L’agence de presse officielle algérienne n’y est pas allée de main morte pour dénoncer l’acharnement de la chaîne gouvernementale française France 24 contre l’Algérie. Un acharnement au sujet duquel Algeriepatriotique n’a eu de cesse d’attirer l’attention dans de nombreux articles. Désigné comme une chaîne «poubelle», l’outil de propagande du Quai d’Orsay a subi une charge sans précédent de l’APS, laquelle a pointé un doigt accusateur en direction d’un «marionnettiste» qui «occupe la haute fonction d’ambassadeur français et délégué interministériel à la Méditerranée et dont une proche parente est une des spécialistes du dénigrement systématique de l’Algérie». De qui s’agit-il ?
Son nom n’apparaissait pas dans la rencontre organisée en décembre 2022 par le Makhzen dans la ville sahraouie occupée de Dakhla, mais c’est lui, ont indiqué de nombreuses sources concordantes, qui était derrière le coup de la prétendue «participation» de l’Algérie à ce rendez-vous, «représentée» par un journaliste franco-algérien, Kader Abderrahim, connu pour son tropisme pour la monarchie marocaine, lors d’un forum africain dédié à l’intelligence économique.
L’instigateur de cette grotesque machination s’appelle Karim Amellal, ami et protégé du président français, Emmanuel Macron. Il entretient des relations étroites avec certains hommes d’affaires algériens et ne cache pas sa sympathie pour le mouvement séparatiste MAK dont il salue les manifestations cycliques parisiennes dans le cadre d’une association qui se donne pour nom Les Amis de la Kabylie. Celui qui se définit comme «écrivain» travaille pour le Quai d’Orsay, et chaque action qu’il entreprend est donc cautionnée par le ministère français des Affaires étrangères. Nommé ambassadeur délégué interministériel à la Méditerranée par Macron en remplacement de Pierre Duquesne, il a pour tâche de se consacrer à la mission stratégique de collaboration entre les pays méditerranéens après avoir été battu aux municipales dans le Xe arrondissement de Paris, en tête de liste du mouvement En Marche au pouvoir.
Fondateur du site Chouf-Chouf, il est solidaire avec Ferhat Mehenni auquel il sert de porte-voix dans ses actions conduites à partir de France où il est réfugié, protégé par les autorités françaises malgré le mandat d’arrêt international dont il est l’objet pour atteinte à l’intégrité territoriale du pays. Commentant l’agression qui a ciblé l’ancien chanteur autoproclamé président de la Kabylie, le site de Karim Amellal, décrivant un «homme de paix», écrit que «les Kabyles et les militants amazighs ont aussitôt apporté leur indéfectible soutien au leader souverainiste kabyle» et s’offusque de ce que «beaucoup de messages haineux ont été proférés» à son encontre.
Le chargé de mission braqué sur l’Algérie n’a pas hésité à publier un message de soutien au chef de file du MAK. «Ferhat agressé violemment à Paris, notre solidarité est indéfectible !» écrivait Karim Amellal qui diffusera, en juin 2019, un clip intitulé Tsaqvaylith i d’yessawlen de Ferhat Mehenni, mais qui sera supprimé suite aux innombrables commentaires hostiles. Le retrait de la vidéo a sans doute dû se faire suite à une injonction des autorités françaises.
C’est ce même Karim Amellal qui affirmait que, contrairement à l’Algérie, le Maroc «sait beaucoup mieux exploiter des ressources qui sont infiniment moins importantes». Des ressources dont il ne dit pas à qui elles profitent dans ce pays que lui et ses employeurs encensent à longueur de journée pendant que le peuple marocain asservi crève de faim.
Karim Amellal qui, pour rappel, a fait partie de la délégation qui a accompagné Emmanuel Macron en Algérie en août 2022, n’est pas le seul lobbyiste pro-MAK en France. Lors de la célébration de la Fête de l’Indépendance, le 5 juillet dernier, un intrus s’est retrouvé parmi les invités de l’ambassade d’Algérie à Paris, en la personne de Rachid Temal, un sénateur réputé proche de ce mouvement raciste. Cet élu français d’origine algérienne s’est notamment distingué par la signature d’une pétition appelant à l’exfiltration de l’activiste Amira Bouraoui qui avait provoqué le rappel de l’ambassadeur d’Algérie à Paris et créé une crise diplomatique entre les deux pays.
Membre du Parti socialiste et du groupe France-Israël, il est un fervent défenseur des harkis pour la reconnaissance desquels en tant que citoyens français à part entière il a introduit une série d’amendements au Sénat. Des amendements qui, a-t-il justifié, visent à «réparer l’ensemble du drame vécu» par ces supplétifs de l’armée coloniale et «correspondent aux positions défendues sur toutes les travées de [cet] hémicycle», c’est-à-dire le Sénat français.
Béjaïa (Algérie) (AFP) - Des milliers d'hectares de forêts et de cultures détruits, des centaines d'habitations effondrées, des dizaines de sinistrés sans eau et ni électricité: le bilan matériel est lourd après les incendies qui ont ravagé le nord-est de l'Algérie et ont fait au moins 34 morts.
"Nous avons besoin d'aide, de toute l'aide possible, nous avons besoin de vêtements, de matelas, de choses comme ça", a dit à l'AFP un homme rencontré dans un point de ravitaillement à Bejaïa, à 250 km d'Alger, la zone la plus touchée par les feux que les secours ont mis trois jours à éteindre.
