Cette fois ci je change totalement de chapitre en essayant de me porter sur un sujet qui me tenait à cœur, dont j'avais fortement envie d'en parler.0h combien mes premiers pas à l'extérieur de ma ville natale m'ont été significatifs et pleins de ressources. Cette extériorisation avait forgé mes premiers pas et avait contribué pour beaucoup à ma formation. En dehors de l'enceinte familiale, je commençais à m'épanouir et me révéler, c'était durant ma première jeunesse où j'étais élève Enfant de troupe à l'Ecole Militaire Préparatoire Nord Africaine de Koléa. C'est comme qui dirait faire ses premières classes.
Branché à la chaine « Canal Algérie », J'écoutais l'intervention du Président de l'association des anciens « Mèdersien », l'un des invités de cette émission: « Bonjour d' Algérie». Il évoquait les élèves, les études et un historique sur la création de cette institution qui devenait plus tard le « Lycée Franco-Musulman »de Benaknoune. Dans une autre émission « El Qaàda », quelques jours après, un autre ancien Mèdersien de la ville de Blida était là aussi pour nous en parler... A ce moment là j'avais pris mon courage en haleine en me disant que moi aussi je vais dans cet espace qui est mon blog parler des anciens élèves Enfants de Troupe. C'était une décision difficile pour ce projet assez prétentieux, mais dans mon fort intérieur l'idée m'animait et m'exaltait.
Cette école où j'avais passé trois Scolarités, une bonne partie de ma première jeunesse qu'elle m'a prise. C'était en mille neuf cent cinquante trois (1953), un mois d'octobre que je me rendais avec mon frère cadet, âgé de neuf ans, mois j'en avais douze. Nous trimbalions nos valises, très lourde et volumineuse pour mon frère et ne reverrions nos Parents qu'à la fin de chaque trimestre. La chaleur du foyer familial nous manquait d'autant s'était dure l'âpreté de la vie que nous vivions à ce moment là. Quand elles arrivaient les vacances trimestrielles ou les grandes vacances d'été, ont nous embarquaient dans les camions militaires de l'école et nous amenaient à la gare de Blida en destination de l'est du pays. On changeait à la gare d'El-Harrach (Maison Carrée) pour prendre le train de nuit. Arrivés à la gare d'Ouled Rahmoune, nous prenions mon frère et moi, l'Autocar en destination de Khenchela. Pendant notre départ en vacances, un Sous -officier nous accompagnait tout le long de notre voyage en train. Lorsque les trains de nuit avaient cessé de circuler à partir de mille neuf cent cinquante cinq (1955) par suite d'insécurité, nous prenions le train du matin, l'omnibus comme on avait l'habitude de l'appeler, il s'arrêtait dans toutes les gares, le voyage durait pendant toute la journée. Nous passions mon frère et moi une journée à Constantine chez ma Tante avant de rentrer à Khenchela ou de prendre le chemin de retour vers Koléa. C'était des moments agréables qui nous faisaient découvrir cette Capitale de l'est du Pays. Elle nous permettait à notre aise et loisir de flâner en toute liberté comme des personnes âgées à travers cette ville romantique et antique, très charmante et typique.
Pendant la rentrée scolaire de l'année 1956, celle où j'ai passé ma dernière année à l'école, nous reprenions comme à l'habitué le chemin de retour, nostalgiques et avec un petit goût d'amertume. Pour oublier nous ne cessâmes de jouer dans le wagon qui nous était réservé . La plupart du temps nous montions dans des wagons qui rappelaient ces wagons de type « Far West », sans compartiments. Il était environ quatre heurs de l'après midi, bientôt nous arrivions à Maison Carrée, j'étais debout sur le marchepied de la porte arrière d'un de ces wagons, j'étais agrippé me tenant à la barre d'escalade pour ne pas tomber, à coté de moi un autre élève, mon camarade de classe GUÉZI de Batna, enfin mon frère se tenait en troisième position. Nous contemplions le paysage et nous savourions l'allure du train qui dépassait la vitesse de cent vingt kilomètres à (120) l'heure, ce ci, pour rattraper le léger retard de quelques minutes avant d'entrer en gare de Maison carré. Nous étions entre Rouïba et Maison Blanche la ligne de chemin de fer était bordée de très beaux champs de vignes à travers cette plaine splendide et majestueuse à l'époque, car il n'en reste plus rien. Un de nos camarades venait de bruler avec sa cigarette la nuque mon, frère un jeu stupide parmi tant d'autres que nous nous permettions pendant cette journée d'évasion. Mon frère voulant lui rendre la même chose en le prenant à court et en flagrant délit par derrière avait sauté du marchepied d' où il était vers le marchepied de la porte avant de la voiture arrière pour le contourner. Là il fut emporté par la turbulence provoquée par la vitesse, il s'était accroché un bref moment à mon camarade Guézi qui était à coté de moi ; et puis, pris dans une turbulence, il s'était envolé en suite il était tombé comme en parachute sur le talus de la voie de chemin de fer. Je le voyais rouler, puis se relever et courir pour rattraper le train. Mais on était déjà loin. Je me suis ressaisi et rentré rapidement dans le wagon pour activer la sonnette d'alarme ; à ce moment là, j'étais nez à nez avec le contrôleur qui est venu nous faire évacuer de là et nous faire rentrer dans le wagon par mesure de sécurité en prévention de tout accident. Pendant cette période les contrôleurs de trains veillaient à tout et assuraient une police. Je lui ai crié : «... Mon frère est tombé du train... ». Affolé il s'était mis à chercher le signal d'alarme pour l'actionner. Apres un kilomètre ou plus, le train s'immobilisa, je suis descendu et en larmes, très ému, je suivais la voie en criant « Larbi, larbi..... ». Aussi tôt, sont venus à ma rescousse deux de mes camarades Dambri et Salih SAADI, ils m'avaient priés de monter dans le train, poursuivant les recherches à ma place. Entre temps mon frère de son coté, légèrement blessé par les cailloux du talus à la tète et du coté du visage s'était mis à marcher à travers les champs pour se rendre vers la route qui n'était pas loin pour faire du stop et nous rejoindre par route à Maison carré. Pendant ce temps alertés les autorités du chemin de fer au sujet de l'accident du train, un inspecteur avait été dépêché rapidement et illico presto pour établir le constat de l'accident. Il avait pris nos déclarations crues comme les faits se sont déroulés en dressant son procès-verbal. Ce ci n'avait causé qu'un retard d'environ une demi heure, ensuite le train avait repris sa route. A la gare l'EL HARRACHE, devant le quai, emportant la valise de mon frère avec la mienne. Je me retrouvais quelques minutes plus tard avec mon frère, un bandeau léger sur sa tète et un pansement derrière l'oreille, il était accompagné de ces deux coéquipiers. Il m'avait raconté qu'il avait été rejoint par ses deux camarades, lorsqu'ils avaient passé prés d'une ferme, le propriétaire de cette ferme les ayant vus traverser les champs leurs porta secours ; il avait amené mon frère dans sa voiture chez un médecin à Rouïba qui lui prodigua les premiers soins, ensuite, ils avaient été ramenés à Maison Carré. Le voyage jusqu'à Bida s'était déroulé en silence et calme plat, à la descente de train où les camions nous attendaient pour nous amener à l'école, une ambulance était venue récupérer mon frère. C'est dire de l'efficacité et de la bonne gouvernance qui prévalaient à cette époque. Moralité quelques mois plus tard mon père avait reçu une contravention des chemins de fer qui le sommait de payer une amende de cent cinquante molle (150.000) francs environ, pour préjudices et retards causés.
Nous vivons sous un régime militaire, le levé au clairon, la marche au pas cadencé, le lit au carré et la revue de treillis au pied des Châlits devant le lit. Nos professeurs nous faisaient oublier pendant les cours que nous étions de petits soldats sans armes, mais pas de soldats de plomb. Nous recevions chaque quinzaine une espèce de solde d'un montant de cent cinquante (150) francs de cette époque l'équivalant est retenu comme caution pour payer quelques frais éventuels. Nous disposons de trois tenues, le treillis de tous les jours, la tenue de sortie, une très jolie tenue en laine bleue marine qui rassemblait à celle de la marine et une tenue de parade gardée à la compagnie pour nous être distribuée uniquement pour les défilés ou les réceptions officielles avec des gants blancs et des souliers de ville sans montant. A ce moment là le niveau des études était équivalant à ce lui des collèges pour les classes régulières du moyen et nos Professeurs étaient à la hauteur, je me souviens que notre professeur en Mathématiques dés la sixième était le Professeur agrégé Monsieur AOUDJANE que je retrouve quelques années plu tard Professeur maitre de Chaire à l'Ecole Polytechnique d'El-Harrach. Monsieur prince, un licencié très éloquent nous enseignait la géographie et l'histoire qu'il animait par de très belles histoires et anecdotes pour illustrer sa leçon d'une forme pédagogique très subtile, et puis, il y avait le professeur Chaumont une personne âgée, un ingénieur chimiste de formation qui nous enseignait la physique et la chimie. Monsieur Caument notre professeur de français avais cette virtuosité de vous faire aimer la langue Française et de vous inculquer les règles de grammaire, d'orthographe et d'expression. Si j'ai évoqué ici quelques uns de mes professeurs, c'était en premier lieu pour leur rendre hommage, et, préciser en suite qu'on était entre de bonnes mains puisque le niveau des études n'a rien à envier aux autres lycées et collèges de cette époque.
A chaque trimestre, nous préparions deux revues. La revue de literie; nous astiquions à fond le dortoir, nous enlevions toutes les poussières du plancher, des murs et des carreaux de fenêtres, nous lavions nos lits individuels qui étaient constitués en trois parties en fer, le dessus, le sommier constitué par des lames larges épaisses en acier, porté par deux pieds de châlit. Ils étaient lourds par rapport à notre âge. Nous enlevions les housses des matelas et des polochons, nous les plions convenablement, au carré, comme c'était l'expression, les plis devaient permettre à mettre en relief les estampies et les marques qui étaient sur un coin de la literie en bas et à droite. le tout devait être uniforme pour permettre un passage rapide du Sergent major responsable des inventaires, chargé du magasin d'habillement et de literie. La revue obligatoirement était à chaque fois bien ordonnée. La revue de paquetage suivait le même manège. Le paquetage était dressé sur un lit bien fait au carré. Notre rangement était constitué d'une espèce d'armoire penderie de la largeur du lit avec deux compartiments en haut, fermants par deux battants, l'un pour les vêtements, l'autre pour les autres affaires y compris la trousse de raccommodage, la trousse de cirage etc...., le bas servait de penderie cachée par un rideau coulissant, sans fond. Nous étalions toutes nos affaires bien en vu et bien ordonnées, les panneaux des armoires étaient ouverts, le rideau de la penderie tiré. Il faut rappeler ici que la discipline et la bonne organisation étaient de rigueur, elles créaient dans notre subconscient des réflexes conditionnés qu'on retrouve plu tard.
