Avec un parcours exceptionnel de plus de 60 ans et une voix sublime et puissante qui a raisonné sur la scène algérienne et arabe, Warda El Djazairia a toujours représenté l’Algérie à travers des chansons célébrant le combat libérateur et l’indépendance.Avec un répertoire riche de plus de 300 titres, Warda El Djazairia commence à chanter dès son jeune âge, dans les années 1950, en enregistrant sa première chanson «Toutes des Djamila», un hymne au combat des femmes pour l’indépendance, à travers une de ses figures, la moudjahida Djamila Bouhired. De son vrai nom Warda Ftouki, Warda El Djazairia nait le 22 juillet 1939 en France d’une mère libanaise et d’un père algérien, Mohamed Ftouki, originaire de Souk Ahras. La jeune Warda a fait ses débuts dans la chanson à Paris, sur la scène de l’établissement «Tam-Tam», propriété de son père, où elle a vu défiler de grands noms de la chanson orientale de l’époque comme Mohamed Abdelwahab, Sabah ou encore Farid El Atrache. La jeune Warda y donne alors sa voix au service du combat libérateur. La découverte d’armes destinées au FLN (Front de libération nationale) a entrainé la fermeture de cet établissement, devenu un repère et un lieu de rencontre de la diaspora maghrébine et des militants de la cause algérienne. La famille de Warda fuit alors la France et s’installe au Liban, où elle continue de chanter son pays, l’Algérie, en pleine guerre de libération, avant d’entamer une longue carrière artistique en Egypte puis en Orient. Warda continue de chanter l’amour, la joie et l’Algérie. Elle participe à l’opérette «El watan el akbara», composée par Mohamed Abdelwahab et associant des stars de la chanson arabes. Au début des années 1960, Warda met sa voix au service de la cause nationale en chant « Nidaa edamir» (L’appel de la conscience), écrite par le poète algérien Salah Kherfi, chantée à l’occasion de la célébration du 6e anniversaire du déclenchement de la Révolution de Novembre.
En 1972, elle participe, sur invitation du défunt président Houari Boumediene, aux célébrations du 10e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie en interprétant «Min ba’id», chanson en hommage aux martyrs de la Révolution mais célébrant aussi ses retrouvailles avec sa patrie et ses compatriotes, après une longue absence. Avant sa disparition, Warda préparait un clip spécial pour célébrer le Cinquantenaire du recouvrement de l’Indépendance. Réalisé grâce au génie de Mounes Khemmar, «Ayam» qui verra le jour après le décès de la diva. En plus de la chanson, Warda El Djazairia a marqué aussi de son empreinte le cinéma et la télévision en Egypte notamment dans «Amirate El Arab» (1963), «Sawt el hob» (1973), « El Oued el kabir», (1975) et «Awrak el ward» (1979) aux côtés de grands comédiens égyptiens.
Warda El Djazairia s’éteint le 17 mai 2012, au Caire à l’âge de 72 ans. Son corps repose au cimetière El-Alia à Alger.
Warda Ftouki, plus connue sous le nom de Warda ou Ouarda (وردة), et surnommée Warda al-Jazairia (وردة الجزائرية, « La rose algérienne »), est une chanteuse algérienne, née le 22 juillet 1939 à Paris et morte le 17 mai 2012 au Caire (Égypte). Warda fait ses débuts à Paris. Après le déclenchement de la guerre d'Algérie, sa carrière se poursuit au Liban, puis en Égypte. Elle épouse un officier algérien après l'indépendance et interrompt sa carrière jusqu'en 1972. Après son divorce elle s'installe en Égypte et épouse le compositeur Baligh Hamdi. Warda travaille alors avec les plus grands compositeurs arabes. Connue pour ses chansons sentimentales, elle interprète également des chants patriotiques. Son répertoire compte plus de 300 chansons. Après avoir vendu des dizaines de millions d'albums, elle est considérée comme une « diva » de la chanson arabe
Rebelle touareg du nord Mali devenu le chef dy GSIM, le principal mouvement djihadiste au Mali, Iyad Ag Ghali, qui est devenuune figure centrale de l’avenir du Mali, est passé par l’armée de Kadhafi et proche des services de renseignements algériens (DRS), celui que l’on surnomme « le lion du désert » a construit une organisation populaire en privilégiant le contact avec les populations locales sur toute stratégie terroriste à l’étranger.
À la façon des Talibans en Afghanistan et sur un mode opposé à la brutalité des organisations sahéliennes fidèles à Daech, comme le raconte l’excellent livre de Seidik Abba (« Mali-Sahel, notre Afghanistan à nous »), qui nous a permis de publier des extraits de cette enquête particulièrement fouillée.
Les réseaux tentaculaires le placent pourtant hors de toute atteinte et le rendent incontournable dans la crise malienne. Replié dans le sud algérien depuis l’offensive des militaires français, cet expert des jeux à mille bandes est devenu le chef du GSIM, le principal groupe djihadiste malien, rallié Al-Qaïda au Maghreb islamique. Bien qu’Emmanuel Macron ait désigné ce notable de l’islamisme comme « l’ennemi publuc numéro un » de la France, tout dans son parcours et sa personnalité le désigne comme un chef politique pragmatique qui cherche, y compris en s’appuyant sur des forces salafistes, à s’imposer sur le théâtre politique malien.
L’Odyssée d’Iyad Ag Ghali
Né vers 1955 dans une famille noble d’éleveurs de la tribu des Ifoghas au nord-est du Mali, Iyad Ag Ghali a un parcours digne de l’Odyssée. Agé d’à peine vingt ans dans les années 1980, il prend la route de la Libye comme de nombreux touaregs qui fuient le chômage et les terribles sécheresses qui dévastent la région. Là-bas, le futur chef rebelle enchaîne les jobs à la sauvette, jardinier, gardien de voitures, avant d’intégrer, comme des milliers d’autres touaregs, la légion islamique de Kadhafi. « A l’époque, s’enrôler dans l’armée libyenne représentait une possibilité de se former au combat dans l’optique d’une future rébellion » explique Pierre Boilley, directeur du Centre d’étude des mondes africains qui a connu Iyad Ag Ghali. Au Liban, où on l’envoie combattre les milices chrétiennes, puis sur le terrain tchadien, Iyad s’initie donc à l’art de la guerre.
C’est en combattant aguerri qu’il revient au pays lorsque Kadhafi démantèle la légion en 1987. Il troque alors son uniforme militaire pour celui de la rébellion touareg dont il va devenir une icône. A la tête du Mouvement populaire pour la libération de l’Azawad (MPLA), il lance sa première action d’envergure le 28 juin 1990 : un assaut contre la gendarmerie de la ville de Ménaka. Plusieurs policiers maliens meurent pendant l’attaque. Un fait d’arme qui lui vaut d’être reconnu comme un combattant redoutable. Au point de s’attirer l’oeil de l’Algérie, puissance régionale incontournable qui considère le nord Mali comme sa zone d’influence et craint de voir s’exporter les velléités autonomistes sur son territoire. Après avoir longtemps réprimé les touaregs aux côtés de l’armée malienne, Alger s’engage en effet, dans une stratégie d’infiltration de ces mouvements. Stratégie dont Iyad sera la pierre angulaire.