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Le ravitaillement et l'aide aux sinistrés commencent à s'organiser, alors que l'eau et l'électricité ont été coupées. Des cellules psychologiques sont mises en place. A Ait Oussalah, près du hameau Toudja, 16 personnes, "soit 10% des habitants", selon des témoins, ont été brûlées vives alors qu'elles tentaient de fuir.
Chaque été, le nord et l'est de l'Algérie sont frappés par des feux de forêt, un phénomène qui s'accentue d'année en année sous l'effet du changement climatique, entraînant sécheresses et canicules.
En août 2022, de gigantesques incendies avaient fait 37 morts dans la région d'El Tarf, dans le nord-est. L'été 2021 avait été le plus meurtrier depuis des décennies: plus de 90 personnes avaient péri dans le nord, en particulier en Kabylie.
Ces derniers jours, Tahar Chibane, 35 ans, a perdu une bonne partie de sa famille à Ait Oussalah: "Nous avons perdu 99% de nos terres. Il y a eu 16 morts, dont six de la famille Chibane (la sienne) et neuf de la famille Zenoud", a-t-il dit à l'AFP lors de funérailles mercredi dans la localité de Souk El-Dejemaâ.
"Je ne peux pas trouver les mots pour dire l'importance d'une âme, l'âme n'a pas de valeur, nous sommes encore debout mais comment peut-on rester sain d'esprit quand on a perdu d'un seul coup sept ou huit membres de sa famille", a confié à l'AFP Djoudi Zenoud, venu aussi enterrer un proche.
Plus de 1.500 personnes ont dû être évacuées des nombreux villages frappés par les incendies très violents qui ont tout dévasté sur leur passage: maquis et champs cultivés, maisons, magasins, endommageant même des stations balnéaires.
- "C'est notre vie" -
Selon le ministre de l'Intérieur, Brahim Merad, 140 incendies ont été recensés dans 17 préfectures. Outre les pertes humaines, les feux, surtout concentrés dans le nord-est, ont "ravagé de grandes surfaces forestières, de broussailles et d'arbres fruitiers", a dit le ministre sans donner de chiffres.
Des "instructions" ont été données aux autorités locales pour "lancer la constatation des dégâts et des pertes et recenser les sinistrés, afin de les indemniser dans les meilleurs délais", a ajouté le ministre.
Un juge d'instruction a ordonné le placement de 12 mis en cause en détention provisoire, pour leur implication dans le déclenchement des feux de forêt dans plusieurs wilayas, a indiqué jeudi un communiqué du procureur de la République du tribunal de Sidi M'hamed à Alger.
De l'autre côté de la frontière avec la Tunisie, les estimations des dégâts ont également démarré après des feux qui ont touché surtout des zones boisées du nord-ouest près de Tabarka, épargnant la plupart des zones habitées.
"Les 14 incendies dans 7 régions ont été maîtrisés. Entre 10 et 20 habitations ont été endommagées et il y a de grandes destructions de forêts, terrains agricoles et oliviers", a dit à l'AFP jeudi Moez Triaa, porte-parole de la Protection civile, soulignant que les pertes dépasseront les 2.000 hectares détruits l'année précédente.
Un couple avait ouvert en 2019 un "écolodge" dans la forêt au-dessus de Tabarka, qui a entièrement brûlé: "Pour nous, c'est notre vie, la valeur ce n'est pas l'argent mais notre engagement", a expliqué à l'AFP Adel Selmi.
En Algérie, au moins trois témoins ont déploré auprès de l'AFP des retards dans l'intervention des secours et un manque de moyens.
"La population locale a joué un rôle crucial pour éviter l'extension de certains foyers. Nous avons utilisé des seaux en plastique remplis grâce au camion d'un bénévole et nous sommes montés dans la forêt pour lutter contre les flammes", a déclaré un des volontaires, Mohammed Said Omal.
Pour sa 7e édition, le festival d’été de la Maison Maria Casarès propose comme chaque année une programmation qui allie arts vivants, patrimoine et goût du terroir. Passant du goûter au dîner sans oublier le sacro-saint apéro, les propositions offrent un bel éventail de spectacles pour les petits et les grands.
Sous le doux soleil de Charente, le domaine de La Vergne, lieu de villégiature de Maria Casarès jusqu’à sa mort en 1996, fait peau neuve. En cours de rénovation, le bâti principal, suite à un ravalement de façade, dévoile ses belles pierres apparentes de couleur crème. Fermée actuellement, l’ancienne maison devrait rouvrir ses portes l’an prochain et offrir quelques chambres d’hôtes permettant aux visiteurs de se glisser, le temps d’une nuit, dans l’univers de la comédienne.
Une amitié d’artistes
Bien décidés à faire connaître la vie de l’hôte de jadis comme le domaine où elle se réfugiait loin de Paris, Matthieu Roy et Johanna Silberstein, co-directeurs du lieu, ont imaginé en parallèle de la visite contée Fragments d’autre – La correspondance entre Maria Casarès et Albert Camus, déjà visible l’an passé, une exposition augmentée permettant de découvrir une nouvelle partie du domaine, le potager, et de plonger dans le lien singulier qui a lié plus d’une dizaine d’années durant l’Espagnole au jeune premier du cinéma Français de la fin des années 1940, Gérard Philipe. Considérés comme les plus grands talents de leur génération, tous deux se sont croisés à de nombreuses reprises au théâtre comme au cinéma avant d’intégrer l’un après l’autre la troupe du TNP fondé en 1920 par Firmin Gémier et dirigé de 1951 à 1963 par Jean Vilar.