Il y avait trois niveaux d'études ; la compagnie « C » regroupait les classes préparatoires du cours élémentaire deuxième année et des cours moyens de première et deuxième année. Les élèves âgés étaient rassemblés dans la compagnie « A » où il y avait les trois années de préparation au C.A.P. Les quatre classes de l'enseignement moyen, de la sixième à la troisième des collèges, étaient rassemblés dans la compagnie « B ». C'était dans celle-ci où j'ai passé mes trois années.
Le régime des études nous imposait d'avoir obtenu le Brevet d'enseignement d'études à l'âge de seize ans pour pouvoir se rendre en France dans les autres écoles militaires, en particulier celle d'AIX en Provence, de la FLÉCHE, d'AUTUN, ou de TULLE. A l'obtention du Baccalauréat à dix huit ans nous pouvions obtenir un sursis d'incorporation et accéder aux écoles d'Officiers et aux écoles spécialisées. Très peu parmi nous réussissaient cette prouesse ; la majorité finissaient par être dirigés vers une formation de Sous-officiers, plu tard nous pourrions participer à un peloton d'élèves officiers
Nous étions donc contrains à la vie sous les drapeaux dés l'âge de dix huit ans en nous engageant cinq ans dans l'armé dont trois pour payer les frais d'études et d'internat, dans le cas contraire nous devions rembourser l'école. Mon Père, en 1959 avait déboursé à l'intendant de l'école à ce moment là, la somme de 170.800 francs de l'époque.
Dans la compagnie « B », en classe de cinquième, nous avions pendant une heure, un cours d'Arabe ; nous étions en face de notre Professeur qui nous enseignait « Dhina et Djijelli » ; c'était l'adjudant chef « Paillet », Français de souche, ayant une grande carrure on dirait celle d'un rugbyman ou d'un catcheur, haut de taille, les épaules larges, le crane rasé; il nous inspiré de la crainte mélangée à de l'affection qu'il portait à notre vis-à-vis comme si ont étaient ses enfants. Il nous apprenait progressivement l'Arabe classique pour maitriser la grammaire, les conjugaisons et le vocabulaire afin d'être à même d'écrire un texte et faire des traductions : thèmes et versions.
Après une longue et âpre bataille « DIÊN BIÊN PHÙ » est tombé le 7 mai de l'année 1954, à l'école on nous avait rassemblés pour baisser le drapeau ; il avait été mis en berne, en signe de deuil pour manifester le malheur causé à la France par cette chute qui fut une grande défaite décisive; ce qui va mettre fin à la guerre d''INDOCHNE et à la colonisation de la France dans cette contrée. Dans notre fort intérieur on se réjouissait malgré que notre révolution n'ait pas encore était déclenchée.
Nous étions en début de l'année mille neuf cent cinquante six (1956). Un mouvement nationaliste prenait corps de jour en jour, on se rassemblait dans le dortoir de la compagnie « A », qui était aménagé pour les élèves de dernière année du C.A.P., ils étaient âgés de dix sept ans et allaient être incorporés en fin d'année. On leur permettait de fumer et d'avoir un poste radio pour entendre les chansons, mais ce petit salon de fortune nous servait de réunions et de discutions autour de la révolution qui venait d'éclate. C'était une prise de conscience tout à fait évidente compte tenu de la conjoncture qui prévalait à ce moment là. Nous échangions les informations, nous écoutions les informations de la radio car nous n'avions pas de journaux. C'est là qu'avait commencé à prendre corps l'idée de faire une grève et de manifester par solidarité aux autres élèves de l'extérieur.
Nous somme en avril ou mai de l'année1956, après le déjeuner du matin nous devrions lever les couleurs comme chaque matin, mais ce jour là spontanément nous avions décidé de faire grève et de rester dans la cour, au début sans objectif précis, la veille on avait coupé les cordons qui permettaient de soutenir et de faire hisser le drapeau qui flottait tout en haut au milieu de la cour de l'Ecole. Au fil des heures commençait une revendication au sujet du Lieutenant Boukari qui malmenait tous les jeunes élèves de la compagnie « C » ; ce n'était pas la véritable revendication, notre intention était d'imiter les élèves des lycées et répondre à notre tour aux appels du « F.L.N. ». L'adjudant chef Paillé est venu nous rassembler pour nous persuader de reprendre nos cours dans l'ordre et la discipline due aux Enfants de troupes, mais c'était un effort vain pendant toute la journée. Ce fut un coup terrible pour les responsables car ils n'envisageaient aucunement un comportement pareil de notre part d'autant plus qu'on était totalement isolés de l'extérieur. Tout était mis à notre porté sur place, le cinéma chaque semaine au réfectoire, le sport, le Grand Mufti d'Alger qui chaque semaine nous parlait de l'Islam, en particulier de la S'ira, c'était facultatif mais on suivait avec grande attention et émerveillement les récits.
C'était un dimanche après midi. Nous nous étions rassemblés, au petit salon comme à l'accoutumée, quelques uns de nous discutaient d'une éventuelle reprise de la grève, les avis étaient partagés, on a voulu forcer les autres membres à suivre notre idée, s'était exaltant, mais nous n'avions pas pu rallier tout le monde, il n'y a pas eu de consensus. Le lendemain notre classe ayant suivie le mot d'ordre n'a pas voulu aller au rassemblement mais comme elle avait constatait que le mouvement n'avait pas était suivi, elle s'était rétractée. Ce lundi matin à la première heure on avait une heure de sport, on sortait de l'enceinte des bâtiments pour aller au stade où se trouvait les installations sportives. Comme punition et en attendant d'autres décisions à notre égard on ne nous avait pas permis de mettre notre tenue de sport. A notre sortie, ayant dépassé le stade nous avons spontanément dévalé la pinède et couru vers l'extérieur dépassant le champ de tire et la clairière et la forêt jusqu'à la limite de la zone de l'école. Est-ce une fugue ou une désertion, sur le moment nous même nous ne comprenions pas notre geste. Ce n'est qu'à proximité de l'Oued « El-Mazafran » que nous avions décidé de continuer et commencions d'échafauder des plans. Nous avions décidé de prendre en raz campagne et à travers champs un itinéraire atypique pour ne pas être repérés. Pour ne pas être vus par un hélicoptère, alertés par son bruit, nous nous engagions et pénétrions sous une forêt tout en continuant notre escapade. Son bruit se rapprochait puis s'éloignait, nous comprimes que nous étions hors de vu. Ainsi nous continuâmes notre progression jusqu'au moment où la journée était bien avancée. Vers midi la fatigue commençait à nous envahir, nous traversions la petite bourgade de Fouka marine où de longs filets de pèche étaient tendus parterre sur les trottoirs pour être raccommodés. La veille, nous venons de recevoir notre solde, une quête avait été organisée pour acheter quelques convives afin de nous restaurer ; du pain, des boites se sardines et des portions de fromage sont venus à bout de notre faim et nous avaient rassasié. L'heure cruciale était venue pour décider ce qu'il fallait faire. La moitié de nous voulaient arrêter cette fugue et rentrer à l'école, l'autre moitié, dont je faisais parti avec mon camarade Guézi étant les meneurs de toute la section et de notre échappé, voulions continuer. Il fallait faire un choix, rapide. Nous nous somme quittés à la périphérie du petit village de Fouka Marine. Notre groupe ne savait pas quoi faire, une idée était venue trotter dans nos tètes, celle de s'approprier d'une barque et se rendre au MAROC. Une autre suggestion nous avait effleurés, celle de longer la côte pour se rendre à pied au Maquis ou au Maroc. Nous n'avions aucun contact extérieur, nous marchions à l'aveuglette tant que nous étions inexpérimentés. Un des membres du groupe habitait la ville de TENES, Dahane Mostaganem, nous avions décidé que par étapes nous pouvions rejoindre le Maroc. C'était un rêve d'enfants et une espièglerie forte prétentieuse. Longeant la côte, en chemin nous fouillons les barques de pèches que nous trouvions sur notre chemin ; elles étaient cadenassés. Arrivés à la ville de Castiglione, à son entrée nous nous somme arrêtés et mangés le reste de notre provision, enjambant le petit ruisseau, puis, l'aquarium, nous continuions notre route. L'après midi était très avancée et le jour commençait à tomber. A la sorti supérieure du village nous avions été surpris par une patrouille de Gendarmerie, en jeep. Ils nous avaient interpelés, et conduits à la brigade. Ils nous avaient mis tous les quinze dans une cellule de cachot très exigüe moins que quatre mètres carrés. Nous somme restés debout sans trop de mouvements pendant plus de trois heures. Au début de la nuit un camion militaire était venu nous prendre pour nous amener dans une caserne de chasseurs Alpins dans les environs d'El-Harrach ; là nous avions été rejoins par nos camarades de classe qui se sont désolidarisés de nous à Fouka ; on nous avait servis un repas, il était environ dix heures de la nuit, en suite nous étions conduits, pour dormir, vers une grande tente militaire, dressée à notre intention, pouvant contenir l'effectif de toute une section. Très fatigués des événements de la journée, nous avions dormi sans attendre avec soulagement, la nuit était paisible, nous étions remis de toutes nos émotions. Nous sommes restés deux ou trois jours, pendant ce temps nous avons reçu un représentant du Ministère de la Guerre dépêché en Algérie pour enquêter et s'informer sur tous les événements qui ce sont produits à l'école, de la grève à notre évasion. Le lendemain nous avons été ramenés à l'école, deux jours plus tard avec mon camarade Guézi on nous avait amenés dans une autre caserne prés de Maison-carré. Là nous avions retrouvé tous les élèves qui de prés avaient fomenté la grève et les perturbations qui s'ensuivirent. Ont étaient une trentaine. Ont nous avaient interné dans un bloc dortoir retiré et enfermé à clef, on avait aucun contact pendant quelques jours, comme si nous étions au secret ; ensuite ils nous avaient apportés des jeux de société, deux ou trois jeux de dame, c'était le jeu le plus courant de ce moment là. Quelques jours après, un après midi, nous reçûmes la visite d'un capitaine des services spéciaux psychologiques de propagande, un Algérien, de souche franco-Musulmane selon le statut qui nous était donné par la chère patrie qui nous enseignait que : « nos ancêtres étaient les gaulois ». Il avait fait l'appel de quelques uns d'entre nous à partir d'une liste qu'il tenait, chacun d'entre nous à l'énoncé de son nom devait sortir du bloc qui nous servait de dortoir et séjour. Nous étions une douzaine. Nous avions appris, après qu'il s'est en allé que nos camarades allaient être embarqués pour la France et répartis à travers les écoles telle que d'Aix, Autun, Tulle etc....Nous, nous avions été renvoyés. Nous avions assisté avec une grande amertume et mélancolie au départ de nos camarades et nous attendions notre tour lorsqu'un Sous-officier viendrait pour nous ramener individuellement chez nous. J'étais resté avec mon compatriote Benzaïme les derniers à quitter cette caserne. De retour on a passé la nuit à Constantine dans une caserne située au Bardeau, à notre arrivée chez nous à Khenchela vers midi ce sergent chef nous avait remis au poste de police de la caserne, nous n'avons pas mangé sinon un bout de pain et un petit morceau de fromage qui restait du repas des soldats en faction. L'après midi ont nous avaient conduis chez un Lieutenant Colonel responsable du deuxième bureau et des « S.A.S. » où nous avions trouvé nos parents inquiets qui nous attendaient. Ils ce sont engagés et pris la responsabilité sur notre future conduite. C'est ainsi que s'achève cette péripétie, je n'avais que quinze ans et demi après avoir passé trois scolarités dans cette fameuse école.
