Le nationalisme algériens, les premiers mouvements.
La rancoeur des Musulmans reste vive, après le décret Adolphe Crémieux, et l’accès à la nationalité française des Juifs arabes. Pour les Musulmans qui en sont écartés, c’est une humiliation qui est vite exploitée par le « Parti des Jeunes Algériens ».
Il s’agit d’une formation politique opposée au parti des « Vieux Turbans », des amis de la France où sont recrutés les administrateurs musulmans, les Kaïds, les Bachagas.
Autre point de désaccord, la loi des « 3 ans » concernant le service militaire voté en 1912, en prévision de la guerre (1ère guerre mondiale) qui se profile à l’horizon ; les Musulmans seront soumis au même régime que les Français.
La réorganisation républicaine fait des mécontents chez les Musulmans, mais les Européens aussi prennent leur part de protestation contre le Gouverneur Général à Alger, dont ils dénonce nt l’inefficacité.
Les Européens protestent contre la loi des « 3 ans ». Ils réclament de leur côté la gestion de leurs propres affaires ; (le budget en particulier). En 1892, le gouvernement de la 3eme république décrète « l’extention des missions du Gouvernement Général ».
La question de la « nationalité française », fut un point central de désaccord entre les élites musulmanes et le gouvernement Crémieux, (3eme république).
Au sein du parti des « Jeunes Algériens », certains refusent de se soumettre aux décisions françaises, d’autres engagent le dialogue et acceptent l’idée du service militaire, mais sous certaines conditions. Le gouvernement français, en accédant à leurs revendications semble manifester à leur égard, une « marque de confiance », une main tendue.
Les « Jeunes Algériens » n’ignorent pas non plus les réticences de la part des Européens qui en 1914, ne sont que 800 000 et les Musulmans 5 millions. Il existe en effet un différentiel démographique très important, faisant craindre aux Européens, avec l’augmentation des naissances chez les Musulmans, un déséquilibre dans les assemblées élues et les décisions en découlant.
Le problème du statut coranique revient à la charge.
Le parti des « Jeunes Algériens » tente de faire fléchir le gouvernement. Raymond Poincaré les reçoit à Paris et leur fait promesse d’accéder à leurs propositions. Mais nous sommes à la veille de la guerre et Raymond Poincaré les rassure : « Soyez certains que la France fera bon accueil à ce que nous considérons comme des compensations équitables de la charge nouvelle qu’on vous impose ».
Les demandes des « Jeunes Algériens » :
1/ La suppression du Code de l’Indigénat,
2/ Réduire les inégalités sociales,
3/ Développer en Algérie, partout, l’enseignement,
4/ Augmenter le nombre des Musulmans dans les assemblées élues,
5/ La citoyenneté française doit être compatible avec le statut coranique.
Le dialogue s’installe avec Poincarré et le parti des « Jeunes Algériens » est tout près d’aboutir. Or, le déclenchement de la guerre en 1914, interrompt brutalement ces négociations.
Les troupes algériennes engagées sur le Front vont accomplir avec un courage exemplaire leur devoir et vont mourir par milliers sur le front, à l’instar de leurs camarades Français, Africains, etc.
En face, les Allemands tentent de les pousser à la désertion. Mais, loin de se « laisser griser par la propagande massue à leur encontre, ils restent fidèles au poste ».
C’est à leur retour du front que les soldats survivants qui ont payé le prix du sang versé, regardent désormais vers l’avenir. Le Gouvernement français accorde, le 14 février 1919, partiellement satisfaction à leurs revendications d’avant-guerre, sept ans plus tôt : une égalité fiscale, l’accès à l’éligibilité de tout Musulman de 25 ans ayant servi dans l’armée, être propriétaire, commerçant, fonctionnaire ou diplômé de l’université, suppression de l’internement administratif et des pouvoirs disciplinaires de l’administration.
L’écueil principal perdure : le statut coranique qui bloque l’accès à la citoyenneté française.
Pour les « Jeunes Algériens », c’est inacceptable. Car le Gouvernement oblige les Musulmans à renier l’Islam.
En 1921, Alexandre Millerand, lors d’un voyage en Algérie propose une « assimilation » par étapes, jugeant que le gouvernement veut aller trop vite.
Le réveil de « l’Islam ».