Avec Les Enfants terribles, Maria Casarès et Gérard Philipe, c’est tout un pan de l’histoire du théâtre moderne qui est raconté, de leur rencontre sur les planches du théâtre des Mathurins en 1945 à la mort prématurée de l’acteur. Ils se sont fréquentés, éloignés puis retrouvés. Nés à treize jours d’écart, ces deux êtres entretenaient une union, un lien intangible que ravivent photos, lettres lues, extraits de pièces et de films diffusés par audioguide. Un voyage à travers le temps des plus passionnants !
À voir, à boire et à manger
Ponctuant la journée avant le dîner-spectacle du soir, deux moments théâtraux mis en scène par Matthieu Roy, invitent les petits à stimuler leur imaginaire et les grands à questionner la maternité. Avec Je suis un lac gelé de Sophie Merceron, un enfant (Mathias Zakhar) plonge au cœur de ses rêves, dialogue avec le fantôme d’un petit garçon qui, d’avoir trop aimé patiner sur la glace, a fini par se noyer. Loin d’être triste, l’esprit revit chaque nuit dans les songes des autres. Si l’écriture manque un brin de densité, le récit de propos, la proposition est parfaite pour éveiller les jeunes au théâtre. Assis par terre en spirale autour du comédien, ils vivent l’histoire au plus près avant de déguster de délicieux sablés qu’ils ont eux-mêmes confectionnés.
Un peu plus tard, un verre de Pineau à la main, c’est aux adultes que Ce silence entre nous de Mihaela Michailov s’adresse. Construit en sept actes comme autant de tableaux, autant de situations où la maternité est au cœur des problématiques, cette pièce, créée en 2021 au Théâtre de l’Union à Limoges, dans le cadre des Zébrures d’Automne, invite à une réflexion sur ce que veut dire être mère, sur le droit à toutes les femmes de décider de leur corps, de choisir de ne pas avoir d’enfant. Jouée en extérieur par Ysanis Padonou et Johanna Silberstein — elles étaient trois à la création —, l’œuvre semble plus prégnante, plus audible dans le beau décor du petit mur qu’en salle.
Dostoïevski à la folie
La journée touche à sa fin. Le soleil se cache derrière les cimes des arbres. Sur la presqu’île, Mathias Zakhar s’attaque avec une belle ingéniosité à une nouvelle de Fiodor Dostoïevski, Nuits blanches : roman sentimental. Entre chien et loup, le comédien et metteur en scène nous invite, à l’orée de la nuit, à assister au moment où un jeune rêveur (fiévreux Charlie Fabert) fait la rencontre d’une belle inconnue (épatante Anne Duverneuil) qui va bouleverser à jamais sa vie.
Solitaire errant, le jeune homme semble trainer son existence comme un poids. Rien ne le retient à la terre, sauf peut-être le visage triste de cette jeune fille, Nastienka. En quête d’un amour perdu, elle revient tous les jours sur ce pont, dans l’espoir que la belle promesse faite il y a un an au locataire de sa grand-mère se réalise. De leur mal-être, de leur solitude, une flamme va jaillir. Entre amour et amitié profonde, il y a un pas. Seront-ils tous les deux en capacité de franchir ?
Une jeune pousse qui deviendra grande
Se servant du magnifique terrain de jeu qu’offre le parc du domaine, Mathias Zakhar, qui avait présenté une maquette de ce spectacle dans le cadre du dispositif Jeunes Pousses qu’organise chaque année la Maison Maria Casarès, offre un bel écrin de verdure au magnifique texte du dramaturge russe. Dans ce cadre bucolique, l’esprit des spectateurs vagabonde, se laisse porter par la poésie qui se dégage de cette histoire impossible, de cet amour contrarié. Les tensions sont palpables. Les corps des deux comédiens s’arcboutent, se tendent pour mieux s’étreindre puis se séparer. Que ne donnerait-on pas pour une minute de bonheur, un instant suspendu qui comblera toute une vie…
La soirée s’achève à la nuit tombée, autour d’un verre, d’un dîner sous la guinguette. Maria Casarès, telle un ange bienfaiteur, semble veiller sur ce lieu loin du monde où le théâtre touche autant les novices que les aficionados.
Les procureurs fédéraux ont alourdi jeudi les charges pesant sur Donald Trump dans l’affaire de sa gestion négligente de documents confidentiels pour laquelle il est inculpé, lui reprochant d’avoir essayé de supprimer des images de vidéosurveillance qui intéressaient les enquêteurs.
LesLes procureurs fédéraux ont alourdi jeudi les charges pesant sur Donald Trump dans l’affaire de sa gestion négligente de documents confidentiels pour laquelle il est inculpé, lui reprochant d’avoir essayé de supprimer des images de vidéosurveillance qui intéressaient les enquêteurs.
Ces nouveaux chefs d’accusation viennent épaissir un dossier pour lequel un procès fédéral est prévu en mai 2024 en Floride, en pleines primaires républicaines dont Donald Trump est le favori.
Le milliardaire républicain a déjà été inculpé, début juin, pour sa gestion négligente des archives de la Maison-Blanche, mais les procureurs fédéraux ont fait savoir, par un document judiciaire rendu public jeudi, qu’ils l’accusent de nouveaux faits dans ce dossier.
Il est désormais reproché à Donald Trump, ainsi qu’à deux de ses assistants, d’avoir demandé à un employé de la résidence de « supprimer des images de vidéosurveillance du Club de Mar-a-Lago pour éviter que ces images ne soient remises » à la justice.
L’un des deux assistants, Walt Nauta, avait déjà été inculpé aux côtés de Donald Trump. L’inculpation du second, Carlos De Oliveira, est nouvelle.
