Quelques témoignages qui ont constitué le corpus de l’analyse textuelle
Témoignage de M. M. (né en 1936)
C’étaient surtout les harkis qui nous faisaient le plus de mal […] à la suite de découverte de sorties de ravitaillement et des incursions avortées des moudjahidin […] les soldats devenaient plus agressifs […] ils entraient dans nos gourbis pour effectuer les fouilles, les femmes d’un côté les hommes d’un autre […] à un certain temps, les militaires français nous obligeaient à faire des tours de garde avec des bombes lumineuses pour donner l’alerte […] le paradoxe, on ravitaillait les moudjahidin et on surveillait leurs incursions au camp […] les Français voulaient nous mettre à l’épreuve.
Avec l’indépendance, des harkis avaient quitté le pays vers la France […] d’autres étaient restés et sont encore parmi nous […] d’autres étaient restés quelque temps, ne supportant pas les intimidations, les injures et les menaces s’étaient envolés vers la France […] quelques-uns, avaient changé leur lieu de résidence […] c’est un sujet très délicat […] il y a beaucoup de nuances, on ne peut pas mettre tous les harkis dans le même sac […] il y avait des harkis qui livraient des munitions aux moudjahidin ici au camp […] R. R., à chaque fois qu’il rencontrait les gens de ici au camp, il leur donnait des munitions […] une nuit, il leur avait dit : « je vais partir avec vous, je crains d’être découvert » […] ils lui ont dit : « non ta place est ici, tu vaux 100 hommes en uniforme » […] au cessez-le-feu, ils l’ont emmené faire des corvées, ils l’avaient ridiculisé, ils l’avaient humilié […] il avait pris ses bagages et avait quitté le pays […] ceux avec qui il avait travaillé ne l’ont pas protégé [d’autres exemples sont cités].
Témoignage de A. M (né en 1948)
Notre enseignant A. B. était mort lors d’une embuscade tendue par les harkis d’El Annab, qui étaient de redoutables guerriers.
Une femme originaire d’El Annab (côté Ain Defla), qui était hébergée assez souvent chez nous, retournant chez sa famille, avait été attrapée et torturée par les harkis […] elle leur avait indiqué tous les détails de notre refuge […] apercevant le ratissage de loin venant du côté d’Ain Defla, nous nous étions enfouis vers la forêt […] arrivant à nos demeures, les harkis et les soldats français avaient tout brûlé, ils avaient emporté animaux et biens […] nous avons erré 1 à 2 mois […] puis, il y a eu un grand ratissage pour rassembler les gens du douar et les faire quitter les lieux […] les harkis nous avaient attrapés […] ils nous avaient rassemblés […] il y avait avec nous, en plus des habitants de Seffalou, ceux de Iboughrithène, de Allouche, de T’Gghanimet et même de Annab (versant Sud du mont Dahra) […] ces derniers avaient amené avec eux leur bétail […] nous, on n’a rien pu apporter avec nous […] mon père, une tante paternelle et des cousins étaient restés au djebel […] mon père était guetteur et messager de l’ALN.
En ce mois de mai 1959, toute la famille a été attrapée par des harkis lors d’un ratissage […] ce jour-là, ils [les harkis] avaient tué le chouf, chargé du guet, le vieux L. […] apercevant l’avancée des premiers hommes du ratissage, il avait commencé à crier pour que nous nous dispersions dans la nature […] trop tard, ils étaient trop proches […] c’étaient des membres de sa famille, des harkis qui l’avaient tué […] puis, ils avaient réussi à mettre la main sur nous autres […] ce jour-là, les harkis avaient attrapé tous les civils de la petite zone interdite où nous vivions […] nous étions 50 à 60 personnes […] ils nous avaient mis dans 3 camions […] ils nous avaient menés jusqu’à Sidi Benyoucef, en passant par Amroune, Boukazoul et Iboughrithène […] on avait passé la nuit à Ferrada près de Annab et deux nuits à Gambou près d’Ain Defla […] puis, ils nous avaient dirigés vers le nord, vers Messelmoun.