Après la première guerre mondiale, l’Empire turc s’écroule et disparaît. En Turquie (sauf en Anatolie) Kemal Attaturk, devient le fer de lance du Nationalisme turc, influencé par l’Europe. Kemal Attaturk prône la laïcité et se dote d’un Code civil, ce qui est une originalité révolutionnaire en pays musulman. A part la Mecque considérée comme les « lieux saints » de l’Islam et libérée par le Colonel Lawrence d’Arabie de la tutelle turque, la quasi totalité des pays musulmans du Moyen-Orient et de l’Asie mineure sont sous influence britannique.
Le « réveil musulman » va se propager très ramidement, « lié à l’idée de progrès scientifique et technique à l’imitation de l’Occident ».
L’Arabie (actuelle Arabie Saoudite), est le seul pays à refuser les influences occidentales et reste crispée sur un Islam moyenâgeux, (le Wahhabisme), doctrine qui s’incrustera définitivement dans ce pays.
Le premier congrès arabe.
Il est organisé par les ressortissants syriens et libanais vivant en France. L’Emir Chekib Arslan, libanais vivant à Genève publie en français, la revue « Nation arabe ». Dans cette revue, il peut diffuser ses idées jusqu’en Indonésie Notons que plus tard, Kemal Attaturk et ses idées de laïcité, inspirées de la franc-maçonnerie seront reprises par les Indonésiens au grand dam des Musulmans traditionnalistes.
Parmi le monde arabe, les jeunes intellectuels s’ouvrent aux idées occidentales auxquelles ils sont très sensibles, et les considèrent comme un moyen de modernisation des pays musulmans.
En 1931, à Genève Chekib Arslan organise un Congrès Général musulman dont le thème principal porte sur « l’Islam face à l’Occident ».
Messali Hadj.
Parmi le public, un homme. Il est Algérien, communiste, fiché par la police française comme « agitateur ». Messali Hadj très imprégné des idées et des discours d’Arslan est aussi le fondateur en 1924 de la revue « l’Etoile Nord-Africaine ». Messali Hadj est doublement influencé, par Arslan et par l’Emir Khaled, le petit-fils d’Ab-del-kader qui prône une représentation au Parlement à proportion égale avec les Européens d’Algérie, la liberté au culte musulman de la loi de la « séparation d l’Eglise et de l’Etat ». Ses propositions ne verront aucun aboutissement. Il s’exile en 1923.
Messali Hadj lui, veut aller encore plus loin que l’Emir. Il revendique tout bonnement l’indépendance de l’Algérie ce que personne à l’époque dans les milieux musulmans, ni n’envisage, ni ne désire.
Messali Hadj en est pour ses frais, ne trouvant aucun crédit à ses idées devant ses compatriotes algériens, alors, il décide de traverser la Méditerranée, de se rendre à Paris où vit une communauté d’Algériens. Il va « prêcher la bonne parole », faire du porte à porte parmi ces populations installées en France. Il organise de nombreuses conférences, son public s’élargit considérablement et son slogan repris par ses compatriotes pendant les réunions font florès : « Vive l’Algérie du Nord indépendante ! ».
Il est aussi encouragé par une victoire au Maroc par Abd-El-Krim se ventant de pouvoir « soulever tout le Maghreb » contre les Français, de les chasser d’Algérie. C’est ce que veut entendre Messali Hadj et il va en faire commerce. Mais la guerre du Rif est loin d’être terminée. Abd-El-Krim est vaincu par les deux armées conjointes – française et espagnole ».
Pour Messali Hadj cette défaite sonne le « glas de tous ses espoirs d’indépendance ». Mais son désarroi est de courte durée, il ébauche un programme politique futur.
Il rompt avec le communisme et leur influence et se lance dans le « mouvement panarabique » qui prend de l’essor. Il se rend à Bruxelle en 1927, foyer d’agitation dans les milieux musulmans émigrés, où il expose son programme entièrement axé sur « l’expulsion des troupes françaises et des revendications d’ordre social : expulsion des Européens possédant des exploitation agricoles et leur remise immédiate aux Fellahs.
Etroitement surveillé par le Gouvenement français, son journal : « L’Etoile Nord-Africaine » est dissous en 1929. Il le reconstitue en 1932, tout juste un an après la fameuse conférence de Chekib Arslan à Genève. Il crée un journal : « l’Oumma » tiré à 44 000 exemplaires. Autant dire que ses idées se diffusent. Messali Hadj est arreté. Au sortir de son incarcération, il s’installe à Genève où il rejoint Chekib Arslan. Il recrée un journal : « La Glorieuse Étoile Nord-Africaine ».
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samedi 6 août 2022
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