Iyad Ag Ghali, l’allié d’Alger
Lorsque la diplomatie algérienne impose sa médiation dans le conflit malien et organise des négociations à Tamanrasset en 1991, les hommes du DRS choisissent de miser sur le jeune et ambitieux leader. Interlocuteur du gouvernement malien lors de ces pourparlers, Iyad accepte de signer l’accord de paix de Tamanrasset alors qu’aucun des objectifs de la rébellion n’est atteint. Un acte qui lui vaudra d’être considéré par beaucoup de maliens comme l’homme qui a ramené la paix au nord Mali, et par beaucoup de rebelles comme un traître passé sous la coupe de l’Etat. Le camp touareg se divise. Iyad, qui a fait d’une pierre deux coups a acquis le soutien d’Alger et la confiance des autorités maliennes.,
Progressivement, il plonge dans le fondamentalisme religieux. Déjà acquis au discours antioccidental cultivé dans les camps d’entrainement libyens, il se radicalise. Difficile d’expliquer ce virage. Si certains doutent de la sincérité de sa foi, beaucoup évoquent un épisode décisif. Entre 1997 et 1998, des missionnaires salafistes pakistanais affiliés au courant Jamaat al-Tabligh qui prône un islam rigoriste débarquent à Kidal. Pendant de longues heures, Iyad discute avec eux et devient leur disciple. A leur contact, il change. « Il ne s’habillait plus qu’en blanc, ne buvait plus d’alcool » explique le chercheur Pierre Boiley. « Il dormait même dans les mosquées » affirme un homme politique malien. Son épouse, Anna Walet Bicha, valeureuse combattante aux côtés de la rébellion des années 1990, se voile de noir. Selon un ancien officier des services de renseignement à Bamako, Iyad effectue même une courte retraite au Peshawar. Tout en adhérant aux thèses fondamentalistes dont il se réclame officiellement à partir de 2003, le fin stratège peaufine son image d’islamiste « light » en prenant soin d’affirmer son rejet des attaques suicides et du terrorisme.« C’est un véritable entrepreneur politique. Il peut changer d’alliance du jour au lendemain selon les rapports de force » explique un diplomate français (1).
Admiré et redouté à la fois, Iyad fascine et se rend indispensable. Même le président ATT sait, à l’époque, à quel point il peut lui être utile. « ATT avait une ligne directe avec Iyad qui était un relai extrêmement précieux pour lui au nord Mali » affirme le même diplomate. Pourtant, son influence croissante est source d’inquiétudes et Iyad se voit nommé consul à Djeddah en novembre 2007. « Grave erreur » confie un ancien officier du renseignement malien. « Nous avions sous-estimé son degré de radicalisation à l’époque ». Les contacts qu’il noue sur place avec des groupes salafistes lui valent de se faire expulser du territoire en 2010.
De retour au Mali avec son nouveau carnet d’adresse, il gravite autour de personnalités liées à Aqmi et fait son retour sur le marché des otages qui lui rapporte gros. Son nom apparaît notamment à plusieurs reprises en 2013 lors de la libération des otages d’Areva capturés à Arlit au Niger.
L’agrégation de groupes disparates
Comme en Afghanistan où la victoire des talibans a été acquise par l’alliance entre la connaissance du terrain et le maillage territorial, le GSIM agrège un ensemble de groupes disparates : Ansare Dine, créée en 2012 par Iyad Ag Ghali, pour rallier une partie de la communauté touarègue la Katiba Macina d’Amadou Koufa, dont le fief se situe au centre du pays, la Katiba Serma, près de la forêt éponyme, dans le Centre, et la Katiba Gourma, dans la zone des trois frontières communes au Burkina Faso, au Mali et au Niger.
Par le nombre des structures qu’il fédère mais surtout par son implantation ethnique ouverte aux populations arabe, touareg, peul ou bambara, le GSIM revendique une identité nationale malienne comparable à la dynamique créée par les talibans dans ses alliances avec les structures tribales afghanes.
Tout comme « les frères » de Kaboul, le GSIM a adopté la même architecture organisationnelle que les talibans : Un conseil de chefs, Majilis-Al-Ayan au sommet assisté par une assemblée générale populaire Majilis-Al-Choura. Comme chez les talibans, et à la différence de l’EIGS, n’il n’y a pas dans le GSIM un « gourou », mais une sorte de « responsable » délégué. Iyad Ag Ghali n’est que « le Mollah » du GSIM, une sorte de « Mollah Omar », de son vrai nom Mohammad Omar, chef des talibans de 1994 jusqu’à son décès en 2013.
Autre élément qui fait écho au Sahel à la victoire des talibans, c’est l’adoption de la même stratégie d’agenda. Le GSIM n’a jamais eu l’ambition d’aller frapper Paris, New York, Londres ou Bruxelles. Son agenda est malien, nigérien, burkinabé et sahélien. Autant les talibans cherchaient seulement à chasser les « forces d’invasion » du territoire national, autant les groupes fédérés au sein du GSIM cherchent à bouter hors du Sahel Barkhane, la MINUSMA, les armées européennes ainsi que toutes les autres forces étrangères.
L’armée française ciblée
Comme les talibans qui s’en prenaient, non pas aux populations, mais aux forces étrangères et à l’armée régulière afghane, les combattants du GSIM ciblent les forces étrangères et les armées sahéliennes. En 2018, ils ont ciblé simultanément, à Ouagadougou, au Burkina Faso, la France (l’ambassade de France) et le Burkina Faso (l’état-major des armées burkinabé).
Ils frappent en mars 2017 une patrouille des forces armées maliennes à Boulkessi, dans le nord, faisant 11 morts et des blessés graves. Les djihadistes du GSIM ont tué lors d’une attaque perpétrée en mai de la même année à Nampala, dans le centre du Mali, neuf autre soldats maliens. A Sevaré, dans le Centre, le GSIM avait attaqué en juin 2018 le quartier général de la Force conjointe du G5 Sahel à Sevaré, tuant six personnes et imposant son transfert à Bamako.
La proximité avec le terrain
Comme en Afghanistan où l’intervention internationale n’a pas empêché le discrédit de l’Etat caractérisé par la corruption, les « talibans » sahéliens exploitent à fond le terreau local favorable à leurs activités.
Ils apportent des solutions aux problèmes matériels de certaines populations en assurant des prestations de services de base en matière d’accès à l’eau, de pâturages, de transhumances des animaux. Ils disposent pour cela d’un trésor de guerre acquis à travers le paiement des rançons par les Etats occidentaux en échange de la libération de leurs ressortissants. Rien que pour la libération en octobre 2020 de la Française Sophie Pétronin et du chef d file de l’opposition Soumaïla Cissé le GSIM, qui les détenait, le GSIM aurait perçu entre 10 et 18 millions d’euros.