Ce dernier, selon l’accusation, « a insisté » auprès d’un technicien de la résidence, disant « que “le boss” voulait que ce serveur soit effacé ».
Ces nouvelles accusations, a répondu l’équipe de campagne de Donald Trump, « ne sont qu’une nouvelle tentative sans fin » de l’administration Biden pour « harceler » son prédécesseur. Le procureur spécial chargé de l’affaire, Jack Smith, « sait qu’il n’y a rien dans le dossier », ajoute le communiqué.
Donald Trump était jusqu’alors inculpé de 37 chefs d’accusation dont « rétention illégale d’informations portant sur la sécurité nationale », « entrave à la justice » et « faux témoignage » dans cette affaire, pour laquelle il a plaidé mi-juin non-coupable devant un tribunal fédéral de Miami.
Il est accusé d’avoir mis la sécurité des États-Unis en péril en conservant des documents confidentiels après son départ de la Maison-Blanche en janvier 2021, dont des plans militaires ou des informations sur des armes nucléaires, dans sa résidence de luxe de Mar-a-Lago, en Floride, au lieu de les remettre aux Archives nationales.
Une autre enquête
Plus tôt, jeudi, l’ancien président avait indiqué que ses avocats s’étaient entretenus dans la journée avec des représentants du ministère de la justice, avant sa possible nouvelle inculpation dans le cadre d’une autre enquête, liée aux tentatives de renverser sa défaite à l’élection de 2020.
Des médias américains comme la chaîne NBC avaient plus tôt affirmé que les avocats avaient été informés qu’ils devaient s’attendre à une inculpation, mais Donald Trump l’a démenti.
« Mes avocats ont eu une réunion productive avec le ministère de la justice ce matin, expliquant en détail que je n’ai rien fait de mal, que j’ai été conseillé par beaucoup d’avocats et qu’une inculpation ne ferait que détruire davantage notre pays », a écrit le milliardaire sur sa plateforme Truth Social.
Il a assuré que ses avocats n’avaient pas été notifiés d’une inculpation à venir. « Ne faites confiance aux Fake News sur rien ! », a-t-il ajouté, utilisant son expression favorite à propos des médias.
Le 18 juillet, Donald Trump a annoncé avoir reçu une lettre de Jack Smith l’informant qu’il était visé personnellement par l’enquête fédérale sur les tentatives de renverser les résultats de la présidentielle de 2020, et notamment l’assaut contre le Capitole le 6 janvier 2021.
L'ONU a demandé vendredi à la France de se pencher sérieusement sur les problèmes de racisme et de discrimination raciale au sein de ses forces de l'ordre, trois jours après la mort d'un adolescent tué par un policier.
Publié le 30-06-2023 à 12h09 - Mis à jour le 30-06-2023 à 13h08
"C'est le moment pour le pays de s'attaquer sérieusement aux profonds problèmes de racisme et de discrimination raciale parmi les forces de l'ordre", a déclaré Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, lors du point de presse régulier de l'ONU à Genève (Suisse).Nahel, 17 ans, a été tué mardi au volant d'une voiture lors d'un contrôle routier mené par deux motards de la police près de Paris.
Après trois nuits d'émeutes un peu partout en France qui ont fait d'importants dégâts matériels, "nous appelons les autorités à garantir que le recours à la force par la police pour s'attaquer aux éléments violents lors des manifestations respecte toujours les principes de légalité, de nécessité, de proportionnalité, de non-discrimination, de précaution et de responsabilité", a souligné la porte-parole.
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Mme Shamdasani s'est également dite préoccupée par les violences qui ont éclaté après la mort de ce jeune homme.
"Nous comprenons qu'il y a eu beaucoup de pillages et de violences, par certains éléments qui utilisent les manifestations à ces fins, et qu'il y a eu un grand nombre de policiers qui ont également été blessés", a-t-elle dit.
Elle a souligné que c'est justement pour cette raison que "nous demandons à toutes les autorités de veiller à ce que, même s'il y a clairement des éléments violents dans les manifestations, il est crucial que la police respecte à tout moment les principes de légalité, de nécessité, de proportionnalité, de non-discrimination, de précaution et de responsabilité."
Les forces de l'ordre françaises ont procédé à 667 arrestations dans la nuit de jeudi à vendredi et au total, 249 policiers et gendarmes ont été blessés, selon les chiffres officiels.
Agence
Publié le 30-06-2023 à 12h09 - Mis à jour le 30-06-2023 à 13h08
في عام 1957 خلال "معركة مدينة الجزائر" والتي تدعى كذلك بالقمع الكبير للجزائر العاصمة، قام المظليون الفرنسيون بقيادة اللواء ماسو،بناء على أوامر من الحكومة الفرنسية، باختطاف الآلاف من الرجال والنساء. وفي حين تعرضت أغلبية هؤلاء للتعذيب، اختفى الكثيرون منهمبكل بساطة.د
وقد أفضت البعض من هذه الاعتداءات والاغتيالات إلى بروز فضيحة في فرنسا انطلاقا من عام 1957، على غرار علي بومنجل وموريسأودين والعربي بن مهيدي، وكذلك هنري أليغ وجميلة بوحيرد اللذان نجوا، لكن ثمة الآلاف من الحالات الأخرى التي استهدفت جزائريينوجزائريات عاديين دون أن يُحدث تعذيبهم أو اختفائهم صدى خارج حلقاتهم العائلية وأقاربهم، ومنه ظلت أسماءهم وأعدادهم مجهولة إلىيومنا هذا. ولهذا السبب سمي هذا الموقع 1000 آخرون.د
وعلى أساس قائمة غير مكتملة تم العثور عليها في الأرشيف الفرنسي والتي تتناول أسماء أشخاص تم القبض عليهم من قبل الجيشومبحوثين من قبل عائلاتهم في عام 1957، نحن نتقدم اليوم بدعوة منكم للإدلاء بشهادات من أجل التعرف على جميع أولئك الذين تعرضواللاختطاف في الجزائر العاصمة من قبل المظليين في عام 1957، سواء نجوا أم لا، وذلك بتحصيل كل ما توفر من مستندات وصور منالعائلات التي تود مشاركتها معنا من أجل الإشهار بتاريخ هؤلاء المفقودين المجهولين والإقرار به.د
ونشكر جزيل الشكر كل من استطاع مساعدتنا ونرجو منكم التعريف بهذه الدعوة بقدر المستطاع.د
Selon la Garde nationale tunisienne, 789 corps de migrants ont été repêchés en mer, dont 102 Tunisiens au cours des six premiers mois de l’année.
