Un Palestinien du nord de Gaza, où plus d’un demi-million de personnes vivent dans la famine imposée par Israël, témoigne de la peur d’une mort imminente due au manque de nourriture.
Palestinians gather to receive food in Rafah, in the southern Gaza Strip, on 19 December 2023 (Bashar Taleb/Imago Images via Reuters)
La vie de plus d’un demi-million de personnes dans cette zone se résume aujourd’hui à une seule tâche quotidienne : trouver quelque chose à manger. Dans le témoignage qui suit, un habitant de la ville de Gaza, qui souhaite garder l’anonymat, raconte à la responsable du bureau de MEE à Jérusalem, Lubna Masarwa, les efforts qu’il déploie pour survivre dans une ville déchirée par la guerre.
La situation est difficile. Pouvoir se procurer quoi que ce soit est devenu compliqué, même des produits aussi ordinaires que le sucre, le sel et le riz.
Nous cherchons ces aliments partout, même dans les vieux magasins et les maisons abandonnées. Quand nous en trouvons dans les magasins, ils sont vendus à des prix exorbitants.
Il y a environ quatre jours, 800 sacs de farine de blé ont été livrés. Le nord de la bande de Gaza compte presque 700 000 habitants. Cela revient à un sac pour environ 1 000 personnes.
Mon cousin a réussi à obtenir un sac. Il fait 25 kg. Il l’a distribué à notre famille élargie et chacun d’entre nous a reçu un kilo.
Comme tout le monde à Gaza, ma sœur et moi avons mélangé notre part avec de la farine de maïs et de soja.
Nous faisons cela pour augmenter la quantité.
« J’ai complètement oublié le goût des aliments »
J’ai passé trois heures dans la matinée à allumer le feu et à le faire cuire, et au final, ce n’était pas bon. C’était dur, pas cuit et ça avait un goût bizarre. Ma sœur a commencé à pleurer et j’ai essayé de la calmer en lui disant que nous pourrions y ajouter du thym et le manger ainsi.
Je me suis ensuite rendu chez ma tante, qui avait du mal à allumer le feu, car le bois encore disponible à Gaza n’est pas bon. J’ai donc passé les trois heures suivantes à les aider.
Je suis ensuite allé chez mon oncle, qui avait le même problème, et je l’ai aidé.
Mon oncle ne m’a pas semblé en forme lors de ma visite. Je lui ai demandé ce qui n’allait pas, mais il n’a pas répondu. Plus tard, son fils m’a dit qu’il n’avait pas mangé. Il a donné aux enfants les petites galettes de thym qu’ils avaient préparées et a refusé de manger.
À la fin de cette journée très longue et épuisante, une frappe aérienne est survenue à proximité. J’étais terrifié, car je me trouvais à l’étage du haut. C’était très proche.
Tenter de survivre
Nous avons atteint nos limites. La situation est épouvantable et s’aggrave de jour en jour. C’est plus que la famine.
Je suis devenu si maigre. J’étais un homme en bonne santé. J’avais l’habitude de monter à cheval et de courir. Aujourd’hui, je ne peux même plus monter les escaliers sans me sentir à bout de forces.
J’ai complètement oublié le goût des aliments. Je ne sais plus quel est le goût des fruits ou du poulet. Nous n’avions que du riz et même ce riz est devenu rare.
Quand on le trouve, un kilo de riz coûte 80 shekels (22 dollars), alors qu’avant la guerre il coûtait 7 shekels (1,90 dollar). Nous manquons d’huile de cuisson, de levure, de maïs et d’orge. Même les aliments pour animaux que nous avons été forcés de manger à un moment donné commencent à manquer. Tous les jours, quelque chose vient à manquer.
« Mieux vaut mourir sous les bombes que de mourir de cette faim »
Je connais des personnes qui ont commencé à manger des herbes sauvages.
Si nous restons comme ça une semaine de plus, nous mourrons en masse, je pense que nous commencerons à voir des gens mourir de faim en masse.
Il n’y a plus rien ici. Les personnes en bonne santé tombent malades et les malades meurent.
Peu importe que vous ayez de l’argent ou non. Peu importe que vous ayez stocké de la nourriture au début de la guerre ou non. Tout est épuisé. Nous sommes tous dans le même cas. Il n’y a pas d’échappatoire.
Mieux vaut mourir sous les bombes que de mourir de cette faim. Au moins, avec les frappes aériennes, on meurt sur le coup.
Mais à présent, nous continuons à tourner en rond chaque jour, à la recherche d’une bouchée qui nous permette de survivre.
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Par Lubna Masarwa à JÉRUSALEM
Published date: Lundi 26 février 2024 - 13:57 | Last update:1 day 2 hours ago
Sur la Palestine, la Cour internationale de justice (CIJ) a acquis une visibilité légitime, qui tend à éclipser la Cour pénale internationale (CPI). Ces institutions, toutes deux saisies de la situation, doivent être distinguées car elles n’ont ni la même légitimité, ni le même mandat. Statuant sur le fondement du droit international public, la CIJ peut porter un regard sur la longue durée de l’histoire, ce qui manque cruellement à la CPI.
Le logo de la Cour internationale de Justice (CIJ) visible à côté du ministre des affaires étrangères de l’Autorité palestinienne Riyad Al-Maliki (à droite) et des membres de sa délégation alors qu’ils écoutent au début d’une audience à la CIJ sur les conséquences juridiques de l’occupation israélienne des territoires palestiniens, à La Haye le 19 février 2024.
Robin van Lonkhuijsen/ANP/AFP
La Cour internationale de justice (CIJ), récemment saisie par l’Afrique du Sud contre Israël, s’est illustrée par une ordonnance venant modifier la représentation du conflit à Gaza en admettant la possibilité d’une offensive génocidaire. Elle est de nouveau réunie en cette fin février 2024 pour entendre les exposés oraux de 52 États et trois organisations internationales répondant à la question posée en décembre 2022 par l’Assemblée générale des Nations unies sur la légalité de l’occupation du territoire palestinien depuis 19671. Cette question, qui convoque le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, mais aussi le thème du gouvernement par la ségrégation raciale (apartheid), est fondamentale. L’avis qui sera rendu, probablement à l’été 2024, s’inscrira dans une jurisprudence relative à la Palestine remarquée puisque, en 2004, un autre avis sur la construction d’un mur en territoire palestinien occupé avait déjà rappelé le cadre juridique de compréhension de la situation du peuple palestinien. En parallèle, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) prétend mener une enquête indépendante sur les crimes commis dans les territoires palestiniens occupés. Pourtant, cette dernière institution semble désormais terriblement dépassée, tant au regard du retard accumulé dans le travail relatif à la Palestine que de l’orientation des enquêtes relatives à Gaza.
LA PLACE DES ÉTATS DANS LE CONTENTIEUX INTERNATIONAL
Organe judiciaire principal des Nations unies, la CIJ juge des différends entre États. C’est dans cette fonction contentieuse qu’elle est appelée à statuer sur l’affaire portée par l’Afrique du Sud contre Israël. Composée de juges représentant la diversité des États membres des Nations unies, elle peut se reposer sur une jurisprudence bien établie et respectée, précédée de celle de la Cour permanente de justice internationale instituée dans le cadre de la Société des Nations (SDN). Cette jurisprudence se caractérise par une forme de prudence, dès lors que le recours au juge, en droit international public, se fonde sur l’acceptation des États. Ainsi, la CIJ ne peut être saisie d’un différend entre États que si ceux-ci ont accepté sa juridiction.
