Cette décision prise en réunion de groupe mardi matin a laissé place à de vives tensions, en cause les faibles chances de voir passer le texte.
La députée EELV Sabrina Sebaihi, rapporteuse de la résolution. © GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP
Il s’agissait d’un texte symbolique et politique que le groupe écologiste à l’Assemblée nationale avait décidé de présenter dans le cadre de leur niche parlementaire jeudi : faire reconnaître la répression des manifestations d’Algériens du 17 octobre 1961 en « crime d’État », rapporte le site de 20 Minutes. En plein contexte de guerre d’indépendance de l’Algérie, cette manifestation s’était tenue à l’appel de la Fédération de France du FLN. Si l’initiative n’avait pas été déclarée, elle restait pacifiste. Mais des défilés sur les grandes artères parisiennes ont donné lieu ensuite à des affrontements et les policiers ont fait feu.
À ce jour, aucun bilan précis n’est connu, de 38 à 200 morts selon les estimations. Mais au vu des faibles chances de voir le texte adopté, le groupe écologiste a décidé de retirer la résolution, selon les informations de 20 Minutes. La majorité étant opposée à reconnaître cet événement comme un « crime d’État », ce que proposait la rapporteuse du texte, Sabrina Sebaihi. En réunion de groupe ce mardi matin, il y aurait même eu un « gros clash » interne à la suite de cette décision.
Une autre résolution dans quelques semaines ?
Pour le chef de file écologiste du texte, la pilule a du mal à passer : « Ça, on ne le découvre pas aujourd’hui », tance Benjamin Lucas à propos de l’opposition du gouvernement à reconnaître l’événement comme crime d’État. Car pour les écologistes, le temps est précieux au cours de cette niche parlementaire, la seule de l’année où chaque groupe a la main sur l’ordre du jour. Comme la journée commence à 9h et se termine à minuit, il n’y a pas de temps à perdre selon la direction écologiste, qui souhaite donc en gagner en éliminant les textes qui ont peu de chances de passer.
Une prise de position que ne comprend pas la rapporteuse du texte. Avant même la décision de son groupe, Sabrina Sebaihi regrettait ces considérations sur le temps : « C’est quand même compliqué de dire qu’on ne veut même pas prendre le temps de parler de ce sujet, car on ‘perdrait du temps’. » La députée des Hauts-de-Seine ajoutait : « Le sujet du moment, ce sont les violences policières. Imaginez le traitement si à Sainte-Soline, il y avait eu 200 morts à cause des forces de l’ordre ? Est-ce parce que le 17 octobre 1961, c’était des Algériens ? »
Sabrina Sebaihi tient à souligner que même l’historien Benjamin Stora (il avait été chargé d’une mission sur la mémoire de la guerre d’Algérie par Emmanuel Macron) « reconnaît que le terme de ‘crime d’Etat’ s’applique à ce qui s’est passé ce jour-là ». Son groupe en a décidé autrement. Une autre résolution transpartisane pourrait voir le jour dans quelques semaines, remplaçant cette fois-ci le terme de « crime d’État » par « événements atroces ».
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