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Des vestiges du camp de Saint-Maurice-l'Ardoise.
La semaine dernière, des sépultures d'enfants harkis ont été mises au jour sur le site du camp de Saint-Maurice-l'Ardoise, qui se situe entre Laudun-l'Ardoise et Saint-Laurent-des-Arbres. Une découverte majeure alors que des fouilles archéologiques sont menées depuis plusieurs mois.
Ces fouilles archéologiques sont diligentées par l'INRAP (Institut national de recherches archéologiques préventives) sur le site où ont vécu des harkis, de 1962 à 1976, dans des conditions très difficiles. Des Français musulmans ont fui vers l'Hexagone à la fin de la guerre d'Algérie et certains se sont retrouvés dans des camps de transit et de reclassement. Depuis de nombreuses années, les associations locales se battent pour que cette période de l'histoire ne tombe pas dans l'oubli.
Nadia Ghouafria a fait partie de l'ARACAN (Association nationale des rapatriés anciens combattants d'Afrique du Nord), avant de monter son association "Soraya". Elle a écumé les archives pour en savoir plus sur l'histoire de sa famille. Ses parents ont vécu 220 jours sur le camp de Saint-Maurice-l'Ardoise avec son frère et sa sœur.
Quand elle est venue à bout de toutes les archives consultables, elle a fait une demande pour accéder aux informations non communicables. Deux ans plus tard, en 2019, elle obtient l'accord. Ce qu'elle découvre est édifiant : un procès-verbal de la gendarmerie datant de 1979 de quatre pages avec le registre des inhumations, des plans, des photos. "Il est mentionné 31 inhumations. Par la suite, j'ai découvert qu'il y avait un adulte et 30 enfants, enterrés entre 1962 et 1964", atteste-t-elle.
Des enfants morts de maladie, de froid, de faim
Elle ajoute : "Ce sont des enfants morts de maladie contagieuse, puisqu'il y a eu une épidémie de rougeole sur le camp, mais ces décès sont dus aussi aux conditions très difficiles, la faim et le froid." Ils ont alors été enterrés dans ce cimetière sauvage, de manière indigne. L'ARACAN et d'autres associations locales informent alors le ministère et toutes les autorités compétentes. Des fouilles ont finalement commencé peu de temps après la visite de Geneviève Darrieussecq, alors ministre déléguée auprès de la ministre des Armées, chargée de la Mémoire et des Anciens combattants.
Un premier emplacement avait été identifié. Les fouilles sont restées sans succès. L'archéologue de l'INRAP a mené un travail de fond en réétudiant les plans et a localisé un autre endroit où devait se trouver avec quasi-certitude ce cimetière. Il ne s'est pas trompé. "Nous avons la confirmation qu'il s'agit bien du cimetière recherché, puisque deux tombes, au moins, recèlent des ossements d'enfants", a déclaré l'archéologue de l'INRAP, Patrice Georges-Zimmermann, à l'AFP, qui a dévoilé l'information ce jeudi. "Sur plusieurs dizaines de mètres, suivant un alignement légèrement oblique, les sépultures se devinent, sous une terre à l'aspect et aux couleurs modifiés "par un creusement antérieur et par la décomposition des corps", prévient Patrice Georges-Zimmermann", est-il écrit dans un article réalisé par l'AFP et TV5 Monde.
Les associations demandent la sanctuarisation du cimetière
Cette nouvelle phase de fouilles méticuleuses est menée depuis lundi 20 mars. "Le vendredi, 26 tombes auraient été découvertes", indique-t-on à l'Agglomération du Gard rhodanien. Pour l'intercommunalité, qui porte un projet de mémoriel harki sur le site, cette découverte rend encore plus "nécessaire l’impérieux travail de mémoire" et elle compte bien l'intégrer dans sa muséographie. Le président de l'Agglomération, Jean-Christian Rey, a d'ailleurs salué "le travail des archéologues Patrice George et Bertrand Poissonnier ainsi que de leurs équipes qui ont permis à la vérité d’être révélée. Je veux apporter mon soutien aux familles et rendre hommage à la mémoire de ces enfants. J’ai une pensée pour les associations harkies du Gard rhodanien."
Du côté des associations justement, la mise au jour de ces tombes est un "soulagement". Ali Laidaoui, président de l'ARACAN du Gard, souhaite que ce lieu devienne un lieu commémoratif et que des statuettes avec plaques soient érigées en mémoire des enfants. Afin "que les familles puissent les visiter". Nadia Ghouafria, également, désire plus que tout la "sanctuarisation" et la "réhabilitation" de ce lieu. "Que ce cimetière illégal devienne légal." Elle était présente mardi dernier, sur place, aux côtés des archéologues et a vu de ses yeux les tombes : "C'est indescriptible. C'est un mélange d'émotions entre la joie, la tristesse. Mais aussi la colère de savoir qu'il y a déjà eu un signalement en 1979 et que rien n'a été fait. Je me mets à la place des familles, c'est une tragédie."
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