Nelson Mandela (5e à partir de la g.), à côté de Mohamed Lamari, au camp d’entraînement de l’ALN, le 20 mars 1962, à Oujda. © Archives JA
Le nouveau stade de Baraki, situé dans la banlieue ouest d’Alger, portera le nom de Nelson Mandela. Les autorités algériennes ont décidé de le baptiser du nom de l’ex-leader de l’ANC et ancien président de l’Afrique du Sud en raison de ses relations particulières avec l’Algérie.
D’une capacité de 40 000 places, construit par l’entreprise chinoise China Railway Construction Engineering Group pour un montant avoisinant 200 millions d’euros, ce stade fait partie des six enceintes retenues dans le cadre du dossier de candidature déposé par la Fédération algérienne de football (FAF) pour l’organisation de la CAN 2025.
FLN, ANC, même combat
Les liens entre Nelson Mandela et l’Algérie remontent à l’époque qui a précédé la proclamation du cessez-le-feu de mars 1962. Dans ses Mémoires, Conversations avec moi-même, parus en 2010 et préfacés par Barack Obama, l’ancien président sud-africain s’est épanché sur cet épisode qui l’avait amené à côtoyer les dirigeants de la révolution algérienne. Il y racontait aussi l’impact que celle-ci avait eue sur la lutte armée contre le régime de l’apartheid. « La situation en Algérie était pour nous le modèle le plus proche du nôtre parce que les rebelles affrontaient une importante communauté de colons blancs qui régnait sur la majorité indigène », écrit-il dans ses Mémoires.
Sur invitation d’Ahmed Ben Bella, un des dirigeants du FLN, Nelson Mandela prend ce jour-là le train à Rabat en direction d’Oujda en compagnie de Robert Resha, ancien journaliste et membre de l’ANC, pour visiter le QG de l’état-major de l’Armée de libération nationale (ALN).
À son arrivée à Oujda, Nelson Mandela est accueilli par Noureddine Djoudi, chef de section politique à l’ALN et futur ambassadeur d’Algérie en Afrique du Sud, qui lui servira d’interprète et de guide au cours de ce bref séjour parmi les combattants et dirigeants algériens.
Au QG d’Oujda, Nelson Mandela aura de longues discussions avec le docteur Chawki Mostefaï, chef de la mission diplomatique du GPRA auprès de l’État marocain. Il rencontre également un dirigeant de l’ALN, Cherif Belkacem, qui deviendra plus tard ministre et un des amis intimes du président Houari Boumédiène.
Théorie de la guérilla
Mandela raconte la teneur de ces échanges : « Le Dr. Mustafa nous a raconté comment le FLN avait commencé la lutte avec quelques attentats en 1954, ayant été encouragé par la défaite des Français à Diên Biên Phu, au Vietnam. Au début, le FLN croyait pouvoir vaincre les Français militairement, puis il s’est rendu compte qu’une victoire purement militaire était impossible. Les responsables du FLN ont donc eu recours à la guerre de guérilla. Il nous a expliqué que ce genre de guerre n’avait pas comme objectif de remporter une victoire militaire mais de libérer les forces économiques et politiques qui feraient tomber l’ennemi. Le Dr. Mustafa nous a conseillé de ne pas négliger le côté politique de la guerre tout en organisant les forces militaires. »
Hébergé dans une ferme d’orangers appartenant à un Algérien, Nelson Mandela visite ensuite le centre d’entraînement de l’ALN, à Zeghanghane, dans la province de Nador. Ici, le chef de l’ANC, habillé en tenue safari, reçoit une brève initiation au maniement des armes et des mines. Il y rencontre un officier du nom de Mohamed Lamari, qui sera, des années plus tard, chef d’état-major de l’armée et l’un des généraux les plus puissants des années 1990.
C’EST L’ARMÉE ALGÉRIENNE QUI A FAIT DE MOI UN HOMME
Flanqué de son interprète et de Cherif Belkacem, Nelson Mandela visite ensuite le musée d’armements de l’ALN, ainsi que le centre de transmissions. À la fin du diner organisé en son honneur, il assiste à des représentations théâtrales qui glorifient la lutte pour l’indépendance. Le lendemain, ses hôtes lui organisent une virée dans un camp de l’ALN, à quelques encablures des troupes françaises stationnées aux frontières avec le Maroc. Dans ses Mémoires, Nelson Mandela se souvient de ce moment si particulier : « Nous avons visité une unité sur le front ; à un moment, j’ai pris une paire de jumelles et j’ai vu des soldats français de l’autre côté de la frontière. J’avoue que j’ai pensé voir les uniformes des forces de défense sud-africaines. »
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