Il est même arrivé que des mouvements djihadistes assurent la sécurité d’événements communautaires, notamment au Mali dans des zones où l’Etat est totalement absent. Des exactions régulièrement attribuées aux forces de défense et de sécurité ont brisé la confiance entre les Etats sahéliens et leurs populations. Une grande brèche dans laquelle se sont aisément engouffrés les mouvements fédérés dans le GSIM.
« Nous sommes aujourd’hui arrivés dans le delta central à un stade où les populations ont autant peur de l’armée malienne, de la gendarmerie malienne, de la police malienne que des hommes d’Amadou Koufa », nous avait confié en 2017, Alioune Nouhoum Diallo, ancien président de l’Assemblée nationale du Mali (1992-2002) et ancien président de parlement de la communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO, 2002-2006).
Des passerelles vers l’État malien
Après les assises de la paix dans le delta central malien, organisées du 2 au 3 mai 2017, à Mopti, dans le centre du Mali, Amadou Koufa s’était déclaré ouvert à des négociations avec l’Etat malien, à la condition que son interlocuteur soit le professeur Alioune Nouhoum Diallo, grande figure de la communauté peule.
De Kidal, sur la frontière algérienne à Ménaka et Gao, sur la frontière avec le Niger, en passant par Ségou et Mopti dans le Centre, les groupes djihadistes affiliés au GSIM ont investi depuis plus de dix ans les zones rurales, comme les talibans en Afghanistan.
Avec la même démarche, la même architecture de gouvernance, le même agenda d’expulsion des armées étrangères, le même terreau favorable, ils rêvent de faire autant que les talibans.
« Ils sont galvanisés par la victoire des talibans. Ils se disent que les frères ont vaincu là-bas la plus puissante armée du monde, pourquoi pas nous au Sahel », a décrypté pour nous, en octobre 2021 à Paris, Tiébilé Dramé négociateur de l’accord de paix inter-malien signé en 2013 à Ouagadougou, au Burkina Faso, et ancien chef de la diplomatie malienne.
Le même argumentaire est repris par Moussa Ag Assarid, figure emblématique du MNLA : « La victoire des talibans en Afghanistan a eu une vraie résonance chez les groupes djihadistes sahéliens sur le mode : nous aussi, nous y arriverons tôt ou tard ».
La fin de Barkhane annoncée en juin 2021 par le président Macron et les départs, même très ordonnés et scénarisés, des soldats français de leurs bases de Tessalit, Kidal et Tombouctou, dans le nord du Mali, ont été accueillis par Iyad Ag Ghali et ses camarades comme une demi-victoire qui présage de la victoire totale comme en Afghanistan.
(1) Cette citation figure dans un article du site Mondafrique, « l’intouchable Iyad Ag Ghali »
Aujourd’hui, dans Affaires Sensibles, nous braquons notre regard sur un homme, Fernand Iveton, qui a le triste privilège d’avoir été le seul Français guillotiné pendant la guerre d’Algérie.
Pied noir, ouvrier, syndicaliste, communiste, partisan d’une Algérie indépendante, Fernand Iveton a été condamné à mort et exécuté pour un crime qui n’a pas eu lieu : l’attentat a été déjoué ; la bombe qu’il a déposée dans son lieu de travail n’a pas explosé. Et elle ne devait en aucun cas faire la moindre victime puisqu’elle était réglée pour se déclencher dans la soirée, quand l’usine est déserte. Il s’agissait de « marquer le coup », de faire entendre la révolte, en faisant sauter un cabanon désaffecté.
Fernand Iveton n’est pas un héros – juste un homme de convictions, un mort parmi les centaines de milliers de cette guerre qui ne voulait pas dire son nom. Guillotiné pour l’exemple, au début de 1957. Condamné parce que communiste — donc ennemi : la guerre froide est là, les chars soviétiques viennent d’entrer à Budapest ; condamné parce que Français, donc traître ; condamné par une justice expéditive rendue par des militaires. Et exécuté parce que René Coty, alors président de la République, lui refuse sa grâce, suivant en cela l’avis du garde de Sceaux, un certain François Mitterrand.
Un récit documentaire d'Odile Conseil avec le témoignage lu d'Albert Smadja, l'avocat de Fernand Iveton.
De nos frères blessés, de Joseph Andras, chez Actes Sud (2016) Prix Goncourt 2016 du premier roman refusé par le lauréat.
Alger, 1956. Fernand Iveton a trente ans quand il pose une bombe dans son usine. Ouvrier indépendantiste, il a choisi un local à l’écart des ateliers pour cet acte symbolique : il s’agit de marquer les esprits, pas les corps. Il est arrêté avant que l’engin n’explose, n’a tué ni blessé personne, n’est coupable que d’une intention de sabotage, le voilà pourtant condamné à la peine capitale. Si le roman relate l’interrogatoire, la détention, le procès d’Iveton, il évoque également l’enfance de Fernand dans son pays, l’Algérie, et s’attarde sur sa rencontre avec celle qu’il épousa. Car avant d’être le héros ou le terroriste que l’opinion publique verra en lui, Fernand fut simplement un homme, un idéaliste qui aima sa terre, sa femme, ses amis, la vie – et la liberté, qu’il espéra pour tous les frères humains. Quand la Justice s’est montrée indigne, la littérature peut demander réparation. Lyrique et habité, Joseph Andras questionne les angles morts du récit national et signe un fulgurant exercice d’admiration.
Le dictionnaire de la guerre d'Algérie, sous la direction de Tramor Quemeneur, Ouanassa Siari Tengour, Sylvie Thénault, paru dans la collection Bouquins (Robert Laffont) en mars 2023
Stéphane Romatet est le nouvel ambassadeur de France en Algérie. Il prendra fonction bientôt et remplacera François Gouyette, en poste depuis 2020. Certaines sources médiatiques évoquent le mois de juillet prochain, date de départ de M. Gouyette et d’arrivée de M. Romatet.
La nouvelle de sa nomination a été confirmée ce mercredi 17 mai par la Grande Mosquée de Paris. En effet, M. Romatet a été reçu par Chems-Eddine Hafiz, le recteur de cette mosquée.
« Comme il est de tradition, le recteur Chems-Eddine Hafiz a reçu Stéphane Romatet, qui débutera bientôt sa mission d’ambassadeur de France en Algérie », écrit la Grande Mosquée de Paris sur Twitter.
L’information sur la nomination de M. Romatet en tant que nouvel ambassadeur de France en Algérie a été déjà rapportée par des médias algériens et français en mars dernier, qui l’ont décrit comme un « diplomate chevronné ».
Agé de 63 ans, Stéphane Romatet a été notamment ambassadeur en Australie puis en Egypte. Il a également été le conseiller diplomatique de Manuel Valls lorsque celui-ci était Premier ministre.