Nous venons de toute l'Algérie, de la Calle ou Tébessa à Colomb-Bechar, toutes les régions étaient représentées ici, Batna, Gyreville, Djelfa, Cherchell, Souk-Ahras, Laghouat etc....On retrouvait deux, trois et même quatre personnes de la même famille, les trois frères SAADI (Salim, Salih, Zitouni)de Sétif, trois ou quatre frères Ouchénes de Tarf, les quatre Hafidhi de Khenchela, moi même avec mon frère, etc. ....
Cet élan de nationalisme, se reflétait et de traduisait par de nombreuses désertions de la part d'officiers.
De grands officiers de l'A.N.P. qui avaient rejoint l'A.L.N. en désertant les rangs de l'armée Française où ils étaient cantonnés en France et en Allemagne. Je cite en mémoire, le Général ex Ministre de la Défense Khaled Nezzar, le Général Guenaïzia l'actuel Secrétaire d' Etat à la Défense, Colonel salim Saadi Ex Chef de Région Militaire, Colonel Allaoum Ex Directeur de Cabinet du Président, Colonel Latréche Ex Secrétaire de la Défense, kerquébe, etc. ... Il y avait aussi d'autres officiers supérieurs bien connus au sein de l'A.N.P. et .l'A.L.N. comme le Colonel lamine Bencherif, Aït Mahdi, Benahmed, Ouchéne, tous les quatre de la gendarmerie, Cdt Zitouni dans les blindés, Mahdjoub, aussi lakhedari, Benhameza et Ferhat, des services spéciaux ainsi que Chagra le petit de taille qui était notre tambour major, défilait en tète de l'école en soulevant son bâton de tombour major aussi long que lui et suivi par son petit mouton disons plutôt agneau sa mascotte. La liste est longue, mais ce qu'il y à lieu de souligner c'est que ces officiers faisaient surtout partie des promotions qui étaient entrées à l'école de Miliana et Koléa dés 1950 à 1956. Avec le temps j'ai du oublié beaucoup surtout les gens de l'ouest et du sud. Je n'ai pas en mémoire ceux qui sont morts en matir pendant la révolution peut être Ousaïd de Cherchell.
Vue d'ensemble de l'École avant sa rénovation et sa modernisation.
Quelques explications sur la distribution des bâtiments constituants l'École en l'an 1956.
Le bâtiment au fond à deux étages constitue le commandement et les Services Pédagogiques et d'administration, prolongé par le Poste de Police et l'entrée principale de la caserne. A gauche au fond c'est l'infirmerie, en face à droite le mess. Derrière les dortoirs des élèves officiers qui n'habitent pas dans les chambres avec les élèves en qualité de chef de section, le coiffeur. Au milieu la courre, où il y a lieu tous les rassemblements, en son centre était érigé le mat des couleurs. A droite le bâtiment de la compagnie « C », les salles de classes en bas et les dortoirs au premier étage. En bas c'était les bâtiments de notre compagnie « B », il faut dire que nous étions les plus nombreux, deux ailes de bâtiments, étaient au rez-de-chaussée ainsi que les bureaux de la compagnie, au premier étage, les dortoirs. La compagnie « A » avait ses bureaux au rez-de-chaussée du bâtiment de gauche, tandis que les dortoirs étaient au premier étage ; en bas deus réfectoires, le petit pour les élèves de la compagnie « C » tandis que le second plus vaste restaurait les élèves des deux autres compagnies et devrait servir de salle de projection de filmes et de conférences. Tout à fait devant, nous trouvions à gauche les ateliers salles de classe des élèves du C.A.P., plus à gauche le laboratoire de chimie et physique, plus haut l'atelier de musique où étaient entreposés les instruments et où les élèves qui constituaient la « Fanfare » de l'école faisaient leurs répétitions. Le sous-sol de la compagnie « A » abritait les magasins d'habillement et de literie, comme aussi à l'extrême gauche sont érigées les cuisines et prés de la muraille d'enceinte qui conne sur la pinède une prison de plusieurs cellules certaines d'entre elles désaffectées. Certains soldats du contingent résidaient à l'école, les engagées parmi d'entre eux sont logés dans ses logements de servitudes annexés à l'école en bordure d'une magnifique allée de platanes à droite de la caserne et à proximité d'un joli parc où chaque année nous nous rassasions de méchoui servi à l'occasion de l'AÏD.
Quelques notes
Le Grand Aoudjehane
Professeur de mathématiques pour plusieurs générations d'étudiants. Dans quelle estime est-il tenu aujourd'hui ?
Oui et à l'Ecole des Cadets de Koléa où il allait à pied selon le témoignage de ses propres enfants. C'est lui qui dira dans un amphi à une étudiante qui cherchait à l'énerver : "Trace-moi une droite au tableau" et il ne la laissera pas s'arrêter, s'agissant d'une droite, et lui ouvrira la porte pour qu'elle continue dehors son tracé. Il fermera aussitôt la porte et, se tournant vers les autres, dira en riant : "Je l'ai faite sortir mathématiquement !"
Posté il y a 28 mois. ( permalien )
J'ai eu Mr Aoudjehane comme professeur de Mathématiques
au Lycée DUVEYRIER en 1961-62. Et je me souviens qu'il dictait
ses cours sans aucune note. Il suffisait de lui dire où on en était
resté la fois précédente et ça repartait...
Remarquable anecdote que cet épisode de la ligne droite ! Une grande pensée pour Monsieur Aoudjehane qui a effectué son dernier voyage. Nous sommes tous marqués dans notre parcours scolaire par quelques professeurs qui ont illuminé leur enseignement et parfois même suscité des vocations ! D'après les commentaires, je crois que Monsieur Aoudjehane était de cette trempe.
il était même professeur a l'institut d'architecture à l'université de Blida, à l' Ecole Nationale de Polytechnique et celle d'Architecture d' El-Harrach, il venait en train de Blida et ne tolérait aucun retard.
M. AOUDJEHANE est très mal en point en ce 10 mars 2007 et il risque de mourir dans les jours qui viennent. Il est très âgé. Je pense qu'il dépasse les quatre vingt dix années(90), en 1955-56 il devait avoir une quarantaine d'années années.
GRAND HOMAGE AU GRAND MAITRE
Décès du mathématicien Aoudjehane
Humble, il l'était
A celui qui a essayé vainement de m'inculquer les mathématiques », telle est la dédicace en 1945 du premier recueil de poésie de Kateb Yacine, Soliloques, manuscrit offert à Mohand Aoudjehane, son professeur à Sétif.
Cet enseignant hors pair, né à Akbou en 1914, agrégé de mathématiques à la Sorbonne et enseignant dans toutes les grandes écoles d'Algérie, vient de s'éteindre à Blida, son lieu de résidence, mardi dernier, à l'âge de 93 ans. Nombre d'anciens étudiants étaient présents à l'enterrement de ce professeur qui n'avait pris sa retraite qu'à l'âge de 88 ans. Il fut directeur de l'Ecole polytechnique d'El Harrach, enseignant à l'Epau, à l'Ecole des beaux-arts où il était très ami avec Issiakhem, à l'université de Soumâa, à l'Ecole des cadets de Koléa où le général Nezzar avait cité son nom et son caractère dans son livre biographi que. Tout le monde reconnaît à M. Aoudjehane la création de l'Université populaire à la Fac centrale dans les années 1970 et où un simple mécanicien était devenu un éminent professeur de neurologie. La fermeture de cette université coïncidait avec la volonté du parti unique de la mettre sous sa coupe. A l'Epau, existe toujours l'allée portant son nom, celle par où il refusait de passer à cause d'une dalle suspendue, œuvre de Nemeyer. L'avenir lui avait donné raison puisqu'un renforcement de la dalle par des piliers a été réalisé, il y a quelques années. Le défunt président Houari Boumediène lui avait proposé la direction de l'Ecole interarmes de Cherchell, mais il n'accepta jamais, préférant garder sa liberté de mouvement. Le jour de l'enterrement, rares étaient les officiels présents et s'avérera condamnable, l'absence de relais de transmission de la nouvelle de son décès. Pourtant, une université de plus de 40 000 étudiants existe à Blida mais sans le cercle des anciens, sans les clubs qui peuvent, dans des circonstances pareilles, en avertir les membres. Triste était ce mardi qui a vu un des meilleurs hommes du pays s'éteindre, après avoir su demeurer humble.