Plusieurs modes d’expression de ce consentement étatique sont possibles. Les États peuvent accepter la compétence de la CIJ de manière générale et par avance, en formulant la déclaration facultative d’acceptation de la juridiction de l’article 36§2 de son Statut. Ils peuvent aussi l’accepter par avance, mais de manière plus restreinte, par une clause figurant dans un traité spécifique. Enfin, ils peuvent l’accepter ponctuellement pour que la Cour statue sur un différend précis les opposant. Cette nécessaire acceptation de sa juridiction explique la position de prudence de la Cour vis-à-vis des sujets de droit international que sont les États, dont la condition est marquée, en droit international, par l’égalité et le respect dû à leur organisation interne.
À l’inverse, la Cour pénale internationale (CPI) est une institution récente, distincte du système des Nations unies. Le traité de Rome qui l’établit en 1998 crée une nouvelle organisation internationale, autonome de celle des Nations unies. Si celle-ci prétend à l’universalité, tous les États-membres des Nations unies n’y participent pas. Ainsi, il est bien connu que les puissances que sont les États-Unis, la Russie, la Chine, l’Inde, l’Iran, Israël, n’ont pas ratifié le traité de Rome. Si les États africains l’ont très largement fait, peu d’États arabes ou asiatiques se sont engagés. Ceci a de nombreuses conséquences en termes de légitimité internationale, de désignation des principaux acteurs de l’institution, de possibilité d’enquêter.
Pourtant, s’agissant des enquêtes, le traité de Rome organise (article 12) un régime dans lequel un État non partie est susceptible de voir ses agents poursuivis s’ils sont soupçonnés d’avoir commis des crimes sur le territoire d’un État partie, ou d’un État ayant accepté ponctuellement la juridiction de la Cour. C’est ce qui se produit actuellement pour Israël et pour la Russie, l’enquête ayant ici conduit à l’émission d’un mandat d’arrêt contre le président russe Vladimir Poutine. Aussi, on le voit dans ce dernier exemple, l’activité de la CPI est susceptible d’atteindre directement un État non partie, à travers la mise en cause de ses principaux agents. Si ce système est rhétoriquement justifié par la gravité des crimes internationaux, on est bien loin des principes classiques de la justice internationale, et du respect dû à tous les États dans le cadre des Nations Unies ; il devrait n’être utilisé qu’avec le plus grand discernement.
LES AVIS CONSULTATIFS DE LA COUR INTERNATIONALE DE JUSTICE
Dans le cadre de sa fonction consultative, la CIJ s’émancipe du consentement étatique lorsque la question juridique qui lui est posée se rapporte au comportement d’un État. Ce fut le cas dans plusieurs avis régulièrement cités lors des audiences actuelles : avis sur la Namibie (1971), avis sur le mur édifié dans le territoire palestinien occupé (2004), avis sur l’archipel des Chagos (2019)2. Dans la procédure consultative en cours, la juridiction est saisie d’une situation de longue durée : la question posée par l’Assemblée générale porte sur la légalité de l’occupation israélienne depuis 1967. Les exposés oraux présentés par les États évoquent d’ailleurs des aspects encore antérieurs : le mandat britannique sur la Palestine, le plan de partition voté par l’Assemblée générale des Nations unies le 29 novembre 1947, la Nakba. La Cour est donc conduite à s’interroger sur le temps long de l’occupation, ce qui est le seul moyen d’évaluer juridiquement de manière cohérente la situation actuelle. De plus, le droit applicable est le droit international public, qui comprend des aspects pénaux, mais les excède très largement. Seule la Cour internationale de justice peut véritablement statuer sur ce qui est au cœur de la condition du peuple palestinien : le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Et ce droit a des conséquences militaires (résistance, interdiction de la répression), politiques (accès à l’indépendance), économiques (souveraineté sur les ressources naturelles), démographiques (droit au retour des réfugiés, interdiction de la colonisation), qui dépassent le droit international pénal.
Les déclarations récentes du procureur de la CPI
Le regard porté par l’institution qu’est la Cour pénale internationale sur la situation en Palestine reste quant à lui extrêmement restreint. Il est limité temporellement par la date d’adhésion de la Palestine au système de la Cour pénale internationale (2014-2015). Contrainte par cette compétence temporelle, par les spécificités du droit qu’elle applique, mais aussi par sa politique de poursuites, la CPI ne saisit généralement le réel que de manière ponctuelle et décontextualisée. Ceci s’avère tout à fait frappant dans les récentes déclarations de son procureur sur la situation en Palestine.
S’agissant des événements actuels, dans les propos émis par le procureur Karim Khan le 29 octobre 2023 depuis Le Caire, la première condamnation de la violence se rapporte aux attaques du 7 octobre et « à la haine et à la cruauté » qui les ont « motivées ». Dans un second temps, évoquant l’offensive sur Gaza, le procureur affirme qu’Israël
dispose d’une armée professionnelle bien entraînée (…), dispose d’un système qui vise à assurer le respect du droit international humanitaire (...) et devra démontrer la bonne application des principes de distinction, de précaution et de proportionnalité.
Il n’y a, dans cette déclaration, rien sur le long blocus puis le siège de Gaza, sauf pour évoquer l’entrave actuelle à l’acheminement des secours et à un ravitaillement insuffisant.
Le 3 décembre 2023, après une visite rendue aux victimes en Israël, puis à Ramallah, la manière dont le procureur de la CPI présente la situation ne semble pas avoir beaucoup évolué. Ainsi, s’agissant de l’attaque du 7 octobre, le procureur affirme :
Les attaques perpétrées contre des civils israéliens innocents (…) constituent des crimes au regard du droit international qui sont parmi les plus graves, de ceux qui heurtent la conscience humaine.
S’agissant de l’offensive à Gaza, il insiste plutôt sur la difficulté du combat pour Israël :
Les combats qui se déroulent dans des zones densément peuplées, qui permettent aux combattants armés de se cacher parmi la population civile, sont par nature complexes, mais ils n’en restent pas moins régis par le droit international humanitaire, dont les règles sont connues de l’armée israélienne.
Nous sommes donc en présence d’une approche singulièrement orientée, où les actes du Hamas semblent déjà qualifiés, où l’enquête semble d’abord engagée en faveur des victimes israéliennes, au soutien d’un État qui n’a, pas plus que les États-Unis ou l’Ukraine, ratifié le traité de Rome. Et ceci alors même que l’État d’Israël dispose d’un appareil répressif, qu’il emploie d’ailleurs extensivement.
Dans le discours du procureur, en revanche, l’offensive à Gaza est rendue « complexe » par le comportement de groupes combattants perturbant l’action d’une armée professionnelle bien au fait du droit international humanitaire. Ce biais désolant est rendu encore plus visible/risible par la récente ordonnance de la Cour internationale de justice, qui n’a pas hésité à citer les déclarations à caractère génocidaire des responsables israéliens de l’offensive sur Gaza, déclarations déjà connues au moment où le procureur de la Cour pénale internationale s’est exprimé dans la région.
