Les relations de la France avec Abdelmadjid Tebboune, président de la République algérienne, viennent à nouveau de s’assombrir… Depuis son élection en décembre 2019, le président algérien ne cesse de souffler le chaud et le froid sur la relation Paris-Alger. Le chaud, en mars dernier, quand il se réconcilie avec le président Emmanuel Macron en promettant de relancer la relation bilatérale entre les deux pays. Le froid avec la décision qu’il vient de prendre de réintroduire dans l’hymne algérien le 3e couplet qui, depuis un décret de 1986, n’était plus chanté que lors des congrès du FLN ou l’investiture du président algérien.
Un couplet qui vise directement la France: "Ô France ! Le temps des palabres est révolu, nous l'avons clos comme on ferme un livre. Ô France ! Voici venu le jour où il te faut rendre des comptes. Prépare-toi ! Voici notre réponse. Le verdict, notre révolution le rendra, car nous avons décidé que l'Algérie vivra".
Du coup, l’hymne algérien, composé en 1955 par le poète et fervent militant indépendantiste Moufdi Zakaria, et adopté en 1963, quelques mois après l’indépendance, devient ainsi le seul au monde à citer un autre pays, a fortiori pour l’attaquer.
UN VOYAGE EN FRANCE REPORTÉ SINE DIE
Pourquoi un tel geste d’hostilité? D’abord, ce passé qui ne passe pas, les blessures non refermées de la guerre d’Algérie. Ensuite, la personnalité ambivalente de Tebboune, né en 1945 à Mechria, en Algérie, alors considérée comme un département français, et membre du FLN depuis plus de 50 ans. Et surtout le contexte diplomatique tendu entre Paris et Alger. Il y a eu la crise des visas pour "punir" Alger de ne pas reprendre ses ressortissants faisant l’objet d’une OQTF. Puis une vraie brouille quand Paris a aidé à exfiltrer de Tunis vers la France une opposante franco-algérienne, sous le coup d’une condamnation en Algérie.
Du coup, le voyage de Tebboune en France prévu le 2 mai dernier a été reporté en juin. Or, non seulement la date n’est toujours pas fixée mais, en guise de pied de nez, Tebboune vient d’achever ce jeudi un voyage d’Etat de trois jours à Moscou. Ajoutez la récente interview d’Edouard Philippe dans L’Express qui veut dénoncer le traité franco-algérien de 1968 qui définit les conditions d’accueil et de séjour des Algériens en France… Le temps est à l’orage.
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