Il y avait des harkis qui aidaient les moudjahidin […] pour ceux-ci, le fait de prendre une arme avec les Français était seulement un gagne-pain […] un nommé M. S., les Français avaient prouvé sa complicité avec l’ALN, ils l’avaient emprisonné après l’avoir atrocement torturé […] d’autres harkis étaient très virulents, comme ceux de Mesker […] ils avaient causé beaucoup de torts aux personnes soupçonnées d’être en faveur de l’indépendance.
Témoignage de F. H. (née en 1937)
Vers le printemps 1957, un accrochage avait eu lieu à Atrache, pas trop loin d’Immalayou […] le lendemain, de bon matin, des harkis étaient venus chez nous pour nous questionner sur les moudjahidin […] ils étaient très agressifs.
Un jour, mon père était venu me voir, un harki nommé T. T avait trouvé un prétexte pour l’emprisonner […] ce harki était très virulent avec les locataires du camp […] à l’indépendance, il avait eu une fin atroce des mains des moudjahidin […] Des fouilles inopinées étaient effectuées […] nous devrions sortir immédiatement, sinon nous risquions d’être maltraités.
Un beau jour des gens du camp avaient défilé avec un drapeau algérien, près du local commercial actuel de Nour Eddine […] des militaires français avaient voulu tirer sur la foule […] un harki, nommé R. D, le père de H., était intervenu pour protéger les manifestants.
Témoignage de A. M. (né en 1945)
Ce jour-là au camp, j’avais dépassé les bornes tracées. Le harki nommé F. F m’avait engueulé et avait voulu me frapper. C’est alors qu’était intervenu en ma faveur le harki T. T. de Mesker. Il m’avait reconnu […] après quelques hésitations, je l’avais reconnu, moi aussi. Nous nous étions rencontrés déjà en 1957 au pas de notre maison à Amarcha. Il était ravitailleur de l’ALN, il était venu voir mon père pour une question d’approvisionnement du Djeich. Depuis, T. T. était très correct avec moi. Mais avec les autres, il était très virulent et agressif.
À cette époque, l’armée française n’avait pas incorporé des harkis issus de notre douar. Le recrutement des harkis avait vraiment commencé au sein de la population de Bouhlal, durant l’été 1958, à la suite du déplacement vers le camp. Avant cette date, lors des ratissages, les militaires français s’aidaient des Algériens, anciens engagés militaires dans l’armée française, qui n’étaient pas agressifs envers la population. Je me rappelle, lors d’une intrusion des Français à Souahlia, un ancien engagé était apparu au seuil de notre maison. Mon père se préparait pour sortir, cet ancien engagé lui avait alors fait signe de sa main de ne pas bouger et de rester sur place. Le goumier avait tourné le dos et avait crié ce que j’ai cru comprendre : « il n’y a rien ici ».
Après l’installation des gens du douar au camp, les officiers français commençaient à approcher les hommes pour les recruter en tant que harkis. Les motivations de devenir harki sont complexes. Il y a l’ignorance, l’analphabétisme, la misère, les souffrances endurées à cause de la guerre. Des harkis avaient assumé leur choix. Ils avaient accepté de travailler dans le camp, ils faisaient face à leurs anciens voisins du douar avec méchanceté. Il y a des hommes qui étaient devenus harkis suite à des erreurs fatales commises par des moudjahidin. Les gens disent : « Ce harki avait fait ça et ça », mais ils oublient ou ne savent pas ce qu’ils [les moudjahidin] leur avaient fait.
Ce jour-là au camp, le harki T. T. avait voulu se confier et m’avait parlé des raisons de son ralliement aux Français. C’est sa version que je vous rapporte. Il m’avait dit qu’il était un auxiliaire de l’ALN (ravitailleur), ce que je savais déjà. Il m’avait dit, qu’il avait constaté qu’un moudjahid voulait bafouer l’honneur de sa femme. C’était la raison qui l’avait poussé à devenir harki. À l’indépendance, le harki avait été attrapé par les moudjahidin et avait été brûlé vif à Boussemam sur les hauteurs de Marceau (actuellement Menaceur). Un autre harki, D. D, avait été aussi attrapé et avait été brûlé vif, ici à Messelmoun, puis, il avait été jeté dans un puits situé à la sortie ouest, au niveau des HLM qui ne sont pas encore habités. Un autre harki travaillant à l’infirmerie du camp avait pu se rendre en France à l’indépendance. Il y était mort et enterré.