Le dernier poste occupé par Romatet est celui de directeur du centre de crise et de soutien au Quai d’Orsay. Il a dirigé les opérations d’aide aux victimes de la Guerre en Ukraine et du séisme en Turquie et en Syrie.
La manière de s’habiller traduit un état d’esprit, un attachement aux traditions ancestrales ou une volonté de s’émanciper pour être de son temps.
Que de fois avons-nous eu envie de nous retourner pour suivre des yeux quelqu’un qui s’est habillé drôlement, une manière excentrique de s’exhiber volontairement ou involontairement ! On dit que les individus que nous côtoyons au quotidien sont imprévisibles. Ils le sont surtout par les vêtements qu’ils peuvent porter, parfois pour attirer sur eux le regard des autres. Nous parlons surtout de ceux qui s’habillent par snobisme, pour étonner les autres ou pour se démarquer de tout le monde. A titre d’exemple, un intellectuel s’habille une fois à l’européenne : costume trois pièces, cravate, soulier brillants. Le lendemain, la même personne passe avec une gandoura échancrée, un pantalon bouffant, une chéchia tarbouche, des souliers avec des demi-cercles à l’emplacement des lacets, à la mode de chez nous
En quoi la tenue vestimentaire peut-elle être un langage ?
C’en est un effectivement, et dans toutes ses variantes. A l’indépendance de l’Algérie, on a voulu faire de la femme un être émancipé, une citoyenne à part entière. Ayant pris une part active à la guerre de libération, on lui a arraché le voile traditionnel (elhaf), blanc, ou noir dans le Constantinois, les filles ont eu droit à la scolarisation et s’il n’y avait pas eu déviation par la faute des irresponsables, on serait devenu une société instruite et capable de rivaliser d’ardeur avec les autres sociétés développées. Les traditions dans toutes les régions d’Algérie ont toujours voulu que la femme s’habille de la tête aux talons. Cela signifie que sur la voie publique, elle est bien couverte et que seul le visage est parfois à moitié découvert par le voile algérois ou constantinois. Le visage entièrement visible, c’était à l’Ouest sous le prétexte qu’on ne portait pas la voilette. Connaissez-vous la robe oranaise, bel-abbésienne, tlemcénienne, aurésienne, sétifienne ? Nous voulons parler de la tradition vestimentaire parce qu’on s’est pris de passion pour la vie dans ces régions, une manière d’aller à la redécouverte de ses racines, car toute personne qui ne se retourne pas sur ses racines est considérée comme perdue. Avant que la femme n’ait adopté le blue jean, la veste, le hidjab ou le djelbab, elle portait une tenue de chez nous, c’est-à-dire locale avec ses formes et ses couleurs porteuses de messages. On dit même que la robe kabyle a des couleurs inspirées de la nature vivante. On peut parler de symbolique des couleurs lorsque la femme porte tout son accoutrement des grands jours ; une robe dont la couleur est mise en valeur par les dentelles polychromes, un foulard noir brodé à la main et une fouta apportant des notes particulières mais à condition qu’elle soit bien ajustée à la taille. Mais, attention ! On n’y touche pas, l’interdiction est toujours en vigueur
Un voyage dans le temps pourles hommes
La tenue vestimentaire pour les hommes a une longue histoire. Pour commencer, nous rappellerons une vieille photo datant approximativement de 1880, donnant à voir des apprentis algériens dans un centre professionnel dont la seule spécialité était la forge. L’école d’apprentissage a dû faire l’objet d’une propagande de l’administration coloniale s’évertuant à apporter la preuve de l’œuvre civilisatrice mensongère. Les élèves recrutés pour cette formation devaient avoir entre 15 et 18 ans et portaient des habits de miséreux : turban, chéchia, pantalon rapiécé, burnous usé par le temps. Des habits de travail exprimant la peine que devaient se donner ces jeunes et leurs parents pour survivre. Un demi-siècle de colonisation s’était déjà écoulé et la misère s’était accentuée.
La chéchia qui a existé sous différentes formes avec le turban, comme élément important de la tenue vestimentaire traditionnelle masculine, était une spécialité tunisienne. L’administration coloniale s’est appuyée sur cette tenue ancestrale pour se légitimer en faisant porter aux caïds, bachaghas : gandouras, burnous, turbans faits avec des tissus luxueux et brodés de fils brillants de soie ou d’or conçus beaucoup plus pour impressionner que pour perpétuer une tenue folklorique. C’est un habillage rappelant le karakou des nouvelles mariées, dont le but pour les chefs français était de présenter les notables servant de supplétifs comme de vrais administrateurs issus des masses populaires opprimées. Nous les avons vus dans les films «La Grande Maison» «L’incendie», «Chronique des années de braise». Les colonisateurs voulaient donner par les couleurs des burnous – rouge et bleu, ou rose et jaune – de fortes connotations d’un langage ésotérique des symboles. Les linguistes spécialisés en langage sémiologique se sont largement servis de ces images de dominés par rapport aux dominants rappelant l’esclavage ou la conquête, comme celle d’un Noir portant l’uniforme militaire saluant le drapeau américain. Les Français ont porté la ségrégation dans l’enceinte même de l’Ecole normale de Bouzareah où, depuis ses débuts jusqu’à la veille de la 2e Guerre mondiale, période à laquelle on s’était aperçu de l’injustice flagrante, il y eut deux écoles d’instituteurs : celle réservée aux instituteurs français, et celle des instituteurs affublés du titre réducteur d’indigènes et appelée cours normal.
La séparation à l’intérieur était nette : la formation n’était pas la même, les instituteurs indigènes se démarquaient des autres. Ils portaient le seroual bouffant ou en accordéon, une gandoura algérienne à large échancrure, un burnous, une chéchia ou un chèche. La population acceptait d’envoyer ses enfants à l’école française des indigènes, sous le prétexte qu’ils étaient pris en charge par des maîtres issus de notre société. Et pour dissiper le climat de méfiance, les responsables français des écoles normales avaient même mis en pratique l’idée géniale d’assurer une formation arabisée à ces maîtres, y compris les Français, pour qu’un enseignement de l’arabe fût assuré dans les écoles indigènes. Il fut un temps aussi où le maître d’école portait un tarbouche, coiffure très prisée, indicatrice de classe. Et, aujourd’hui, avec la tenue algérienne en voie de disparition, la friperie et d’autres éléments vestimentaires provenant de tous les horizons au point de transformer le paysage humain en un ensemble bigarré, quelle interprétation peut-on donner des nouvelles couleurs et des formes d’habits qui nous envahissent?
Daphna Poznanski-Benhamou est une enfant d’Algérie, une fille d’Oran où elle est née et a passé ses premières années avant d’être plongée trop tôt dans ce tourbillon fait d’attentats et de déchirements que l’Histoire a retenu pudiquement sous le terme « d’événements », mais qui était bien une guerre sanglante.