(Écrit dans El Watan du 26 mars 2007)
A prés l'indépendance, en juillet 1962, de notre cher Pays « l'ALGERIE EL HABIBA », l'école ou Lycée repris sa vocation tout en changeant néanmoins de dénomination. En effet L'Ecole Militaire Préparatoire de Koléa est dissoute le 1er janvier 1963... Elle laisse sa place à l'Ecole Nationale des Cadets de la Révolution ! Le grand mérite revient au visionnaire le Feu Président Houari Boumediene qui a ouvert cette école où l'enseignement va jusqu'à la classe terminale. Les élèves étaient ensuite dirigés après leur Baccalauréat vers l'Ecole Interarmes de « Cherchell ». Ils étaient préparés à la vie Militaire, à la discipline et au commandement pendant leur séjour à l'école. Cette école depuis jusqu'à sa fermeture avait fourni à l'A.N.P. beaucoup de cadres supérieurs de très haut niveau. Je disais qu'elle était le fleuron et la fierté du Président à tel point qu'il lui rendait visite chaque semaine. Des annexes ou autres établissements avaient étaient érigés à Guelma et à Tlemcen.
Le président Chadli Bendjedid avait fermé les écoles des cadets de la Révolution
D'anciens dirigeants et cadres de l'Armée nationale populaire ont décidé de fonder une organisation nationale pour les cadres et les diplômés des écoles des cadets de la Révolution, que le président Chadli avait décidé de fermer en 1986, avant que le président Bouteflika ne décide de les rouvrir, à partir de l'année prochaine.
Par ailleurs, ils ont accusé le pouvoir politique algérien, au milieu des années 80, et à leur tête Chadli Bendjedid, d'avoir cédé aux pressions de parties ennemies de la Révolution algérienne, lorsqu'il pris la décision de fermer les écoles des cadets de la Révolution en 1986, alors qu'elle avaient été créées par le président défunt Houari Boumediene en 1963.
L'ex-responsable de l'école des cadets de la Révolution à Koléa, Bouchebba Mokhtar, a déclaré lors d'une cérémonie organisée hier à Alger, à l'occasion du 45e anniversaire de la création de la première école des cadets, qu'il est clair qu'il y avait un lobby qui soutenait les thèses françaises en Algérie.
Cependant, le général à la retraite et membre du commissariat politique de l'armée, Abdesselam Bouchareb, a nié dans une déclaration à El Khabar qu'il y ait eu une arrière-pensée politique dans la décision prise par Chadli Ben Djedid, concernant la fermeture des écoles des cadets, indiquant que la mission de ces écoles s'est achevée avec l'existence d'établissements scolaires, et la volonté des autorités d'unifier les programmes d'enseignement. A une question sur les raisons de la décision du président Bouteflika de rouvrir ces écoles, l'ex-général a considéré que la décision a été motivée par des raisons sentimentales ainsi que les appels d'un nombre d'ex-dirigeants et cadres de ces écoles.
Plusieurs responsables et cadres des écoles des cadets de la Révolution s'étaient réunis, jeudi dernier, à la coopérative des travailleurs du bâtiment à Zéralda, afin de préparer une plateforme pour la création d'une organisation nationale des cadres des écoles des cadets, et présenter une demande d'agrément au ministère de l'Intérieur. Des cadres rencontrés par El Khabar ont nié que cette organisation ait une quelconque dimension politique. (Journal El Khabar).
Un parcours plein d'histoires, de paraboles et de sens qu'avaient étaient les Ecoles Militaires Préparatoires d'Afrique du Nord jusqu'à l'Ecole des Cadets de la Révolution, dénomination chère au Feu Président Houari Boumediene.
Bouteflika rouvre les écoles des cadets de la Révolution
El Khabar, 11 février 2008
Le ministère de la Défense nationale a annoncé la réouverture de « l'école des cadets » conformément à la décision du président de la République, en sa qualité de ministre de la Défense, commandant suprême des forces armées. Des sources proches de ce sujet ont indiqué que la décision vise à renforcer les effectifs de l'armée par des éléments qualifiés et loyaux.
Un communiqué du ministère de la Défense a précisé hier que la réouverture des écoles s'effectuera « sur le court et le moyen terme », sans fixer de délais, tout en indiquant que le projet comprend l'ouverture d'une école dans chacune des six régions militaires. Le communiqué a révélé que les deux cycles moyen et secondaire sont ceux qui sont concernés par la poursuite d'études dans les établissements des cadets de la Révolution attendus.
Le communiqué a indiqué que le démarrage s'effectuera avec une école modèle au début de la prochaine année scolaire, alors que la tutelle de l'école reviendra conjointement aux ministères de la Défense et de l'Education nationale.
Il est frappant que le communiqué n'utilise pas l'ancienne appellation : « école des cadets de la Révolution », mais l'expression « écoles des cadets ».
Rappelons que la dernière sortie de promotion des écoles des « cadets de la Révolution » a eu lieu en 1986.
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Parmi les élèves, un enfant doué dés son jeune âge, émerge dans la société et peu être considéré comme l'exemple de réussite intellectuelle de cette institution à vocation militaire. C'est pourquoi je me suis intéressé à son parcours et à ces mérites. Je ne dis pas qu'il est le seul parmi tant d'algériens nantis d'intelligence. La moyenne du quotient intellectuel des Algériens dépasse la moyenne de plusieurs pays Méditerranéens. J'ai nommé :
YASMINA KHADRA
"L'écrivain"
Officier supérieur de l'armée algérienne, Mohammed Moulessehoul alias Yasmina Khadra nous livre ici le récit de ses origines.
Biographie
Yasmina Khadra, révèle dans un entretien au Monde des Livres que sous cette identité féminine se cache un homme. Dans L'écrivain, paru en 2001, le mystère est entièrement dissipé. Yasmina Khadra s'appelle de son vrai nom Mohamed Moulessehoul, qui a déjà publié sous ce nom des nouvelles et des romans en Algérie. Officier dans l'armée algérienne, il a participé à la guerre contre le terrorisme. Il a quitté l'institution en 2000, avec le grade de commandant, pour se consacrer à sa vocation: écrire. Il choisit de le faire en français. Morituri le révèle au grand public. Aujourd'hui écrivain internationalement connu, Yasmina Khadra est traduit en 33 langues.
Les indications suivantes nous ont été fournies par Yasmina Khadra. Nous les transcrivons telles quelles.
10 janvier 1955 : naissance à Kenadsa (Sahara algérien) d'un père infirmier et d'une mère nomade.
1956 : mon père rejoint les rangs de l'ALN. Blessé en 1958. Devient officier de l'ALN en 1959
Septembre 1964 : j'avais neuf ans, mon père me confie à une école militaire (Ecole Nationale des Cadets de la Révolution, pour faire de moi un officier
1973 : je termine mon premier recueil de nouvelles "Houria" qui paraîtra onze ans plus tard
Septembre 1975 : je pars à l'Académie Militaire Interarmes de Cherchell, que je quitte en 1978 avec le grade de sous-lieutenant. Je rejoins les unités de combat sur le front ouest
Septembre 2000 : près trente six ans de vie militaire, je quitte l'Armée pour me consacrer à la littérature (Je pars à la retraite avec le grade de commandant).
En 2001, après un court séjour au Mexique, avec ma femme et mes trois enfants, je viens m'installer en France, à Aix-en-Provence, où je réside encore.
Ces éléments de biographie se retrouvent dans deux des ouvrages de Yasmina Khadra : L'écrivain (où il évoque son séjour à l'Ecole Nationale des Cadets et l'éveil de sa vocation d'écrivain) et L'imposture des mots, davantage consacré à une justification de sa démarche et de son œuvre, après la révélation de la véritable identité de Yasmina Khadra
Avis de la Fnac : "L'écrivain"
De Yasmina Khadra, on ne connaissait que le pseudonyme et les livres. De son passé, rien. Il aura fallu attendre la publication de "L'Ecrivain", son dernier roman largement autobiographique, pour comprendre qui il est : "Enfance évincée, adolescence confisquée, jeunesse compromise". Né en 1955 à Kenadsa, le petit Mohammed n'a que neuf ans lorsque son père décide de son avenir. Sans son consentement, il le conduit en silence à travers les routes éprouvantes de Tlemcen et l'abandonne "pour son bien" entre les mains de l'armée. A l'école des cadets d'El Mechouar, Mohammed Moulessehoul n'aura dès lors qu'un seul rêve, qu'une seule passion : devenir écrivain.
Moulesshoul devenu Khadra pour des raisons de sécurité - on n'écrit pas sur la tragédie de l'Algérie sans prendre des précautions - fait face à son irrésolution de gamin qui n'assumera que très tard son plus grand désir. L'officier tire aujourd'hui sa révérence et laisse enfin s'épanouir l'écrivain.
Bibliographie
Les romans de Yasmina Khadra sont aujourd'hui traduits dans trente-six pays en trente-trois langues :
Albanie, Algérie (en arabe pour le Maghreb), Allemagne, Autriche, Brésil, Bulgarie, Corée, Croatie, Danemark, Estonie, Etats-Unis, Finlande, Grande-Bretagne, Grèce, Espagne (castillan et catalan), Hollande, Inde, Indonésie, Islande, Italie, Israël, Japon, Liban (en arabe pour le Proche et Moyen-Orient), Lituanie, Norvège, Pologne, Portugal, Roumanie, Russie, Slovénie, Suède, Suisse, Taïwan, Tchéquie, Turquie, Vietnam.
Le prix Nobel de littérature 2003, le Sud-Africain J.M Coetzee, considère Yasmina Khadra comme un des écrivains majeurs d'aujourd'hui.
Cliquez sur le titre de chacune des œuvres pour ouvrir la page correspondante.