Un certain G. G. était goumier du côté de l’armée française. Il aidait de temps en temps en denrées alimentaires sa famille étendue. Ses quatre sœurs et leurs enfants étaient à la charge d’une famille qui avait un membre au maquis. C’était à cause d’elles, qu’il s’était fait engager dans le corps des harkis. À plusieurs reprises, il leur ramenait les restes des mets des militaires français, qu’ils mangeaient.
Au camp, les plus nocifs étaient les harkis et les « cartes blanches ». Ces derniers avaient des liens sournois avec la SAS, par l’entremise de leurs parents goumiers, harkis ou éléments de l’autodéfense. Ils rendent compte de tous les mouvements qu’ils jugent anormaux au camp, de jour comme de nuit. Nous les connaissons ces « cartes blanches. »
Concernant les harkis, je vous ai déjà parlé de T. T., qui avait été touché dans son honneur par les moudjahidin.
Si vous permettez, je vais vous parler des différents types de harkis : 1er type, ceux qui ne voyaient de salut dans cette guerre, pour soi-même et pour leur famille, que dans le camp des Français. Ils trouvent alors de quoi manger, ils sont à l’abri du besoin. Deuxième type, ceux qui préservent une situation de fait. Ils ont une allocation ou une pension, ils la préservent, sinon ils (les Français) vont la suspendre. Si les militaires français vont lui demander une mission, il ne va pas refuser. Troisième type, ceux qui veulent montrer qu’ils ont l’autorité et le pouvoir face aux gens du douar.
Il y a des goumiers qui nous voient d’un mauvais œil parce que nous sommes au courant de leurs méfaits et leurs basses besognes. Des harkis jouaient le rôle de proxénètes au service des militaires français. Des femmes faibles sans tuteurs étaient soumises par la force avec l’entremise des harkis.
À l’indépendance, des harkis avaient quitté Messelmoun vers d’autres villes. Six mois après l’indépendance, le responsable politique des moudjahidin de la région de Cherchell, Y. Y., était venu au camp de Messelmoun. Il était en compagnie du moudjahid M. M. et de N. N. (mort bien après dans un accident de voiture à Bakoura, près de Cherchell). Une trentaine de harkis étaient rassemblés en trois rangs. J’étais parmi la foule, observant la scène.
Ce jour, harki N. H. se trouvant près de moi, m’avait dit : « C’est la galère, nous avions soutenu la révolution. Ils [les moudjahidin] nous avaient fait monter au djebel et maintenant, il paraît que nous allions être tués ». Un homme parmi les regroupés s’était avancé vers le responsable ALN, lui demandant des mesures de clémence en faveur des harkis, qui ont des familles à leur charge. Tout de suite après, sans mot dire et en signe d’acquiescement, avait rejoint sa 2CV et s’était dirigé vers Gouraya.
Témoignage de M. B. (né en 1953)
Un collaborateur de l’armée française, un goumier, avait voulu se marier avec une fille, qui n’avait pas accepté. Les goumiers et les harkis étaient venus la prendre de force vers le bureau des militaires près du camp pour une explication. Elle ne voulait pas partir avec eux. Ils la tiraient par les cheveux pour la faire marcher. Nous les enfants, nous les suivions. À l’époque, nous ne savions pas de quoi il s’agissait. Heureusement qu’un Algérien militaire de l’armée française avait pris position contre ce mariage non consenti. Cette fille est encore vivante, habitant avec mari et enfants à l’est de Messelmoun.