LE LONG REFUS D’ENQUÊTER
Les positions du procureur témoignent de l’évolution des influences qui s’exercent au sein de cette organisation. Le britannique Karim Khan s’est en effet d’abord illustré par le renoncement en 2021 à une enquête sur l’activité des agents des États-Unis et de ses alliés européens en Afghanistan3. Plus récemment, les États-Unis, qui ne sont pourtant pas partie au statut de Rome, ont offert leur aide s’agissant de l’enquête sur la Russie, et ont alimenté, à la Cour, un fonds spécial dédié à celle-ci4. Cet État non partie est donc désormais présent dans le système de Rome comme passager clandestin généreusement accueilli, ce qui pose des questions tant politiques que juridiques. Cette participation de facto des États-Unis succède d’ailleurs immédiatement — rappelons-le — à leur opposition violente à la CPI, qui est allée jusqu’à sanctionner certains acteurs majeurs de l’organisation en 2020.
Mais par-delà ce contexte très récent, il est bien connu que les procureurs successifs de la CPI n’ont jamais été enclins à enquêter sur les crimes commis en Palestine5. Saisi par la Palestine en 2009 à l’occasion de l’opération « Plomb durci » sur Gaza, le procureur a refusé d’enquêter en mettant en avant le statut incertain de la Palestine. Saisi ensuite par l’État des Comores en 2013 de l’attaque contre un navire de la flottille humanitaire pour Gaza battant pavillon comorien, le Mavi Marmara, le procureur a de nouveau refusé d’enquêter. Il affirmait que les crimes commis n’étaient pas d’une gravité suffisante pour relever de la juridiction de la Cour. Cette position, contestée par les Comores, a aussi été durement critiquée par les juges de la Cour dans une séquence caractérisée par une sorte de bras de fer avec le procureur. Finalement, la Palestine, devenue un État partie au Statut de Rome en 2015, a pu demander de nouveau en 2018 une enquête sur la situation se déroulant sur son territoire. Mais, encore une fois, le procureur n’a pas jugé urgent d’agir et n’a ouvert une enquête qu’en 2021.
Aussi, en dépit des nombreuses enquêtes ou rapports des Nations unies et d’organisations non-gouvernementales6, la CPI a fermé les yeux sur la Palestine pendant plus de dix ans. Ses procureurs ont, à cet égard, une responsabilité morale dans l’aggravation de la situation, leur politique d’inactivité ayant probablement accru un sentiment d’impunité. Cette politique pénale orientée suscite aujourd’hui des réactions de la part de certains États parties au Statut de Rome. Ces réserves apparaissent clairement dans les demandes d’enquêtes dont la CPI a été récemment saisie. Ce sont d’abord 5 États (Afrique du Sud, Bangladesh, Bolivie, Comores, Djibouti) qui ont officiellement demandé au procureur, le 17 novembre 2023, une extension de l’enquête pour couvrir, notamment, les allégations de génocide à Gaza. Deux autres États, le Chili et le Mexique, ont fait la même démarche le 18 janvier 2024. Aussi, la confiance que l’on peut avoir dans l’activité de la CPI relative à la Palestine doit rester très mesurée ; cette activité constituera certainement un test pour une institution qui paraît à la dérive.
RAFAËLLE MAISON
Agrégée des facultés de droit ; professeur des universités.
Des ressortissants algériens bloqués à Gaza organisent une manifestation devant l’hôpital Al-Najjar pour demander l’intervention du président de la République, Abdelmadjid Tebboune afin de les évacuer de Gaza, alors que la guerre israélienne contre les civils se poursuit.
En effet, plusieurs ressortissants algériens se trouvent actuellement bloqués à Gaza en raison de la fermeture des frontières et de l’escalade des tensions dans la région. Ils vivent dans des conditions difficiles et craignent pour leur sécurité alors que la violence ne cesse d’augmenter.
Face à cette situation précaire, les Algériens bloqués à Gaza ont décidé d’organiser une manifestation pacifique devant l’hôpital Al-Najjar pour attirer l’attention sur leur situation et demander l’intervention des autorités algériennes. Ils espèrent pouvoir être évacués en toute sécurité et retrouver leurs proches en Algérie. Les manifestants (parmi eux de nombreux enfants et femmes), munis de leurs passeports algériens mais aussi de drapeaux, ont appelé le président Tebboune à intervenir en leur faveur et à les aider à quitter Gaza. Ils ont exprimé leur détresse et leur désespoir face à la situation actuelle et ont demandé une action immédiate pour assurer leur sécurité et leur bien-être.
En outre, la situation à Gaza est devenue de plus en plus préoccupante en raison de l’escalade de la violence de la part d’Israël contre les civils. Les bombardements indiscriminés ont causé de nombreuses victimes parmi la population civile, provoquant une vague d’indignation et de condamnation à l’échelle internationale.
Face à cette tragédie humanitaire, de nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer les exactions israéliennes et appeler à la fin des hostilités. Des organisations internationales, des gouvernements et des personnalités politiques ont exprimé leur soutien aux civils de Gaza et appelé à un cessez-le-feu immédiat pour mettre fin à la violence.
« Si l’ange de la mort se présente à vous et vous apprend que votre heure a sonné et que le seul moyen que vous ayez pour la reporter c’est de sacrifier votre conjoint… Vous diriez quoi ? Quel serait votre choix ? C’est vous ou c’est lui ? »
Deux ont été et demeurent à ce jour parmi les meilleurs romans publiés par les auteurs algériens. Il s'agit de «La colline oubliée» et de L'opium et le bâton». Ils ont d'ailleurs été portés à l'écran. Paru pour la première fois aux éditions Plon (Paris), en 1952 «La colline oubliée» n'a pas cessé de faire l'objet de rééditions aussi bien en France qu'en Algérie.
Le premier roman de Mouloud Mammeri est une immersion littéraire dans la vie des habitants du village Tasga, planté en plein coeur de la Kabylie.
La trame du roman se déroule en pleine Seconde Guerre mondiale. Les qualités esthétiques de ce roman ont vite propulsé l'auteur. « La colline oubliée» a été salué par la critique de l'époque.
Le doyen des écrivains égyptiens, le célébrissime Taha Hussein, en fait une critique élogieuse dans l'un de ses livres consacrés à la littérature moderne. Il faut rappeler qu'ayant fait ses études supérieures en France, Taha Hussein avait accès à la langue française et à la littérature francophone. Le destin de Mokrane, le personnage principal, de ses proches et de ses concitoyens y est décrit avec la maîtrise dans l'écriture littéraire dont a fait preuve Mouloud Mammeri dès ce premier roman écrit alors qu'il avait moins de 35 ans! Nous sommes en 1939. Toutes les misères imaginables rongent les habitants du village Tasga, situé dans les montagnes du Djurdjura, où la rudesse du climat ne fait qu'exacerber la dureté de la vie. Les citoyens de ce village sont attachés aux coutumes héritées depuis des lustres par leurs ancêtres. Les personnages de ce roman envoûtant, largement inspiré de faits réels, évoluent dans un climat dominé par la douleur et l'esprit de vengeance, alternés rarement par des éclaircies et des bribes d'espoir qui se désagrègent, à chaque fois, en un clin d'oeil. Puis, la situation se gâte davantage avec l'arrivée de la guerre. Les hommes quittent le village et ceux qui y restent, femmes, enfants et vieux, sont livrés à une sorte de malédiction sans nom. Après avoir génialement dépeint cette page d'histoire, de façon romancée mais très proche de la réalité, Mouloud Mammeri, livre aux lecteurs la page la plus importante de notre histoire, celle de la Guerre de Libération nationale. Dans « L'opium et le bâton», publié en 1965 chez Plon, l'auteur dépeint la lutte héroïque du peuple algérien face au colonialisme français et à sa barbarie. C'est à Tala que se déroule l'essentiel des événements décrits par l'écrivain d'Ath Yanni. En plus de la guerre, les habitants du village Tala sont confrontés à toute sorte de difficultés de la vie quotidienne marquée notamment par la famine, le travail très difficile dans les champs. L'engagement de la population de Tala dans la lutte en faveur de l'indépendance de leur pays. Il s'agit d'un roman poignant et déchirant. L'un des meilleurs romans écrits sur la guerre d'indépendance. En plus de ces deux chefs- d'oeuvre, Mammeri est l'auteur du «Sommeil du juste» (1978) et de «La traversée» (1982).
