Le bruit de l’éclatement des mines continue de résonner à jamais dans les oreilles des victimes. On ne peut pas compter les victimes, parce que l’effet psychologique est insondable, beaucoup de familles de blessés et de morts sont souvent traumatisées.
La France coloniale a exploré tous les instruments imaginables de mutilation et d’anéantissement du peuple algérien. Sauf les procédés humains, de la guillotine aux réseaux parallèles minés et des essais nucléaires en passant par toutes sortes de centres de torture et de camps de regroupement des civils.
Croyant venir à bout des combattants de la Révolution algérienne, la France avait opté pour l’édification de deux lignes électrifiées et semées de mines en vue de couper les maquis de la guerre de leurs bases étrangères.
La première ligne Morice, réalisée en 1957, du nom du ministre de la Défense André Morice, s’étendait de Annaba à Negrine sur 450 km. La ligne Challe, à l’Ouest, bâtie en 1959, allait de Ghazaouet à Béchar sur 750 km. Elle porte le nom de Maurice Challe, commandant des forces françaises en Algérie.
Tout au long des frontières avec le Maroc et la Tunisie, ces lignes de la honte, barbelées, minées, électrifiées et surveillées en permanence par l’armée française, ont constitué une véritable gêne pour les résistants algériens pendant la Guerre de libération nationale.
Pas seulement. Ces réseaux parallèles étaient un chantier laborieux pour l’Algérie post-indépendance où plusieurs centaines de milliers de mines sont restées non désactivées pendant plus de 50 ans.
L’opération de déminage est très difficile sur plus de 62 000 hectares, aggravée par les conditions géographiques et l’effacement des repères des lignes minées. L’Algérie a relevé, avant même qu’elle rejoigne le Traité d’Ottawa sur l’interdiction des mines antipersonnel en 2001, le défi de détruire plus de 8 millions de mines sur les 11 millions posées par l’armée française durant la Guerre de libération grâce aux opérations menées par des détachements spécialisés de l’Armée nationale populaire (ANP) dont l’assainissement définitif du “rideau de la mort” en 2017 a constitué le point d’orgue, une œuvre qui couronne plus d’un demi-siècle d’efforts constants et de travail sur le terrain soigneusement accompli par les éléments spécialisés de l’ANP. 4 830 victimes ont été recensées pendant la guerre d’Algérie et 2 470 autres civils ont péri après l’indépendance du pays, le prix de la traversée qui a coûté cher aux combattants de l’ALN. Si la vie a repris son cours sur tout le territoire algérien, les plaies ne sont pas encore refermées et les séquelles continuent à torturer les esprits, notamment dans les wilayas frontalières les plus touchées à l’instar d’El-Tarf, de Souk Ahras, de Guelma, de Tébessa, de Naâma, de Béchar et de Tlemcen.
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