Les présidents Tebboune et Macron se sont entendus, lors d'un appel téléphonique, sur le principe d'une visite d'ici à fin septembre ou début octobre. Des dossiers très lourds doivent être étudiés par les deux parties pour que le projet de visite du président Tebboune en France se concrétise sur le terrain. Parmi les pierres d'achoppement dans les relations algéro-françaises, le lourd contentieux mémoriel. Décidée par Macron, la déclassification des archives françaises sur la Guerre de libération nationale avance à pas de tortue. Des historiens algériens avaient déjà exprimé leurs appréhensions sur d'éventuels «blocages quant à son application, puisque la décision est, pour l'heure, «politique et non administrative». Différents subterfuges pourraient être trouvés par des administratifs (archivistes) afin d'empêcher un accès total à ces archives, comme la non-classification de certaines archives par manque de personnel ou une sélection préméditée de ces documents», avait dénoncé l'historien Mohamed El Korso, soulignant l'importance «extrême» des documents liés à la torture, aux exécutions sommaires ou encore celles se rapportant à la bataille d'Alger.
Sur l'autre rive de la Méditerranée, la tendance vers un dégel entre les deux pays sur le dossier de la mémoire ne va pas dans le même sens. Une partie de l'intelligentsia de l'Hexagone voit quelque chose «d'irrationnel» derrière la reconnaissance unilatérale par la France des crimes commis par elle en Algérie. La décision de faciliter l'accès aux archives sur la Guerre de libération, jusque-là couvertes du secret-défense, continue d'agiter le landerneau politico-médiatico-intellectuel pour venir compliquer un travail d'apaisement sur la question sensible de la mémoire, déjà en butte à moult obstacles. L'on se souvient de cet avocat français qui avait affirmé sans sourciller que «nul aujourd'hui en France ne s'oppose à la reconnaissance des exactions, mais dans le cadre du principe de la réciprocité». Une phraséologie spécieuse, amplifiée par les médias hexagonaux. Pousser l'outrecuidance jusqu'à mettre la victime et son bourreau sur un pied d'égalité, c'est dire si beaucoup reste à faire pour déminer le terrain avant la visite de Tebboune en automne prochain en France.
par El-Houari Dilmi
Jeudi 14 mars 2024
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