La Conseillère des Français de l’Etranger prend la plume
Avec « Les enfants de la guerre d’Algérie – Le grand départ» (Ramsay) cette femme politique engagée auprès des Français de l’étranger retrouve sa plume d’écrivain après un premier roman publié en 2008. Elle livre ici un récit-essai nourri d’un grand talent littéraire et nous offre des pages totalement bouleversantes qui convoquent sa propre enfance et celle des autres gamins d’Algérie, rattrapés par les fracas d’une guerre sans nom longue de presque 8 ans (1958-62). Ces enfants déracinés qui atterrirent ensuite dans une « métropole » qu’ils ne connaissaient pas sont devenus eux-aussi des «pieds noirs » aux yeux de leurs compatriotes ou, pire, des « colons », faisant d’eux les co-responsables d’un drame pourtant décidé par les adultes.
Un livre fait d’empathie
Ce « passé qui ne passe pas » est passé au filtre de la sensibilité d’une femme qui possède la passion de dire et de témoigner pour les autres, elle qui a exercé les fonctions de député des Français de l’étranger et désormais de Conseillère à l’Assemblée des Français de l’étranger. Ses mots sonnent juste, sans rancoeur historique mais avec une profonde empathie humaine qui rend leur égale dignité aux Français expulsés de leur terre et aux femmes et hommes d’Algérie qui conquirent leur liberté en fondant au passage une indépendance chèrement acquise.
Un récit au service de la paix
« Le 17 juin 1962, un porte-parole du F.L.N. déclara à la radio en arabe et en français : « Li fet met, le Passé est mort ». Non, le Passé n’est pas mort puisqu’il vit en nous. Nos témoignages ont été écrits avec l’encre du chagrin (…) Puisse cet essai apporter sa pierre à l’édifice d’une paix pour tous les peuples du monde ».
Ouvrir ce livre c’est replonger dans un passé si souvent convoqué aux tribunaux de l’Histoire qu’il en devient saturé de jugements contradictoires et parfois manichéens. Quelle étrange impression de lecteur de retrouver un point de vue profond et équitable avec des mots qui agiront comme autant de pansements littéraires pour aider à la guérison de mémoires encore aujourd’hui à vif.
Un parti pris fort : déconstruire les mot de la guerre à travers la sensibilité de l’enfance
L’écrivain a choisi un parti pris singulier : restituer les sentiments de l’enfance face aux choix des adultes en se réappropriant les mots d’une guerre civile qui ravageait les rues des villes, les places des villages, un conflit qui partagea l’opinion publique et provoqua des divisions souvent définitives chez des personnes habituées jusque-là à vivre les unes aux côtés des autres. L’écrivain déroule donc l’abécédaire de la guerre, réécrit son dictionnaire intime fait de souvenirs et de sensations oranaises, déconstruit le vocabulaire politique pour bâtir son propre récit intime avec les mots reconstruits par une enfant devenue adulte. Au final s’impose une fresque du quotidien qui dit, mieux que la parole des historiens, ce qu’ont vécu ces mineurs souvent réduits au rôle d’observateurs des tumultes qui ont bouleversé puis ravagé leur enfance.
« Je constatais que les événements dont les adultes nous rebattaient les oreilles servaient désormais à expliquer tous les rébus du quotidien ».
La mort fait irruption dans l’enfance
Dans les pages terribles de ce récit, la mort fait irruption sans prévenir au point d’imposer aux enfants le terme terrible de charnier :
« J’en décortiquai les lettres. Char nier Cha rnier Charn ier Charnier. Les syllabes lourdes empâtaient ma bouche. Je les mâchonnai longuement, ne réussis pas à les avaler ».
Progressivement les illusions politiques de l’époque se font jour. Celles des Français d’Algérie qui voient en De Gaulle l’espoir d’un recours ultime… Que l’on veuille la guerre ou la paix.
« Ils ne peuvent pas faire autrement que d’appeler le Général, et le Général, c’est l’homme de Brazzaville. Il fera la paix », scandait Ali. « Le Général, c’est un soldat. Il fera la guerre », criait Yacef, pour se faire entendre d’Ali.
Les accords d’Evian puis l’exil des « rapatriés »
On suit le déroulé de ces années d’une guerre tragique où les fellaghas et l’OAS finissent par s’affronter dans une lutte à mort. Assassinats, mitraillages, grenades meurtrières, tueries de voisinage et règlements de comptes de proximité se succèdent sous le regard de cet enfant devenue grave et songeuse. On tue les voisines. On tue les gamins. On tue les gamines. On tue la vie même.
Après le cessez-le-feu et les accords d’Evian apparaissent des mots nouveaux :
« Des mots en ment, égorgement, enlèvement, emprisonnement, enterrement, divaguaient de par les rues, retroussaient leurs babines sur d’effroyables rictus ».
Un mot empli de terreur et de mystère s’impose alors.
« Barbouzes connut une fortune éclatante. En peu de temps, le quartier se chuchota la nouvelle. Nous, les enfants, nous adoptâmes avec enthousiasme le mot, nous l’utilisions aussi en guise d’injure suprême. Les adultes nous imitèrent. On retrouva certains gêneurs, maris jaloux, amants trop épris, gisant près du carrefour, une pancarte au cou, des lettres noires y inscrivant leur anathème « barbouze ».
Les beautés d’un pays, les beautés de l’enfance
Daphna Poznanski retrouve aussi entre les pages tragiques la douceur des femmes d’Algérie qui l’entourent. Elle sait restituer l’éclat du soleil sur les murs blancs, la suavité des odeurs, le quotidien de Français souvent modestes, habitant des immeubles défraîchis, qui demeurent incrédules face à l’écroulement de leur monde. Et toujours cette enfance faite de rêves et de cauchemars et la matérialisation des angoisses de la jeune Daphna qui imagine un monstre rôdant pour semer la dévastation :
« L’Homme en gelée verte avait commencé de tout dévaster ». Les nuits trop longues ou trop courtes, les voisins qu’on épie, tout parait vivant dans ce récit vécu, dans ces lignes habitées où « L’homme en gelée verte » fait figure de monstre dérisoire et terrible.
La valise ou le cercueil
Et puis arrive le temps de la valise ou du cercueil, le temps du départ. Certains l’anticipent et ferment leurs échoppes « pour congé annuel » avant de quitter l’Algérie furtivement. D’autres partent in extremis, par le dernier bateau. Tous sont déchirés.
« Mon pays disparaissait. Il n’était plus temps de le tenir à bout de bras. Il faudrait l’abandonner à l’abîme en espérant ne pas être happé dans le mortel maelström ».
« Là-bas non plus, on ne voulait pas de nous… »
Une lettre arriva. « Ici, on nous traite de colons, de profiteurs… Vous avez fait suer le burnous, c’est bien fait pour vous… Ici, c’est toujours l’hiver… Nous ne sommes plus rien, que des rapatriés comme on nous appelle… en France, on ne veut pas de nous. Là-bas non plus, on ne voulait pas de nous… On fait semblant de ne pas voir les regards de mépris ou de haine qu’on nous jette ».
