Au micro de Flavie Flament dans Jour J , Annick Cojean, grand reporter au Monde retrace le parcours prodigieux de Gisèle Halimi.
Avocate et militante féministe, Gisèle Halimi a été l’une des premières à se battre contre le viol et la torture. "Elle n’avait peur de rien et elle a risqué sa vie.[…] Quand elle a découvert ce qui se passait en Algérie, elle a été horrifiée", décrit Annick Cojean dans Jour J qui retrace l'un des combats de Gisèle Halimi en Algérie dans les années 60.
Arrêtée dans la nuit du 10 au 11 février 1960, Djamila Boupacha , membre du Front de libération nationale, a été torturée et violée par des militaires français. Contactée par le frère de la victime, Gisèle Halimi part en Algérie pour la rencontrer. "La première fois que je la vois, je vois les trous de cigarettes dans les seins, je vois dans le parloir de Barberousse à Alger les traces de liens sur ses poignets, je vois qu’elle a une côte cassée, elle peut à peine parler", décrit Gisèle Halimi dans un entretien en 2008 sur Cairn.info .
"Elle (Djamila Boupacha, ndlr) finit par lui dire qu’elle n'est sans doute plus vierge, qu’elle a été violée. Elle n’ose même pas en parler, car c'est elle qui va être supposé coupable et ça horrifie Gisèle qui va revenir en France et qui va faire un bruit colossal autour de ça. Elle va prévenir Sartre et Simone de Beauvoir , qui va devenir sa principale alliée", précise Annick Cojean.
Des manifestations internationales pour Djamila Boupacha
Un comité de défense va être lancé et porté par des grands intellectuels. Les manifestations pour l’affaire Boupacha traverseront les frontières, de Tokyo à Washington, Gisèle Halimi va rassembler le monde autour de cet événement politico-judiciaire.
"Au fond, il y a plein de Djamila Boupacha, mais elle (Gisèle Halimi, ndlr) prend toujours un exemple pour en faire un énorme tumulte et dénoncer la torture et le viol. Elle disait : ‘On ne pourra plus jamais dire qu’à Paris, on ne savait pas ce qu’il se passait à Alger’. On ne pouvait plus ignorer que le viol était utilisé comme une sorte d’arme de guerre à l’encontre des Algériennes", analyse Annick Cojean sur RTL
Parler de viol dans l'affaire Djamila Boupacha était la seule manière pour Gisèle Halimi de démontrer que les aveux dit sous la torture, n'ont aucune valeur juridique. L'avocate soulignait le courage de sa cliente à parler publiquement des violences qu'elle a subies, tandis que les autres exigeant d’elle le secret.
Elle recevait à Paris, des tas de petits cercueils dans sa boîte aux lettres
Annick Cojean
Ce combat contre les violences sexuelles, Gisèle Halimi l’a mené en dépit des nombreuses menaces de mort. "Elle a risqué sa vie, elle a été condamnée à mort par l’OAS . Elle recevait à Paris des tas de petits cercueils dans sa boîte aux lettres . Il fallait un courage physique et moral, mais surtout physique, car à chaque fois qu’elle allait à Alger, elle risquait de se faire tuer", précise la journaliste et amie de l'avocate.Le 24 mai 1962 , Gisèle Halimi réussit à faire libérer Djamila Boupacha de la prison de Rennes, sans être jugée ou condamnée, à la faveur de l’amnistie prononcée par le général de Gaulle. Jour J, c'est l'émission des grands entretiens d'actualité internationale, culturelle, économique et politique. Chaque jour sur RTL de 20h à 21h et en podcast, Flavie Flament reçoit un acteur de l'actualité et revient avec lui sur une date fondamentale de sa vie.
https://www.rtl.fr/actu/justice-faits-divers/gisele-halimi-pourquoi-a-t-elle-ete-condamnee-a-mort-par-l-oas-7900203247
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