La facette d'homme de lettres de Mouloud Mammeri se caractérise par la publication de trois textes dramaturgiques: «Le banquet», «La cité du soleil» et «Le Foehn ou la preuve par neuf». Mouloud Mammeri est également nouvelliste, auteur de «Escales».
Quelques jours après les attaques du 7 Octobre 2023, une délégation de pays arabes se rendait à Pékin, tandis que l’envoyé spécial de celle-ci pour le Proche-Orient se lançait dans une grande tournée dans la région. Tous les regards se sont alors dirigés vers la Chine qui, depuis 1988, a reconnu l’État palestinien. Mais l’Empire du Milieu veut-il vraiment intervenir ? Et en a-t-il les moyens ?
Depuis qu’elle a parrainé la réconciliation spectaculaire entre l’Iran et l’Arabie Saoudite, en mars 2023, les commentateurs voient la Chine partout. Certains l’ont même imaginée prête à prendre la place des États-Unis ou, en tout cas, à endosser l’habit du faiseur de paix entre Palestiniens et Israéliens. Aujourd’hui, la déception semble à la mesure de cette attente inconsidérée. Quatre mois après le 7 octobre 2023, c’est plutôt morne plaine. Tel-Aviv bombarde, Pékin se tait. Et tout le monde se demande : mais que fait la Chine ?
« L’Occident confond l’agitation et l’action », me répond un ex-diplomate chinois à l’Unesco, qui rappelle que les dirigeants de son pays sonnent rarement les trompettes avant d’avoir atteint leur but. En l’occurrence, il faut obtenir « d’abord un cessez-le-feu durable » puis un accord sur « une feuille de route conduisant à la paix ». Vaste programme. Les bonnes relations de Pékin avec les pays arabes comme avec Israël sont censées faciliter la chose. Mais Tel-Aviv s’est déclaré « profondément déçu » des premières déclarations des dirigeants chinois.
Dès le 8 octobre 2023, un communiqué du ministère des affaires étrangères chinois pointe la gravité des évènements et appelle « les parties concernées à mettre immédiatement fin aux hostilités afin de protéger les civils et d’éviter une nouvelle détérioration de la situation »1. Le lendemain, l’une des porte-parole, Mao Ning, se fait plus précise : « Nous nous opposons et condamnons les actes qui portent atteinte aux civils ». Sans ambiguïté, elle condamne donc les massacres mais elle ne mentionne pas le Hamas, à l’heure où le monde entier est prié de dénoncer « l’organisation terroriste ». Surtout, elle inscrit ces crimes dans le temps long de l’affrontement israélo-palestinien : « La récurrence du conflit montre, une fois de plus, que l’impasse prolongée du processus de paix ne peut pas perdurer »2. Impardonnable.
Cette analyse rencontre pourtant celle de la plupart des pays de la région, en dehors de l’Inde et des pays asiatiques « occidentaux », tels la Corée du Sud ou le Japon qui se sont rangés derrière Israël — avec quelques nuances pour Tokyo qui a refusé de parler « d’organisation terroriste » à propos du Hamas, et n’a pas voulu « se joindre aux États-Unis, au Royaume Uni, à la France, à l’Allemagne et à l’Italie pour publier [le 9 octobre] une déclaration commune (…) promettant un soutien uni à Israël »3. La Chine ne manque pas de souligner que, loin d’être isolée, elle se trouve en phase avec nombre des pays du Sud. En démontrent les votes au Conseil de sécurité et à l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU), où Washington et Tel-Aviv sont bien seuls.
DÉJÀ MAO ZEDONG…
La position chinoise n’a rien d’opportuniste. Son soutien aux Palestiniens est historique, impulsé dès le début par Mao Zedong, bien qu’Israël ait été l’un des premiers États à reconnaître la République populaire de Chine, dès 1950 (contre 1964 pour la France, et 1972 pour les États-Unis). Selon les principes du non-alignement dont le pouvoir chinois est partie prenante, le Grand Timonier appuie ostensiblement tout mouvement de libération et de lutte contre la colonisation, ce qui inclut par exemple l’Égypte de Gamal Abdel Nasser. Une solidarité sans faille, certes, mais davantage politique que financière ou militaire. En 1988, Pékin reconnait l’État palestinien. Néanmoins, il n’est encore qu’un nain politique.
Depuis, son poids au Proche-Orient a singulièrement évolué, même si la Chine reste d’une très grande prudence. Mêlant habilement commerce et politique, elle instaure des relations avec les vingt-deux pays de la Ligue arabe au début des années 1990, et exige d’eux, en contrepartie, une rupture diplomatique avec Taïwan.
Dans un premier temps, elle rentre dans le maelstrom proche-oriental par la petite porte du commerce énergétique. Sa soif de pétrole et de gaz la pousse à développer des liens avec les pays du Golfe puis, plus lentement, avec l’Iran. Ces partenaires vont assurer près des deux tiers de son approvisionnement au début des années 2000. Toutefois, Pékin reste méfiant et s’attache à diversifier ses sources : ses achats énergétiques en provenance de la région ne dépassent pas actuellement 46 % du total. Dans le même temps, les entreprises chinoises s’enrichissent en vendant leurs marchandises, et les investissements commencent à décoller. Les échanges avec Israël, officiellement reconnu en 1992, connaissent eux aussi une croissance fulgurante.
La Chine est alors en pleine phase de normalisation. Dans ce monde qu’elle sait sous influence américaine — et donc intouchable —, elle préserve ce qu’elle estime être son devoir internationaliste : la défense des droits du peuple palestinien. En 1997, les dirigeants adoptent un plan de paix en quatre points qu’ils défendent à l’ONU et dans leurs rencontres bilatérales, sans toutefois en faire une priorité4.
UNE POLITIQUE ARABE TARDIVE
Il faudra cependant attendre les années 2000 pour assister à un changement de stratégie diplomatique au Proche-Orient. Plusieurs éléments y poussent. La politique de tout-export et d’implantation mondiale suppose de sécuriser ses relations : rien n’est plus dangereux aux yeux de Pékin que l’instabilité. En 2002, la Chine se dote d’un envoyé spécial pour le Proche-Orient chargé de faire le tour des popotes, même s’il échappe au radar de la plupart des observateurs. Deux ans plus tard, elle crée le Forum de coopération Chine–États arabes qui comprend les vingt-deux pays de la Ligue arabe. Le Forum prend de l’importance avec le lancement des nouvelles routes de la soie qui se déclinent en plusieurs thèmes, et abordent diverses questions : économiques (avec 10 milliards de dollars d’investissements promis en 2023), politiques, géostratégiques et militaires.