Par L'Obs avec AFP
·Publié le
Une embarcation de migrants, près de Malte, le 17 mai 2022. (VALERIA FERRARO / ANADOLU AGENCY VIA AFP)
Près de 800 migrants tentant de rallier clandestinement l’Europe sont morts noyés au large de la Tunisie au cours des six premiers mois de l’année, a indiqué ce jeudi 27 juillet le porte-parole de la Garde nationale tunisienne, Houcem Eddine Jebabli. Selon cette source, « 789 corps de migrants ont été repêchés en mer, dont 102 Tunisiens, les autres étant des étrangers et des personnes non identifiées. »
Du 1er janvier au 20 juin, 34 290 migrants ont été interceptés et secourus, dont 30 587 « étrangers », en majorité originaires d’Afrique subsaharienne, contre 9 217 personnes interceptées ou sauvées sur la même période de 2022 (dont 6 597 étrangers), a précisé Houcem Eddine Jebabli. C’est près de quatre fois plus.
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Les unités de gardes-côtes ont mené 1 310 opérations durant les six premiers mois de 2023, soit plus de deux fois le nombre (607) recensé en 2022, a-t-il encore indiqué.
Plus de 80 000 passages en 2023 contre 33 000 en 2022
La Tunisie, dont certaines portions du littoral se trouvent à moins de 150 km de l’île italienne de Lampedusa, enregistre régulièrement des départs de migrants, originaires le plus souvent d’Afrique subsaharienne.
Selon Rome, plus de 80 000 personnes ont traversé la Méditerranée et sont arrivées sur les côtes de la péninsule italienne depuis le début de l’année, contre 33 000 l’an dernier sur la même période, en majorité au départ du littoral tunisien et de Libye.
La Méditerranée centrale, entre l’Afrique du Nord et l’Italie, est la route migratoire la plus dangereuse au monde en 2023, selon l’Organisation internationale des migrations (OIM), qui recense plus de 20 000 morts depuis 2014.
Le 22 juin, une semaine après le naufrage au large du Péloponnèse d’un chalutier parti de Libye ayant fait au moins 82 morts et des centaines des disparus, une embarcation de migrants partie de Sfax en Tunisie a chaviré au large de Lampedusa, faisant une quarantaine de disparus.
Des centaines de migrants ont été expulsés de Sfax, deuxième ville de Tunisie, à la suite d’affrontements ayant coûté la vie à un Tunisien le 3 juillet. Depuis le coup de force du président Saied, les tentatives de départs de Tunisiens désespérés par la crise économique frappant ce pays du Maghreb, se poursuivent à un rythme soutenu.
À la mi-novembre 2022, à Alger, les historiens Malika Rahal et Fabrice Riceputi découvrent de façon inattendue un lieu où des Algériens, en 1957, furent détenus secrètement, torturés et parfois tués par l’armée française. Ils livrent à Mediapart le récit de leur découverte.
Malika Rahal et Fabrice Riceputi
1 janvier 2023 à 12h19
NousNous travaillons à Alger depuis 15 jours à des recherches dans le cadre du projet Mille autres — Des Maurice Audin par millierssur la disparition forcée à Alger en 1957. L’un des buts de la recherche est de poursuivre l’identification des lieux de détention, de torture et de disparition mentionnés par les témoins.
Le 16 novembre 2022, nous découvrons un lieu, indiqué par plusieurs sources, dans lequel des Algériens furent détenus secrètement, torturés et parfois tués par l’armée française: la ferme Perrin.
La localisation des centres de torture à Alger et dans sa région, plus de 60 ans après les faits, est complexe et aléatoire. Quelques-uns de ces locaux sont bien connus et conservés, telles la villa Sésini ou différentes casernes de l’armée française, devenues casernes de l’armée algérienne. Mais beaucoup ont été réoccupés, voire habités. Ils ont parfois changé plusieurs fois d’affectation, et même de nom, depuis 1962. D’autres sont localisés de façon incertaine.
Certains peuvent avoir été détruits, comme La Grande Terrasse, un restaurant de Saint-Eugène (aujourd’hui Bologhine), réquisitionné par les parachutistes du général Massu et dont les caves ont été utilisées comme un lieu de torture. Cette information a récemment été confirmée par plusieurs témoins visuels, notamment par Roland Bellan, le fils du propriétaire des lieux. Il a été localisé pour nous par Mohamed Rebah, à la fois témoin de cette histoire et historien, qui fait partie des contributeurs de notre projet, et dont l’aide se révèle essentielle.
