(Riyad) Les dirigeants de pays arabes et musulmans ont condamné samedi les actions « barbares » des forces israéliennes à Gaza, mais se sont abstenus d’énoncer des mesures économiques et politiques punitives à l’encontre d’Israël, en guerre contre le Hamas dans la bande de Gaza.
Les résultats du sommet conjoint de la Ligue arabe et de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) à Riyad ont mis en évidence les divisions régionales quant à la manière de réagir au conflit, sur fond de craintes d’un embrasement dans la région.
Le sommet s’est déroulé dans un contexte de colère au Moyen-Orient et au-delà, contre les bombardements d’Israël dans la bande de Gaza, menés en représailles à l’attaque sans précédent perpétrée par le Hamas sur le sol israélien le 7 octobre.
Cette attaque a fait environ 1200 morts côté israélien, en majorité des civils, selon des chiffres officiels israéliens, alors que les bombardements sur Gaza ont tué plus de 11 000 personnes, dont une majorité de civils, selon le ministère de la Santé dirigé par le Hamas.
Le communiqué final du sommet a rejeté les arguments d’Israël selon lesquels ce pays agit en état de « légitime défense » et a exigé que le Conseil de sécurité de l’ONU adopte une résolution « contraignante » pour mettre fin à « l’agression » israélienne.
Il a également rejeté toute solution politique future du conflit qui maintiendrait la bande de Gaza séparée de la Cisjordanie occupée par Israël.
L’Arabie saoudite « tient les autorités d’occupation (israéliennes) pour responsables des crimes commis contre le peuple palestinien », a en outre déclaré le prince héritier Mohammed ben Salmane, à l’ouverture du sommet.
« Nous sommes certains que le seul moyen de garantir la sécurité, la paix et la stabilité dans la région est de mettre fin à l’occupation, au siège et à la colonisation », a-t-il ajouté.
Le président iranien, Ebrahim Raïssi, en visite pour la première fois en Arabie saoudite depuis le rapprochement des deux pays, a demandé aux pays islamiques de désigner l’armée israélienne comme une « organisation terroriste ».
Il a en outre rencontré le prince saoudien, le premier contact à ce niveau depuis le rétablissement en mars des relations diplomatiques entre les deux pays à la faveur d’une médiation chinoise.
Divergences régionales
L’Algérie et le Liban notamment ont proposé à certains pays de rompre les liens économiques et diplomatiques avec Israël et de cesser d’approvisionner en pétrole ce pays et ses alliés, selon des diplomates arabes. Toutefois, au moins trois pays parmi lesquels les Émirats arabes unis et Bahreïn, qui ont normalisé leurs relations avec Israël en 2020, ont rejeté cette proposition.
Les organisations humanitaires internationales ont redoublé d’appels en faveur d’un cessez-le-feu à Gaza, où l’eau potable et les médicaments manquent cruellement.
Israël et son principal allié, les États-Unis, ont jusqu’à présent rejeté les demandes de cessez-le-feu.
« Il est honteux que les pays occidentaux, qui parlent toujours des droits de l’homme et des libertés, restent silencieux face aux massacres en cours en Palestine », a déclaré pour sa part le président turc, Recep Tayyip Erdogan.
Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Fayçal ben Farhane, a qualifié de « deux poids, deux mesures » les réactions internationales à la guerre entre Israël et le Hamas. « Je parle des pays qui […] ferment les yeux sur le non-respect par Israël des bases du droit international », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.
Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a quant à lui souligné que Washington avait « la plus grande influence sur Israël » et « portait (en conséquence) la responsabilité de l’absence de solution politique » au conflit.
S’adressant au sommet, le Hamas a lui demandé, dans un communiqué, « l’expulsion » de tous les ambassadeurs israéliens « des pays arabes et musulmans et le rappel de tous les ambassadeurs de ces pays ».
Dans une intervention télévisée samedi soir, le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a estimé que les dirigeants arabes devaient « s’élever contre le Hamas », qu’il a décrit comme « une partie intégrante de l’axe du terrorisme mené par l’Iran ».
L’Iran soutient le Hamas, mais aussi le mouvement islamiste libanais Hezbollah et les rebelles houthis du Yémen.
Les échanges de tirs entre Israël et le Hezbollah sont quotidiens à la frontière israélo-libanaise, tandis que les houthis ont revendiqué plusieurs attaques de drones et de missiles contre le sud d’Israël.
Les commentaires récents