En taxant les députés NUPES et singulièrement LFI d'antisémitisme en plein hémicycle, le gouvernement et les députés Renaissance, banalisent le crime et parachèvent la respectabilité présumée du RN.
Il ne leur reste que cela. En l'absence de majorité, dans un contexte socio-économique hyper tendu, ce 2 août, le gouvernement a abattu sa dernière carte face à l'opposition de gauche en la vouant aux gémonies de l'antisémitisme.
Ce fut d'abord le très sioniste soutien du gouvernement Netanyahou, M Habib qui sonna la charge. Ses insultes auraient pu en "toucher une sans faire bouger l'autre", tant l'homme est connu pour ces outrances pro-israéliennes et islamophobes. Cependant, le garde des sceaux, qui au lendemain des législatives fut l'un des tous premiers à tendre la main à l'extrême droite, reprend à son compte les accusations. Enfin ce fut au tour de Madame Borne, première ministre sans portefeuille ni pouvoir de tenter avec ses gros sabots de scinder l'opposition de gauche en déclarant que bien sûr PCF EELV et PS étaient dans le champ républicain tout en excluant LFI.
Madame la première ministre, sans doute oublieuse de la quasi réhabilitation de Pétain, puis de Maurras par son patron entre 2018 et aujourd'hui, trouvait ce qu'elle pensait être une issue.
L'accusation d'antisémitisme, jusqu'ici, faisait figure d'arme atomique à l'encontre de l'accusé. Or, l'utiliser en ce lieu et ainsi a deux effets délétères
D'abord, elle banalise la gravité de l'accusation. Si, en effet, 75 députés étaient effectivement antisémites, ces derniers devraient être interdits d'assemblée, traduits devant la justice et condamnés. Or bien sûr rien de tel dans le cas présent. Conclusion, l'antisémitisme peut être brandi en plein parlement, par les plus hauts personnages de l'État sans que cela soit suivi du moindre effet réel hormis d'agiter les plateaux et les réseaux sociaux pour 24 heures. L'antisémitisme devient donc une accusation banale, courante, un effet de manche pour quiconque dispose d'une tribune.
Le second but de l'opération médiatico politique est purement politicien : il consiste à accoler Gauche (radicale) à antisémitisme dans une sorte de délire révisionniste officiel afin de mieux disculper les vrais antisémites historique, le courant antisémite ultra majoritaire à savoir l'extrême droite. C'est ainsi que le délirant Onfray, en retraçant la généalogie de l'antisémitisme, évite soigneusement d'évoquer le nazisme... et même les antidreyfusards pour fustiger l'antisionisme. Tenter ainsi de bouter hors de la République le camp qui célèbre l'homme qui en a forgé la devise, Robespierre, (et qui se battit pour la citoyenneté pour les juifs !), pourrait être ridicule mais...
C'est le troisième acte de la tragédie qui se joue en fait. Après l'élection grotesque d'un Président détesté grâce à un électorat taxé aujourd'hui d'être antisémite, le deuxième acte fut celui de la trahison, par l'alliance manifeste de la minorité parlementaire avec les représentants fascistes du RN. Le troisième acte est celui où le noeud gordien se resserre sur les acteurs. En abattant un mois après les élections la carte offensive la plus disqualifiante pour l'opposition, la Macronie est déjà à nu. Une fois l'effet retombé, que lui restera-t-il ? Rien si ce n'est la gestion des pots cassés. La Macronie n'a plus rien en stock, ni contre LFI, ni surtout contre le RN.
La rentrée sera très compliquée à gérer et le quatrième acte sera celui de la dissolution, celui où les protagonistes en se débattant dans tous les sens se condamnent définitivement. Le dernier acte sera le triomphe de l'extrême droite aux prochaines législatives qui aura pu nouer des alliances de Reconquête à LR, et qui sera en position de force si par miracle elle n'est pas majoritaire.
Macron aura donc sa cohabitation avec Le Pen. Les deux seront d'accord pour restreindre le droit d'expression de la gauche jugée extrémiste, puis la radicale, puis la modérée. On y va tout droit. Les Français regardent ailleurs.