Vers la fin de la guerre, nous ressentions un certain relâchement de la part des harkis hargneux. À l’indépendance, il y a des harkis qui avaient quitté leur cité (logements construits dans le cadre du plan de Constantine). Ceux qui n’étaient pas méchants étaient restés et étaient retournés avec leurs familles au douar. Il n’y avait qu’un seul harki qui avait été tué par les moudjahidin à Messelmoun, c’est T. T. Les autres étaient, soit enfuis vers la France, soit restés avec leurs familles. À l’époque, il se disait qu’aucun mal ne doit être fait aux harkis. Parmi ceux qui étaient restés, il y avait ceux qui avaient participé à la construction des gourbis, camps mis en place au douar. C’était une sorte de corvée. Les harkis étaient mal vus, mais comme ils avaient des parents du côté des moudjahidin, ils étaient protégés contre l’invective populaire. Cette protection était plus efficace que le texte d’Évian.
Témoignage de M. M. (né en 1951)
D’une manière générale, les goumiers et les harkis étaient corrects avec nous, ils venaient bavarder amicalement. Le seul harki qui était agressif se nomme S. N., de Mesker. C’est à Bois-Sacré que je l’ai connu. Un jour, il s’était adressé à ma mère, lui demandant où se trouve mon oncle maternel M. L. Elle lui avait répondu qu’elle ne sait pas, il lui a alors dit qu’il [M. L.] avait tué son frère et s’il parvient à mettre la main sur lui, il va le dépecer et il va manger des parties de son corps. Ce jour, ma mère s’était faite toute petite.
Une partie des hommes de l’autodéfense, des goumiers et même des harkis collaboraient avec les moudjahidin. Le plus virulent des harkis se nommait T. T. Il insultait, menaçait et bousculait des regroupés à longueur de journée. Un nommé A. M, harki, chargé du magasin du camp était par contre sympathique. Il laissait la clé de son local aux regroupés. Il demande que l’argent des produits vendus lui soit versé, afin que les militaires ne l’incommodent pas lors des inventaires.
Les harkis qui étaient agressifs avec les gens du camp avaient quitté les lieux vers la France. Ceux qui n’avaient pas d’animosité envers les regroupés étaient restés.
Témoignage de M. G. (né en 1928)
Ils [les militaires français] étaient devenus vraiment virulents, après que les Arabes aient intégré leur rang. De notre famille, de notre hameau, il n’y avait pas de harkis. Du côté de Taghzout, il y avait un harki nommé H. H., qui habitait près de l’habitation du garde champêtre, A. H. Quelques harkis avaient gardé la foi en leur cœur, ils aidaient secrètement les moudjahidin.
Témoignage de D. D. (né en 1936)
Des harkis issus de la fraction Mesker étaient très agressifs envers nous. Les plus virulents étaient T. T. et son ami Y. N. Parmi les éléments de l’autodéfense, il y avait ceux qui avaient causé du tort aux regroupés. Ils avaient accepté de s’armer pour faire du mal à leurs anciens voisins du douar. Ils montraient [aux soldats] du doigt les familles à surveiller de près et à arrêter.
Sans les harkis, les militaires français n’auraient influé aucunement sur notre train de vie. À l’intérieur du camp, c’étaient les harkis qui guidaient les soldats dans leurs basses besognes. De nuit, ils sortaient en patrouille mixte (harkis et militaires). Les harkis indiquaient à leurs maîtres la configuration humaine du camp. Ils leur disaient que dans tel gourbi, il n’y avait que des veuves ou dont les hommes sont au maquis ou dont les hommes sont à l’Est pour travailler. Les huttes dépourvues d’hommes [et dont les enfants sont en bas âge] étaient l’objet d’intrusions courantes des soldats et des harkis. Des femmes étaient convoquées au poste militaire, avec le prétexte que c’est le capitaine qui est l’ordonnateur de telles initiatives.
Durant les opérations d’investissement du hameau par les militaires français, des actes de viols étaient commis. Si dans le ménage, il n’y avait pas d’homme qui défend son petit carré, les femmes seront dénudées, violées, et leurs bijoux volés. Les soldats français et les harkis attentaient aux honneurs des femmes. Des femmes se défendaient âprement, elles griffaient, elles se battaient et elles se sauvaient. Elles ne se soumettaient pas.