Pékin est obsédé par deux menaces. Tout d’abord, les mouvements indépendantistes des Ouïghours musulmans au Xinjiang, notamment après les révoltes de 2009. La Chine compte sur la solidarité des pays arabes dans ce domaine. Surtout qu’en cas de conflit, les États-Unis pourraient bloquer les goulots d’étranglement que représentent le détroit d’Ormuz, le canal de Suez et le détroit de Bab El-Mandeb. Cela explique les rapprochements avec l’Égypte, où le président Xi Jinping s’est rendu deux fois depuis son arrivée au pouvoir, ainsi que les investissements dans les infrastructures portuaires.
ISRAËL, UN PARTENAIRE SOUS INFLUENCE
Le possible blocage américain n’est pas qu’un fantasme. En juillet 2000, sous pression des États-Unis, le gouvernement israélien annule un contrat portant sur quatre avions militaires Falcon. D’autres interdictions tomberont. Si entre 1990 et 2000, les ventes d’armes israéliennes à Pékin atteignent 323 milliards de dollars (298 milliards d’euros), elles passent à zéro en 2002, selon les données du Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI). Exit celui qui figurait alors au troisième rang parmi les acheteurs d’équipements militaires israéliens. L’Inde, le voisin honni, prend sa place. Pas étonnant que Pékin ne considère pas Tel-Aviv comme un partenaire stratégique très fiable.
Les affaires étant les affaires, les entreprises chinoises publiques et privées développeront quand même leurs investissements dans les domaines alimentaires, des télécommunications et de la recherche (Huawei), de la cybersécurité et des infrastructures (tramway, port). Mais là encore, la société chinoise qui gérait une partie du nouveau port de Haïfa se retrouve marginalisée, sur intervention de Washington qui y voit un danger pour la base servant d’escale à ses sous-marins située à quelques encablures plus loin. Une fois encore, c’est un groupe indien, Adani, qui rafle la mise. De quoi conforter les doutes chinois. Car même si les deux pays sont étroitement liés commercialement, la Chine occupe la troisième place dans les échanges israéliens, derrière les États-Unis et l’Union européenne. Elle maintient donc le dialogue en tablant sur l’avenir, sans illusion. À court terme, elle ne dispose pas du moindre levier pour pousser aux négociations. Certains lui reprochent de ne pas se préoccuper du sort d’une otage sino-israélienne du 7 octobre 2023, Noa Argamani. Ils oublient que les autorités chinoises ne reconnaissent pas la double nationalité, et considèrent cette femme comme israélienne, ainsi que l’a rappelé l’ambassadeur à Tel-Aviv, se déclarant sensible au sort « de tous » les otages.
UN ANCRAGE SOLIDE AVEC UN MINIMUM DE PUBLICITÉ
En maniant habilement les relations bilatérales avec chaque gouvernement, les interventions au sein des organisations multilatérales dédiées et les échanges commerciaux, la Chine a conforté sa présence au Proche-Orient. Elle est devenue le premier partenaire commercial de l’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis et de l’Iran, à qui elle paie ses achats de pétrole en yuans et non plus en dollars. Cela en dit long à la fois sur la confiance des dirigeants arabes dans l’économie chinoise, et sur la méfiance des pétromonarchies à l’égard des États-Unis, capables à tout moment geler leurs avoirs, comme Washington l’a montré pour la Russie. Le succès est d’autant plus solide que, fidèles aux principes de non-ingérence, les dirigeants chinois veillent à ne jamais s’immiscer dans les querelles régionales (Iran contre Arabie Saoudite, Qatar et Émirats arabes unis, Houthis et Yémen-Arabie Saoudite).
Comme le résume parfaitement l’ex-premier ministre australien Kevin Rudd5 :
Cette présence stratégique croissante a été rapide et remarquable. Une fois de plus, [sa] capacité à mettre en œuvre sa stratégie avec un minimum de publicité a été fondée sur son formidable levier économique dans chaque capitale, et sa capacité à minimiser le risque d’être prise dans le réseau complexe des tensions intrarégionales. En ne prenant pas parti, la Chine a établi, développé et maintenu des amitiés avec tous les belligérants de la région, équilibrant soigneusement ses relations avec l’Iran, les États arabes et Israël.
De fait, la Chine a multiplié contacts et discussions. Après avoir rencontré l’ambassadrice d’Israël à Pékin le 17 octobre 2023, son envoyé spécial pour le Proche-Orient Zhai Jun s’est lancé dans une valse de voyages, d’abord au Qatar où se négociait le sort d’une partie des otages du Hamas les 19 et 20 octobre, puis le jour suivant en Égypte afin de participer au Sommet du Caire pour la paix, le 24 octobre aux Émirats arabes unis, et ensuite en Jordanie et en Turquie.
Signe des temps : le 20 novembre 2023, une délégation composée de ministres des affaires étrangères de pays membres de la Ligue arabe (Arabie Saoudite, Égypte, Jordanie, Qatar, État palestinien) et de l’Organisation de la coopération islamique (Indonésie, Nigéria, Turquie), lancée dans une tournée internationale en faveur de la paix, a commencé son périple par Pékin et non par Washington ou Paris. Le lendemain, se tenait une réunion des BRICS+ (Brésil, Russie, Chine, Afrique du Sud auxquels se sont joints depuis le début de l’année, l’Éthiopie, l’Iran, les Émirats, l’Arabie saoudite) entièrement consacrée à cette guerre. Deux d’otages. Certains observateurs y ont alors vu une preuve de l’efficacité chinoise… C’était aller un peu vite en besogne.
PAS QUESTION DE TOMBER DANS LE PIÈGE AMÉRICAIN
jours plus tard, se mettait en place un premier cessez-le-feu temporaire et un premier échange
Depuis rien n’a avancé. Et les dirigeants occidentaux – Américains en tête –reprochent à l’Empire du Milieu de ne pas intervenir pour mettre fin aux attaques des Houthis qui ciblent les navires liés à Israël en mer Rouge. Ils l’accusent de ne pas faire pression sur l’Iran. Pékin assure de son côté avoir demandé que « cessent ces attaques » qui pénalisent ses exportations. C’est notamment le cas du géant du transport maritime Cosco qui a dû emprunter une route plus longue et donc plus coûteuse. Mais les moyens d’action de la Chine restent limités.
Il lui est surtout reproché de ne pas participer à la coalition dirigée par les États-Unis qui bombarde les positions houthis au Yémen, alors qu’en 2008, elle avait rejoint le front occidental pour lutter contre les pirates attaquant les porte-conteneurs. Mais « nous ne sommes pas les shérifs du monde, rappelle l’ancien ambassadeur, nous respectons le droit international ». En 2008, il y avait en effet un mandat de l’ONU, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Et pour cause, Washington ne pourrait obtenir de feu vert sans contraindre Israël à accepter un cessez-le-feu immédiat.
Plus fondamentalement, la Chine ne veut pas mettre le moindre orteil dans ce « bourbier », fabriqué et entretenu par les États-Unis selon elle. Ce que Wang Yi, le ministre des affaires étrangères, traduit ainsi à l’issue d’une rencontre avec ses homologues d’Arabie Saoudite, de Bahreïn, du Koweït, d’Oman, d’Iran et de Turquie, en janvier 2022 :
Le Moyen-Orient a une longue histoire, des cultures uniques et des ressources naturelles abondantes, mais la région souffre de troubles et de conflits depuis longtemps, en raison d’interventions étrangères6.