Des enfants d’Algérie partageant un même destin fait d’incompréhension et de rejet
La deuxième partie du livre reprend les témoignages de ces enfants d’Algérie devenus des adultes habités par les souvenirs du pays perdu. C’est Jean-Pierre le pupille de la nation né dans le quartier populaire de Bab-El-Oued et qui réussit in extremis son intégration en devenant grossiste en boulangerie une fois installé à Marseille. C’est Jocelyne qui, après son rapatriement, ressent dans l’hexagone le double rejet d’être juive et pied-noire. C’est Catherine de Tlemcen qui apprendra l’assassinat de son oncle et sa tante malgré le respect que leur portaient les paysans du coin et qui découvrira près de trente ans plus tard que c’est l’intendant de leur ferme qui les a torturés à mort sous la menace du FLN.
Dans les dizaines de témoignages recueillis il y a cette succession de souvenirs vivaces, cette plume qui ne tombe jamais dans le pathos, il y a cet amour absolu d’une terre laissée au loin.
A jamais une déracinée
Les derniers mots seront pour Daphna, une enfant devenue grande trop vite :
« J’ai compris que je pourrais construire et construire encore et que je resterais néanmoins à jamais une déracinée qui chercherait sa vie durant à enfoncer en terre de nouvelles racines. Pour tenter de me retrouver ».
Echange en toute liberté avec l’auteur et « ses mots-diamants »
Lesfrancais.press : Daphna Poznanski-Benhamou, vous avez publié un livre bouleversant et d’une grande qualité littéraire. L’émotion de l’enfant d’Algérie semble à la fois toujours présente sous votre plume mais il y a aussi l’absolue dignité d’une écriture faite de distanciation et de justesse de ton. Quand on a vécu comme vous le rapatriement, les douleurs et les horreurs de la guerre, comment parvient-on à écrire un livre si juste ?
Daphna Poznanski-Benhamou :Evoquer la guerre d’Algérie, c’est aller sur un champ de mines. Il me fallait donc m’y rendre, chargée de bagages sûrs et pour cela, répondre à un certain nombre d’interrogations. Quel était mon propos ? Je ne voulais pas d’un livre politique. D’autres que moi s’y sont essayé avec plus ou moins de bonheur. Un livre d’histoire alors ? D’excellents historiens s’y sont attelé, je n’avais pas cette prétention. Quel était mon objectif ? Narrer le vécu, l’émotion, la douleur, le chagrin, le déracinement, le manque du pays natal. Comment y parvenir ? Autrement dit, qu’est-ce qu’un livre ? Un assemblage de mots alignés dessinant une mosaïque de sensations, de sentiments. J’ai entrepris le chemin, lestée des mots de la langue française, ceux que j’appelle les » mots-diamants » qui ont la fluidité, la pureté de l’eau d’une source et la densité du diamant. Ces mots résonnent au plus profond de nous, mettant en oeuvre notre mémoire. » Evénements « , » opérations de maintien de l’ordre « , » attentats « , » état d’urgence « , » torture « , » état de siège « , » autodétermination « , » guerre « , » négociations « , » cessez-le-feu « , « indépendance « , » la valise ou le cercueil « , ces mots-là ont rythmé la vie de bien des enfants d’Algérie. Ils nous ont décrit un monde cruel, un monde fracassé dans lequel les adultes se mentaient et nous mentaient. Ils nous ont fait grandir sans pitié, nous forçant à la résilience.
« Restituer les fils ténus qui relient entre elles les communautés »
Lesfrancais.press : Ce livre est au service de la paix. Comment sera-t-il reçu par ceux des Français qui ont choisi le parti du FLN, comment pourrait-il être reçu en Algérie par les Algériens d’aujourd’hui ?
Daphna Poznanski-Benhamou :Je ne porte aucun jugement de valeur sur aucune des parties en présence. Ce n’est pas la raison d’être de ce livre. J’ai tenu à restituer les fils ténus mais réels qui reliaient entre elles les communautés. J’ai jugé que je n’étais pas légitime pour parler au nom des enfants algériens de la guerre d’Algérie. Avant d’être un essai, ce livre est né sous la forme d’un roman. Même alors, je n’ai pu me résoudre à parler en leur nom. Je souhaite que ma tentative de mémoire inspire une personne de l’autre côté de la Méditerranée. Qu’il ou elle témoigne et fasse témoigner dans un livre qui ne serait ni politique ni d’histoire ni de propagande. Un livre qui n’aurait d’autre objectif que le surgissement de ce qui a été. Un livre qui serait le jumeau du mien. Dans un temps où Algérie et France essaient des sentiers tortueux pour se retrouver, la littérature pourrait se révéler plus efficace sur les esprits que maints discours politiques et nous offrir une route apaisante.
« La parution de mon livre m’a libérée »
Lesfrancais.press : Vous racontez n’avoir pu embarquer pour l’Algérie. Impossible pour vous d’imaginer demander un visa pour ce qui reste votre propre pays. Reviendrez-vous néanmoins un jour sur cette terre ?
Daphna Poznanski-Benhamou :Sur un plan émotionnel, il reste toujours choquant pour moi de demander un visa pour retourner dans mon pays natal. Mais je suis une juriste. Le problème ne réside pas dans le droit, mais dans l’écueil, l’obstacle à sauter mentalement. S’il y a dix ans, j’en étais incapable, aujourd’hui, la question se pose sous une perspective différente. J’ai le sentiment que la parution de mon livre m’a libérée. Libérée d’un immense poids que j’ai dû porter ma vie durant. Bien des témoins du livre ont évoqué avec moi cette même sensation. Cette impression de libération me renvoie à la sculpture de l’acrobate que l’on trouve parfois sur les chapiteaux des églises, la tête en bas. Elle nous appelle à changer de plan pour atteindre un autre niveau. Alors, un voyage vers ma terre natale ? Oui, pourquoi pas, à présent ?
« La promesse de se battre contre tous les extrémismes »
Lesfrancais.press : Vous êtes une femme engagée. Le monde politique paraît parfois plein de tumulte et de violence symbolique. Est-ce que la « tentation de Venise » existe chez vous, à savoir le désir de faire plus régulièrement des pas de côté pour vous consacrer à la création ? Y-a-t-il d’autres projets d’écriture à venir ?
