Quel Chaumontais n’a jamais croisé cet homme droit à la barbe bien taillée ou ne l’a remarqué dans les cérémonies patriotiques ? Le colonel Henry Dutailly est en effet une figure locale. Il a bien voulu nous retracer sa carrière, celle d’un militaire devenu historien reconnu.
Henry Dutailly est né à Moriviller (Meurthe-et-Moselle) en 1933 d’un père officier légionnaire. La famille Dutailly est haut-marnaise depuis le XVIIIe siècle. Henry est le petit-neveu de Gustave Dutailly, natif du Bassigny, député de la Haute-Marne de 1881 à 1902, également journaliste et botaniste, mais plus encore collectionneur d’affiches, dont il fera don à la Ville de Chaumont en 1905.
Au gré des affectations de son père, Henry Dutailly passe son enfance à Meknès au Maroc. Il sera l’aîné de six enfants, cinq garçons et une fille. Il redécouvre la France en 1945 et passe son adolescence à Nancy. Baigné dans un milieu qu’il ne renie pas, Henry Dutailly s’oriente tout naturellement vers une carrière militaire et entre à Saint-Cyr en 1953 pour deux ans d’études. Suivent six mois de spécialisation dans l’infanterie coloniale. En avril 1956, il est envoyé pour un premier séjour en Algérie, dans une compagnie motorisée de la Légion, jusqu’au 30 juin 1960.
Il est chargé en septembre 1958 de faire campagne auprès des natifs pour leur participation au référendum constitutionnel. C’est également en 1958, que Henry Dutailly épouse Ghislaine. Il quitte l’Algérie en 1960 pour devenir chef d’une section d’élèves officiers à l’école de Coëtquidan et où, lui-même, obtient ses galons de capitaine. Son épouse et leurs deux premiers enfants le rejoignent. La famille s’agrandira jusqu’à compter quatre filles et deux garçons.
A l’issue de ces deux années en Bretagne, le voici de nouveau muté en Algérie, au 2e REP pour assurer la sécurité du port de Mers-El-Kebir. Rappelons qu’après l’indépendance de l’Algérie signée le 5 juillet 1962, l’Armée française mettra sept ans à quitter le territoire. Henry Dutailly commande la 3e compagnie, des légionnaires parachutistes qu’il forme aux opérations amphibies avec des embarcations pneumatiques Zodiac, une innovation qui perdure encore aujourd’hui. De retour d’Algérie en 1965, Henry Dutailly prépare un brevet technique d’histoire militaire à la faculté des lettres de Toulouse et par correspondance. En 1966, il part pour deux ans à Aubagne pour la gestion du personnel de la Légion, sa dernière affectation en unité.
Thèse de doctorat en histoire
Licencié en histoire, admis avec mention au brevet technique, il est détaché en université pour préparer un diplôme d’études politiques en relations internationales. Son professeur principal l’oriente vers le droit de la guerre qui va lui prendre deux nouvelles années.
De 1971 à 1975, il est professeur à l’Ecole de guerre et accède au grade de commandant en 1972. En 1975, on le retrouve pour deux ans au 170e régiment d’infanterie d’Epinal durant lesquels il passe lieutenant-colonel. En 1977 et pour cinq ans, le voici chargé d’études puis directeur des études et publications service historique des armées au château Vincennes. En même temps, il prépare une thèse de doctorat intitulée “Les problèmes de l’armée de terre 1935-1939”. En 1982, il se porte volontaire pour créer, au titre de la coopération, le Service historique de l’armée tunisienne, une histoire qu’il fait remonter à Hannibal et aux Carthaginois, 218 ans avant JC. Accessoirement, il participe à la création d’un musée militaire à La Manuba, dans la banlieue de Tunis.
L’année 1984 marque un tournant. Henry Dutailly est nommé, à sa demande, Délégué militaire départemental à Chaumont. Son rôle consiste à superviser l’instruction des réservistes et des préparations militaires (une cinquantaine de lycéens par an), à être le référent militaire du préfet et de contribuer au bon déroulement des manœuvres. Il accède au grade de colonel le
1er janvier 1985. L’heure de la retraite sonne en 1990. Retraite ? Le mot n’a pas grande signification pour un homme aussi actif et aussi passionné d’histoire. Il va d’abord s’adonner à l’écriture, “Histoires du passé haut-marnais 1544-1645”, paru en 1992, la suite, “1646-1789”, en 1993, “La liberté enfin !” en 1994, “Cinquante-deux Haut-Marnais, soldats de la Grande Guerre”, en 2018. Parallèlement, il s’occupe de la Prévention routière, de la Croix-Rouge, de la lutte contre l’alcoolisme. Il est aussi rotarien, gouverneur de district 1998-1999 et surtout, durant 30 ans, président de l’Union nationale des combattants de 1993 au
22 octobre dernier.
https://jhm.fr/colonel-henry-dutailly-histoire-dune-figure-chaumontaise/
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De notre correspondant Benoît Gruhier
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