Alors que Jean-Marie Le Pen ne cesse de clamer son innocence concernant son implication dans des actes de torture en Algérie, durant la guerre de libération (1954-1962), un nouveau livre « Le Pen et la Torture » qui paraîtra prochainement en France, accable l’ancien chef du Front National (FN), actuel Rassemblement National (RN), sur son implication dans des exactions en Algérie.
Dans « Le Pen et la torture. Alger 1957, l’histoire contre l’oubli » qui sort le 19 janvier en France, l’historien Fabrice Riceputi démontre, preuves à l’appui, un fait avéré pour la mémoire collective en France et en Algérie, mais toujours remis en question par une certaine classe politique en France. Il s’agit de l’implication directe du fondateur du Front national (FN), Jean-Marie Le Pen, dans des actes de torture en Algérie.
Dans ce livre de 144 pages, Fabrice Riceputi, historien, chercheur associé à l’Institut d’histoire du temps présent, reconstitue, documents, cartographie et témoignages à l'appui, le passé tortionnaire de Jean-Marie Le Pen en Algérie. Fabrice Riceputi, pilier du site histoirecoloniale.net, et coanimateur, avec l’historienne Malika Rahal, du projet « Mille Autres » sur la disparition forcée, la torture et les exécutions sommaires durant la bataille d’Alger, est revenu dans un entretien au journal L’Humanité, sur son dernier ouvrage consacré à l’ancien chef du FN.
Le passé tortionnaire de Jean-Marie Le Pen en Algérie avec preuves
L’historien affirme que ce qui l’a poussé à écrire ce livre sur le passé algérien de Le Pen, est venu suite à une émission diffusée en mars 2023 sur la radio France Inter, dans laquelle il a pu entendre qu’il n’y aurait « pas de preuves » que Le Pen a torturé à Alger en 1957. « Après être tombé de ma chaise, j’ai réalisé que les nombreuses pièces de ce dossier, publiées ici et là, dans la presse surtout, de 1957 à 2002, n’avaient jamais été rassemblées, contextualisées et présentées aux lecteurs. Avec ce livre, c’est désormais chose faite », affirme-t-il.
Pour Fabrice Riceputi, il n’y a aucun doute sur la participation de Jean-Marie Le Pen à des actes de torture durant la guerre d’Algérie. « Les sources disponibles – archives, enquêtes, témoignages – ne laissent aucun doute », tranche-t-il. « Pour peu qu’on les confronte au contexte précis de l’opération militaro-policière baptisée "Bataille d’Alger", à laquelle Le Pen participa. Je n’ai pas pu accéder à son dossier militaire. J’ai consulté les archives de son régiment, le 1er REP. Mais elles ne consignent jamais les activités illégales que sont la détention clandestine de « suspects », leur torture et leur exécution sommaire », ajoute-t-il.
Torture durant la guerre d’Algérie : ces témoins qui accablent Jean-Marie Le Pen
L’auteur dit avoir eu recours à une quinzaine de témoignages recueillis de 1957 à 2002, lui permettant d’établir « une chronologie des agissements de Le Pen, et même de les cartographier. Ils font état de plusieurs dizaines de victimes de torture, mais aussi d’exécutions sommaires, durant les deux mois et demi de présence effective de Le Pen à Alger », durant la guerre d’Algérie.
Pour l’historien, Jean-Marie Le Pen qui s’est engagé dans l’armée française en Algérie en 1956 comme officier de renseignement, « avait très souvent revendiqué le fait d’avoir assumé cette fonction-clé » durant la bataille d’Alger en 1957. « Mais il lui est aussi arrivé de le nier, quand il s’est défendu d’avoir lui-même torturé, car on sait que les officiers de renseignement ont massivement pratiqué la torture de ceux qu’ils considéraient comme suspects de liens avec la rébellion ».
« Les témoignages montrent qu’il a commandé et pratiqué la torture dans quelques-uns des centres de torture installés par dizaines à Alger, dont la villa Sésini (connue aussi comme la ville Susini) ou la villa des Roses, mais aussi parfois au domicile même de certains « suspects », devant témoins. L’une des victimes le relie à Paul Aussaresses, qui dirigeait de véritables escadrons de la mort », ajoute l’auteur.
Les commentaires récents