Et d’enfoncer le clou : « Les projets de grand Moyen-Orient proposés par les États-Unis ont des conséquences désastreuses ».
Rappelant à la suite du président Xi Jinping qu’il « ne peut y avoir de sécurité dans la région sans une solution juste à la question de la Palestine », il ajoute : « Nous croyons que les peuples du Moyen-Orient sont les maitres du Moyen-Orient. Ils n’ont pas besoin d’un patriarcat ».
Selon Wang Yi,
certains politiciens et membres de l’élite américaine espèrent que [nous allons] répéter leurs erreurs et combler le « vide de pouvoir » qu’ils laissent. Mais la Chine ne tombera pas dans le piège. (…) Elle ne cherche pas à remplacer les États-Unis.
Que les États-Unis se débrouillent donc avec le chaos qu’ils ont créé ! Pour l’heure, la Chine compte les points de l’impuissance américaine et laisse le monde prendre conscience du double standard occidental dans la défense des droits humains. Reflétant l’opinion de nombre de dirigeants, le ministre jordanien des affaires étrangères Ayman Safadi a ainsi renvoyé dans les cordes le représentant du président Joe Biden en lui rétorquant : « Si un autre pays dans le monde faisait un fragment de ce qu’Israël a fait, il se verrait imposer des sanctions de tous les coins du monde »7.
Toujours aussi peu habile, l’ambassadeur de Chine en France, Lu Shaye, a publié sur X (ex-Twitter) la photo des bombardements à Gaza et celle des champs cultivés du Xinjiang, comme si les massacres des uns pouvaient justifier la répression des autres.
Certes Pékin ne peut pas asseoir son autorité internationale sur la seule faillite du camp occidental. Mais elle ne peut aujourd’hui que multiplier les initiatives diplomatiques de dialogue et de rencontre, quand d’autres comme Washington disposent d’un atout infaillible pour faire céder Tel-Aviv : arrêter les livraisons d’armes.
TERRORISME ET LUTTE ARMÉE VUE PAR PÉKIN
Le représentant chinois à la Cour internationale de justice (CIJ), Ma Xinmin, a été auditionné le 22 février 2024. Il a défendu le droit des Palestiniens à un État et a fait la différence entre « terrorisme » et « lutte armée » pour l’indépendance. Ci-dessous un extrait de son intervention :
Dans la poursuite du droit à l’autodétermination, le recours à la force par le peuple palestinien pour résister à l’oppression étrangère et pour achever l’établissement d’un État indépendant est un droit inaliénable, fondé en droit international. Après la seconde guerre mondiale, divers peuples y ont eu recours pour gagner leur indépendance. De nombreuses résolutions de l’Assemblée générale des Nations unies, telle la résolution 3070 de 1973, reconnaissent « la légitimité de la lutte du peuple pour la libération de la domination coloniale et l’occupation étrangère par tous les moyens disponibles, y compris la lutte armée ». Cela se reflète également dans les conventions internationales. Par exemple, la Convention arabe pour la répression du terrorisme de 1998 affirme « le droit des peuples à combattre l’occupation et l’agression étrangères par tous les moyens, y compris la lutte armée, afin de libérer leurs territoires et de garantir leur droit à l’autodétermination et à l’indépendance ». Ainsi la lutte armée est fondée sur le droit international et se distingue des actes de terrorisme. Cette distinction est reconnue par plusieurs conventions internationales. Par exemple, l’article 3 de la Convention de l’Organisation de l’unité africaine sur la prévention et la lutte contre le terrorisme de 1999 stipule que « la lutte menée par les peuples conformément aux principes du droit international pour leur libération ou leur autodétermination, y compris la lutte armée contre le colonialisme, l’occupation, l’agression et la domination par des forces étrangères ne doit pas être considérée comme des actes terroristes ». En revanche, l’usage de la force par toute entité ou individu au nom « du droit à l’autodétermination » en dehors du contexte de domination coloniale ou d’occupation étrangère n’est pas légitime. De plus, pendant la lutte armée légitime des peuples, toutes les parties sont tenues de respecter le droit international humanitaire et, en particulier, de s’abstenir de commettre des actes de terrorisme en violation du droit international humanitaire.
Une étude historique de belle qualité sur la place du citoyen dans la sécurité publique.
THÈME
Le sous-titre éclaire le sujet : "Une autre histoire de la sécurité publique en France, de la Garde nationale aux voisins vigilants". Il s'agit en effet de relater, sur les deux derniers siècles, la manière dont des groupes de citoyens se sont organisés pour maintenir l'ordre jugé menacé, mettant ainsi en œuvre, légitimées ou pas, des pratiques policières. Aujourd'hui l'Etat charge des spécialistes formés pour assurer la sécurité publique (gendarmes, policiers, CRS...) mais il n'en a pas toujours été ainsi car à plusieurs reprises, des amateurs, bénévoles ou légèrement indemnisés, ont jugé utile de participer aux fonctions policières. Ce fut même parfois considéré comme acte de courage et devoir civique. Avec tous les dangers inhérents à cette manière de faire que l'auteur décrit parfaitement pour faire comprendre les limites et les critiques de l'action civique (risques de dérives de citoyens armés ou de groupes violents notamment).
L'ouvrage est divisé en trois parties. La première relate les "bricolages civiques dans un système policier en construction" de 1789-1880, c'est-à- dire qu'elle aborde les périodes révolutionnaires jusqu' après la Commune, illustrant les engagements des citoyens désireux d'assurer l'ordre social dans un Etat défaillant du point de vue sécuritaire. Les Amis de l'Ordre après 1870, en sont un parfait exemple. La deuxième partie montre l'engagement limité des amateurs face à un système policier qui se professionnalise (jusqu'en 1960). A partir de la IIIe République en effet, l'Etat renforce la sécurité professionnalisée et la place des amateurs devient limitée. Mais cette large période est particulière puisqu'elle englobe les deux guerres (durant lesquelles les policiers requis au front sont beaucoup moins nombreux), la Libération (et le rôle des communistes), la guerre d'Algérie et Mai 68, pour lesquelles l'auteur examine en détail le rôle des milices. La troisième partie, enfin, débutant dans les années 1970 jusqu'à nos jours, évoque la participation des citoyens dans un système où la police est désormais structurée. Le rôle des "voisins vigilants" est étudié avec pertinence de même que les possibilités nouvelles apportées par les techniques numériques. En conclusion, la question demeure : le recours aux citoyens policiers est-il efficace ou bien dangereux ? Comporte-t-il plus d'inconvénients que d'avantages ? Est-il même démocratique ? Et qu'en est-il du droit à la légitime défense inscrit dans le Code pénal ?
POINTS FORTS
On peut être reconnaissant à l'auteur d'étudier un point méconnu de l'histoire sociale qui pourtant concerne la vie quotidienne de chacun, confronté à la délinquance. La question "Faut-il encourager la délation ? Se faire détective ou mouchard ? " est posée à plusieurs reprises, avec exemples à l'appui, et le fond du problème est ainsi bien étudié.
Quelques illustrations (dessins de presse le plus souvent) sont bienvenues ainsi que plusieurs rappels des personnages de la littérature et du cinéma (y compris pour les enfants) qui se font détectives bénévoles; enquêteurs amateurs, héros de romans policiers, justiciers autonomes, ardentes figures de l'auto- défense.