Nous nous y sommes repris à plusieurs fois pour localiser la villa Mireille, sise à l’époque au 51, boulevard Bru (aujourd’hui boulevard des Martyrs). Les détenus torturés y étaient parfois « retapés » avant d’être présentés à un juge. Il s’agissait principalement de détenus européens, visés par la violence coloniale pour leur soutien à l’indépendance algérienne. Un voisin, Rachid Guesmia, autre contributeur précieux, nous indique qu’au moment de l’indépendance, il faisait partie des enfants du quartier qui la tenaient pour hantée.
Il a été plus simple en revanche de retrouver l’école Sarrouy, en bordure de la Casbah, dans le quartier de Soustara. À l’été 1957, elle fut transformée en centre de torture par le 2e RPC [régiment de parachutistes coloniaux – ndlr]. Notre cartographie de la disparition forcée (ci-dessus) progresse.
Sur la piste de la ferme Lambard
Plusieurs anciennes fermes coloniales figurent également dans notre liste de centres de torture. À la périphérie d’Alger, elles furent durant la guerre prêtées à l’armée par leurs propriétaires ou réquisitionnées. C’est par exemple dans l’une d’elles que, selon le général Aussaresses, Larbi Ben M’Hidi fut assassiné.
Le 16 novembre 2022, nous suivons la piste d’une autre de ces fermes, signalée par notre collègue archiviste Mohamed Bounaama, qui nous y accompagne. À proximité de son lieu de travail, installé dans le domaine de l’ancienne ferme Laquière, à Tixeraïne (une localité de Birkhadem, aujourd’hui dans la banlieue d’Alger), on dit parfois que l’armée enferma et tortura. Notre ami nous y a conviés car un mécanicien du quartier lui a parlé d’un autre lieu présumé de torture : la ferme Lambard (ou Lombard, Haouch Lombar), peu éloignée.
Une simple recherche sur Internet nous révèle qu’elle apparaît depuis peu sur GoogleMaps, à quelques kilomètres seulement. Et qu’on la nomme aussi « ferme Perrin ».
Ce nom interpelle. Il renvoie au cas de l’avocat Ali Boumendjel, enlevé le 9 février 1957, torturé et « suicidé » le 23 mars 1957, dont Malika Rahal a écrit l’histoire. Plusieurs sources confirment en effet son passage à la ferme Perrin, à une date indéterminée durant cette période. Me Maurice Garçon, membre de la Commission de sauvegarde, avait simplement indiqué dans son rapport que Boumendjel y avait séjourné.
La présence de l’avocat Boumendjel est confirmée
Par ailleurs, Benali Boukort donnait à ce sujet un témoignage d’importance dans ses mémoires. Cet ancien militant de l’Union démocratique du manifeste algérien puis du Parti du peuple algérien avait été arrêté le samedi 2 mars 1957, puis détenu à Haouch Perrin, dont il donnait une description précise. Il s’agissait selon lui d’une grande ferme de colon destinée à la production de vin, sise au milieu des vignes, et dont les installations étaient détournées de leur usage habituel.
Lorsque les personnes enlevées y étaient transportées en plein jour, elles arrivaient dans une remorque bâchée et étaient parquées dans « un espace entouré de barbelés et gardé par plusieurs parachutistes », avant d’être transférées dans des cuves à vin au bout de deux ou trois jours. De telles pratiques ont existé ailleurs en Algérie : plusieurs « affaires » avaient révélé en 1957, en métropole, la mort par asphyxie dans de telles cuves de plusieurs dizaines de détenus algériens.
Or Benali Boukort confirme la présence de Boumendjel dans ces lieux. Selon lui, ce dernier avait été détenu seul dans une cuve. Ici, son témoignage corrobore celui du beau-frère de Boumendjel, Abdelmalik Amrani, également détenu à la ferme Perrin. Après la guerre, celui-ci a raconté à sa sœur, Malika Boumendjel Amrani, ainsi qu’à son propre fil Aïssa, qu’étant détenu dans la cuve voisine de celle de Boumendjel, il avait pu communiquer avec lui. Pour la biographie d’Ali Boumendjel, dans les années 2000, il n’avait pas été possible de retrouver la ferme, dont la localisation précise était mystérieuse. Nous partons donc à sa recherche.
Dans cette zone aujourd’hui densément urbanisée et absorbée par l’agglomération algéroise, les habitants reconnaissent le nom de la ferme (Perrin plutôt que Lambard) comme un nom de quartier. Une jeune femme indique à Mohamed Bounaama de continuer jusqu’au bout d’une rue, tout entière nommée couramment « Perrin ».
Nous entrons par un large portail sur une placette plantée de vieux arbres. L’ancien vaste domaine agricole n’existe plus. Des ruelles partent de la placette, bordées de petites maisons basses construites à l’évidence après 1962. Mais, face à nous, une villa à toit de tuiles à double pente tranche avec les bâtiments environnants plus récents. À droite, le portail d’une autre bâtisse à toit tuilé, manifestement un ancien bâtiment agricole ou un corps de ferme, est entrouvert. Nous toquons.
Nous sommes historiens et cherchons des cuves à vin où l’on détenait les moudjahidines durant la guerre, expliquons-nous à l’homme qui nous accueille. Il acquiesce (elles existent toujours) et nous entraîne cordialement dans ce qui s’avère être son logement.
Nous pénétrons d’abord avec lui dans une pièce de 3 ou 4 mètres carrés, entièrement carrelée de faïence gris-vert, qui lui sert de remise. « C’est là », indique-t-il simplement sans que nous comprenions d’abord ce qu’il convient de regarder.