Daphna Poznanski-Benhamou : Dans mon témoignage, je raconte comment, sur le quai du port d’Oran en feu, un jour de juin 1962, je comprends que j’ai perdu en quelques minutes mon statut de petite fille et tout mon univers. Et la promesse que je me suis faite alors. » Ne plus jamais être un fétu de paille malmené par les vents de l’Histoire. Et donc apprendre à me battre, pour moi et pour les autres, pour tous les » sans-voix » qui ne savent même pas qu’ils ont des droits. » Je me battrai. Avec l’énergie de mon enfance volée ». Cette promesse, je l’ai toujours tenue jusqu’ici. Je me suis battue contre tous les extrémismes, contre le racisme, contre l’antisémitisme. Résidant hors de France, je me suis battue pour défendre les valeurs de la République et défendre les droits et les intérêts des Français de l’étranger qui m’ont toujours accordé leur confiance. L’on comprendra que les mots » tentation de Venise » ne font pas partie de ces » mots-diamants » que je chéris. Il y aura toujours une cause à défendre, je continuerai à me battre. Je demeurerai fidèle à ma promesse sur le quai du port d’Oran en feu un jour de juin 1962. Des projets ? Bien sûr !
Boris Faure est l'ex 1er Secrétaire de la fédération des expatriés du Parti socialiste, mais c'est surtout un expert de la culture française à l'étranger. Il travaille depuis 20 ans dans le réseau des Instituts Français, et a été secrétaire général de celui de l'île Maurice, avant de travailler auprès des Instituts de Pologne et d'Ukraine. Il a été la plume d'une ministre de la Francophonie. Aujourd'hui, il collabore avec Sud Radio et Lesfrancais.press, tout en étant auteur et représentant syndical dans le réseau des Lycées français à l'étranger.
Le premier magasin sera ouvert au quatrième trimestre et géré par le groupe local Great Way qui opère déjà en Algérie "80 magasins d'enseignes de renommée mondiale dans les secteurs textile & sport".
Le distributeur alimentaire français Auchan, déjà présent au Sénégal et en Côte d'Ivoire, a annoncé lundi vouloir ouvrir au quatrième trimestre 2023 un premier magasin en Algérie, qui sera géré par le groupe local Great Way, avant un possible développement "à travers le pays". "Avant la fin de l'année, un hypermarché à enseigne Auchan ouvrira ses portes à Alger sur une surface de 5.000 mètres carré", indique Auchan dans un communiqué commun avec Great Way, qui opère déjà en Algérie "80 magasins d'enseignes de renommée mondiale dans les secteurs textile & sport".
Ce groupe "apporte au projet sa parfaite connaissance du pays" et du secteur, indique encore Auchan selon qui "un développement ultérieur à travers le pays est d'ores et déjà envisagé". Auchan et Great Way entendent en outre "favoriser la création de filières agricoles locales et responsables", et "l'implantation d'Auchan en Algérie favorisera le développement de l'industrie agro-alimentaire du pays", selon le communiqué signé des deux entités.
37 magasins au Sénégal, 13 en Côte d'Ivoire
L'Algérie "devient le 14e pays d'implantation d'Auchan dans le monde", et le 3e en Afrique après le Sénégal et la Côte d'Ivoire. Au Sénégal, où l'enseigne d'origine nordiste est présente depuis 2015, elle "compte 37 magasins ainsi qu'un site marchand couplé à un drive et à un service de livraison à domicile". En Côte d'Ivoire, où Auchan est arrivé en juin 2022, elle compte "13 points de vente à Abidjan et Bouaké", ainsi qu'un service de livraison notamment.
Le groupe avait défrayé la chronique en 2022 en refusant de quitter la Russie malgré la pression en ce sens du gouvernement ukrainien, qui l'accusait de financer l'effort de guerre russe. L'an dernier ELO, la holding du distributeur, a dégagé un modeste bénéfice net de 42 millions d'euros en 2022, huit fois inférieur à celui de 2021.
Ils ont donné leur énergie au combat sous les couleurs de l’armée française et ont, en retour, peiné à acquérir les droits inhérents à leur statut. Eux, ce sont les derniers tirailleurs sénégalais en vie qui ont remporté une dernière bataille avec la suppression de la résidence alternée qui les obligeait à rester au moins la moitié de l’année en France pour ne pas perdre l’allocation minimum vieillesse.
la faveur d’une dérogation spéciale de l’État français, arrachée suite à une longue lutte, ces vétérans de guerre ont désormais la latitude de rester auprès de leur famille en recevant l’intégralité de leur allocation vieillesse de 950 euros par mois.
Neuf sur la vingtaine encore en vie ont ainsi quitté les modestes résidences sociales de Bondy, dans la banlieue Nord-Est de Paris, pour venir s’installer pour de bon au pays. « Heureux à mon âge d’être là... comme ça si je meurs ce sera entouré de ma famille ; Dieu seul sait ce sera quand », s’est enthousiasmé Yoro Diao, rencontré au domicile d’un de ses neveux, à Kounoune dans le département de Rufisque (30 km de Dakar).
« On menait une vie difficile en France. Vivre sans sa femme, ses enfants et petits-fils, vous imaginez ce que ça fait. Ce célibat dans lequel tu es contraint pose problème car tu dois préparer pour manger ou aller faire des courses. On te donne une chambre avec chauffage mais dehors le froid te tue », a poursuivi le vétéran de 95 ans ayant participé aux guerres en Indochine et en Algérie.
« Nous sommes heureux de rentrer chez nous et de voir nos fils et nos petits-fils. Désormais nous n’aurons plus l’obligation de faire des navettes entre la France et le Sénégal et c’est très important », confie de son côté Ousmane Sagna, enchanté de vivre ses derniers jours dans son Kolda natal (Sud du pays).
Engagement dans l’armée
Né en 1931, Ousmane Sagna a été séduit par les séances de levée de couleurs et s’est, dès son plus jeune âge, vu en homme de tenue. « En route pour l’école, je voyais les gardes de la résidence de l’administrateur colonial qui faisaient monter les drapeaux. Je restais là et je voyais comment ils faisaient avec leurs tenues. Ça m’a plu et j’ai dit que quand je serais grand il faut que je fasse l’armée », se rappelle-t-il.
La guerre d’Indochine qui a éclaté des années plus tard et pour laquelle l’armée coloniale française a fait appel aux autochtones pour s’engager a été une occasion rêvée pour l’adolescent d’alors de réaliser son rêve. « Je me suis alors porté volontaire pour aller en Indochin e », a-t-il dit, rappelant que malgré son enrôlement en 1953, il n’a finalement pas été de la campagne dans ce pays asiatique.
Tout le contraire de Diao qui y a étalé ses faits d’armes. « En Indochine j’étais au 2ème bataillon du 24ème régiment (de marche) des tirailleurs sénégalais », a avancé le nonagénaire ayant intégré l’armée en 1950.
Issu d’une famille de militaires, il n’a eu donc qu’à suivre cette tradition familiale en intégrant les rangs. Recalé à ses deux premières tentatives au niveau de la commission d’enrôlement basée à Saint Louis (Nord), Diao s’est payé une parade impeccable pour franchir le mur que représentait sa petite corpulence.
« J’ai fait l’examen des infirmiers en 1948 et j’ai fait 3 ans pour décrocher un brevet d’infirmier partie chirurgie. Donc quand je suis revenu en 1950 armé de mon parchemin, j’ai été engagé sur le champ », se remémore-t-il, notant que son voyage pour l’Indochine intervenu en 1952 était acté dès ce jour.
