Cléopâtre Séléné, la reine des reines
La première épouse du roi Juba II était une princesse égyptienne, la huitième des Cléopâtres, fille de Cléopâtre VII, reine d'Egypte.
Le mariage de Juba II et Cléopâtre Séléné eu lieu vers 20 ou 19 av. J.-C. Séléné est qualifiée de BACCIAICCA KEOIIATPA (reine Cléopâtre), marqué exclusivement en grec, sur la plupart des monnaies portant son effigie, ce qui ne se faisait nullement pour les reines qui n'exerçaient pas de pouvoir politique. C'est donc une véritable souveraine qui allait diriger le royaume auprès de son mari.
Son portrait sculpté sur du beau marbre blanc découvert dans sa capitale nous la révèle l'air digne mais sévère, coiffée à l'égyptienne. Une femme mythique que cette Cléopâtre de Maurétanie, de la même essence que sa mère la reine d'Egypte et de Sophonisbe, la célèbre épouse des rois Syphax et Massinissa.
Séléné influença considérablement le roi en éveillant une vive passion pour leurs traditions ancestrales. Elle jouera un rôle prépondérant dans la construction du royaume et de la capitale en participant aux grandes orientations politiques de la vie religieuse, économique et sociale. La reine fut associée officiellement au trône d'après le témoignage des monnaies de Caessarea. D'ailleurs, la seule connaissance de la physionomie de la reine nous est offerte par l'effigie monétaire. Que cela soit sur les émissions monétaires ou dans l'art, les symboles de l'Egypte sont toujours présents en Maurétanie. Séléné mourut trop jeune pour Juba II, à l'âge de trente-cinq ans. Sa mort nous est rappelée par des vers rédigés en son honneur dans lesquels un poète vante la beauté et la grâce de Séléné et dont la mort coïncida avec une éclipse lunaire au début de la soirée du 22 mars de l'année 5 avant l'ère chrétienne.
« La lune elle-même en se levant un soir s'est obscurcie,
Elle a voilé des ténèbres de la nuit sa douleur et son deuil,
Lorsqu 'elle vit la gracieuse Séléné, du même nom qu 'elle,
Descendre sans vie dans la sombre demeure de Pluton.
De même qu 'elle lui avait communiqué l'éclat de sa belle lumière,
Elle voulut aussi unir ses ténèbres à son trépas. »
Crinagoras de Mytilène (70 av. J.-C. à 18 ap. J.-C.)
Source : Mahfoud Ferroukhi, Nos ancêtres les Rois Numides ou les Aguellids des Imazighen, édition Dalimen,Alger, 2009.
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