En levant la tête, c’est le choc : le plafond, lui aussi carrelé, est percé d’une ouverture circulaire d’environ 60 ou 80 cm de diamètre, fermée par un gros bouchon de ciment.
Nous réalisons alors que nous sommes dans la cuve à vin et que c’est par cette ouverture qu’on faisait entrer et sortir les personnes enlevées.
Peut-être s’agit-il de la cuve où fut enfermé Ali Boumendjel, ou Abdelmalik Amrani, ou d’autres. Les occupants des lieux ont simplement percé des portes pour en faire des pièces, des ouvertures pour passer d’une cuve à l’autre et des fenêtres pour laisser entrer la lumière. Ainsi, ils s’en servent comme d’une sorte de logement modulaire, à l’intérieur du corps de ferme.
La découverte imprévue est bouleversante. Avoir lu les sources qui mentionnent ces cuves et la mort par asphyxie des prisonniers est une chose. Se découvrir presque fortuitement au fond de l’une d’elles en est une autre. Nous sommes confrontés à une archéologie de la terreur et nous ne cessons, en esprit, de croiser ce que nous voyons avec nos sources historiques.
Être sur les lieux permet, avec des années de recul, de mieux saisir la description que donnait Benali Boukort dans son livre : il évoquait des cuves semblables à « de petites bâtisses de briques, ayant peine 2 à 3 mètres carrés à la base ». Sans doute n’imaginait-il pas alors que ces bâtisses pourraient effectivement servir de logement, dans une ville d’Alger qui aurait grignoté l’espace rural autour d’elle.
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Il écrit que l’on accédait à la cuve « par un trou de 60 à 70 cm », que nous contemplons aujourd’hui en regardant le plafond : « Certains détenus corpulents ne pouvaient y passer. Les paras soulevaient alors la dalle formant couvercle et les descendaient au bout d’une corde passée sous leurs aisselles. Chaque cuve contenait six ou sept personnes. L’exiguïté extrême ne permettait pas aux détenus de s’allonger ; ils devaient rester constamment accroupis, souvent 15 jours durant. Ils ne quittaient cette position inconfortable et douloureuse que pour se rendre aux interrogatoires. »
Nous contemplons les espaces, désormais plus aérés par le percement des portes, pour essayer d’imaginer sept personnes sur la petite surface dessinée par une cuve, entourées par les murs épais avec un plafond bas et arrondi qui donne l’impression d’être dans un bocal.
Nous passons d’une cuve à l’autre. Le bâtiment en compte douze, qui forment aujourd’hui deux logements distincts.
Le carrelage gris-vert que nous avons d’abord cru ajouté récemment pour améliorer le confort des pièces est en fait une caractéristique d’origine, indispensable à l’étanchéité et à la protection du vin. Cette étanchéité rigoureuse rendait les cuves d’autant plus meurtrières. Selon Benali Boukort, « parfois, selon l’humeur d’un gardien, ou lorsque les paras étaient mécontents d’un détenu, l’ouverture était obstruée par un sac. Plusieurs morts furent ainsi provoquées par asphyxie ».
Leurs habitants, qui s’y sont installés dans les années 1970, sont parfaitement au courant de ce qui s’est passé dans ces lieux. Ensemble, nous discutons des horreurs de la guerre qui se sont déroulées ici, sans grande émotion apparente puisque, après tout, c’est leur vie quotidienne. Ils souhaiteraient pouvoir s’installer ailleurs. Le père de notre interlocuteur aurait pu nous raconter bien des choses, mais il est sourd et ne saisit pas le but de notre visite : à plusieurs reprises, il demande à Malika Rahal si elle est venue de la part du gouvernement pour les aider à être relogés.
Son autre fils habite le second logement : chez lui aussi, plusieurs cuves ont été ouvertes pour faire de grandes pièces. Son salon coquet est en fait composé de trois cuves ouvrant l’une sur l’autr
Une cuve, à l’arrière de la cuisine surélevée, est à peine accessible et reste inutilisée. Il veut pourtant nous la montrer, car un détail y est encore visible, supprimé dans d’autres cuves. Il faut pour cela grimper sur le comptoir de la cuisine et passer par une ouverture réduite. Au sol, en écartant ce qui est remisé dans cette espace, il fait apparaître quatre anneaux métalliques fixés dans le sol. Selon lui, ils servaient à attacher des prisonniers. Ils semblent bien en effet avoir été ajoutés après la construction des cuves, dont ils auraient sans doute abîmé l’étanchéité, et ils auraient rouillé avec le vin.
En sortant de la maison, sur la placette, un groupe de voisins se forme. Nous apprenons que Lambard (ou Lombard) et Perrin sont les noms des deux derniers propriétaires successifs du domaine. Lambard avait acheté le terrain à un certain Bouchahma, et Perrin à Lambard.
Tout le monde semble savoir ce qui s’est passé ici durant la guerre d’indépendance. Sur la droite, dans le corps de ferme, les cuves où l’on gardait les prisonniers ; et à la gauche de la maison, l’endroit où étaient installés les gardes mobiles et où l’on pratiquait la torture. On y entendait alors les cris des personnes torturées, nous dit-on. Puis, au moment de l’indépendance (en 1962 ou en 1963), le domaine est devenu, comme beaucoup d’autres fermes coloniales, une ferme autogérée.
M. Lounès, qui s’est joint à nous, dit avoir fait partie du comité d’autogestion. Il raconte comment, en 1962, on a trouvé dans le bâtiment des sacs, du désordre et des traces de sang. Selon lui, le corps de ferme a retrouvé alors son usage agricole et n’y dormaient que les travailleurs qui venaient de loin. Il ne dit pas si les cuves elles-mêmes ont alors servi de nouveau à fabriquer du vin.