Ce que le jour doit à la nuit 2008 - Julliard
Les Sirènes de Bagdad 2006 - Julliard
L'attentat 2005 - Julliard
La part du mort 2004 - Julliard
Cousine K. 2003 - Julliard
Les hirondelles de Kaboul 2002 - Julliard (Pocket 2004)
L'imposture des mots 2002 - Julliard (Pocket 2004)
L'écrivain 2001 - Julliard (Pocket 2003)
A quoi rêvent les loups 1999 - Julliard (Pocket 2000)
Les agneaux du Seigneur 1998 - Julliard (Pocket 1999)
Double Blanc 1998 - Baleine Paris
L'automne des chimères 1998 - Baleine Paris
Morituri 1997 - Baleine Paris
La Foire des Enfoirés 1993 - Laphomic Alger
Le dingue au bistouri 1990 - Laphomic Alger (Flammarion 1999 J'ai lu 2001)
Le privilège du phénix 1989 - ENAL Alger
De l'autre côté de la ville 1988 - L'Harmattan Paris
El Kahira 1986 - ENAL Alger
La fille du pont 1985 - ENAL Alger
Houria 1984 - Editions ENAL Alger
Amen 1984 - à compte d'auteur Paris
Le sens d'une œuvre
Tant d'éléments s'entrecroisent dans l'élaboration d'une œuvre, participant de l'histoire et de ses oppressions, de la culture et de ses liens, attaches ou entraves, de la vie personnelle, avec ce qu'elle trame en l'être d'obscurités et d'évidences, d'influences aussi, sans cesse accueillies et dépassées, que trouver le sens d'une œuvre relève un rien de la gageure. D'autant plus que le lecteur aussi mêle en lui autant de sources quand il conduit sa lecture. Peut-être faut-il accepter, paradoxalement, que l'œuvre, jusqu'au bout, garde son secret. Jean-Louis Chrétien évoque fort bien, quelque part, la richesse du secret, planète noire d'où sourd pourtant l'inépuisable lumière. Nous préserverons ici ce secret, et n'imposerons aucune interprétation, nous contentant de renvoyer sans cesse aux livres et à l'œuvre, à ce qui est écrit. Peut-être ouvrirons-nous ainsi quelques itinéraires de lecture que chacun pourra, à sa guise, poursuivre ou abandonner. Nous serons brefs, voulant être discret.
1. Une vocation d'écrivain. Chez le jeune Mohamed Moulessehoul l'écriture est perçue comme un don du ciel l'obligeant, en échange de la grâce ainsi accordée, à remplir une mission. L'origine de cette grâce, le jeune cadet de l'école d'Officiers de Cherchell, la trouve d'abord dans son ascendance. La mère de Mohamed avait pour fonction, dans sa tribu saharienne, de conter des histoires. L'enfant a le sentiment d'avoir reçu cette fonction en héritage. Elle se réalisera, non dans l'oralité, mais dans l'écriture, en tentant de rejoindre la cohorte des auteurs que lui révèlent ses lectures, et qui furent, avec quelques variantes dans les épisodes de leur vie, marqués du même signe. Leurs oeuvres sont autant de lumières pour guider les premiers pas dans un monde difficile, quelquefois atroce. Car écrire, relève évidemment aussi d'influences, et du besoin de dire le monde.
2. Un jeu d'influences. Dans son œuvre, L'écrivain, ou L'imposture des mots, dans ses interviews, Yasmina Khadra égrène les noms de ceux qui furent ses maîtres. Camus et Kateb Yacine, Nazim Hikmet ou Nietzsche, et d'autres encore, fabuleux, Dostoïevski, Steinbeck, Gorki. Sa carrière de conteur et de romancier commence en écoutant ces voix là. Mais le parrainage de ces illustres devanciers, « cette amitié dans les étoiles » dont parle Nietzsche, ne peut suffire. Elle n'empêche pas les premiers manuscrits refusés, les rebuffades. Et si de tels aînés sont des guides et des phares, des références et des modèles, il faut au romancier trouver sa source d'inspiration, et au milieu d'aussi prestigieuses harmonies, sa propre musique.
3. Une existence et des souvenirs. La part autobiographique de l'œuvre de Yasmina Khadra est manifeste dans les textes que nous venons de citer, et qui ne sont pas des romans. Elle est peut-être repérable dans Cousine K., mais sans que l'on puisse définitivement effacer l'ambiguïté fondamentale qui préside à l'écriture, et que la critique structuraliste avait tenté de mieux cerner, à défaut de la dissoudre, en distinguant -pour aller vite- l'auteur du narrateur et de ses personnages. Après tout, Stendhal dans ses différentes préfaces à Lucien Leuwen, ne disait pas autre chose, en demandant (prudemment) qu'on ne veuille pas le confondre avec son personnage. La mise en garde et la prudence, révélant peut-être l'ambigüité de la relation entre l'auteur et sa créature. Yasmina Khadra n'est pas le commissaire Llob ni probablement aucun autre de ces personnages. Mais ses romans renvoient, incontestablement, par delà l'anecdote, à ce qu'il a vécu, traversé, aimé, ou haï et combattu.
4. L'Histoire du Monde. Dans Les agneaux du Seigneur, A quoi rêvent les Loups, comme dans les romans racontant les enquêtes du commissaire Llob, de Morituri à La part du mort, son dernier livre, Yasmina Khadra évoque son Algérie natale, ses douceurs peut-être, mais aussi le sang qui y coule, la démesure, l'horreur, et la mort donnée au nom de Dieu ou d'obscurs pouvoirs. Et quand l'action se déroule ailleurs, comme dans l'Afghanistan des Hirondelles de Kaboul, c'est la même fureur qui est décrite, et face à l'inadmissible, les mêmes lâchetés, les mêmes compromissions, mais aussi les mêmes refus et le même courage.
5. L'écriture. Toute lecture d'un livre de Khadra le révèle: il y a un style Khadra. D'aucuns ont parlé de lyrisme, de métaphores inattendues et superbes, d'une alliance de dépouillement et de poésie, d'images insoutenables et belles pourtant, jusque dans leur atrocité. A l'évidence, si la révolte de Yasmina Khadra est un cri, elle se veut aussi un chant. Ceux qui l'ont entendu s'en souviendront, ceux qui le découvriront seront probablement étonnés, ébranlés, par la violence et les harmonies -savantes- de sa musique et de ses mots.
6. Polars? Il y a des intrigues, des assassins et des victimes, des enquêtes, et dans certaines œuvres, un commissaire atypique, étonnant, désespéré et génial. Auteur de romans policiers alors, Yasmina Khadra? Sans doute, et de fort belle façon. Il maîtrise les règles, difficiles, du noir, genre dont on sait au moins depuis James-Hadley Chase, Raymond Chandler, Lawrence Block, Jean-Claude Izzo, et quelques autres, qu'il appartient à une littérature particulière, d'abord parce qu'elle n'ennuie jamais des lecteurs très exigeants sur ce chapitre -c'est une de ses règles- et ensuite parce qu'elle offre la visite, en compagnie de personnages souvent peu recommandables, de quelques bas-fonds où l'humanité ne présente pas toujours son meilleur profil, et où les héros -parce que les salauds n'y sont quand même pas tout seuls- peuvent avoir de lamentables faiblesses . Une littérature d'une grande force donc, et dont plus personne ne songe aujourd'hui à contester la valeur et l'importance. Cela étant, et à l'évidence, l'œuvre de Yasmina Khadra ne peut être contenue dans ce seul genre. Elle comporte des livres de souvenirs (L'écrivain), ce que l'on pourrait appeler un pamphlet (L'imposture des mots), des romans dont l'intrigue n'a plus rien à voir avec le genre, ainsi pour Cousine K. où la douce fraîcheur des amours enfantines en prend d'ailleurs un coup, et ces romans, comme Les Agneaux du Seigneur, A quoi rêvent les loups, Les hirondelles de Kaboul, dans lesquels le lecteur verra d'abord une sorte de reportage haletant sur l'innommable, l'inhumain, l'insoutenable, vus de l'intérieur, et sous la conduite d'un guide fort bien documenté sur la question.
A présent, à vous tous, bonne lecture. Et puisque Albert Camus, cher à Yasmina Khadra, a écrit: "Chaque artiste garde ainsi, au fond de lui, une source unique qui alimente pendant sa vie ce qu'il est et ce qu'il dit. Quand la source est tarie, on voit peu à peu l'œuvre se racornir, se fendiller. " (L'Envers et l'Endroit) demandez-vous, sans vouloir percer le secret de sa présence, quelle est la source, vivante et bruissante, de Yasmina Khadra.
PMF Juin 2004
ENFANTS DE TROUPE D'ALGERIE
Par Louis Picard
Préliminaire.
Ce qui suit comporte tout d'abord un bref exposé semi-officiel, sur la création des trois écoles militaires préparatoires qui ont existé en Afrique du Nord et principalement dans l'Algérois de 1942 à 1962.
On peut retrouver cette partie sur le site officiel de l'association nationale des Anciens Enfants de Troupe : http://www.aet-association.org/.
Cet exposé est suivi d'un court extrait d'un livre de souvenirs réalisé par M. Louis Picard, qui fut élève de la première école créée à Hammam-Righa de 1942 à 1946. Il n'a été diffusé qu'à 55 de ses camarades et déposé au musée national des enfants de troupe à Autun.
Les Ecoles Militaires Préparatoires d'Afrique du Nord
C'est principalement la deuxième guerre mondiale qui a conduit à la création d'une école militaire préparatoire en Afrique du Nord. Elle se devait d'être centrale pour y accueillir les enfants en provenance des trois pays du Maghreb. Ainsi, pour la première qui fut créée, c'est le site d'Hammam-Righa, dans l'Algérois, qui fut choisi. On verra que par la suite, au fur et à mesure que la situation évoluait, si une seule école était bien conservée entre 1942 et 1962, elle passera successivement de :
· Hammam-Righa de 1942 à 1946,
· Miliana de 1946 à 1951, · Koléa de 1951 à 1962
· 1-HAMMAM-RIGHA 1942-46
C'est par une décision ministérielle en date du 13 mai 1942 que la création d'un établissement d'éducation en Afrique du Nord est décidée.