SOURCE : Antisémitisme : la faute majuscule de la Macronie | Le Club de Mediapart.
Apartheid, le bal des Hypocrites
L’institutionnalisation de l’apartheid par Israël ne fait plus aucun doute pour les juristes internationaux, qu’ils opèrent dans les institutions officielles ou dans les grandes ONG.
L’UJFP a déjà écrit à ce sujet, et encore récemment dans le communiqué de la Coordination nationale du 24 juillet.
Non, le crime d’apartheid ne se juge pas par l’identité de forme avec le régime imposé par le pouvoir blanc en Afrique du Sud, maintenant honni par tous quand il bénéficiait jusqu’à sa chute du soutien de bien des discoureurs d’aujourd’hui (notamment le soutien permanent d’Israël, soit dit en passant).
Oui par le refus du droit au retour des réfugiés, par les discriminations institutionnelles entre Juifs et Palestiniens en Israël même comme dans les territoires occupés, par le blocus de Gaza, Israël coche de nombreuses cases de l’énumération des caractéristiques d’un régime d’apartheid dans les différentes conventions internationales sur le crime d’apartheid.
Et le crime d’apartheid ne résume pas à lui seul tous les crimes de guerre et crimes contre l’humanité que commet Israël.
Nous avons déjà écrit que le geste de Jean-Paul Lecoq, député communiste de Seine Maritime, du groupe GDR et de députés LFI proposant un projet de résolution à l’Assemblée nationale avait l’immense mérite de faire entrer dans le débat politique officiel cette dénonciation de l’institutionnalisation du régime d’apartheid imposé au peuple palestinien.
Nous avons déjà dénoncé la campagne de calomnies qui s’est immédiatement développée dès la publication de ce projet : les défenseurs inconditionnels du sionisme, sans le moindre argument pour critiquer l’argumentation du projet de résolution, ont aussitôt brandi hors de toute décence l’argument de l’antisémitisme, dès lors que les fondements de la création d’Israël sont interrogés. Cette campagne d’une droite sioniste décomplexée (la LICRA, le CRIF, Goldnadel, Prasquier, Aurore Bergé, Sylvain Maillard, Meyer Habib…) bénéficie du silence des autorités de l’État, occupées à recevoir avec les honneurs le commanditaire de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, avant que cet après-midi même le Garde des Sceaux crée le buzz en relançant l’accusation inepte d’antisémitisme contre « l’extrême gauche ». Cette campagne se déroule au moment où précisément Israël est dans un temps fort de colonisation, notamment à Jérusalem Est, et dans un temps fort de discriminations légales visant à favoriser les expulsions et les départs des Palestiniens.
Cependant, nous devons dire un mot des critiques adressées au projet de résolution par ceux qui se veulent progressistes, mais veulent encore aujourd’hui protéger l’État d’Israël des accusations portées par le projet, en cherchant à tout prix et contre toute évidence à ne voir dans les crimes commis que le résultat des politiques des gouvernements de droite.
A titre d’exemple, on voit Christian Picquet, désormais dirigeant du PCF, exhorter dans son blog ses camarades députés à retirer leur projet qui alimenterait l’antisémitisme. Se parant du titre de fondateur unique du Collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens (ce qui est un tant soit peu abusif), il se prétend fondé à « (…) démentir des assertions aussi ignorantes de l’histoire que totalement contraires aux valeurs et positions traditionnelles de mon propre camp, la gauche, et de mon parti, le Parti communiste français ».
On voit le Centre Medem, faisant fi de ses origines antisionistes du Bund, dénoncer de même ce projet. Lui aussi fait semblant de croire que seul le régime sud-africain mérite le terme d’apartheid. Et il ose même reprocher au projet d’ignorer « (…) délibérément la participation active des citoyens arabes aux instances de la démocratie israélienne », faisant probablement référence au parti de la droite islamiste arabe un temps associé en roue de secours aux projets réactionnaires du gouvernement Bennett !
Non, la destruction des Juifs d’Europe n’autorise pas Israël à se parer de cette Histoire pour justifier d’être hors-la-loi commune. L’égalité des droits est un combat qui vaut pour toutes et tous. Il vaut pour ici comme pour là-bas. Nous le poursuivrons sans relâche.