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Ceux qui participent à la discussion nous montrent enfin un discret monument qui nous avait échappé. Un obélisque dont une partie a été repeinte en blanc pour effacer un verset coranique comportant une erreur, mais dont le reste du texte indique un « centre de torture des moudjahidines » et donne les deux noms, Lombard et Perrin. Il semble avoir été érigé à l’initiative de la municipalité, au sortir de la décennie noire des années 1990.
Il est temps pour nous de repartir.
Mais nous n’en avons pas fini avec la ferme Perrin. Quelqu’un toque en effet à la fenêtre de la voiture. C’est un autre voisin qu’on avait cru absent et qui nous invite à entrer dans la maison de maître, la maison au toit à double pente, où vivaient vraisemblablement Lambard, puis Perrin. Sa famille y loge depuis 1963, dira-t-il. Dans sa cour, il nous montre d’abord un bâtiment de plain-pied, qui abrita « les bureaux » des gardes mobiles. Puis il ouvre une large porte de bois, « d’époque », précise-t-il.
Une dizaine de marches descendent dans une vaste et profonde cave éclairée par de petites ouvertures pratiquées à environ 4 mètres de hauteur. Au sol, l’homme nous montre plusieurs empreintes circulaires et une autre rectangulaire : l’emplacement encore bien visible de trous de 1,5 mètre de profondeur, selon lui, rebouchés depuis par son père.
Né après l’indépendance, il dit avoir vu au fond de l’un d’eux une longue chaîne, avant que son père ne les rebouche. Ces trous auraient servi à détenir des prisonniers, accroupis ou, dans le trou rectangulaire, plus profond mais très étroit, nécessairement debout. Il ajoute qu’ils étaient remplis d’eau pour augmenter la souffrance des détenus. Le trou rectangulaire, plus étroit, était aussi plus profond : il n’aurait pas permis à une personne de rester accroupie mais l’aurait obligée à demeurer debout. On voudrait pouvoir reconstituer précisément comment s’est forgé ce récit, s’il y avait à son origine des témoins oculaires ou s’il s’agit de suppositions faites par les familles arrivées sur les lieux à l’indépendance à partir de ce qu’elles ont alors vu et observé.
Benali Boukort n’évoque pas ces trous dans le sol dans son témoignage. Selon lui, les détenus de la ferme Perrin subissaient régulièrement des séances de torture à l’électricité et à l’eau, comme cela s’est produit dans plusieurs centres de torture. Mais il existait aussi une spécialité qui consistait à infliger des blessures à l’aide d’un rabot avant de les couvrir de sel.
Ces séances de torture, baptisées ici comme ailleurs « interrogatoires », étaient parfois menées « en présence de gendarmes, d’agents de la DST ou du 2e bureau », écrit Benali Boukort. Est-ce dans cette salle qu’avait lieu la pratique du rabot ? Tous les objets présents nous posent des questions, notamment le crochet planté dans le haut plafond d’où pend une chaîne. On ne peut s’empêcher d’imaginer que des hommes ont pu y être torturés par suspension, comme ce fut le cas ailleurs. Mais comment savoir ?
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Outre Ali Boumendjel, tué plus tard à El Biar, et Benali Boukort, qui a survécu, il y a un homme dont nous savons qu’il a été détenu et tué ici : selon Benali Boukort, Mohand Selhi, également enlevé en 1957, occupa lui aussi une cuve, en compagnie de cinq autres personnes. « Dix-huit jours durant, Selhi subissait jusqu’à trois séances de torture par jour. Un soir, il fut exécuté comme les autres. Âgé de 35 ans, il était ingénieur de la société Shell. » Mohand Selhi fait partie des enlevés de la « bataille d’Alger » sur lesquels nous travaillons dans le cadre du projet Mille autres.
Notre travail sur la disparition forcée nous a appris qu’une chose importe par-dessus tout aux familles de disparus : connaître la vérité sur les circonstances de la mort, savoir surtout où se trouve le corps et pouvoir enfin se recueillir en un lieu précis.
Dès notre départ de la ferme Perrin, nous avons multiplié les conjectures : c’est peut-être à proximité de la maison et du corps de ferme, quelque part sur l’ancienne exploitation, que les corps de ceux qui sont morts ici ont été dissimulés. Dans les centres de détention et de torture situés dans les villes, les militaires devaient transporter les corps au loin pour en disposer plus discrètement. Ici, ils pouvaient le faire en toute discrétion, dans les anciennes vignes et les champs alentour, désormais entièrement construits de petites maisons.
Cette visite impromptue de la ferme Perrin et toute notre mission de recherche à Alger l’ont confirmé : chez les Algérois, la mémoire de la terrible année 1957 est encore vive, sous la forme de témoignages directs ou de récits transmis. Même si l’on sent qu’au fil des années l’événement s’éloigne, ces témoignages et récits, que l’historiographie a trop longtemps négligés, foisonnent encore. Ils nous livrent des informations précieuses que les archives coloniales, par définition, ignorent. Ils doivent être collectés avant qu’ils ne soient oubliés et disparaissent. Dans quelques années, il ne sera plus possible de distinguer, comme on peut encore le faire, les témoignages directs des conjectures des nouveaux habitants des lieux.
Mais, quoi qu’il en soit, il y a fort à parier que ceux qui vivront encore au voisinage immédiat des anciens centres de détention et de torture continueront, comme plusieurs d’entre eux nous l’ont confié, à ressentir des présences. Et même à voir parfois passer un fantôme.
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