Citoyen d’honneur, fiction drôle et sensible portée par Kad Merad et Fatsah Bouyahmed, aborde les questions d’identité et d’héritage culturel, dans une Algérie vacillant entre jeunes espoirs et corruption.
Citoyen d’honneur
de Mohamed Hamidi
Film français, 1 h 36
Le renouveau a toujours été d’abord un retour aux sources », professait l’écrivain français Romain Gary. Rien n’est plus vrai pour Samir Amin, joué par Kad Merad dans Citoyen d’honneur, du réalisateur Mohamed Hamidi. Écrivain à succès, Samir vient de remporter le prix Nobel de littérature. Mais, bientôt, c’est la panne d’inspiration. Jusqu’au jour où il reçoit une lettre qui l’invite à Sidi Mimoun, son village d’enfance en Algérie, pour recevoir le titre de « citoyen d’honneur ». Son retour, trente-cinq ans après sa dernière visite, ne plaît pas à tous les habitants…
Si Kad Merad interprète à merveille l’écrivain bourru, Fatsah Bouyahmed (La Vache, 2016), qui incarne Miloud, le guide de l’écrivain à Sidi Mimoun, ravit par son jeu tout en nuance et en candeur. Le duo fonctionne, et donne lieu à des scènes cocasses. Quand, par exemple, coincé en voiture face à un troupeau sans berger, Miloud envoie « courageusement » Samir à la bataille. « Trouve le chef et discute avec lui ! », lance-t-il. Car Miloud a une phobie, qui fait qu’il s’accroche à son volant : les moutons…
Des seconds rôles lumineux
Adapté du film argentin El Ciudadano Ilustre (2016) de Mariano Cohn et Gastón Duprat, Citoyen d’honneur est une déclaration d’amour à l’Algérie. Portés par une bande originale d’Ibrahim Maalouf, qui rappelle certaines comédies d’Ettore Scola, les dialogues font sourire, et parfois touchent. Notamment dans cette scène où Samir Amin et Miloud visitent le petit cimetière du village. Jamel Debbouze, qui interprète le gardien, leur en présente les « habitants », avec pour chacun une anecdote, drôle ou émouvante.
Les jeunes seconds rôles, lumineux, apportent de la profondeur à Citoyen d’honneur, dont le scénario reste parfois trop en surface. Mehdi et Selma, joués respectivement par Brahim Bouhlel et Oulaya Amamra, sont tous deux étudiants. Le premier, écrivain en devenir et réceptionniste d’hôtel pour payer ses études, donne une touche de poésie au film. La seconde, rappeuse révoltée, incarne la jeunesse algérienne en prise avec une administration corrompue, dans un pays qui semble pouvoir s’enflammer à la moindre étincelle.
Les questions de l’identité et de l’héritage culturel sont centrales dans le film de Mohamed Hamidi. « Est-ce que l’on peut bien raconter un pays alors que l’on vit à l’étranger ? », interroge la jeune Selma. En interprétant Samir Amin, Kad Merad revient aussi sur ses propres origines. L’acteur, né en Algérie et fils d’ouvrier, confiait sur TF1 sa tristesse à l’idée que son père, décédé un an plus tôt, ne verrait pas la sortie du film : « Je voulais lui montrer que même si je n’y ai pas vécu et ne parle pas la langue, l’Algérie compte pour moi. »
- Charlotte de Frémont,
https://www.la-croix.com/Culture/Citoyen-dHonneur-declaration-damour-lAlgerie-2022-09-14-1201233137
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Charlotte de Frémont,
https://www.la-croix.com/Culture/Citoyen-dHonneur-declaration-damour-lAlgerie-2022-09-14-1201233137
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