Le vétéran n’a pas manqué d’évoquer des souvenirs de cette campagne lors de laquelle il a perdu plusieurs de ses camarades. Le plus vivace dans sa tête étant assurément la première opération vécue dans la fournaise d’Indochine.
« En 1953 j’ai eu le baptême de feu ou notre première attaque. La compagnie a perdu 30 hommes le même jour et la moitié a été transportée par mon équipe », a expliqué l’infirmier militaire qui dirigeait une équipe de brancardage à l’occasion.
« Les combats ont été durs et les tirailleurs ont perdu beaucoup d’hommes. J’ai eu dans ce bataillon des croix de guerre pour acte de bravoure », indique le militaire revenu en 1955 d’Indochine avec le grade de sergent.
« Opération de maintien de l’ordre »
En Algérie, ça a été tout aussi éprouvant pour les tirailleurs sénégalais. « On nous disait que ce n’était pas une guerre mais une opération de maintien de l’ordre », se souvient Ousmane Sagna qui a foulé le sol algérien le 25 mars 1956 avec ses camarades du 3e bataillon du 22e régiment d’infanterie coloniale (RIC), à la frontière algéro- marocaine.
« Vous êtes des musulmans et vous venez combattre vos frères musulmans nous disaient les Algériens », se rappelle Sagna. « Nous sommes un pays colonisé comme vous l’êtes. C’est la France qui a décidé de nous envoyer ici on n’y peut rien », répondaient les tirailleurs sénégalais.
« A ma première opération on a perdu trois de nos camarades ; on était tombé dans une embuscade », raconte encore le soldat ayant fait un stage de six mois à Alger, décrochant un certificat d’aptitude technique afin de participer aux combats, n’ayant pas fait le service militaire.
Même malade, il n’était pas question de répit et Sagna a vécu l’expérience. « Il m’arrivait quand on partait en opération que je sois malade avec des maux de ventre atroces. J’étais obligé de quitter les rangs à chaque instant pour aller aux selles », dit-il évoquant une dysenterie amibienne contractée en Algérie.
Infirmier en Indochine, l’insatiable Yoro Diao part en Algérie l’année suivante avec la soif de se faire une place dans l’armée coloniale. « C’est là-bas que j’ai préparé mon examen. Je suis allé à la capitale (Alger), au centre d’instruction d’infanterie où j’ai fait mon premier degré Cat 2, le certificat inter arme (Cia), le B1 et le B2 pour passer officier. J’ai travaillé dur pour passer officier mais dans l’infanterie », note-t-il, affirmant s’en être sorti des deux guerres sans aucune blessure.
« C’est de la baraka », lance l’homme aux nombreuses croix de guerre et étoiles accrochées à son boubou blanc. « Que de camarades perdus hélas », regrette-t-il toutefois
« Ceux qui ont fait 14-18 ne sont plus là, c’est presque le cas pour ceux de 39-45 et parmi nous, peu sont encore en vie. C’est un devoir que la vraie histoire des tirailleurs soit enseignée aux nouvelles générations. Les manuels scolaires ne les évoquent même pas et ceci est à corriger », dit-il.
La réhabilitation, le long combat hors des tranchées
A l’accession à l’indépendance du Sénégal, Diao a répondu à l’appel de sa patrie après 9 années passées sous les couleurs de l’armée française, à l’instar de la plupart de ses camarades.
« Notre chef de compagnie voulait que je reste car disait-il j’étais un bon élément mais j’ai préféré rentrer pour servir mon pays », note-t-il. Un choix qui l’a acculé à un traitement différent de celui réservé aux militaires français aux côtés desquels ils a été au front.
Une loi votée en 1959 au Parlement français sous l’appellation de cristallisation a bloqué les montants des pensions, retraites et allocations aux anciens combattants issus des colonies à des seuils inférieurs. La décristallisation n’étant intervenue qu’en 2007.
« On a été au front ensemble et les militaires français n’ont pas été plus braves ou courageux que nous », assène-t-il.
Le combat porté par les vétérans est appuyé par des organisations et personnalités dont la plus en vue est Aissata Seck, femme politique française et présidente de l’association pour la mémoire et l’histoire des tirailleurs sénégalais créée en 2008.
« En 2016 j’ai lancé une pétition pour que ces anciens qui avaient fait la demande de nationalité française puissent l’obtenir. Jusque-là, ils étaient confrontés à un certain nombre de démarches administratives complexes comme par exemple fournir l’acte de naissance des parents alors qu’on sait que dans ces pays d’origine, il n’existait pas », a ainsi rappelé la conseillère régionale d’Ile de France dans une déclaration à Francetvinfo. Une pétition ayant récolté plus de 60 mille signatures.
« C’est au milieu des années 80 qu’une note est venue de France pour dire que tous les anciens combattants peuvent venir en France pour une prise en charge », explique Diao qui est retourné en France en 2005 avant qu’il ne soit finalement naturalisé en 2017 comme ses autres camarades.
« L’Etat français n’a pas voulu respecter ses engagements consistant à amener à notre chevet en France nos familles respectives restées au pays comme promis lorsqu’on a été naturalisés », regrette Sagna de son côté.
« On t’exige de rester 6 mois en France et si tu pars au Sénégal, en dépassant un seul jour, on défalque sur ton allocation vieillesse », note Diao, se réjouissant du soutien immense dont ils ont fait l’objet pour cette belle victoire qu’est la levée de la résidence alternée obligée, ultime étape du combat des tirailleurs en vie âgés entre 88 et 95 ans.
« Mieux vaut tard que jamais », s’est réjoui Aissata Seck, femme dont l’engagement sur ce dossier laisse entrevoir un crépuscule calme et chaleureux aux vétérans qui ne demandaient qu’un traitement à hauteur de leur engagement ; un droit assurément.
Oui mon amiMichel je me souviens très bien, c'était en gare d'Amiens 1962...lors d'une permission de 11 jours aprèsla fin de l''École à Cherchell..SOouvenir...avant de rejoindre la Force Locale à l'fntrée du port d'Alger constituée par les accords d'Évian en plein milieu des PIEDS-NOIRS ET DES MEMBRES DE L'OAS. Alger ne brulât pas !
Richard Anthony immense vedette de la chanson dans les années 1960
L'une des plus célèbres voix de la chanson populaire française s'est éteinte Le Dimanche 19 Avril 2015.
Originaire d'Egypte - comme Dalida ou Claude François - Richard Anthony de son vrai nom Richard Btesh est décédé dans les Alpes-Maritimes à l'âge de 77 ans.
Richard Anthony a bercé toute la jeunesse yéyé des années 1960 et a touché plusieurs générations.
Débarquement d'appelés de l'armée de l'air à Alger
Richard Anthony en 1962 interprète "J'entends siffler le train".
Les commentaires récents