La Coordination nationale, le 2 août 2022
SOURCE : Apartheid, le bal des Hypocrites - UJFP
Comme une coïncidence il y a 2 ans, jour pour jour, le 2 août 2020 je mettais en ligne un article intitulé "Palestine, le cri de Gisèle Halimi".
ATTENTION PAS D'AMALGAME : ce qui est condamné ici c'est la politique extrémiste et colonialiste du pouvoir d'Israël. Nos amis de culture juive, s'ils n'approuvent pas cette politique terroriste et mortifère ne sont évidemment pas concernés.
Michel Dandelot
"Je ne veux pas me taire"
Appel. Gisèle Halimi est engagée depuis toujours pour la cause anticolonialiste et les droits de l’homme.
Un peuple aux mains nues – le peuple palestinien – est en train de se faire massacrer. Une armée le tient en otage. Pourquoi ? Quelle cause défend ce peuple et que lui oppose-t-on ? J’affirme que cette cause est juste et sera reconnue comme telle dans l’histoire. Aujourd’hui règne un silence complice, en France, pays des droits de l’homme et dans tout un Occident américanisé. Je ne veux pas me taire. Je ne veux pas me résigner. Malgré le désert estival, je veux crier fort pour ces voix qui se sont tues et celles que l’on ne veut pas entendre. L’histoire jugera mais n’effacera pas le saccage. Saccage des vies, saccage d’un peuple, saccage des innocents. Le monde n’a-t-il pas espéré que la Shoah marquerait la fin définitive de la barbarie ?
Gisèle Halimi
Ce cri prend toute sa force aujourd'hui !!!
Jérusalem - 2 août 2020
Israël détruit des maisons palestiniennes lors de la plus grande campagne de démolition depuis 1967
22.07.2019 – Des bulldozers israéliens rejoints par des centaines de soldats et de policiers ont démoli lundi des maisons palestiniennes à la périphérie de Jérusalem-Est, malgré les protestations locales et les critiques internationales.
Les forces israéliennes se sont rendues tôt le matin dans le village palestinien de Sur Bahir pour démolir 11 bâtiments, dont des dizaines de maisons, dans le quartier de Wadi Hummus, près de la clôture d’annexion qui sépare la Cisjordanie de Jérusalem.
En fin d'après-midi, au moins un résident avait été arrêté et 10 bâtiments rasés, a rapporté le correspondant de MEE. Le Premier ministre palestinien Mohammed Shtayyeh a déclaré lundi lors d'une réunion de ministres que les démolitions constituaient une violation du droit international, tandis que d'autres responsables palestiniens ont demandé à la Cour pénale internationale de mener une enquête. Les responsables de l'ONU ont déclaré qu'ils étaient prêts à fournir une assistance aux personnes déplacées, mais a ajouté qu'aucune aide humanitaire ne pourrait remplacer la perte des propriétaires, dont certains avaient investi les économies de toute une vie. « Parmi les personnes déplacées de force ou autrement touchées figurent des réfugiés de Palestine, dont certains sont aujourd'hui confrontés à la réalité d'un deuxième déplacement, de mémoire d’homme », a déclaré un communiqué de l'ONU. Des habitants ont déclaré que les forces israéliennes ont traversé une section du mur d’annexion en le coupant à Sur Bahir [à cet endroit, le mur est constitué de barbelés électrifiés, ndt] en profitant de l'obscurité, vers 2 heures du matin lundi, et ont commencé à évacuer les gens avant d’installer des explosifs pour commencer les démolitions. Des activistes palestiniens, israéliens et internationaux qui s'étaient mobilisés pour tenter d'arrêter l'activité ont filmé et pris des photos de l’opération. (1) L'armée israélienne a déclaré la zone fermée pendant trois jours, interdisant aux gens d'entrer ou de rester dans le quartier. Elle a interdit aux Palestiniens de récupérer leurs biens ou d’ériger des tentes dans le secteur.
Petite fille dans les gravas d'une habitation palestinienne détruite. © ICAHD
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