La période post-soixante-huitarde est particulièrement bien analysée (3ème partie, intitulée "Créez vos milices, soyez de la police, années 1970-1980"). La montée de la peur, du sentiment d'insécurité, et, de ce fait, l'envie de faire justice soi-même, ne fait qu'augmenter et l'auteur le démontre à l'aide de quelques chiffres clés : "entre 1967 et 1972, le nombre des crimes et délits fait plus que doubler". La police nationale ne répond pas suffisamment aux attentes de la population d'où la création de polices municipales et de milices privées. Quant aux changements observables à partir des années 2000 (terrorisme, drogue, racisme, etc) avec, notamment, des actions de terrain par des collectifs d'autodéfense, ils font également l'objet d'une analyse judicieuse.
Les nombreux extraits de presse cités tout au long des chapitres éclairent parfaitement l'ambiance de l'époque.
Les comparaisons avec les initiatives de sécurité en Grande Bretagne, qui servent souvent de modèles, sont bienvenues pour mieux comprendre la spécificité française.
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QUELQUES RÉSERVES
Évidemment plus l'on se rapproche des périodes contemporaines que nous avons connues ou que nous vivons actuellement, plus le sujet semble nous concerner... L'auteur a anticipé ce point en développant plus largement les périodes récentes que les temps anciens, qui cependant sont suffisamment évoqués pour faire de l'ouvrage un véritable livre d'Histoire. Cependant, les chapitres concernant le XIXè siècle nécessitent tout de même une bonne connaissance des divers courants politiques de ces périodes pour s'y sentir à l'aise.
vec la disparition du général Khaled Nezzar en décembre, l’armée algérienne clôt, symboliquement, la parenthèse des Déserteurs de l’armée française (DAF), ces officiers qui avaient quitté les rangs de l’armée coloniale pour rejoindre l’Armée de libération nationale
Le général Khaled Nezzar (à droite) et le président algérien Chadli Bendjedid – lui aussi accusé, mais à tort, d’avoir fait partie de l’armée française –, à l’occasion du 35e anniversaire du déclenchement de la révolution algérienne de 1954, le 1er novembre 1989 à Alger (AFP)
Si l’armée algérienne a compté dans ses rangs un homme controversé, c’est bien le général Khaled Nezzar, ancien chef d’état-major, ancien ministre de la Défense, disparu le 29 décembre 2023 à l’âge de 86 ans des suites d’une longue maladie.
Tout a joué pour que cet officier chaoui, au physique massif et à la moustache drue, se retrouve au centre de nombreuses polémiques qui ont jalonné l’histoire de l’armée algérienne. Que ce soit son rôle dans la répression des émeutes d’octobre 1988, lorsqu’il a été chargé de gérer l’état de siège alors qu’il était commandant des forces terrestres, ou sa décision prépondérante dans l’arrêt des élections législatives remportées par les islamistes du Front islamique du salut (FIS) le 26 décembre 1991, et donc sa responsabilité dans la guerre sanglante qui a suivi, dans les années 1990.
Ou encore ses démêlés avec la justice suisse et française dans des procès avortés autour d’accusations de torture. Ou enfin son rôle supposé dans les tentatives d’organiser la succession du président Liamine Zeroual en 1998 puis celle d’Abdelaziz Bouteflika, en 2019.
Mais tout au long de la carrière de Khaled Nezzar, c’est sa qualité d’ancien officier de l’armée française qui a suscité la polémique la plus pernicieuse. Car à travers lui, étaient visés les fameux Déserteurs de l’armée française, les DAF.
Cheval de Troie de l’influence française ?
Ces officiers et soldats avaient effectué une partie de leur carrière au sein de l’armée française avant de rejoindre l’Armée de libération nationale (ALN) durant la guerre d’indépendance. Malgré eux, ils sont toujours restés suspects aux yeux de leurs détracteurs jusqu’à la fin de leur carrière, voire la fin de leur vie.
Saphia Arezki, auteure de l’essai De l’ALN à l’ANP, la construction de l’armée algérienne 1954-1991, relève ainsi que « la loyauté de certains déserteurs ‘’tardifs’’ est souvent mise en cause, et ils sont régulièrement stigmatisés ». « Ils sont marqués du sceau de la suspicion, stigmate indélébile pour certains. L’appartenance à l’armée française est sans cesse invoquée pour les discréditer », écrit-elle.
Saphia Arezki : « Écrire l’histoire de l’armée algérienne pour déconstruire ses mythes »
Pendant longtemps, une vision rudimentaire, à la limite du complotisme, mais très répandue, voulait que ces officiers aient constitué une sorte de cheval de Troie de l’influence française dans l’Algérie indépendante.
Selon cette théorie, ces officiers ont été poussés, voire incités, à déserter les rangs de l’armée française par le pouvoir français de l’époque, qui considérait l’indépendance de l’Algérie comme inéluctable et qui voulait placer ses pions dans les cercles de pouvoir de l’Algérie post-indépendance.
Des formules ont même fleuri pour disqualifier ces officiers déserteurs : ils constituaient tantôt une « cinquième colonne », tantôt faisaient partie de la « promotion Lacoste », du nom du gouverneur de l’Algérie. Ce dernier aurait alors injecté ses hommes dans les futures institutions algériennes, pour disposer d’éléments à sa solde dans les cercles du pouvoir de l’Algérie indépendante. Des formules encore plus méprisantes ont été utilisées, comme « sergents de la France ».
À ces fameux DAF, restés éternellement suspects, une partie de l’opinion algérienne opposait trois sortes d’officiers, plus prestigieux. D’abord, les purs produits de l’ALN, tombés au champ d’honneur durant la guerre d’indépendance : Didouche Mourad, Mostefa Ben Bo
ulaïd, le colonel Lotfi, Si Mhamed Bougara, le colonel Amirouche, Larbi Ben M’hidi et bien d’autres.
Des combattants algériens de l’Armée de libération nationale, branche armée du Front de libération nationale (FLN), effectuent secrètement un exercice militaire pendant la guerre d’Algérie, en 1957 (AFP)
Il y avait ensuite les officiers qui n’ont jamais quitté le maquis de l’intérieur, et qui faisaient l’objet d’une véritable vénération populaire, comme Salah Boubnider, ancien commandant de la Wilaya II (découpage correspondant aux régions militaires, ici le Nord constantinois), Youcef Khatib, dit Si Hassan, chef de la Wilaya IV (centre), ou encore Mohand Oulhadj, qui a succédé à Amirouche à la tête de la Wilaya III, en Kabylie, jusqu’à l’indépendance.
C’est d’ailleurs Mohand Oulhadj qui a présidé, en tant que doyen, le défilé du 5 juillet 1962, une cérémonie officielle organisée le jour de l’indépendance de l’Algérie à Sidi-Fredj, là où l’armée coloniale avait débarqué le 5 juillet 1830.
Enfin, il y avait les officiers ayant entamé leur parcours au sein de l’ALN, dans les maquis, avant d’être envoyés en formation pendant la guerre d’Algérie, essentiellement dans des pays arabes, comme l’ancien président Liamine Zeroual ou l’ancien patron de la marine, Rachid Benyelles.
Lobby
Au doute et à la suspicion qui planaient sur les uns, s’opposait ainsi une sorte de pureté révolutionnaire qu’on attribuait aux autres : c’est, symboliquement, la supériorité morale du guérillero sur le militaire de carrière.
