Sortie le 19 février 1964, la dramédie musicale du duo Jacques Demy et Michel Legrand, révélant Catherine Deneuve, avait reçu la Palme d’or à Cannes !
Ne pleure pas… On ne meurt d’amour qu’au cinéma !
Madame Emery a beau être rassurante, sa fille Geneviève ne peut retenir ses larmes. La jeune demoiselle de Cherbourg (elle n’a pas de sœur jumelle à Rochefort, non, pas encore) est enceinte et son petit ami est parti se battre en Algérie ! Et nous aussi, spectateurs, attendris par la jeune fille, depuis la découverte en salle de cette histoire magnifiquement enchantée et en chansons, il y a 60 ans (le film est sorti le 19 février 1964), nous ne pouvons que pleurer et chanter avec elle…
Je ne pourrai jamais vivre sans toi… Je ne pourrai pas, ne pars pas, j’en mourrai… Un instant sans toi et je n’existe pas… Oh mon amour ne me quitte pas…
Mais reprenons tout depuis le début ! De quoi ça parle "Les parapluies de Cherbourg" du réalisateur Jacques Demy ? L’histoire se passe en 1957. Geneviève est une jeune fille de 17 ans comme les autres. Enfin pas réellement. Elle vit seule avec sa maman ("dans un très vieil appartement, rue Sarasate", non, ça, c’est un autre), la propriétaire d’une boutique de parapluies. Une boutique bien nommée, "Les Parapluies de Cherbourg". Geneviève est follement amoureuse de Guy. Oui mais voilà, le jeune homme est mobilisé. Il est appelé en Algérie, là où la guerre déchire le pays. Pour lui prouver son amour, Geneviève se donne à lui… De cette nuit d’amour naît une fille. Une enfant sans papa car Geneviève ne dit rien à Guy dont les lettres sont rares. Geneviève qui rencontre un riche bijoutier qu’elle épouse pour éponger les dettes de sa mère. De son retour du front, Guy devient le gérant devient d’une station-service. Il est marié à Madelaine et ils ont un fils. Un jour, Geneviève s’arrête à cette station pour faire le plein. Sa fille est dans la voiture. Les deux ex-amants se retrouvent, oui mais pour se raconter quoi… pour mieux se quitter sans un mot !
Ce film, "Les parapluies de Cherbourg", cristallise toutes les passions avouées de Jacques Demy. Le jeune réalisateur est fan du réalisme de Robert Bresson, lui qui aime travailler l’image et le son, lui qui aime les histoires avec ce satané destin malmenant ses personnages. Le Jacques, il fantasme aussi à propos de la poésie de Jean Cocteau. Malgré le réalisme de ses décors, Demy insuffle aussi cette poésie-là dans ses récits. Jacques Demy adule encore les comédies musicales hollywoodiennes comme "Chantons sous la pluie". C’est décidé, lui aussi, il se met à réaliser des films "en chanté", comme il dit, où les dialogues sont scandés en musique. Et quelle musique !
Il n’y a pas de film de Jacques Demy sans musique de Michel Legrand… le grand Michel ! Alors oui, il faut passer outre ces dialogues chantés. Non, il n’y a rien de dérangeant d’écouter ces amoureux se chanter leur désir, puis leur chagrin et enfin leur désespoir sur les airs symphoniques et pop classieux, pour ne pas écrire "pop classiques", du compositeur. Le tout magnifié par les couleurs du cinéma enchanté de Demy. Catherine Deneuve, la Geneviève de cette histoire, ne chante pas réellement dans ce film. Même si plus tard, dans les années 80, elle prouvera qu’elle sait/peut chanter, sous la direction de Serge Gainsbourg, elle est doublée par Danielle Licari… choriste de Léo Ferré. Juste comme ça, son album solo "Concerto pour une voix" est une pure merveille !
Juste comme ça, si vous désirez rendre hommage à ce chef-d’œuvre du Cinéma français, la ville de Cherbourg a mis en place une visite touristique des lieux de tournage. Une visite qui démarre à la boutique de parapluies. Elle est située 13 rue du port. Vous ne pouvez pas la louper vu qu’une plaque commémorative relate ce tournage. Au départ, il s’agissait d’une quincaillerie. Les décorateurs du film ont donc du tout réaménager. Ils ont tendu de grands draps pour y poser ensuite du papier peint. Ils ont aussi installé un nouveau comptoir et, bien entendu, des centaines de parapluies… comme s’il en pleuvait ! Ah oui, un dernier détail : ne cherchez plus la station-service de Guy, anciennement située Quai Alexandre III, elle n’existe plus aujourd’hui !
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