Le 22 mai, le chef de Bataillon Faure, de l'état-major de la 3ème brigade d'infanterie de Constantine, est désigné comme commandant de l'établissement. Une autre décision ministérielle datée du 6 juillet 1942 précise que l'établissement d'éducation d'Afrique du Nord existera officiellement à la date du 1er juillet pour ouvrir effectivement le 1er octobre 1942 à Hammam-Righa sous le nom :
« d'Ecole Militaire Préparatoire d'Afrique du Nord »
La cérémonie d'ouverture, présidée par le général Mast, commandant la division d'Alger, a lieu le 19 octobre 1942. Le 8 mai 1943, a lieu l'inauguration officielle de l'école militaire et la cérémonie de la remise du drapeau au LCL Faure par le général Prioux, major général, qui s'adressera aux enfants en ces termes :
« Élèves de l'école militaire préparatoire d'Afrique du Nord, pour la première fois vous allez rendre les honneurs à votre drapeau. Regardez-le bien. Méditez les belles devises qui y sont inscrites et qu'elles soient, pour toujours, votre ligne de conduite. »
Le 21 février 1945 apporte la nouvelle de la dissolution de la section Prytanée de l'EMP d'Hammam-Righa, puis le 27 février de la suppression des classes de seconde et de première. Ces deux mesures prendront effet à la fin de l'année scolaire soit le 1er juillet 1946.
· 2-MILIANA 1946-51
MILIANA
Cette nouvelle école militaire préparatoire, ouverte à Miliana, constituera à l'origine une filiale de l'EMP d'Hammam-Righa.
Elle ouvrira ces portes le 4 janvier 1946, et était alors constituée de deux classes dont le niveau scolaire se situait entre le cours moyen 2e année et les classes du cours supérieurs, c'est-à-dire une ou deux années après le certificat d'études (DEPP). L'annexe de Miliana est placée sous les ordres du CNE Genestier, le colonel Faure commandant l'ensemble EMP d'Hammam-Righa - EMPNA de Miliana.
L'inauguration solennelle est faite le 4 avril 1946 par le ministre plénipotentiaire gouverneur général de l'Algérie Y. Chastaigneau.
Le 22 mars 1946 le ministre des armées décide que l'EMP d'Hammam-Righa cessera de fonctionner à la fin de l'année scolaire en cours, et que les élèves seront répartis dans les écoles de la métropole.
A Miliana, la rentrée de 1946 se fera sous le commandement du chef de bataillon Marchai. La devise de l'école est définitivement adoptée :
« Un seul cœur, un seul drapeau »
En 1950, le centre de perfectionnement d'infanterie de Cherchell, est rattaché à l'école. En fin d'année scolaire, 220 élèves effectuent du 25 juin au 29 juillet un voyage qui les conduit à Mulhouse, Verdun, Strasbourg, Paris où, le 14 juillet, ils défilent en tête des troupes sur les Champs Elysées, puis ils visitent Versailles, Lyon, Saint-Etienne, Marseille. Devant l'augmentation des effectifs et en raison de la nécessité de trouver une situation géographique mieux adaptée et plus centrale en AFN, et surtout moins isolée que Miliana, le ministre de la défense nationale, par décision ministérielle en date du 22 mai 1951, fait transférer l'école à Koléa.
· 3-KOLÉA 1951-62
KOLEA
La rentrée 1951-1952 s'effectue en septembre dans l'ancienne caserne des zouaves de Lamoricière sur le Sahel. Tout au long de l'année s'imposera une adaptation matérielle dans des locaux vétustes et délabrés, compensés par l'avantage précieux de la proximité d'Alger et l'utilisation d'un domaine militaire étendu comprenant en particulier une magnifique pinède. Le 12 avril 1955, le drapeau de l'école reçoit la croix de guerre des T.O.E. des mains du général d'armée Koenig.
La décision ministérielle du 4 juin 1955 détermine en effet le nouveau but à atteindre et fixe les étapes à prévoir pour une évolution complète de l'établissement. Cette transformation est concrétisée par une nouvelle décision ministérielle qui stipule qu'à compter du 14 avril 1959 l'école prend officiellement l'appellation « d'Ecole Militaire Préparatoire de Koléa »
Devant le nombre toujours grandissant d'élèves susceptibles de poursuivre jusqu'au bout leurs études secondaires le ministre des armées crée à compter du 20 avril 1960 le second cycle d'études en vue de conduire les élèves des classes d'enseignement moderne jusqu'au baccalauréat première partie. L'école de Koléa fut une magnifique réalisation, une des plus belles de toutes les EMP ; elle cessa d'exister à la fin de l'année scolaire 1962.
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Extrait du recueil intitulé "Ecole Militaire Préparatoire d'Hammam-Righa (AFN)"
Réalisé par Louis Picard, ancien élève de cette école de 1942 à 1946.
Préambule.
Il y a peu de choses sur l'école militaire préparatoire d'Hammam-Righa. Située en Afrique du Nord, elle n'a existé que pendant quatre années, de 1942 à 1946, pas même la durée d'une "législature" d'enfant de troupe, ceci expliquant sans doute cela. C'est seulement dans le courant de l'année 1999 que les quelques mots qui suivent ont été écrits. Ils n'ont certes pas la prétention de combler une lacune. Ils faisaient simplement suite à la demande d'une étudiante, qui souhaitait obtenir des renseignements sur les écoles militaires préparatoires pour permettre l'élaboration d'une thèse. Je lui avais alors conseillé la lecture de quelques relations de souvenirs émanant de camarades et qui avaient fait l'objet de parutions dans le "Journal des AET ". Remarquables écrits qui ont beaucoup marqué ceux d'entre nous ayant vécu ces périodes et qui portent toujours admiration à leurs auteurs.
L'étudiante a suivi cet avis, mais à vrai dire ce n'était pas ce qu'elle recherchait. Elle espérait des textes faisant ressortir l'aspect technique, administratif, plutôt que ceux où le côté émotionnel, affectif, prévaudrait, les résultats et les conséquences plutôt que les anecdotes, enfin répondre à une série de questions spécifiques au sujet traité d'où des titres de paragraphes qui pourraient paraître étranges à ceux qui ont vécu cette période. Il fallait donc s'y mettre et c'est l'objet de la majeure partie des lignes qui suivent et qui lui ont été adressées en septembre 1999.
La création.
L'école a été créée en septembre 1942. Elle était destinée à accueillir les enfants de troupe dont les parents résidaient alors en Afrique du Nord. On peut se poser la question de savoir pourquoi, alors que depuis leur création en 1886, les écoles de la métropole avaient toujours reçu les élèves en provenance des colonies. Personnellement, lorsque mon désir d'entrer aux enfants de troupe fut connu de façon ferme, au tout début de l'année 1942, mon père qui dépendait de l'Etat-major militaire à Rabat, a été informé, confidentiellement, qu'il risquait d'être privé de ma présence pendant un laps de temps qui pouvait être fort long si j'intégrais une des écoles situées en métropole. Puis, c'est dans le milieu de l'année qu'on a su qu'une école serait implantée en Algérie et que j'ai eu alors le "feu vert".
Organisation générale.
Il semblerait difficile de déterminer avec certitude ce qui a prévalu au choix du site d'Hammam-Righa, petite commune de l'Algérois, éloignée de tout et dépourvue de toutes commodités pour une telle entreprise. Seules les archives militaires de l'époque pourraient apporter quelques éclaircissements. Il faut cependant se souvenir que nous sommes en période d'armistice et sur un territoire français soumis aux contrôles de commissions allemandes. Créer à sa barbe une école militaire ne paraissait pas très réaliste. Aussi, l'a-t-on qualifiée tout simplement d'établissement d'éducation à l'instar des écoles de la métropole. Et si sa destination première était bien de recevoir des "enfants de troupe", il se devait d'être aussi ouvert à d'autres enfants et dans le cas présent, à ceux de la population d'Hammam-Righa qui pouvaient accéder aux classes de l'enseignement secondaire. C'est ainsi que huit d'entre eux y sont entrés dès 1942 à titre d'externes.
L'école n'était donc pas implantée dans la traditionnelle caserne connue de tous. L'infrastructure principale se composait alors de l'imposant corps d'un hôtel thermal , sans doute réquisitionné pour la circonstance et situé à une centaine de kilomètres au sud-ouest d'Alger, en pleine nature, au milieu d'un très beau parc. Nul doute que cet hôtel avait vu le séjour d'hôtes bien plus prestigieux. On peut citer, parmi les plus illustres, Camille Saint-Saëns qui vînt y composer quelques-uns de ses chefs d'œuvre, Guy de Maupassant, André Gide et bien d'autres.
Il n'y avait pas de murs ! Cet état de fait a dû être très apprécié des quelque quatre-vingts élèves qui provenaient des écoles métropolitaines. Au fur et à mesure des besoins, des annexes ont été construites pour servir d'infirmerie, de dortoirs et de classes. On y construisit aussi un foyer-théâtre doté d'une scène destinée aux spectacles (cinéma entre autre). En fin septembre 1942, l'effectif intégrant l'école est, à quelques unités près, de 184 élèves répartis en six classes:
· 1 classe de 3ème B,
· 2 classes de 4ème B,
· 2 classes de 5ème B,
· 1 classe de 6ème B.
Il m'est difficile de donner la répartition exacte par classe ; inégale, elle devait se situer aux environs d'une trentaine d'élèves. Pour la mienne, celle de 6eB, j'ai pu en recenser un total de 28. De septembre 1942 à juillet 1946, il y eut donc quatre rentrées scolaires. On a pu reconstituer, toujours avec les réserves d'usage, le nombre d'élèves nouveaux intégrant l'école. Une donnée manque, celle concernant les élèves qui ne revenaient pas. Mais on peut dire que dans tous les cas, c'était très négligeable, voire cinq à six par an. Par contre, la dissolution de l'école semblant être programmée pour 1946, la rentrée de 1945 n'a ouvert que sur un total de sept classes, soit environ 200 élèves. Ainsi, on peut évaluer les départs à près de 150 élèves qui, du fait de la limite d'âge, ont rejoint les pelotons d'élèves sous-officiers et donc l'armée d'active ou simplement parce que, la France étant libérée, leurs parents regagnaient la métropole. Ceux-là rejoignaient alors les EMP situées en France.
On peut donc chiffrer les entrées par année à :
· 1942 = 184)
· 1943 = 88) soit un total de
· 1944 = 85) 401 élèves.
· 1945 = 43)
Origines des élèves.
