L'Algérie reçue en grande pompe à Moscou. Le président russe Vladimir Poutine a exprimé jeudi son souhait de renforcer le "partenariat stratégique" entre Moscou et Alger, en recevant au Kremlin son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune.
"Les relations avec l'Algérie revêtent une importance particulière pour notre pays et sont d'une nature stratégique", a déclaré Vladimir Poutine au début de leur entretien qui était retransmis à la télévision.
"A l'issue de nos négociations, nous signerons une déclaration sur l'approfondissement de notre partenariat stratégique, qui marquera le début d'une nouvelle étape dans nos relations", a-t-il ajouté.
RELATIONS PRIVILÉGIÉES DEPUIS LA GUERRE D'ALGÉRIE
Peu avant, le chef de l'Etat russe avait accueilli Abdelmadjid Tebboune en grande pompe sous les ors de la salle de réception Saint-Georges, au Grand palais du Kremlin.
Alger et Moscou entretiennent des relations privilégiées depuis que l'Union soviétique a appuyé les indépendantistes algériens lors de la guerre contre l'ancienne puissance coloniale française (1954-1962).
Aujourd'hui, les échanges commerciaux entre l'Algérie et la Russie avoisinent les trois milliards de dollars et la coopération militaire est active, Moscou étant un important fournisseur d'armement du plus grand pays d'Afrique par sa superficie.
UN PAS DE PLUS POUR LA RUSSIE EN AFRIQUE, AU DÉTRIMENT DE LA FRANCE
Ces deux puissances gazières coopèrent également sur le plan énergétique, Vladimir Poutine affirmant jeudi que la coordination entre les deux pays "contribue à la stabilisation" des prix mondiaux. Depuis le début du conflit en Ukraine, la Russie, désormais isolée en Occident, s'efforce de renforcer ses relations en Asie, en Amérique latine et en Afrique.
La Russie cherche à s'imposer comme le partenaire privilégié de plusieurs Etats en Afrique, parfois au détriment de la France, pays qu'elle renvoie régulièrement à son statut d'ex-puissance coloniale.
Abdelmadjid Tebboune devait également effectuer une visite d'Etat en France en juin mais selon des informations de presse, ce déplacement, initialement prévu en mai, risque d'être de nouveau reporté.
ALGÉRIE: AMIRA BOURAOUI, FIGURE DE L’OPPOSITION, EST ARRIVÉE EN FRANCE APRÈS AVOIR FUI LE PAYS
Amira Bouraoui vient d'être accueillie en France à l’issue d’un parcours qui ressemble à une évasion. C’est l’une des figures de l’opposition au régime algérien. Cette femme de 46 ans, une grande gueule qui n’a pas peur de grand-chose, dit connaître tous les commissariats d’Alger tellement elle a souvent été arrêtée.
Elle était au départ médecin gynécologue, mais elle a été interdite d’exercer à cause de ses activités politiques. Elle s’est alors reconvertie dans le journalisme et tenait une chronique sur Radio M, une web radio très critique envers le pouvoir. Elle a ouvertement critiqué, il y a quelques années, le vieux président Bouteflika, qui voulait se représenter une cinquième fois alors qu’il était mourant.
En 2020, Amira Bouraoui a été brièvement emprisonnée et condamnée pour offense à l’islam et atteinte à la personne du président de la République. Surveillée 24 heures sur 24, elle a senti la semaine dernière que cela sentait le roussi pour elle. Et elle a décidé de quitter le pays au plus vite en passant vendredi par la frontière avec la Tunisie.
GROS BRAS DE FER DIPLOMATIQUE
C’est là que les choses ont mal tourné, parce qu’elle n’avait pas le droit de quitter le territoire. Elle a donc utilisé à la frontière son passeport français, puisqu’elle a la double nationalité.
Mais les Tunisiens l’ont arrêtée, pour entrée illégale sur le territoire. Elle a été présentée à un juge qui l’a libérée et qui lui a rendu son passeport. Pourtant, la police tunisienne est passée outre et l'a enlevée à la sortie du bureau du juge et l’a conduite à l’aéroport pour l’extrader vers l’Algérie, où elle risquait gros.
Nicolas Poincaré
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