitude de pauvres gens venus de toute la planète. Le résultat n'est pas spécifiquement lié à l'Union Européenne. Les conservateurs britanniques vont payer leurs choix politiques et seront éjectés eux aussi du 10 Downing Street. L'Ukraine a entraîné la chute de B. Johnson et s'apprête à éconduire son remplaçant. Dans l'Union ou hors de l'Union, cela ne change rien : c'est tout le système qui est à réinitialiser.
Le raz-de-marée « populiste » révélé dans ce dernier scrutin, était prévisible dans la plupart des pays européens. Il l'était, en France, au moins depuis que le président F. Mitterrand avait décidé d'en jouer pour verrouiller à son avantage des rapports de forces qui masquaient les contradictions d'une politique, soucieuse de préserver des carrières, de conduire son pays dans une impasse (la même qu'administre aujourd'hui E. Macron) et non de répondre aux besoins de ceux qui les avaient élus.7 L'abus de confiance est la première des qualités enseignées et prescrites aux élus de la « démocratie représentative ».
Même s'ils ne sont pas tous alignés sur les mêmes choix politiques, même si les causes de leur avènement ne sont pas partout les mêmes, en Autriche, en France (près de 40% des suffrages)8, en Belgique, aux Pays-Bas, en Italie, en Allemagne (où les partis qui dirigent, s'ils gouvernent légalement ont perdu toute légitimité)..., même s'ils ne se retrouveront pas dans les mêmes groupes parlementaires, ces partis améliorent leurs résultats, consolident leurs positions, comme en Italie, ou sont sur le point d'accéder au pouvoir comme en France.
Les vetos (dans l'Union Européenne et à l'OTAN) qui bloquaient les aides à l'Ukraine, en attendant la mise en œuvre de la réforme initiée par G. Verhofstadt (dont la plupart des électeurs n'a jamais entendu parler), ont été contournés par des « accords bilatéraux de sécurité ». Evidemment, cela ne suffira pas. Ces événements vont avoir des conséquences qui ne tarderont pas à être rapidement visibles sur le front ukrainien alors que les médias ont tout fait pour les occulter. Les citoyens européens prennent conscience que ce n'est pas l'« invasion de l'Ukraine » qui est responsable de l'état déplorable de leurs économies, mais les conséquences des décisions qui ont été prises contre l'« envahisseur ».
Tandis qu'en Palestine une machine de guerre, hors le droit, en toute impunité, extermine méthodiquement des milliers d'êtres humains dans une indifférence à peu près universelle.
Evidemment, cela ne pouvait durer sans que les gouvernants ne soient sommés de rendre des comptes. N'est-ce pas en cela, après tout, que consiste la démocratie ?
Notes
1- « La Chine a souligné à plusieurs reprises que la conférence de paix devait être reconnue à la fois par la Russie et l'Ukraine, que toutes les parties devaient y participer sur un pied d'égalité et que tous les plans de paix devaient faire l'objet d
'une discussion équitable », déclare M. Mao Ning, porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois. « Il est difficile pour la Chine de participer à cette réunion précisément parce que nous pensons que ces trois points pourraient ne pas être atteints lors de cette réunion.» (Latribune.fr, L. 03 juin 2024)
2-Le président brésilien,Luiz Inácio da Silva, a confirmé son refus de participer à la réunion en Suisse et rappelé que sa position était « conforme » à un communiqué conjoint avec la Chine diffusé le 23 mai, dans lequel les deux pays disaient « soutenir une conférence internationale de paix tenue à un moment approprié reconnu à la fois par la Russie et l'Ukraine, avec une participation égale de toutes les parties ainsi qu 'une discussion équitable de tous les plans de paix » (Le Monde, L. 10 juin 2024).
3- Ankara a officiellement demandé son adhésion au groupe des BRICS. Son ministre des affaires étrangères se rend lundi 10 et mardi 11 juin en Russie.
4- En 1975, le Groupe était un club de riches (2/3 de la richesse mondiale, ce n'est plus le cas aujourd'hui) destiné à protéger leurs fortunes. La crise pétrolière de 1973 a été un prétexte. Le Canada a été rajouté en en 1976, en contrepartie de l'Italie sur proposition française. La Russie, admise en 1997, elle en a été exclue en 2014, suite à la crise de Maïdan et de l'annexion de la Crimée.
5- Certes, le groupe néerlandais ASML met au point des machines de photolithographie pour l'industrie des semi-conducteurs grâce à ses technologies EUV (Extreme Ultraviolet) qui permettent de fabriquer des puces dont les transistors se mesurent en angström (10 puissance -10 mètre, ndlr) dix fois plus petit que le nanomètre. Sont mises sous silence les prouesses de l'astronautique chinoise qui réalise des premières aussi bien en orbite basse (avec une station spatiale nationale) que sur Mars ou sur la face cachée de la Lune d'où elle ramène via des systèmes autonomes des roches sans le recours d'astronautes.
6- Il faut relativiser le succès du RN. Avec un taux d'abstention proche de la moitié du corps électoral, il représente environ 15 à 16% des Français en âge de voter.
Par ailleurs, les commentateurs se trompent à faire croire à un « vote d'adhésion». Ils sous-estiment le rejet profond et radical du président et de sa politique.
7- Le 07 juin V. Zelensky intervenait devant l'Assemblée Nationale française. Les rangs étaient clairsemés, à peine 200 dé
putés ont fait le déplacement sur 577 pour assister àla déclaration d'un chef d'Etat en guerre depuis plus de deux ans. Bis repetita devant le Bundestag mardi 11 juin : la plupart des députés du parti d'extrême droite allemand AfD, ainsi que les élus d'un partide gauche radicale, ont boycotté le discours du président ukrainien. « Nous refusons d'écouter un orateur en tenue de camouflage », a expliqué dans un communiqué la direction de l'AfD, estimant que « l'Ukraine n'a pas besoin d'un président de guerre mais d'un président de paix ».
Le mouvement de gauche radicale BSW dit vouloir envoyer
« un signe de solidarité avec tous ces Ukrainiens qui veulent un cessez-le-feu immédiat et une solution négociée », a précisé une responsable à l'AFP.
8- Le Rassemblement National, devenu premier parti de France, est arrivé en tête dans toutes les régions et dans tous les dé
partements, à l'exception de trois département parisiens (Seine St Denis, Paris et les Hauts-de-Seine).
par Abdelhak Benelhadj
Jeudi 13 juin 2024
https://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5330488
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