Synopsis
En 1954, Hélène et Fernand Iveton tombent amoureux. Avec lui elle part pour Alger, découvre sa beauté et l'attachement que Fernand porte à son pays. Alors que l'Algérie et la France se déchirent, leur vie bascule. L'histoire vraie du combat d'un couple pour la liberté.
• Titre original : De nos frères blessés
• Support testé : Blu-ray
• Genre : drame, biopic
• Année : 2020
• Réalisation : Hélier Cisterne
• Casting : Vincent Lacoste, Vicky Krieps, Jules Langlade, Marc Brunet, Thomas Ducasse, Jeanne Carré, Raphaël Thiéry, Yoann Zimmer
• Durée : 1 h 34 mn 13
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,85/1
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 5.1 et 2.0 français
• Bonus : commentaire audio de Hélier Cisterne - Dehors, premier court métrage de Hélier Cisterne (2002, 27 mn 27) - bande annonce (1 mn 49)
• Éditeur : Diaphana Editions Video
Commentaire artistique
En 2016, l'ouvrage « De nos frères blessés » de Joseph Andras reçoit le prix Goncourt du premier roman. Cet ouvrage est consacré à Fernand Iveton, militant communiste rallié au FLN, qui sera le seul européen parmi les 198 prisonniers guillotinés de la guerre d’Algérie. Il a été exécuté le 11 février 1956 à la suite du jugement expéditif rendu par le tribunal militaire d’Alger présidé par le juge Roynard. Torturé dès son arrestation Fernand Iveton n’a pu compter pour sa défense que sur deux avocats commis d’office. Son recours en grâce est rejeté par le président René Coty après l’avis négatif du garde des Sceaux François Mitterrand (qui abolira la peine de mort en 1981 !) et du président du conseil Guy Mollet. Le prix Goncourt raconte sous forme de fiction le destin de cet homme et de son entourage, notamment sa femme Hélène et son ami Henri, en s’appuyant sur l’ouvrage de référence de Jean-Luc Einaudi « Pour l’exemple, l’affaire Fernand Iveton » (1986) basé sur le témoignage d’Hélène Iveton. Cette histoire forte mais romancée sur un sujet ultrasensible, voire tabou, concernant les exactions françaises durant la guerre d’Algérie a suscité deux adaptations, l’une pour le théâtre en 2018, l’autre pour le cinéma en 2022 avec le film De nos frères blessés. Le scénario est écrit par Katell Quillévéré et Hélier Cisterne, ce dernier étant par ailleurs le réalisateur. Ce biopic fidèle et évocateur a pu compter sur l’engagement de deux excellents interprètes : Vicky Krieps et Vincent Lacoste qui jouent Hélène et Fernand. L’ami et militant Henri Maillot est incarné par Yoann Zimmer, Pascal Iveton par Marc Brunet et Jacqueline Gerroudj par Myriam Ajar. Si cet excellent casting sert admirablement un récit intense, entrecoupé de flash-backs, De nos frères blessés doit une part de son intensité à la qualité de sa reconstitution : tourné en partie à Alger, le film possède une superbe photographie avec travellings et plans-séquence signée d’Hichame Alaoulé qui met en valeur le soin apporté aux décors et aux costumes. Histoire extraordinaire d’un homme ordinaire qui croyait en ses convictions politiques et qui a toujours clamé (sans qu’on ne l’écoute) n’avoir voulu provoquer que des dégâts matériels, De nos frères blessés prolonge avec exemplarité le souhait du romancier : rendre justice et saluer la mémoire du militant. Sous sa forme filmique, l’engagement constant du personnage, sa rencontre avec sa future épouse Hélène et leur passion réciproque, réunit tous les ingrédients d’un grand film politique qui ne craint pas de soulever le voile sur des turpitudes historiques longtemps dissimulées (la face cachée de la république dirigée par la gauche…). Il accomplit un joli travail de mémoire sur cet ouvrier tourneur presque oublié dans les méandres de la guerre d’Algérie, même si son cas fut dénoncé, entre autre, par Jean-Paul Sartre (« Nous sommes tous des assassins », 1958). Le film, sans négliger le contexte et les faits, qui sont souvent dépeints avec une subtilité exemplaire (cf. communismes au pouvoir, clivages dans le conflit algérien, etc.), propose une vision plus intime de cet anti-héros en s’attachant au couple. Le portrait d’Hélène compte autant que celui du militant. Dans un registre peu ordinaire, Vincent Lacoste incarne avec sincérité la banalité de son personnage, mais c’est Vicky Krieps qui capte l’attention et s’impose grâce à son jeu mêlant douceur et engagement. De nos frères blessés est un film passionnant qui interroge ponctuellement sur la complexité des relations franco-algérienne et qui n’esquive pas les zones d’ombre d’une période trouble de notre histoire. On peut regretter le parti pris cinématographique de privilégier principalement les relations du couple au détriment des faits contextualisés et de ne pas posséder l'âpreté du film La Question (1977) de Laurent Heynemann. Quoi qu’il en soit, De nos frères blessés mérite d’être vu pour son indéniable intérêt historique et pour Fernand Iveton, personnage longtemps oublié des livres d’histoire. Édifiant.
Commentaire technique
Image : copie HD, superbe définition et excellent piqué sur les détails, texture argentique fine et régulière (tourné en Super 35 mm), gestion naturaliste du contraste, image lumineuse, basse lumière avec du détail dans les ombres, noirs soutenus, étalonnage typé et colorimétrie réaliste aux teintes naturelles nuancées
Son : mixage français 5.1, dialogues clairs, excellente dynamique sur les ambiances (rue, tribunal) et la musique suggestive d’Emile Sornin, spatialisation naturaliste aux effets surrounds immersifs et naturels (prison, usine, salle du tribunal), LFE efficace
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