Témoignage de A. D. (né en 1939)
Ce sont les harkis qui avaient causé le plus de mal aux regroupés, plus que les militaires français. C’était eux qui connaissaient la véritable configuration du camp, qui connaissaient plus finement les familles et les gens. C’est un sujet délicat. Les atteintes aux honneurs des familles et des femmes étaient monnaie courante au camp. C’est l’une des caractéristiques du camp de Messelmoun : les viols. Ce sont les harkis, qui étaient responsables de ces faits. Il y avait même des harkis, qui s’étaient mariés par la suite avec des regroupées. La femme est une femme […] Il y a plusieurs cas de figures : il y a des viols tout court, des viols suivis de mariages avec des harkis, des tentatives de viols avortées suite aux résistances des femmes puis du voisinage.
Témoignage de A. M. (né en 1928)
Le lendemain, je me suis rendu à un enterrement et j’ai rencontré un des hommes de l’autodéfense que j’avais vu la veille. Il m’avait dit : « C’est nous qui étions près de chez toi la nuit précédente. Dieu vous a protégés et nous a protégés ». C’étaient des harkis qui collaboraient avec l’ALN.
Des harkis étaient corrects avec nous. D’autres étaient plutôt agressifs. Ces derniers étaient à nos trousses. Ils nous disaient : « Vous êtes en train de ravitailler les fellagas ». Ils nous montraient de l’index. Ceux-ci, ne sont pas originaires de notre zone, je ne connais pas leur provenance. Par contre, il y avait des harkis, qui ne nous avaient causé aucun tort. Un harki, nommé C. L., décédé, m’avait surpris avec onze maquisards sortants de chez moi, il n’a pas dit mot, il avait préservé le secret. Je ne dois pas nier son digne comportement. Le lendemain lors d’un enterrement, il m’avait dit : « Vous aviez eu des invités chez toi, hier ». J’ai nié en baissant la tête. Il avait poursuivi : « J’ai vu le guetteur B. R. avec son mousqueton assis sur une pierre près de ta porte ». Mon ami lui avait dit : « Oui. Nous avions des invités ». Ce harki avait préservé le secret. D’autres harkis, que je connaissais auparavant ne s’étaient pas montrés agressifs à notre encontre.
Durant les ratissages, les militaires français étaient accompagnés par les harkis de Zatima, qui étaient très virulents. Ils volaient tout ce qu’ils trouvaient à leur portée, de la nourriture, les ustensiles et les vêtements.
Témoignage de M. G. (né en 1950)
Des ratissages et des fouilles au douar, je me rappelle bien des harkis de Zatima, qui ne laissaient rien lors de leur passage. Ils volaient tout : des poules, des vêtements, des aliments, du miel, etc. Leur cantonnement était installé au niveau de l’actuelle centrale électrique de Hadjeret Ennous.
Témoignage de A. T. (né en 1943)
Les harkis et les goumiers [durant la guerre], fonçaient avec violence dans notre mechta. Ils nous volaient des poules, des grenadiers, des raisins […] Ils ne laissaient rien sur leur passage. Et nous ne pouvions même pas rouspéter. Ils étaient capables de nous emprisonner ou de nous tuer.
À l’indépendance, des harkis s’étaient éloignés de Novi. De ceux qui étaient restés, une partie avait subi de longues peines de prison.
Témoignage de A. K. (né en 1949)
C’était surtout les harkis qui nous avaient causé le plus de mal. C’était des supplétifs issus des hauteurs de Dupleix, de Beni Hettita. Je me rappelle bien de deux, dont un nommé H. Il avait le grade de sergent. C’était lui qui était le plus virulent. Il m’avait tant de fois giflé, il m’avait tant de fois donné des coups de pied. C’était notre Azraël.
Témoignage de H. K. (né en 1953)
Un harki voulait ôter l’emblème à ma maman, qui l’avait mordu à la main, ce qui avait obligé le supplétif à lâcher prise. Je me rappelle d’un lieutenant français qui observait la scène.
Témoignage de M. I. (né en 1940)
Suite à mon arrestation, un supplétif qui a un lien de sang avec moi, en étant mon cousin maternel, m’a frappé avec la crosse de son fusil, en me disant : « Hé cousin ! Ne crois pas que tu vas être capable de te sauver. Ne pense pas que je vais te ménager. Je vais te brûler. Je vais faire sortir tes entrailles ».
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