Les élèves étaient pratiquement tous d'origine européenne bien que l'école soit ouverte aux deux communautés, les conditions d'accès n'étant nullement d'ordre ethnique. Cependant, je n'ai le souvenir que de cinq, peut-être six camarades d'origine musulmane. C'étaient déjà de fortes personnalités. J'ai beaucoup fréquenté à cette époque, deux d'entre eux qui étaient d'ailleurs frères. Leur père était commandant dans l'armée française. Eux-mêmes ont très bien réussi car l'aîné qui était dans ma classe a terminé commandant et le plus jeune colonel dans l'armée de l'air. Un autre eut un destin plus tragique . Il n'y avait aucune différence entre nous et rien n'est venu entacher notre camaraderie ni avant ni après les événements que l'on sait. Nous sommes restés avant tout des anciens copains d'Hammam. Les autres devaient être aussi des fils d'officiers ou de sous-officiers et ont dû intégrer après 1944 et qu'ainsi j'ai peu connus. Quoiqu'il en soit, il n'y a jamais eu de discrimination ni de séparation d'aucune sorte et je suis sûr que le terme même choquerait n'importe lequel d'entre nous.
Gestion militaire.
L'administration de l'école était organisée sur le modèle de toute formation militaire classique : un petit état-major comprenant les services comptables, matériel, intendance, santé, les compagnies divisées en sections (classes) pour ce qui concerne la partie essentiellement militaire avec pour encadrement des officiers, des sous-officiers et des hommes de troupe (secrétaires, chauffeurs, cuisiniers). N'étant pas encore tout à fait militaire, nous avions droit à un "prêt" et non à une "solde". Je ne puis en dire le montant exact mais il devait représenter environ le tiers de la solde d'un appelé du contingent. En 1948, je me souviens qu'il était de 4 francs de l'époque, par jour, sans le tabac ni les timbres FM. C'était très peu (le SMIG d'alors devant se situer à un peu plus de 10.000 francs.).
Le Drapeau.
Toutes les écoles militaires de la Métropole étaient dotées d'un drapeau et d'une garde d'honneur. En ce qui concerne Hammam-Righa, il fallait bien entendu, attendre le passage de la condition d'établissement d'éducation à celui d'école militaire préparatoire pour en être doté. Et c'est finalement le 8 mai 1943, que le Drapeau fut remis solennellement à l'EMP et à sa garde (sans arme). Par la suite, le premier dimanche de mai, date anniversaire de la remise, devenait "Jour de fête" de l'école. Cette manifestation, très prisée et attendue dans la région, se déroulait jusqu'au lundi soir.
Scolarité.
La partie instruction publique était dirigée par un Professeur Principal qui avait son secrétariat et qui disposait du nombre de professeurs indispensables aux différentes matières enseignées, schéma tout à fait classique. L'école d'Hammam-Righa, préparait aux diplômes du brevet élémentaire et du brevet d'étude primaire supérieure (BE et BEPS) ainsi qu'aux baccalauréats classiques de l'époque : bac Math et bac Philo. Il m'est difficile de comparer les résultats obtenus, avec ceux de la moyenne "nationale" de l'époque ; ils semblent toutefois avoir été très corrects.
Etablir avec précision l'emploi du temps d'une semaine n'est pas très aisé. Pour les études scolaires, il était assez comparable à celui de toutes les écoles d'alors. Il ne différait d'un internat classique que par quelques activités de loisirs et /ou d'occupations paramilitaires. Les études scolaires faisaient l'objet d'évaluations trimestrielles, "les compositions", qui permettaient l'établissement du bulletin scolaire trimestriel. Le contrôle continu n'avait pas cours. Ces bulletins scolaires étaient adressés directement à nos parents avant notre départ en vacances. Ces vacances avaient la durée de celles définies par l'académie. Par contre, il n'y avait que deux ou trois jours à Toussaint quand cette fête avait l'opportunité de tomber un vendredi ou un lundi et rien pour Mardi Gras ni Pentecôte. En revanche les grandes vacances s'étalaient largement sur deux mois et demi.
Activités autres que scolaires.
Le jeudi matin est principalement consacré aux revues de chambres, de literie et de paquetage ainsi qu'à des séances d'instruction militaire sans grande importance. Je me souviens très bien de quelques rares séances de tir au fusil de guerre. C'était aussi le moment privilégié des exercices d'ordre serré, des préparations aux défilés qui occupaient beaucoup de notre temps. C'était interminable et durait jusqu'à la perfection. Une bonne quarantaine d'élèves faisait partie de la musique militaire, clique et fanfare, très renommée et qui avait beaucoup d'activités car très sollicitée, participant à de nombreuses manifestations. Leur entraînement était perpétuel en particulier les jeudis et samedis après midi.
Il y avait aussi les activités sportives de groupes, d'équipes ou individuelles qui prenaient place ces jours là : basket et football principalement. L'athlétisme avait une certaine ferveur et beaucoup y participaient avec d'excellents résultats. Enfin, il y avait quelques activités plus ludiques et je me souviens en particulier du modélisme pour avoir personnellement remporté en 1944, la coupe d'Afrique du Nord toutes catégories. La plupart des jeudis et samedis, pour le gros de la "troupe", il y avait la sempiternelle "promenade", une bonne quinzaine de kilomètres dans le "djebel" voisin, principalement sur deux parcours intitulés "la Grande Raquette" et "la Petite Raquette" car ils avaient manifestement la topographie des contours d'une raquette de tennis. C'est un souvenir qui nous a tous beaucoup marqué mais je dois le dire, souvent en bien.
Le dimanche était enfin un jour moins trépidant et nous disposions d'un peu plus de "liberté". Le matin, nous nous rendions à la messe dans une petite chapelle située derrière le corps principal de l'hôtel, au bout d'une esplanade où se déroulaient les prises d'armes. L'après-midi, il y avait, la plupart du temps, l'habituelle "promenade". Les grands jours, c'était la séance de cinéma.
Le logement.
En 1942, n'étant environ que 176 "internes", nous logions tous dans le corps principal de l'hôtel. Pour la plupart nous étions en chambre de trois en particulier la classe de 6e B et celles de 5e. Il devait y avoir quelques chambrées plus nombreuses mais en tous cas ne dépassant pas six élèves. Par contre, la toilette du matin se faisait dans une pièce où il y avait plusieurs lavabos, car ceux pourtant présents dans les chambres n'étaient pas alimentés... A signaler que les cadres, les professeurs et leurs familles logeaient aussi dans une partie de l'hôtel mais dont les accès condamnés nous étaient en principe interdits.
Dans le sous-sol de l'hôtel, il y avait un certain nombre d'aménagements de toutes sortes tels que magasins et autres réduits. On y trouvait aussi le "salon de coiffure" ainsi que les ateliers de travaux manuels qui portaient sur le travail du bois et du fer. Ils comportaient quelques machines outils que les plus grands - ou les plus adroits - pouvaient utiliser. Mais il y avait aussi une piscine d'eau ferrugineuse dont la température devait avoisiner les 45 degrés. Un véritable bain turc où l'on nous amenait assez régulièrement pour être certain d'un excellent décrassage !
Le "trousseau".
Nous n'avions pas d'armoire et à quoi bon puisque nous possédions fort peu. Les quelques affaires personnelles que nous pouvions avoir (à l'exclusion de tout vêtement civil), étaient stockées dans une valise, elle-même enfermée dans un local situé au voisinage de nos chambres. Elle n'était accessible qu'à certains moments ou exceptionnellement sur demande. Ce "trousseau" - nous l'appelons "paquetage" - se résumait à un change de linge de corps, une chemise, un chandail, une cravate, une ceinture de flanelle (2 mètres de long sur 40 cm de large), une tenue de drap dite tenue n° 2, le tout soigneusement plié au "carré", empilé dans un ordre bien déterminé et entouré par la ceinture de flanelle, était disposé sur une étagère située au-dessus de chaque lit. La paire de chaussures de rechange (montante et cloutée) et les espadrilles de sport étaient au pied du lit. Nous avions aussi, et en particulier pour l'été, un bourgeron fait de grosse toile écrue, jamais repassé et qui n'était guère seyant. La tenue de sortie dite tenue numéro un, faite dans un drap bleu marine relativement épais, en principe neuve, était conservée au magasin du fourrier. Elle n'était perçue que la veille des grandes cérémonies ou des défilés. Les boutons de la vareuse étaient dorés, toujours soigneusement astiqués au travers d'une patience ; les deux côtés du col étaient ornés chacun d'une grenade stylisée de couleur rouge. Cette vareuse pouvait porter des galons dans la mesure où son détenteur les avait mérités par ses résultats scolaires. Le pantalon faisait alors l'objet de soins très particuliers car c'était à qui aurait le pli le mieux fait. Pour cela, il passait la nuit entre la protection du châlit en fer et le matelas, les emplacements des plis très consciencieusement humectés. Tout ce linge était estampillé du numéro matricule qui nous avait été attribué individuellement lors de notre entrée à l'école. Enfin, il y avait la fameuse "galette", une espèce de grand béret alpin qui semblait démesuré sur la tête des tout petits mais quelques fois ridiculement minuscule sur celles des grands. Nous la triturions dans tous les sens ou avec toutes sortes de produits pour tenter vainement d'en diminuer la taille. Elle aussi était ornée de la grenade rouge à cette époque. C'était un symbole et nous lui avons même consacré un hymne que nous chantons encore de temps à autre. Un camarade m'a rapporté, et j'en ai eu la preuve photographique, qu'il y avait eu une tenue d'été, ce qui paraît logique sous ce climat : chemisette et pantalon de toile ou short. Ce souvenir m'a complètement échappé.
Les annexes.
C'est en 1943 puis en 1944 que les annexes ont été construites. Elles étaient alors occupées par les dortoirs des 4èmes et au-dessus. Ces dortoirs, bâtiments préfabriqués, comprenaient une trentaine de lits répartis par deux dans des box disposés le long des deux grands côtés. Deux ou trois grandes tables et des bancs occupaient la rangée centrale. Ils comportaient des douches, des lavabos – paradoxalement, l'eau chaude y était toujours inconnue - et des commodités. Il me semble qu'un réfectoire "annexe" a été construit dans ce style mais mes souvenirs à ce sujet sont très confus. Par contre je me souviens fort bien de l'imposante et immense salle à manger de l'hôtel où nous prenions nos repas entre 1942 et 1944.