Les anciens DAF étaient aussi soupçonnés de se constituer en lobby, notamment au sein de l’armée, avec pour objectif de préserver les intérêts français dans l’Algérie indépendante. De fait, quatre anciens officiers de l’armée française, Abdellah Belhouchet, Khaled Nezzar, Abdelmalek Guenaïzia et Mohamed Lamari, ont occupé le poste le plus prestigieux au sein de l’armée algérienne, celui de chef d’état-major.
Mythes et réalités de l’armée algérienne
Curieusement, cette thèse, qui a longtemps prévalu durant l’ère Houari Boumédiène, pour se renforcer sous la présidence de Chadli Bendjedid, où elle a même pris une curieuse contenance, était basée sur ce qu’on appellerait aujourd’hui une fake news.
En effet, durant toute sa présidence, de 1979 jusqu’à 1992, Chadli Bendjedid a été lui aussi considéré comme un ancien de l’armée française. D’éminents historiens, comme Benjamin Stora, l’ont écrit.
Selon cette thèse, en tant qu’ancien de l’armée française, Bendjedid aurait donc favorisé d’autres anciens officiers de l’armée française, pour constituer le Hizb França (le Parti de la France). Le montage était séduisant, d’autant plus que les relations algéro-françaises ont connu un certain réchauffement dans les années 1980, sous Bendjedid justement.
Le maître d’œuvre de cette orientation était tout désigné : le général Larbi Belkheir, directeur de cabinet du président Chadli, qui avait déserté l’armée française en 1958, et auquel était attribuée une influence décisive au sein du pouvoir.
Curieusement, une partie du débat politique dans le pays était structurée autour de cette hypothèse d’un chef d’État ayant fait partie de l’armée française. Ce n’est qu’en 2005 que Chadli Bendjedid a lui-même tenté de dissiper cette fake news, qui s’était imposée comme un fait d’histoire : il n’avait en fait jamais officié au sein de l’armée coloniale.
Et là, stupeur : les Algériens ont découvert qu’ils avaient vécu pendant un quart de siècle avec une biographie falsifiée de leur président, avec tout ce que cela suppose comme affinités et alliances politiques ! Chadli était supposé être un ancien de l’armée française : il aurait donc été un francophile, les anciens de l’armée française l’auraient aidé à accéder au pouvoir après la mort de Boumédiène. En contrepartie, il les aurait favorisés, pour qu’en retour, ils l’aident à consolider son pouvoir. Cette théorie, basée sur une information fausse, a longtemps prévalu.
Le colonel Mohamed Chabani avait été arrêté, condamné à mort par un tribunal militaire et exécuté en 1964 sous la présidence d’Ahmed Bella, à la suite d’une rébellion. Il réclamait, entre autres, une purge au sein de l’armée, pour éliminer les anciens de l’armée française sur lesquels s’appuyait Houari Boumédiène.
Lorsque celui-ci avait pris la tête de l’armée, en pleine guerre de libération, il avait engagé un travail de longue haleine pour doter l’Algérie d’une armée digne d’un pays indépendant, une armée sur laquelle il pourrait accessoirement s’appuyer pour prendre le pouvoir.
Technicité et discipline
L’armée que Boumédiène avait à sa disposition, au début, avait acquis une forte expérience de la guérilla. Mais elle était mal structurée et elle disposait de très peu d’officiers ayant une véritable formation. Les déserteurs de l’armée française constituaient une aubaine : ils avaient une bonne formation, ils étaient disponibles immédiatement, et ils connaissaient l’armée française qu’ils venaient de déserter.
De plus, ces déserteurs venaient de quitter l’armée ennemie pour prendre les armes contre elle. Autant dire qu’ils avaient brûlé tous leurs vaisseaux. Saphia Arezki note d’ailleurs qu’après leur désertion, tous ont été condamnés à de lourdes peines par des tribunaux militaires français.
Dans le climat de guerre de l’époque, douter de leur patriotisme ressemblait à une hérésie, d’autant plus que le FLN lui-même organisait des campagnes de propagande pour pousser à la désertion.
Ceci a contribué à assurer aux DAF une étonnante longévité. Ils ont en effet réussi à occuper des postes importants jusqu’au tournant du siècle. Mais depuis une vingtaine d’années, leur présence au sein de l’armée a été réduite à néant
Plus tard, à l’indépendance, l’armée devait faire sa mutation vers une armée classique. L’apport de ces officiers devenait alors essentiel dans un pays exsangue. Ils avaient une technicité et une discipline qui ont pris le dessus sur les guérilleros issus du maquis.
Ceci a contribué à assurer aux DAF une étonnante longévité. Ils ont en effet réussi à occuper des postes importants jusqu’au tournant du siècle. Mais depuis une vingtaine d’années, leur présence au sein de l’armée a été réduite à néant avec leur disparition. La disparition du général Nezzar semble clore symboliquement cette histoire.
Le pouvoir réel des DAF reste toutefois une énigme. On attribue ainsi au général Nezzar une influence décisive au sein du pouvoir, y compris quand il a quitté formellement l’armée.
Cette thèse semble peu crédible. Ainsi, en 1998, quand Abdelaziz Bouteflika a été pressenti pour devenir président de la République, le général Nezzar s’y était publiquement opposé. Il l’avait même qualifié de « vieux canasson », avant de se rétracter.
Cela montrait que non seulement le général n’avait pas été consulté dans le choix du nouveau président, mais qu’il n’avait même pas été informé de la décision finale.
Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de Middle East Eye.
Abed Charef est un écrivain et chroniqueur algérien. Il a notamment dirigé l’hebdomadaire La Nation et écrit plusieurs essais, dont Algérie, le grand dérapage. Vous pouvez le suivre sur Twitter : @AbedCharef
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Abed Charef
Dimanche 25 février 2024 - 06:32 | Last update:17 hours 43 mins ago
La mosquée Djamaâ El Djazaïr à Alger. Photo d'archives AFP
Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a inauguré officiellement dimanche la Grande mosquée d'Alger, la troisième plus vaste au monde et la plus monumentale d'Afrique, selon des images de la télévision algérienne.
Inaugurée en octobre 2020 en l'absence du président Tebboune alors atteint du Covid-19, « Djamaâ El Djazaïr » ( »La mosquée d'Alger ») peut recevoir jusqu'à 120.000 fidèles.
A l'architecture géométrique et étendue sur 27,75 hectares, « El Djazaïr » ne le cède en gigantisme qu'à la mosquée Al-Haram à La Mecque et à celle du Prophète à Médine, les deux principaux lieux saints de l'islam, en Arabie saoudite. Son minaret, qui surplombe la célèbre baie d'Alger, est le plus haut au monde : il culmine à 267 mètres, soit 43 étages desservis par des ascenseurs panoramiques.
Méga-projet emblématique de l'ancien président Abdelaziz Bouteflika, chassé du pouvoir par les manifestations du mouvement pro-démocratie Hirak, en avril 2019, sa construction avait suscité une vive polémique en particulier en raison de son coût. Achevé en avril 2019, son chantier a duré plus de sept ans et a nécessité des investissements supérieurs à 750 millions d'euros.
Le mandat de M. Tebboune, élu en décembre 2019, à la présidence de l'Algérie, arrive à échéance en fin d'année et il n'a pas encore fait connaître ses intentions sur son éventuelle candidature à un deuxième mandat.
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