Il y avait aussi une excellente infirmerie où on soignait les affections et blessures de faible importance. Bien sûr, le médecin était un officier du service de santé. Quatre se sont succédé. Ils étaient secondés par une infirmière. Mais celui dont chacun d'entre nous se souviendra à jamais, était l'infirmier d'origine musulmane, un véritable père de famille, d'une gentillesse et d'une compétence rarement égalées. Enfin, il y eut le foyer. Un bâtiment construit vers le début de 1944 où il y avait des jeux et entre autres une ou deux tables de ping-pong, des tables et chaises et surtout un point de vente de friandises et casse-croûtes qui aidaient considérablement à l'apport de calories. Je crois qu'en effet le point faible de cette école était, de l'avis de tous, l'exécrable nourriture qu'on nous servait. Ne pas oublier que c'était la guerre, que l'Algérie, paradoxalement, souffrait aussi de restrictions. Certains d'entre nous, dans l'âge de la forte croissance, étaient de perpétuels affamés. Le foyer et plus encore les colis que nous partagions équitablement, contribuaient fort heureusement à l'amélioration de notre ordinaire. Nous y avions accès après le repas de midi et lors de la récréation de 16 h 30 avant de regagner l'étude. Enfin, le foyer était aussi une salle de cinéma qui a servi le dimanche après midi et qui comportait une scène où un remarquable professeur, agrégé de grammaire française, monta plusieurs pièces.
La vie.
Je ne puis en assurer la fréquence, mais nous étions tenus d'écrire à nos parents. Les lettres étaient remises ouvertes au chef de section. C'est l'école qui se chargeait des envois et de l'affranchissement. Toutes les lettres que nous recevions étaient aussi contrôlées. Nous n'étions pas censés avoir de l'argent ou alors très peu. Nos parents devaient remettre au bureau du commandant de compagnie une certaine somme d'argent dont la principale destination était l'achat du billet de train pour les départs en vacances. Cependant de petites sommes pouvaient nous être remises mais leur montant était à la discrétion du commandant de compagnie. C'était peu et n'autorisait l'achat que de quelques maigres gâteries vendues au foyer.
Je n'ai pas souvenance d'albums de promotion et c'est regrettable. A l'époque on ne fonctionnait pas ainsi. La "promo" c'était surtout la classe et donc 25 à 30 copains. Par contre on pouvait se suivre pendant cinq à six années en faisant partie des mêmes classes. On admirait les grands dont certains étaient connus pour une cause quelconque mais quand on était soi-même devenu "grand" on regardait assez peu les petits. En aparté, et à ma connaissance, il n'y a jamais eu de bizutage (tout au plus quelques très amicales bagarres de polochons) et je n'ai jamais, alors, entendu ce terme. En dehors de la classe, les autres bons amis étaient ceux avec lesquels on pratiquait, ensemble, les mêmes activités : la musique militaire, l'équipe de sport, les loisirs dirigés, le lieu de destination commun pour les vacances, etc.
Les récompenses.
· Côté scolaire : le classique palmarès d'antan décrit assez bien les récompenses finales. Les prix et les accessits étaient décernés en fonction d'une certaine moyenne. En général, il y avait deux prix et trois accessits par matière et par classe. De même, pouvait-on attribuer un Prix d'excellence" au meilleur élève de la classe et plusieurs "Grand Prix d'honneur" aux trois ou quatre meilleurs élèves de l'école .
· Côté "militaire" : toujours en fonction de la moyenne obtenue, les résultats scolaires étaient récompensés par l'attribution de galons cousus sur la vareuse des bénéficiaires. Ainsi, dans le meilleur des cas, le premier se voyait remettre les 3 galons d'or de "sergent chef", le second les 2 galons dorés de "sergent fourrier", les trois suivants le galon doré de "sergent", puis du 6ème au 10 ou 12ème (toujours si la moyenne était atteinte) les 2 galons rouges de "caporal". En général, c'était toujours très apprécié. Mais ceci n'était valable que pour un trimestre. A nous d'améliorer ou de maintenir les résultats acquis au trimestre précédent. Dans le cas contraire, c'était la "dégradation".
Les punitions.
· Côté scolaire : les heures de colle classique se traduisant par la suppression de sorties (quand il y en avait). Cela pouvait aussi aller jusqu'à des jours de suppression de vacances et donc des départs retardés d'un ou deux jours.
· Côté "militaire" : la corvée individuelle ; la coupe de cheveux à ras ; la privation de séance de cinéma ou de sortie; la punition collective (revues contraignantes le soir, marches aux pas cadencés) ; les départs en permission retardés.
La dissolution de l'école.
Elle est intervenue en juillet 1946. Les élèves continuant leur scolarité ont été répartis dans les différentes écoles de la métropole : Autun, Les Andelys, Billom, Tulle, Montélimar, (La Flèche pour les « brutions »). Il est possible qu'on ait tenu compte de l'implantation géographique des parents car nous nous sommes retrouvés un nombre assez important à l'école de Montélimar en octobre 1946, école qui a été transférée sur Aix-en-Provence à compter du 1er janvier 1947. Ce fut mon cas.
La fin
Après le départ de « l'occupant militaire » , l'ancien propriétaire et la société des thermes ont tenté de remettre la station et principalement le corps principal de l'hôtel en état. Il y avait paraît-il fort à faire ! Cependant d'importants travaux de restauration furent entrepris. Mais il semble que ce fût peine perdue. Le tremblement de terre d'Affreville vers la fin des années soixante-dix, occasionna de graves dommages sur le corps principal de l'hôtel et le bâtiment a dû être rasé. Son emplacement devint, bien plus tard, un parking ! Ajouté aux événements qui avaient secoué l'Algérie, la belle et renommée station thermale d'Hammam-Righa avait vécu.
Extrait relevé sur « Les Merveilles de l'autre France » édition Hachette de 1924.
A quelque distance au Nord-ouest du Zaccar oriental, se trouve, dans des boisements de pins, une station d'altitude moyenne, Hammam-Righa, qui appelle chaque année une nombreuse clientèle européenne et indigène. Le privilège est dû à des eaux analogues à celles de Contrexéville, qui jaillissent en plusieurs endroits, à des températures variant de 39 à 67 degrés. Les autochtones leur attribuent, comme à toutes les sources thermales, une origine miraculeuse. « Hammam Sidna Slimane » les dénomme-t-on, c'est-à-dire « bains de notre seigneur Salomon ». Ce dernier entretiendrait, dans les montagnes, des troupeaux de chameaux constamment occupés au transfert du charbon de bois nécessaire à l'entretien du feu souterrain auquel est attribué la haute température des eaux. Bain salutaire où l'on vient de très loin. Avant de s'y plonger, on invoque le saint. Des purifications et des processions ont lieu, des plantes aromatiques sont brûlées, des prières sont dites, des sacrifices offerts. Sans ces pratiques préliminaires, la cure serait inefficace.
Les Ecoles Militaires Préparatoires d'Afrique du Nord
Hammam-Righa
Il y a peu de choses sur l'école militaire préparatoire d'Hammam-Righa.
Située en Afrique du Nord, elle n'a existé que pendant quatre années, de 1942 à 1946, pas même la durée d'une "législature" d'enfant de troupe, ceci expliquant sans doute cela.
L'école a été créée en septembre 1942. Elle était destinée à accueillir les enfants de troupe dont les parents résidaient alors en Afrique du Nord. On est en pleine deuxième guerre mondiale et il semble que déjà l'occupation totale de la France soit envisagée.
Il est difficile de déterminer avec certitude ce qui a prévalu au choix du site d'Hammam-Righa, petite commune de l'Algérois, éloignée de tout et dépourvue de toutes commodités. L'école n'était donc pas implantée dans la traditionnelle caserne connue de tous. L'infrastructure principale se composait alors de l'imposant corps d'un hôtel thermal, réquisitionné pour la circonstance et situé à une centaine de kilomètres au sud-ouest d'Alger, en pleine nature, au milieu d'un très beau parc. Il n'y avait pas de murs ! Cet état de fait a dû être très apprécié des quelque quatre-vingts élèves qui provenaient des écoles métropolitaines.
En fin septembre 1942, l'effectif intégrant l'école est, à quelques unités près, de 185 élèves répartis en six classes allant de la 6e à la 3e. Par contre dès 1943, il est créé une classe de seconde et en 1944, une classe de première. Ces deux classes sont supprimées à la rentrée de 1945, les élèves intégrant alors Autun.
De septembre 1942 à juillet 1946, il y eut donc quatre rentrées scolaires. On a pu reconstituer, toujours avec les réserves d'usage, le nombre d'élèves nouveaux intégrant l'école et on peut estimer que 400 élèves sont passés par cette école.
Origines des élèves
Les élèves étaient pratiquement tous d'origine européenne bien que l'école soit ouverte aux deux communautés, les conditions d'accès n'étant nullement d'ordre ethnique.
Cependant, l'école n'a compté que 5, peut-être 6 camarades d'origine musulmane. Il n'y avait aucune différence entre eux et rien n'est venu entacher leur camaraderie ni avant ni après les événements que l'on sait.
Si L'EMP a pour destination première de recevoir des "enfants de troupe", elle se devait aussi d'être ouverte à d'autres enfants et dans le cas présent, à ceux des cadres et de la population d'Hammam-Righa. C'est ainsi que huit d'entre eux y sont entrés dès 1942 au titre d'externes.
La vie à l'école.
L'administration de l'école était organisée sur le modèle de toute formation militaire classique et déjà connue de tous. Les deux compagnies sont divisées en sections (classes) pour ce qui concerne la partie essentiellement militaire avec pour encadrement des officiers, des sous-officiers et des hommes de troupe. N'étant pas encore tout à fait militaire, les élèves avaient droit à un "prêt" et non à une "solde". C'était fort peu.
La partie instruction publique était dirigée par un professeur principal qui disposait du nombre de professeurs indispensables aux différentes matières enseignées, schéma tout à fait classique.
Il faut rappeler que notre ministre délégué aux Anciens Combattants, Hamlaoui Mékachéra, a été élève dans cette école de 1945 à 1948.
https://boudelhachemi.skyrock.com/2665377430-NOUS-ETIONS-DES-ELEVES-LES-ENFANTS-DE-TROUPE-DE-L-E-M-P-N-A-DE-KOLEA.html
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